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SEMIOLOGIE DIGESTIVE CLINIQUE

Pr. Ousmane KA

OBJECTIFS

1. Préciser les caractères des différentes douleurs digestives


2. Décrire 9 troubles du transit œso-gastro-intestinal.
3. Définir les hématémèses, les rectorragies et les mélénas.
4. Citer 10 anomalies de l’inspection de l’abdomen.
5. Décrire la technique de palpation abdominale de Mondor et celle du toucher rectal.
6. Enumérer les résultats de la percussion et de l’auscultation abdominale.

PLAN

I. GENERALITES

I.1. Définition

I.2. Rappel anatomique

II. SIGNES CLINIQUES

II.1. Interrogatoire

II.2. Examen général

II.3. Examen physique

CONCLUSION

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SEMIOLOGIE DIGESTIVE CLINIQUE

Pr. Ousmane KA

I. GENERALITES

I.1. Définition

La sémiologie digestive clinique est l’étude des signes fonctionnels, généraux et


physiques en rapport avec les affections de l’appareil digestif. Ces signes sont recueillis par
l’interrogatoire, l’inspection, la palpation, la percussion, l’auscultation, certaines manœuvres
et par l’examen proctologique. L’examen clinique de l’appareil digestif commence par la
bouche, se termine par l’examen du périnée et consacre une très grande partie à l’examen
de l’abdomen qui retiendra particulièrement notre attention.

I.2. Rappel anatomique

L’abdomen est la partie inférieure du tronc, limitée en haut par le thorax, en bas par
le pelvis et le périnée et en arrière par le rachis. Il comprend la paroi abdominale (contenant)
et le contenu abdominal (viscères). La paroi abdominale se subdivise en deux parties : la
paroi antéro-latérale qui est une sangle cutanéo-musculo-aponévrotique constituée des
muscles grands droits, obliques externes, oblique internes et transverse et la paroi
postérieure constituée des muscles petits dentelés inférieurs, grands dorsaux, carrés des
lombes, psoas et de la colonne vertébrale. Le contenu abdominal se divise en deux parties :
une partie antérieure constituée par la cavité abdominale tapissée par le péritoine et une
partie postérieure constituée par le rétro-péritoine. La cavité abdominale, limitée en haut
par le diaphragme, contient le foie, les voies biliaires, la rate, l’œsophage abdominal,
l'estomac, l'intestin grêle, le côlon, l’appendice, le rectum, les vaisseaux cœlio-msentériques
et les veines mésentériques et la veine porte. Le rétro-péritoine contient les reins, les
glandes surrénales, les uretères, le pancréas, les vaisseaux sanguins et lymphatiques rétro-
péritonéaux comme l'aorte abdominale et la veine cave inférieure. La vessie est un organe
sous péritonéale mais elle se projette dans la cavité abdominale quand elle est en réplétion.

Il est possible d’évoquer un syndrome digestif au cours de l’examen clinique en


localisant une douleur ou une masse abdominale sur l’une des 9 régions obtenues en
divisant la paroi abdominale antéro-latérale par quatre lignes :

- 2 verticales perpendiculaires au milieu des 2 clavicules croisant les rebords


costaux,
- 1 ligne horizontale tangente au rebord costal,
- 1 ligne horizontale tangente aux épines iliaques antéro-supérieures.

