Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Liaisons sociales
Les Thématiques
LE COMITÉ SOCIAL
ET ÉCONOMIQUE I
Composition, organisation interne et moyens de l’instance
99 JUIN
2022
3 Liaisons sociales • Les Thématiques • Juin 2022 Liaisons sociales • Les Thématiques • juin 2022 3
Organisation interne
Dans les entreprises de moins de 50 salariés, le CSE n’a pas
de personnalité juridique, il se réunit mensuellement et peut être
convoqué de manière extraordinaire.
Dans les entreprises d’au moins 50 salariés, il dispose
de la personnalité juridique. Les membres titulaires doivent
désigner un secrétaire et un trésorier, et un règlement intérieur est
élaboré. Afin d’assurer son information et l’expression collective
des salariés, des réunions périodiques et extraordinaires sont
organisées. Des commissions adaptées aux problématiques
de l’entreprise peuvent être instaurées par accord collectif.
À défaut, le Code du travail prévoit la mise en place obligatoire
de certaines commissions en fonction des effectifs.
Moyens
Les moyens du CSE diffèrent selon la taille de l’entreprise.
Lorsqu’elle compte moins de 50 salariés, il dispose d’un local
aménagé mis à sa disposition. Dans celle d’au moins 50 salariés,
le comité bénéficie en outre d’une subvention de fonctionnement
et d’une contribution patronale permettant de financer les activités
sociales et culturelles. Il est tenu par des obligations comptables.
Juin 2022
Le comité social
et économique I
Composition, organisation interne et moyens de l’instance Ce numéro
Thématiques
annule
Florence Lefrançois, avocat au Barreau de Tours et remplace
Sandra Limou et Farah Nassiri Amini la précédente
édition
de juillet 2018
2Mandat et statut
des membres du CSE 21
Dans les entreprises d’au moins
50 salariés
Personnalité civile
49
49
Mandat 22 Reconnaissance de la personnalité civile 49
Crédit d’heures 25 Dénomination 49
Bénéficiaires 25 Lieu du siège 49
Nombre d’heures de délégation des membres Droit d’ester en justice 49
titulaires du CSE 25 Capacité de contracter 51
Nombre d’heures de délégation Capacité d’acquérir et de posséder 52
des représentants syndicaux au CSE 29 Composition du bureau du CSE 52
Décompte des heures de délégation 29 Règlement intérieur du CSE 53
Modalités d’utilisation du crédit d’heures 31 Mise en place obligatoire 53
Paiement du crédit d’heures 32 Adoption à la majorité des membres présents 54
Dispositions particulières Contenu du règlement intérieur du comité social
aux différents comités 37 et économique 54
Conditions de validité 55
Secret professionnel et obligation Durée de validité 55
de discrétion 38 Réunions du comité social et économique 55
Personnes concernées 38 Différentes catégories de réunions 55
Secret professionnel 38 Périodicité, heure et lieu des réunions 56
Obligation de discrétion 38 Ordre du jour 58
HORS TEXTES Convocation aux réunions 60 Contribution destinée aux activités sociales
Protection contre Participants 60 et culturelles 84
le licenciement Discussions 61 Obligation de versement par l’employeur 84
Page 24 Les différentes commissions du comité social Calcul de la contribution aux activités sociales
et économique 66 et culturelles 85
Les représentants Commission santé, sécurité et conditions de travail66 Entreprise à établissements distincts 86
de proximité Commission des marchés 69 Modifications de la structure de l’entreprise 86
Page 28 Autres commissions 69 Modalités de versement de la contribution
Modèle de patronale 87
procès-verbal Règles particulières aux différentes Sort du reliquat budgétaire 87
d’une réunion formes de comité 71 Autres ressources 88
du comité social Comité social et économique central 71 Établissement et contrôle des comptes
et économique Comité des activités sociales et culturelles du comité social et économique 88
Page 65 interentreprises 72 Des obligations distinctes en fonction de la taille
du CSE 88
4Moyens 75
Petits CSE : comptabilité ultra-simplifiée
CSE de taille moyenne : comptabilité simplifiée
Grands CSE : comptabilité de droit commun
88
89
LE POINT SPÉCIAL
Nombre d’élus au CSE et heures de délégation en l’absence d’accord (C. trav., art. R. 2314-1)
Effectif (nombre de salariés) Nombre de titulaires Nombre mensuel d’heures de délégation Total heures de délégation
11 à 24 1 10 10
25 à 49 2 10 20
50 à 74 4 18 72
75 à 99 5 19 95
10 000 35 34 1 190
représentatifs à désigner des salariés autres que les 8 NOMBRE DE REPRÉSENTANTS SYNDICAUX
délégués syndicaux pour les représenter au comité Chaque organisation syndicale représentative
(Cass. soc., 18 mars 2015, no 14-60.696 ; Cass. soc., désigne un seul représentant (C. trav., art. L. 2314-
18 janv. 2017, no 16-60.089). En revanche, ni un 2). Cette désignation n’est pas obligatoire et les
usage de l’entreprise, ni un engagement unilatéral syndicats demeurent libres de l’effectuer ou non
de l’employeur, ni une simple tolérance ne peuvent (Cass. soc., 25 oct. 1995, no 94-60.562).
permettre de déroger à ces dispositions légales (Cass. Seul un accord collectif peut augmenter le nombre
soc., 23 juin 2010, no 09-60.408). Cette jurisprudence de représentants syndicaux au comité social et éco-
devrait logiquement pouvoir être transposée au nomique. En effet, ni un usage ni un engagement
comité social et économique. unilatéral de l’employeur ne peuvent augmenter
le nombre de représentants syndicaux au CSE.
