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Chapitre 4 : Comment se construisent et évoluent les liens sociaux

Introduction
L’interrogation sur le lien social est fondatrice en sociologie. Elle est au cœur de l’œuvre d’Émile Durkheim (père de la
sociologie française). Dans De la division du travail social (1893), il se penche sur les transformations du lien social (qu’il
appelle « solidarité ») induises par les transformations de la société. Durkheim montre que l’industrialisation de la société
a conduit à une transformation de la solidarité, passée de sa forme « mécanique » (solidarité entre semblables) à sa forme «
organique » (solidarité entre personnes complémentaires en raison de la division du travail social). Pour lui le
développement de la société industrielle conduit à une recomposition du lien social. Nous étudierons dans ce présent
chapitre les différentes formes de liens sociaux (en particulier avec la typologie de Serge Paugam) ainsi que leur évolution
(Analyse d’Emile Durkheim), avant de nous pencher sur la question de l’affaiblissement des liens sociaux et des risques de
rupture (avec la théorie de la désaffiliation de Robert Castel et la théorie de la disqualification de Serge Paugam).

I. Une diversité de liens sociaux

I.1 Des liens sociaux provenant de différents groupes sociaux et institutions.


Document 1 : Des liens sociaux invisibles mais concrets
Q1. Identifiez l’ensemble des liens sociaux
existant entre les personnes dont parle le texte.

Q2. Parmi ces liens, lesquels sont des liens


directs, de face à face ?

Q3. Certaines relations décrites dans le texte


sont indirectes. Expliquez sur quel(s) principe(s)
elles reposent.

Q1 et Q2
Liens indirects Liens directs

La Sécurité sociale (lien entre les cotisations payées par Monde professionnel :
Nicolas et les prestations reçues par Marie-Ange) Nicolas, l’instituteur et ses élèves ; Liens avec collègues

Les échanges économiques (les achats dans le Liens familiaux :


supermarché servent à payer le salaire de Sandrine, Marie-Ange et ses enfants
concubine de Nicolas) Nicolas et sa concubine, Sandrine

Les impôts (leur paiement par Marie-Ange permet de Autres :


verser le salaire de l’instituteur + les impôts permettre la Relation de voisinage
redistribution avec les aides sociales par exemple). Discussion avec le vendeur du supermarché …

Q3 : Les liens indirects repose notamment sur l’appartenance à une même communauté nationale et la solidarité qui
en découle : ils partagent la même culture (langue, valeurs…), ils participent à l’activité économique (travail,
achats…), comme citoyens, ils paient des impôts et participent à la protection sociale, ils participent aussi aux
élections…
Document 2 : Les différentes contributions au lien social
Q1. Quels sont les réponses les plus fréquentes ?

- Les efforts de chacun

- L’école

- La protection sociale

Q2. Quelles modalités de réponse ont reculé entre 2011 et 2013 ?

- Les efforts de chacun

- L’engagement

Q3. Quelles modalités de réponse ont augmenté entre 2011 et 2013 ?

- L’école

- Les services publics

I.2 Le lien social entre protection et reconnaissance


Selon Serge Paugam, en partant des deux sources du lien social que sont la protection et la reconnaissance,
nous pouvons distinguer quatre grands types de liens sociaux : le lien de filiation (lien de parenté),
le lien de participation élective (amis, proches, conjoint…), le lien de participation organique (travail) et
le lien de citoyenneté (Etats, école, administrations publiques, redistributions, protection sociale…).
Vidéo : Les 4 types de liens (Serge Paugam)

Document 3 : Les formes de lien

Quels sont les types de lien qui se formes surtout


dans des groupes primaires (relations proches) ?

- Lien de filiation (famille)


- Lien de participation élective (amis ;
collègues proches)

Quels sont ceux qui se forment dans des groupes


secondaires (relations plus éloignées) ?

- Lien de participation organique (autres


collèges, supérieurs hiérarchiques,
clients, fournisseurs …)
- Lien de citoyenneté

Quel lien peut-on faire entre la « protection


contractualisée » et le contrat de travail ?

Le contrat de travail protège le salarié ; lui assure


un statut, une stabilité, une protection contre tout
licenciement abusif …
Synthèse à compléter : Le lien de participation élective ; cohésion sociale ; l’intégration sociale ; Le lien de
participation organique ; groupes secondaires ; groupes sociaux ; lien social ; groupes primaires ; Le lien de filiation ; Le
lien de citoyenneté

Le [lien social] est une question centrale en sociologie : étudier le lien social revient à se poser la question de
savoir comment la société existe. Comment les individus sont-ils reliés les uns aux autres ?

