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Introduction
L’interrogation sur le lien social est fondatrice en sociologie. Elle est au cœur de l’œuvre d’Émile Durkheim (père de la
sociologie française). Dans De la division du travail social (1893), il se penche sur les transformations du lien social (qu’il
appelle « solidarité ») induises par les transformations de la société. Durkheim montre que l’industrialisation de la société
a conduit à une transformation de la solidarité, passée de sa forme « mécanique » (solidarité entre semblables) à sa forme «
organique » (solidarité entre personnes complémentaires en raison de la division du travail social). Pour lui le
développement de la société industrielle conduit à une recomposition du lien social. Nous étudierons dans ce présent
chapitre les différentes formes de liens sociaux (en particulier avec la typologie de Serge Paugam) ainsi que leur évolution
(Analyse d’Emile Durkheim), avant de nous pencher sur la question de l’affaiblissement des liens sociaux et des risques de
rupture (avec la théorie de la désaffiliation de Robert Castel et la théorie de la disqualification de Serge Paugam).
Q1 et Q2
Liens indirects Liens directs
La Sécurité sociale (lien entre les cotisations payées par Monde professionnel :
Nicolas et les prestations reçues par Marie-Ange) Nicolas, l’instituteur et ses élèves ; Liens avec collègues
Q3 : Les liens indirects repose notamment sur l’appartenance à une même communauté nationale et la solidarité qui
en découle : ils partagent la même culture (langue, valeurs…), ils participent à l’activité économique (travail,
achats…), comme citoyens, ils paient des impôts et participent à la protection sociale, ils participent aussi aux
élections…
Document 2 : Les différentes contributions au lien social
Q1. Quels sont les réponses les plus fréquentes ?
- L’école
- La protection sociale
- L’engagement
- L’école
Le [lien social] est une question centrale en sociologie : étudier le lien social revient à se poser la question de
savoir comment la société existe. Comment les individus sont-ils reliés les uns aux autres ?
Ce lien passe par l’existence de [groupes sociaux]. Il existe une grande variété de groupes sociaux dans chaque
société. Ils peuvent être distingués selon leur taille et l’intensité des liens entre les personnes qui en font partie.
Les groupes de petite taille avec des liens forts sont des [groupes primaires] alors que les groupes de plus grande
taille, avec des liens plus faibles sont des [groupes secondaires].
Le lien social permet [l’intégration sociale]. Cette dernière peut reposer sur quatre grands types de lien :
- [Le lien de filiation] (le lien familial) : les individus sont liés à leurs parents, leurs enfants, leurs cousins,
etc. ;
- [Le lien de participation élective] : les relations choisies avec le conjoint, les amis, les groupes de pairs,
les voisins, les membres d’institutions religieuses, sportives, culturelles, etc. ;
- [Le lien de participation organique] : ce qui relie l’individu à la société, sa participation à la production
(le travail) ;
- [Le lien de citoyenneté] correspond au fait que l’individu appartient à une communauté politique.
Ces quatre formes de lien sont complémentaires entre elles et permettent la [cohésion sociale].
Le groupe d’appartenance est le groupe auquel appartient effectivement l’individu. A chaque groupe
d’appartenance sont associées certaines normes et valeurs spécifiques.
Par exemple s’il est étudiant en médecine il appartient au groupe « étudiant en médecine » ; il appartient
également à son groupe « famille », à son groupe d’ami …
Un groupe de référence est un groupe social pris comme référence par un individu. Le groupe de référence
est ainsi porteur de valeurs, de normes de comportement qui peuvent avoir la préférence des individus par
rapport à celles de leur groupe d'appartenance.
Par exemple : un individu n’est pas encore médecin mais souhaite le devenir (il est encore étudiant en médecine), le groupe
« médecin » est un groupe de référence pour lui, il va s’inspirer des normes et valeurs associées à ce groupe (il va s’inspirer
du comportement des médecins, afin d’intérioriser les normes et valeurs avant d’être médecin et pour accroitre ses chances
d’intégrer ce groupe avec succès, de devenir un bon médecin).