◆ Entreprises d’au moins 300 salariés L’employeur qui décide unilatéralement d’une telle
Dans les entreprises d’au moins 300 salariés, chaque augmentation peut décider de revenir à l’applica-
organisation syndicale représentative dans l’entre- tion des textes légaux, sous réserve :
prise ou l’établissement peut désigner un repré- – de ne pas méconnaître le principe d’égalité entre
sentant syndical au CSE (C. trav., art. L. 2314-2). les syndicats concernés ;
Pour rappel, dans l’entreprise ou l’établissement, – et, pour répondre à l’exigence de loyauté qui
sont représentatives les organisations syndicales s’impose en la matière, de les en informer préala-
qui satisfont aux critères de l’article L. 2121-1 du blement (Cass. soc., 30 mai 2001, no 00-60.150 P ;
Code du travail et qui ont recueilli au moins 10 % Cass. soc., 4 mars 2009, no 08-60.401 P ; Cass. soc.,
des suffrages exprimés au premier tour des der- 10 oct. 2012, no 11-60.197).
nières élections des titulaires au comité social et Ainsi, lorsqu’en l’absence d’accord collectif, l’em-
économique, quel que soit le nombre de votants ployeur permet à un syndicat représentatif de dési-
(C. trav., art. L. 2122-1). gner un second représentant syndical, il ne peut,
La Cour de cassation précise qu’un syndicat repré- en vertu du principe constitutionnel d’égalité,
sentatif au niveau de l’entreprise ne peut pas dési- refuser à un autre syndicat, également représen-
gner un représentant syndical au sein d’un comité tatif, la désignation d’un second représentant syn-
d’établissement dans le périmètre duquel il n’a pas dical au comité social et économique (Cass. soc.,
obtenu au moins 10 % des suffrages exprimés lors 5 janv. 2005, no 04-60.164).
des dernières élections professionnelles (Cass. soc., De même, l’institution d’un système de sup-
8 juill. 2015, no 14-60.726 P ; Cass. soc., 31 mars 2021, pléance habituelle est uniquement possible par
no 19-25.003). Ainsi le syndicat doit être représenta- voie d’accord collectif (Cass. soc., 14 janv. 2004,
tif au niveau où intervient la désignation. De même, no 02-60.316 P).
le syndicat représentatif au niveau global de l’unité
économique et sociale ne peut désigner un représen- 9 CONDITIONS À REMPLIR
tant syndical au sein du comité d’un établissement PAR LE REPRÉSENTANT SYNDICAL
dans lequel il n’est pas représentatif (Cass. soc., Dans les entreprises de 300 salariés et plus, les
8 juill. 2015, no 14-19.270). conditions pour être désigné en qualité de repré-
Le représentant désigné obligatoirement membre sentant syndical au CSE sont fixées par l’article
du personnel de l’entreprise doit remplir les condi- L. 2314-2 du Code du travail.
tions d’éligibilité au comité social et économique ➥ Sur les conditions de désignation du représentant
(C. trav., art. L. 2314-2 ; voir no 9). syndical au CSE dans les entreprises de moins de
300 salariés, voir n° 7.
◆ Date d’appréciation ◆ Être membre du personnel
C’est à la date des dernières élections que s’ap- Le représentant syndical au comité social et éco-
précient les conditions d’ouverture du droit pour nomique est obligatoirement membre du person-
un syndicat de désigner un représentant syndical nel de l’entreprise ou de l’établissement : à défaut
au CSE (Cass. soc., 15 avr. 2015, no 14-19.197 P). la désignation est nulle (C. trav., art. L. 2314-2 ;
En conséquence, la baisse des effectifs en dessous Cass. soc., 26 avr. 2000, no 98-60.493 P ; Cass. soc.,
du seuil de 300 salariés, intervenue postérieure- 12 juill. 2016, no 15-21.679).
ment aux élections professionnelles, ne peut avoir En conséquence :
pour effet de remettre en cause la désignation d’un – un salarié ne peut être simultanément désigné
représentant syndical au CSE autre que le délégué représentant syndical au sein de deux CSE dis-
syndical. tincts, peu important que lesdits établissements
se situent dans le cadre d’une entreprise unique
Dans les entreprises de moins de 300 salariés, le – lorsque l’employeur est demandeur à l’instance :
délégué syndical occupant automatiquement à compter du jour où il a été informé de la dési-
la fonction de représentant syndical au CSE gnation du salarié en qualité de représentant
(voir no 7), son mandat prend fin en même temps syndical. Dans ce cas, seule la date de signature
que celui du délégué syndical, donc au plus tard de l’avis de réception de la lettre de désignation
lors du premier tour des élections professionnelles est prise en compte, même si l’employeur en a eu
(C. trav., art. L. 2143-11). effectivement connaissance plusieurs jours après
Pour les entreprises d’au moins 300 salariés, le (Cass. soc., 29 avr. 2009, no 08-70.028) ;
Code du travail est silencieux, mais la jurispru- – lorsque d’autres personnes intentent l’action
dence applique au représentant syndical auprès (syndicats, membres du comité social et écono-
du comité social et économique le même régime mique, etc.) : à compter du jour où le nom du
que celui du délégué syndical : le mandat des représentant syndical a été porté à leur connais-
représentants syndicaux prend fin automatique- sance, notamment par voie d’affichage (Cass. soc.,
ment lors des nouvelles élections renouvelant le 17 déc. 1984, no 84-60.501), ou par la présence du
comité (Cass. soc., 11 mai 2016, no 15-60.171 P). nouveau représentant syndical à une réunion du
À NOTER comité (Cass. soc., 10 oct. 2012, no 11-60.225).
En cas d’annulation de l’élection des membres du Le tribunal judiciaire statue dans les dix jours de
CSE, les mandats des délégués syndicaux et des sa saisine. La décision est susceptible d’un pourvoi
représentants syndicaux au comité sont mainte- en cassation dans un délai de dix jours (C. trav.,
nus en l’état jusqu’aux prochaines élections pro-
fessionnelles. En effet, cette annulation n’a pas art. R. 2314-25). Le pourvoi est instruit et jugé dans
d’effet rétroactif, de sorte qu’elle est sans incidence les formes les plus brèves (C. proc. civ., art. 999 à
sur la régularité des désignations, en qualité de 1 008).
délégué syndical et de représentant syndical au
comité (Cass. soc., 11 mai 2016, n o 15-60.171 P).
