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Le magazine

du développement
agricole et rural
des pays ACP
http://spore.cta.int

Catégories et normes
RESPECT DES CONTRATS
NUMÉRO HORS-SÉRIE – AOÛT 2013

LE CRÉDIT-STOCKAGE
BOURSES DE MARCHANDISEs

SYSTÈMES d'échanges STRUCTURÉS

Une nouvelle
vision du
commerce
SOMMAIRE | NUMÉRO HORS-SÉRIE – AOÛT 2013
Le commerce
1 | UNE NOUVELLE VISION DU COMMERCE de demain
La conférence sur
• ANALYSE : ARTICULER LES MAILLONS DE LA CHAÎNE 3 les chaînes de valeur
• Reportage : transformer le marché ghanéen des céréales 8 organisée par le CTA, à
Addis-Abeba, en novembre
• Interview : “Fonder les marchés sur les bons principes” par Eleni dernier, a souligné
Gabre-Madhin, économiste et ex-directrice de l’Ethiopian l’importance des efforts à
Commodity Exchange 10 fournir en vue de promouvoir les marchés
nationaux et régionaux dans les pays ACP.
Les gouvernements, les partenaires du
2 | Catégories et normes développement et même le secteur privé ont
trop mis l’accent sur la vente à l’export vers
• ANALYSE : Les normes dictent-elles les règles du jeu ? 11 les marchés des pays développés qui sont
• étude de cas : les normes à l’épreuve de la régionalisation 15 extrêmement compétitifs et restrictifs.
• Interview : “La formation, un élément clé” par Marinda Visser, Six des dix économies à plus forte
croissance, ces dix dernières années, sont
responsable des services industriels, Grain South Africa 16
africaines et, avec l’augmentation de la
richesse, les factures d’importations de

3 | RESPECT DES CONTRATS denrées alimentaires montent en flèche. Pour


que les agriculteurs profitent des opportunités
• ANALYSE : Entre négociation et arbitrage 17 de la demande alimentaire des populations
• Interview : “Une question de confiance” par Stephen Njukia, urbaines, les circuits de commercialisation
entre zones rurales et urbaines devront être
responsable du Programme d’accès aux marchés pour l’Alliance considérablement améliorés.
pour une révolution verte en Afrique 20 À l’heure actuelle, le commerce des
céréales exige de nombreuses inspections
auprès des différents acteurs de la chaîne de
4 | LE CRÉDIT-STOCKAGE commercialisation, de l’agriculteur aux gros
négociants. Ne vaudrait-il pas mieux que les
• ANALYSE : RÉCÉPISSÉS D’ENTREPÔT. UN SYSTÈME CRÉDIBLE 21
agriculteurs puissent faire classer leurs grains
• étude de cas : l’interventionnisme étatique brouille les cartes 25 une fois pour toutes et que ce classement soit
• Interview : “Bienvenue dans le monde bancaire” par Makiko Toyoda, accepté par tous ?
responsable du financement des échanges commerciaux, Société Le classement permet d’échanger les
céréales sans que d’autres inspections
Financière Internationale 26
soient nécessaires. Ainsi un agriculteur ou
un négociant peut déposer son maïs classé

5 | BOURSES DE MARCHANDISEs dans un entrepôt fiable, obtenir un récépissé


et, lorsque les prix montent, vendre ce
• ANALYSE : PARVENIR À UNE MEILLEURE ENTENTE ? 27 récépissé à un intervenant situé son aval
de la chaîne et qui pourra alors récupérer le
• Reportage : améliorer les échanges et responsabiliser les agriculteurs 32
maïs à l’entrepôt. En outre, le détenteur du
• Interview : “Une affaire de sensibilisation et de motivation” par Kristian récépissé peut l’utiliser comme garantie pour
Schach Møller, directeur du Agricultural Commodity Exchange for Africa contracter un emprunt. Les céréales classées
• Portrait : “Pour une découverte locale des prix” par Anne Berg, permettent également l’existence de bourses
de marchandises, qui commencent à se
consultante et ex-directrice de la Chambre de commerce de Chicago 33
développer dans toute l’Afrique.
L’ensemble, classements et normes,
est le magazine bimestriel du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA). Le CTA est régi par
l’Accord de Cotonou entre le groupe des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et l’Union entreposage et récépissés d’entrepôt,
européenne, et financé par l’UE. • CTA • Postbus 380 • 6700 AJ Wageningen, Pays-Bas • Tél. : +31 317 467 100 • Fax : +31 317 460 067 • crédit garanti par les stocks et bourses de
E-mail : cta@cta.int • Site Web : www.cta.int • DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Michael Hailu • COMITÉ DE RÉDACTION : Thierry Doudet,
marchandises, constitue ce que l’on appelle
Stéphane Gambier, Anne Legroscollard, Isolina Boto, Vincent Fautrel, José Filipe Fonseca, Krishan Bheenick, Lamon Rutten, Andrew
Shepherd • MARKETING : Thérèse Burke • RÉDACTION : Directeur de la rédaction : Joshua Massarenti • Vita Società Editoriale S.p.A., Via les "échanges structurés". Cette édition
Marco d’Agrate 43, 20139 Milan, Italie • Rédactrice en chef de la version anglaise : Susanna Thorp (WRENmedia Ltd) • Fressingfield, spéciale de Spore se penche de façon
Eye, Suffolk, IP21 5SA, Royaume-Uni • Rédacteur en chef de la version française : Bénédicte Chatel (CommodAfrica), 12, avenue de
approfondie sur ce sujet.
Wagram, 75008 Paris, France • Rédacteur en chef de la version portugaise : Ana Gloria Lucas, Rua Aura Abranches 10, 1500-067
Lisbonne, Portugal • CORRESPONDANTS : ont participé à ce numéro K. A. Domfeh (Ghana), G. Kamadi (Kenya), C. Mkoka (Malawi) et
G. Venkataramani (Inde) • AUTRES CONTRIBUTEURS : N. Brynaert, S. Federici, A. Guillaume-Gentil, ISO Translation & Publishing, D.
Michael Hailu
Juchault, D. Manley, F. Mantione, C. Pusceddu, Tradcatts, G. Zati, • DESIGN : Intactile DESIGN, France • MISE EN PAGE : Lai-momo, Italie Directeur du CTA
• IMPRESSION : Latimer Trend & Company, Royaume-Uni • © CTA 2013 – ISSN 1011-0054 • couverture: © PANOS/S. Torfinn

2 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | AOÛT 2013


1 | Une nouvelle vision du commerce

Articuler les
maillons de la
chaîne
Structurer la commercialisation des produits
agricoles du producteur au consommateur final
reste un défi majeur pour les pays ACP. Pourtant,
cette structuration permet au producteur
notamment de vendre au bon moment et au
meilleur prix, avec davantage de moyens et d’outils
financiers. Pour l’ensemble des acteurs de la
chaîne, cela offre de la transparence et limite les
risques. Certains pays africains l’ont bien compris
© FAO/P. Ekpei

et montrent la voie à suivre.

AOÛT 2013 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | 3


1 | Une nouvelle vision du commerce

S
i le petit paysan est encore bien souvent derrière acteurs d’une filière qui deviennent ainsi, de facto,
sa houe tirée par des bœufs, il a aujourd’hui, dans interdépendants : paysans, transporteurs, négociants,
la plupart des cas, un téléphone portable dans sa responsables d’entrepôt, banquiers, transformateurs
poche. La campagne africaine change de visage et et agroindustriels, jusqu’aux bourses de commerce de
avec elle, l’ensemble du secteur agricole du continent marchandises. Pour en tirer avantage, chacun doit être
intègre les mécanismes de marché. Certes, le commerce bien informé, répondre à des normes et règlements et
des produits agricoles se fait encore, bien souvent, de les respecter sous peine de sanctions.
façon traditionnelle. L’agriculteur propose bord champ Ce schéma de commercialisation ne peut, toutefois,
ou sur le marché voisin ses produits qui trouvent ou non se mettre en place et prospérer ex nihilo. L’Etat a,
preneur. Mais de façon croissante, et surtout en Afrique indubitablement, un rôle à jouer mais les mécanismes
de l’Est et australe (Afrique du Sud mise à part), un de marché doivent pouvoir fonctionner librement, sans
commerce structuré des produits agricoles se développe. contrôle de prix, sans monopole (voir encadré, page 6).
Ce commerce structuré a pour origine la vague de Toutefois, les pouvoirs publics peuvent – doivent ? –
libéralisation des marchés à la fin des années 80, donner l’impulsion et mettre en place les infrastructures
provoquée par les importants programmes d’ajustement nécessaires (routes, aide à la création d’entrepôts, etc.)
structurel lancés par les organisations de Bretton et le cadre juridique pour veiller à la bonne exécution
Woods dans la plupart des pays en développement alors des contrats. Ils doivent aussi proposer des formations,
très endettés. Il a véritablement pris corps en Afrique, par exemple, de certificateurs.
notamment en Ethiopie, Kenya, Ouganda et Zambie, au
milieu des années 90 et s’est développé au tournant des Une moisson de défis
années 2000. Il demeure toutefois l’exception. La clé de la réussite du commerce structuré est le
maillage des acteurs qui permet de donner le maximum
Vous avez dit “commerce structuré” ? de fluidité à l’acheminement du produit du producteur
Mais de quoi s’agit-il au juste ? Le commerce au consommateur et ce, au coût le plus efficient possible
structuré est un maillage organisé entre les différents pour chacun des opérateurs le long de la chaîne.

Un entrepôt de
stockage de tabac
au Malawi.

© PANOS/R Hammond

4 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | AOÛT 2013


Ce qui n’est pas toujours chose aisée. Concrètement,
une fois la récolte d’un produit achevé, un mauvais
maniement et une mauvaise conservation de la récolte
peuvent détériorer la qualité du produit et engendrer
des pertes financières. Le paysan peut également vendre
dans des conditions très défavorables s’il est obligé de
vendre dès la récolte, alors que le marché regorge de
produits, parce qu’il a un besoin urgent d’argent ou qu’il
ne dispose pas d’endroit pour stocker convenablement.
Lors de la vente effective, son pouvoir de négociation
sera faible s’il n’a pas accès à des informations sur les
prix pratiqués ailleurs et sur la situation de l’offre et de
la demande. Si son produit n’est pas standardisé, il ne
pourra guère le comparer avec un autre offert à un autre
endroit du pays ou de la région et, par conséquent, il ne
pourra pas se faire une idée précise du prix de sa récolte.
Côté commerçants et négociants, la collecte de petits
volumes aux quatre coins d’un territoire peut très vite
devenir coûteuse. Et s’il n’existe pas, à leur niveau
© PANOS/K. Robinson aussi, d’aires de stockage adéquat permettant de lisser
la mise à disposition d’un produit de qualité au fil de
Des ouvriers
pèsent et trient l’année, les fluctuations de prix d’une période à l’autre
des sacs de café seront très importantes et néfastes tant au producteur,
à la coopérative
Gumutindo, qu’au commerçant et au consommateur.
en Ouganda. L’ensemble de ces opérations peut se dérouler plus

CHÂINE DE COMMERCIALISATION

Agriculteur Négociant Transformateur Grossiste Revendeur Consommateur

Bourse de Fournisseur
Transporteur marchandises d’informations

PRESTATAIRES DE SERVICES Gouvernement


Exploitant
d’entrepôt
Autres Source :
Banque services EAGC, Systèmes
d'échanges structurés
des céréales, 2013

AOÛT 2013 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | 5


1 | Une nouvelle vision du commerce

L’intervention abondait. Des entrepôts ont donc été


créés pour stocker les céréales selon
pour constituer des stocks publics, il
peut acheter des certificats d’entrepôts
publique à degré leurs qualités et spécificités afin de sur les bourses de marchandises

variable… pouvoir s’y retrouver au moment de


leur vente et acheminement effectif.
ce qui contribue à créer du volume
et à consolider les mécanismes du
Un récépissé était remis au fermier commerce structuré. L’Etat peut aussi,
À l’origine du Chicago Board of Trade lui permettant de demander un pendant un temps, subventionner les
(CBOT) se trouve un problème de crédit à son banquier le temps que coûts de fonctionnement des systèmes
logistique de transport, notamment sa marchandise soit effectivement de warrantage ou des bourses de
ferroviaire : les céréales affluaient d’un vendue. L’émergence de la Bourse marchandises, afin de lancer le
coup, au moment de la récolte, des de Chicago permit de monnayer système et lui donner le temps
grandes plaines voisines et Chicago de suite ce récépissé d’entrepôt en d’atteindre des masses critiques et de
ne disposait pas d’une structure le vendant à terme sur l’échéance s’autofinancer, souligne Franck Galtier
ferroviaire suffisante pour acheminer paraissant la plus intéressante. du Cirad. L’Ethiopian Commodity
ces produits vers la côte Est des Etats- Pour initier un tel mécanisme, à Exchange (ECX), l’East African Grain
Unis, là où se trouvaient les marchés. Chicago comme en Afrique, il faut des Council (EAGC), TechnoServe au Ghana,
En outre, vendre ses céréales au volumes et générer la confiance dans ou encore le West African Grain
moment de la récolte ne permettait le système et les acteurs. Là, l’Etat Network (WAGN) ont reçu des soutiens
pas d’en tirer un bon prix car l’offre peut intervenir à bon escient. Ainsi, de bailleurs publics internationaux.

sereinement, et donc avec un net avantage en termes récolte mais aussi dès l’ensemencement et tout au long
de négociation, si aucune des parties n’est acculée à du cycle productif, s’y conformer. Ce faisant, il pourra
un besoin financier urgent. Le rôle des banques et du livrer un produit homogène et identifiable à un entrepôt
crédit est donc fondamental. certifié qui lui remettra, en contrepartie, un récépissé.
Enfin, l’opérateur doit être assuré que la législation Ce récépissé d’entrepôt fera foi de la quantité et qualité
ne changera pas du jour au lendemain, de façon du produit livré et stocké. Que l’entrepôt soit certifié
irrationnelle, et qu’il sera protégé s’il agit dans son est un gage de bonnes conditions de stockage, mais
bon droit. aussi du professionnalisme du gérant de l’entrepôt à
qui incombe l’obligation légale de mettre à disposition
Les réponses du commerce structuré et de restituer le produit le moment venu.
L’existence de normes de qualité et de standards est Muni de ce récépissé, le producteur peut alors
donc l’alpha et l’oméga du commerce structuré. Un souscrire un prêt, généralement à court terme, auprès
petit producteur informé de ces normes pourra, dès la d’une banque ou d’une autre institution financière.