Ce lien passe par l’existence de [groupes sociaux]. Il existe une grande variété de groupes sociaux dans chaque
société. Ils peuvent être distingués selon leur taille et l’intensité des liens entre les personnes qui en font partie.
Les groupes de petite taille avec des liens forts sont des [groupes primaires] alors que les groupes de plus grande
taille, avec des liens plus faibles sont des [groupes secondaires].

Le lien social permet [l’intégration sociale]. Cette dernière peut reposer sur quatre grands types de lien :
- [Le lien de filiation] (le lien familial) : les individus sont liés à leurs parents, leurs enfants, leurs cousins,
etc. ;
- [Le lien de participation élective] : les relations choisies avec le conjoint, les amis, les groupes de pairs,
les voisins, les membres d’institutions religieuses, sportives, culturelles, etc. ;
- [Le lien de participation organique] : ce qui relie l’individu à la société, sa participation à la production
(le travail) ;
- [Le lien de citoyenneté] correspond au fait que l’individu appartient à une communauté politique.

Ces quatre formes de lien sont complémentaires entre elles et permettent la [cohésion sociale].

I.3 L’appartenance à une multitude de groupes sociaux


1.2.1 Groupes primaires / groupes secondaires
Définition : Un groupe social est un ensemble d'individus partageant des pratiques et valeurs communes et un
sentiment d'appartenance.
On distingue les groupes primaires, constitués d'individus proches, et les groupes secondaires, plus larges et
dans lesquels les individus ont moins d'interactions.
1.2.2 Groupe de référence / groupes d’appartenance

Le groupe d’appartenance est le groupe auquel appartient effectivement l’individu. A chaque groupe
d’appartenance sont associées certaines normes et valeurs spécifiques.
Par exemple s’il est étudiant en médecine il appartient au groupe « étudiant en médecine » ; il appartient
également à son groupe « famille », à son groupe d’ami …

Un groupe de référence est un groupe social pris comme référence par un individu. Le groupe de référence
est ainsi porteur de valeurs, de normes de comportement qui peuvent avoir la préférence des individus par
rapport à celles de leur groupe d'appartenance.
Par exemple : un individu n’est pas encore médecin mais souhaite le devenir (il est encore étudiant en médecine), le groupe
« médecin » est un groupe de référence pour lui, il va s’inspirer des normes et valeurs associées à ce groupe (il va s’inspirer
du comportement des médecins, afin d’intérioriser les normes et valeurs avant d’être médecin et pour accroitre ses chances
d’intégrer ce groupe avec succès, de devenir un bon médecin).
Autre exemple : un adolescent souhaite rejoindre un groupe qu’il trouve « cool » dans son collège, il va intérioriser les
normes du groupe en question, par exemple les normes vestimentaire et musical, afin d’être accepté comme « membre ».

Document 4 : Les groupes de pairs et groupes de références.


Q1. Montrez que pour les « enfants populaires » les
contacts avec les camarades de classe ne se limitent
pas au cadre scolaire.
Les enfants « populaires » se retrouvent fréquemment en
dehors de l’école, lors de sorties, d’anniversaires ou
d’activités de loisir : ils se téléphonent régulièrement après
l’école. Ils entretiennent donc des liens sociaux forts. On
peut parler d’un groupe de pairs puisque ce groupe
rassemble des enfants qui se jugent égaux et semblables.

Q2. Comment les « aspirants » cherchent-ils à intégrer


le groupe des « enfants populaires » ?
Les enfants qui souhaitent faire partie du groupe des enfants
« populaires » imitent les enfants appartenant à ce groupe
(en s’habillant comme eux, en utilisant le même
vocabulaire, en adoptant la même façon de parler et en
copiant leurs goûts musicaux ou leurs activités). Ils vont
aussi chercher à intégrer ce groupe en lançant des invitations
ou en offrant des cadeaux.

Les individus appartiennent à plusieurs groupes (famille, groupe de pairs, loisirs, professions, Nation…) et
peuvent choisir certains de leurs groupes (comme nous pouvons le voir avec la notion de « groupe de référence »),
décider de changer de groupe social en fonction de leurs préférences. Mais cela n’a pas toujours été le cas : avant
le processus d’individualisation les individus étaient définis selon le groupe social d’appartenance (exemple :
paysan, noble, religieux) qu’ils ne choisissaient pas et dont ils ne pouvaient dévier.
II. L’évolution historique des liens sociaux
Introduction
Document 5 : L’individualisation

Q1. Quels facteurs semblent avoir atténué le poids de la société sur l’individu ?
Division du travail et urbanisation (développement des villes ; de plus en plus de personnes vivent et travaillent en ville
et non plus à la campagne ; des villes de plus en plus grandes…)

Q2. Comment définit-on le processus d’individualisation dans ce document ?