En revanche, lorsqu’un syndicat représentatif se 13 CUMUL DES FONCTIONS REPRÉSENTATIVES
désaffilie de sa confédération, cette dernière a alors ◆ Cumul interdit
la possibilité de désigner un nouveau représentant Le cumul est interdit entre les fonctions de
syndical au comité social et économique : cette membre élu du CSE et celles de représentant syn-
désignation met un terme au mandat du représen-
tant syndical qui avait été précédemment désigné dical au CSE, les pouvoirs attribués par la loi à
par le syndicat désaffilié (Cass. soc., 6 mars 2019, l’une et à l’autre de ces fonctions étant différents
no 18-15.238 P). (Cass. soc., 17 juill. 1990, no 89-60.729 P ; Circ. DGT
no 6, 27 juill. 2011, NOR : ETST1121690C).
12 CONTESTATION DE LA DÉSIGNATION Peu importe que le salarié ait un mandat de titu-
Les contestations relatives à la désignation des laire ou de suppléant au sein du CSE (Cass. soc.,
représentants syndicaux sont de la compétence 11 sept. 2019, no 18-23.764 P).
du tribunal judiciaire qui statue en dernier ressort Il n’est pas possible de déroger à cette règle de
(C. trav., art. L. 2314-32 ; C. trav., art. R. 2314-23). non-cumul par accord collectif (Cass. soc., 22 janv.
ATTENTION 2020, no 19-13.269 P).
Lorsqu’un syndicat a nommé un représentant syn- À NOTER
dical au CSE sans respecter les conditions fixées par
La désignation d’un membre élu en qualité de repré-
le Code du travail, l’employeur doit agir comme si
sentant syndical au CSE n’a pas automatiquement pour
la désignation était valide. Seul le tribunal judiciaire
conséquence l’annulation de la désignation : le salarié
peut annuler la désignation. L’employeur qui ignore
peut être invité à opter pour l’un ou l’autre mandat
le représentant syndical, en attendant que sa contes-
dans un délai déterminé. Ce n’est qu’à défaut de choix
tation devant le juge aboutisse, commet un trouble
dans ce délai que sa désignation encourt la nullité
manifestement illicite. Le syndicat peut alors sai-
(Cass. soc., 11 sept. 2019 précité).
sir le juge des référés pour faire cesser ce trouble
(Cass. soc., 24 oct. 2012, no 11-20.346 P).
◆ Cumul obligatoire
La contestation doit être introduite par requête Le cumul est obligatoire entre les fonctions de délé-
remise ou adressée au greffe du tribunal judiciaire gué syndical et celles de représentant syndical au
dans les quinze jours suivant la désignation du comité social et économique dans les entreprises
représentant syndical (C. trav., art. R. 2314- de moins de 300 salariés (C. trav., art. L. 2143-22 ;
24). Cette règle s’applique, peu important que voir n° 7).
la désignation ait lieu dans une entreprise d’au En revanche, si un établissement de moins de
moins 300 salariés ou de moins de 300 salariés 300 salariés fait partie d’une entreprise employant
(Cass. soc., 25 janv. 2012, no 11-10.978 P). au moins 300 salariés, le représentant syndical au
Ce délai commence à courir : CSE d’établissement peut être une personne diffé-
rente du délégué syndical. En effet, le cumul n’est ployeur et l’ensemble des organisations syndicales
pas obligatoire car l’effectif global de l’entreprise représentatives (C. trav., art. R. 2316-1).
est d’au moins 300 salariés (Cass. soc., 29 juin 2011, À NOTER
no 10-18.689). Ce nombre peut également être dépassé, pendant un
an au plus, en cas de transfert d’entreprise dans les
conditions de l’article L. 1224-1 du Code du travail
(C. trav., art. L. 2316-12).
à un cadre. Ce dernier, une fois élu membre du comité différents établissements que de l’importance et
social et économique d’établissement, deviendra ensuite
membre du CSE central.
de la structure des effectifs des différents collèges
au sein de chaque établissement. Il est opportun
qu’en cas de représentation d’un établissement par
17 RÉPARTITION DES SIÈGES un seul titulaire, la Dreets précise dans sa décision
PAR ÉTABLISSEMENT ET CATÉGORIE quel établissement désigne son suppléant (Circ.
◆ Accord entre employeur et syndicats DRT no 12, 30 nov. 1984).
Dans chaque entreprise, la répartition des sièges En revanche, il n’appartient pas à la Dreets de fixer
entre les différents établissements et les différentes les modalités de remplacement des délégués titu-
catégories de personnel font l’objet d’un accord laires par les délégués suppléants au sein du comité
entre l’employeur et les organisations syndicales social et économique central (CE, 18 déc. 1991,
intéressées. Il est conclu selon les conditions de no 99.758).
double majorité fixées à l’article L. 2314-6 du Code
du travail relatif au protocole d’accord préélectoral ◗ Effets de la décision
(C. trav., art. L. 2316-8). Même si elles interviennent alors que le mandat
L’accord porte à la fois sur le nombre de sièges à de certains membres n’est pas expiré, la détermi-
attribuer à chaque établissement et sur leur répar- nation du nombre d’établissements distincts et la
tition entre les différentes catégories de person- répartition des sièges entre les établissements et les
nel, telles qu’elles résultent du nombre et de la différentes catégories sont appliquées sans qu’il y ait
composition des collèges électoraux des différents lieu d’attendre la date normale de renouvellement
comités sociaux et économiques d’établissement. de toutes les délégations des comités sociaux et éco-
Il tient compte, s’il y a lieu, des sièges légalement nomiques d’établissement ou de certaines d’entre
réservés aux cadres (voir n° 16) et peut convenir elles (C. trav., art. L. 2316-8).