Chargement de
sacs de grains
au marché de
céréales de
Giwa (Nigeria).
© FAO/P. Ekpei

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Ainsi peut-il faire face à ses besoins financiers Les éléments de prix doivent être recueillis par des
urgents sans avoir à vendre aussitôt sa récolte. En organismes tiers, impartiaux, compétents, afin que
d’autres termes, le recours à un prêt bancaire, obtenu le producteur ne soit pas trompé. Ces informations
grâce au récépissé d’entrepôt utilisé comme gage, doivent être suffisamment détaillées en termes de
comme collatéral, donne au producteur la liberté de normes de qualité, de standards, de lieux d’échanges,
vendre au moment le plus opportun et donc le plus pour que le prix affiché soit au plus près du prix que le
rémunérateur. Ceci lui permettra de rembourser producteur pourra obtenir pour son produit.
son prêt bancaire et de dédommager l’opérateur de L’existence d’une bourse de marchandises facilite le
l’entrepôt de ses frais. processus. Elle permet de rendre public les prix d’un
Mais comment choisir le moment propice pour produit de référence, aidant ainsi la prise de décision
vendre ? C’est ici qu’entrent en jeu les informations de vendre ou non. En raison de la convergence sur ces
de marché. Le producteur doit avoir connaissance bourses d’un grand nombre d’offres et de demandes,
des prix pratiqués pour un produit semblable au le prix est véritablement un prix de marché, à un
sien. D’où, ici encore, l’importance de l’existence de moment donné.
normes, car il pourra ainsi savoir très précisément si On est alors loin du rapport de force entre un vendeur
son produit est semblable ou non au produit dont il et un acheteur isolés, négociant un sac de maïs d’une
connait le prix, et s’il pourra en tirer le même montant. qualité hétérogène, sur un petit marché rural.

Glossaire Courtier
Personne qui effectue des transactions
Offre de vente
Intention de vente d’une certaine quantité
commerciales, par exemple à la bourse et qualité de produit à un prix donné.
Bourse des produits agricoles de marchandises, pour le compte d’un
Marché ouvert et organisé réunissant acheteur ou d’un vendeur. Contrat au comptant/spot
des acheteurs et vendeurs qui veulent Contrat selon lequel les marchandises
échanger un produit par un système Contrat à terme sont vendues au prix actuel du marché
d’offres d’achat et de vente en Contrat selon lequel les marchandises avec un règlement quasi immédiat.
respectant un ensemble de règles, ceci seront livrées à une date ultérieure
conduisant à la détermination du prix du fixée par avance. Système d’échanges structuré
produit, c’est-à-dire son prix actuel sur Un processus d’échanges commerciaux
le marché. Incoterms ordonné et organisé dans lequel tous
Règles internationales pour les acteurs – agriculteurs, négociants,
Techniques de règlement des l’interprétation des termes transformateurs, minotiers, banques –
différends commerciaux qui établissent les passent des accords en en comprenant
• Négociation : les parties se consultent responsabilités des acheteurs et les règles et en s’y conformant. Ce
directement. vendeurs. processus fait appel aux entrepôts, au
• Médiation : le médiateur – une système de récépissés d’entrepôt (SRE) et
personne neutre et indépendante – aide Système d’information sur aux bourses agricoles.
les parties à s’entendre entre elles pour les marchés (SIM) ou Services
résoudre un différend. d’information sur les marchés Négociant
• Arbitrage : les parties contractantes Système privé ou public qui collecte, Personne qui achète et vend pour son
soumettent le différend à un arbitre analyse, conditionne, enregistre et propre compte.
neutre et indépendant et acceptent diffuse des prix et autres données
d’être légalement liées par la décision (calibres/grades, marchés, stocks, Récépissé d’entrepôt
rendue. bulletins, graphiques) pour mettre Un document (support papier ou
• Procédure judiciaire : les parties qui à la disposition (gratuitement ou électronique) qui prouve qu'une
ne peuvent résoudre leur différend par non) des acteurs de la chaîne de personne – le déposant (un agriculteur,
les autres techniques portent l’affaire commercialisation les informations un transformateur ou un négociant)
en justice. dont ils ont besoin pour acheter/ – a déposé un certain volume et une
vendre le bon produit agricole au certaine qualité de marchandise dans un
Offre d’achat bon moment et au bon prix. Ces entrepôt donné. Cela permet au déposant
Intention d’achat d’une certaine quantité informations doivent être à jour, d’accéder à un prêt bancaire lorsque la
et qualité de produit à un prix donné. fiables, complètes et neutres. banque accepte le récépissé en garantie.

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REPORTAGE
1 | Les défis

Transformer le marché ghanéen des céréales


Les travaux du Conseil ghanéen des céréales, nouvellement formé, contribuent
à transformer le marché céréalier de ce pays. Ils permettent aux agriculteurs
d’obtenir des prêts plus abordables en apportant leurs cultures en garantie et
aux transformateurs alimentaires d’être plus compétitifs à l’échelle internationale
grâce à une matière première plus pure et de meilleure qualité.

© K. A. Domfeh
© K. A. Domfeh
En collaboration avec des agriculteurs des céréales (GGC) a permis d’améliorer travaille dans la En haut : Un stock
de maïs dans un
de la région du Nord, ainsi que du Haut sensiblement la situation. Ce Conseil, production, le négoce
entrepôt de la région
Ghana occidental et du Haut Ghana mis en place en 2010 suite à une étude ou l’entreposage, Ashanti, au Ghana.
oriental, Premium Foods Ltd transforme de l’USAID recommandant la création nous pensons que En haut à droite :
Une séance de
du maïs pour les brasseries ghanéennes et d’une entité privée pour améliorer la l’association avec un formation pour
pour l’exportation. Lorsqu’elle a démarré compétitivité du secteur, a pour mission organisme comme le le personnel de
l’entrepôt.
son activité commerciale en 1994, de représenter les intérêts des opérateurs GGC offre une plate-
l’entreprise n’achetait que des grains qui du secteur privé au sein de l’industrie forme plus importante pour intensifier
avaient été inspectés par ses agents après céréalière au Ghana. l’activité", dit le Dr. Kadri Alfah, premier
la récolte. Elle n’avait toutefois pas réussi "Le GGC est arrivé au bon moment", dit dirigeant du GGC.
à mettre en place un système d’assurance Prince Andoh, agent d’approvisionnement
de la qualité vraiment efficace et les pour Premium Foods. "Ce qu’ils font nous Une amélioration marquée
céréales récoltées étaient souvent aide en tant qu’utilisateurs finaux parce Les groupes ciblés par le GGC -
contaminées par des particules de métal que si nous moulons des pierres, nous producteurs, transformateurs, exploitants
et des pierres. endommageons nos équipements et cela d’entrepôts, institutions financières
Ces dernières années, le gouvernement porte atteinte à notre compétitivité sur et autres prestataires de services -
du Ghana a élaboré plusieurs politiques les marchés à l’exportation", explique- recoupent toute la chaîne de valeur des
visant à créer un environnement favorable t-il. Le GGC souhaite élaborer et mettre céréales. Selon certains transformateurs,
pour l’industrie céréalière locale. Mais les en œuvre des normes pour favoriser la la mise en vigueur de normes minimales
bénéficiaires n’avaient pas l’impression compétitivité du secteur – essentiellement et de catégories de grains (couleur, taux
d’être réellement parties prenantes de ces grâce à la mise en place d’un système d’atteinte des maladies, dommages
processus. La création du Conseil ghanéen de récépissés d’entrepôt. "Que l’on causés par les insectes) et la création

8 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | AOÛT 2013


d’un système de récépissés d’entrepôt
sont les mesures les plus fructueuses.
"Une fois les catégories établies, cela
facilite notre travail", déclare M. Andoh.
Au bout du compte, nous obtenons la
qualité de produit que nous désirons
et nous n’avons plus à faire face à la
difficulté de trier des grains contenant
des corps étrangers.
Les premières initiatives du GGC ont
consisté à expliquer sa mission et à veiller
à ce que les interventions en matière de
certification d’entrepôt et de formation
aux bonnes pratiques touchent réellement
les groupes ciblés, en particulier les
agriculteurs. M. Alfah constate, d’ailleurs,
que de "grands progrès" ont été réalisés
pour élargir la base d’adhérents. Un
réseau d’agriculteurs a été formé aux
bonnes pratiques de manutention et
de stockage des céréales, grâce à des
partenariats avec l’USAID et l’Alliance pour

© K. A. Domfeh
une révolution verte en Afrique.
Des sessions de sensibilisation des
agriculteurs ont également favorisé
l’essor de l’industrie céréalière dans
son ensemble : ceux-ci ont maintenant Les installations financée par l’USAID,
conscience que la production de céréales de stockage d’un entrepôt céréalier
limitent les pertes
de première qualité, grâce à l’adoption et post-récolte. d’une capacité de 500
au respect des normes, permet d’obtenir tonnes certifié par le
un prix élevé pour leurs produits. "Si vous GGC. Deux mois après sa mise en route,
avez de la bonne qualité, vous avez un l’entrepôt est rempli de maïs, constate
bon marché", remarque Alhaji Zakaria M. Zakaria. Cette installation permet le

© G. Smith
Alhassan, directeur de la Gundaa Produce stockage, le nettoyage et l’emballage des
Company, une société de négoce de grains céréales, et se conforme au système des
de Tamale. Ses 25 ans d’expérience dans récépissés d’entrepôt.
la production et la commercialisation Le GGC, dans le cadre d’un projet
des céréales lui ont fait comprendre que soutenu par le Fonds commun pour les au Ghana, ainsi que d’autres Vérification
de la qualité
le manque d’installations de stockage produits de base, collabore actuellement organismes, à examiner les
de grains
aggrave les pertes après récolte, qui avec seulement quatre banques normes en vigueur pour les de maïs.
affectent le revenu des petits producteurs commerciales : Agricultural Development principales céréales, dont le
de denrées alimentaires. "Les agriculteurs Bank, Ecobank, CCH Finance et Stanbic maïs, le riz, le soja et le sorgho. M. Alfah
ne savent pas où stocker leur maïs; Bank. Mais le système devrait permettre qualifie la collaboration du GGC avec le
certains l’entreposent chez eux et de créer, auprès des institutions secteur public de situation avantageuse
s’aperçoivent souvent au moment de financières, un climat de confiance pour tous, en particulier pour élargir
vendre qu’il a pourri", ajoute-t-il. qui favorisera l’investissement dans les le système des récépissés d’entrepôt.
entreprises agricoles. Pour M. Zakaria, Il souligne toutefois que le GGC désire
Une situation avantageuse il est indispensable que davantage rester une entité privée autonome. "C’est
pour tous d’institutions financières s’engagent pour ainsi que le GGC a sa propre stratégie de
Aujourd’hui, plus de 3 000 petits soutenir le financement du projet. durabilité et son propre plan pour générer
exploitants agricoles de la région du Afin de remplir sa mission d’améliorer des recettes et fonctionner grâce à ses
Nord, réunis au sein du GGC, maîtrisent la qualité, la productivité et la rentabilité ressources propres, avec ou sans soutien
davantage la pesée et l’évaluation du prix au sein du secteur céréalier, le GGC a des bailleurs de fonds", dit-il.
de leurs produits grâce à l’installation, engagé l’autorité responsable des normes Kofi Adu Domfeh

AOÛT 2013 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | 9


interview

"Fonder les marchés sur les bons principes"


