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Résumé
La gestion du changement est un invariant du management stratégique.
Néanmoins, le changement déstabilise les organisations, est coûteux
et ouvre la porte à l’inexpérience. Sa pratique s’avère donc pour le
moins problématique. Les réponses apportées par la théorie traduisent
une absence de consensus. D’un côté, on trouve des théories selon
lesquelles le changement se pilote, de l’autre des théories pour lesquelles
le changement, au mieux, se prépare. La question de savoir ce qu’est la
capacité de changement des organisations est donc fondamentale. Une
étude de cas réalisée chez un constructeur automobile permet d’identifier
les constituants de la capacité organisationnelle de changement. Ces
résultats permettent d’appréhender les situations de changement dans une
perspective stratégique.
Abstract
Change management is an administrative invariant. However, all reforms
destabilise organizations, are costly, uncertain and generate inexperience.
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In fine, cette opposition reflète l’instabilité théorique qui caractérise les travaux
sur le changement organisationnel (Pettigrew et al., 2001). Face à cette
mosaïque théorique, la question de savoir ce qu’est la capacité de changement
est fondamentale. Pourquoi certaines organisations réussissent mieux leurs
changements ? Qu’est la capacité organisationnelle de changement30 ? Quels en
sont les attributs ? Dans un premier temps, nous présentons le cadre théorique
en mettant en lumière les deux paradigmes de la capacité de changement, puis
nous exposons les choix méthodologiques qui ont guidé la démarche. Enfin,
nous présentons les résultats de cette recherche.
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Selon certains auteurs (Demers, 1999 ; Hafsi, 1999 ; Mintzberg et al., 1999 ;
Soparnot, 2005), la COC se fonde sur deux corpus théoriques principaux : les
paradigmes gestionnaire et complexe de la gestion du changement, chacun
reposant sur une théorie propre de l’action managériale. Tandis que le premier
met l’accent sur la nécessité d’un déploiement stratégique, le second insiste sur
le rôle des conditions initiales.
Nombre d’auteurs (Perret, 1994 ; Pettigrew, 1985 ; Soparnot, 2005, 2008 ; Vas,
2005) ont souligné la nécessité de considérer le changement dans une perspective
multidimensionnelle. Ces modèles se complètent donc plus qu’ils ne s’opposent.
In fine, selon le paradigme gestionnaire, la capacité de changement se constitue
des modalités d’implémentation empruntées aux différents modèles.
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Pour autant, ces approches, si elles varient quant à leurs prescriptions, reposent
sur un postulat commun ; celui que le changement se gère. Bon gré, mal gré, le
réformateur parviendra à changer la situation de l’organisation. Certains auteurs
se sont élevés contre cette conception fortement empreinte de rationalisme et
ont souligné les limites d’une telle conception de l’action managériale (Pichault,
1993 ; Thiétart et Forgues, 1993 ; Durieux, 2001 ; Thiétart, 2001). Clemer (1995)
postule ainsi que « le concept de gestion du changement repose sur le même
raisonnement, dangereusement séduisant, que celui sur lequel repose le concept
de planification stratégique […]. Le changement ne peut être géré. On peut
l’ignorer, lui résister, le créer ou en tirer partie, mais on ne peut pas le gérer ou
le faire avancer au moyen d’un quelconque processus ordonné » (in Mintzberg
et al., 1999). Emerge alors ce que nous nommons le paradigme complexe de la
gestion du changement.
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de changement. Si les auteurs (Demers, 1999 ; Hafsi, 1999 ; Oxtoby et al., 2002 ;
Kerber et Buono, 2005) s’entendent sur cette nouvelle manière de penser le
changement, sur la nécessité d’ouvrir la boîte noire pour comprendre les ressorts
et les mécanismes de la maîtrise des changements, aucun ne fournit de réponse
claire. La réussite des entreprises en matière de changement semble résider
dans l’une ou l’autre de ces habiletés, les réponses oscillant entre les extrémités
de ce continuum. Dans ces conditions, qu’est réellement la COC ? S’inscrit-elle
dans l’un ou l’autre de ces paradigmes ?
Afin de répondre à ces questions, les investigations ont été conduites au sein
d’une entreprise exemplaire.
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Deux séries d’entretiens ont été menées avec les acteurs. La première série (24
entretiens) visait à découvrir le contexte organisationnel et à mieux cerner les
motifs de succès du changement de l’ISE. La seconde série d’entretiens (32) a
permis de collecter des données directement liée à la capacité de changement.
La grille d’entretien a été bâtie autour de trois axes principaux. Une première série
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Enfin, les données issues des entretiens ont été confrontées, enrichies et mises
en perspective avec celles issues des documents et des observations directes.
Nos observations passives ont été effectuées lors des réunions d’UET (Unité
Elémentaire de Travail) et de département et ont été consignées dans un journal
de recherche.
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a été éprouvée permettant aux acteurs de comprendre que celle-ci n’était pas
usurpée.
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acceptables pour eux. Ce sont l’information et les faits. Ainsi, la démarche repose
sur une intensité communicationnelle dans une logique interactionniste. Intensité
communicationnelle car les efforts de « visibilisation » ne se concentrent pas
exclusivement sur l’annonce du changement (les raisons et les enjeux de la
décision) mais ponctuent le processus en créant des moments d’échange sur
l’avancement du projet (ce qui est fondamental dans des changements dont
« les retours sur investissements » sont longs). Et logique interactionniste car
le dialogue implique un échange de mots comme de représentations entre les
acteurs. En partageant, les acteurs déconstruisent et reconstruisent leur cadre
d’interprétation. Les acteurs l’évoquent avec force. Quel que soit le changement
auquel ils se réfèrent, la communication, au sens de l’échange, leur apparaît
comme déterminant. Pour la qualité totale par exemple, Georges Besse a été
très présent, se rendant sur les différents sites, jouant son rôle d’ambassadeur
du changement.
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Conclusion et discussion
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Bibliographie
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