de l’existence d’autres sièges réservés. Par ailleurs, l’intervention de la décision adminis-
Si un établissement n’est représenté que par un trative fixant la composition du CSE central n’em-
délégué titulaire, l’accord doit désigner le sup- pêche pas l’ouverture de négociations partielles
pléant appelé à le remplacer en cas d’empêchement et complémentaires ayant strictement pour objet
(Circ. DRT no 12, 30 nov. 1984). l’attribution de sièges supplémentaires. Une telle
négociation ne peut avoir pour objet de remettre
◆ Décision de l’autorité administrative en cause la décision rendue par la Dreets. L’accord
◗ Saisine de la Dreets conclu dans ces conditions emporte contractuali-
En cas de désaccord, la Dreets (qui remplace la sation des sièges déjà attribués et rend caduque la
Direccte depuis le 1er avril 2021) dans le ressort décision administrative (Cass. soc., 28 janv. 2015,
duquel se trouve le siège de l’entreprise décide de no 14-15.817 P).
la répartition des sièges entre les différents établis-
sements et les différentes catégories de personnel. ◗ Recours possibles
La Dreets rend sa décision dans un délai de deux Les recours contentieux formés contre les décisions
mois à compter de sa saisine (C. trav., art. L. 2316-8 ; administratives relatives à la répartition des sièges
C. trav., art. R. 2316-2). entre les différents établissements et les différentes
Cette saisine a pour effet de suspendre le processus catégories de personnel doivent être portées devant
électoral jusqu’à la décision et d’entraîner la pro- le tribunal judiciaire (C. trav., art. L. 2316-8 ; C. trav.,
rogation des mandats en cours des élus concernés art. R. 2316-2 et art. R. 2316-9).
jusqu’à la proclamation des résultats du scrutin Le tribunal judiciaire doit être saisi dans les
(C. trav., art. L. 2316-8). quinze jours suivant la notification de la décision
À NOTER
administrative. Cette dernière est faite par lettre
recommandée avec demande d’avis de réception et
En cas de décision implicite de rejet rendue par la
Dreets, la suspension du processus électoral cesse en mentionne les voies et délais de recours (C. trav.,
l’absence de contestation de cette décision dans les art. R. 2316-2).
quinze jours (Cass. soc., 2 févr. 2022, no 20-60.262 P). En cas de décision implicite de rejet, par silence
◗ Pouvoirs de la Dreets gardé à l’issue du délai de deux mois suivant sa
La Dreets, sous réserve du respect des disposi- saisine, le délai de quinze jours court à compter
tions légales, notamment de l’attribution du ou de la date de la décision implicite.
des sièges réservés aux cadres, a toute liberté pour Le tribunal judiciaire doit être saisi par voie de
répartir les sièges. Elle peut tenir compte tant de requête (C. trav., art. R. 2314-24).
l’importance et de la structure des effectifs des
protocole d’accord préélectoral relatif à l’élection du Ces modalités sont également applicables en cas
CSE central (Cass. soc., 30 oct. 2013, no 13-12.234 P).
de remplacement ou de cessation de fonctions du
représentant syndical.
➥ Pour plus de détails sur les modalités d’informa-
Représentant syndical tion, voir no 10.
au CSE central
19 DÉSIGNATION 20 CONTENTIEUX
Chaque organisation syndicale représentative dans Les contestations relatives à la désignation des
l’entreprise désigne un représentant au comité représentants syndicaux au CSE central sont de
social et économique (CSE) central choisi, soit la compétence du tribunal judiciaire qui statue
parmi les représentants de cette organisation aux en dernier ressort (C. trav., art. L. 2316-9 ; C. trav.,
CSE d’établissement, soit parmi les membres élus art. R. 2316-10). La procédure à suivre est celle pré-
de ces comités (C. trav., art. L. 2316-7). vue aux articles R. 2314-24 et R. 2314-25 du Code
Bien que le texte de l’article L. 2316-7 du Code du du travail (voir no 12).
travail dispose que chaque organisation « désigne » Concernant les représentants syndicaux au CSE
un représentant au CSE central, cette désignation central, le tribunal judiciaire territorialement
ne saurait constituer une obligation. compétent est celui du siège social de l’entreprise
Cette faculté est par ailleurs réservée aux syndi- (Cass. soc., 1er juill. 1985, no 85-60.006 P).
cats représentatifs au niveau de l’entreprise et non
d’un ou de plusieurs établissements (Cass. soc.,
27 oct. 2004, no 02-60.321). Peu importe toutefois
que l’organisation syndicale ne soit pas représenta-
tive dans l’ensemble des établissements (Cass. soc., COMITÉ SOCIAL
17 janv. 2018, no 16-26.965).
Le représentant syndical au CSE central peut être
ET ÉCONOMIQUE
choisi parmi les membres élus titulaires ou sup- INTERENTREPRISES
pléants des CSE d’établissement. Comme pour
le comité social et économique, il y a incompa- 21 PRÉSENTATION
tibilité entre les mandats de membre élu du CSE À l’origine, la mise en place d’un comité inter
central d’entreprise et de représentant syndical entreprises n’était envisagée que sous l’angle de la
au CSE central (Circ. DRT no 12, 30 nov. 1984 ; gestion d’institutions sociales communes et était
voir no 13). constituée par un accord entre plusieurs comi-
Bien que visant le représentant syndical au comité tés. Ce comité existe toujours, sous l’appellation
social et économique, l’article D. 2143-4 du Code « comité des activités sociales et culturelles inte-
du travail, relatif aux modalités d’information de rentreprises » (C. trav., art. R. 2312-43 à R. 2312-
l’employeur, semble applicable au représentant 48 ; voir no 23).
syndical au CSE central. L’ordonnance no 2017-1386 du 22 septembre 2017
Si l’on applique ces règles, les nom et prénom du (JO 23 sept.) est allée plus loin en ouvrant la
représentant syndical au CSE central doivent être possibilité à plusieurs entreprises, proches géo-
portés à la connaissance de l’employeur, soit par graphiquement et affectées par des probléma-
lettre recommandée avec avis de réception, soit tiques communes, de mettre en place un comité
par lettre remise à l’employeur contre récépissé. interentreprises, par accord intere ntreprises
Ils sont simultanément communiqués à l’agent de (C. trav., art. L. 2313-9).