Ces 4 lignes délimitent 9 régions qui sont

- l’hypochondre droit occupé par le foie et son pédicule, l’angle colique droit ;
- l’épigastre occupé par le lobe gauche du foie, le corps et l’antre de l’estomac, le
côlon transverse, le pancréas ;
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- l’hypochondre gauche qui correspond au fundus gastrique, à l’angle colique
gauche et à la rate ;
- le flanc droit qui répond au rein droit, à l’uretère lombaire et au côlon ascendant ;
- la région ombilicale ou méso-cœliaque, centrée par la dépression de l’ombilic
(orifice herniaire ombilicale) qui répond à l’intestin grêle ;
- le flanc gauche qui répond au rein gauche, à l’uretère lombaire et au côlon
descendant ;
- La fosse iliaque droite occupée par le caecum, l’appendice, la jonction iléo-
caecale, l’uretère iliaque droit, l’ovaire et la trompe droite chez la femme.
- En dessous des fosses iliaques, se situent les orifices herniaires de l’aine : l’orifice
inguinale située au-dessus de la ligne de Malgaigne qui est la ligne joignant
l’épine iliaque antéro-supérieure à l’épine du pubis et l’orifice crurale située en
dessous de cette ligne ;
- la région hypogastrique ou sus-pubienne, contenant les anses grêles, l’utérus
chez la femme et la vessie lorsqu’elle est en état de réplétion ;
- la fosse iliaque gauche occupée par le côlon sigmoïde, l’uretère iliaque gauche, la
trompe gauche et l’ovaire gauche chez la femme.

- La région lombaire est postérieure, elle est limitée en dehors, par le relief de la XII
côte, en bas par la saillie convexe de crête iliaque et en dedans par le bord externe des
masses musculaires sacro-lombaires.

- Le périnée ferme en bas l’excavation pelvienne. Il est divisé en 2 parties, antérieure


et postérieure, par une ligne unissant les 2 tubérosités ischiatiques ; le périnée uro-génital
constitue la partie antérieure alors que le périnée anal contenant l’orifice anal correspond à
la partie postérieure.

II. SIGNES CLINIQUES

II.1. Interrogatoire

Il s’agit d’une enquête qui permet de recueillir l’état civil, les antécédents personnels et
familiaux du patient, ses traitements en cours, un terrain particulier et les signes
fonctionnels (qui sont les plaintes du patient). Ces signes fonctionnels seront analysés de
façon sémiologique (= en précisant leurs caractères) et chronologique.

Pour chaque signe fonctionnel, il faudra préciser la date de survenue (ancienneté), son
mode de début (brutal ou progressif), son mode évolutif (continu, intermittent), son
caractère invalidant, sa durée, ses facteurs déclenchants ou aggravants, ses facteurs de
sédation, sa périodicité, les signes d’accompagnement (urinaires, gynécologiques,
respiratoires, généraux…), son retentissement psychologique. Dans le cas de la douleur, on
précisera particulièrement le siège et les éventuelles irradiations, le type et l’intensité.

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II.1.1. Les douleurs d’origine digestive

- L’odynophagie

C’est une douleur apparaissant à la déglutition traduisant une lésion oro-


pharyngienne.

- Le pyrosis

Il s’agit d’une douleur épigastrique à type de brûlure, à point de départ épigastrique


ou rétro-xyphoïdien, à trajet rétro sternal ascendant se terminant par des régurgitations
gastriques. Il survient après les repas et est favorisé par l’antéflexion du tronc et par le
décubitus dorsal. Il traduit un syndrome de reflux gastro-œsophagien.

- La colique hépatique

C’est une douleur brutale, intense, à type de crampe ou de point de côté, survenant
après un repas copieux, siégeant à l’hypochondre droit, irradiant en bretelle vers l’épaule
droite ou vers la pointe de l’omoplate droite, inhibant la respiration. Elle est continue, à
renforcement paroxystique et s’associe à des nausées ou à des vomissements. Le patient est
dans une position antalgique : on dit que « la colique hépatique est pathétique ou
apathique ». Elle dure quelques minutes à quelques heures. Elle traduit une obstruction
brutale des voies biliaires.

- La douleur de l’ulcère duodénal ou gastrique

Il s’agit d’une douleur à type de brûlure ou de crampe, siégeant dans la région


épigastrique, d'intensité variable, parfois très vive, continue ou d’évolution paroxystique,
déclenchée par les aliments épicés, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, avec une notion
de faim douloureuse. Elle est calmée par la prise d’aliments et par les produits alcalins. Elle
survient 1 à 4 heures après les repas. Elle est rythmée par les repas (Repas-Accalmie-
Douleur-Repas) et réveille le patient la nuit.

- La douleur de la sténose pyloro-duodénale

Il s’agit de douleurs épigastriques post prandiaux, à type de crampes qui sont


calmées par des vomissements alimentaires post prandiaux survenant à l’acmé de ces
douleurs.