L’individualisation désigne le processus par lequel les individus ont peu à peu acquis une capacité à se définir par eux
même et non en fonction de leur appartenance à telle ou telle entité collective. + Emancipation + indépendance

Définition : L'individualisation désigne le processus par lequel les individus ont peu à peu acquis
une capacité à se définir par eux-mêmes et non en fonction de leur appartenance à telle ou telle
entité collective.

Mais l’individualisation peut entrainer des effets pervers, comme la solitude ou l’égoïsme, l’affaiblissement des
entités collectives et de l’entraide. Cela engendre des craintes comme nous pouvons le voir avec le document 2.

Document 6 : Le sentiment d’une société de plus en plus égoïste ?

Q1. Interprétez la donnée entourée puis


comparez cette donnée à celle de 1998 :
que montre cet écart ?

Q2. Interprétez la donnée encadrée puis


comparez cette donnée à celle de 1998 :
que montre cet écart ?
Q3. Quel semble être le sentiment
général des personnes interrogées
concernant le lien entre les individus ?

Source : Ifop, « les français et la citoyenneté », sondage réalisé par Ouest France, Janvier 2018 et mai 1998
Q1. Interprétez la donnée entourée puis comparez cette donnée à celle de 1998 : que montre cet écart ?
▪ Dans l’enquête Ifop, « les français et la citoyenneté », publiée en 2018, 85 % des personnes interrogées ont déclaré
penser que la citoyenneté de notre société se dirige vers plus d’indifférence à l’égard d’autrui en général.
▪ Alors qu’en 1998 seul 78 % des personnes interrogées avait déclaré cela.
▪ En 20 ans il y a ainsi eu une hausse de 7 points de pourcentages de la part de personnes anticipant une société avec
davantage d’indifférence.
▪ Cet écart montre que, comparé à 1998, les français sont davantage en 2018 à être pessimistes sur une évolution altruiste
de la société. Alors même que les personnes sondées étaient d’ores est déjà très majoritaire à penser que la société se
dirigeait vers plus d’indifférence à l’égard d’autrui (78 %), cette vision de l’avenir est encore plus rependue en 2018
(85 %)

Q2. Interprétez la donnée encadrée puis comparez cette donnée à celle de 1998 : que montre cet écart ?
▪ Dans l’enquête Ifop, « les français et la citoyenneté », publiée en 2018, 76 % des personnes interrogées ont déclaré
penser que la citoyenneté de notre société se dirige vers un repli individualiste.
▪ En 1998 seul 56 % des personnes interrogées avait déclaré cela.
▪ En 20 ans la part de personnes anticipant un repli individualiste à l’avenir s’est accrue de 20 points de pourcentages.
▪ Ici encore, cet écart montre que, comparé à 1998, les français sont davantage en 2018 à être pessimistes sur l’évolution
de la société. Alors même que les personnes sondées étaient déjà nombreux à penser que la société se dirigeait vers un
repli individualiste (56 %), cette vision de l’avenir est devenue largement majoritaire en 2018 (76 %)

Q3. Quel semble être le sentiment général des personnes interrogées concernant le lien entre les individus ?
Le sentiment général des personnes interrogées semble être que la société se dirige vers d’avantage d’individualisme (moins
d’altruisme). En comparaison aux réponses de 1998, les personnes interrogées en 2018 sont davantage à penser que la
société va vers : plus d’indifférence à l’égard d’autrui en général et vers un repli individualiste.

Il existe de nombreuses craintes face à la montée de l’individualisme (peur d’une société plus égoïste, moins
solidaire). Cette crainte est présente depuis le début du processus d’individualisation (les individus devenant plus
libres et autonome). Pourtant l’individualisme n’a pas engendré un effondrement des liens sociaux, mais plutôt
une mutation de ces derniers (un changement). C’est notamment cela qu’étudie Emile Durkheim. Il montre
qu’avec l’essor de l’individu les liens sociaux ont changé de nature mais la cohésion sociale n’a pas pour autant
disparu.

II.1 Solidarité mécanique et solidarité organique, l’analyse pionnière d’Emile Durkheim

Emile Durkheim, père de la sociologie française, publie sa thèse en 1893 (De la division du travail social) qui
porte sur la question des liens sociaux qu’il nomme « solidarités ». Il soulève notamment une question centrale
qui est de savoir comment dans une société où les individus sont de plus en plus autonomes peut subsister une
cohésion sociale (du lien social). Durkheim compare les sociétés « traditionnelles » et « industrielles »
(modernes), associant à chacune un type de solidarité dominant : solidarité mécanique pour les premières et
solidarité organique pour les secondes.
Document 7 : De la solidarité mécanique à la solidarité organique

Q1. Dans quel contexte écrit Durkheim ?


