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Cours : Fonds de commerce Niveau:MasterlIMD

Animateur : Dr Thicrno A. NDIOGOU. Maîtle de Clonférences titulaire à la FSJP-UCAD

CIIÂPII'RE 1 :

DE LA TRANSMISSION D'UN FONDS »T CONTNTERCE


La propriété du fonds de commerce peut être transmise volontairement, par contrainte

ou par décès.

Cette troisième hypothèse ne sera pas étudiée cette année ; néanmoins, il importe de

souligner qu'outre la constitutionl ou 1'acquisition2 du fonds de commerce par son propriétaire3,


celui-ci peut aussi être transmis par décès4. C'est dans cette dernière hypothèse qu'estprévue,
en cas de pluralité d'héritiers, son attribution à titre préférentiels pour assurer la continuité de

1'exploitation6. Cette attribution n'est pas de droit, elle doit être demandée par le conjoint
survivant ou tout autre héritier aux copafiagcants qui peuvcnt la refuser. Elie peut être sollicitée
dès 1'ouvefture de la succession et au plus tard avant la clôture ciu partage successoralT.

Sous 1e bénéfice de ces précisions, nous allons tour à tour analyser la transtnission
voiontaire d'un fonds de commerce (Section l) et la transmission par contrainte d'un fonds de

comlnerce (Section 2).

1l,e londs est créé s'il appaltient au comlnerçant d'installer le commerce avec la conjugaison, au moins, des élér-nents
nécessaires à sa qualification. à savoir Ia clientè'le et 1'enseigne comtnerciale ou la clientèle et 1e nom commercial, sans préjudice
ciucurrrul delaclicntèleavecl'enseigneetlenomcorlnreroial (AUDCG,Art. 136).Ainsi, Iapropriétédufondspatledecujus
doit êtrc prouvée en démontrant que ce dernier I'a créé puisque f immatriculation au RCCM n'établit qu'une simple
présomption de propriéLé,
r L'acquisition du fbnds peut être à titre onéreux ou à titre gratuit.
r Le fonds de commerce peut avoir un propriétaire de fait. En ce sens, Voir CCJA, I è" ch., arrêt no I 6 du 25 Mars 201 0, Rev.
ERSUMA, no spéc., nov-déc. 2011, p. 148, note Moussa SAMB.
G. RIppERT;t p. ROBLOT, Troié (le droit commercial, Tome 1, Vol. I, LGDJ, 18è" éd., 2001, pp. 344 et s.
,{
5 pour plus
d'infomations. voir Th. A. NDIOGOIJ, « I-'attribution préférentielle d'un fonds de comtnerce en droit successoral
sénégaiais >>. Revue Annales Af icaines.Nor-rvelle série. CI{DDILA, IrSJP-UCAD, Volut.trc 2, n'9, pp.293 à 337.
(,Ch. A. W. NDIAylr. Drcitdes entrepri.se.s intlit,itltrelle.;.1-'llàrrnattatr. li'éd.. r0l8 p. 245 et spéc. p.259.
I Si plusieurs héritiers sor.rhaitcnt consùrvet'un bien en indivision, ils peuvct.tt eu demander l'attribution pré1érentielle
corl olntcrnent.

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Cours : Fonds de cotnmerce Niveau:MasterlIMD
Animateur : Dr'fhiemo A. NDIOGOU, Maîtrc de Conférences titulake à la FSJP-UCAI)

SECTION 1 : LA TRANSMISSION VOLONTAIRE D'UN FONDS DE COMMERCE


La transmission volontaire du fonds de peut résulter soit d'une cession
"o**.r..
(Paragraphe 1), soit d'un apport en société (Paragraphe 2).

Paragraphe I : [,a cession d'un lbnds dc commcrce


La vente du fonds de commerce suit à titre principai le régime de droit commun
applicable au contrat. En d'autres mots, la vente est soumise à 1'ensemble des exigences fixées
par le COCC pour 1es conditions de validité de tous les contrats8, et des contrats de vente en
parliculier. Néanrnoins, en raison de f importance économiquc de l'opération, le législateur
OHADA a édicté un certain nombre de dispositions spécialese.
A. Les conditions de formation du contrat de cession
Dans la cession de fonds de commerce, les parties disposent d'une certaine liberté quant

à ce qui est vendu. Le vendeur n'est pas dans 1'obligation de céder tout ce qui fotme le fonds
initial. Cependant, les éléments vendus doivcnt pouvoir permcttre à continuer, à attirer et à

conserver la clientèle. C'est dire alàrs, que 1a cession du fonds de commerce porte
néccssairement sur les éléments obligatoires pour la qualification du fondsl0 ; elle peut aussi se

faire avec lcs éléments facultatifs du fonds. Mais, en cas de ccssion seulement des éléments
facultatifs, il n'y a pas de cession du fonds de commerce ct, cela, quelles que soient les

dispositions convenucs dans 1'acte constatant la cessionll.

Sous réserve de ces précisions, la fomation du contrat de ventc d'un fonds dc commercc
obéit à dcs conditions de fond ct à des conditions de forme et de publicité.
1. Les conditions de fond : un régime essentiellement civiliste
I1 y cn a quatrc et elles sont cumulatives pour tous les contrats. Ce sont celles qui sont
visées expressément par 1'article 47 COCC, 11 s'agit respectivement du consentement des

parties, de la capacité de contracter, d'un objet déterminé et licite, et d'uue cause licite.
Le consentement cles parties. - Pour certains, c'est 1'essence c1u contratl2 même si cette

corrdition est fonlulée dc façon négativc par l'articlc 58 COCC '. <,< Il n'y a point de contrat,cans

consenlement émanant de l'une et de I'autre ltartie ». L'étr.rdc du consentement renvoie à trois

s
COCC. art. 47.
e
AUDCG, Art. 141 : La cession du fbnds de commerce obéit aux règles générales de la vente. Outre, les conditions de validités,
i1 sera appliqué aux deux pafiics les obligations dn veudeur et de 1'acheteur d'un bien mcuble.
10
AIJDCG, ar1. 148, al. 1"',.
rr AUDCC, ar1. 148. al. 2.
rr Pour une position contraire, FI. M. MONEBOULOU MINKADA, « La question de la définition du contrat en droit privé:
essai <l'rure Àéorie institutionnelle >>, Juridical /ribune, vol. 4, issuel, Juin 2014, p. 93. Dans rnôme sillage, Th. A. NDIOGOU,
«Réflexionssurlapropriétééconomiqueendroitprivésénégalais>r'Op cil.,p.31 ,1

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aspects. D'abord comment se manifeste 1e consentement ? Ensuite comtnent s'opère la

rencontre des volontés ?, Quels sont les caractères que doit revêtir le consentement ?

'.
L'exigence de capacité. - Cette exigence est rappelée par l'article 57 COCC << Toute

per.\onne peut contracter,çi elle n'en est déclarée incapable par la loi >>.Le principc c'est que

toute personne est capable. La capacité étant l'aptitude à avoir des droits et à pouvoir les
exercer. I1 s'agit de la capacité de jouissance et de la capacité d'exercice. Précisément, c'est
qu'i1 y a des cas oir I'on rencontre des personnes incapables parce que la 1oi en a décidé ainsi,

soit pour les protégcr, soit pour les sanctionnerll.


L'objet. - Pour que le contrat soit valablement formé. il faut que son objet existe, et on
peut se demander s'iln'est pas nécessaire que cet objet ait une cefiaine valeurll. Il renvoie au
contenu (que veulent les parties ?) et à la nature de 1'opération voulue. Il existe deux sortes

d'objets : celui du contrat et celui de 1'obligation. L'objet du contrat renvoie à la nature de celui-

ci (c'est i'opération juridique clue les parties ont en vue) tandis que 1'objet de 1'obligation est

ce que se sont pron-ris les parties. C'est le contenu de 1'obligation. On dit que c'est ce qur est dû

au créancier par le débiteur. Dans ce demier cas, 1a prestation promise doit présenter un cefiain

nombre de caractères. Elle doit exister certes mais pas nécessairementts, être possible, ètre
clétenliné (connu des parties) ou déterminable (possibilité cle le connaître)16 et enfin, être licite.

La cause. - Tout comrre l'objet, la cause n'a pas été définie dans lc COCC. C'est 1e

pourquoi du contrat, la raison pour laqueilc on 1'a conclu. Par exempie, dans un contrat de vente,

on peut se demander pourquoi le vendeur a vendu une chose à 1'acheteur. Il y a deux sofies de

Ir Th. A. NDIOGOU « L'attribution préférentielle d'un fonds de commerce en droit successoral sénégalais >>, Revue Annales
Afiicaines, Op. cit.. pp.3l6 et s.
lr La lésion peut ôtre définie comrre le préludice résultant pour l'une des pafiies du déséquilibre entre les prestations otr encore
conllae lc clélàut d'équivalence cntre 1'avalttagc reçu et Ie sacrifice conscnti. Pour cefiains auteurs, la lésion ne saurait entraîner
la nullité du contrar. D'abord parce qu'il est difllcilc à apprécier, tous les contrats étant plus ou uoins lésionnaites pour I'une
r.les parties. Ensuite parce qne ce serait pennettre au juge de s'it.nmiscer dans ies rapports contractuels. Enfin, parce qu'on doit
présumer la loyauté dans les contrats en I'absence de vice du consentelnent. Le principe c'est clue la lésion ne constittte pas une
cause de nullité du contrat sauf si la loi en décide autrement. Lorsque précisément la loi l'admet colrme en rr:atière d'incapacité
ou de partage, l'action qui lui sert de fondernent est appelée action en rescision pour lésion dont la hnalité est de laire annuler
le conir.at pour défaut cl'équilibre entre les prestations. Cette action doit être intentée dans un déla'i de 2 ans. Mais, il arrive que
le .jnge, ag lieu {'annuler. préfère rédr-rire lcs prestations por"tr les équilibrer. On parle alors de réfàction du contrat
(iénéralctnent. c'cst en recoLlrant à 1a bonne lot et à l'ciquitô que le jLrgc paruient à un tel résultat. Il fàut retenir cn conclusion
clue 1a valcur cle l'ob.jet est donc en principc inciilttrcnte clttant à la valicliit clu contral.
,: Les pactcs sur succcssior.t liiture sont néannroins prohibes. I'ar eretnplc vendre Lttt bien làisant parlie d'une succession avatlt
son ouverture.
r(,
Voir ['article 1163 C. civ. li'ançais issu cie l'ordonnance 2016 qui dispose que la prestation est détcnr-rinable lorsqu'ellc peut
être déduite c1u contrat ou par référence aux usages ou aux relations antérieures des parties, sans qu'un nouvel accord des
parties
soit nécessaire.

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causes : la cause objective oll calrse de l'obligationlT, et la cause subjective ou cause du


contratls.
2, Les conditions de forme et de publicité : un régime particulièrement
commercialiste
Les conditions de.forme. - L'article 149. al. 1* AUDCG dispose que la vente d'un fonds

de conrmerce <<peut être réolisée soit par acle sous seing privé, soit par acte aulhenlique >>. A
l'analyse de ce texte, le législateur OHADA exige-lil un écrit à titre de validité ou rappelle-t-
i1 seulement les écrits possibles ?

Selon Ch. A. W, NDIAYIIIe, dans l'hypothèse du rappel, nous serons toujours dans un
contrat consensuel avec une précision superfétatoire ; par contre, comprendre à travers ce texte
une exigence d'écrit à titre de validité sernble relever d'un « fbrçage )) ou, au rnoins, atteste un

ar1 de mal légiférer2O. Selon lui, 1'ar1ic1e ne dit pas que la <<cession est réalisée »> mais <\peut
etre réalisée ».

[1 scmblc donc pennettre la cession verbale et la cession écrite. Toutefois, il conseille le


recourir à un écnt2l. L'écrit rlonne l'occasion d'évrter d'évcntuels litiges ultérieurs, mais
également de préciser le contenu du contrat22.

