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Cours Plasticité et endommagement Master1 GC/Matériaux

Chapitre 2 : Aspect et phénomène

II.1 Rappel sur les matériaux :

II.1.1 Introduction

Toute matière entrant dans une construction devient un matériau. Autrement dit : Un
matériau est une matière d'origine naturelle ou artificielle que l'homme façonne pour en faire
des objets.
Selon l’interaction entre atomes ou molécules, les matériaux sont classés en cinq
familles :

Les matériaux peuvent aussi, être classés selon les critères qu’on veut prendre en
considération (résistance, légèreté, mise en œuvre, applications, …..),

Selon la structure cristalline, les matériaux peuvent être classées en corps cristallin et
corps amorphe, sachant que Les propriétés physico-chimiques d'un cristal sont étroitement
liées à l'arrangement spatial des atomes dans la matière, il est donc important de savoir
comment les atomes sont organisés dans une structure cristalline.

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II.1.2 Corps amorphe et corps cristallin :

Un corps cristallin est un corps solide qui a une structure réticulaire : les atomes se
disposent suivant une configuration à trois dimensions dans laquelle on peut identifier des
rangées orientées dans diverses directions sur lesquelles les atomes sont régulièrement
orientés.

Figure II.1 : Structure réticulaires


Les matériaux métalliques à l’état solides sont des corps cristallins, et la plupart d’entre eux
ont une structure hautement symétrique (cubique, hexagonale)

Figure II.2 : Structures des matériaux

Structure cubique centré


Structure cubique à face
(CC)
centrée (CFC) :
Structure hexagonale
compacte (HC) :

Un corps amorphe (amorphe veut dire sans forme) est un corps qui n’a pas de forme
géométrique particulière, ni de structure interne ordonnée, ses éléments sont répartis en
désordre. Les verres, les élastomères et les liquides sont des composés amorphes

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Figure I.2 : structure amorphe

II.1.3 Imperfections dans les cristaux

Les cristaux sont rarement parfaits, un grand nombre de propriétés, importantes de


matériaux cristallins (conductivité électrique, photoconductivité, résistance, couleurs de
cristaux, …) sont très sensibles à la présence d’imperfections. L’état parfait d’un cristal est
défini par un structure tripériodiquement parfaite, et les imperfections peuvent être considérés
comme un écart par rapport à l’état parfait.

Exemple :la résistance théorique d’un cristal vaut σ th=


√ E.γ
a
ou E est le module

d’élasticité, γ est l’énergie de surface du cristal et « a » est la distance interatomique.

II.1.3.1 Défauts ponctuels

Il existe plusieurs types de défauts ponctuels (lacunes A, interstitiel E, atome étranger en


substitution D et C ou en insertion E)
A : lacune
B : atome interstitiel du matériau
C et D : atome étranger en substitution
E : atome interstitiel étranger

II.1.3.2 Défauts volumiques

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Les imperfections volumiques peuvent être des précipités, des bulles de gaz
(provoquées par les processus d’élaboration), des microvides et pores (crées par irradiation)
ou des défauts ponctuels groupés.

Figure II.3 défauts volumiques

II.1.3.3 Défauts surfaciques

Un cristal réel, ne peut jamais se présenter sous forme de cristal parfait, ayant une structure
triplement périodique et infini, mais il se présent sous forme d’un agrégat de cristaux plus ou
moins désorientés, et sont raccordés par des couches (d’environs une dizaine d’Angströms
d’épaisseur) appelée joint de grain.

Echelle atomique Echelle granulaire

Figure II.4 défauts surfacique (joint de grain)

Le défaut d’empilement est un autre type de défaut de surface, défini comme suite, les
réseaux cristallins peuvent être décrits comme un empilement de couches atomiques
identiques disposées selon un ordre déterminé, on parle de défaut d’empilement si cet ordre
est perturbé.

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Figure II.5 défaut d’empilement atomiques

II.1.3.4 Défauts linéaires

Une dislocation est un défaut linéaire correspondant à une discontinuité dans


l'organisation de la structure cristalline. Une dislocation peut être vue simplement comme un
"quantum" de déformation élémentaire au sein d'un cristal possédant un champ de contrainte à
longue distance.