contrôle de l’inspection du travail pour informa-
tion (C. trav., art. L. 2143-7). 22 CSE INTERENTREPRISES INSTITUÉ
À NOTER PAR ACCORD COLLECTIF
Le défaut de communication de ces informations Le comité social et économique (CSE) inter
à l’inspection du travail n’a pas d’influence sur la entreprises peut être mis en place par un accord col-
validité de la désignation du représentant syndical lectif interentreprises conclu entre les employeurs
(Cass. soc., 2 avr. 1996, no 95-60.624 : concernant les
délégués syndicaux). des entreprises et les organisations syndicales
représentatives au niveau interprofessionnel ou
La date portée sur l’avis de réception ou sur le au niveau départemental, lorsque la nature et l’im-
récépissé fait foi entre les parties. portance de problèmes communs aux entreprises
d’un même site ou d’une même zone le justifient
(C. trav., art. L. 2313-9).
sièges entre les représentants des salariés des entre- – articles L. 2314-10 (organisation d’élections par-
prises intéressées (C. trav., art. R. 2312-46). tielles) ;
Le silence gardé pendant plus de quatre mois par le – articles L. 2314-33 (durée et fin du mandat, nombre
maximal de mandats) ;
ministre du Travail vaut décision de rejet (C. trav.,
– articles L. 2314-36 (révocation d’un élu) ;
art. R. 2312-46).
– articles L. 2315-7 à L. 2315-14 (heures de délégation,
déplacement et circulation de la délégation du personnel
◆ Durée du mandat du CSE) ;
Les membres du comité des activités sociales et – articles L. 2315-23 (personnalité civile et présidence
culturelles interentreprises sont désignés pour une par l’employeur ou son représentant) ;
durée équivalente à celle qu’ils tiennent de leur – articles L. 2315-28 à L. 2315-35 (réunions, votes et
mandat à leur CSE. délibérations).
Au surplus, l’article L. 2314-37 du Code du tra-
vail est applicable au comité des activités sociales ◆ Contentieux électoral
et culturelles interentreprises. Ces dernières dis- Le comité des activités sociales et culturelles
positions concernent les modalités de remplace- interentreprises étant assimilé par la loi à un
ment d’un membre titulaire d’un comité social et CSE, les contestations relatives à la régularité des
économique par un membre suppléant en cas de élections de ses membres sont de la compétence
cessation de fonction ou d’empêchement (C. trav., du tribunal judiciaire (Cass. soc., 7 janv. 1982,
art. R. 2312-47). no 81-60.879 P).
La durée du mandat des représentants des À NOTER
employeurs n’est pas précisée. A défaut de dispositions expresses en ce sens, le juge-
REMARQUE ment qui tranche une contestation relative aux élec-
tions au comité interentreprises est rendu en premier
L’article R. 2312-47 précise que sont également appli-
ressort et, en conséquence, est susceptible d’appel
cables les dispositions suivantes du Code du travail
(Cass. soc., 25 juin 2014, no 13-24.982). ■
portant sur le comité social et économique :
Crédit d’heures
Secret professionnel
et obligation de discrétion
Protection sociale
Les membres du comité social et économique bénéficient d’un mandat de quatre ans.
Cette durée peut toutefois être prolongée ou réduite entre deux et quatre ans par accord collectif.
Ce mandat est renouvelable, en principe dans la limite de trois mandats successifs.
Par ailleurs, le mandat peut être suspendu ou prendre fin de façon anticipée dans certains cas.
Les membres du comité social et économique peuvent en tout état de cause être remplacés
en cours de mandat.
Ils disposent d’un crédit d’heures mensuel pour exercer leurs missions et sont tenus au secret
professionnel et à l’obligation de discrétion.
ATTENTION
Dès lors que l’employeur a signé et appliqué sans
MANDAT réserves l’accord prévoyant la prorogation du man-
dat des élus, celui-ci ne peut le remettre en cause au
motif qu’il n’a pas été signé à l’unanimité (Cass. soc.,
24 DURÉE 4 févr. 2014, no 11-27.134 P).
◆ Quatre ans
Les membres du comité social et économique (CSE) ◗ Prorogations prévues par la loi
sont élus pour quatre ans (C. trav., art. L. 2314-33). Les mandats sont automatiquement prorogés
Leur mandat est renouvelable dans certaines lorsque le processus électoral est suspendu par
limites (voir no 25). l’attente de la décision du Dreets (remplaçant le
Un accord de branche, de groupe ou d’entreprise Direccte depuis le 1er avril 2021) portant sur :
peut, à titre dérogatoire, fixer une durée comprise – le cadre géographique des élections, à savoir la
entre deux et quatre ans (C. trav., art. L. 2314-34). reconnaissance du caractère d’établissement dis-
tinct (C. trav., art. L. 2313-5) ;
◆ Point de départ du mandat – la répartition des sièges entre les différentes caté-
Le mandat prend effet pour : gories de personnel et la répartition du personnel
– une première élection. Au jour de la proclama- dans les collèges électoraux, lorsqu’au moins une
tion des résultats par le bureau de vote, même si un organisation syndicale a répondu à l’invitation
recours en contestation des élections est introduit de négocier, mais qu’un accord avec ce dernier,
(Cass. soc., 25 mai 2011, no 10-12.200) ; conclu selon les conditions de la double majo-
– un renouvellement de l’institution. Le jour où rité (C. trav., art. L. 2314-6), n’a pu être obtenu
expire le mandat des représentants du personnel (C. trav., art. L. 2314-13) ;
en place. – la répartition des sièges entre les différents éta-
Lorsque les élections se déroulent avant l’expira- blissements et les différentes catégories en cas de
tion des mandats en cours, les nouveaux mandats mise en place d’un CSE central et de CSE d’éta-
entrent en vigueur à compter de l’expiration de ceux blissement, si l’employeur et les organisations
des élus sortants. Lorsqu’elles ont lieu après, ils syndicales intéressées sont en désaccord (C. trav.,
entrent en vigueur dès la proclamation des résultats. art. L. 2316-8).