- La douleur de la perforation digestive

Elle est d’apparition brutale, vive en coup de poignard, localisée initialement dans
une région abdominale, elle se généralise secondairement parce qu’elle devient une
douleur péritonéale et s’accompagne précocement de vomissements et secondairement
d’arrêt des matières et des gaz.

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- La douleur de la pancréatite aiguë

Elle survient le plus souvent après un repas copieux ou après ingestion d’alcool. Elle
est d’apparition brutale, de siège épigastrique irradiant en barre ou transfixiante vers le dos,
Elle est intense, rapidement croissante, devenant insoutenable, rebelle aux antalgiques
habituels, chez un patient adoptant une position antalgique « en chien de fusil ». Elle dure
24 à 48 h mais peut persister pendant plusieurs jours. Elle s’associe à des nausées et à des
vomissements. Il existe parfois un arrêt des matières et des gaz ou une diarrhée graisseuse.

- La douleur de l’ischémie mésentérique aiguë

Elle est de type ischémique, traduisant une souffrance intestinale : elle a un début
brutal, intense, paroxystique, à type de crampe sans tendance à l’accalmie. Elle siège à la
région ombilicale et devient secondairement généralisée en cas d’évolution vers l’infarctus
intestinal. Elle est associée à des vomissements et à une diarrhée qui va devenir
sanguinolentes ou remplacée par un arrêt des matières et des gaz en cas d’évolution vers
l’infarctus intestinal.

- La douleur de l’ischémie mésentérique chronique

Elle évolue en 3 phases. A la phase d’angor mésentérique, les douleurs abdominales


sont progressives, à type de crampe, diffuses à tout l’abdomen, post prandiales précoces,
intermittentes, durent 1 à 3 heures sans facteur de sédation occasionnant une peur de
s’alimenter et un amaigrissement. A la phase du syndrome de menace mésentérique, les
douleurs abdominales deviennent permanentes, voire nocturnes et insomniantes. A la
phase d’ischémie mésentérique aiguë, la douleur devient brutale, intense, paroxystique, à
type de crampes sans tendance à l’accalmie associée à des vomissements et à une diarrhée.

- La douleur de la strangulation ou de la torsion intestinale

Elle est brutale, intense, permanente, sans tendance à l’accalmie, à type de torsion,
siégeant au niveau ombilical ou aux orifices herniaires si elle intéresse l’intestin grêle, ou au
niveau du trajet colique si elle intéresse le côlon. C’est une douleur d’ischémie. Elle s’associe
à des vomissements et à un arrêt des matières et des gaz.

- La douleur de l’obstruction intestinale

Elle est progressive, modérée, intermittente à type de coliques (spasmes),


accompagnée de ballonnement abdominal cédant à l’émission de gaz et de selles réalisant le
syndrome de Kœnig. L’arrêt des matières et des gaz est progressif.

- La douleur de l’appendicite aiguë

Elle a un début brutal ou progressif, siège à la fosse iliaque droite, à type de crampe ou
de brûlure ; elle est lancinante, sans irradiation, augmentant progressivement d’intensité
sans aucune tendance à l’accalmie. Elle oblige le patient à se plier en deux, dans une position

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antalgique : on dit que l’appendiculaire est prostré. Elle s’accompagne de vomissements et
de constipation.

- La douleur rectale

Il peut s’agir de ténesmes qui sont une sensation de tension douloureuse dans le
pelvis et de plénitude rectale. Il peut s’agir d’épreintes qui sont des douleurs pelviennes à
type de coliques expulsives projetées à la fosse iliaque gauche et à l’hypogastre
s’accompagnant d’un besoin impérieux d’exonération.

II.1.2. Les troubles du transit œso-gastro-intestinal

- La dysphagie

Il s’agit d’une sensation de gêne à la progression des aliments à la déglutition avec


une impression de leur accrochage au niveau cervical, thoracique ou épigastrique.
Lorsqu’elle est complète avec arrêt total de la progression des aliments, on parlera
d’aphagie.