Les systèmes d’échanges structurés ont de nombreuses répercussions
positives, mais il y a beaucoup de conditions préalables à leur mise
en place. Pour l’instant ils sont peu nombreux à avoir été établis en
L’économiste Eleni
Gabre-Madhin Afrique. Les parties souhaitant structurer leurs échanges agricoles
s’emploie à réduire la
faim et la malnutrition
devraient commencer par déterminer avec soin les mécanismes
par l’amélioration entrant en jeu et par les mettre en œuvre de manière réfléchie.
du fonctionnement
des marchés des
Où y a-t-il en place, en particulier pour ce qui est de détermination des prix qui
produits de base.
Elle a travaillé à la Afrique un système de la logistique et du stockage, en révèlent le prix “réel” qui reflète les
Banque mondiale, d'échanges structuré plus des routes, de l’énergie et des caractéristiques sous-jacentes de
aux Nations unies et à des produits agricoles télécommunications. Troisièmement, et l’offre et de la demande. Le choix du
l’Institut international qui fonctionne bien ? c’est très important, les acteurs du marché mécanisme le plus approprié et efficace
de recherche sur
En Afrique, doivent donner leur assurance que le dans une situation donnée dépend
les politiques
alimentaires, et a le plus efficace système envisagé répondra bien à leurs toutefois de la structure du marché.
été la fondatrice et système d'échanges besoins et résoudra leurs problèmes. Lorsqu’il y a de nombreux vendeurs et
la première directrice structuré, avec l’ECX, peu d’acheteurs, des enchères où les
générale de la Bourse est la division de Quelles leçons tirez-vous de votre quelques acheteurs enchérissent sur les
des marchandises
commercialisation des expérience réussie en Ethiopie ? disponibilités seront vraisemblablement
éthiopienne (ECX).
Au début de 2013, produits agricoles de la En Ethiopie, avant l’ECX, certains plus efficaces pour la détermination
elle a co-fondé une Bourse de Johannesburg agriculteurs étaient continuellement des prix. Dans des enchères, l’offre de
société privée, Eleni (SAFEX). Ce sont deux trompés sur tous les fronts, soit la qualité, prix est généralement unilatérale.
LLC, qui se spécialise systèmes d’échanges le poids et les paiements. Certains se sont
dans l’incubation de
très différents. SAFEX suicidés parce qu’ils étaient incapables Dans l’intérêt à long terme des petits
nouveaux marchés
d’échanges de est un marché à terme de rembourser leurs emprunts lorsque des agriculteurs et étant donné les cycles
marchandises en et par conséquent acheteurs ont manqué à leurs obligations de hausse et de baisse des prix des
Afrique et en Asie. essentiellement un de paiement. Pour leur part, les acheteurs marchandises, les prix au producteur
marché financier dans ont fréquemment manqué aux obligations garantis par l’Etat ne sont-ils pas plus
lequel seulement 2 % des marchandises de contrats d’exportation ou laissé des sûrs qu’une bourse de marchandises ?
échangées sont réellement livrées. ECX capacités de transformation inutilisées L’intervention de l’Etat dans la
est un marché au comptant : 100 % parce qu’ils ne pouvaient pas être livrés détermination des prix des marchés
des échanges se traduisent par une des bonnes qualités et quantités au bon par la fixation de prix de soutien
livraison réelle à l’acheteur. Ces systèmes moment et de manière fiable. minimaux, courante dans de nombreux
d'échanges structurés ont des répercussions Ce type de risque induit une énorme pays, y compris en Europe, est
directes sur des millions d’agriculteurs inefficacité dans le fonctionnement certainement plus stable du point de
ainsi que sur des acheteurs tels que des de l’économie et permet à certains vue des agriculteurs individuels. En
exportateurs ou des transformateurs. intermédiaires de dégager des profits des revanche, d’un point de vue global,
deux côtés du marché. Aujourd’hui, la part l’intervention entraîne des distorsions
Quelles sont les trois premières des agriculteurs dans le prix final du café à des prix et de mauvaises allocations des
étapes à suivre pour tout l’exportation est passée de 38 % à 65 % et ressources, sans compter la place que
pays souhaitant structurer ses les marges au milieu ont été comprimées cela laisse à la corruption et les pertes
échanges de marchandises ? grâce à une plus grande transparence et à de budget pour les gouvernements.De
Un pays qui s’engage dans un système des transactions plus fiables. mon point de vue, les bons principes
d'échanges structuré tel qu’une bourse consistent à rendre la fixation des
de marchandises doit disposer d’un Vous semblez préférer, dans le cadre prix aussi transparente et globale
cadre légal et réglementaire qui puisse d’échanges structurés, une bourse que possible, à faire en sorte que les
protéger l’intégrité des transactions. de marchandises plutôt que par marges inefficaces soient supprimées
Deuxièmement, il faut qu’un certain exemple des enchères. Pourquoi ? et à développer une gestion des risques
nombre d’infrastructures fondamentales, Les enchères et les bourses de fondée sur le marché, comme par
financières et physiques, soient en marchandises sont des mécanismes exemple les instruments de couverture.

10 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | AOÛT 2013


2 | Catégories et normes

Les normes
dictent-elles les
règles du jeu ?
Les catégories et normes s’appliquent dans un
nombre croissant de pays africains et pour des
produits toujours plus nombreux. Elles peuvent
rendre les aliments plus accessibles, plus sûrs,
moins coûteux et stimuler les échanges au sein des
pays, entre les régions et avec le reste du monde.
Mais comment sont définies ces catégories et
normes ? Qui en décide ? Et qui en bénéficie ?
© G. Smith

AOÛT 2013 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | 11


2 | Catégories et normes

D
es normes connues de tous sont un élément
essentiel du commerce structuré. Elles fixent
des critères mesurables de sécurité et de qualité CATEGORIES DES GRAINS DE
qui permettent les échanges et la consommation
de produits en toute confiance. Au-delà de ces
MAIS DANS LES NORMES DE
normes minimales, les catégories donnent davantage L’AFRIQUE DE L’EST
d’informations aux négociants et acheteurs. Par
exemple, le maïs de catégorie 1 répond aux critères de Teneur en humidité
qualité les plus stricts, mais de nombreux utilisateurs,
comme les producteurs d’aliments pour animaux, n’ont Corps étrangers
pas besoin de grains parfaits. Ils achèteront la catégorie
Matières inorganiques
2 ou 3 qui a davantage de grains cassés ou verts.
Lorsque les agriculteurs peuvent cultiver un maïs Impuretés
conforme à des normes élevées, le récolter et l’entreposer
Grains cassés
dans de bonnes conditions, ils peuvent en obtenir un
meilleur prix en le faisant certifier par un organisme Grains avariés et malades
spécialisé au moment de la livraison en entrepôt. Si les
Grains endommagés par les ravageurs
agriculteurs ne souhaitent pas stocker leurs céréales dans
un entrepôt, ils peuvent les vendre à un négociant qui Grains immatures/racornis
les catégorisera. De façon générale, des céréales qui ont
été testées, catégorisées et certifiées gagnent presque Grains décolorés
toujours en valeur. Elles peuvent être stockées en entrepôt
avec la récolte d’autres agriculteurs relevant de la même Total des grains défectueux
catégorie, et négociées sur les bourses de marchandises,
ce qui accroît considérablement la compétitivité et la
transparence du processus de vente. Elles peuvent même
Aflatoxines
accéder à des marchés à l’exportation.
Source: EAGC, Systèmes d'échanges structurés des céréales, 2013
Avec l’accélération actuelle de la mondialisation, ce
sont les normes et catégories qui fixent les règles du
jeu. Il apparaît de plus en plus clairement qu’elles sont Une norme pour l’Afrique de l’Est
l’élément clé de l’engagement et de la compétitivité des En Afrique, les normes céréalières sont fixées par
pays en développement. Aucune norme ne peut toutefois les gouvernements mais les organisations régionales
convenir à tous les pays et les normes internationales souhaitent souvent les harmoniser pour permettre
mises au point pour les pays tempérés et développés aux céréales de circuler dans toute la région sans
sont en général inappropriées pour l’Afrique. nécessiter d’inspections supplémentaires. À l’heure
actuelle, la Communauté de
l’Afrique de l’Est (CAE) est à

En quoi consiste une norme ? l’étape finale de l’adoption


d’un nouvel ensemble de
normes harmonisées pour
Une norme est un document • Références normatives 42 aliments de base. Après
écrit qui instaure un langage • Termes et définitions des années de négociation,
commun et contient une • Présentation un accord a été conclu
spécification technique ou • Composition essentielle en novembre 2012. Ces
d’autres critères précis. Elle et facteurs qualitatifs normes, sous réserve de
doit être utilisée de manière • Polluants leur approbation définitive,
cohérente, comme une règle, • Hygiène seront adoptées dans chaque
une ligne directrice ou une • Emballage pays de la CAE.
définition. • Étiquetage Certaines normes de la CAE
Une norme classique • Méthodes ont soulevé des litiges. Des
se compose des éléments d’échantillonnage et limitations strictes, comme
suivants : d'analyse (test) une teneur en humidité de
• Portée • Critères de conformité 13 % pour le maïs, peuvent
être difficiles à respecter pour

12 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | AOÛT 2013


accord est finalement intervenu grâce à l’introduction
de catégories. Par exemple, une nouvelle catégorie 3
Niveau maximum

a été ajoutée pour le maïs, qui permet davantage de


Catégorie 1 Catégorie 2 Catégorie 3 grains cassés (6 % au lieu de 4 %), de grains décolorés
(1,5 % au lieu de 1 %) et autres légers défauts.
Selon l’accord conclu, les normes de la CAE
s’appliquent dans chaque pays comme des normes
13.5 13.5 13.5 nationales. Cela signifie, en théorie, que les céréales non
conformes aux critères de la catégorie 3 ne devraient
0.5 1 1.5 pas être commercialisées, même sur les marchés locaux.
0.25 0.5 0.75 Néanmoins, une grande partie de la production des
(%)

petits exploitants ne satisfaisant pas à ces normes, il est


0.1 0.1 0.1 probable qu’elles ne seront pas appliquées sur la plupart
2 4 5 des marchés intérieurs. Si un agriculteur vend du maïs
aux consommateurs ou négociants sur un marché
2 4 5 local, ceux-ci sont en mesure d’inspecter physiquement
les grains qui, de ce fait, n’ont donc pas besoin d’être
1 3 3
catégorisés. La catégorisation est surtout importante
1 2 2 lorsque le vendeur et l’acheteur sont éloignés et que ce
dernier achète un produit qu’il ne peut pas voir.
0.5 1.0 1.5
En Ouganda, les normes ont toutefois déjà
occasionné des problèmes pour des négociants

4 5 7 vendant du maïs au Programme alimentaire mondial


(PAM), acheteur important de cette denrée. En avril
2013, le PAM a annulé des contrats d’une valeur de 4,6
millions d’euros, le maïs livré contenant trop de grains
10ppb 10ppb 10ppb
décolorés pour satisfaire aux normes de la CAE. Dans
ce cas, les normes peuvent représenter un obstacle
inutile au commerce car le refus est motivé par la
de nombreux petits exploitants agricoles mais sont seule couleur des céréales, celles-ci ne Des inspecteurs
essentielles pour éviter le risque de contamination par présentant aucun risque alimentaire. qualité de
les aflatoxines. À noter que de nombreux autres critères la Bourse de
marchandises
de qualité ne sont pas directement liés à la sécurité Qui veut des normes ? d’Éthiopie
alimentaire. La première ébauche de ces normes a Les normes et catégories peuvent inspectent des
échantillons
été rejetée par le Kenya suite aux fortes objections offrir des avantages tout au long de de graines
des entreprises privées impliquées dans la filière. Un la chaîne d’approvisionnement, qu’il de sésame.

© ECX/T. Berhe

AOÛT 2013 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | 13


2 | catégories et normes

s’agisse de primes à l’agriculteur ou de meilleures contre les aflatoxines et les fumonisines. Ces toxines
conditions en matière de santé et de sécurité pour les fongiques pouvant être contenues dans le maïs et
consommateurs. Mais qui insiste réellement pour leur les arachides peuvent constituent un danger majeur
mise en œuvre en Afrique ? pour la santé humaine mais aussi peuvent impacter la
Selon Isaac Tallam du programme de l’USAID pour la productivité dans l’élevage. Elles peuvent également
compétitivité et l’expansion du commerce (COMPETE) constituer un obstacle à l’exportation vers des marchés
en Afrique centrale et de l’Est, tous les acteurs de la exigeants, comme l’UE. Les moisissures fongiques se
chaîne de valeur insistent pour l’adoption de normes développent particulièrement sur les céréales mal sé-
et catégories. “Les transformateurs sont toutefois ceux chées, raison principale de l’existence de normes sur
qui en ont le plus besoin" car ils ont l’obligation d’une les teneurs en humidité.
qualité constante dans leurs approvisionnements en
céréales. "C’est à partir de là que l’utilisation de normes Respecter les normes
se généralisera. La CAE incite également à l’adoption Il semble toutefois évident que les nouvelles normes
de normes et catégories afin d’accroître les échanges peuvent poser des problèmes aux agriculteurs et
régionaux d’aliments de base.” négociants. Le respect de ces normes n’implique
John Keyser, spécialiste des échanges commerciaux pas seulement de se conformer à de meilleures
pour la Banque mondiale, voit une autre raison aux pratiques de culture et de stockage mais aussi de
pressions exercées pour parvenir à une harmonisation les connaître. John Keyser estime que l’information
régionale. “Je pense que ce sont surtout les gouverne- n’est pas facilement accessible, notamment pour les
ments, organismes régionaux et bailleurs de fonds qui petits négociants : “Si certains sont au courant de
insistent, beaucoup plus que le secteur privé et certai- l’existence de normes harmonisées, ils ne savent
nement plus que les petits agriculteurs. En général, le pas nécessairement comment se procurer une
bureau des normes dépend en grande partie des reve- copie de ces normes ou ce qu’elles veulent dire
nus générés par les tests et certifications effectués. Il réellement. Une sensibilisation de base aux normes
a donc tout intérêt à fixer de nouvelles normes et de est probablement la condition fondamentale,
nouveaux critères de certification.” indispensable à leur efficacité.”
Ceci dit, les normes et catégories constituent bel et Isaac Tallam souligne le travail fait par l’USAID
bien les fondements nécessaires au commerce struc- pour une meilleure communication au sein de la
turé. Une catégorisation convenue permet le bon fonc- CAE. “Les négociants de la région sont généralement
tionnement des marchés des produits de base. En dé- au courant des nouvelles normes qui seront mises en
clarant que les pays africains doivent s’engager à créer œuvre car ils ont, dès le début, pris part au processus
des bourses de matières premières, la déclaration d’harmonisation”, dit-il. L’USAID, le Conseil des
d’Arusha de 2005 sur les produits de base africains céréales de l’Afrique de l’Est et les bureaux nationaux
laisse peu de doutes quant à la nécessité de créer des des normes ont tous budgétisé des programmes de
normes et catégories à un niveau continental. sensibilisation et distribuent des documents aux
L’une des raisons spécifiques à la mise en œuvre et principaux points frontaliers dès que les normes
à l’harmonisation de normes se trouve dans la lutte régionales entrent en vigueur.

Un café de de ces catégories. "Jusqu’à présent,


ils se sont exceptionnellement
marché mondial du café difficile.
"Honnêtement, les prix obtenus par
catégorie bien débrouillés pour ce qui est les cultivateurs sont encore bas. L’an

supérieure de la culture, de la conservation


et de la manutention du café",
dernier, le café de première catégorie
était encore acheté 0,25 € le kg, ce qui
La coopérative de planteurs de café s’enthousiasme-t-il. "Nos producteurs est plutôt faible par rapport aux efforts
de Mzuzu a l’ambition de produire obtiennent souvent de meilleurs et investissements fournis, notamment
le meilleur café du Malawi tout en prix en satisfaisant aux exigences pour les engrais qui coûtent près de 30
responsabilisant les petits producteurs. internationales de qualité, ce qui les € le sac", déclare Stembridge Mweso.
Harrison Kalua, directeur général, récompense de leur bon travail". Il ajoute : "Les bénéfices sont faibles,
explique que pour atteindre cet Stembridge Mweso, caféiculteur, mais puisque nous cultivons à grande
objectif il est essentiel de respecter dans le district de Rumphi, a constaté échelle, cela nous permet de gagner un
les catégories internationales et de les bénéfices ainsi réalisés, mais les peu plus."
former les agriculteurs au respect trouve modestes dans le cadre d’un Charles Mkoka

14 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | AOÛT 2013


étude de cas

Les normes à l’épreuve de la


régionalisation
L’Eastern Africa Grain Council (EAGC) travaille main dans la
main avec le secrétariat de la Communauté d’Afrique de l’Est
et l’USAID pour définir des normes régionales céréalières. Des
instruments qui, une fois rodés, aideront les producteurs à
© EAGC

trouver des débouchés commerciaux.