Il écrit dans un contexte marqué par des inquiétudes provoquées par la montée de l’individualisme dans les sociétés occidentales.

Q2. Quel est le paradoxe qu’il met en avant ?


Dans les sociétés modernes, l’individu est à la fois plus autonome (du fait de l’individualisme) et plus dépendant des autres (du fait
de la division du travail).
La division du travail rend les individus dépendants des uns des autres pour répondre à leurs besoin (le boucher est par exemple
dépendant du coiffeur et du boulanger).

Q3. Quelle est la principale différence entre les deux sociétés à l’origine des différents types de solidarité ?
Les sociétés traditionnelles sont fondées sur la ressemblance alors que les sociétés modernes sont fondées sur la complémentarité et
l’interdépendance.

Synthèse solidarité mécanique, solidarité organique : [similitude] ; [individuelle] [complémentarité] [collective]


La solidarité mécanique est une forme de cohésion sociale fondée sur la [similitude] des comportements des individus et
des valeurs de la société. La similitude des comportements et l’identité commune des individus fait qu’il n’y a pas de
conflit portant sur les valeurs et les normes de la société. C’est la cohésion sociale de sociétés peu différenciées,
traditionnelles ou de groupes sociaux réduits, où la conscience [collective] d’appartenir au groupe prime.
La solidarité organique est une cohésion sociale fondée sur la [complémentarité] des activités et des fonctions des
individus. La cohésion sociale repose donc sur la coopération nécessaire entre individus ; la spécialisation fait que chacun
a besoin des autres ce qui se traduit par un système de droits et d’obligations les uns vis-à-vis des autres. C’est la cohésion
qui devrait exister dans des sociétés dans lesquelles la division du travail est très importante (très grande diversité des
fonctions exercées par les individus) c’est-à-dire dans les sociétés développées. La conscience [individuelle] peut donc
s’exprimer.

Complétez le tableau suivant :


Type de solidarité Liens entre individus fondés sur : Conscience collective : Système juridique : droit Majoritaire dans les sociétés :
complémentarité ou similitude faible / forte répressif ou resitutif traditionnelles ou modernes
Mécanique Similitude des individus Forte Droit répressif Traditionnelles
Organique Complémentarité et interdépendance Relativement Droit restitutif (ou Modernes
des individus faible coopératif)
Attention
Dans les sociétés modernes la solidarité mécanique n’a pas disparu, elle s’est attenuée au profit de la solidarité organique
(qui est devenue majoritaire). Autrement dit, les deux solidarités coexistent mais dans des sphères de vie différentes. Par
exemple, au travail ou dans les relation de voisinage c’est la solidarité organique qui prime (nous sommes tous différents,
singuliers, et relativement complémentaires) ; dans la famille les deux types de liens existent, nous sommes à la fois des
individus avec des caractéristiques propres et des aspirations individuelles qui avons besoin les uns des autres (solidarité
organique) mais avons également un sentiment d’appartenance / une conscience collective relativement forte (solidarité
mécanique) qui peut amener certains membres à parfois faire passer l’intérêt collectif (de la famille) au devant des intérêts
individels. De même, dans certaines communautés nous retrouvons une forte solidarité mécanique reposant ainsi sur la
similitude ainsi qu’une conscience collective très forte (communauté religieuse ; communauté vegan ; membres de certaines
associations de petite taille ; certains petits villages ; clubs sportifs …).

Nous avons étudié une première évolution de la société (le processus d’individualisation) qui a entrainé une
modification des liens sociaux (désormais davantage électifs ; basés sur la complémentarité des individus…) avec
le passage des sociétés traditionnelles (avec une solidarité mécanique majoritaire) aux sociétés modernes (avec
une solidarité organique majoritaire). Dans la partie suivante nous allons étudier une autre évolution majeure qui
peut faire craindre une remise en cause des liens sociaux : l’essor du numérique. Nous montrerons que le
numérique n’a pas transformé en profondeur les liens sociaux.

II.2 Nouvelles sociabilités du monde contemporain : les sociabilités numériques

Document 8 : Les réseaux numériques, une réplique virtuelle des liens sociaux réels.

Q1. Quelle est l’idée que les


individus se font du réseau
numérique et des sociabilités
qui s’y créent ?

Q2. Expliquez en quoi cette


représentation des
sociabilités numériques est
trompeuse.

1. L’idée que nous avons des réseaux numériques est que c’est un lieu qui permet de multiplier les relations et d’étendre
notre cercle de sociabilité à des relations que nous n’aurions pas pu entretenir autrement.