Point de vue sur I'urticle 149, al 1* AUDCG. - Pour notre paft, (sans aucune
prétention et loin de remettre en cause la position du Professeur Ch. A. W. NDIAYE), la
validité dc la cession du fonds dc commerce devrait être subordonnée au respect d'un certain
lormalisme . Cette position semble sc justifier par les dispositions de l'article 150 AUDCG.
Ainsi, l'acte constatantla cession du fonds de commerce doit obligatoirement énoncer
11 points et ce, conformément aux dispositions de l'article 150 AUDCG. Ces points sont :

1. L'état civil complet du vendeur et de I'acheteur pour les


p ers on phl,sitruut ; les norns, clértominatict n s ocia I e,.forme
ne.\
furidiclue. udre.sse clu si.ège social, tlu y'endeur el. de
I'ac:heteur pour le.s pcr.sottne.ç ntorale.s ,'
2. Les activité.ç du vendeur et de I'acheteur ;

r?
La cause objective ou cause de l'obligation (elle est abstraite et la même dans tous les typcs <le contrats identiques). On peut
dirc par exertple que tous les vendeurs ont un unique objectilà savoir recevoir le prix de vente. Voir aussi, .1. MESTRE, (La
cturse tldns la .fôrnt.ati.on du contrat, RTD civ. 1990. 468).
lf La cattse du contrat oll cause iointaine est le mobile qui a poussé chaque partie à contracter. Cc sor.rt les raisolrs cachées de
la conclusion clu contrat. EIle doit être lioite et confonle aux bonnes mo:urs sinon le contrat sera nul. Mais encore làudrait-il
que le rrrotifsoit cléten:rinant, c'cst-à-dirc co:uru <ies palties.
1e
Ch. A. W. NDIAYE, Droit des entreprises individuelles, Op. cit., p. 270.
r0 I. Y. NDIAYE, « I-'art de mal 1égi1érer. (Propos irrévérencicux sur certsins textes de lois) », Iù4,§DP, n' 2, juilletdécembre
1995, pp. 53 et s.
21
Sur ia notion, Loi 2008-08 du 25 janvier 2008 sur les transactions électronique, art. 2l : «L'écritrésulte d'une suite de lettres,
de caractères, de chiflies ou de tous autres signes ou symboles dotés d'une signification intelligible, quels que soient leur
suffôn cl l.'urs rrrodrlités de lraDsrnissiorr ".
l: l,a preuve de la cessior.r clr.r 1bnc1s dc comrncrce sc 1àit par la production d'un acte de cession. CA Abidjan, alrêt n' 206 du 25
lér rier l(X)i. .luri:tope.c»'g

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3. Leurs numéros d'immqtricailqtion du Registre du Commerce


et du Crédit Mobilier ;
4. S'il y a lieu, I'origine de la propriété dufonds au regard du
titulaire qui a précédé le vendeur.
5. L'ëtat des privilège.s, nunti,s,çemenl..s el in.scriplions grevanl le
fonds :
6. Le chi/Jîe d'affaires réalisé au c'oLtrs de chac'une des trois
dernières qnnées d'explctitation, ou deptis son acquisitian,
le fonds n'q pos élé exploitée depuis plus de trois ;
7. Les résultats commerciaux réalisés penclant la même
période;
8. Le bail annexé à l'acle avec I'indicalion, dans l'acte, de sa
clate. de .sa durée, du nom et de I'adre,ç.se du baillew et du
ci,luttt s'il ) a litrt;

9. Le prix cot'Lÿenu ,'


10. La situation et les éléments du.fonds vendu ,'

ll" Le nom et I'adresse du notaire ou de l'établissement


bancaire désigné en qualité de séquestre si lq vente a lieu
par acte sous seing privé.

Sanction chirurgicale de l'omission d'une ou de plusieurs mentions obligatoires.


L'omission ou l'inexactitude de ces mentions peut entraîner la nullitô de la vente, si l'acquéreur
le demande, et s'il prouve que cette omission ou inexactitude a substantiellement affecté la
consistance du fonds cédé, et qu'il en a subi Lur préjudice23. Il ne s'agit donc pas d'une nullité
de droit ou de plein droit puisquc, cn premier lieu, l'anuuiation de Ia vente doit être demandée

par I'acquéreur clans le délai d'un (1) an à comptcr du jour de l'actc et24, en second lieu, 1e juge

ne doit faire droit à une telle demande qu'après avoir vérifié que le manquement excipé a

effectivement été déterminant du consentement et lui a causé un préjudice25.


Les conditions de publicité. - Destinée à alerter les créanciers ordiuaires ou
chirographaires dont le fonds de commerce constitue le seul gage, la publicité de la vente du
fonds de commerce est organisée par les articles 152 et 153 AUDCG.
Ainsi, tout acte constatant une vente d'un fonds de commerce doit être déposé en une
copie cer1ifiée conforme par le vendeur et 1'acquéreur au RCCM. ii leur appartient, chacun en

ce qui le concerne, de faire procéder à la rnention modificative correspondante.

l)ans un clélai de cluinzc (15) jours fi'ancs à comptcr de sa date, l'acte constatant la
ccssion du fonds de commercc doit ôtre publié à la diligence dc I'acquéreur sous forme d'avis,

dans un joumal habilité à recevoir des annonces légales, et paraissant dans le lieu où 1e vendeur

est inscrit au RCCM. La publicité permet aux créanciers de faire des oppositions de fàçon à

I AUDCG, ar1. 151, al. l"'.


24
AUDCG, arT. 151, a|.2.
25
Cass. Com., 7 déc. 1993., Bull. civ. IV, n'453.

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empêcher que le prix devenu indisponibie dans le clélai de trente (30) jours ne leur échappe26 et

même de pratiquer ulte surenchère si lc prix ne suffit pas à désintéresser tous les créanciers

inscrits ou opposants2T.
Ce qui explique que le prix doit être entièrement exprimé dans 1'acte de cession. C'est
pourquoi, est nulle et de nul effet toute contre-lettrez8 ou convention ayant pour objet ou pour
efIèt de dissimuler tout ou une parlie du prix de cession du fonds de commerce. Ainsi, dans ces
hypothèses, c'est seulement le prix stipulé qui sera valable.

En outre, lorsque 1a vente a été résolue à l'amiable, judicrairement ou en vertu d'une

clause résolutoire de plein droit, la résolution doit être publiée au RCCM2e.

Sr les mesures de publicité ne sont pas observées (sachant que la publicité incornplète

ou inexactc est assimilé à une absence dc publicité), la vente rcstc valable inter partes mais le
paiement tàit par 1'acquéreur ne sera pas opposable aux ticrs30 et paftant, il s'exposerait au
risque de voir payer une seconde fois entre les mains des créanciers (à charge pour lui de se
retourner ensuite contre le vendeur). Dans 1a même logique, l'intermédiaire (notaire ou
établissement bancaire) qui se dessaisirait du prix avant 1'expiration du délai d'indisponibilité
cngagerait sa rcsponsabilité à l'égard des créanciers inscrits ou opposants.
A ces fbrmalités, s'ajoutent les obligations des parlies au contrat de vente du fonds de

commerce.

B. Les obligations des parties au contrat de cession


La cession du fbnds dc commcrce génère des obligations spécifiques pour chacune des
par-ties au contrat.

1. Les obligations principales du vendcur


Le vendeur de fonds de commerce, comme tout vendeur, a deux obligations principales :

celle de délivrer3r et celle de garantir la chose qu'il vend32.

26AUDCG,art. 151 ,a|.2:<<L'acheteurdoitpayerleprix,uuxjouretlieufixésdansI'actetlevente,entrelesntainsdunotaire


ou de tout établissement bancaire désigné d'un commun accord entre les parties à I'acte,
Le notaire ou l'établissement bancaire ainsi désigné doit conserver les /onds en qualité tle séquel;tre pendant un délai de trente
jours, ce délai commençan| à courir au jour de la parution dans un.journal habilité à publier la vente au litre des annonces
légu le.s'.

t,erLtleu.r ».
-rrAUDCG,art. l63.Pourceclui concerLrclapr-océdurecl'opposition,r,oii:lcsar-Liciesl5gàl(r7AUDCG.
l8 Acle secret qui annule. modifie Ies dispositions pnscs dans un prcmier acte apparent. Voir, ALJDCIG, art. 158.
2e
AUS, arr. 169.
30
Code de con-rmerce français, Aft. L. 14 I - I 7.
3lAUDCG, Arr. i54.
12
AUDCG, Arr. 155

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L'obligation de détivrance. - Le vendeur du fonds de commerce est tenu de mettre le


fonds cédé à la disposition de l'acheteur à la clate prévue dans I'acte de cession. La délivrance
suppose la remise de tous les éléments à la disposition de 1'acquéreur33.

Cependant. potrr produire son el'fet translatif et être opposable aux tiers, la vente doit

être inscrite au RCCM à la demande dc 1'acquéreur immatriculé et dans ie respect des conditions

prévues par l'AUS3a.

Toutefois, si 1e paiement du prix a été prévu au comptant, le vendeur n'est tenu, sauf

convention contraire entre les parties, de mettre 1'acheteur en possession qu'à la date du complet
paicnrentss. A contrario, dans 1'hypothèse d'une vente à tempérament, rien n'empêche au

vendeur de satisfaire à son obligation de livraison.


La vente à tempérament est une vente dans laquelle, malgré la délivrance immédiate de
la chose, est stipulée que le prix sera payable en plusieurs fractions à intervalles réguliers36.
L'acheteur a toujours le droit de se libérer en payant la totalité du prix qui reste dû, sauf
si cles el'fets c1c cotnt-ncrce ont été érttis pour solt règlcmcntlT.

Si I'achetcnr ne s'acquittc pas d'unc éché;Lnce, le vcndeLtr peut. à son choix, portt'srtivrc

le recouvrement de 1'arriéré ou demandcr ia résolution.

La juge compétent3S, en prononçant la résolution, peut en subordonner les effets an


paiement intégral de l'arriéré dans un délai déterminé, indépendamment du paiernent des
prcstations restant dues.
.En cas de résolution du contrat, 1e vendcur ct 1'achetcur sont tenus de restitucr 1es

prestations qu'ils ont reçues. Le vendeur peut, en outre, réclamer un loyer équitable et une
indemnité pour 1'usure de la chose.
Toute convention par laquelle l'acheteur s'engagerait à verser une somme plus
importante est nullc. I)c même, tor-rtc clause dc résolution cic plein clroit du contrat pour non-
paiemcnt c1'une ou plusicurs échéanccs cs1 réputéc trott-éclitcre.

La vente à tempérament accorde un privilège au vendeura0. Ce privilège spécial est une

sûreté garantissant le paiement intégral du prix de vente convenu. Du fait de l'absence de

l-t L'imuleuble étan1 exclu ainsi que les créances.


'' AUS, a|r. Iôrr.
-tj La vente à ter-npérarnent peut ôtre 1àrtc sous la condition expresse quc lc transtèrt c1c ploprrété cles biens vendus rtc sc réalisera
clue lorsquc 1e prix aura éré intégralement payé. I"a clause de réserve de propriété ne peut ccpendant êtrc opposée aux tiers de
bonrTc loi.
16
cocc, art. 534.
r7 Règlement n|5/2O\2|II/TJEMOA relatif aux systèrres de paiement dans les Etats nembres de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), art. 176.
38
C'est lejuge du Tribunal de comrnerce du lieu d'immatriculation du vendeur du fonds.
re Sauf dans les sitr-rations visées par 1e COCC, art. 358
'11 AUDCG, art. l6(r : « Lorsque le prix n'cst pas payé comptanL, le vendeur dispose cl'un privrlùge sur le tbnds de commerce

vcndn ».

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précision sur 1'assiette du privilège, et pour ne pas distinguer 1à où la loi ne distingue pas, il

faudra retenir qu'il porte sur 1e tout le fonds, sauf limitation conventionnelle.
Pour autant, le vendeur doit afin de bénéficier de son privilège, faire inscrire la vente et

son privilège au RCCMal. La publicité du privilège conditionne ainsi son existence et son
opposabilitéa2.

A titre illustratif, lorsque 1e privilège du vendeur du fonds de commerce porte sur des

brevets d'invention, ffrarqlles de fabrique, de service et de commerce, des dessins et modèles ct

autrcs droits dc la propriété intellcctuclle ainsi que sur le rnatériel prof-esstonnel, il dort, en

dchors de f inscription de la sureté du créancicr au I{CCM, êtrc satisfàit aux règles de publicité

prévues pour les actes afïectant la propriété des droits de propriété intellectuelle et aux règles

de l'Acte uniforme relatives au nantissement du matériel fàisant partie d'un fonds de

corlmerce43.

Autre exemple, si le fonds f'aisant l'objet d'un privilège comprend une ou des

succursales, les inscriptions doivent être prises au RCCM où est principalement immatriculé le

fondsaa.

Dans le même ordre d'idées, le transfert de propriété, toute vente amiable ou judiciaire

de fonds de commercc ou de l'un de ses élémcnts ne peut avoir lieu sans production par le

vendeur or-r 1'zruxiliairc dc jr-rsticc chargé clc la vcntc. cl'un état clcs inscriptions priscs sur le
l'on clsa5 .

L'obligation de garuntie. - Une combinaison des articles 155 et 156 AUDCG enseigne
quc lc vendeur d'un fonds de commerce doit garantir contre l'éviction et les vices cachés.
L'éviction peut être lc fait d'un ticrs ou du vendcur. Ainsi, ce demicr doit s'abstenir de tout acte
qui serait de nature à gêner l'acquércur dans 1'explojtation du fonds vendu.
La cession implique, cn cffct, au moins implicitement, une interdiction de concumence
ultérieure par le vendeur. Le risque qu'il continue à retenir sa clientèle précédente au détriment

de 1'acheteur est réel s'i1 continue la même activité après la cession.