Quelle importance pour un producteur
de répondre à des normes nationales,
régionales ou internationales, s’il trouve
acheteur pour ses 10 sacs de maïs et
boucle sa transaction à un prix qui lui
convient ? À priori, aucune. Sauf qu’il
n’est pas assuré de pouvoir renouveler sa
transaction dans les mêmes termes. C’est
cette incertitude quant aux conditions
d’une transaction future qui ne lui
permettra pas de travailler sereinement,

© EAGC
d’investir sans risques excessifs et, in fine,
d’améliorer son revenu.
En revanche, appliquer des normes de
Depuis 2009, le programme COMPETE de l’application d’un taux de En haut à gauche :
qualité pourrait permettre à ce même Un formateur de
l’USAID travaille avec le Comité technique des 13,5 % et à la validation l’EAGC explique
producteur de mieux négocier sa vente,
normes de l’EAC (EAC-TC), l’EAGC, le secteur des normes régionales. comment
de faire jouer la concurrence, sachant fonctionne
privé et les bureaux nationaux des normes Certes, l’harmonisation l’échantillonnage.
que son produit répondra aux exigences
des cinq pays afin d’élaborer ces normes va dans le bon sens, À droite :
du marché. Plus en aval de la filière, Les différentes
de qualité harmonisées au niveau régional. souligne Bruno Matovu,
il en sera de même du négociant face cultures (pois
Au total, 22 produits de base regroupés en directeur général de chiches, haricots
à son acheteur potentiel : il est plus
7 grandes catégories sont visés : le riz et Kinoni Produce Farm à rouges, lentilles
difficile d’accepter une diminution de brunes et niébé
les produits du riz, les haricots et légumes Kampala et membre de brun) doivent
prix si le produit présenté est conforme
associés, le mil, le sorgho, le manioc, le blé l’EAGC. Mais avant toute satisfaire à
aux normes en vigueur. différentes normes.
et autres céréales. chose, il faut sécuriser
Entre la règle et la pratique Les normes nationales ont, dans un le monde des affaires, les acteurs, et
L’Eastern Africa Grain Council (EAGC), premier temps, été passées en revue établir des procédures permettant de
structure privée basée à Nairobi, créé en avec pour objectif de trouver des points faire respecter ces normes. Sinon, elles
2006 et regroupant les principaux acteurs communs. Puis, en 2011, un projet de ne servent à rien. “Je suis en Ouganda
céréaliers publics et privés des 10 pays normes régionales a été présenté et et quelqu’un du Kenya veut m’acheter
de la région, l’a bien compris. Et, avec accepté par l’EAC-TC. Il restait à le faire des céréales mais je ne le connais de
l’EAGC, la Communauté d’Afrique de l’Est approuver en Conseil des ministres de nulle part. Il n’existe aucun registre qui
(EAC), communauté économique régionale, l’EAC lorsque le Bureau des normes du l’identifie, auquel je peux me référer
s’est attelée à créer et mettre en place des Kenya (Kenya Bureau of Standards, KEBS) pour savoir si j’ai affaire à quelqu’un
normes. Un moyen efficace de structurer a demandé à ce que cette approbation de sérieux et surtout de solvable.”
et renforcer les échanges de céréales au soit retardée : il voulait notamment faire Et de conclure : “Il existe encore des
niveau régional, améliorant ainsi les passer le taux d’humidité des 22 produits anomalies pratiques qui font que, même
disponibilités alimentaires au niveau local de base, mais surtout du maïs, du blé, si les règles sont maintenant communes,
mais aussi national et régional , renforçant des haricots et du mil, des 13 % convenus la commercialisation de céréales d’un
la dynamique économique collective. à 14 %. Les négociations aboutirent à pays à l’autre demeure difficile.”

AOÛT 2013 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | 15


interview
24 | grades and financing
warehouse standards

La formation, un élément clé


Fait exceptionnel en Afrique, la majeure partie du maïs cultivé
en Afrique du Sud est directement mise en silos ou livrée à des
meuniers. L’essentiel est négocié sur le marché à terme sud-africain
selon les normes et catégories fixées à l’échelle mondiale. Ce qui
nécessite une formation adéquate pour les opérateurs locaux.
Dr Marinda Visser Comment les normes et L’industrie céréalière sud-africaine est très Combien de temps la formation dure-
a rejoint Grain catégories appliquées aux bien implantée ; elle observe et respecte t-elle ?
South Africa céréales sont-elles fixées ? toutes les normes internationales. Nous Nos agriculteurs "en
après avoir été L’Afrique du Sud est n’avons reçu des pays importateurs que perfectionnement", comme nous les
directrice en chef
membre de l’OMC et doit des appréciations positives sur la qualité appelons, sont formés en fonction de
du ministère
par conséquent satisfaire de nos céréales. leurs besoins. Nous disposons d’un
sud-africain de
l'Agriculture, des
à toutes les normes groupe de travail spécialisé pour chaque
Les producteurs d’Afrique australe
Forêts et de la internationales relatives à produit céréalier, dans le cadre duquel
ont-ils des difficultés à se conformer à
Pêche. Elle est la sécurité alimentaire. Le les questions portant sur la qualité, la
ces normes et catégories? Des céréales
connue pour avoir ministère de l’Agriculture, production et les marchés sont débattues
sont-elles refusées car non conformes?
ouvert le marché des Forêts et de la Pêche et traitées. Ensuite, les agriculteurs
Je ne peux parler que de l’Afrique du
chinois au maïs ainsi que le ministère de reçoivent la formation dont ils ont
sud-africain. L’un
Sud, mais s’agissant de nos producteurs,
la Santé sont les organes besoin en fonction de l’évolution de la
de ses nombreux nos produits céréaliers n’ont jamais été
régulateurs officiels situation. Nous offrons par conséquent
objectifs au refusés sur des marchés internationaux ou
chargés d’assurer le respect une formation continue à tous nos
sein de Grain locaux par manque de conformité.
des catégories et des membres – les agriculteurs commerciaux
SA est d’aider
règlements nécessaires Mais il existe, sans doute, en Afrique et ceux en "développement". La
les producteurs
à satisfaire
et de gérer toutes autres du Sud, des producteurs qui ne peuvent période de formation est adaptée
aux normes questions relatives à la pas commercialiser leurs céréales parce aux besoins de chaque agriculteur
internationales sécurité alimentaire en qu’elles ne sont pas conformes aux individuel ; elle est proposée de manière
d’exportation. Afrique du Sud. normes ? continue, en fonction de tout nouveau
Nous sommes une organisation développement dans la filière.
Comment les producteurs savent-ils
céréalière et notre mandat consiste à
qu’une norme a été modifiée? Cette formation est-elle offerte dans
fournir à nos agriculteurs des informations
La Loi sur les normes des produits d’autres pays d’Afrique australe ?
de marché, d’effectuer des contrôles
agricoles est une mesure législative, L’organisation céréalière Grain SA est
de qualité sur les intrants tels que les
émanant du ministère de l’Agriculture, basée en Afrique du Sud et cette forma-
engrais et les produits agrochimiques
des Forêts et de la Pêche. Le Bureau de tion, pour l’instant, ne s’adresse qu’aux
ainsi que de coordonner la recherche
l’enregistrement chargé de l’application producteurs céréaliers sud-africains et
et le développement sans oublier les
de cette loi veille à ce que les secteurs aux membres de notre organisation.
transferts de technologie. Une partie
industriels soient tenus régulièrement Nous avons commencé à aider la Zambie
de notre mission consiste à offrir à nos
informés. Il a également instauré à développer un laboratoire céréalier
agriculteurs la formation dont ils ont
un Forum sur la sécurité alimentaire qui lui permettra de mieux contrôler la
besoin en matière de sécurité alimentaire.
se rapportant aux céréales, par qualité de ses céréales.
À cet égard, les producteurs de Grain SA
l’intermédiaire duquel les modifications
sont bien informés et sensibilisés à tout ce Qui paye ces formations qui se
des normes ou règlements sont
qui a trait aux questions d’hygiène et de déroulent sur plusieurs années ?
communiquées à l’industrie.
sécurité alimentaire. Nous disposons, au En Afrique du Sud, il existe différents
Comment la conformité est-elle vérifiée ? sein de Grain SA, d’un programme spécial fonds consacrés aux produits de base,
Sous la surveillance du Bureau de de "perfectionnement d’agriculteurs" tels que Winter Cereal Trust et Maize
l’enregistrement, des laboratoires et chaque nouveau producteur céréalier Trust. Pour certains agriculteurs en "per-
indépendants vérifient la qualité de reçoit la formation et le soutien fectionnement", la formation est payée
toutes les céréales produites dans le pays. nécessaires. par ces divers fonds.

16 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | AOÛT 2013


3 | RESPECT DES CONTRATS

Entre négociation
et arbitrage
Aussi bonne soit la structure de commercialisation des produits
agricoles, les différents acteurs de la chaîne doivent être assurés
du respect par chacun de ses obligations contractuelles. Une
© PANOS/M. Ostergaard

évidence qui, au-delà du problème de la définition des modalités


et clauses du contrat, pose la question de son applicabilité dans
des contextes juridiques et institutionnels souvent fragiles.

AOÛT 2013 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | 17


3 | RESPECT DES CONTRATS

D
e la bonne exécution des contrats dépend la nature limités car la transaction est immédiate. Il peut
bonne commercialisation des produits agri- cependant exister des problèmes de qualité, mais plus
coles. Et qui dit bonne exécution dit présence encore de respect des quantités : c’est pourquoi, par
de sanctions connues et reconnues, justes, exemple, dans de nombreux pays, la mesure se fait
efficaces et applicables. La “bonne exécution” peut au récipient (plus ou moins rempli), ceci permettant
faire défaut à de très nombreuses étapes de la chaîne. de jouer sur le poids réel des produits mis à la vente.
Il peut y avoir fraude sur les quantités et qualités, un
retard ou une défaillance sur le paiement ou sur la Le commerce structuré ne
livraison de la marchandise. prévient pas de tout
Dans les systèmes de commercialisation traditionnels, La difficulté apparaît plus distinctement lorsqu’on
ces problèmes sont assez limités car les échanges se font sort de ces mécanismes traditionnels pour aller
souvent entre les mêmes personnes, de génération en vers un commerce plus structuré ou, tout en restant
génération. Une relation s’établit que chacun, pour sa dans le cadre du commerce traditionnel, lorsqu’un
réputation et préserver son statut, a intérêt à conserver. opérateur décide d’acheter dans de nouvelles zones
Lors d’une transaction simple avec paiement et li- géographiques auprès de personnes non connues
vraison immédiats – ce qui représente la grande majo- jusqu’alors, voire auprès de sociétés et organismes
rité des ventes effectuées par les petits producteurs en avec lesquels il n’a pas de lien personnel, direct. Par
Afrique – les problèmes de non respect des engage- exemple, un commerçant peut envoyer ses camions
ments, de non livraison, de non paiement, sont par pour prendre livraison mais le produit peut ne pas être

directrice adjointe de la Division des


approvisionnements au PAM.
Dans ses contrats avec d’importants
négociants et autres opérateurs majeurs
et structurés, le PAM met en œuvre sa
clause d’obligation de performance
stipulée dans tous ses contrats. “Si
je vous achète 10 000 t de maïs, je
vous demande de me faire un dépôt
© WFP/C. Mbizule

correspondant à 5% de la valeur,
comme une garantie bancaire. Si vous
faites défaut et que nous ne parvenons
pas à un accord à l’amiable, j’encaisse
les 5 %”, explique la responsable.

Faire un pacte législations nationales.


Mais ses contrats
Inspection
du PAM de la
qualité d'un
Dans ses relations contractuelles
avec les petits producteurs, comme
avec le PAM comprennent une clause
d’arbitrage qui relève de
centre de
stockage de
dans le cadre de son projet pilote P4P
(Purchase for Progress /Achats au service
maïs en Zambie.
Le PAM achète des denrées la Commission de droit du progrès ), le but est de renforcer les
alimentaires auprès de paysans par commercial international de l’Onu. capacités des petits producteurs à intégrer
gré à gré, par voie d’appel d’offres ou Les litiges sont rares, voire des marchés structurés. “Pour réduire
au travers de bourses agricoles comme inexistants. Dans le cadre de ses les risques de non exécution, nous
la Zambia Agricultural Commodities opérations sur la Zamace, le PAM n’a n’achetons pas tout ce dont nous avons
Exchange (Zamace) dont il est l’un des jamais eu, non plus, à recourir au besoin auprès des petits producteurs.
acteurs principaux. En 2012, le PAM mécanisme de règlement des différends Nous n’en achetons qu’une partie et
a ainsi acheté en Afrique quelque propres à la bourse. “Nous avons c’est là où nous sommes flexibles en
706 000 tonnes pour plus de 290 rarement de défauts d’exécution qui terme de performance, de temps de
millions de $ US. aillent jusqu’à l’arbitrage. Lorsqu’il y un livraison, etc. Nous ne les assujettissons
Organisme des Nations Unies, le problème, nous tentons de le résoudre pas à des procédures rigoureuses mais
PAM est gouverné par le système des à l’amiable avec le fournisseur”, nous espérons qu’au fil du temps, ils
privilèges et immunités et non par les souligne Mary-Ellen McGroarty, développeront leurs performances.”