Dans ce cas, le mandat des élus en cours, non
◆ Prorogation du mandat encore expiré, est prorogé de plein droit jusqu’à
Le mandat expire normalement à l’arrivée de son l’organisation régulière du scrutin et la proclama-
terme. Il peut, exceptionnellement, être prorogé tion des résultats.
en cas de retard indépendant de la volonté de
l’employeur ou des organisations syndicales pour 25 NOMBRE LIMITÉ DE MANDATS
renouveler le CSE. ◆ Trois mandats successifs au maximum
Les membres du comité social et économique ne
◗ Accord collectif unanime peuvent pas exercer plus de trois mandats succes-
Seule la clause expresse, et non équivoque, d’une sifs (C. trav., art. L. 2314-33).
convention collective ou d’un accord d’entre- Cette limitation ne s’applique qu’à partir de la mise
prise ayant emporté l’unanimité des syndicats en place du premier comité social et économique :
représentatifs dans l’entreprise peut proro- elle ne s’applique pas de manière rétroactive aux
ger le mandat des représentants du personnel mandats des élus des anciennes institutions repré-
(Cass. soc., 26 juin 2013, no 12-60.246 P ; Cass. soc., sentatives du personnel (Questions-réponses sur le
9 nov. 2016, no 15-29.067). CSE, ministère du Travail, mis à jour janv. 2020,
question n o 53). Pour l’appréciation des trois
mandats successifs, il n’y a donc pas lieu de tenir – activité partielle (Cass. crim., 25 mai 1983,
compte des anciens mandats occupés en qua- no 82-91.538 P rendu à propos de l’ancien chômage
lité de délégué du personnel, de membre élu du partiel) ;
comité d’entreprise, du CHSCT, de la délégation – mise à pied conservatoire ou disciplinaire
unique du personnel ou de l’ancienne instance (Cass. soc., 2 mars 2004, no 02-16.554 P ; Cass. crim.,
regroupée. 11 sept. 2007, no 06-82.410 P) ;
Le décompte des trois mandats ne débute qu’à – congé sans solde (Cass. soc., 27 mai 2009,
compter du premier mandat de membre du comité no 08-42.555 P) ou pour création d’entreprise
social et économique. (Cass. soc., 9 oct. 2007, no 06-42.348).
ATTENTION
◆ Exceptions à la limitation S’agissant du représentant du personnel en arrêt
des mandats successifs maladie, la Cour de cassation précise que l’exercice
La limite de trois mandats successifs ne s’applique « répété et prolongé » des fonctions représenta-
tives, même durant les heures de sortie autorisées,
pas : est incompatible avec l’arrêt de travail et la percep-
– dans les entreprises de moins de 50 salariés ; tion d’indemnités journalières, sauf si le médecin
– dans les entreprises dont l’effectif est compris entre traitant a expressément autorisé le représentant
50 et 300 salariés, si le protocole d’accord préélecto- du personnel à poursuivre son activité représen-
tative (Cass. 2 e civ., 9 déc. 2010, no 09-17.449 P ;
ral en stipule autrement (C. trav., art. L. 2314-33). Cass. ch. mixte., 21 mars 2014, no 12-20.002 P).
REMARQUE
Une réponse ministérielle précise que la limite de
trois mandats successifs ne s’applique pas dans les 27 FIN ANTICIPÉE DU MANDAT
entreprises de moins de 50 salariés, sans que le pro- Le mandat des membres du comité social et éco-
tocole d’accord préélectoral ne puisse prévoir de
dérogations (Rép. min. no 6571, 9 août 2018, JO Sénat, nomique prend fin de façon anticipée par le décès,
17 janv. 2019, p. 338). la démission, la rupture du contrat de travail ou
la perte des conditions requises pour être éligible.
Cette limitation de mandats successifs et les Le changement de catégorie professionnelle ne
exceptions précitées s’appliquent également aux met pas fin au mandat (C. trav., art. L. 2314-33).
membres du CSE central et aux membres des CSE Tout membre du CSE peut, par ailleurs, être révo-
d’établissement. Le ministère du Travail consi- qué en cours de mandat sur proposition de l’orga-
dère qu’elle s’applique également au sein d’une nisation syndicale qui l’a présenté, approuvée au
unité économique et sociale (Questions-réponses scrutin secret par la majorité du collège électoral
sur le CSE, ministère du Travail, mis à jour janv. auquel il appartient (C. trav., art. L. 2314-36).
2020, question no 52).
L’article L. 2314-33 du Code du travail renvoie à 28 REMPLACEMENT EN COURS DE MANDAT
un décret pour la fixation de ses conditions d’ap- Lorsqu’un membre titulaire cesse ses fonctions de
plication. L’article R. 2314-26 précise ainsi que, manière anticipée, en application des dispositions
sauf stipulations contraires, les dispositions du de l’article L. 2314-33 du Code du travail (décès,
protocole d’accord préélectoral relatives à l’ex- démission, rupture du contrat de travail, perte
ception à la limitation du nombre de mandats des conditions requises pour être éligible) ou est
successifs sont à durée indéterminée. momentanément absent, il est remplacé par un
À NOTER membre suppléant élu sur une liste présentée par
Le législateur ne précise pas ce qui peut être négocié la même organisation syndicale. La priorité est don-
dans le protocole d’accord préélectoral concernant née au suppléant de la même catégorie (C. trav.,
le nombre de mandats successifs. Outre la faculté art. L. 2314-37).
d’exclure toute limitation, on peut se demander si
l’accord pourrait prévoir une limitation différente du À NOTER
nombre de mandats. Les conditions de cessation anticipée du mandat
s’entendent de manière restrictive : aussi, l’annu-
26 SUSPENSION DU CONTRAT DE TRAVAIL lation de l’élection d’un élu surnuméraire du sexe
surreprésenté, qui ne figure pas au nombre des
La suspension du contrat de travail n’entraîne pas causes de cessation des fonctions visées par l’ar-
de facto celle du mandat représentatif. Il en est ainsi ticle L. 2314-33, ne peut donner lieu à l’application
notamment en cas de : des règles relatives au remplacement d’un titulaire
– maladie du salarié (Cass. crim., 16 juin 1970, cessant ses fonctions (Cass. soc., 22 sept. 2021,
no 20-16.859 P).