Même si des clauses de non-concurrence ont été stipulées, leur expiration ne libère pas
automatiquement lc vendenr du fait c1"re « 1'obligation légalc dc garantic de sou fait personnel

est d'ordre pr"rblic »4('. En efl-ct, l'actc de cession pcut moclulcr Ia uot't-concurrcnce. Mais,

'1rAUS, art. 167.


1, P. CROCQ (Dir.), Ze nouyel Acte unifbrme portant organisation de§ sûretés. I-a rélorme du droit des sûretés OI{ADA,
Editions LAMY, 2012, p.258.
rr AUS, ar1. 170
1r AUS, art. l7l
4'AUS, Art. 173.
'1('Cass. Cor.n., l6 janvier 2001, Bull. civ. IV, n" 16.

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cl'après l'alinéa 2 de 1'article 155 AUDCG, les clauses de non rétablissement ne sont valables

que si elles sont lirnitées. soit clans lc tcmps. soit dar-rs 1'eipace; une seule de ces lirnitations
suffit pour rendre la clause valableaT.
En somme, le vendeur doit assurer à 1'acquéreur la possession paisible de la chose
vendue, et en particulier le garantir contre les droits que d'autres personnes prétendraient faire
valoir sur le fonds vendu.
Si l'acquéreur est évincé parliellement, ou s'il découvre des charges qui n'étaient pas
déclarées dans I'acte de vente, ou encore si le fonds de commerce est affecté de vices cachés

ou défaut de conformité, il peut demander la résolution de la vente, mais seulement si la


diminution de jouissance qu'il subit est d'une importance telles qu'iln'aurait pas acheté le fonds

s' il cn r va it cu corr n e issancc.


2. l,es obligations principtrles de l'achcteur
Conformément au droit commun de la vente, la principale obligation de 1'acheteur est
de << payer le prix, aux.jour et lieufixés dans l'acte de vente ». Si le vendeur n'est pas payé aux
échéances convenues, il peut demander la résolution de la vente, confotmément au droit
cornmun4s.

Toutcfois, comme notis 1'avons fait rcmarquer, i1y a des règ1es parltculières prévues par
le droit commercial eu égard au souci de protection tant du vendeur lui-même que des tiers
évenfuellement subrogés à ses droits4e. Par exemple, lorsque le paiement est au comptant, le
vendeur ne poura pas exiger le paiement effectif du prix avant 1'expiration du délai de 30 jours,

après la publication dc 1'acte de ventc sous lormc d'avis, dans un joumal habilité à reccvoir des

annor-lccs 1égales. et paraisseurl dans lc licLr où lc vcncleur est iuscrit au I{CICM.

Aussi, lc Notaire ou l'établisscment bancaire ainsi désignés devra conserver les fonds
en qualité de séquestre pendant un délai de trente (30) jours, ce délai cornmençant à courir au
jour de la parution de la publicité de la vente dans un joumal habilité à recevoir les annonces
Iégales.

Si au terme de cc délai, alrcunc opposition n'a été notifiéc au séqucstre, celui-ci clevra
tenir le prix de vente à la disposition du vendeur.

application clc l'arricle 416 (lOU(], cn vigueur avalrt lc drcit OIIADA ct donl Ic contenu cst idcntique, voir la Cour de
'1;'L.in
cassation dp Sônégal. Ch. Civ. et 0om.. arrôt 6 en datc du 21 déccnrbre i995..julical-.olg. : « A'l"l'trNDlJ qu'en stutLlatrl aittsi,
a)ors qu'aux terntes du clcrnier alinéa de l'anicle 416 du Code clcs Obligarions (liviles et Cornmercialcs l'obligation du vendeur
,1e ne pos se rétablir ne vallt clue ilans le rlême comurerce et pour LIne dur'ée et utt rayolt déterL'uinés par les usages du cotrulercc,
Ia Cour d'Appcl a violé le texte susvisé ».
'18 AUDCG, art. ),67.
4e
AUDCG, art. 157, al. l, première phrase.

Novembre 2023 38
Cours : Fonds de corrrmerce Niveau : Master 1 IMI)
Animateur : Dr Thierno A. NDIOGOLJ. Maître c1e Conlércnces titulaire à la FSJP-UCAD

Si une ou plusieurs oppositions sont notifiées pendant ce délai, le prix de vente est

indisponible pour le vendeur que sur justification de la mainlevée de toutes les oppositions.
C. Les efïets du contrat de cession

Ces effets seront appréciés à 1'égard de certains créanciers du vendeur et à 1'égard des

contrats en cours
1. Les effets de la vente à l'égard de certains créanciers du vendeur
I1s sont au nombre de deux (2) : le droit d'opposition au paiement du prix et le droit de
surenchère.

Le droit cl'oltposition au paiement clu prix. - Lorsque les créanciers du vendeur forment

opposition, ils «Joivent notjfier celle-ci par acte d'huissier ou par tout moyen pemettant d'en
établir la réception effective :

o Au notaire ou à l'établissement bancaire désigné en qualité de séqtrestre ,'


. À l'acqttéreur pris à.son adresse telle que.figurant dans l'acte ,'
o Au Grelfe cle la jtrriclicticu't ott à l'organe com.1tétent clans l'Étot trtartie qui tient
le RCCM oir le vendeLl. s'est inscrit, ci c:harge pour le Greflè ou I'organe
compétenl clans l'Etat Portie de procécler à I'inscription de cette opposition str
le RCCM.

L'acte d'opposition doit énoncer, outre les mentions d'identification du créancier


opposant, le montant et les causes de la créance, et contenir élection dc domicile dans le ressort

de la juridiction où cst tenu le RCCM.

Les fonlalités mises à la charge de 1'opposant sont édictées à peine de nullité cle son

opposition.
Régulièrement effectuée, l'opposition produit un effet conservatoire. Cependant. il
appartient au créancier opposant dc saisir la juridiction compétente pour faire constater sa

créance et recel.oir lc paien:rettt de celle-cis0.

Le vendeur peut néanmoins obtenir la mainlevée de l'opposition par une saisine de la


juridiction compétente. En effet, il peut obtenir de cette juridiction statuant à bref délai la
mainlevée de 1'opposition et le versement des fonds entre ses mains en contrepaftie d'un
cautionnemcnt ou d'une garantie équivalente au rloment dc la créance objet cle 1'opposition.
Le juge saisi d'une demande cic mainlevée ne peut y faire droit ou la rejeter sans statuer

préalablernent sur l'existence et l'effectivité de la créancesl

5l I-'opposition r.cntl le pr-ix inclisponiblc ct oLivrc lc rlroit clc sureuchère mars ollc ne ctéc p:ts de pr'élërence ar'r profit dtt créancicr
opp0sant.
5r'Àinsi, lejuge des rétérés saisi par le céclant est incompétcnt pour ordonner la rr-rainler"éc en cas de contestation de I'existence
et de I'effcctivité dc la créance.

Novembre 2023 39
Cours : Iionds de commelce Niveau : Master I lMt)
Animateur : Dr Thierno A. NDIOGOU, Maître de Conférences titulaire à 1a FSJP-UCAD

Le vendeur peut également obtenir du créancier opposant la mainlevée amiable de

1'opposition. Mais, dans ce cas, la mainlevée cloit être notifiée par le créancier opposant dans
lcs ctlrrditiorrs de l'opposit iorr.

L'opposition qui, dans lc mois de sa notification, n'cst pas levée amiablement oLI ne
donne pas lieu saisine du juge est nulle de piein droit ct de nul effet. À la requête de tout

intéressé, la juridiction compétente statuant à bref délai constate au besoin cette nullité et

ordonne la mainlevée de l'opposition, sans préjudice de 1'action en dommages-intérêts pour


opposition abusives2. Quid du droit dc surenchère ?

I.e droit de surenchère. -Toul créancier ayant inscrit un privilège ou un nantissement


olr ayant régulièrement fàit opposition, peut former, dans le mois de la publication, une
surenchère du sixième du prix global du fonds de commerce figurant à 1'acte de vente-53.

Lorsque le fonds a fait 1'ob1et d'une vente fbrcée, les créanciers nantis et opposants
béné{lcient du même droit de surenchère, qr-ri doit s'exercer dans le même délai à compter de
l'adjr,rdrcation.

Iln toutcs hypothèses, le surenchérisseur devra consigner, dans le même délai, au GrefTc
dc la juridiction compétencc ou auprès de l'organe compétent de 1'État Pafiie, le montant du
prix augmenté du sixièmesa.
Le cahier des charges, établi antéricurcment à la ventc en justice à la diligence du
surenchérisseur, reproduit intégralement l'acte de cession ayant donné lieu à surenchère et
mcntionne les nantissements antérieurement inscrits ainsi que les oppositions régulièrement
notifiécs à la suite de la publication consécutive à la vente volontaire du fonds, ou au cours de
1a procédure de vente forcée.
Dans les quinze (15)jours francs de la surenchère,le surenchérisseurpublie, à ses frais

avancés, dans un joumal habilité à publier des annonces légales et paraissent dans le lieu où le

vendeur est inscrit au RCCM, un avis comportant l'indication du lieu et de date de la vcnte en

-jr"rstice ainsi quc lcs rnodalités dc ct'»rsultations du cahier des charges.


Passé ce délai, la surenchère cst nullc de plein clroit et les frars en sont définitivement
supportés par le seul surenchérisseur sans préjudice des dommages intérêts éventuellement dus

pour surenchère abusive. Aucune nouvelle opposition ne peut être formée pcndant la procédure

de surenchère55.

5r AUDCG. arr. 162.


5r L,a surcnchèr'e suppose une vente r-nais elle semblc avoir été adrr-rise en cas d'échange (Ciass. cottr.,2l Inars 1960, Bull. lIl,
n" 108). Elle a ccpendant été refusée pour la ccssion cie la location gérance d'un londs de comuerce (Cass. civ., 8 mars 1938.
DH 1938,225).
51
AUDCG, art.163, al 3.
5s
Nous reviendrons la procédure de la vente propretr-rent dite.

Novembre 2023 40
Cours : Fonds de commerce Niveau: Master I IMD
Animateur : Dr Thierno A. NDIOGOU. Maître de Conférenccs titulaire à la FSJP-UCAD

2. Le sort des contrats en cours


L'effct nonlal de Ia cession ctr fonds de commeràe est lc translert cle la propriété à

l'acheteur. Toutefois, une question demeure : que deviennent les contrats liés au fonds de
commerce ? En effet, divers contrats peuvent être attachés au fonds de commerce et en faire
partie intégrante. La cession d'un fonds de commerce n'emporte pas, sauf exception, cession
clcs contrats liés à l'exploitatiot'rs6.

L'exclusion de principe des contrats en cours. - N'étant pas une r.rniversalité de droit,
le fbnds de commerce ne constitue pas une entité autonome. Ainsi, les differents contrats
conclus par le propriétaire-vendeur ne sont pas en principe cornpris dans la vente du fbnds57.
Ce dernier ne peut 1es céder qu'avec le consentement de son cocontractant initial. Avec

lc consentement de son cocor-ltractant, chaque partie peut se substituer à un tiers dans les
rapports dérivant du contrat et non encore exécutés. La cession du lbnds de commerce avec les

contrats en cours n'est donc pas automatiquess.


La cession de contrat est opposable au contractant cédé et luiprofite, seulerttent du jour
oll son consentement a été constaté par écrit. En d'autres termes, pour que 1a cession soit parfaite

ct que le cédant soit libéré dc ses obligations, lc cocontractant cédé doit consentir à la cession.
Dans les rappol-ts du cessionnaire ct du cocontractant cédé, elle produit lcs mêmes effets

que ia cession de créance pour les obligations dont le cédant était créancier. Le contractant cédé

pcut clt particulier opposer toutcs les cxccptions dont il bénéficiait contre le cédant.

Le cessionnairc est placé dans la situation qui était cellc du cédant. Il assume les

obligations de ce dernicr et recueille corrélatrvement ses droits, notamment de résiliation, dc


renouvellement. Sauf convention contraire, i1 n'a pas, cepcndant, à supporter 1cs impayés du
cédant. Le cédant reste tenu du passifexistant aujour de la cession et auquel le ccssionnaire est

étranger.

Dans les rapports du cessionuaire et du cédant au contrat, la garantie due par le cédant
porte sur l'existence du contrat, sa validité et lcs sûretés qui 1'accourpagnent.
L'exclusion des contrats e1l cours dans la cession de fonds de commerce n'est cependant

qu'un principe qui souffre d'exceptions légales.