Elle est caractérisée par :

 La direction de sa ligne ;
 un vecteur appelé « vecteur de Burgers » dont la norme représente l'amplitude de la
déformation qu'elle engendre.

Les dislocations ont une importance capitale pour les propriétés physiques des matériaux
cristallins

Il existe deux types de dislocations, celle de Taylor dite aussi dislocation coin, et celle
d’Orowan dite dislocation vis et celle mixte qui peut être coin d’un côté et vis de l’autre côté.

Dislocation coin :

On considère un cristal cubique simple parfait, la dislocation coin se présente comme si l’on a
inséré une portion de plan supplémentaire dans le réseau comme apparait sur cette figure. Elle
est noté par le symbole⊥

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Figure II.6 dislocation coin

Une définition générale des dislocations peut être donnée en utilisant la notion de circuit et
vecteur de Burgers b⃗ (⃗
SE). Un circuit de Burgers est représenté dans la partie de matière du
cristal avec une succession de vecteurs de translation du réseau autour de la ligne de
dislocation. Le vecteur de Burgers est défini comme le vecteur de fermeture d’un circuit
analogue suivi dans le réseau sans dislocation. La ligne de dislocation coin est perpendiculaire
à son vecteur de Burgers.

Figure II.7 : Circuit et vecteur de Burgers

Dislocation vis :

La dislocation coin se présente comme si on a cisaillé une partie du cristal par rapport à
l’autre

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CD ligne de dislocation // vecteur de


Burgers b⃗

Figure II.8 dislocation vis

La ligne de dislocation CD est l’axe du cylindre à l’intérieur duquel il y a perturbation du


réseau cristallin. Dans ce cas, la notion de circuit du Burgers révèle que la ligne de dislocation
vis est parallèle à son vecteur de Burgers.

Dislocations mixtes : Dans le cas où la ligne de dislocation est une courbe (dans une région
de glissement),

La dislocation courbe AC est vis au


voisinage de A, coin au voisinage de B,
et intermédiaire entre les deux points A
et B.

Figure II.9 dislocation mixte

Mouvement des dislocations :

Les dislocations peuvent se combiner ou se décomposer, comme elles peuvent se déplacer


dans un cristal par glissement ou par montée :

 Le glissement se fait dans le plan contenant la dislocation et le vecteur de Burgers b⃗ ,

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Figure II.10 Glissement d’une


dislocation coin

Les glissements se produisent selon certains plans et directions cristallographiques, ayant la


plus forte densité atomiques.

Figure II.11
plans et
directions de
glissement

 La montée (la descente) : ce mécanisme correspond à un enlèvement d’atomes au bord


du demi plan supplémentaire dans le cas de la montée (situation A), ou bien à
l’addition d’atomes dans le cas de descente (situation B), c’est un phénomène qui se
passe beaucoup plus sous l’effet de la température (diffusion).

A vers B montée (compression)

B vers A descente (traction)

Figure II.12 montée et descente d’une


dislocation

Multiplication des dislocations : les dislocations existent dans tous les cristaux, mais leur
densité peut varier dans de grandes proportions. Ainsi dans les métaux à l’état recuit, on a
5 7 3
10 à 10 cm/cm défauts linéaires. Dans les cristaux ioniques ou covalents il y a à peu prés

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2 3 3 5
10 à 10 cm/cm . Cette densité peut être multipliée par 10 par déformation plastique
importante.

Un mécanisme de multiplication des dislocations a été présenté par Frank et Read, une
dislocation en position 1est bloquée par deux ancrages durs A et B , sous l’effet d’une
contrainte d’une contrainte extérieure σ⃗ , elle s’allonge, se courbe suivant les positions
intermédiaires (2,3et 4) et fini par donner une boucle supplémentaire 5, et on retrouve la
dislocation AB.