Autre exemple : un adolescent souhaite rejoindre un groupe qu’il trouve « cool » dans son collège, il va intérioriser les
normes du groupe en question, par exemple les normes vestimentaire et musical, afin d’être accepté comme « membre ».
Les individus appartiennent à plusieurs groupes (famille, groupe de pairs, loisirs, professions, Nation…) et
peuvent choisir certains de leurs groupes (comme nous pouvons le voir avec la notion de « groupe de référence »),
décider de changer de groupe social en fonction de leurs préférences. Mais cela n’a pas toujours été le cas : avant
le processus d’individualisation les individus étaient définis selon le groupe social d’appartenance (exemple :
paysan, noble, religieux) qu’ils ne choisissaient pas et dont ils ne pouvaient dévier.
II. L’évolution historique des liens sociaux
Introduction
Document 5 : L’individualisation
Q1. Quels facteurs semblent avoir atténué le poids de la société sur l’individu ?
Division du travail et urbanisation (développement des villes ; de plus en plus de personnes vivent et travaillent en ville
et non plus à la campagne ; des villes de plus en plus grandes…)
Définition : L'individualisation désigne le processus par lequel les individus ont peu à peu acquis
une capacité à se définir par eux-mêmes et non en fonction de leur appartenance à telle ou telle
entité collective.
Mais l’individualisation peut entrainer des effets pervers, comme la solitude ou l’égoïsme, l’affaiblissement des
entités collectives et de l’entraide. Cela engendre des craintes comme nous pouvons le voir avec le document 2.
Source : Ifop, « les français et la citoyenneté », sondage réalisé par Ouest France, Janvier 2018 et mai 1998
Q1. Interprétez la donnée entourée puis comparez cette donnée à celle de 1998 : que montre cet écart ?
▪ Dans l’enquête Ifop, « les français et la citoyenneté », publiée en 2018, 85 % des personnes interrogées ont déclaré
penser que la citoyenneté de notre société se dirige vers plus d’indifférence à l’égard d’autrui en général.
▪ Alors qu’en 1998 seul 78 % des personnes interrogées avait déclaré cela.
▪ En 20 ans il y a ainsi eu une hausse de 7 points de pourcentages de la part de personnes anticipant une société avec
davantage d’indifférence.
▪ Cet écart montre que, comparé à 1998, les français sont davantage en 2018 à être pessimistes sur une évolution altruiste
de la société. Alors même que les personnes sondées étaient d’ores est déjà très majoritaire à penser que la société se
dirigeait vers plus d’indifférence à l’égard d’autrui (78 %), cette vision de l’avenir est encore plus rependue en 2018
(85 %)
Q2. Interprétez la donnée encadrée puis comparez cette donnée à celle de 1998 : que montre cet écart ?
▪ Dans l’enquête Ifop, « les français et la citoyenneté », publiée en 2018, 76 % des personnes interrogées ont déclaré
penser que la citoyenneté de notre société se dirige vers un repli individualiste.
▪ En 1998 seul 56 % des personnes interrogées avait déclaré cela.
▪ En 20 ans la part de personnes anticipant un repli individualiste à l’avenir s’est accrue de 20 points de pourcentages.
▪ Ici encore, cet écart montre que, comparé à 1998, les français sont davantage en 2018 à être pessimistes sur l’évolution
de la société. Alors même que les personnes sondées étaient déjà nombreux à penser que la société se dirigeait vers un
repli individualiste (56 %), cette vision de l’avenir est devenue largement majoritaire en 2018 (76 %)
Q3. Quel semble être le sentiment général des personnes interrogées concernant le lien entre les individus ?
Le sentiment général des personnes interrogées semble être que la société se dirige vers d’avantage d’individualisme (moins
d’altruisme). En comparaison aux réponses de 1998, les personnes interrogées en 2018 sont davantage à penser que la
société va vers : plus d’indifférence à l’égard d’autrui en général et vers un repli individualiste.
