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Par un arrêt en date du 13 avril 2022, la chambre sociale de la Cour de cassation s’est
prononcée sur la nature d’un contrat liant un chauffeur VTC à une plateforme numérique.
La Cour d’appel de Paris a fait droit à toutes ses demandes, dans un arrêt en date du
29 janvier 2020, et la société liquidatrice va alors former un pourvoi en cassation faisant grief
à l’arrêt attaqué d’avoir qualifier la relation contractuelle comme étant un contrat de travail.
Le contrat de travail se définit classiquement comme une convention par laquelle une
personne s’engage moyennant rémunération à accomplir une prestation au profit d’une
autre personne physique ou morale sous la subordination de laquelle elle se place.
On observe donc un ensemble de critère à réunir pour qualifier un contrat en contrat de
travail.
Le critère décisif est l’existence d’un lien de subordination juridique. En effet, c’est un critère
essentiel qui permet de distinguer le contrat de travail des autres contrats. La consécration
de la notion de subordination juridique s’observe dans un arrêt en date du 6 juillet 1931, la
1e chambre civil de la Cour de cassation précise alors que « la qualité de salarié implique la
présence d’un lien juridique de subordination du travailleur à la personne qui l’emploi ». Ce
critère fut repris par la suite en 1996, dans un arrêt Société général c/ URSAFF de Haute-
Garonne, ici, on rappelle le critère déterminant comme « l’accomplissement d’une
prestation sous l’autorité d’un employeur qui a le pouvoir de donner des ordres et des
directives, d’en contrôler l’exécution et d’en sanctionner les manquements de son
subordonnée » en précisant que « l’appartenance à un service constitué par l’employeur
n’est qu’un indice du lien de subordination ». Cette formulation est reprise par la Cour dans
son arrêt, ce qui prouve la mise en application de longue date de ce critère pour apprécier
ou non la qualification d’un contrat en contrat de travail ou non.
La Cour de cassation dans cet arrêt s’inscrit dans une jurisprudence constante, initié dans un
arrêt de référence de l’assemblée plénière en date du 4 mars 1983 (arrêt « Barat ») en
reprenant le considérant de principe exposé par ce dernier en soulignant que « l’existence
d’une relation de travail ne dépend ni de la volonté exprimée par les parties ni de la
dénomination donnée par elles à leur convention mais des conditions dans lesquelles étaient
exercées leur relation de travail ». De sorte que la requalification en contrat de travail
s’observera par une appréciation « in concreto » et technique du faisceau d’indice.
La chambre sociale de la Cour de cassation, est resté constante depuis 1983 concernant la
requalification d’un contrat en contrat de travail en ajustant au fur et à mesure son faisceau
d’indice et en le précisant pour certaines catégories de travailleurs, notamment pour les
travailleurs indépendants.
En effet, s’agissant des travailleurs indépendant, l’article L.8221-6 du Code du Travail prévoit
que ces travailleurs bénéficient d’une présomption de non-salariat en vue de leur
indépendance. Cette présomption reste simple et peut être renversé par la preuve d’un lien
de subordination juridique permanent. De sorte que la Chambre sociale de la Cour de
cassation a commencer a reconnaître la présence de contrat de travail s’agissant des
plateformes numériques tout en continuant d’interprété in concreto les éléments du
faisceau d’indice permettant de requalifier le contrat en contrat de travail.
En ce sens, la Cour d’appel est restée dans la ligne de la Chambre sociale en recherchant un
lien de subordination juridique permanent entre la société et le travailleur indépendant.
Cependant, elle n’a pas recherché si la société exerçait concrètement un lien de
subordination juridique permanent avec le travailleur indépendant, en l’espèce la Cour de
cassation soutient que la Cour d’appel a déterminer le lien de subordination juridique par
des « motifs insuffisant » et précise qu’elle n’a pas constatés les éléments de faits pertinents
afin de qualifier ce-dit contrat. Elle s’est contentée de reprendre les indices relevés dans
d’autres décisions de la chambre sociale en se basant sur le fait que la société exploitait une
plateforme numérique pour mettre en relation le travailleur indépendant avec les clients. De
sorte, qu’elle n’a pas vérifier si les conditions retenues par la chambre sociales dans les
arrêts précédents (SOC take it easy, 28 novembre 2018 – Soc Uber 4 mars 2020) s’appliquait
en l’espèce à la plateforme numérique du litige en question.
C’est en effet ce qu’à énoncé la Cour de cassation dans sa réponse du 13 avril 2022, elle
reprend clairement sa jurisprudence antérieure et reste dans sa lignée. Elle redéfinit le lien
de subordination juridique et demande à la Cour d’appel de revoir sa décision car elle n’était
pas suffisamment motivée. Elle ne requalifie pas le contrat en contrat de travail et ne dit pas
que ce contrat d’adhésion ne pourra jamais être requalifié en contrat de travail. Il est plutôt
question ici de motivé suffisamment le critère permettant d’opérer ou non cette
requalification.
C’est une seconde chance que donne la Cour de cassation à la Cour d’appel en demandant
de motiver sa décision, elle « remet l’affaire et les parties dans l’état om elles se trouvaient
avant cet arrêt et les renvoie devant la Cour d’appel de Paris », on pourrais voir cela comme
une remise à zéro de la décision pour permettre à la Cour d’appel de se replonger dans ses
anciennes décision et d’apporter une réponse net et éclairé de ce cas, plutôt que d’appliquer
simplement des décisions vu précédemment pour des faits similaires (s’agissant des
plateformes numériques), mais sans rechercher exactement si les faits sont exactement les
mêmes.
C’est un rappel à l’ordre opérer par la chambre sociale, car elle apparait en adéquation avec
la Cour d’appel dans sa décision final, mais le raisonnement qui l’a conduit a cette décision
n’est pas suffisamment fondée ou motivée. De sorte, qu’elle l’enjoint a reprendre d’une
manière plus explicite le fond de sa décision pour justifier au mieux cette dernière et
continuer en ce sens ses futures décisions.