Figure II.13 mécanisme de Frank et Read

II.2 Théorie de la plasticité

Les essais des matériaux à la température ambiante ont pour but principal de
caractériser ceux-ci, et de permettre aux producteurs et aux utilisateurs d’avoir des critères
communs. Ces essais aussi simples que possibles, font l’objet de normes officielles dans tous
les pays industriels. Ces essais seront d’autant plus intéressants si, outre une définition du
produit, ils permettent de prévoir le comportement des matériaux au cours de leur utilisation.
L’exposé sera limité au cas de l’essai le plus usuel, l’essai de traction.
II.2.1 Essai de traction

L’essai de traction consiste à soumettre une éprouvette, le plus souvent cylindrique à


un effort de traction dont la direction des génératrices qui tend à l’allonger ou même à la
casser. On trace ainsi un diagramme effort- allongement. On enregistre simultanément
l’allongement de l’éprouvette et la force appliquée ; comme montré ci-dessous ;

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Figure II.14 Diagramme de traction

Dans le cas général on peut observer :


 Domaine 1, au début de l’essai, une partie rectiligne [OA], dite domaine élastique,
dont la pente donne le module élastique, et qui se termine à la limite d’élasticité F A .
Dans cette zone le solide reprend son état initial dès que la charge est supprimée.
 Domaine 2, ou domaine de déformation plastique uniforme, dans cette zone ^
AC ,
toute l’éprouvette va se déformer d’une façon homogène. Si on fait croitre la charge
jusqu’au point B, puis si on fait décroitre on décrit la courbe BB', et OB ' représente
l’allongement permanent.la courbe BB' est pratiquement parallèle à la courbe OA. Si
on procède à un rechargement, on constate que la limite élastique est plus grande que
précédemment ( F B > F A), on dit que le matériaux a été écroui (phénomène
d’écrouissage).
 Domaine 3, ou zone de striction CD, c’est la zone dans laquelle la déformation devient
localisée, dans une région très limité de l’éprouvette dont la section diminue très
rapidement . cette striction précède de peu la rupture qui a lieu dans la section la plus
réduite pour une charge ultime F D , en effet, la rupture commence en point C et la charge
F C est dite charge de rupture ou charge maximale.

II.2.2 Caractéristiques déterminées par l’essai de traction

L’essai est déterminé selon une norme internationale, qui définit les conditions dans
lesquelles il est réalisé, les dimensions et la forme de l’éprouvette comme montrée ci-
dessous ;

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Figure II.15 éprouvette de traction

Les caractéristiques qu’il permet de déterminer sont :


L− L0
 L’allongement permanent après rupture : A= ∗100. L et L0 étant, respectivement
L0
la longueur entre repères avant et après rupture.
S 0−S
 Le coefficient de striction : Z= ∗100. S0 et S étant respectivement la section
S0
droite de l’éprouvette avant essai et celle après rupture et reconstitution de
l’éprouvette.
 La résistance à la traction : charge maximale supportée par l’éprouvette rapportée à
F
l’unité de section initiale S0 : R= .
S0
 La limite conventionnelle d’élasticité : c’est la valeur de R pour laquelle l’éprouvette
présente un allongement non proportionnel de valeur donnée 0.02%.

II.2.3. Courbe rationnelle de traction

L’objectif de l’essai de traction est de tracer la courbe contrainte en fonction de la


déformation, à partir de la courbe force-allongement.
II.2.3.1. Contrainte vraie

Comme le montre la définition, la charge de rupture est une grandeur conventionnelle


puisque l'on rapporte la charge maximale à la section initiale.
F
σ=
S0
La contrainte vraie correspond à la charge rapportée à la section instantanée, soit :
F
σ v=
S
F charge appliquée, S section instantanée.