Il existe de nombreuses craintes face à la montée de l’individualisme (peur d’une société plus égoïste, moins
solidaire). Cette crainte est présente depuis le début du processus d’individualisation (les individus devenant plus
libres et autonome). Pourtant l’individualisme n’a pas engendré un effondrement des liens sociaux, mais plutôt
une mutation de ces derniers (un changement). C’est notamment cela qu’étudie Emile Durkheim. Il montre
qu’avec l’essor de l’individu les liens sociaux ont changé de nature mais la cohésion sociale n’a pas pour autant
disparu.
Emile Durkheim, père de la sociologie française, publie sa thèse en 1893 (De la division du travail social) qui
porte sur la question des liens sociaux qu’il nomme « solidarités ». Il soulève notamment une question centrale
qui est de savoir comment dans une société où les individus sont de plus en plus autonomes peut subsister une
cohésion sociale (du lien social). Durkheim compare les sociétés « traditionnelles » et « industrielles »
(modernes), associant à chacune un type de solidarité dominant : solidarité mécanique pour les premières et
solidarité organique pour les secondes.
Document 7 : De la solidarité mécanique à la solidarité organique
Q3. Quelle est la principale différence entre les deux sociétés à l’origine des différents types de solidarité ?
Les sociétés traditionnelles sont fondées sur la ressemblance alors que les sociétés modernes sont fondées sur la complémentarité et
l’interdépendance.
Nous avons étudié une première évolution de la société (le processus d’individualisation) qui a entrainé une
modification des liens sociaux (désormais davantage électifs ; basés sur la complémentarité des individus…) avec
le passage des sociétés traditionnelles (avec une solidarité mécanique majoritaire) aux sociétés modernes (avec
une solidarité organique majoritaire). Dans la partie suivante nous allons étudier une autre évolution majeure qui
peut faire craindre une remise en cause des liens sociaux : l’essor du numérique. Nous montrerons que le
numérique n’a pas transformé en profondeur les liens sociaux.
Document 8 : Les réseaux numériques, une réplique virtuelle des liens sociaux réels.
1. L’idée que nous avons des réseaux numériques est que c’est un lieu qui permet de multiplier les relations et d’étendre
notre cercle de sociabilité à des relations que nous n’aurions pas pu entretenir autrement.
2. Cette représentation est trompeuse puisque les relations virtuelles sont très souvent entretenues avec des personnes que
nous côtoyons et qui sont très proches de nous en termes d’âge et de milieu social.
Document 9 : Le rôle croissant du numérique dans les liens sociaux.
Q2. Pourquoi leur essor pourrait-il renforcer l'exclusion de certaines populations, et lesquelles ? Présentez les
caractéristiques des Français exclus du numérique.
Leur essor les rend de plus en plus indispensables dans de nombreux domaines (recherche d’emploi, scolarité, démarches
administratives, trouver un logement, télétravailler, maintenir les liens …). Alors que tous n’y ont pas accès ou ne les maîtrisent pas :
ces personnes se retrouvent alors de plus en plus marginalisées et les écarts se creusent à mesurent que la technologie s’étend à tous les
secteurs.
Les exclus du numérique : les séniors ; les habitants de petites communes (notamment rurale) ; les personnes seules au foyer ; les non
diplômés : Soit ceux ayant le plus de risque de manquer de liens sociaux par ailleurs.
(2) Une évolution plus récente amenant des débats autour de ses impacts sur les liens sociaux est la sociabilité numérique.
Comme tout changement majeur, l’arrivée d’internet et l’essor des technologies de communication ont amené de nombreux
débats et sont sources d’inquiétudes. Le numérique n’entraine pourtant pas une mutation profonde des liens sociaux.