- Les vomissements

C’est le rejet brutal, avec effort, par la bouche d’une partie ou de la totalité du contenu
gastrique. Ils peuvent être alimentaires, bilieux ou fécaloïdes et précédés par des nausées.

- Les nausées

Il s’agit d’une sensation désagréable avec une envie imminente de vomir. Elle peut
être suivie ou non de vomissements.

- Les régurgitations gastriques

C’est le rejet involontaire par la bouche, sans effort de vomissement, du contenu


gastrique digéré, favorisées par la prise alimentaire, le décubitus ou l’antéflexion du tronc.
Elles peuvent être associées à des éructations. Elles traduisent un reflux gastro-œsophagien.

- La dyspepsie

Il s’agit d’une lenteur de la digestion avec sensation d’inconfort abdominal, de satiété


précoce, de plénitude gastrique, de ballonnement épigastrique, associée à des nausées.

- La diarrhée

Il s’agit d’émissions quotidiennes fréquentes de selles liquidiennes (à partir de 3 selles


par jour avec un pourcentage d’eau supérieur à 90%) et abondantes (poids supérieur à 300
grammes par jour). Elle peut être aiguë (à début brutal et dure moins de 3 semaines) ou
chronique (à début progressif, dure plus de 1 mois). Elle peut être aqueuse, pâteuse,
glaireuse ou sanguinolente.

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- La constipation

Il peut aussi s'agir d’une émission rare de selles, de moins de 3 selles de moins de 35
grammes par semaine réalisant une constipation de progression ou constipation de transit
(selles rares et peu abondantes). Il peut aussi s’agir d’une émission avec effort de selles
dures, difficiles à évacuer, réalisant un véritable trouble de l’exonération : il s’agit dans ce cas
d’une constipation terminale ou dyschésie. La dyschésie rectale peut être à l’origine de
fécalomes qui sont de véritables masses fécales, dures, déshydratées, formant un bouchon
de selles dans le rectum. La constipation peut être ancienne (constipation maladie) ou
récente (constipation symptôme).

- L’arrêt du transit intestinal

Il peut être un arrêt de l’émission des selles ou des gaz intestinaux.

- Les faux besoins

Il s’agit d’envies de défécation non suivies d’exonération.

II.1.3. Les hémorragies digestives

Ce sont des extravasations de sang dans les voies digestives provenant d’un
saignement de la paroi du tube digestif.

- L’hématémèse

C’est le rejet par la bouche, au cours d’efforts de vomissement d’une quantité de


sang non aéré, frais ou digéré, provenant du tube digestif haut (œsophage, estomac,
duodénum). Elle traduit une hémorragie digestive haute.

- Les rectorragies

Il s’agit d’une émission par l’anus de sang rouge non digéré. Elle traduit le plus
souvent une hémorragie digestive basse (provenant du côlon, du rectum et de l’anus) ou
parfois une hémorragie digestive haute massive.

- Le méléna (mélaena)

C’est une émission par l’anus de sang noirâtre, digéré, ressemblant à du goudron
provenant du tube digestif haut (œsophage, estomac, duodénum, intestin grêle). Elle traduit
une hémorragie digestive haute.

II.2. Examen général

Il appréciera l’état de conscience, l’état général du patient à la recherche d’un bon


état général, d’une obésité ou d’une altération de l’état général qui associera de façon
variable une asthénie (fatigue), une anorexie (perte de l’appétit), un amaigrissement (perte
de poids), une anémie (sur la pâleur des muqueuses) ; une dénutrition (plis de dénutrition).

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La dénutrition et l’obésité seront chiffrées par la mesure de l’Indice de Masse Corporelle IMC
(P (kg)/T(m)2). Il y’a dénutrition si l’IMC est inférieur à 17 kg/m 2 et il y’a obésité si l’IMC est
supérieur à 30 kg/m2. Il recherchera un ictère qui est une coloration jaune généralisée des
téguments et des muqueuses traduisant une cholestase, une cytolyse hépatique ou une
hémolyse. Il recherchera une déshydratation extracellulaire avec des plis de déshydratation.
On appréciera l’état de la langue qui peut être saburrale (langue chargée) et l’état de la
denture. On précisera les constantes hémodynamiques telles que le pouls, la tension
artérielle, la fréquence cardiaque de même que la température.