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© IFAD/R. Ramasomanana
là ou n’est pas de la qualité convenue. Les systèmes incertaine pour faire valoir leurs Un producteur de
riz et un conseiller
de récépissés d’entrepôt (voir pages 21-24) peuvent droits sur les marchandises", sou- bancaire signent
permettre d’éviter ce risque. En effet, ces récépissés ligne Gideon Onumah du Natural un contrat à la
certifient à la fois la qualité – le grade – et la quantité Resource Institute. D’où le manque Banque d'épargne
et de crédit,
du produit donnant une garantie au commerçant et d’enthousiasme global des banques Fitehirizana Vola
permettant ainsi de sécuriser la transaction. à l’égard de ces récépissés d’entre- Ifampisamborana,
à Madagascar.
Mais l’existence de ces récépissés n’évite pas néces- pôt, surtout en cas d’absence de
sairement les conflits. Des problèmes d’exécution registre central des récépissés. En réalité, le problème
peuvent parfois intervenir notamment si le récépissé ne fondamental provient du fait que ces instruments de
correspond pas à la réalité (en termes de quantité et/ou marché sont souvent créés sans cadre juridique appro-
qualité), soit par incompétence des certificateurs, soit prié. L'Ouganda, la Tanzanie et récemment la Zambie
par ce qu’il y a eu corruption. ont tenté d’y remédier en légiférant sur les entrepôts
Un deuxième type de problème peut survenir du et sur les compétences des organismes régulateurs,
non remboursement d’un prêt bancaire qui a été mais un peu tard.
accordé avec pour garantie un récépissé d’entrepôt.
Face à cela, la banque doit pouvoir revendre ce der- La prédominance de l’arbitrage
nier. L’existence d’une bourse de commerce active et Lorsqu’il existe une bourse, les différends se règlent
liquide facilite largement cette opération, mais il y en de quatre manières. Par voie de négociation et, dans
a encore peu en Afrique. En outre, si le phénomène ce cas, le succès remporté renforce la notoriété des
se développe ces dernières années, certaines de ces parties impliquées. La médiation est également pra-
bourses sont fragiles car elles ne recensent que peu tiquée, ce qui implique le recours à une tierce partie,
d’opérations. A noter que le Programme alimentaire neutre, pour aboutir à une solution.
mondial (PAM) joue un rôle majeur dans le bon fonc- Mais c’est le recours à l’arbitrage qui prédomine,
tionnement, voire l’existence ou la pérennité de cer- les bourses ayant généralement leur propre chambre
taines places boursières : en 2011, 27 % des achats du arbitrale afin d’éviter toutes difficultés de choix d’ar-
PAM au Malawi se sont faits au travers de l’Agricultu- bitres et d’application des décisions. Sinon, c’est la
ral Commodity Exchange for Africa (ACE) à Lilongwe. bourse elle-même qui s’arroge le droit de désigner les
Ainsi, tout s’enchaîne : le PAM aide au bon fonc- arbitres comme c’est le cas sur le Johannesburg Stock
tionnement des bourses qui, à leur tour, donnent de la Exchange (JSE). À noter, à titre d’exemple, que le JSE
fiabilité aux récépissés d’entrepôt et donc une sécurité se réserve aussi le droit de nommer un gestionnaire
juridique pour ceux qui les détiennent. collatéral en cas de défaillance, par exemple, d’un
"Ceci dit, en cas de non remboursement de prêts entrepôt agréé.
ayant pour garantie un récépissé d’entrepôt, les La dernière option est le recours au système judi-
banques sont souvent réticentes à entamer des pro- ciaire mais sa faiblesse persistante en fait une option
cédures judiciaires longues, coûteuses et à l’issue peu utilisée.

AOÛT 2013 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | 19


interview

Une question de confiance


La formation et la confiance sont les deux éléments clefs pour
parvenir à un respect des contrats agricoles qui, à leur tour, peuvent
mener à la transformation de l’agriculture en une affaire rentable.

Stephen Njukia Comme ancien les informations importantes pour le Par exemple, un contrat pourrait établir que
est responsable du trader, quels sont, processus contractuel leur font défaut. le prix d’un produit sera supérieur d'1 $ US
Programme d’accès aux selon vous, les au prix courant sur le marché au moment
marchés pour l’Alliance avantages du respect Quels rôles les différentes parties de la livraison.
pour une révolution des contrats dans prenantes peuvent-elles jouer pour
verte en Afrique (Agra).
le commerce des s’assurer que les contrats seront bien Quelles sont les positions d’AGRA
Avant de rejoindre
céréales ? exécutés ? s’agissant d’aider les agriculteurs à
Agra, il a travaillé
comme spécialiste de
Le respect des Nous devons investir dans la création profiter de la bonne exécution des
la commercialisation contrats fait partie d’organismes régulateurs des filières contrats ?
des matières premières intégrante de tout matières premières, développer leurs Nous investissons dans la formation
et a présidé le comité mécanisme efficace capacités pour qu’ils assurent de la des agriculteurs, des négociants et des
ad hoc qui a conçu de commercialisation bonne exécution des contrats. Il est gestionnaires de petites et moyennes
le Conseil céréalier des produits tout aussi important d’aider les petits entreprises (PME) pour qu’ils puissent
d’Afrique de l’Est. agroalimentaires, agriculteurs et traders à comprendre comprendre et exécuter les contrats.
notamment le leurs rôles et obligations dans le cadre Cette formation comprend les techniques
commerce des céréales. Il contribue à d’un accord contractuel. Chacun doit de manutention et de conservation des
stimuler les échanges en favorisant la comprendre qu’ils ont des droits et denrées après récolte, ce qui permet
confiance entre les parties intéressées obligations qui sont protégés par la loi, d’améliorer la qualité des produits agricoles
qui ont le sentiment que leurs intérêts les règlements et procédures. et donc d’attirer les acheteurs contractuels.
sont pris en compte et protégés. À un Nous soutenons les mécanismes d'échanges
autre niveau, le respect des contrats Que font les gouvernements africains structurés, dont le recours au procédé
permet généralement de faire évoluer pour améliorer les mécanismes contractuel, par l’intermédiaire de nos
l’agriculture de subsistance vers permettant au petit exploitant de partenaires de projets. Nous mettons
l’agriculture commerciale. Il faut donc commercialiser sa production ? également les petits exploitants agricoles en
soutenir le processus, notamment dans Il y a maintenant une volonté relation avec les gros acheteurs et les PME.
des régions comme l’Afrique où cela délibérée de la part des gouvernements
n’est pas très développé. et des partenaires du développement Quelle est la clef du renforcement des
de favoriser la création de marchés échanges contractuels en Afrique ?
Quels sont les défis qui se posent fiables où producteurs et consommateurs La confiance est le maître-mot en
aux petits exploitants agricoles qui puissent se retrouver et échanger des matière d’échanges contractuels. Si vous
voudraient entrer dans un processus biens et des services. En Afrique, par ne faites pas confiance au produit ou
contractuel ? exemple, nous constatons un intérêt à la personne avec laquelle vous faites
Le problème est essentiellement un pour les échanges de produits, d’où affaire, vous hésiterez à vous engager
manque de compréhension du rôle l’importance de la question des contrats. dans un contrat. Pour que les acheteurs
et des obligations de chaque partie. fassent confiance aux petits exploitants
Pour les petits exploitants agricoles, Il existe un risque que les petits agricoles, il faut que les produits
comprendre le volet commercialisation exploitants agricoles en particulier qu’ils offrent répondent aux normes et
de la chaîne de valeur, et donc le renient leurs engagements spécifications des acheteurs. À son tour,
processus contractuel qui l’accompagne, contractuels parce que quelqu’un le petit exploitant agricole a besoin
a toujours constitué une difficulté leur offre un meilleur prix et qu’ils d’être assuré que l’acheteur compensera
particulière. Ces agriculteurs ont ont besoin d’argent. Comment son investissement dans l’amélioration
l’habitude de discuter avec leurs voisins réduire ce risque ? de la qualité en payant une prime
et de s’en remettre aux négociants Il est possible d’offrir aux agriculteurs un pour ses produits et en convenant de
locaux pour se tenir au courant de la contrat dont le prix n’est pas encore fixé et maintenir les termes du contrat quelles
dynamique des marchés, si bien que qui serait lié au prix courant sur le marché. que soient les conditions du marché.

20 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | AOÛT 2013


4 | Le crédit-stockage

Récépissés
d’entrepôt : un
système crédible
Les systèmes de récépissés d’entrepôt responsabilisent
les agriculteurs et les négociants, et leur permettent
d’obtenir des crédits pour développer leurs activités et
mieux rentabiliser leurs récoltes. En Afrique australe
© K. A. Domfeh

et de l’Est, ces systèmes sont en pleine expansion.

AOÛT 2013 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | 21


4 | LE CRÉDIT-STOCKAGE

"L
e coût du stockage dans l’entrepôt est
plus élevé que ce à quoi je suis habi-
tué mais mon maïs est en sécurité et la
qualité comme la quantité sont garan-
ties”, dit Lawrence Chikhasu, propriétaire de Bucow
Investment. Cette petite société de négoce de mar-
chandises fait partie des entreprises qui profitent du
premier système de récépissés d’entrepôt (SRE) public
du Malawi, mis en place en 2011. “Je suis un homme

© ACE
d’affaires et j’ai besoin de financements pour continuer
à acheter du maïs aux agriculteurs” poursuit Chikhasu.
“Le système des récépissés d’entrepôt me permet
d’acheter de plus gros volumes et de conserver le maïs
jusqu’à ce que les prix soient bons. Je pense que le prix
du maïs me permettra de gagner une bonne prime une
fois les coûts de stockage et les intérêts payés.”
Dans toute l’Afrique australe et de l’Est – Afrique du
Sud, Ethiopie, Kenya, Madagascar, Malawi, Ouganda
et Tanzanie – les SRE se développent et s’étendent
rapidement pour les produits tels que le riz, le café,
l’anacarde, le maïs et le sésame. Le manque d’instal-

© ECX/T. Berhe
lations de stockage a limité leur utilisation en Afrique
de l’Ouest, la principale exception à cet égard étant
le maïs au Ghana. À cause des incertitudes accompa-
gnant les facteurs externes tels que les sécheresses et
les inondations, qui rendent l’investissement risqué, saison prochaine, ou aux négociants En haut :
les banques africaines ont toujours été réticentes à fi- pour acheter davantage de céréales un entrepôt certifié
par l’Agricultural
nancer les activités liées à l’agriculture. Les SRE offrent aux agriculteurs. Commodity
toutefois aux banques des solutions de financement et Le déposant, en s’aidant des infor- Exchange for Africa.
En bas : les
de garanties qui facilitent et sécurisent les échanges. mations sur les prix du marché (voir entrepôts génèrent
Pour les agriculteurs, ces systèmes réduisent les pertes encadré sur le RATIN), peut attendre des milliers
d’opportunités
après récolte en leur offrant des installations de stoc- que les conditions du marché soient d’emploi pour
kage sûres et certifiées, et leur permettent de surmon- favorables avant de vendre les den- les jeunes.
ter leurs perpétuels problèmes d’obtention de crédit. rées entreposées, soit sur le mar-
ché libre au comptant, soit par l’intermédiaire d’une
Garantie légale Bourse de marchandises. L’acheteur paie la banque,
Qu’est-ce exactement qu’un récépissé d’entrepôt ? qui lui remet le récépissé d’entrepôt, garde le coût
Le récépissé est un document qui garantit l’existence du prêt et les intérêts, paie l’exploitant de l’entre-
et la disponibilité d’une quantité et qualité donnée de pôt et rend le solde à l’agriculteur. Même après ces
denrées stockées, par exemple du maïs. Il précise la déductions, le déposant bénéficie généralement d’un
qualité, la quantité et le type de denrée, ainsi que la meilleur rapport que s’il avait vendu les denrées juste
date de dépôt et la date jusqu’à laquelle les coûts de après la récolte.
stockage ont été payés. En donnant au déposant (agri- Le premier SRE du Malawi a été créé en 2005 par la
culteur ou négociant) un récépissé d’entrepôt, l’exploi- Bourse africaine des produits agricoles et l’Association
tant de l’entrepôt garantit la sécurité, la qualité et la nationale des petits exploitants agricoles du Malawi
quantité des céréales stockées et il a l’obligation légale pour permettre aux agriculteurs d’accéder plus faci-
de les mettre à la disposition du déposant à une date lement aux marchés. Les différents éléments du sys-
ultérieure. En présentant le récépissé d’entrepôt à une tème ont été financés par un consortium de bailleurs
banque ou à une autre institution financière, l’agri- de fonds qui a permis de rénover des entrepôts ruraux,
culteur ou le négociant peut l’utiliser comme garantie de former des agriculteurs et de créer des logiciels
pour un emprunt à court terme qui peut en général pour mettre en place un système pleinement opéra-
représenter jusqu’à 60-70 % de la valeur de la récolte. tionnel qui bénéficie aux petits exploitant agricoles
Cet argent peut alors servir aux agriculteurs pour comme aux négociants. Le SRE du Malawi ne profite
payer leurs dépenses ou acheter des intrants pour la pas seulement aux agriculteurs mais a aussi dynamisé