56'lh. A. NDIOGOU « L'attribution préférentielle d'un fonds de commerce en droit successoral sénégalais », Op. cil.,pp.334
et s.
57
Cass. Com. 13 janvier 2009, n" 07-21.380.
5N
COCC. ArL 244.

llovembre 2023 4t
Cours : Ironds de commercc Niveau:MasterlIMD
Ânimateur : Dr fltierno A. NDIOGOLJ. Maître de Clonlércnces rirulairc à la F'SJp-UCAD

Lu trunsmission exceptionnelle des contruts en cours. - C-'ertains contrats en cours


suivent la cession du fbnds de commerce. Il en est ainsi du contrat de bail à usage professionnel
et du contrat de travailse.

Si le prencur cèdc le bail et la totalité des élénrents permettant l'activité dans les lieux,
la cession s'impose au bailleur60. Lc bailleur qui doit êtrc informé ne peut saisir le;uge pour
s'opposer à la cession qu'en justifiant un motif sérieux et légitime.

Outre le contrat de bail, la cession du fonds de commerce emporte les contrats de travail
en cours. Le contrat de travail est un acte de type privé qui lie juridiquement l'employeur et
l'employé. 11 existe dès lors qu'une personne (le salarié) s'engage à travailler, moyennant
rémunération, poltl' 1e cornptc et sous les ordre s et 1e contrôle d'une autre personne
(l'employeur) dans une entreprise privée"
Ainsi. s'il survicnt une n"rodification dans la situation juriclique de 1'employcur,
I]otamlxent par succession, reprise solls une nouvelle appellation, vente, frision, transformation
de fbnds, mise en société, tous 1es contrats de travail en cours au jour de la modification
subsistent entre lc nour,'cl ernploycur et le personnel cle l'entreprise(,1.

La résiliation de ces contrats de travail ne peut intervenir que dans les formcs et
conditions prévues par le code du travail, commc si la modification dans la situation juridiquc
dc I'err-rploycur n'était pas intervcnue.

'Pour s'entraîner
Exercice I : Commentaire d,arficle
Sujet : Commenter l,article 147 ci-après
<< Lcr c'e.çsiort du
fond.r de c:omnterce obéit aux règles générale.s cle lo vente, sotts ré,sert,e cles
di.sprtslliott't t'i-de.çsotr.ç el des te.rles spéafique.s à I'erercice de cerlaines ac:tit,ités commer.ciales >>.

Erercice 2: Commcntairc d'article


Su.iet : Commenter I'article 149 ci-après :
<< ['a vertte cl'unfoncls de commerce peul être réalisée
soit par acle soLts seing privé, soil par acte
authentique >».
Exercice3:Noteécrite
et: Cession dulbnds de conlmerce et cession de parts sociales ?

seM GUEYE,<<Lenouveauvisageclescontratsencoursdansl'Acter,rnifoiheportantorganisationdesprocédurescollectives
cl'apurenrent du passif >t. Nouvelles Annales A/ricaines, FSJP-UCAD, Vol. 1, no S, ZOtl pp. I 12 et s : « /es r(eports
,

'rr AUI)Cl(i. art. I 18.


r'r Codc du tlavaii.
art. L. 66

Novembre 2023 42
Cours : Fonds de commerce Niveau:MasterlIMD
Animateur : Dr Thierno A. NDIOGOU. Maître de Conférenccs titulairc à 1a FSJP-UCAD

Paragraphe 2 : L'apport en société d'un fonds de commerce


Le fonds de commerce est un bien qui peut être apporté à une société. Il s'agit aiors d'un
apport eu nature. Aux termes de l'articlc 45 AUSDC-GIE, ies apports en nature sont réalisés
par les transferts des droits réels ou personneis correspondant aux biens apportés et par 1a mise

à la disposilion eftèctive de 1a société des biens sur lesqucls portent ces droits. E,n outre, il est

précisé que les apports en nature sont libérés intégralement lors de la constitution de la société.

A L'examen des dispositions des arlicles 46 cI" 47 AUDSC-GiE, il existe deux modalités

de 1'apporl en nature : I'apport en pleine propriété ct 1'apport cn jouissance. En I'espèce, seul


1'apport en plcine propriété sernble êtrc admissible. L'apportclrr en plerne propriété transfère la

propriété du fbnds de commerce à 1a société et le perd définitivement au profit de cel1e-ci62.

En pratiqr.re, cette opération survient fréquemment lorsqu'un entrepreneur individuel


veut poursuivre son activité en créant une entreprise sociétaire. A cette occasion, soit il devient
associé, soit il conserve cette qualité tout en renforçant sa participation dans le capital social

s'il disposait déjà de cctte qualité avant 1'opération d'apport.


Sous le bénéfice de ces précisions, l'accent sera mis sur 1es conditions de validité <ie

l'apporl de fonds de cornmcrcc (B) puis sur ces cffcts (C). Mais auparavant qu'il nous soit
pcnnis de s'attarder un peLl sur la caractérisation de I'opération d'apport de fonds de commerce
(A)
A. La caractérisation de l'opération
L'opération d'apport de fonds de commerce obéit pour 1'essentiel aux règles conccmant
Ia ventc mais aussi à celles de l'apport en nature régi par le droit des sociétés. Dans la mesurc
oir il y a transfert de propriété, lc contrat de vente de fonds de commcrce se rapproche très
lortemcnt de l'apport de cclui-ci à une société. Dans ces deux opérations, les risques encourus
par les créanciers du vendeur ou de l'apporteur sont très importants. Le plus important est la
surévaluation de la valeur du fonds de commerce63.
Toutefois. le rapprochcment entre ces deux opératious n'est point totale. Par cxemple, à

1a clil'fërencc clc la ventc I'apportcllr nc rcçoit lLrcun pltx clr eontt'cpartic. Ici, 1a coutrepartic de

1'apport résic'lc dans 1'attributiou dc droits socirtitx.


Dans la mesure où il y a également apport en nature au profit de la société, les règles

propres à cet apport en fonction de la forme de la société bénéficiaire ont vocation à

"l Il nc pourra pas )c récupércr en cas cle dissoltttion de la société


(,t
De par sa nature. un appoil en nurnéraire ne pcut làire 1'ol1et d'une surér,alualiotr (ALJSC. art. 887-4'). Iln revanche. les
apport.s en nâture peuvenl clonner lieu à une sr.rrévaluation c1ui, d'errblée, làusse l'égalité des associés. Une telle surévaluatiot.t
eniraîne égaletleli une violation du principe de libération intégralc des parts sociales émises en contreparlie des apports. Malgré
l'établissement c]'un rapporl par un commissaire aux comptes, les associés demeurent maîtres de l'évaluation de leurs appoils.
C'est ce qui fait que la sanotion pénale garde toute sor utilité à l'égard des surestimations ffauduleuses.

Novembre 2023 43
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Animateur : Dr Thicrno A. NDIOGOU. Maître de Confércnces titulaire à la FSJP-IICAD

s'appiiquer6a. Par exemple, il appartient aux associés de 1'estimer et cle faire figurer l'estimation

dans les statuts. Si dans les SA les apports cn narurc doivent obligatoirement târre l'objet d'une
évaluation par un commissaire aux apports, tel n'est pas le cas dans les SARL où 1'évaluation
ne devient obligation que lorsque la valeur de chaque apport ou de 1'ensemble des apports en
nature est supérieure à 5.000.0006s.

En réalité, l'estimation semble être complexe étant donné qu'il n'y a pas de procédure

exacte pour cela. À vrai dire. i1 existe cle multiples méthodes d'cstimation f,rnancière et de

nombreux facteurs qui peuvent impacter, à la hausse ou à la baisse, la valeur du fonds à

attribucr. C'est pourquoi, à défaut d'accord entre les parties, l'estir"nation est fàite par cxpefls
choisis par les parties or.r désignés par 1e président dn tribunal de grandc instance66.

Au demeurant, une surévalualion fausse l'égalité des associés et entraîne une violation
du principe de libération rntégrale des parls sociales émises en contrepartie des apports.
L'afiicle 887-4" AUDSC-GIE ne spécifie pas la qualité de la personne, auteur de l'infiaction.
Ce n'est donc pas un délit de fonction. Mais généralen-rent, les apporteurs ou lcs
commissaires arrx apports en sont les auteurs6T. La tentative n'est pas punissable, ce qui signifie
que si tout a été mis en place polrr essayer de faire adoptcr un appofi cn nature surévalué, la

malhonnêteté ne peut être poursuivie sur la base de cc texte. En revanchc, les auteurs de tels
actes pourraient être poursuivis pour tentative d'escroquerie6s.

B. Lcs conditions de validité de I'opération d'apport


S'agissant dcs conclitions dc valrclitô clc I'apport d'nn fbnds dc corrurerce à une société,
ccrtaincs sor-tt colrrruncs à la ccssior.r ct lcs autrcs sont proprcs à I'opération d'apport.
i{elativcment aux conditions communes, elles concernent cssentiellement les onze (11)
mentions obligatoires énoncées par l'article 150 précité,1'obligation de délivrance, 1'obligation

de garantie et les mesures de publicité.

Toutefois, ics règles de publicité clans un JAL n'ont pas vocation à s'appliquer dans
l'hypothèse ot\ I'apport cst réalisé par Lrnc société à l'occasion d'une opération de fusion ou de
scission, lesquelles ont pour effet d'opérer la transmission universelle de son patrimoine à la
société bénéficiaire6e. A l'inverse, certaines règles propres aux sociétés par actions et à la SARL

6r AL-lDSCI-GlE. arr. :19 et 50.


u' AUDSC-GIE, art. 312, 363.
66
L,n matière successorale, CF, Art. 476, a|. 4.
67
L'action publique se prescrit par trois ans à conrpter de la commission de l'inh'action ; le point de départ étant 1e .jour de
I'apport liauduleux, c'est-à-dire lors de I'approbation en assemblée.
6t T.G.l,Paris31"ch,21 octobrel9TT(tnéditetconlrlméenAppel, Bull.nat.Comm.Comptesl978p,60).
61)
AUDSC-GIE,. art. 189 et 190

hlovemhre 2023 44
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doivent s'appliqucr en matièrc d'évaluation : la rédaction d'un rapport par le cotnmissaire aux
apports désigné70.

Dans 1'hypothèse où 1'apporteur du fonds dc commerce présente la qualité d'associé


unique de Ia société bénéficiaire de cct apport, les mentions obligatoires prévues à l'article 150
AUDCG ne peuvent être exigées, ce qui re1ève du bon sens pratique.
Ces infbnnations pourront néanmoins manquer aux lutures associés qui intègreront
ultérieurement la société à I'origine unipersonnelle, Il faudra donc qu'ils les sollicitent pour une
n-reilleure connaissance de 1a société.

C. Les effets de I'opération d'apport

Le législateur OHADA a arnénagé des modalités de protection des créanciers de

l'apporteur du fonds de commerce à travers d'une paft, les prérogatives tendant à préserver
leurs droits et intérêts (voir les règles relatives à la publicité et à l'opposition), et d'autre part.
les garanties de paicment qu'i1 institue en lcur faveur ponr le recouvrelrlent dc lcur créance
(AUPSRVE, iirt. 28 ct s.).

r0 AUDSC-GIE,. arr. i6i. al. 6 : 401

Novembre 2023 45
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SECTION 2 : LA TRANSMISSION PAR CONTRAINTE D,UN FONDS DE


COMMERCE
Pour garantir le recouvrement de sa créauce, la loi permet au créancier de poursuivre la

réalisation forcée de son droit. Il s'agit de procédés d'exécution forcée poftant sur les biens du

débiteur ou d'un tiersTr.


C'est dire alors que 1es créanciers du commerçant défai1lant peuvent exercer la saisie du

loncls dc commcrce (dc tout ou partie '?) et en 1àire ordonner la vente judrciaire pour obtenir le

prir cle ce qui est dû. Mais en dehors de la licl.ridation des bicns, cette procédure est rarement
utilisée.
Dès lors, une question se pose : le fonds de commerce dans son ensemble, peut-il faire

I'objet d'une saisie-vente ? Aujourd'hui, 1a réponse à cette préoccupation majeure semble êtrc

chose aisée et ce, à la suite de la révision de l'Acte unifbrme portant organisation des procédures
sirnplifrées de recouvremcnt et des voies d'cxécution (AUPSRVE)72, interuenue le 17 octobre
2023 lors de la 56è"" session Conseil des ministres de I'OHADA.
Cet Acte uniforme, ne modifie pas la structure de base de l'AUPRSVE et conserve dans

un texte unique lcs procédures de recouvrement des créanccs ainsi que les procédures

cl'crécution. Par ailler-rrs. il a introclurt dcs rrodifrcations cians l'attcien tcxtc ailn dc clarifier
certaincs ir-rccrtitucies sur-1e scns ct la portéc cle ccrtztiucs règlcs. notalrtncnt,l'intrnduction de
la saisie du.fonds de contmerce (Article 245-l à 245-34.).
Ainsi, la procédure prévue (paragraphe 1) peut déboucher sur la vente du fonds de

commerce (paragraphe 2).