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II.2.3.2. Déformation rationnelle

L'allongement ordinaire n'est pas additif, ce qui est gênant pour les calculs de plasticité
; on le remplace par la déformation rationnelle dite aussi déformation vraie ;
L
ε v =ln
L0
La déformation rationnelle s'introduit de la façon suivante.
Soit L la longueur entre repères de l'éprouvette à un instant donné, si on l'allonge d'une
∆L
quantité ∆ L , l'allongement relatif sera et, depuis le début de l'essai, l'allongement relatif
L
L
∆L
total sera égal à :ε v =∑
L0 L
Ou en considérant des allongements infiniment petits Dl
L
dL L
ε v =∫ =ln
L0 L L0
On peut aussi écrire
S0 L
ε v =ln =ln
S L0
Si l'on admet la constance du volume de la partie calibrée S0.L0 = S.L
De plus,
F F S0
σ v= =
S S0 S ( ) ( ) (
=
F L
=
F L0 +∆ L
S 0 L0 S 0 L0 )
d’où :
σ v =σ ( 1+ ε )
Cela n'est évidemment valable que dans la zone des allongements répartis et à condition que
l'homogénéité de la déformation de la partie calibrée sur la base de mesure soit acceptable.

Cette déformation rationnelle diffère peu de l'allongement ordinaire (déformation


L− L0
nominale) A= ∗100 p our les faibles valeurs de déformation ( ε v ≈ ε n ), mais l'écart
L0
grossit pour les déformations importantes.

II.2.3.3. Courbe rationnelle de traction

Dans l'essai de traction, on mesure les efforts rapportés à la section initiale de


l'éprouvette. Il existe une représentation de la courbe de traction, de plus en plus utilisée en
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laboratoire, qui consiste à reporter la contrainte vraie σ v en fonction de la déformation


rationnelle (vraie) ε v ; c'est la courbe rationnelle de traction. L’allure d'une telle courbe est
représentée sur la figure ci-après :

Figure II.16 Diagramme de


traction

Sur cette courbe il n'y a pas de différence avec le tracé ordinaire pour la partie
élastique et la limite d'élasticité Re, car les déformations élastiques sont très faibles entre la
limite d'élasticité et le point correspondant à la charge maximale, la courbe a une forme
parabolique.

II.2.4 Mécanismes de déformation plastique

Au-delà de la limite élastique le matériau se déforme plastiquement, la plasticité veut


dire un changement de forme permanent, sous l’effet d’une contrainte et en enlevant la
contrainte le matériau garde un état résiduel de déformation.
Ceci est dû aux mécanismes de déformation qui se passent comme suite :
Une fois la limite d’élasticité dépassée, les matériaux (métallique) se déforment soit par
maclage, soit par dislocations.
II.2.4.1 Déformation plastique par maclage

Le maclage est un mécanisme de déformation plastique caractérisé par l’émission


d’une onde sonore comme dans le cas de l’étain.
Pour expliquer schématiquement ce que c’est une macle, on va considérer un réseau
cristallin CFC, fig.II.17 A

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A
fig.II.17 schéma explicatif du maclage

Imaginons qu’on va cisailler ce cristal, c’est-à-dire on va pousser une partie du cristal


en retenant l’autre, fig.II.1B
Avant de cisailler on remarque un empilement de plan de type ABCABCABC, comme
le montre la figure, fig.II.18,

fig.II.18 : Empilement de plan

Cisaillons dans le sens de la flèche, suivant un plan de cisaillement (A) indiqué par le
trait pointillé fig.II.19;

fig.II.19 : application de l’effort de


cisaillement

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Les atomes et sous l’effet de l’effort appliqué, de la couche supérieure au plan de cisaillement
font un saut vers la droite, figure. II.20 et simultanément avec à la vitesse du son dans la
matière la couche supérieure fait aussi un saut, figure II.21, et ainsi de suite, jusqu’à ce que
chaque atome d’une couche fait un déplacement d’une position par rapport à l’atome situé en
dessous figure II.22, et la couche supérieure fait un saut aussi par rapport à la couche
inferieure, et ainsi on se retrouve au final, avec l’apparition d’une zone maclée, symétrique
des régions supérieure et inférieure, qui s’est formée à l’intérieure des grains de la matière,
sur une certaine épaisseur, dans cette région les plans sont ordonnés selon la séquences CBA
et non plus ABC.