II.3. Examen physique

II.3.1. Inspection

Elle se fera chez le patient dévêtu. On notera l’attitude du patient, la qualité de la


respiration abdominale, l’état de la peau, la forme et le volume de l’abdomen. Elle recherch
era des anomalies de l’attitude du patient et des anomalies notées sur la paroi abdominale.

- Une position antalgique est une attitude adoptée par le patient pour soulager une
douleur (exemple : antéflexion du tronc).

- Les cicatrices abdominales sont des marques traduisant les stigmates d’un
traumatisme, d’une inflammation ou d’une incision de chirurgie abdominale (laparotomie).

- Les lésions de grattage : sont des éraflures cutanées occasionnées par un grattage lié
à un prurit (démangeaison) irrésistible.

- Les ecchymoses sont des tâches planes, livides, noirâtres ou bleutées traduisant une
extravasation de sang dans le tissus cellulaire sous cutané.

- Les hématomes pariétaux sont des tuméfactions pariétales correspondant à des


collections sanguines localisées traduisant une hémorragie pariétale.

- Une circulation veineuse collatérale abdominale est une dilatation anormalement


visible du réseau veineux sous cutané abdominal traduisant un obstacle veineux profond.

- Les ondulations péristaltiques sont des mouvements de reptations visibles sur la


paroi abdominale, spontanés ou déclenchés par une chiquenaude (petit coup donné en
pliant le doigt contre le pouce et en le détendant brusquement) qui commencent en un
point précis et se terminent à un autre point précis. Ils traduisent la lutte d’un segment du
tube digestif contre un obstacle.

- Une voussure abdominale est une augmentation de volume localisée à une partie de
l’abdomen. Elle témoigne d’une masse abdominale pariétale ou intra abdominale.

- Une hernie est une tuméfaction développée sur un orifice naturel de la paroi
abdominale, traduisant une issue de viscères abdominaux à travers cet orifice naturel
(ombilical, inguinal…).

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- Une éventration est une tuméfaction développée sur un défect pariétal musculo-
aponévrotique acquis, traduisant une issue de viscères abdominaux à travers cet orifice
acquis.

- Une distension abdominale est une augmentation de volume diffuse de l’abdomen.


Elle témoigne d’une distension intestinale ou la présence de liquide dans le péritoine.

- Une fistule digestive est une communication anormale entre le tube digestif et la
peau pouvant être le siège d’un écoulement anormal de liquide digestif.

II.3.2. Palpation abdominale

La palpation permet d'étudier la sensibilité, la souplesse de la paroi abdominale ainsi


que le contenu abdominal. Elle sera effectuée suivant la technique de MONDOR : Le patient,
dans une salle à bonne température, est dévêtu, en décubitus dorsal sur un plan dur, sans
oreillers, les bras à plat le long du corps, les membres inférieurs légèrement écartés et semi-
fléchis, il respire calmement par la bouche. Le médecin est placé à droite du patient, ses
mains préalablement réchauffées sont placées à plat sur l’abdomen du patient, massent
lentement et doucement la paroi, de la superficie vers la profondeur, en allant des régions
les moins sensibles à la région la plus sensible.

A l’état normal, à la palpation, l’abdomen est souple, indolore et sans masse


palpable.

La palpation recherchera des anomalies :

- Une hyperesthésie cutanée est une augmentation exagérée de la sensibilité

abdominale à la palpation superficielle ;

- une douleur provoquée est une douleur occasionnée par la palpation ;


- une défense abdominale est une sensation de résistance de la paroi abdominale

qui est tonique douloureuse, involontaire ; elle peut être vaincue par une palpation douce et
elle n’est pas permanente. Elle traduit une infection ou une irritation péritonéale localisée.

- Une contracture abdominale est une sensation de résistance de la paroi

abdominale qui est tonique, douloureuse, involontaire, invincible et permanente. Elle traduit
une infection ou une irritation diffuse du péritoine.