Paragraphe I : La procédure dc saisie d'un lbnds de commcrce


Le commandement. La saisie qui porte sur fonds de commerce
« les éléments du

énumérés à I'article 136 de l'Acte uniforme portant sur le droit commercial général et, s'ils

existent, sur ceux qui .sonl vi,té.ç à I'article 137 du même acte unifornle >>, est précédée d'un

commanclement cle paycr, signifié au clébitcur. au troins huit.jours avant la saisic.

À pcinc cle nullité, 1c contnran<-lcntcnt contient cl'utrc pat't. urcutiotr clu titre exécutoire

cn vertu ducluel les poursuites sont exercécs avcc le décomple distinct des sommes réclamées

7l L'AUPSRVE établit des règles qui diflèrent selon la flnalité de la saisie. Certaines saisies ne sont efièctuées par le créancicr
quc pourprévenir le non-paiement dc la de11c ct ses conséquenccs. Elles stint 1àites à titre conservatoire. D'autres saisies visent
lu .,"nte àe bicns pour permettre au créancier cic se clésintéresscr sLIr le plix. Ce sonl lcs s:tisics-ventcs. Il arriVc aussi
que le
créanoicr se fàssc attribuer ou cécler unc oréance appartcnant au clébtteur par )'elfet dc lir saisic, otl pat-lc de saisic de créances.
Enfin, lo.sque le sarsissalt poursuit la remisc ou la rcstrtution d'un bicn meublc corporel, la qualilication rctentle est la saisic-
appréhension.
'r JO OHADA n" 6, du 1"' jr-rin 1998, pp. I et s.

Novembre 2023 46
Cours : Fonds de commercs Niveau : Master 1 IMI)
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cn princrpal, Iiais ct intérôts échus ainsi quc de I'indication du taux des intérêts et d'autre pafi,

sommation cl'avoir à payer la dettc dans un délai <ic huit jours, fàr.rte dc quoi il sera procédé à

la vente forcée de son fonds de commel'ce.

En outre, le commandement contenant élection de domicile, jusqu'à la fin de la

poursuite, doit être signifié à personne ou à domicile. I1 ne peut être signilié à domicile élu. I1

peut être délivré dans l'acte de signification dr.r titre exécutoire'

Signification du commandement. À l'expiration d'un délai de huit jours à compter du


commandement de payer resté infructueux, l'huissier de justice ou l'autorité chargée de
l'exécution signifie au débiteur un acte de saisie comportant à peine de nullité les 12 mentions
exigées par 1'arlicle 245-6 AUPSRVE révisé.

Opérations clc saisic. Dès la signif ication de 1'actc de saisrc, l'huissrer de justice ou
l'autorité cl,argéc dc 1'cxécutron saisit lc présiclcnt ilc la jLrricliction compétentc cn nlatière
commerciale du lieu où le fbnds de commerce est exploité d'unc requête aux fins de désignation
d'un séquestre chargé de recevoir et de conseryer les fonds provenant des opérations.
Le président ou le juge délégué par lui statue à bref dé1ai et la décision rendue est
signifiéc sans délai ar.r débiteur par 1'huissier de justicc ou I'autorité chargéc de I'cxécution.

Clettc décision est susceptible d'appel dans un délai de quinzc jours à compter de son

prononcé. Lc'appel n'a pas un caractère suspcnsif. La juridiction saisie de l'appel statue dans
le délai d'un mois à compter de 1'acte d'appel.
Lorsque le fonds est exploité en exécution d'un contrat de location-gérance, l'acte de
saisjc ainsi quc la décision sont signrfiés au locatairc-gérant. A pcine de nullité, 1'acte de

signification est accolrpagné dcs copics clc l'acte clc saisic, ct clr-r titrc cxécutoirc ct cotittcnt,
sous la même sanction, la mention dc l'acte de saisie, I'avcrtissemcnt qu'à compter de la
signihcation, les redevances, qui ne peuvent pius être payées au propriétaire, sont consignées
entre les mains du séquestre désigné dans la décision rendue par le président de la juridiction

ou par le juge délégLré par luri en application ct les notl. préuoms ct clomicilc du séquestre.
À compter dc la signification de l'acte cle saisic, lc lcrncls de coutnercc clcviettt

indisponibleT3.

S'il est exploité en exécution d'un contrat de location-gérance, le locataire-gérant ne

pourra plus se libérer, entre les mains du propriétaire, des redevances échues qui devront
clésomrais être versées au séquestrc désrgné. Toutefois, le débrtcllr ou le locataire gérant

73
Le débiteur ne peut plus ni I'aliéner, ni le grever de droits ou de charges. ll ne peut non plus aliéner nigrever
de droits ou de charges les éléments qui le composent,

Novembre 2023 47
conrmerce
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poursr,rit l'exploitation du fonds de commerce, sauf décision du président de la juridiction ou

du juge délégué par lui.

Paragraphc2:La vente du fonds de commerce


I-'ob.jcctif rechcrché c'cs1 1a vcnlc arliable ou I'orcée du lbnds de couurcrce saisi. Cette

vente est préparée à travers un cnsemblc de procédures, de formalités. C'est la parlie 1a plus

délicate. Elle comprend plusieurs étapes toutes importantes : la rédaction et le dépôt du cahier
des charges ; la sommation de prendre communication du cahier des charges ; l'audience
éventuelle aux lins de trancher les contestations et de purger les nul1ités ; 1a publicité en vue de
la ventc.

Lorsque toutes les lormalités préparatoires en vue de la vente sont régulièrement


accomplies, alors la juridiction saisie procède à la vente du fonds de commerce suivant une
procédure particulière. Cette vente peut se réaliser par I'adjudication ou alors par la surenchère.

Notcs. L.n ciroit Irançais. la procérlLrrc clc vcntc elobalc l.lcr,rt intcn'cnrr clans cli l'férents cas
;

. à la rcquôtc d'ur.t c-réancier inscrit sLrr lc loncl (articlc l-. 143--5 clu codc de coutmcrcc) ;
. à la rcquête d'un créancier dont la créance rattachéc à 1'explortatron du fonds (artrclc L.113-
8 du code de commerce) ;
. à la requête d'un créancier inscrit pour procéder à la vente de tous les éléments du fonds
(article L. 143-10 du code de commerce).
Iln dehors du cas de la vente globale du fbnds de commerce, 1'article L. 1rl3-3 du code de commerce
prévoit qu'un créancicr peut derranclcr la vente clu lbncls dc cot.nurerce du saisi également avcc le
rratéricl e1 les marchandises clui en dépcudcnt, cet arliclc s'applique égalentcnt au débiter.rr qtri nc
parvicnt pas à s'acquitter de scs dcttcs.
Le créancier ou le débiteur doit effectuer cette demande devant le tribunal de commerce dans le ressort
duquel est exploité le fonds de commerce.

Novembre 2023 48
Cours : Irouds dc cot.utncrcc Niveau :Master 1 IMD
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CHAPITRE 2 :
D'AUTRES OPERATIONS SUR LE FONDS DE COMMERCE
Plusieurs opérations peuvent pofter sur le fonds de comtrerce. L'on peut citer la

location-gérancc d'un I'onds de comlnerce, lc nantissement d'un lbnds de commerce, le crédit-

bail et I'usufiuit. l)ans le cadre de ce cours, seuls location-gérance (Section l) et le nantissement


(Section 2) seront étudiés.
SECTION 1 : LA LOCATION-GERANCE D,UN FONDS DE COMMERCE
I1 résulte rcspectivement dcs dispositrons de 1'ar1icle 138, al. l* AUDCG'. «Le.fonds
tle c,orrrnter'(:e pet,tt ê1t'e erytloiltl tlirer.'l.t:ntL:nl tLtu etr axit'tttion tl'utt c:ttntrat de locution-
gérance ». Il irnportc tor-rtcfbis de préciscr qLre l'cxploitatron peLlt être farnilialc, confiée à un
tiers ou gérantman<lataire7s, ou au sein d'un magasin coliectif de commerçants indépendants76.

Mais, ici, seule 1'exploitation en exécution d'un contrat de location-gérance, encore appelé
location-libre, retiendra notre attcntion.
Notcs que l'exploitzrtion directc du fonds dc commcrce. l-'cxploilation dirccte du toncls c'lc
colrurercc relève de son propnétaire. Ainsi, ce dcrnier I'exploite soit sous lbrmc d'entreprise
individuellc soit dans le cadre d'une société commerciale (AUDCG, ar1. 138, al.2)11 .

L'exploitation directe par le commerçant personne physique. - Le commerçant ou l'entreprenant


peut constituer son fonds de commerce. A cet effet, le fonds est créé s'il appartient au commerçant
d'installer le commerce avec la conjugaison, au moins, des éléments nécessaires à sa qualification.
Aussi, il a la possibilité d'acquérir son fonds de commerce. L'acquisition du fonds peut être à titre
onér'cux ou à titre glatuit. lrgalemcnl. lc loncls pcut ôtle tt'anstnis par décès78.
Par ailleurs, le fonds de cornrncrcc peut avoir un propriétairc dc faitTe. I:n ce sens, voir CCJA
arrôt r-ro l6 dLr 25 Mars 2010E0. I)ar-rs ccltc allaire, la Cor-rr considère c1r"rc « /r: /i/s, an se contporlattl
comme le véritable propriétaire pend.ant 07 an.s, aJctit crctire légitiment qu'il agi,s.saiî en.\on nom eî
pour sotl propre contpte, dans la nTeslo'e où il possédait tous les cachets, qu'il sigttait lui-même les
bons de commande et les reconnaissances de dette ; que ce/'aisceau cl'indices permet cle déduire qu'il
y a eu trans.fert, durant 07 ans, de la gestion dufonds du père (décédé) aufils ; que c'est à bon droit
les iu.ses ont désisné Issa NYADA comtne le débiteur »;. Le iétaire de fait dévient un

,çociété comrnerci ale >>.

'5 Agissant au nolt1 et pour le compte du corrmel'çal1t, cc dernier ne sera qu'un mandataire. Cepcndant, si ses conditions cle
travail attestent de I'existence d'un lien de subordination, il sera considéré comme salarié.
7" Regroupe au sein d'une ntôme enceinte et sous une même dénomination, un certa'in nombre d'artisan ou de commerçant

souhaitant exploiter, selon des règles communes, leur fonds de comnterce ou leur entreprise, tout en conservant la propriété de
leur fbnds. Voir Code du cotnmerce frarçais. Al1. 125-l et s.
7r Propriété ciu courmcrçant, le fbnds de commerce, nrôme s'il bénéficie d'unc cerlaine autonontie, n'est pas un patritttoine
cl'afïictation. l-e patrinroir.rc d'allèctation, peut se détinir conrne un ensetnblc alrtoltotre de bicns ordonnés à l'exercicc d'une
activité éconor-nique détomrinée, dont la coustitution cnlporte mocliflcation du régrme des bicns apportés. Mên-re si l'idée de
fonds dc colrrnerce univcrsalité jnridique a été défènduc par certarns, les argutnents ne résistcnt pas à la critiquc clr"r làit de
l'Llnrcité du patnmoine dans notre systèrr-re.junclique. Le tbnds de commerce n'est pas un prtrilttoitrc cortrposé d'actil ct de
passif. Ainsi, les biens « al'tcctés » au londs n'échappent pas t\ la poursuite des ct'éanciet's, I-'etttrcprise indiviclucllc pourrait
êtrc qua1ifé d'entreprisc « zi resçronsabilité illimitée » en oela que le corlurerçant y contraote clcs dettes satts pouvoirs restreitrdre
1c gagc de ses créanciers à urrc assiettc inlërieure à l'intégralité de son patrimoine.'l'out de mêmc, le fonds dc comtnerce pcut
être appréhendé cor1ure universalité de fait. En d'autrcs tcrrnes, unc entilé à part, ayant une nature propre, indépendante des
élénrcnls qui la cornposent. C'cs1 ce qui scmble autorisé les opérations poftant sur l'ensetnble du fonds.
ls Yoir supra; Th. A. NDIOGOU « L'attribr,rtron préfér'enticlle ci'un I'onds de commsrcc en clroil successoral sénégalais », Op.
rlt.,pp.3l6ets.
te
Un tàisceau d'indice peut pel'mettrc de déduirc c1u'il y eu trauslèt1 de la propriété cl'urt lbnds.
30
CCJA. 1è," ch., arrôt no 16 du 25 Mars 2010, note Ivloussa SÀMB, Rev, EIiSLJMA. n'Spéc., Nov-dé0.201I. p. 148.