no 69-93.132 P) ;
– grève (Cass. soc., 27 févr. 1985, no 82-40.173 P ; S’il n’existe pas de suppléant élu sur une liste pré-
Cass. soc., 13 déc. 2017, no 16-19.042) ; sentée par l’organisation syndicale qui a présenté le
art. L. 2314-35). Cet accord n’est pas nécessaire- Nombre d’heures de délégation
ment conclu à l’unanimité des organisations syn- des membres titulaires du CSE
dicales représentatives (Cass. soc., 17 déc. 2014,
no 14-14.917 P). Pour être valable, il doit être signé 32 CADRE LÉGAL
dans les conditions de droit commun résultant Le nombre d’heures de délégation est fixé par
de l’article L. 2232-12 du Code du travail (accord décret en fonction à la fois des effectifs de l’en-
majoritaire). treprise, ou de l’établissement, et du nombre de
Si le transfert entraîne la perte du caractère dis- membres de la délégation du personnel au comité
tinct de l’établissement, les membres du CSE social et économique, sans pouvoir être inférieur
cessent leurs fonctions (Cass. soc., 18 nov. 2009, à 10 heures par mois dans les entreprises de moins
no 08-42.920). de 50 salariés et à 16 heures par mois dans les
autres entreprises (C. trav., art. L. 2315-7).
En l’absence de dispositions négociées dans le
protocole d’accord préélectoral, comme le permet
l’article L. 2314-7 du Code du travail, c’est l’article
R. 2314-1 du Code du travail qui fixe le nombre
CRÉDIT D’HEURES d’heures de délégation des membres titulaires du
comité social et économique (voir tableau p. 10).
Le représentant doit informer l’employeur au plus ce crédit qui doit être pris en compte, peu impor-
tard huit jours avant la date prévue de l’utilisation tant qu’un crédit mensuel majoré ou minoré ait
des heures cumulées (C. trav., art. R. 2315-5). été négocié.
EXEMPLE Les membres titulaires de la délégation du per-
Si l’on reprend l’exemple précédent, si un titulaire sonnel au CSE concernés doivent informer l’em-
n’utilise que 15 heures au cours d’un mois, il n’a pas ployeur du nombre d’heures réparties au titre de
d’information particulière à faire. chaque mois, au plus tard huit jours avant la date
En revanche, si le mois suivant, il a atteint son crédit prévue pour leur utilisation. L’information doit se
de 21 heures et décide d’utiliser tout ou partie des
6 heures qu’il n’a pas utilisées le mois précédent, il
faire par un document écrit précisant leur identité
doit informer l’employeur huit jours avant de le faire. ainsi que le nombre d’heures mutualisées pour
chacun d’eux (C. trav., art. R. 2315-6).
Le texte ne semble pas prévoir que le salarié doive À NOTER
demander le report d’heures non utilisées au cours Le « Questions-réponses » du ministère du Travail
d’un mois, celui-ci est automatique. envisage la possibilité d’utiliser la mutualisation avec
Par ailleurs, le délégué peut cumuler ces heures les représentants de proximité (voir encadré p. 28),
bien que les textes ne le prévoient pas explicitement
sur les douze mois, il n’est pas obligé de les utiliser (Questions-réponses sur le CSE, ministère du Travail,
dans un certain délai. Mais si au dernier mois de mis à jour janv. 2020, question no 76).
cette période, le crédit cumulé dépasse la limite
mensuelle (1,5 fois le crédit mensuel théorique), 37 CIRCONSTANCES EXCEPTIONNELLES
les heures en surnombre devraient être perdues. ◆ Définition
À NOTER En l’absence de définition légale, la jurisprudence
On peut se demander si le membre titulaire du CSE définit les circonstances exceptionnelles ouvrant
a la possibilité d’utiliser une partie de son crédit droit à dépassement comme une activité inhabi-
d’heures annuel par anticipation sur cette période tuelle nécessitant un surcroît de démarches et d’ac-
des douze mois. Dans son « Questions-réponses »,
le ministère du Travail évoque seulement la possi- tivités débordant le cadre des tâches coutumières
bilité donnée aux membres du CSE de « reporter » des membres du comité social et économique, en
leurs heures de délégation (Questions-réponses sur raison notamment de la soudaineté, de l’imprévi-
le CSE, ministère du Travail, mis à jour janv. 2020, sibilité et de l’urgence de l’événement entraînant
question no 77).
un surcroît d’activité.