2. Cette représentation est trompeuse puisque les relations virtuelles sont très souvent entretenues avec des personnes que
nous côtoyons et qui sont très proches de nous en termes d’âge et de milieu social.
Document 9 : Le rôle croissant du numérique dans les liens sociaux.

Q1. Que signifie la donnée entourée ?


En France, en 2017, sur 100 personnes utilisant un téléphone mobile, 43
échangeaient des messages instantanés via WhatsApp, etc.

Q2. Comment a évolué l’usage du numérique par le biais des


smartphones depuis 2011 ?
À partir de 2011, les usages traditionnels du numérique s’intensifient
fortement : 64 % des Français utilisent leur téléphone mobile pour naviguer
sur internet en 2017, contre 12 % en 2010, soit un écart de 52 points de
pourcentage. En outre, de nouvelles pratiques émergent : les Français
communiquent de plus en plus via le numérique, à travers des messages
instantanés et des appels numériques : en 2017, sur 100 Français, 43
échangent des messages instantanés.

Q3. Montrez que l’usage des smartphones peut permettre de


renforcer les liens sociaux.
L’usage des smartphones peut renforcer les liens sociaux puisqu’il est plus
facile de communiquer avec sa famille ou ses pairs. En effet, le pourcentage
de Français utilisant leur smartphone pour envoyer des messages instantanés
a progressé de 26 points de pourcentage.
Document 10 : Fracture numérique

Q1. Que montre le document ci-contre ?


Le baromètre numérique du Credoc (2015) nous permet
de constater une inégalité dans l’accès au numérique.

17 % des Français n’ont pas de connexion internet à


domicile et 14 % n’ont ni ordinateur ni tablette ni
smartphone. Nous parlons d’une fracture numérique.

Q2. Pourquoi leur essor pourrait-il renforcer l'exclusion de certaines populations, et lesquelles ? Présentez les
caractéristiques des Français exclus du numérique.
Leur essor les rend de plus en plus indispensables dans de nombreux domaines (recherche d’emploi, scolarité, démarches
administratives, trouver un logement, télétravailler, maintenir les liens …). Alors que tous n’y ont pas accès ou ne les maîtrisent pas :
ces personnes se retrouvent alors de plus en plus marginalisées et les écarts se creusent à mesurent que la technologie s’étend à tous les
secteurs.
Les exclus du numérique : les séniors ; les habitants de petites communes (notamment rurale) ; les personnes seules au foyer ; les non
diplômés : Soit ceux ayant le plus de risque de manquer de liens sociaux par ailleurs.

Réseaux numériques et liens sociaux


Les réseaux numériques offrent des opportunités nouvelles pour l’individu. Qu’il s’agisse de se faire connaître, de trouver un emploi ou encore de
rejoindre une communauté d’intérêts, les réseaux sociaux constituent une source de liens sociaux très puissante.
1. Le numérique n’est pas une substitution aux réels. Les communications numériques concernent majoritairement des individus
membres du cercle réel. Les sociabilités numériques contribuent ainsi au lien social. En effet, les réseaux numériques peuvent
renforcer les liens forts en permettant d’augmenter la fréquence des échanges entre amis et en augmentant la fréquence des
rencontres.
2. Accroître la taille de son réseau relationnel. Ils peuvent aussi être l’occasion d’accroître la taille de son réseau relationnel. Par
la multiplication des échanges, notre cercle de relations peut s’étendre à de nouvelles personnes qui feront partie de nos contacts et
pourront donner lieu à des rencontres.
3. Mobiliser des liens faibles. Le sociologue Mark Granovetter a mis en évidence la force des liens faibles : Dans la recherche
d’emploi, ce sont les liens faibles qui seront d’une aide précieuse, davantage que les liens forts. Par exemple sur LinkedIn (sur ce
réseau vos contacts sont très majoritairement des liens faibles : anciens camarades, anciens collègues, anciens employeurs,
employeurs potentiels …).
Conclusion/ L’essentiel du II. L’évolution historique des liens sociaux
Les évolutions de la société ont modifié les liens sociaux que nous entretenons les uns avec les autres.

(1) Une des premières ruptures marquantes fut le processus d’individualisation.