Novemhre 2023 49
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cotxnterçant de fait exploitanl le fonds en son nour ct pour coû1pte personnel et est donc
pelsonucllctrenl et crclusivcmct.tt responsablc clcs dcltcs de ce loncls.
L'crploitation clirccte dans le caclrc cl'une société commerciale. - Lc lbncls de col.ltmcrce peut être
clc la propnété d'utre société (cirite olr colnrrcrcialc) soit parce c1r.t'ellc I'a dtrectctncnt créée, soit
parce qu'elle 1'a acheté, soit enfin parce qu'un des associés en a Iàit apport à la personne morale.
Dans ce cas, ce sont les mandataires sociaux qui assurent l'exploitation dr,r fonds en agissant au nom
et pour le de la société.

Paragraphe 1 : Généralités sur le contrat de location-gérance d'un fonds de commerce


Diversité des textes applicable.ll existe une réglemelttation spécifique du contrat de
location-gérance ponant sur le fonds de corrrmerce, à quoi il làut ajouter des règles spécifiques,

à condition qu'elles s'avèrent compatibles avec les textes de I'OHADASI, L'on pense

notamment aux dispositions inscrites dans le COCC relatives au louage, ou encore de la Loi
n"2012-02 sur 1e crédrt-bai182.

Définition. Alx tcrtles cle 1'article 138. al. 3 AIIDCGET :

« l-a location-géranec cst ilrtc' L:un\'ç'tllLott pttt locluelle le propriétaire


du J'oncls de commet'c:e, perrionne physique ott rttorale, en concècle la
location, en qualité de bailleur, à ttne personne physique ou morale,
locataire-gérant, qui I'exploite à ses risques et périls (...) t'0.
Ainsi définie, contrat de location-gérance du fonds de commerce soulève quelques
le
particularités85.

A. Iiconomic du contrat
La location-gérance se préscnte comme l'une des techniques juridiqucs petmettant de
dissocier propriété et exploitation d'un fonds de commerce. Au risque de schématiser un peu,
on pounait dire quc le contrat permettra le plus souvent d'aménager des situations qui sont soit

temporaires86, soit transitoiressT.

B. C)riginalités du contrat
Le contrat dc location-gérance présente certaincs originalités. lrn cffet, une association
ne pcut recourir à un contrat dc location-géranceS8. Aussi, la location gérance ne s'analyse pas

corrme une sous-location immobilière ; cn d'autres mots, la location-gérance n'est pas une
sor-rs-iocation de f imtleuble tlais la location d'un meuble incorporclse.

8r Traité dc 1'OHADA, art. 10.


82
JO n'6663 du 12ntai2012.
8r Son petrdant en droit fiançais, C. cot.t.t., art. 144-1 .

sr Cass,corn.,3 cléccmbre 1991, Bull. civ. IV, n0 373 : L'appod cn.iouissance d'ur.r londs de contmerce à unc société, rén-runéré
par un loyer consistant en l'attribution d'un rlroit tl'associé. n'est pas un contrat c1e localion gérance.
i, A DIILF'OSSI:,, « La location-gérance, une tsohnique cle transrnission d'cs entreprises », Dr. et P;rtr., mars 1994,p.20.
sd
l,e propriétaire ne peut I'exploiter pour des raisons de tài1 (vrerllesse, maladie) ou de droit (incapacité, intcrdiction).
Qu;nd un commerçaltt pense, à terme, céder son fbnds, la location-gérance se révèle ait.tsi une étape utile,
87 parf'ois nécessaire
pour aménager une transition en douccur au repreneur.
88
Con-r. 19-lanvicr 1988, pourvoi n" 85-18443.
se Cass. con.r.. 9 Mars I953. Il. 1953. 321.

lÿovembre 2023 50
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Animateur : Dr Thiemo A. NDIOGOII. Maître de Conférences titulaire à la FSJP-UCAD

lln outrc, lorsqu'une location-gérancc clissiurule t'audr,rlcLrscntent ultc ccssion du fbnds,

la nullité prévue ne fiappe pas toute I'opération, rnais touche seulemeut la contre-lettre (la vente

occulte)eo, préservant alors 1'effîcacité de la location-géranceel.

Au surplus, I'apport en jouissance d'un fbnds de commerce ne saurait imposer à la


société I'obligation d'exploiter 1e fbndse2"

l}illn. lcs arliclcs 559 ct 56,1 Cl(Xl('rclatil.s à l'inccnciic ou:\ la tlcstruction clc la chosc

louée ne s'appliqucnt pas à la location-gérancc d'un londs de commercee3.

C. Nature juridique du contrat


La location-gérance s'analyse comme la location d'un bien meuble incorporelea en ce
sens qlle 1a location-gérance. bien que la joriissance du fonds impliqr.re nécessairement mise à

disposition du local <1'exploitation, ne s'analysc pas comme uuc sor.rs-location immobilièrc"s


Toutefbis, r1 importe de reconnaître qu'il s'agit d'unc lbnle spécifique de louage de

chosee6/e7. La doctrine s'accorde pour penser que la location-gérance n'est pas une location
proprement dite. Deux éléments peuvent être mis en avant à cet effetes :

. d'tme parl I'exislence cte t'obtigatirtn clu loueur aux clettes contmerciales cht

lttr'
8at'attlee
"
o d'autre part, le.fait que le locatttire contracle nécessuit'entent (à raison même cle lu
convention conclue) l' obligation d' exploiter le.fonds.
Contrat dc louage atypiquc porlant sur un fbnds de commerce et conclu avec un
cocontractant qui va agir à ses risques et périls, la location-gérance du fbnds doit être

impérativement distinguée de certaines conventions telles quc la cessiot't du londs10l, le bail


professionnel, la sous-location102 (dont l'objet est 1e local commercial ou professionnel). Sous

e0
ALTDCC, art. 158.
er Com. I I mai 1984. Bull. oiv., IV, n'155.
"'Com. 3 déc. 1991, Bull. civ.. IV, n'373.
er En droit français, voir Com. 16 juillet 1980, Bull. civ.. IV, n"29'1.
ea
Com.9 rnars 1953, D. 1953, Jur., p.323.
es
Conr. l6 levrier 1993, RTD com.1993,285, no 3, Obs. J. DERRUPPE
e('I{emise en cause de la position de l{rpert qui contestait la possibilité môme du louage d'un meuble iltcotporel ou d'un
rronopole d'exploitation, celui-ci ne pouvant donner licu qu'à concessiou d'une liccncc (G. RIPER'|, D. 1 950, p.312),
'r COCC. Art. 544 : Codc civil liançais, Arr. 1709
"s L'on pourrait pcnscr t\ la reclo,ance (ia stipulation d'un loyer) ; elle ne paraît pas néccssaire à l'existencc d'un contrat de
location-gérance d'apr'ès 1a jurisprudcncc liançais (Cass. Corr. 2J mat's 1999, Brrll. clr'. IV. n' 11 ou JCP.E 1999, p.0 1539,
notc L. I-EVENI'.UI{).
ee
AUDCG, Art. 145 ; Cocie clr,r cornnrerce fiançais, Arr. 144-7.
r00
CA Abidjan, arrêt r.ro 2(r3 du 25 févricr 2005, .Iuriscop.org ou .luris-OIltlD.'1, n'4,2006, p. 34.
r0l La location gérance d'un 1'onds dc commerce, suivie à peu de distance de la cession de la plus grande partie du matériel à la

société locataire, clissimule une vente de lbnds dès lors que le vendeul ri'était plus er1 nrcsure de reprendre personuelletlent
1'exploitation à 1'expiration de la location gérance, les éléments essentiels et les plus itnportants du fonds ayant été transférés
6u patrimoine du propriétaile dans celui de 1'entreprisc locataire à clui étaient donnés les rnoyens d'acquérir la clientèle (Cass.
i
com., novembre 1983, Dr. fisc. 1984. n'26).
l0l Cependant, il y aura requaliiication du contrat de location gérance en sous location pour le contrat permetlant de changer
cl'cnseigle et ainsi cle s'adresser t\ urre autrc clicntèle, alors que la liquidation dr-r stock révélait la volonté dr'r locataire gérant

Novembre 2023 51
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Animatcur : Dr'l'hierno A. NI)l(XiOL,t. Maitrc cle (bnltrcrrccs titulailc li la FSJP-LJCAI)

réserve de ces parlicularités, I'AUDCG ne prévoit pas de lbnnalités particulières comme


condition de validité du contrat de location-gérance. Autrement dit, il reste un contrat

consensuel. Néanrnoins, ce contrat interpelle par rapport aux parties et à leurs obligations.

Pour s'entraîner
Exercice : Commentaire de texte
Sujet : Commcnter l'article la décision suivante : Cour de cassation, Chambre commerciale du
l9 janvier 1988, pourvoi n' 85-18443
Sur le moyen unique, pris en ses première et troisième branches :

Vu les articles 4 et 1 1 de la loi du 20 mars 1956,


Attcndr,r qlre pour déclarer valable lc contrat <1u 8 juillet 1982 par lequel I'association dite
Foyer Léo Y... (l'association) a donné en location-gérancc à M. X... un bar-restaurant irnplanté dans
les locaur oir s'exerçaient les activités culturclles, dc sporls c1 de Llisirs dont I'organisation constituc
son objcl social, I'arrôt inlln-r-rati1- attaqué rctient c1r.rc, bicn cluc n'étartt prts irtsetite aLr lcgistre dr.r
conrmerce, I'associatior.r cxploitait depuis 1947 ce bar-restaurant dont elle était propriétaire, qu'elle
achetait des marchandises pour 1es revendre, grâce à un personnel adéquat, à des consommateurs qr.ri
étaient ou non ses rnembrcs, que la réalisation de ces actes de commerce constituait un point important
de ses recettes et que M. X... avait signé la convention litigieuse en toute connaissance de cause ;
Attendu qu'en se détenlinant ainsi alors que I'article 4 de 1a loi dr"r 20 rnars 1956 interdit la
concession d'unc location-gérance allx personues moralcs qui nc justifient pas avoir été coumerçants
ou arlisans pendant sept années et avojr. cxploité pcndant cleux annécs au moius lc londs ou
l'établissement artisanal mis en gérance et alors qLre la nullité instituéc par l'articlc 1 1 de laclite loi cst
d'ordrc public, la conr d'appe1, qui a relevé que l'association était régie par la loi du ler juillet 1901,
n'a pas tiré les conséquences légales s'attachant à cette constatation en ce qui concernait les droits
rcr cndiqués par laditc association :
PAR CES MOTIFS, et sans qu'ily ait lieu de statuer sur la deuxième branche ;
CASSE ET AIINULE, 1'arrêt rcndr.r le 5 septembre 1985, entre 1es parlies, par 1a cour d'appel
de Montpellter ; remet, cn conséquence, la cause et les partics dans ['état où clle s se trouvaient avant
ledit anêt e être fait droit. les renvoic dcvant la cour dc Toulouse.

Paragraphe 2 : Obligations liées au contrat de location-gérance d'un fonds de commerce


Le contrat dc location-gérance génère des obligations spécifiqucs pour chacune des

partics.

A. Les obligations des parties au contrat de location-gérance


Comme dans une location, ce contrat met en relation un bailleur (loueur) et un locataire
(locataire-gérant).

Le bailleur. - Propriétaire du fonds dc commerce, le loucur est un commerçant ou une


société commerciale. Cepcndant, l'entreprenant même s'il a la possibilité d'exploiter
personnellement un fonds de commcrce, ne peut pas le donner cn location gérance103. De même,

celui qui concède la location gérance ne doit pas être frappé d'interdiction oLI de déchéance.
Utre telle mesure est compréhensible . L'interdiction étant une sanction. il serait incohérent de

s'inscrivail pas dans son pro.jct et qr.rc le Irorltalll dcs loycrs se conocvait dans
clc liclurder un stock clur ne 1a perspective dc ia
cession ultérieule du lbnds cle commerce (Ciass. 3'civ., 26 juin 2007, JCP Il 2007, 2i90, note Blar'rlt).
ror AUDCG, Art. 138, al.3 in./ine.

Novembre 2023 52
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permettre à la personne qui est frappée de pouvoir en tirer un profit quelconque. Or, il en serait

lc cas si on lui pemrettait de pouvoir mettre son fonds en loôation gérancc.


Le locutuire gérant. - [-e prcncur est urle pcrsonlle physrqr.r.' ou rtllc persollne tnorale.
Ne pouvant pas êtrc baillcur, I'entrcprcnant nc peut non plr-rs êtrc locatairc-gérant; iI ne pcut

être partie à un contrat de location gérancel0a. En revanche, ricn n'exige du futur locataire
d'avoir la qualité cle commerçantl0s. L'essentiel est pour lui d'être apte à pouvoir être

commerçant puisquc 1e locatairc-gérant à la qualité de commerçant, C'est donc 1e statut de


locatairc-gérant qui accorcle la qualité dc con-irncrçantl06. A cc titre, il doit se confonner aLIx

clispositions des articles 6 à 12 AUDCG et celles réglementant l'immatriculation au RCCMr07.