La défense et la contracture sont des signes d’irritation péritonéale.

- Un plastron est un empâtement pariétal localisé douloureux, œdématié, à limites

imprécises traduisant une inflammation localisée et circonscrite dans la cavité péritonéale


(péritonite plastique localisée).

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- Une masse abdominale (dont il faut noter la taille, la forme, les contours, la

Fermeté, la fixité ou la mobilité et la sensibilité).

- Un clapotage à jeun qui est un bruit de clapotis obtenu en ballotant fortement

la région épigastrique ; il signe une stase gastrique.

- Les points douloureux abdominaux

- Le signe de Murphy est une vive douleur provoquée par les doigts du médecin bien à
plat, enfoncés sous le rebord costal droit au niveau du point vésiculaire et qui inhibe
l’inspiration. Le point vésiculaire est l’intersection d’une ligne horizontale passant par le
rebord costal droit avec la perpendiculaire passant la ligne médio-claviculaire droite. Elle
traduit une douleur aiguë liée à la vésicule biliaire (colique hépatique).

- La douleur provoquée au point de Mac Burney est une douleur provoquée par la
palpation profonde uni-digitale au point de Mac Burney qui est le milieu d’une ligne joignant
l’épine iliaque antéro-supérieure droite et l’ombilic. Elle se retrouve dans l’appendicite
aiguë.

- Signe de Mallet-Guy : vive douleur provoquée par la palpation profonde sous costale
gauche, témoin d’une affection du corps ou de la queue du pancréas.

- Le signe de Mayo Robson est une douleur provoquée par la palpation profonde de
l’angle costo-vertébral gauche (angle fait par la dernière côte avec le bord externe de la
masse sacro-lombaire) ; elle témoigne d’une affection de la queue du pancréas.

II.3.3. Percussion abdominale

Pour percuter l’abdomen, le majeur d’une main fléchi frappe celui de l’autre main
posée à plat, en regard de la région de l’abdomen à examiner. L’abdomen est normalement
sonore sauf au niveau de l’hypochondre droit dont la matité correspond à l’aire de
projection hépatique. La percussion de l’hypochondre droit, sur la ligne médio-claviculaire
permet de mesurer la flèche hépatique qui est une matité délimité en haut par la sonorité
pulmonaire et en bas par la sonorité intestinale. Elle est normalement de 12 cm.

La percussion permet de rechercher des anomalies telle une matité déclive des
flancs qui traduit un épanchement liquidien péritonéal (ascite) ou une perte de la matité
pré-hépatique retrouvée en cas de pneumopéritoine qui est une présence anormale d’air
dans la cavité péritonéale. Quand elle est combinée à la palpation, la percussion recherche
une organomégalie qui est une augmentation de volume d’un organe. L’organomégalie peut
être une splénomégalie qui est une augmentation du volume de la rate qui devient palpable
réalisant une matité de l’hypochondre gauche. Elle peut être une hépatomégalie avec
augmentation de la flèche hépatique et un bord inférieur du foie qui devient palpable.

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La douleur à l’ébranlement de l’hypochondre droit est obtenue par la percussion de
la main posée à plat sur l’hypochondre droit par le bord cubital de l’autre main. Elle est
retrouvée dans l’abcès du foie (=signe de la manchette).

II.3.4. Auscultation de l’abdomen

L’auscultation de l’abdomen doit se faire pendant au moins 1 minute, région par


région. A l’état normal, l’auscultation de l’abdomen retrouve des bruits intestinaux sous
forme de borborygme (ou bruits de clapotis) à consonance métallique à une fréquence entre
5 et 35 par minute.

Les anomalies de l’auscultation peuvent être un silence abdominal qui est une
absence de bruits intestinaux au-delà de 5 minutes d’auscultation qui peut se retrouver en
cas d’occlusion intestinale fonctionnelle (iléus) ou par strangulation. A l’inverse, on peut
percevoir une exagération de la fréquence des bruits intestinaux au-delà de 50 bruits par
minute appelée hyperpéristaltisme, traduisant des signes de lutte contre un obstacle
intestinal.