S’ils peuvent être perçus comme des liens sociaux concurrents, qui se substitueraient aux liens traditionnels, cette crainte
résiste mal aux différentes études menées sur le sujet. Les liens sociaux numériques sont le plus souvent le reflet des liens
sociaux amicaux (liens de participation élective), professionnels (liens de participation organique) ou familiaux (liens de
filiation). S’ils peuvent permettent la création de liens nouveaux, les réseaux numériques permettent avant tout d’entretenir
des liens déjà existants. En cela ils ne remettent pas en cause les liens sociaux.
En outre, il existe une interdépendance entre intégration sociale et intégration numérique : Les individus qui utilisent le plus
les réseaux sociaux numériques sont aussi fréquemment ceux qui sont les plus intégrés, ceux qui ont de nombreux liens
sociaux (familiaux, professionnels, amicaux, associatifs…). Aussi, les sociabilités numériques contribuent à créer des liens
de participation citoyenne (rôle des réseaux numériques dans les élections, plateformes numériques pour exprimer des
opinions politiques et revendications …).
Transition : Malgré de fortes inquiétudes, ce ne sont pas en soi l’individualisation de la société ni l’essor du
numérique qui fragilisent les liens sociaux (bien que cela puisse dans certains cas y contribuer mais l’inverse est
vrai également). Il existe des facteurs (sources) qui exposent les individus à l’affaiblissement ou à la rupture de
liens sociaux : précarités, isolements, ségrégations, ruptures familiales, chômage …
III. Les facteurs de ruptures des liens sociaux
III.1 La précarité est multidimensionnelle
La précarité désigne une situation d’instabilité qui empêche les individus ou groupes de se projeter dans l’avenir.
Cette situation est liée à la situation d’emploi ou à l’absence d’emploi (temps partiel, CDD, intérim, horaires
variables…) mais également à la situation familiale (composition du ménage ; solidarités familiales).
Q4. Comment calcule-t-on le seuil de pauvreté pour un ménage composé de plusieurs personnes ?
Il faut prendre en compte le nombre d’adulte et d’enfant (la composition du ménage), on multiplie le seuil de pauvreté par le nombre
de part fiscale (un adulte seul = 1 ; un adulte supplémentaire ajoute 0,5 …).
Q5. Pourquoi le seuil de pauvreté est une mesure imparfaite de la pauvreté ? Il ne prend pas en compte le lieu de vie (prix des loyers).
Document 12 : Taux de pauvreté selon la composition du ménage et le statut d’activité
Q1. Que signifie la donnée
entourée ?
Q1. En 2018, 19 % des familles monoparentales vivaient sous le seuil de pauvreté (Rapport sur la pauvreté en France,
Observatoire des inégalités, 2018). Ainsi une famille monoparentale sur cinq vivait sous le seuil de pauvreté en 2018.
Q2. Le taux de pauvreté dépend du statut d’activité. Les chômeurs sont bien plus touchés par la pauvreté que les salariés
ou indépendants. En effet, d’après le rapport sur la pauvreté en France (2018), 25,3 % des chômeurs étaient pauvres (vivaient
sous le seuil de pauvreté fixé à 50 % du revenu médian), un chômeur sur quatre. Une proportion bien supérieure à celle des
salariés pauvres (3,2 %) et des indépendants pauvres (11,9 %). Parmi les actifs, les salariés sont les plus protégés contre la
pauvreté. Les inactifs (hors étudiants et retraités) sont quant à eux 18,3 % à vivre sous le seuil de pauvreté.
Q3. La fragilisation des liens familiaux augmente le risque de pauvreté. En effet, les familles monoparentales sont davantage
touchées par la pauvreté que les couples. Parmi toutes les familles monoparentales 19 % sont pauvres ; alors que parmi les
couples avec enfants seuls 7,3 % vivent sous le seuil de pauvreté (Rapport sur la pauvreté en France, 2018).
III.2 Désaffiliation (R. Castel) et disqualification (S. Paugam) : La précarisation du monde du travail
Document 13 : Désaffiliation et disqualification sociale