Avec l’essor de l’individu nous pouvons nous demander « comment la cohésion sociale peut-elle tenir ? ». Dans une société
où chacun est différent et où chacun prend en compte ses intérêts individuels qu’est ce qui maintient des liens sociaux entre
les individus ? C’est sur cette question que se penche Emile Durkheim en 1893. Il explique alors que si dans les sociétés
traditionnelles les liens sociaux, qu’il appelle solidarités, existent grâce à une similitude entre les individus (mêmes normes,
valeurs, façon de penser et d’agir), dans les sociétés modernes les liens sociaux existent grâce à une complémentarité entre
les individus. Plus précisément, la division du travail social amène une différenciation entre les individus (les individus se
spécialisent, n’ont pas les mêmes compétences), ce qui les rend dépendants les uns des autres. L’interdépendance est ainsi
ce qui relie les individus les uns aux autres dans la société moderne (et non plus uniquement la similitude).
Notons que l’individualisme fut et est toujours source de crainte. En effet, nombreux sont ceux craignant une société de
plus en plus égoïste entrainant une rupture des liens sociaux. Il ne faut pas oublier cependant que l’individualisme signifie
également une plus grande autonomie des individus, une émancipation vis-à-vis des groupes sociaux (famille, religion,
village, société …), permettant aux individus d’être davantage libres de leurs choix. Néanmoins, poussé à l’extrême,
l’individualisme peut affaiblir la cohésion sociale et accroître les inégalités (en cas de forte réduction de la solidarité). Il
faut par conséquent une vision nuancée de l’individualisme (il peut y avoir des conséquences négatives, pour autant cela ne
signifie pas que l’individualisme est intrinsèquement néfaste).
Prenons l’exemple des liens familiaux. Il y a bien eu une mutation des familles poussée par le processus d’individualisation
(famille « d’individus », une plus forte liberté individuelle, montée des divorces et des familles recomposées, des familles
parfois géographiquement éloignées, remise en cause des rôles traditionnels …), mais cela n’a pas abouti à un « éclatement
des familles ». Les liens familiaux sont désormais davantage « électifs » (on choisit de conserver ou non des liens forts et
fréquents). La solidarité familiale demeure importante, avec par exemple des aides financières, gardes d’enfants ou encore
du soutien émotionnel. Ainsi, la famille est globalement toujours source de lien social au sens de Serge Paugam (on peut
« compter sur » sa famille mais également « compter pour » sa famille). Pour autant, dans certains cas les liens familiaux
peuvent s’affaiblir : il peut y avoir des ruptures familiales (lorsque les différences sont trop clivantes) qui entraîneront des
conséquences sur l’intégration sociale des individus ; certaines familles (en particulier les familles monoparentales) peuvent
en outre connaitre une forte précarité (économique et sociale). Cet exemple illustre l’importance de la nuance dans l’étude
des liens sociaux : l’individualisme, l’évolutions des formes de familles, les réseaux sociaux ont eu des impacts positifs et
négatifs sur les liens sociaux et la cohésion sociale.

(2) Une évolution plus récente amenant des débats autour de ses impacts sur les liens sociaux est la sociabilité numérique.
Comme tout changement majeur, l’arrivée d’internet et l’essor des technologies de communication ont amené de nombreux
débats et sont sources d’inquiétudes. Le numérique n’entraine pourtant pas une mutation profonde des liens sociaux.
S’ils peuvent être perçus comme des liens sociaux concurrents, qui se substitueraient aux liens traditionnels, cette crainte
résiste mal aux différentes études menées sur le sujet. Les liens sociaux numériques sont le plus souvent le reflet des liens
sociaux amicaux (liens de participation élective), professionnels (liens de participation organique) ou familiaux (liens de
filiation). S’ils peuvent permettent la création de liens nouveaux, les réseaux numériques permettent avant tout d’entretenir
des liens déjà existants. En cela ils ne remettent pas en cause les liens sociaux.
En outre, il existe une interdépendance entre intégration sociale et intégration numérique : Les individus qui utilisent le plus
les réseaux sociaux numériques sont aussi fréquemment ceux qui sont les plus intégrés, ceux qui ont de nombreux liens
sociaux (familiaux, professionnels, amicaux, associatifs…). Aussi, les sociabilités numériques contribuent à créer des liens
de participation citoyenne (rôle des réseaux numériques dans les élections, plateformes numériques pour exprimer des
opinions politiques et revendications …).

Transition : Malgré de fortes inquiétudes, ce ne sont pas en soi l’individualisation de la société ni l’essor du
numérique qui fragilisent les liens sociaux (bien que cela puisse dans certains cas y contribuer mais l’inverse est
vrai également). Il existe des facteurs (sources) qui exposent les individus à l’affaiblissement ou à la rupture de
liens sociaux : précarités, isolements, ségrégations, ruptures familiales, chômage …
III. Les facteurs de ruptures des liens sociaux
III.1 La précarité est multidimensionnelle

La précarité désigne une situation d’instabilité qui empêche les individus ou groupes de se projeter dans l’avenir.
Cette situation est liée à la situation d’emploi ou à l’absence d’emploi (temps partiel, CDD, intérim, horaires
variables…) mais également à la situation familiale (composition du ménage ; solidarités familiales).