Figure. II.20 Saut des atomes vers la droite

figure II.21 saut de la couches supérieure


vers la droite

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Figure.II.22 Apparition d’une zone maclée

II.2.4.2 Déformation plastique par glissement (dislocations)

C’est le mécanisme le plus courant de déformation plastique des matériaux, découvert


autour de 1930, il est le plus souvent lié à ce qu’on appelle dislocation.
La Figure II.23a montre l’exemple de la formation d’une dislocation coin dans un
réseau cubique soumis à une contrainte de cisaillement. Il en résulte un demi-plan isolé dans
la partie supérieure du cristal. Les forces appliquées favorisent un transport de matière au sein
de la moitié supérieure du cristal relativement à la partie inférieure, dirigé vers la droite de la
figure. Après s’être formée, la ligne de dislocation coin va donc se déplacer de sorte que le
demi-plan supplémentaire migre vers la droite [Figure II.23b].
Lorsque la dislocation émerge à la surface du cristal, une marche d’amplitude b
apparaît. Le déplacement de la dislocation à travers le cristal aboutit ainsi au même résultat
qu’un glissement en bloc de plans atomiques les uns sur les autres. Pour faire glisser un plan
atomique sur un autre d’une quantité b, il faut couper simultanément toutes les liaisons
atomiques entre ces deux plans, ce qui requiert un important apport d’énergie par application
de la contrainte. En revanche, pour déplacer une dislocation d’un pas b, seule une ligne de
liaisons doit être coupée [observer les deux premières vignettes de la Figure II.23b]. Le
glissement d’un plan entier sur un autre peut alors être obtenu par déplacements successifs b
de la dislocation, en maintenant une contrainte modérée.

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Figure
II.23(a)
Formation et
mouvement
d’une
dislocation
lors de la
déformation
plastique.

II.2.4.3 Phénomène d’écrouissage

La déformation plastique des matériaux est caractérisée par « l’écrouissage » qui


représente la consolidation du métal. Il est caractérisé par le taux de consolidation (pente de la
courbe σ −ε ;
Ce phénomène aussi appelé consolidation et correspond à une augmentation du
nombre de point de blocage du mouvement des dislocations. Il vient contrecarrer
l’augmentation du nombre de dislocations, et modifie le seuil au-delà duquel les déformations
ne sont plus réversibles.
L’écrouissage est un phénomène de durcissement des métaux.

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II.3 Phénomène d’endommagement des matériaux

II.3.1 Introduction

Au-delà de la signification courante du mot endommagement, dégradation,


détérioration d’un objet, il convient tout d’abord de préciser de quoi il sera question dans ce
chapitre. Nous allons considérer l’endommagement des matériaux.
Alors
Matière
1. Elaborée par : (broyage, réduction, coulées, laminage, forgeage, étirage,
frittage etc..)
2. Procédé d’élaboration Confère au matériaux une structure (grains
cristallographiques, texture, inclusions, phases, etc..)
3. Cette structure procure aux matériaux des propriétés mécaniques (élasticité,
plasticité, viscosité, résistance, ductilité, fragilité‫ ة‬dureté, etc..)

Matériau 4. Ayant des Performances (usinabilité, formabilité, durabilité, reproductibilité,


x fiabilité, solidité, beauté, faible coût etc..

La résistance à l’endommagement est une propriété des matériaux qui prend place dans ce
cycle. En amont, elle est dépendante des structures et donc des élaborations : en aval, elle
conditionne certaines performances essentielles.

II.3.2 Endommagement : création de nouvelles surfaces

Au sens où nous l’entendons, l’endommagement désigne la formation (ou amorçage)


de microcavités, puis la croissance et la coalescence de celles-ci au cours de la déformation
plastique, ce processus conduisant à la rupture ductile du matériau.