22 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | AOÛT 2013


le marché agricole. Trois banques soutiennent actuel- défauts de paiement liés au financement des récépissés
lement le système (Opportunity International Bank of d’entrepôt représentent moins de 1 % des cas.
Malawi, Standard Bank et National Bank of Malawi) Au Ghana, plusieurs initiatives soutenues par les
et chacune considère que le récépissé d’entrepôt est secteurs public et privé ont été lancées pour dévelop-
un document sûr et échangeable. per un SRE viable pour les céréales. L’aide de l’USAID
En Tanzanie, les banques commerciales étaient au et d’autres bailleurs de fonds a permis la création du
départ réticentes à fournir des financements direc- Conseil des céréales du Ghana (GGC) et la mise en
tement aux petits exploitants agricoles après qu’ils place des premiers SRE dans la région du nord (voir
aient déposé leurs produits. Par l’intermédiaire du reportage page 8). Le GGC estime qu’un SRE correcte-
programme de développement des systèmes de com- ment réglementé aidera le pays à lutter contre certains
mercialisation agricole (AMSDP) appuyé par le Fond problèmes persistants de la commercialisation et du
international de développement agricole, des socié- crédit dans le secteur agricole tels que les prix saison-
tés coopératives d’épargne et de crédit (SACCOS) niers variables, les tricheries sur les poids et la qualité
ont été utilisées pour servir d’intermédiaires et offrir et l’accès limité au crédit.
aux banques des garanties pour le compte des agri- En Ouganda, le SRE a été soutenu par le Programme
culteurs, et aussi pour coordonner le remboursement alimentaire mondial (PAM). Depuis 2012, 7 000 tonnes
des emprunts. L’ implication des SACCOS en Tanzanie de céréales de qualité auraient été vendues au PAM et
a favorisé la viabilité des SRE. à d’autres acheteurs par l’intermédiaire d’installations
autorisées à Jinja, Masindi et Kasese. Plus récemment,
Intensification et extension un accord a été signé avec le Groupe Coronet pour la
Constatant la réussite du AMSDP dans onze districts gestion de l’entrepôt du PAM à Gulu et le fonctionne-
jusqu’à 2009, le gouvernement tanzanien a étendu le ment du SRE. Le PAM travaille en étroite collaboration
SRE à tout le pays, en l’appuyant par une réglementa- avec la Bourse des marchandises de l’Ouganda (UCE),
tion visant à établir un cadre légal pour le fonctionne- l’organisme du secteur privé mandaté par le gouver-
ment des entrepôts. La loi sur les récépissés d’entrepôt nement pour réguler le SRE. L’UCE a pour rôle essen-
de 2005 permet à des opérateurs du secteur privé de tiel d’encourager les gens à déposer leurs céréales et à
posséder et gérer des entrepôts à condition qu’ils soient tirer profit du système.
Un contrôleur accrédités par la commission tanzanienne d’autorisation
des inventaires
de la Bourse de des entrepôts. Ces dernières années, un certain nombre Coûts et bénéfices
marchandises de projets de SRE ont vu le jour, dont certains fonc- Le crédit-stockage est financièrement avantageux
d’Éthiopie gère
l’un des 60
tionnant sur des fonds renouvelables pour diminuer la pour les agriculteurs lorsque les coûts – ceux d’entre-
entrepôts du pays. dépendance par rapport aux banques. En Tanzanie, les posage et du crédit – sont inférieurs à la valeur

© ECX/T. Berhe

AOÛT 2013 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | 23


4 | LE CRÉDIT-STOCKAGE

ajoutée de la récolte stockée. Les projets pilotes les banques et les autres institutions financières sont
entrepris au Mali indiquent toutefois que ce n’est pas inabordables, tout comme les frais élevés du stoc-
toujours le cas. Avec le mil, par exemple, l’augmen- kage et les coûts administratifs demandés par les
tation du prix était trop faible pour justifier les frais exploitants d’entrepôts. Toutefois, si les agriculteurs
d’entreposage. Avec d’autres cultures, les agricul- parviennent à collaborer pour la commercialisation,
teurs devaient stocker une quantité minimale pour le stockage groupé de céréales dans l’entrepôt peut
que l’opération soit rentable. renforcer leur position collective de négociation et
Dans tous les pays, les petits exploitants agricoles leur permettre de bénéficier d’avantages d’échelle en
peuvent considérer que les taux d’intérêt exigés par augmentant le prix des récoltes et leurs profits.

LE FINANCEMENT SUR STOCK


DANS UN SYSTÈME RÈGLEMENTÉ
6

Contrat de vente

2 grain 10

grain
Récépissé
3 Récépissé

ENTREPôT AGRéé 9

11
AGRICULTEUR négociant/TRANSFORMATEUR
Accord de Paiement des
1 frais
Récépissé

4 garantie d’entreposage

8 Récépissé
7
5 Prêt BANQUE Paiement
Source: AFD,
Assurer l’accès à la
PAIEMENT À L’AGRICULTEUR aPRèS DéDUCTION DeS COûTS (INTéRêTS) finance agricole

permet de partager des informations à la FAO et au PAM. Chaque utilisateur


Tirer le meilleur sur les questions transfrontalières, peut ainsi disposer d’informations

parti des SIM comme les prix et les volumes des


échanges, fournies par les prestataires
sur les échanges transfrontaliers, de
données sur le marché et de nouvelles
Le Réseau régional d’information sur nationaux de SIM. Relié aux bourses mondiales. Par exemple, la Tanzanie a
le commerce agricole (RATIN) est un de marchandises de la région, l’accès à récemment levé une interdiction sur ses
outil d’information sur les marchés des informations en temps réel sur les exportations de céréales. En utilisant
régionalement intégrés. Conçu pour prix et à des rapports quotidiens sur les l’information du RATIN, nous avons
remédier aux inefficacités découlant marchés est ainsi facilité. pu prouver que les stocks céréaliers
de la fragmentation des systèmes RATIN est également relié au portail tanzaniens n’étaient pas en danger,
d’information sur les marchés (SIM) en des bilans alimentaires régionaux dit Janet Ngombalu, directrice du SIM
Afrique de l’Est, il offre des données sur (Regional Food Balance Sheet) avec des régional du Conseil des céréales de
les tendances du marché des céréales informations sur les stocks de céréales l’Afrique de l’Est.
via des SMS et un portail Web. RATIN et de légumineuses. Il est enfin relié Geoffrey Kamadi

24 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | AOÛT 2013


étude de cas

L’interventionnisme étatique brouille les cartes


En Zambie comme en Tanzanie, les mécanismes de récépissés d'entrepôt et de
warrantage se heurtent encore à l’interventionnisme des Etats. Le chemin vers
des marchés structurés reste semé d’embûches, surtout pour les cultures vivrières.
pu exporter avantageusement ce maïs, du secteur privé au commerce des céréales
tant au niveau régional qu’international, en Zambie a été des plus difficiles depuis
l’ayant acheté très cher aux agriculteurs. 2006, le gouvernement voyant la bourse
Avec l’arrivée de la récolte 2011, plé- comme une sorte de club privé pour tra-
thorique, la FRA a dû agir pour alléger les ders, une place de marché qu’il estime
entrepôts et a proposé aux meuneries du devoir être restructuré avant de pouvoir y
© FAO/A. Conti

maïs à 140 $ US la tonne, soit totalement participer”, souligne Gideon Onumah du


à perte si on tient compte du prix d’achat National Resources Institute (NRI).
(260 $ US), auquel il convient d’ajouter les
frais de transport et de stockage (au moins Ailleurs, l’herbe est-elle plus verte ?
Stockage de maïs en Zambie. 100 $ US la tonne), selon Auckland Kuteya En Tanzanie, l’Etat est également inter-
Les mécanismes de récépissés d'entre- et T.S. Jayne de l’Indaba Agricultural Policy venu en 2009/10, interdisant l’exportation
pôt fonctionnent-t-ils en Zambie et en Research Institute (IAPRI). Sur le marché de maïs et de riz vers les marchés régio-
Tanzanie ? En théorie, oui, mais en pratique régional, la Zambie a aussi vendu du maïs naux, notamment au Rwanda et au Kenya,
ils ne parviennent pas à se développer au- à 170 $ US, là encore, à perte. et ce, au moment même où une opération
tant que souhaité. L’interventionnisme éta- Cet interventionnisme qui, en outre, n’au- pilote était lancée pour étendre au sec-
tique, récurrent et important dans la filière rait pas profité au consommateur (le prix teur céréalier le succès que les récépissés
céréalière en serait la cause principale. Il des tourteaux de maïs au détail demeurant d'entrepôt connaissaient pour les cultures
biaise le bon fonctionnement du marché et, stables même après l’intervention étatique d’exportation comme le café ou les noix de
par voie de conséquence, tout l’intérêt de en septembre 2011 car les opérateurs le cajou. Or, suite à l’interdiction d’exporta-
recourir au système de récépissés d'entrepôt long de la chaîne n’ont pas joué le jeu) a été tion décidée par l’Etat, les prix des céréales
qui suppose une libre circulation des pro- un frein majeur à l’utilisation et au dévelop- ont chuté du fait d’une offre abondante
duits et un prix fixé par le marché. Ce sys- pement des outils de marché tels les récé- sur le marché intérieur, mettant dans une
tème, qui permet au déposant (producteur pissés d'entrepôt. En effet, le recours aux situation très délicate les groupes de pro-
ou commerçant) de non seulement stocker récépissés d'entrepôt a un intérêt lorsque le ducteurs de céréales qui avaient eu recours
son produit en attendant une augmentation producteur peut espérer une hausse de prix aux systèmes de récépissés d’entrepôt, vou-
future du prix mais également d’obtenir un à l’avenir. L’interventionnisme étatique a, au lant profiter d’une hausse des prix à venir.
crédit de campagne, ne peut fonctionner si contraire, pour objectif de stabiliser les prix, Dans le café et les noix de cajou, en
les gouvernements pratiquent une politique voire de les faire baisser. Vantant les mérites revanche, les mécanismes de récépissés
interventionniste (achat aux producteurs des récépissés d'entrepôt, le directeur géné- d'entrepôt jouent à plein. “Dans le café
à des prix supérieurs à ceux du marché, ral de la Zambia Agricultural Commodities et en équivalent dollar, les financements
ventes subventionnées aux meuniers, inter- Exchange (Zamace), Brian Tembo, souli- disponibles sont entre 12 et 20 millions $
dictions d’exportations, etc.). gnait en 2010 qu’ils étaient très peu utilisés, US chaque campagne et pour les noix de
En 2010 et 2011, la Zambie a enregis- notamment car “le marché souffre du syn- cajou plus de 100 millions $ US”, précise
tré deux belles récoltes de maïs, l’une de drome du prix plancher de la FRA”. Gideon Onumah. “De façon générale”,
2,8 millions de tonnes (Mt) et l’autre de “La Zamace, créée en 2007, a essayé de note-t-il, “ces outils du commerce struc-
3 Mt. Voulant éviter un effondrement des travailler avec les différentes parties pre- turé sont plus faciles à mettre en place
prix (2011 était une année électorale...), nantes à développer le système des récépis- pour des produits d’exportation que des
l’Agence de réserve alimentaire (FRA), sés d'entrepôt, mais pour des raisons poli- cultures vivrières, comme le maïs ou le
organisme paraétatique, a acheté 1,5 Mt tiques, il lui a été dit de ne plus participer riz”. Ces derniers touchent directement
de la récolte 2010 auprès des agricul- au marché. Le gouvernement a pris une po- à la sécurité alimentaire, donc sont plus
teurs, à quelque 260 $ US la tonne. Des sition dominante sur la place : depuis 2010, politiquement sensibles et prêtent au-
volumes qu’elle a eu du mal à entreposer il achète du maïs à un prix supérieur de jourd’hui davantage le flanc à l’interven-
par manque de disponibilités de struc- 100 $ US au marché. Donc tout le monde tionnisme étatique, brouillant les cartes
tures adéquates. De même, elle n’a guère vend au gouvernement. La participation des outils d’un marché structuré.

AOÛT 2013 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | 25


interview
4 | warehouse financing

Bienvenue dans le monde bancaire


Le financement sur stock, en plus d’offrir aux petits exploitants
agricoles un accès au crédit, leur permet d’établir des antécédents
d’emprunteur et de s’intégrer dans le monde bancaire formel.

Makiko Toyoda Certaines banques ne concernant les prêts sur les matières L’autre alternative est le financement
est responsable semblent pas vouloir premières. En l’occurrence, les banques non bancaire, comme la microfinance.
du financement servir d’intermédiaire doivent pouvoir mesurer la valeur des En Afrique de l’Est, des institutions de
des échanges
pour financer le stockage. produits ; calculer la perte en cas de microfinance prêtent aux petits agricul-
commerciaux à la
Pourquoi ? défaut pour chaque transaction ; exercer teurs en fonction des volumes de pro-
Société financière
Dans certains pays, les les fonctions de middle office pour gérer duits stockés à l’entrepôt. Le prêt est
internationale
(SFI) et dirige banques hésitent à s’enga- les fluctuations de prix et prendre des alors garanti par le produit stocké.
le Programme ger dans le financement mesures lorsque la valeur de la garantie
mondial de sur stock parce qu’elles diminue ou en cas d’appel de marges. Quel est le cas le plus réussi de
crédit-stockage connaissent mal le sys- financement sur stock en Afrique ?
instauré à la fin tème et manquent de com- Existe-t-il une alternative aux récé- La Tanzanie est sans doute le pays
de 2010. pétences ; elles ont aussi pissés d’entrepôt ? africain qui a les meilleurs résultats. Le
tendance à se montrer mé- Certains pays africains utilisent des cadre réglementaire – la loi de 2005 et
fiantes vis-à-vis des petits agriculteurs en accords de tierce détention. Il s’agit d’un les règlements associés de 2006 – est
raison des risques. document tripartite entre un emprun- favorable pour les récépissés d’entrepôt
La SFI encourage les banques à mettre en teur, une banque et un gestionnaire de négociables. Le Conseil tanzanien d’agré-
place des crédits sur stocks et des services garanties. Ces accords sont toutefois coû- ment des entrepôts a délivré à ce jour des
de conseil au travers de notre Programme teux pour les banques et elles sont donc permis à 28 entrepôts et le marché du
mondial de crédit-stockage ; si elles s’y réticentes à s’engager avec les petits financement sur stock est estimé à plus
engagent, nous fournissons une garan- exploitants agricoles et préfèrent traiter de 120 millions de $ US. (90 millions
tie sur le crédit-stockage sous-jacent, à avec des négociants et des sociétés. À cet d’euros). Selon le Fond international de
concurrence de 50 %. Nous disposons égard, l’une des idées envisageables pour développement agricole, les prix à la pro-
également d’un programme de forma- les petits paysans serait de former des duction obtenus par les agriculteurs ont
tion pour les banques et dans certains unions coopératives ou des associations augmenté jusqu’à 300 % (pour le maïs
pays nous aidons à la tenue d’ateliers d’agriculteurs pour accéder aux services et le riz paddy) depuis l’instauration des
à l’intention des petits exploitants agri- bancaires. récépissés d’entrepôt.
coles pour les aider à comprendre les
avantages du crédit-stockage. Existe-t-il une alternative aux Quelles sont les pratiques à
Les petits exploitants agricoles peuvent banques ? l’étranger, en Amérique latine par
ne pas posséder les actifs habituellement J’ai vu des accords de tierce détention exemple, dont l’Afrique pourrait
fournis en garantie (terres, maison, etc.) présentés par les acheteurs et vendeurs s’inspirer ?
pour obtenir un emprunt bancaire tra- de produits agricoles et par des ges- Le financement sur stock est plus
ditionnel. Mais, ils produisent des ma- tionnaires de garanties et non par des avancé en Amérique latine. Le Paraguay,
tières premières. S’ils constituent leur banques. Si les petits exploitants agri- par exemple, dispose d’un système de
historique d’emprunteur grâce à l’accès coles peuvent directement vendre leurs récépissés d’entrepôt qui permettent aux
au crédit-stockage, ceci leur ouvrira de produits aux négociants, il est possible petits exploitants agricoles d’accéder
nouvelles opportunités, leur permettant qu’ils puissent obtenir des acheteurs les aux instruments financiers et aux crédits
de s’introduire dans le monde bancaire avantages du financement sur stock. Ce bancaires. Les pays d’Amérique latine
formel. En Afrique, les banques sont type d’entente pourrait toutefois être li- utilisent également des récépissés de
réticentes à s’engager dans le crédit- mité par le fait que les acheteurs ont be- culture. Il s’agit là d’une version étendue
stockage, surtout si elles ne disposent soin de grosses quantités et que les petits du financement sur stock qui inclut la
pas d’un cadre de gestion des risques exploitants agricoles vendent sac par sac. période avant récolte.