Document 11 : Les dimensions de la précarité


Q1. Construisez une phrase expliquant le sens du « 48 ».
D’après le baromètre IPSOS-secours populaire français, en
France en 2018, 48 % des personnes appartenant à un foyer
dont le revenu net est inférieur à 1200 euros affirment
rencontrer des difficultés à faire trois repas sains par jour.

Q2. Quelles sont les 4 principales dimensions de la


précarité que mettent en évidence ces données
statistiques ? Le logement, la nourriture, la santé, l’énergie.
Q3. En quoi ces difficultés jouent-elles sur l’intégration
sociale des personnes concernées selon vous ? Rencontrer
des difficultés dans ces domaines peut empêcher de trouver un
emploi, de se faire des amis ou entretenir des amitiés, de se
préoccuper de la vie politique etc.

La mesure de la pauvreté : C'est quoi le seuil de pauvreté́ ?


Q1. Comment est calculé le seuil de pauvreté ?
En fonction du revenu médian (50 % du revenu médian ou 60 % du revenu médian)

Q2. Qu’est-ce que le « niveau de vie médian » ?


Le niveau de vie médian est le niveau de vie qui sépare la population en deux ; autrement dit, le niveau de vie médian est le niveau de
vie tel que 50% gagnent plus et 50% gagnent moins.

Q3. A combien s’élevait le seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian en France en 2020 ?


Le seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian en France en 2020 était de 1100 euros (pour une personne seule sans enfant).

Q4. Comment calcule-t-on le seuil de pauvreté pour un ménage composé de plusieurs personnes ?
Il faut prendre en compte le nombre d’adulte et d’enfant (la composition du ménage), on multiplie le seuil de pauvreté par le nombre
de part fiscale (un adulte seul = 1 ; un adulte supplémentaire ajoute 0,5 …).

Q5. Pourquoi le seuil de pauvreté est une mesure imparfaite de la pauvreté ? Il ne prend pas en compte le lieu de vie (prix des loyers).
Document 12 : Taux de pauvreté selon la composition du ménage et le statut d’activité
Q1. Que signifie la donnée
entourée ?

Q2. Montrez que le taux de


pauvreté dépend du statut
d’activité.

Q3. Montrez que la


fragilisation des liens familiaux
augmente le risque de pauvreté.

Q1. En 2018, 19 % des familles monoparentales vivaient sous le seuil de pauvreté (Rapport sur la pauvreté en France,
Observatoire des inégalités, 2018). Ainsi une famille monoparentale sur cinq vivait sous le seuil de pauvreté en 2018.

Q2. Le taux de pauvreté dépend du statut d’activité. Les chômeurs sont bien plus touchés par la pauvreté que les salariés
ou indépendants. En effet, d’après le rapport sur la pauvreté en France (2018), 25,3 % des chômeurs étaient pauvres (vivaient
sous le seuil de pauvreté fixé à 50 % du revenu médian), un chômeur sur quatre. Une proportion bien supérieure à celle des
salariés pauvres (3,2 %) et des indépendants pauvres (11,9 %). Parmi les actifs, les salariés sont les plus protégés contre la
pauvreté. Les inactifs (hors étudiants et retraités) sont quant à eux 18,3 % à vivre sous le seuil de pauvreté.

Q3. La fragilisation des liens familiaux augmente le risque de pauvreté. En effet, les familles monoparentales sont davantage
touchées par la pauvreté que les couples. Parmi toutes les familles monoparentales 19 % sont pauvres ; alors que parmi les
couples avec enfants seuls 7,3 % vivent sous le seuil de pauvreté (Rapport sur la pauvreté en France, 2018).

III.2 Désaffiliation (R. Castel) et disqualification (S. Paugam) : La précarisation du monde du travail
Document 13 : Désaffiliation et disqualification sociale