L’auscultation abdominale peut percevoir un souffle d’origine vasculaire sur le trajet


de l’aorte abdominal, des artères rénales ou des artères iliaques traduisant une sténose
vasculaire ou un anévrysme artériel.

II.3.5. Manœuvres

Certaines manœuvres sont effectuées dans le cadre de l’appendicite aiguë.

Le test du psoas est une douleur provoquée à la fosse iliaque droite par l’extension
brutale de la cuisse droite.

Le signe de BLUMBERG est une douleur provoquée à la fosse iliaque droite par la
décompression brusque de la fosse iliaque droite.

Le signe de JACOB est une douleur provoquée à la fosse iliaque droite par la
décompression brusque de la fosse iliaque gauche.

Le signe de ROVSING est une douleur provoquée à la fosse iliaque droite par la
compression brusque de la fosse iliaque gauche.

II.3.6. Examen proctologique

C’est le dernier temps de l’examen digestif. Le patient sera rassuré, prévenu de


l’examen et de son utilité ; il sera respecté dans sa dignité et dans sa pudeur. Il sera réalisé
chez un patient dévêtu, vessie et rectum vides, en décubitus dorsal, les fesses surélevées sur
un bassin, les cuisses fléchies au maximum sur l’abdomen et en adduction ; au besoin, le
patient attirant ses genoux fléchies vers son thorax en exerçant avec ses mains, une traction
sur les creux poplités. Il peut aussi se faire en position genu-pectorale.

- l’inspection de la marge anale

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La marge anale sera bien déplissée. On recherchera des tuméfactions anales, des

végétations, des hémorroïdes externes ou extériorisées, des écoulements anormaux de


sang, de pus, de glaires, une perte involontaire de selles (incontinence anale), des
ulcérations.

- Le toucher rectal

Il consiste à explorer avec l’index, l’anus, la partie inférieure de l’ampoule rectale et,
à travers sa paroi, les organes et le péritoine pelviens.

Technique : Il sera réalisé chez un patient dévêtu, vessie et rectum vides, en


décubitus dorsal, les fesses surélevées sur un bassin, les cuisses fléchies au maximum sur
l’abdomen et en adduction ; au besoin, le patient attirant ses genoux fléchies vers son thorax
en exerçant avec ses mains, une traction sur les creux poplités. L’index de l’examinateur,
coiffé d’un doigtier bien lubrifié, masse pendant quelques secondes l’orifice anal puis est
introduit en douceur dans le canal anal en visant l’ombilic. Le doigt palpera les différentes
faces du rectum alors qu’on demandera au patient de faire un effort de poussée. A l’état
normal, las parois rectales sont souples et lisses.

Résultats :

Le toucher rectal appréciera la tonicité du sphincter anal, le contenu rectal à savoir sa


vacuité ou la présence de matières fécales. On recherchera des anomalies telles que la
présence d’une tumeur sous forme d’une masse indurée ou d’un rétrécissement irrégulier,
des hémorroïdes internes sous forme de reliefs souples bosselés, réguliers et dépressibles,
une douleur provoquée à la pression du cul-de-sac de Douglas appelé « Cri du Douglas »
traduisant une irritation péritonéale, un bombement du cul-de-sac de Douglas traduisant un
épanchement péritonéal, des nodules du Douglas et des tumeurs de voisinage palpées à
travers les parois rectales. Au retrait du doigt, on vérifiera sur l’aspect du doigtier, l’existence
d’anomalies telles que la présence sur le doigtier de sang, de pus ou de glaires.

CONCLUSION

L’examen clinique digestif est une étape déterminante pour identifier les affections
de l’appareil digestif. Il doit être minutieux et respecter les différents temps que sont
l’interrogatoire, l’examen général et l’examen physique. Il doit aussi, en toute étape,
respecter la dignité et la pudeur du patient et particulièrement au moment du toucher
rectal. Un examen clinique digestif bien mené permettra une bonne orientation des
examens complémentaires qui permettront un bon diagnostic des affections digestives.

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