26 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | AOÛT 2013


5 | Bourses de marchandises

Parvenir à une
meilleure entente ?
Bien que confrontées à de nombreux défis, les premières
bourses nationales et régionales de produits agricoles d’Afrique
commencent à mettre en place des opérations de marché
transparentes, efficaces et accessibles. Elles mettent en relation les
petits exploitants agricoles et les traders avec les gros acheteurs et
transforment les perspectives de certaines cultures importantes.
© ECX

AOÛT 2013 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | 27


5 | Bourses de marchandises

L
e café éthiopien, transporté depuis des siècles à
des fins commerciales à dos de chameau, d’âne
et de mule, a été le premier à atteindre les mar-
chés étrangers il y a plus de 500 ans. Plus ré-
cemment, il a connu des difficultés sur le marché mon-
dial en raison de plaintes concernant l’inconstance de
sa qualité. Mais depuis l’institution de la Bourse des
marchandises éthiopienne (ECX) en 2008, le système
de standardisation du café s’est considérablement
amélioré. Le passage par cette bourse a été rendu obli-
gatoire pour la plupart des exportateurs du pays et
l’EXC, dès sa première année, a géré des transactions
de l’ordre de 186 millions d’euros, ce qui représente
plus de 160 000 tonnes de fèves de café.
Les bourses des produits agricoles sont le fleu-
ron des systèmes d'échanges structurés de céréales.
En rassemblant de nombreux acheteurs et vendeurs
d’un produit donné, elles permettent de réaliser les
échanges de manière ouverte et organisée grâce à un
système d’offres d’achat et de vente. L’ECX, fondée par
le Dr. Eleni Gabre-Madhin, qui a récemment laissé sa
charge de dirigeante, est une bourse nationale mul-
tiproduits qui propose des services sûrs axés sur les
marchés. Les principes fondateurs de l’ECX étaient de
garantir la qualité, la quantité et la livraison rapide
des produits et de répondre à la détermination de
Mme Gabre-Madhin de relier les agriculteurs et négo- Les agriculteurs ne sont pas, non plus, Des échantillons
ciants à l’économie mondiale. Lorsque les agriculteurs représentés au conseil d’administration de marchandises
sont enregistrés
peuvent vendre leurs récoltes sur un marché ouvert de l’ECX, qui n’est constitué que des et conservés
et obtenir un prix équitable, cela les encourage beau- plus grands exportateurs de café et de temporairement.
coup à être plus productifs, remarquait-elle. représentants du gouvernement.
En 2011, l’ECX comptait 450 membres et 7 800
clients et était reliée à 2,4 millions de petits exploi- Un intérêt croissant
tants agricoles. En 2010-11, plus de 500 000 tonnes L’ECX n’est peut-être pas le meilleur modèle pour
de café, sésame, haricots et maïs ont été échangées d’autres pays et sa transposabilité dépend de la per-
pour une valeur de 0,9 milliard d’euros représentant sistance de la bonne volonté des bailleurs de fonds.
plus de 100 000 transactions. En outre, lorsque des capitaux commerciaux sont dis-
Les opérations se font par l’intermédiaire d’un sys- ponibles et désireux de financer le développement
tème électronique de récépissés d’entrepôt et la bourse d’échanges ou d’y participer, l’adoption d’une approche
s’occupe des transferts d’argent et de marchandises. du type de celle de l’ECX pourrait risquer d’écarter
Une fois qu’une transaction est réalisée, la bourse trans- d’autres solutions à orientation plus commerciale et plus
fère le récépissé d’entrepôt du vendeur à l’acheteur et durables sur le plan financier. Néanmoins, l’intérêt pour
charge les banques concernées de débiter le compte de les bourses de marchandises nationales et régionales
l’acheteur et de créditer le vendeur, un processus qui croît manifestement puisqu’il existe des projets de créa-
prend exactement deux heures. L’information en temps tion de tels marchés au Ghana, au Kenya, au Soudan,
réel sur les prix des récoltes est publiée sur un réseau de en Tanzanie et au Zimbabwe. La Bourse tanzanienne
tableaux d’affichage numériques dans 31 centres régio- des marchandises (TCX), par exemple, devrait être sur
naux, ainsi que sur le site Web d’ECX. Il faut toutefois pied et opérationnelle en juin 2014 ; ses opérations por-
noter, bien que l’ECX ait été largement saluée comme teraient, dans un premier temps, sur quatre produits
un grand succès, que le commerce du café tel qu’il se agricoles gérés actuellement par le système national de
pratique en particulier dans le système actuel de l’ECX récépissés d’entrepôt (voir l’article aux pages 21-24),
est considéré comme n’étant pas particulièrement favo- soit l’anacarde, le café, le coton et le riz. La mise en
rable aux petits exploitants agricoles qui sont subordon- œuvre de la TCX, y compris l’élaboration de son cadre
nés au risque de monopole de quelques exportateurs. légal et réglementaire, la technologie d’exploitation

28 | NUMÉRO HORS-SÉRIE | AOÛT 2013


© ECX/T. Berhe

© ECX/T. Berhe
et les systèmes d’appui financier, sont maintenant des
priorités gouvernementales. Parallèlement, au Nigeria,
le gouvernement espère rétablir la moribonde Bourse
des marchandises d’Abuja, alors qu'en Ouganda et en
Zambie, des groupes du secteur privé tentent de relan-
cer les bourses nationales.
Toutefois, malgré le soutien considérable apporté
ces dernières années aux bourses de marchandises
africaines par les bailleurs de fonds, leur viabilité est
restée plus incertaine que celle des bourses asiatiques
et sud-américaines établies dans les années 90 (voir re-

© ACE
portage à la page 32). De nombreux pays ne disposent
pas d’un environnement favorable suffisamment fort,
ni de volumes de production assez conséquents pour Internet ; les enchères en ligne En haut à droite : des
permettre le fonctionnement efficace d’une bourse de sont l’un des services propo- échantillons de café sont
préparés pour un contrôle
marchandises nationale. Les bourses de marchandises sés par l’ACE pour mettre les de la qualité dans l’un
ne sont qu’un élément des systèmes d'échanges struc- petits exploitants agricoles et des huit laboratoires pour
turés et leur succès dépend du fonctionnement glo- les traders en contact avec les le café de la Bourse de
marchandises d’Éthiopie.
bal des marchés agricoles au comptant. En outre, les marchés nationaux et régio- En bas : l’assistante du
interventions imprévisibles des gouvernements sur les naux. Les informations sur les gérant de l’entrepôt,
marchés et l’absence de cadre légal et réglementaire marchés et les notifications Louise Chikankheni, nous
montre un échantillon de
peuvent compromettre le succès des échanges. relatives aux enchères sont maïs avant qu’il ne rentre
Initiative régionale, la Bourse d’échanges de produits fournies par SMS par l’inter- dans l’entrepôt certifié
agricoles en Afrique (ACE) réunit des opérateurs enre- médiaire d’Esoko, un système par l’ACE au Malawi.

gistrés et actifs d’Afrique du Sud, du Kenya, du Malawi et basé sur la téléphonie mobile.
de Tanzanie. Proposée en premier lieu par l’Association “C’est stimulant de prendre part à une plate-forme
nationale des petits producteurs agricoles du Malawi, d’échanges en ligne et d’entrer en concurrence avec des
cette bourse offre une plate-forme d’échanges basée sur acheteurs tels que le PAM, surtout quand nous avions

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5 | Bourses de marchandises

© WFP
toujours pensé que le marché était réservé à de gros plus facile parce que je connais les Traders de ACE
se confrontant
acteurs”, dit Andrew Kachete, un petit négociant qui, par prix sur le marché. Je suis très content sur des chiffres
l’intermédiaire de l’ACE, a vendu du maïs à l’un des plus d’avoir trouvé ce système.” du marché.
gros acheteurs de céréales du Malawi. Bester Mora a été L’optimisme des débuts, quand l’ACE
l’un des premiers à utiliser la bourse en 2008. “Je me suis venait d’être mise en place, a rapidement été estompé
enregistré auprès de l’ACE en tant que négociant et j’ai par les problèmes inhérents à l’industrie agricole. Des
mis cinq tonnes de maïs sur le marché. En trois semaines, tentatives de mise en contact entre des agriculteurs et
ils m’ont trouvé un acheteur de la région sud du pays. le marché ont souvent été mises à mal par des insuf-
Maintenant, je fournis le PAM et réinvestis les bénéfices fisances de rendement. En outre, le faible nombre de
réalisés sur mon maïs dans mon magasin à Madisi”, dit- transactions a découragé les efforts tendant à fournir des
il. “En tant qu’opérateur enregistré auprès de l’ACE, je informations de marché.
reçois des informations de marché par téléphone. Avant, Toutefois, en 2010, le PAM a décidé de s’approvi-
je vendais simplement ce que j’avais, même si le prix sionner en céréales en passant par l’ACE dans le cadre
était bas, parce que j’y étais obligé. Maintenant, c’est d’une initiative destinée à acheter à des petits agri-
culteurs et traders. Ceci a ren-
forcé l’ACE, ce qui était bien

Ce que la des bâtiments ont été construits


pour recevoir et stocker les céréales
nécessaire, et les volumes de
transaction ont commencé à
Bourse de des agriculteurs avant qu’elles ne
soient vendues et expédiées. Des
augmenter. Actuellement, l’ACE
gère des transactions sur les
marchandises récépissés d’entrepôt négociables principales denrées agricoles et

de Chicago ont rapidement été émis en fonction


des stocks entreposés et le Chicago
s’efforce de mettre en place un
système intégré de commercia-
nous apprend Board of Trade (CBOT) est rapidement
devenu un marché à terme pour
lisation agricole fondé sur des
récépissés d’entrepôt émis par
Au milieu du XIXe siècle, Chicago, les céréales. Il a notamment permis de multiples sites de stockage
un village de traite de fourrures, est aux acheteurs de la côte Est de répartis dans tout le pays.
devenu un centre d'échanges de connaître le prix des céréales avant
marchandises, au fur et à mesure même de les recevoir. L’Etat de Echanges à terme
que les terres étaient défrichées l’Illinois, à la fin des années 1860, a L’Afrique du Sud est le seul
pour l’agriculture et que les besoins légiféré pour réglementer les silos- pays africain à disposer d’un
en céréales de la côte Est des Etats- élévateurs et les catégories, garantir important marché à terme de
Unis et d’Europe augmentaient. l’exécution des contrats et publier marchandises (il en existe un
Des silos-élévateurs à vapeur et des statistiques. autre, plus modeste, à Maurice).
Ses principaux contrats portent

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sur les céréales et les oléagineux ; il compte un taux marché régional et à donner à la population de la région
important de livraisons de produits physiques (20 à (130 millions de personnes), en particulier aux petits
40 % de la production nationale) qui s’organisent par exploitants agricoles, un meilleur accès aux marchés.
l’intermédiaire de son système électronique de récé- Une autre initiative du secteur privé, Bourse Africa,
pissés d’entrepôt. Pour l’instant, la SAFEX est presque prévoit d’intervenir au niveau panafricain pour échan-
exclusivement utilisée pour les produits sud-africains ger des marchandises et des devises par l’intermé-
mais elle s’efforce maintenant de stimuler les échanges diaire de plates-formes nationales reliées par un accès
régionaux. Le gouvernement zambien, par exemple, a Internet en nuage.
récemment approuvé les transactions de sociétés zam- Le succès des bourses de marchandises africaines dé-
biennes sur la SAFEX et un contrat de livraison de pro- pendra de leur adaptation aux conditions locales, de leur
duits physiques a été négocié pour le maïs zambien par capacité à faire face à la nature fragmentée des marchés
l’intermédiaire de la bourse. locaux et à définir des prix de marché. “Une bourse des
À terme, des échanges régionaux, dans toute l’Afrique marchandises permet aux gens de faire des choses qu’ils
de l’Est, constituent l’objectif de la Bourse de l’Afrique n’auraient pas pu faire avant ou de faire ce qu’ils pou-
de l’Est (EAX) actuellement mise en place à Kigali, au vaient faire, mais plus efficacement”, déclare Ian Goggin,
Rwanda, même si dans un premier temps elle opèrera spécialiste des échanges structurés à l’USAID et ancien
sous forme de criée, effectuant des échanges au comp- dirigeant de l’ACE. “Plus les inefficacités seront grandes,
tant. Grâce à l’investissement du secteur privé et avec plus importants seront les avantages liés à l’existence
l’appui du gouvernement du Rwanda, l’EAX vise à aug- d’une bourse; mais aussi, plus considérables seront les
menter l’efficacité, la transparence et la liquidité du obstacles qu’elle devra surmonter”, prévient-il.

