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ENTRE
Ci-après le syndicat
ET
Ci-après l’employeur
INTRODUCTION
LES FAITS
1
Pièce S3
2
Pièce S5
3
Pièce S6 et S7
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[18] Revenant sur notre affaire, il précise : « Or, le grief dont est saisi l’arbitre,
[23] Pour la procureure de la partie syndicale, elle soutient d’entrée de jeu que
le libellé du grief ne peut être restrictif puisqu’il est reconnu qu’il ne vise qu’à
cerner le pourtour du litige.
[24] Jurisprudence à l’appui, elle argue que « l’arbitre doit se garder
d’examiner le grief avec un trop grand formalisme », les différents tribunaux
ayant reconnu que celui-ci constitue un acte simple, constituant ni plus ni moins
qu’un résumé d’une mésentente entre les parties, duquel il faut rechercher
l’intention des parties, le fond l’emportant sur la forme.
[25] À tous égards souligne-t-elle, la notion d’accommodement est incluse
dans tout grief qui conteste la non-reconnaissance d’une invalidité et le refus de
verser des prestations d’assurance salaire.
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LA DÉCISION
[34] S’il pouvait exister un flou juridique sur l’inclusion implicite des dispositions
de la Charte aux dispositions des conventions collectives négociées par les
parties, l’affaire Caron4 de la Cour Suprême est venue en dissiper toute
incertitude.
[35] Bien que cette affaire traite plus précisément de l’application de la Loi sur
accidents du travail et les maladies professionnelles5, les principes que la Cour
énonce trouvent certainement écho en matière d’application des conventions
collectives.
[36] Élevant la Charte au rang de source de droit fondamental, elle rappelle
qu’il est maintenant reconnu que toutes lois doivent être interprétées
conformément aux principes énoncés dans la Charte et que se faisant, ses
dispositions en font partie intégrante, sans qu’il soit nécessaire d’en libeller le
contenu.
[37] La Cour rappelle également que le principe de l’accommodement
raisonnable, qui constitue un principe cardinal en matière de discrimination, doit
nécessairement trouver application, et qu’en définitive « il n’existe aucune raison
de priver quelqu’un qui devient invalide par la suite d’un accident du travail, des
principes applicables à toutes personnes invalides, notamment au droit à des
mesures d’accommodement raisonnable. » 6
[38] Cela dit, il n’y a qu’un pas à faire pour conclure que l’obligation
d’accommodement raisonnable tel que prévu aux dispositions de la Charte fait
partie intégrante de toutes conventions collectives et que l’employeur ne peut
exclure une personne qui est en mesure d’offrir une prestation de travail dans
des conditions adaptées, conditions qui ne doivent cependant pas constituer une
contrainte excessive pour lui.
[39] Cette précision faite, se pose maintenant la deuxième question.
4
Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail et Alain Carron et le
Procureur général du Québec et Tribunal administratif du travail, 2018, CanLII CSC 3.
5
CQLR c. A-3.001.
6
Précitée note 4, par.35
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[40] Avec à-propos à mon avis, le procureur de la partie patronale fait une
[50] Tous s’entendent pour dire qu’en droit du travail, le grief est d’abord et
avant tout, l’expression d’une contestation de la part de l’une ou l’autre des
parties prenantes à la convention collective.
[51] Cette contestation constitue au sens propre du terme un acte juridique qui
déclenche la procédure de grief qui, au final, mènera soit à une entente ou une
décision de la part du tribunal d’arbitrage.
[52] Cela étant, il importe de rappeler que les griefs sont rédigés par les
représentants des parties, étant entendu que le plus souvent ils émanent du
syndicat. Or, règle générale, le rédacteur du grief ne possède aucune formation
juridique particulière, et il serait injuste, dans ces circonstances, d’exiger du
libellé du grief qu’il ait, par son vocabulaire et sa syntaxe, la même précision et la
même rigueur qu’exigées devant les tribunaux de droit commun.
[53] Sur ce point, je citerai avec approbation les propos de mon collègue Pierre
Laplante dans l’affaire Hydro Québec :
Un grief n'est pas autre chose qu'un bref résumé d'un problème en milieu de
travail.
Dans la très grande majorité des cas, ce sont des salariés liés quotidiennement
aux opérations qui sont témoins ou victimes d'une mauvaise interprétation ou
d'une mauvaise application de la convention collective. Pour y remédier, le
contrat collectif a prévu l'arbitrage de griefs. Ce sont ces salariés ou leurs
délégués syndicaux qui rédigent les griefs. En autant que l'employeur sache de
quoi il retourne, le grief est recevable. Le reste n'est que matière à précisions,
voire à corrections.7
7
Syndicat des technologues d'Hydro-Québec (SCFP-957) et Hydro Québec, 21 décembre 2015,
Me Pierre Laplante, arbitre de grief.
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[55] C’est d’ailleurs ce qui a fait dire aux tribunaux supérieurs, dont la Cour
[56] J’en retiens donc, qu’au-delà des mots, il y a l’intention du plaignant qui,
en tout état de cause, constitue la véritable portée du grief. Si parfois cette
intention transparait aisément du texte, il pourra survenir certaines situations où
l’arbitre sera appelé à examiner le contexte particulier de la mésentente qui a
mené au dépôt du grief.
[57] Les auteurs Morin et Blouin énoncent avec justesse, à mon avis, l’analyse
que devra faire l’arbitre, dans la recherche de la portée d’un grief.
[58] En résumé, si le grief, tel que déposé à l’employeur, permet aux parties
d’en saisir l’enjeu et la réclamation, peu importe la précision ou l’imprécision de
son libellé, il sera réputé recevable.
8
Association des employés de garage de Drummondville (CSN) et Gougeon & frères Ltée, DTE
1992T-543.
9 e
MORIN, Fernand et BLOUIN, Rodrigue, Droit de l’arbitrage de grief, 6 édition, Édition Yvon
Blais, 2012, p.310.
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[67] Une lecture attentive du libellé du grief permet d’en dégager deux
contestations, interreliées, mais différentes.
[68] La première contestation vise la décision de l’employeur de modifier
unilatéralement les conditions de retour au travail du plaignant alors que la
seconde conteste l’application que fait l’employeur des dispositions relatives aux
paiements des prestations d’assurance invalidité.
[69] L’une concerne l’application générale des principes lors d’un retour au
travail suite à une invalidité alors que l’autre commande une analyse de la
mécanique entourant le droit aux indemnités découlant de cette même invalidité.
[70] Aux fins de trancher le présent litige, je me concentrerai sur la première
contestation.
[71] À mon sens, il faut voir, dans la première occurrence, tant par le libellé du
grief que de l’intention de la partie syndicale qui s’en dégage, que celle-ci
conteste la gestion de l’employeur des conditions de retour au travail du
plaignant, notamment en raison de la modification de son contrat suite à la
réduction d’élèves pour le nouveau trimestre.
[72] C’est ce qui lui fait dire que l’employeur a agi de façon abusive et illégale
en ne respectant pas les échéances du retour au travail progressif du plaignant,
contrevenant ainsi de façon générale aux dispositions de la convention collective
et plus spécifiquement à l’article 5-10.27 b) qui traite du retour progressif.
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Pièce S2
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[73] C’est ainsi que l’amendement que propose la partie syndicale viserait à
[82] Pour tous ces motifs, après avoir étudié la preuve et sur le tout délibéré, le
CONVOQUE les parties à une audience à être fixée dans les meilleurs délais.