1. Les obligations du bailleur
L'obligation essentielle du loueur est évidemment de pemettre au locataire-gérant
d'exploiter lc fonds de cornmerce. Il doit donc mettre à la disposition de son contractant
l'cnsernble des éléments constitutilÈ du fbnds loué.
Ensuite, le bailleur doit assurer à son contractant la paisible jouissance du fonds. en le
garantissant contlc lcs évictions dont i1pàurrait être victin-rc108. I-. bailleur ne garantit toutefbis

pas lcs troubles dc fait subis par lc locataire, lorsque I'auteur des troubles est un tiers clui nc
prétcnd à aucun droit sur la chose louél0e '. par exemple en cas de vol ou en cas de trouble
résultant de l'installal.ictn d'tut cortcurre nt t) proxintité duJ'oncls loué.
En revanche, lorsclue lc locataire est troublé dans sa jouissance par suitc d'une action

conccrnant la propriété du fonds, la garantie est due . Si 1'éviction n'est que partielle c'est-à-dire
luc concerne qu'un élément du fonds, le locataire pourra demander une diminution
proportionnelle de la redevance, à condition d'avoir dénoncé le trouble au loucur.
Lorsque 1'éviction est totale olr lorsqu'elle pofic sur un é1ément essentiel à

I'exploitation, Ie locataire-gérant peut demander la résolution du contrat en application de


1'article 293 COCC.
t-'AtlDCG cxigc égalcnrcnt du bailleur unc ccrtaine duréc dans 1'exploitation. La

personrlc physrqr,rc ou nroralc clni concèdc une locatiou gérancc doit avoir exploité le fonds rnis

en location gérance au moins pendant deux (02) ans en qualité de commerçantll0.

r(u ALIDCG, Art. 138. al.3 in linc. .l996,


l,r5 La conclusion d'Lur contrat ile locarion-gértince ne conlère pas au loueur la qualité cle cotttmerçatrt (Corr. 20 tév. tsull.
civ.. IV, n"29,1).
r16 An. 139. al. l.
ror ^UD('G, Aft. 139, al. 2.
AUDCG,
ro" COC( art. 287 et s.. 551
, ,

roe
cocc, afi.289,290.
110
AIIDCG. art. 141

l,lovembre 2023 53
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Ce délai peut cependant êtrc rôdurt par la jr"rridiction con'rpétcnte, sans pouvoir être
inférieur à un (01) an, lorsque la persounc physiquc ou moralc -iustilie qu'elle a été dans
r 1.
I'irnpossibilité d'exploiter son fonds personnellement ou par l'intermédiaire de ses préposés1
L'utilisation de l'adverbe << notamment >>pàr 1'article 142 AUDCG fait supposer que ce

n'est pas la seule cause pouvant iustifier une réduction de la durée. Dès lors, une compétence
d'appréciation semble ôtre laissée au jtrgerr2.
Pour terminer, dans 1c cadre d'une location gérancc, le batlleur est tenu de faire modifrer

à ses frais son inscription au RCCM par la mention de la mise cn location gérance du fbndslr3.

2. Les obligations du preneur


Sirnple locataire du fbnds, le locataire-gérant ne saurait évidemment ni céder ce fbnds,
nimême consentir un nantissemcnt sur cclr"ri-ci. 11 va sans dire quc la première des obligations

pesant sur lui c'est d'exploiter le fonds de cotnmercc.

Au-delà, d'autres obligations lui incombent. Le locataire gérant exploite le fonds


librement, mais à ses risques et périls. Il perçoit donc les bénéfices de 1'exploitation et supporte,
le cas échéant, les perles. I1 s'agit d'une àpplication parliculière du droit commun du louage qui

prcscrit au locataire d'user la chose louéc « en bon père de.famille >>tta.

De surcroît, le locatairc-gérant à l'obligation de payer des loyers au bailleur. Ce loyer


se compose de dcux éléments obligatoilement détenninés de façon sépar'ée dans le contrat de

location gérancc. Il y a d'une part la redevance due pour la jouissance des locaux et, d'autrc
lls.
part, cellc pour la jouissancc cics éléments corporcls ct incorporcls clu fbnds de commerce
Par rapport aux échéances, elles peuvent ôtrc fixées au mômc moment. À noter toutefois

qu'en accord avec le bailleur, le locataire-gérant peut êtrc dispensé dc lr"ri assurer directement,
à chaque échéance, le paiement du loyer dû à la rémunération de la jouissance des locaux.
Au surplus, en sa qualité de cornmerçant du fait de son statut de locataire-gérant. le
prcncllr supportc toutes les obligations dcs colnmcrÇants. Il se doit ainsi de se conformer aux
r6.
clisposrtions régletnentant f immatricuiation du RCCVIl

rrr AUI)CG. art. 142.


llr L,n droit lrançais, il a été retenu que l'exploitation par un gérant, ou'un directeur technique ou comurercial est suffisante
pour fonder une explication personnelle : Cass. com., 22 mai 1910, r.1970, 530.
rr3 AUncG, aft. 139, al. 4.
rr'1
COCC, art.501 COCC;AUDCG, aft.81
rr5 AUDCG, art. 138, aI.5.
116
ALTDCG. art. 139, al. l.

ltrovembre 2023 54
Cours : Fonds dc cotlmcrce Niveau:MasterlIMD
Ânimateur : I)r Thiemo A. NDIOGOU. Maître cie Conférer-rces titulairc à 1a FSJP-UCAD

Le locataire-gôrant, selon l'arlicle 140 AIJDCG, est tcnu d'indiquer en tête de ses bons
cle commande, làctures et autres clocuments à caractère financier ou comlllercial, avec son

numéro d'immatriculation au RCCM, sa qualité de locataire gétantdu fonds117.


L'irrespect d'une telle obligation est sanctionné par la loipénale nationale. Au Sénégal,
il sufflt de se référer z\ I'article 10 de la loi 2018-13 du 27 avril2018r18 qr.ii prévoit une peine
ci'amende cle 250.000 à 1.000.000 lrancs CFArre.

Enfin, le locataire-gérant doit payer les liais pour 1a publicité dans un journal d'annonce s

légales du contrat de location gérance même s'il n'en est pas l'auteurl20'

En pl1s des obligations spécifiques pour chacune des parlies, la partie la plus diligente

est tenue d'une obhgation de publicité.

B. L'obligation de publicité du contrat de location-gérance


Lc contrat dc location-gérance doit ôtre publié, par la parlic la plus diligente. sous fbnne

cl'extrait dans un journal habilité à publrcr lcs annonccs légales ct paraissant dans le lieu où le
lbnds dc cornrrrercc est inscnt au I{CCM. Ccttc fonnalité payéc par le locataire-gérant est faite

dans les quinze (15)jours suirant la date de conclnsion du contrat.

L'cxpiration du terme prévu ou anticipé du contrat de location-gérance donne lieu aux


mêmes mesurcs de publicité et toujours aux frais du locataire-gérant. La publicité de ce contrat

produit un certain nombrc d'intérêts.


Pour 1e baillcur, il est jusqu'à l'accornplissemcnt de la fonnalité, solidairement

responsable des dettes du locataire-gérant nées de l'exploitation du fonds de commerce donné

en location- gérancelzl 1t22.

Les proprcs créanciers du bailleur sc trouvent aussi intéressés par 1a publicité. En effet,

lcs dettcs cû-r baillcur nécs de l'cxploitation du (bnds, pcuvent ôtrc déclarécs irnrnédiatement
exigiblcs par la juricliction compétcntc si clle e stinrc clue la location-gérance tnet en péril leLrr
recollvrementl23. L'action est introduite par tout intéressé, à peine de forclusion, dans le délai

rrisrrlle rccoursexcessil'ar.rxincriminationspénalesOHADApourlàutcsd'omtssion,voir'l-.A.NDIOGOU, Laresponsabilité


OllADA,I-hèse. I"SJI'-tJCAD.20l6, pp.44 ct s
penoLe de.s dirigenttts tle sor:iétés r:onrnLert:iult:.v tlurt.s /'esput:e
rl8 Cette ioi a modifié oelle n'98-21 du 26 ntars 1998 portant snr lcs siurctions pérralcs applicablcs altx itlfiactiorrs ct)ntcnues
clans l'Acte Unitbrrre relatrf au Droit des Sociétés Conrmcrciales et du Croupetncnt tl'ltttérôt Economique JORS n" 5798 du
25 avril 1998, p.303 et s.
rre Loi 2018-13 du 27 avrit 2018 relative à larépression des inlractions prévues par les actes uniformes adoptées en application

cln Traité relatif à I'OHADA, JOÀ§, n'spéc., no 7090 du 27avrll2018, pp.492l et s.


r20 ÀUDCG, Ar1. 139, a1. 3.
r2r AUDCG. ar1. 145.
l:r Le principe es1 celui cl'une application restrictive de la responsabilité du bailleur pour dettes du gérant (Cass. com., l6
(lcttùs dont doit réponclre le bailleur cioiVcnt ôtrc corltractée par le locataire
.ianVier 1985" JCp G 1985,11r. p. tZtl) Ainsi. les

n l1).
rI Atll)CG. art. 144, al. 1.

llovembre 2023 55
Cours : Ironds de conurercs Niveau : Master 1 IMI)
Animateur : Dr Thicrno A. NDIOGOU, Maître cle Conférenccs titulairc à la FSJP-UCAD

de trois (03) mois à compter de la date de publication du contratr24. L'expiration du contrat de

location gérance à son terme normal ou anticipé rend immédiatement exigible les dettes
contractées par le locataire gérant du fonds pendant la gérancel2-'.

Pour s'entraîner
qui n'cst qu'un
Question 1 : Est-il exact d'affirmer quc le locataire-gérant d'un fonds de comlrlercc,
banal locataire, n'aurait pas, à ce titre, la qualité de commerçant ?

Question 1 : Le locataire-gérant cl'un fbnds dc cotrunercc est-il tenu de plen droit à l'égard du
bailleur, à 1'extinction du contrat. d'nne obligation de non-concurrcnce '/

Sujet de dissertation : Les efïets du contrat dc location-gérance à l'égard des tiers.

t de dissertation : Le sort des contrats liés à 1'exploitation du fonds de cotnmerce.

1r4
AUDCG, A.rt. 144, al. 2.
125
AUDCG, art. 146.

Novembre 2023 50
Cours : Fonds de commerce Niveau:MasterlIMD
Animateur : Dr Thierno A. NDIOGOU. Maître de Clonlérences titulaire à la FSJP-UCAD

SECTION 2 z L\) I{ANTISSEMENT D'UN FONDS DE COMMERCE


Il résulte respectivement des articles 125 el126 de 1'Àcte uniforme portant organisation

des sûretés126 :

<<Le nantissement est l'ffictation d'un bien meuble incorporel ou d'un


ensemble de biens mettbles incorporels, présents ou futurs, en garantie
d'ttne ou plusieurs créqnces, présentes ou .futures, à condition que
celles-c'i soient détermittées ott déterminables,
Il esl conventionnel ott jtrdiciaire »> ;

<< Pettvent notamment être nantis :


a les créances ;
a le compte banccire ;
a les droits d'associës, les valetu's mobilières et le crtmpte de titre,s
finuncier.ç,
a le lbntls de conrmerce ;
a Les droit.ç de propt'iété intallectuelle >>.

A l'analyse de ces textes, il apparaît que le fonds de commerce peut être apporté en

garantie ou nanti. Le nantissemellt du fonds de commerce est une sûreté réelle mobilière . C'est

1a convention par laquelle le constituarit affecte en garantie d'une obligation, les éléments
constitutil's du fbnds de comnterce à savoir la clientèle et 1'cnseigne ou le nom comlrercial.
Par i'utilisation du mot « cctnstittLanl », le législateur OHADA permet le nautissetneut

d'un fonds de commerce pour sa propre dette ou pour la dette d'autrui. L'essentiel est que le
127.
constituant soit le propriétaire
I-e nantissement pcut aussi portcr sur les autres élén,ents incotporels du fonds de

cornrrerce tcls clue lc droit aLr bail comrncrcial. lcs liccnccs d'exploitation. les brevets
cf invention, marques dc fabriquc ct de comrncrce, dessins ct rnodèles ct autres droits de la
I 28.
propriété intellectuelle
11 peut être étendu au matériel profèssionn"1t2e1130.