La demande
structurée :
un système
gagnant pour
les acheteurs
comme les
vendeurs
La demande structurée renvoie à un
système de commercialisation organisé
qui permet aux agriculteurs d’accéder à

© WFP/V. Vick
des acheteurs importants et prévisibles
pour leurs produits. C’est une approche
qui marche bien avec les cultures telles
que les céréales alimentaires, qui Avec une demande stable pour leurs le cadre de son initiative Un petit
producteur
présentent une grande uniformité. produits, les agriculteurs peuvent investir “Achats au service du
d'un moulin
En Colombie, tous les organismes dans une production améliorée ; pour progrès”. D’autres gros à Kapchorwa,
publics – y compris l’armée, les écoles répondre aux commandes importantes, acheteurs pourraient modifier en Ouganda,
prépare le maïs
et les prisons – doivent acheter une les produits sont regroupés par des de la même manière leurs pour le PAM.
certaine valeur de marchandises en coopératives d’agriculteurs, des pratiques de passation de
vrac par l’intermédiaire de la bourse transformateurs ou des négociants. marchés en Afrique afin de créer une
nationale des marchandises. Cela En Afrique, aucun gouvernement n’a demande importante et prévisible de
permet d’éliminer la corruption liée à encore imposé une telle approche. Le millions de tonnes. Une telle demande
la passation de marchés, de diminuer Programme alimentaire mondial se permettrait de transformer le système
les coûts pour les acheteurs et d’obtenir procure toutefois des céréales par le d’appui aux échanges nationaux et
de meilleurs prix pour les producteurs. biais d’échanges de marchandises dans régionaux de denrées alimentaires.

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reportage

Améliorer les échanges et


responsabiliser les agriculteurs
Les centres de services ruraux de la Bourse
multiproduits indienne visent à transformer les
agriculteurs en négociants. Ils renforcent leur
savoir-faire en les informant sur le prix des denrées
agricoles.

© MCX
"C’est une bénédiction pour nous. offrent leurs services à plus de 29 500 Nous finissions toujours Le receveur des
Lorsque nous étions aux prises avec un agriculteurs. par vendre aux prix les plus postes d'un
village indien
marché du coton très fluctuant, la Bourse La production de coton a bas lorsque le marché était note les taux de
multiproduits (MCX of India) est venue considérablement augmenté au cours de inondé. Maintenant c’est la bourse des
marchandises
à notre secours et a calmé la situation. la dernière décennie en Inde. "Lorsque un scénario différent. Avec sur un tableau.
Auparavant, nous n’échangions qu’au ce marché à haute valeur ajoutée était l’intervention de la Bourse
comptant. Maintenant, nous pouvons très volatil, en 2010, toutes les parties multiproduits, nous pouvons
aussi faire des transactions à terme", prenantes – agriculteurs, négociants vendre nos récoltes à n’importe quel
déclare Arun Sekhsaria, négociant et industriels – ont souffert. Nombreux moment de l’année et pas seulement en
cotonnier à Bombay, en Inde. sont ceux qui ont connu des pertes mars. Nous pouvons faire des échanges à
Lorsque MCX of India, la première sévères dues à toutes les incertitudes. terme et connaître nos prix avant même
bourse de marchandises indienne, a Vous pouvez imaginer notre situation de semer."
été créée en 2003, elle permettait des désespérée à cette période", explique "Je ne connaissais rien à l’ordinateur,
transactions à terme sur l’or, les métaux Sekhsaria. "Mais la création de la Bourse continue Singh. Après 2006, grâce à
et l’énergie. En juin 2006, dans le cadre multiproduits, en octobre 2011, a tout l’intervention du GSK, j’ai appris à
d’une initiative commune avec India changé", poursuit-il. l’utiliser et à me servir d’un compte
Post et son programme d’opportunités "Maintenant, le jeu est équitable e-mail. Maintenant, je me débrouille
sociales, MCX of India a lancé son et toutes les transactions sont loyales bien avec toute l’information liée à
premier centre de service rural, Gramin et transparentes. MCX of India est l’agriculture, y compris les prévisions
Suvidha Kendra (GSK), destiné aux devenue une référence pour les prix du météorologiques et de récoltes. Les
denrées agricoles. coton en Inde et a ouvert de nouvelles agriculteurs de notre village viennent
opportunités pour le commerce du maintenant me voir pour s’informer."
Informer les agriculteurs coton. C’est une situation bénéfique Pour les agriculteurs, la Bourse
Les centres de services ruraux pour tous." multiproduits est une aubaine qui a
utilisent les bureaux de poste des petits favorisé une amélioration des prix,
villages pour informer et conseiller Tirer profit des échanges une meilleure planification agricole
les agriculteurs. Ils leurs permettent "Ce que je suis aujourd’hui, je le dois et la prospérité. "Malheureusement,
d’accéder à des informations sur les prix à la Bourse multiproduits", dit Yaduvir seulement un à deux pour cent des
et les marchés et les aident à décider Singh, du village de Midhakur dans agriculteurs de la région sont au courant
des cultures à planter et du moment l’Uttar Pradesh, le plus grand Etat de des services offerts”, précise Singh. “La
opportun pour vendre leur production et l’Inde. Cultivateur de pommes de terre majorité évolue encore dans le noir."
en obtenir le meilleur bénéfice possible. sur son exploitation de 28 hectares, Devant cet état de fait, les centres
Des conseils et des informations il mène activement ses affaires sur le de services ruraux ont entrepris un
spécialisés sur les cultures comme le marché depuis 2006. "Avant, j’étais un programme de sensibilisation massive.
blé, l’orge, le coton, la pomme de simple agriculteur soumis aux caprices "J’espère que le jour viendra où tous
terre, le pois chiche, la cardamome et d’un marché mal organisé. Nous les agriculteurs seront gagnants comme
la coriandre leurs sont proposés pour vendions nos produits en mars, peu de nous et tireront pleinement profit
l’achat des semences et des engrais. temps après la récolte, et nous nous des avantages offerts par la Bourse
À l’heure actuelle, avec 37 centres retrouvions assez souvent piégés par multiproduits", soupire Singh.
répartis dans six Etats en Inde, les GSK les remous de l’offre et de la demande. Govindan Venkataramani

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interview

Une affaire de sensibilisation


et de motivation
La Bourse d’échanges de produits agricoles en Afrique
(Agricultural Commodity Exchange for Africa, ACE) a
beaucoup progressé depuis sa création en 2005 et développe
maintenant son action autour de trois axes : la facilitation
des échanges, la mise en œuvre d’un système de récépissés
d’entrepôt et la diffusion des informations sur les marchés.

Kristian Schach L’ACE a connu des Quels sont les volumes traités par d’une solution alternative à la vente
Moller est difficultés. Quels étaient l’ACE ? juste après la récolte et donc d’une
directeur général les obstacles rencontrés Notre meilleure année a été 2011 bourse de marchandises.
d’ACE. Son et comment y avez-vous avec 35 000 tonnes, essentiellement
travail consiste
fait face ? du maïs mais aussi du soja et des Pourquoi existe-t-il si peu de
à organiser
Le principal obstacle pois, ainsi que quelques denrées bourses en Afrique et aucune en
des groupes de
producteurs, à
était le stockage. C’est transformées. L’embargo sur les Afrique francophone ?
former et renforcer l’Association nationale exportations l’an dernier a fait chuter L’une des raisons pourrait être
les coopératives des petits producteurs nos volumes à 21 000 tonnes, mais que les investisseurs qui s’engagent
et les ONG, à créer agricoles du Malawi qui 2013 se présente beaucoup mieux. dans l’agriculture pour en retirer
des systèmes de a démarré l’ACE,mais elle des profits se contentent d’acheter
commercialisation ne disposait d’aucun Rétrospectivement, diriez-vous que plutôt que d’investir dans une bourse
structurés, espace de stockage et l’ACE était l’instrument qu’il fallait des marchandises. La motivation
à concevoir n’a pas réussi à obtenir mettre en place ? doit donc provenir d’une autre
des systèmes l’accès aux installations 2005 n’était sans doute pas la source : gouvernement, organisation
d’information
gouvernementales. Le bonne année pour démarrer. Mais, d’agriculteurs ou de traders, ou
de marché et
secteur privé, quant à lui, durant les cinq premières années, investissement social.
à promouvoir
la création
a déclaré n’avoir aucune nous avons fait un grand effort de
de récépissés capacité excédentaire sensibilisation, en expliquant ce Quel est l’élément moteur à l’origine
d'entrepôt. disponible. qu’était le système. d’une bourse de marchandises ?
En 2011, Farmers World, Ce peut être un gouvernement
un gros opérateur privé Existe-t-il des alternatives aux qui désire introduire une nouvelle
du Malawi, a reçu une subvention bourses de marchandises ? entité dans le marché, permettant
du gouvernement hollandais pour Un marché dynamique impliquant aux agriculteurs d’obtenir des
construire des silos avec la condition de nombreux acheteurs n’a informations, des contrats et des
qu’ils soient accessibles à des tiers. pas besoin d’une bourse de services. Cela peut aussi être une
Farmers World a alors sollicité l’ACE marchandises car la concurrence est organisation d’agriculteurs ou de
pour envoyer des dépositaires aux silos. vive. En Afrique, toutefois, il existe négociants mais celles-ci sont
D’autres opérateurs se sont rapidement traditionnellement une poignée traditionnellement très faibles en
joints et c’est ainsi que nous avons de gros traders qui achètent tout à Afrique. Ainsi lorsque vous avez
réussi à impliquer le secteur privé dans bas prix juste après la récolte puis un bailleur de fonds qui vient
le système des récépissés d’entrepôt. attendent pour la revendre. Mais c’est et dit “Créons une bourse de
Celui-ci se développe depuis 2011 et en train de changer. marchandises”, il faut qu’il y ait une
constitue de loin l’activité la plus Lorsque les prix sont volatils les organisation capable d’en assurer le
importante de l’ACE à l’heure actuelle. agriculteurs ont vraiment besoin démarrage.

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interview

Pour une découverte terme. Deuxièmement, le système


financier doit être stable : les marchés

locale des prix à terme ne peuvent exister dans un


contexte d’inflation galopante ou
de faiblesse des systèmes bancaires.
L’intérêt accordé aux bourses L’existence d’un important marché
de marchandises africaines est au comptant sous-jacent, avec des
prix aisément accessibles, constitue la
croissant, mais leur durabilité troisième condition préalable. Enfin,
pose un défi de taille. Quelles sont sur ces marchés, les produits offerts
à la vente doivent être homogènes
les conditions nécessaires pour – c’est pourquoi il n’existe pas
qu'elles réussissent en Afrique ? de marché à terme pour le thé,
contrairement au café.
Un marché à terme est nécessaire
lorsque les prix sont volatiles. Un
Ann Berg, À votre avis, pourquoi marché à terme, pour bien fonctionner,
ancienne directrice existe-t-il si peu de a besoin de spéculateurs actifs et à
de la chambre
bourses de marchandises l’heure actuelle, ceux-ci ne manquent
de commerce de
Chicago (CBOT), en Afrique et que pas ! Une autre condition préalable
est une grande peut-on faire pour les indispensable est l’existence de marchés
spécialiste des développer ? libres d’interférences excessives : les
marchés à terme Je n’ai visité que embargos sur l’exportation détruisent la
de marchandises
l’Egypte, où je pensais confiance des marchés.
et des questions
de sécurité qu’il serait possible de
alimentaire. Elle mettre en place une Selon vous, quelle bourse pourrait
a également fait bourse pour le coton, si servir de modèle en Afrique, en dehors
partie du comité bien qu’il m’est difficile de l’Afrique du Sud ?
exécutif du
d’évaluer ce qui devrait La Bourse de marchandises
Conseil national
être fait en Afrique d'Ethiopie est un merveilleux modèle
© JSE

du commerce
des grains à précisément. L’Afrique pour l’Afrique. C’est une bourse
Washington DC. doit, toutefois, avoir ses d'échanges au comptant qui catégorise
propres marchés à terme, un grand nombre de Autrefois un et stocke les marchandises au moyen
marché d’échange
tout comme la Chine et strates où se réalisent d’actions
de récépissés d’entrepôt. C’est un
l’Inde. En effet, le marché mondial du des marges commerciales traditionnel, bon modèle parce qu’elle a été
cacao repose sur la production de la tout au long de la chaîne la bourse de conçue pour résoudre les problèmes
Johannesburg
Côte d’Ivoire et du Ghana, mais son prix d’approvisionnement. est devenue (et par conséquent les coûts élevés)
se fonde sur sa livraison via les ports Ils permettent un marché du négoce des marchandises,
boursier moderne
d’Europe du Nord. Cette "dislocation" également une meilleure proposant un comme par exemple les risques de
empêche la transmission des prix aux planification parce qu’ils système de contrepartie et la qualité. La chambre
producteurs ; en d’autres termes, le anticipent efficacement négociation,
de compensation de la bourse répond
compensation et
producteur perçoit un prix au rabais. les fluctuations de prix en règlement des à ce premier problème – elle veille
Lorsque le mécanisme de découverte fonction des évolutions actions totalement à ce que des stocks de produits
électronique
des prix est local, le producteur saisonnières. et des produits existent afin qu’ils puissent être
bénéficie toujours de la transmission et dérivés financiers achetés et vendus sans risque de
et agricoles.
de la transparence. Par exemple, après Quelles sont les défaillance de l’une des parties.
que le gouvernement sud-africain ait conditions préalables pour Ceci est un risque important dans le
éliminé le soutien aux prix, la bourse développer de tels marchés ? commerce des produits de base. Les
des contrats à terme d’Afrique du sud a Il doit exister un droit contractuel, entrepôts garantissent également la
désigné plus de 100 points de livraison puisqu’on ne peut avoir de marchés de catégorisation des marchandises, ce
pour le maïs et le blé dans les régions produits de base qui fonctionnent sans qui permet aux acheteurs de savoir
productrices nationales, afin de donner que les transferts de propriété soient ce qu’ils achètent et aux vendeurs
aux producteurs un avantage sur le clairs. C’est la base même des bourses d’obtenir une juste rémunération pour
marché. Les marchés à terme éliminent de marchandises et des marchés à leurs produits de qualité.

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