Q1. Montrez que la pauvreté est un phénomène multidimensionnel


Elle comprend une dimension relationnelle, une vulnérabilité par rapport à certains risques, une perte de reconnaissance sociales.
Q2. Quels processus mènent à la « désaffiliation » et à la « disqualification » sociale ? Reliez-les à l’évolution du marché
du travail.
- Désaffiliation (Robert Castel) : affaiblissement de la relation d’emploi et des relations de sociabilité.
- Disqualification (Serge Paugam) : perte d’emploi, de reconnaissance sociale et fragilisation des relations sociales.
- Toutes deux tiennent à la progression du chômage et à la flexibilisation du marché du travail qui favorise la précarité
Q3. Quels sont les points communs et les différences que vous percevez entre ces deux concepts ?
Ces théories insistent sur le fait que la précarisation du lien salarial s’accompagne de l’affaiblissement des autres types de relation,
mais Castel insiste davantage sur la dimension collective quand Paugam se place du point de vue des individus concernés (même si le
processus est aussi social) et insiste sur la dépendance vis-à-vis du reste de la société. La fragilisation du rapport au travail et des
protections liées à l’emploi conduit à la fragilisation des liens sociaux. Mais Castel insiste sur le fait que la famille peut compenser la
précarisation.
Zoom sur la disqualification de Serge Paugam
La disqualification est le « processus d’affaiblissement ou de rupture des liens de l’individu avec la société au sens de la perte de
la protection et de la reconnaissance sociale ». La disqualification est donc le processus de mise à l’écart et de stigmatisation des
personnes qui ne participent pas pleinement aux activités économiques et sociales. La disqualification est un processus qui se fait
en trois étapes avec tout d’abord une phase de fragilisation de l’individu liée à la précarité de l’emploi puis une phase de
dépendance vis-à-vis des services sociaux et, enfin, une phase de marginalisation, les services sociaux n’arrivant pas à favoriser
l’intégration de l’individu.

Q. Avec vos mots, expliquez le processus de


disqualification sociale (S. Paugam).

III.3 Affaiblissement des liens familiaux et isolement


Le processus de perte de liens et de précarisation peut également provenir d’une rupture familiale. Un divorce peut par
exemple amener un fort appauvrissement mais également un isolement social. Une rupture familiale entre un jeune adulte
et ses parents peut avoir de lourdes conséquences sur l’intégration sociale de l’individu (dans les cas les plus extrêmes le
jeune peut devenir SDF ou se tourner vers des activités illégales) et engendrer un isolement (accentué par la perte de
confiance et la dévalorisation de soi).

III.4 La ségrégation met à mal la cohésion sociale et le vivre ensemble


La ségrégation renforce un sentiment de manque de reconnaissance : certains quartiers ou régions sont éloignés des lieux
de pouvoir et de richesse, ce qui fait émerger un sentiment de mise à l'écart (ségrégation spatiale).
Ainsi cela fragilise fortement le lien de citoyenneté, en particulier le sentiment de « compter pour » l’Etat et les autres
citoyens et « compter sur » les pouvoirs publics (les habitants de certains quartiers ne se sentent pas protégés ni aidés par
les pouvoirs publics face à leurs difficultés quotidiennes).
Certaines zones rurales sont très isolées : fracture numérique et absence de certains services publics.
La ségrégation fragilise la cohésion sociale, elle ne favorise pas le vivre ensemble (les individus de différents milieux
sociaux ne sont pas mélangés).
Synthèse à compléter [désaffiliation sociale] ; [l'emploi] ; [cumuler] ; [interdépendants] ; [filiation] ;
[organique] ; [disqualification sociale]
Si des liens sociaux se construisent, ils peuvent aussi se déconstruire. Une rupture dans un parcours de vie peut fragiliser
un des quatre types de liens que sont : les liens de [filiation], de participation élective, de participation organique et de
citoyenneté (S. PAUGAM).
De multiples éléments peuvent venir affaiblir voire rompre les liens sociaux et tendent à se [cumuler]. Ainsi les ruptures
familiales (divorces, décès d’un proche…) peuvent fragiliser les liens de filiation, de participation élective mais également
de participation [organique] (un jeune ayant rompu les liens familiaux peut connaitre de grandes difficultés d’insertion
professionnelle). Une perte d’emploi peut fragiliser les liens de participation organique (perte de relations sociales liées au
travail, perte de reconnaissance et de protection, de statut, de revenu …), mais aussi électif (isolement) et de filiation
(conflits familiaux, précarisation de la famille…). S'ajoutent à cela d'autres facteurs pouvant affaiblir les liens sociaux qui
touchent plus spécifiquement certaines parties de la population : dépendance des personnes âgées, discriminations,
ségrégation spatiale et scolaire (dans les quartiers urbains pauvres ou certaines zones rurales éloignées), handicaps, etc.
La source de fragilisation la plus importante est sans doute celle de [l'emploi]. Si, dans les années soixante, le chômage
était très faible et la plupart des individus avaient un emploi à durée indéterminée, l'insertion sur le marché du travail est
aujourd'hui plus difficile et le taux de chômage est élevé. Ces bouleversements du marché du travail font craindre une
montée de la précarité, de l'exclusion et de la « disqualification sociale ».
Dès lors un processus de désaffiliation peut s’enclencher, les liens étant [interdépendants].
Ainsi, la précarité et le chômage peuvent affaiblir les liens sociaux, d'abord professionnels puis amicaux et familiaux, et
conduire à un processus de [désaffiliation sociale] (Robert Castel) ou de [disqualification sociale] (Serge Paugam) avec
une dépendance à l'aide sociale.

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