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Fractographie d’un acier


inoxydable austénitique
montrant des cupules de
rupture ductile.

rupture d'une tôle soumise à


un essai de traction biaxiale

Les matériaux ont une fâcheuse tendance à s’endommager. Leurs propriétés se


détériorent, leurs performances diminuent. Ceci résulte d’évolutions de leur structure.
C’est en examinant ces diverses évolutions que nous pourrons décrire et classer
précisément les divers types d’endommagement des matériaux. Ce que nous appelons ici
endommagement correspond à l’apparition et au développement irréversible de nouvelles
surfaces.
I1 nous faut cependant préciser un peu ce que nous entendons par création de
nouvelles surfaces. Nous y incluons uniquement celles qui se traduisent par une baisse de la
contrainte apparente appliquée sur le matériau. Cette contrainte apparente est le rapport de la
force appliquée sur une éprouvette à sa section dans un essai de traction. Cette section peut

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être mesurée à l’aide d’un palmer. Elle n’est pas diminuée des nouvelles surfaces qui ont pu
se développer à l’intérieur du fût de l’éprouvette, celles qui justement constituent les
endommagements, et qui ne sont pas visibles, du moins à l’œil nu. Le rapport de la force
appliquée à la section portante, celle qui subsiste entre les nouvelles surfaces
d’endommagement, est une contrainte effective. Ces simples notions sont à la base de la
mécanique de l’endommagement. Plus les endommagements se développent, plus de
nouvelles surfaces apparaissent, plus diminue la contrainte apparente. Ce processus aboutit à
la rupture de l’éprouvette. Nous conviendrons d’exclure les phénomènes de rupture,
correspondant à la séparation du matériau en deux ou plusieurs morceaux distincts, du champ
de l’étude des endommagements. C’est pourquoi nous ne parlerons pas de l’usure, phénomène
de dégradation important s’il en est, mais qui résulte de l’arrachement de petites particules de
matière.
Plus généralement, un endommagement est susceptible de diminuer la résistance d’un
matériau dans d‘autres directions que celle de la sollicitation. Une compression peut par
exemple créer des fissures parallèles à son axe, affectant la résistance perpendiculairement à
celui-ci.

II.3.3 Mécanismes d’endommagement

Si nous nous plaçons à l’échelle des atomes, nous sommes en mesure d’aborder la
classification des processus d’endommagement. À ce stade, nous n’avons pas affaire à des
endommagements proprement dit, mais à des mécanismes qui seront ceux qui sont à la base
de leur apparition.
Les mécanismes qui sont à la base de l’endommagement sont le glissement et le
clivage

II.3.3.1 Glissement

Dans un cristal, les atomes sont rangés de façon régulière aux nœuds de réseaux
cristallographiques. Ils appartiennent ainsi à des plans cristallographiques.
Les plans concernés par le phénomène de glissement lors d’application d’un effort extérieur,
sont ceux qui possèdent la plus forte densité d’atomes.

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Le glissement dont on parle ici (endommagement) ne diffère pas de celui dont on a parlé en
déformation plastique, et c’est sa suite.
Dans le cas où les plans denses sont à 45” de la direction de traction. Ils sont alors
soumis à un effort de cisaillement. (La contrainte de cisaillement vaut dans ce cas la moitié de
la contrainte de traction.) Aussi vont-ils être capables de glisser les uns sur les autres. (Le
processus de glissement qui fait intervenir des dislocations ne nous importe pas ici).
On parle ici de glissement entrainant un endommagement lorsqu’il n’y a pas formation de
marche de hauteur égale à l’amplitude du glissement, parce que la formation de marche veut
dire que de nouvelles surfaces ont été créées à l’extérieur, et que la surface portante est la
même que la surface effective.

Rupture par glissement

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II.3.3.2 Clivage

Lorsqu’un monocristal est testé à une orientation telle que les plans denses sont
perpendiculaires à la direction de la traction. I1 est alors impossible de provoquer un
glissement de ces plans les uns sur les autres, car ils ne sont soumis à aucun effort de
cisaillement. Le déplacement des plans sous l’effet de la force de traction se fait dans une
direction perpendiculaire aux plans denses, jusqu’à rupture des liaisons atomiques. I1 se crée
alors une surface de rupture le long d’un tel plan. I1 s’agit d’un clivage.

Rupture par clivage

II.3.3.3 Autres type d’endommagement

Les matériaux peuvent s’endommagés suivant d’autres types d’endommagement qui sont
à titre indicatif les suivants :
 Endommagement ductile par cavitation,
 Endommagement par fatigue ;
 Endommagement de corrosion sous contrainte ;
 Endommagement par fluage

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