Ceci étant dit. le nantissement du fonds de commerce obéit à cerlaines conditions et


produit cerlains eff'cts.

l:6 Sc snbstrtuant à I'Acte uniflon-ne clu 17 avril 1997, l'Acte unifornte portant organisation cles sûretés (AUS) révisé et adopté
lo l5 déceltbrc 2010 tlaciuit la volonté des Etats rnembres dc l'OIIADA cic rcnlorcer la conliancc clcs acteurs écotlot.niques,
notilml)rent Jes banclrticrs et les inr'cstisscrtt-s.

feten ue.
L:8
AUS, art. 162, al. 2, premièrc phrase.
12e
AUS, arl. 162, al.2 in fine.
IroAuc, ar1. I I 8, al. 2 : I-e rnatériel professionnel faisant partie d'ur f,onds de commerce peut être nanti en même tetr-tps que
les autres éléments du lbnds, confbrmément aux dispositions des arlicles 162 à 165 du présent Acte unilbrme.

Novembre 2023 s7
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Paragraphe 1 : La constitution du nantisscment d'un fonds de commerce


La constitution du nantissement de fonds de comÀerce obéit au respect de certaines
conditions et règ1es de publicité.
A. Les conditions de constitution du fonds de commcrce nanti
I-es conditions dc constitr-rtion sout c1c lbnd el dc fbrme.
1. Les conditions de fonds
Comme nous 1'avons déjà fàit remarquer, le nantissement du fonds de commerce porte

obligatoirement sur les é1éments incorporels constitutifs du fonds. Cependant, i1 reste


susceptible d'une extension aux autres éléments incorporels.
Cette extension du nantissernent doit laire 1'objet d'rine clausc spéciale désignant les
éléments engagés et d'une mention partrculière au RCCM. Cctte clause n'a d'effèt que si la
publicité du nantissement prévue par l'afticle 160 AUS a été satisfaite.
Cet arlicle exige que le nantissement conventionnel ou judiciaire, pour être opposable
aux ticrs dans la mcsure ct se lon les conditions prévues par lcs articles 51 à 66 AUS, soit inscrit

ar"r RCCM.
L'inscription pror,isoire ct f inscription délinitive devront ôtre prises, rcspectivement,
après la décision autorisant le nantissement et la décision de validation passée en force de chose

jugée.

Si le nantissement a pour objet un droit inscrit sur 1'un des registres régis par la
règlcmentation applicable en matièrc de propriété intcllectuelle, il doit, en olltre, être satisfait

aux règles de publicité prévucs par cette règlcmentation.

Dès lors, lorsqu'il y a une évolution dans 1'assiette, est ce que les éléments nollveaux
devront être intégrés dans la garantie ? Contrairement à certaine position doctrinale, 1es

nouvellcs acqr,risitions nc cloivent pas intégrer l'assicttclrl.


En cflèt. cela scrait en contradiction avcc l'cxigcncc cf inscnptron au RCCM des

éléments facultatifs du fonds de commerce donnés dans la gzrrantie mais aussi avec les ureutious

légales devant fîgurer dans l'écrit qui constate Ie contratl32.

lrr P. CROCQ [)ir.), Le nouvel Acte wtifornte portont organisation tle.ç.çûretés. La réfornte du droit des sûre\é:; OIIADA,
Editions I-AMY, 2012, p.256 : uue réponse positive a été prétërée.
rr: En tlroit liançais, il a étéjugé que le nantisser.nent s'étendra à tous les objets acquis en remplacetnent, ou ayant 1àit l'objet
cl'unc acqgisition du débiteur à titre de perfèctionnen-rent, d'adjonction, d'an-rélioratiot-ts ou de renouvellement du matériel ('f.
cor-1. Chcrbourg. 6 janvier 1922. Gaz. Pa|. 1922,1. 369). Mais, en cas d'adjor.rction d'u:r élément, le nantissement ne s'étend
pas à cet élémcnt adjoint saul'en matière de blevct où la garantie cst Ôtenduc au certillcat d'addition postérieur au nantisscment
qui suit le sort clu brevet aLrcprel il s'applique

Novembre 2023 58
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Le nantissement ne peut porter sur les droits réels immobiliers conférés ou constatés par

clcs baux (bail emphÿéotique, bail à construction etc.j ou des conventions soumises à

inscription au registre de la publicité imrlobilière133.


Si le nantissemcnt porle sur un lbnds de commerce et scs succursales, celles-ci doivent

être désignées par f indication précise de leur siègel3a.

Au demeurant, peut-on nantir un fonds de commerce .futur 7 Bien que les règles
spécifiques au nantissement ne se prononcent pas sur la question, il nous semble à l'instar de
Ch. A. W. NDIAYIT quc ricr.r nc s'opposc à la validité cl'un tel nantissement et ce,

confbrmémcnt aux dispositions pcrtine ntcs dc l'artrclc 125 AUS135.

Cependant, le législateur OHADA en faisant de la clientèle un élément constitutif


indispensable du fonds de commerce, est ce qu'il ne rejette pas 1a clientèle virtuelle ? La réponse

affrmative semble mieux répondre à la volonté dudit législateur.


Dc cc fàit, un uantissL'ment nr-- pourra pas porler sur un fbnds de comlnerce futur car la

clicntèlc est un élément nécessaire dans 1a qualificatron d'un fonds136.

2. Les conditions de forme


Le nantissement est un contrat solennel. Qu'il soit conventionnel ou judiciaire, un écrit
cst cxigé pour sa validité. Cct écrit pcut être, au choix des parties, un acte sous seing privé ou

r-u-r acte autl-rentique.

A pcinc dc nullité, le nantisscmcnt du lbncls dc corrmclcc cloit être constaté dans un

écrit contcnant quatrc (4) rnentions et ce conformément à l'article 163 AUS :

1") La désignation du créancier, du débiteur et du constituant du


nantissernent si celui-ci n'est pas le débiter.rr ;

2') La désignation précise et le siège du I'onds et, s'il y a lieu. de ses


succursales ;

3") Lcs éléments du fbnds nanti ;

4') Les éléments permettant I'individualisation de la créance


garantie tels que son montant ou son évaluation, sa duréc et de
son échéance.

rrr AUS, art. 162, a|.4.


rr4 AUS, art. 162, a1.5.
r15 AUS, Art. 125 : « lc nantissement est l'affcctation d'nn bien meuble inoorporcl or: d'un ensernble de biens meubLes
rncorporels, présents ou futurs, cn garantie d'une ou phrsreurs créances, présetrtes ou futurcs, à condition que celles-ci soient
déterrr-rinées or.r déterminables »
r-t('L)roil français. Un fbnds en fonration. ur.r lbncls qur n'est pas encore créé ne peut fnrre I'objc1 cl'un nantissement (Cass. req.,
30.janvier 1 934, S.1 935. 1, l2), ta clientèle cloit existcr au.jour de la oonstitution du nantissenrent ('l-. conr. Seine, 1 8 avril 1 95 1,
Gaz. Pal. I 95 1, 2, i33). C'est au.jour de la constitution du nantissetncnt, c'est-à-drre celuj dc l'acte constitrttif, et norr aLr jour
de I'inscription qu'il lait se plaoer pour savoir si le londs de commerce existc ou est sin-rplement en fbnlation (T. com.
Marseille. l9 mai 1933, Rec. Marseille 1933, 1,345).

Novembre 2023 59
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B. Lcs règles dc publicité du fbnds de commerce nanti


Outrc sa validité. le nantisscntcnt cioit. pour êtrc opposablc aux tiers, faire i'objet d'une

inscription au RCCIM dans le ressort duqucl est imnratriculéc la pcrsonne propriétaire du fonds.
S'il porte sur les composantes incorporelles facultatives ainsi que sur le matériel
professionnel, il doit, en dehors de f inscription de la sûreté du créancier au RCCM, être satisfait

aux règles de publicité prévues pour les actes affectant la propriété des droits de propriété
inteliectuelle et aux règles l'AUS rclatives au nantissement du matériel fàisant partie d'un fonds
de cornrnercel3T.

l)e même, si le fonds faisant 1'objet d'un nantissement comprend une ou des succursales,
les inscriptions doivent être prises au RCCM or) est principalement immatriculé le fondsl38.

Par:rgraphe 2 : Les effcts du nantisscment d'un fonds de commcrce


I-c nantissen"rcnt cl'un tbnds dc comlnercc confèrc au créancicr inscrit un droit à

f infbrmation. Il lui confèrc aussi d'autres droits tels clue le droit de suitc, le droit de préférence

et le droit de réalisation.

A. Le droit à l'information dcs créanciers

l. Droit de notification des déplacements du fondsr3e


En cas de déplacerncnt dr,r londs de corrrmerce, le propriétairc doit, quinze (15) jours au

moins à 1'avance, notifier aux créanciers inscrits, par acte extrajudiciaire, son intention de
cléplacer lc fonds en indiquant le nouvel emplacement qu'il entend lui fixer. Le déplacement
opéré, sans notification régulièrc cntraine déchéance du tetme pour le débiteur.

Lc créancier irrscrit qui refusc cio conscntir au déplaccment pcttt, dans le délai de quinze

(i5) -jours suivant la nottfication, clernandcr la déchéancc du tcrtle s'il y a dirninution dc sa

sûreté. Le créancier inscrit qui a consenti au déplacement conserve sa sûreté s'i1 fait mentionner

son accord, dans Ie môme dé1ai, en marge de f inscription initiale.


Si le foncls est transféré dans un autre État partie, f inscription initiale, à la demande du

créancicr inscrit, cst reportée sur lc IiCCM oit est transféré le loncls.
2. Droit de notilication du bailrl0
Le bailleur qr-ri entend poursuivre la résiliation du bail de I'immeuble dans lequel est
exploité un fonds de commerce grevé d'inscription doit notifier sa demande aux créanciers
inscrits par acte extrajudiciaire. La décision judiciaire de résiliation ne peut intervenir, ni 1a

rrr AUs. ar1. 1 70.


rrs art. l7l.
1-'e ^US. art. 175.
AUS,
r4'')
AUS, Art. 176.

l,lovembre 2023 60
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résiliation amiablc ou en vertu d'une clause résolutoire de plein droit produire el'fet, qu'après
I'expiration du délai de deux (2) mois suivant la notification.
3. Droit de surenchèrel4r
Les créanciers inscrits ont un droit de surenchère qu'ils exercent conformément aux
c'lispositions prévues pour la ventc c'lu lbnds c1e cour-nerce (voir StLpra).

B. Les autrcs droits des créancicrs


Les créanciers inscrits bénélicient d'un droit de suite, d'un droit de réalisation et d'un

droit de préférencera2.
1. Le droit de suite
11 pennet au créancier de faire saisir le fonds entrc les mains de quelque personne que
cc soi1. Les ayants cause à titrc particulier du constituant ne peuvent être regardés comme des
possesseurs de bonne foi et le créancier peut exercer son droit de suite à leur encontre (AUS,
Arts 1 J8, al. 1" et 97, al. 2),
2. Le droit de réalisation
C'est Lur droit exercé conlormérnent à 1'article 104 AUS. Irn cas cle faute de paiement à

l'échéance, le créancier muni d'un titre cxécutoire peut Iàirc procédcr à la vcntc forcéc du fbnds,
huit (8) jours après une sommation fàite au débiteur et, s'il y a lieu, au tiers constituant dans les
conditions prévues par les dispositions organisant les voies d'exécution auxquelles le contrat
dc nantissement ne peut déroger. Dans ce cas, il exercc son droit cle préférence sur 1e prix de la
chose venduc, dans lcs conditions dc l'arliclc 226 AUSr4r.
3. Le droit de préférence
Ce droit s'exerce conformément aux dispositions de l'article 226 AllS (voir Supra).

r1r
AUS. ârt. 176.
L
'r AIJS. afi. 178.

la.; tle rniet s provcnuü de la réoli.;ulion dc.y mcubles sont di.stribués dun,s I'ordrc suivont :

dute ;

-l') )ux L réunt:iers dc .suluirrs.vultcrltrivilégirs,

opposabilité aux tiers ;


5') Aux créanciers mwti.s d'un privilège spéc:ial, chacun suivant le rneuble sur letluel porte le privilègc , cn cas dc conflit cnlrt t:réunces
as.torties d'uil privilège spéciale sur le mêne nleuble, la préférence est àonnée au premier sai.,tisscult ;
6") ttnx t:réant:icrs munis d'un privilège génëral non soumis à publicilé seLon I'ordre établi pur l'urticle I 80 de I'AUS ;
1u\ aux créanciers chirographaires nrutis diut litre exé(:utoire lorsqu'ils sotlt intet v^etrus par voie de saisie ou d'opposition à la
ltrocécltrre de dislribulion rr.
En c:rs d'insuilsance tle denriers pour désintéresser les créancicrs désrgnés aux 1'), 2"), 3"), 6") et 7') du présent article veuant à rang égal,
ceux-ci conconrent z\ la distribution dans Ia proporlion de leurs créanccs tot:rlcs, au tnarc 1c È'anc.

l,lovembre 2023 61

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