Constituent des circonstances exceptionnelles :
36 MUTUALISATION DES HEURES DE DÉLÉGATION – l’élaboration d’un plan de sauvegarde de l’emploi
Les membres titulaires de la délégation du person- (PSE) comportant la suppression de 1 261 emplois
nel au CSE ont également la possibilité, chaque dans l’ensemble des établissements d’une entre-
mois, de répartir entre eux et avec les membres prise (Cass. soc., 19 déc. 1991, no 89-40.875), ou
suppléants, le crédit d’heures de délégation dont d’un plan de repositionnement assimilable à un PSE
ils disposent (C. trav., art. L. 2315-9). (Cass. soc., 10 déc. 2003, no 01-41.658 P) ;
Cette répartition ne peut conduire l’un des élus du – le suivi d’un PSE, des mesures d’activité par-
CSE à disposer, dans le mois, de plus d’une fois et tielle et des poursuites judiciaires contre l’entre-
demie le crédit d’heures de délégation dont béné- prise impliquant près de la moitié des effectifs
ficie un titulaire en application des dispositions (Cass. soc., 27 nov. 2012, no 11-21.202) ;
réglementaires (C. trav., art. R. 2315-6). – la possible délocalisation de l’entreprise à l’étran-
EXEMPLE ger (Cass. soc., 6 mars 2002, no 99-45.134) ;
Dans une entreprise de 110 salariés, les titulaires – le déclenchement du droit d’alerte économique
bénéficient en principe d’un crédit mensuel de du CSE (Cass. soc., 29 avr. 2009, no 07-45.480) ;
21 heures (C. trav., art. R. 2314-1). – le conflit collectif qui a affecté tous les ateliers
Un titulaire peut utiliser 17 heures : et s’est prolongé dans l’entreprise plusieurs mois
– et transférer 4 heures à son suppléant ; (Cass. soc., 8 juill. 1998, no 97-42.743) ;
– ou transférer 2 heures à son suppléant et 2 heures à – la reprise par le CSE de la gestion du res-
un autre titulaire (qui bénéficiera alors de 23 heures
taurant d’entreprise, impliquant sa réorga-
de délégation dans le mois, ce qui reste inférieur à
21 x 1,5 = 31,5 heures). nisation et la recherche d’un gestionnaire
(Cass. soc., 17 mai 1979, no 78-40.217 P) ;
Contrairement à ce qui est prévu pour l’utilisation – la démission de la quasi-totalité des membres
cumulative du crédit d’heures, le plafond est établi du comité, rendant sa gestion très délicate et obli-
sur la base du crédit d’heures résultant de l’article geant le secrétaire et le trésorier à assumer seuls
R. 2314-1 du Code du travail. C’est donc a priori
Mise en place
Ils peuvent être institués dans le cadre de l’accord définissant le nombre et le périmètre des établissements distincts (C. trav., art. L. 2313-7).
Ce dernier doit être majoritaire, c’est-à-dire conclu avec une ou plusieurs organisations syndicales de salariés représentatives ayant
recueilli plus de 50 % des suffrages exprimés en faveur d’organisations représentatives au premier tour des dernières élections des
titulaires au CSE, quel que soit le nombre de votants (C. trav., art. L. 2313-2 et art. L. 2232-12, al 1). Il ne peut s’agir d’un accord mino-
ritaire avec possibilité de référendum.
L’accord est conclu au niveau de l’entreprise. Pour autant, la Cour d’appel de Paris a reconnu la possibilité de conclure un accord
d’établissement pour la mise en place de représentants de proximité (CA Paris, Pôle 6, ch. 2, 13 janv. 2022, no 19/15268). Le ministère du
Travail précise que lorsque le nombre et le périmètre des établissements distincts sont établis par décision unilatérale de l’employeur,
la mise en place de représentants de proximité peut être décidée par accord collectif majoritaire en cours de cycle (Questions-réponses
sur le CSE, ministère du Travail, mis à jour janv. 2020, question no 33).
L’accord définit (C. trav., art. L. 2313-7):
– le nombre de représentants de proximité ;
– leurs attributions, « notamment en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail » ;
– les modalités de leur désignation ;
– les modalités de fonctionnement, notamment le nombre d’heures de délégation qui leur sont accordées pour l’exercice de leurs
attributions.
À NOTER
Il ne semble pas possible de transférer aux représentants de proximité, par l’accord de mise en place, des prérogatives prévues par les textes
pour les membres élus du CSE.
L’accord a toute liberté pour façonner l’institution. Il peut prévoir que les représentants de proximité participent aux réunions du CSE
(Questions-réponses sur le CSE, ministère du Travail, mis à jour janv. 2020, question no 37).
Ces représentants sont des membres du CSE ou bien des salariés désignés par lui. Leur mandat prend fin avec celui des membres du CSE
(C. trav., art. L. 2313-7).
Les organisations syndicales représentatives ne peuvent désigner ces représentants parmi les salariés de l’entreprise. De même, une
élection directe par les salariés du périmètre d’implantation concerné est exclue (Questions-réponses sur le CSE, ministère du Travail, mis
à jour janv. 2020, question n° 36).
Moyens
L’accord peut fixer un crédit d’heures de délégation au profit de ces représentants (C. trav., art. L. 2313-7). A défaut, ces derniers utilisent
leurs heures de délégation de membre du CSE. Il est en effet possible de n’accorder aucun crédit supplémentaire d’heures de délégation
aux membres du CSE qui sont également représentants de proximité (C. trav., art. R. 2314-1).
Si l’article L. 2315-9 du Code du travail permet aux membres titulaires de mutualiser leurs heures de délégation avec des membres
suppléants, il ne prévoit pas de mutualisation avec les représentants de proximité. En revanche, le «questions-réponses» du ministère
du Travail envisage cette possibilité (Questions-réponses sur le CSE, ministère du Travail, mis à jour janv. 2020, question n° 76 ; voir n° 36).
L’accord peut également prévoir les moyens matériels accordés aux représentants de proximité qui ne sont pas par ailleurs membres du
CSE (moyens de communication, liberté de déplacement, mise à disposition d’un local, etc).
En outre, ils peuvent bénéficier, s’ils sont également membres du CSE, des formations prévues pour ces derniers. Le CSE peut aussi
décider d’affecter une partie de son budget de fonctionnement à la formation des représentants de proximité (C. trav., art. L. 2315-61).
toute la charge de travail (Cass. soc., 4 déc. 2002, Nombre d’heures de délégation
no 00-43.717) ; des représentants syndicaux
– l’absence de plusieurs membres du comité,
au CSE
dont celle du trésorier adjoint en arrêt maladie
(Cass. soc., 12 mai 2021, no 19-21.124). 38 ENTREPRISES CONCERNÉES
En revanche, ne constituent pas des circonstances Un crédit d’heures est accordé aux représentants
exceptionnelles justifiant un dépassement du cré- syndicaux au comité social et économique dans
dit d’heures : les entreprises d’au moins 501 salariés (C. trav.,
– une grève de courte durée n’affectant qu’un art. L. 2315-7, 2°).
seul service et une petite fraction du personnel Pour les entreprises d’au moins 501 salariés consti-
(Cass. soc., 19 févr. 1975, no 73-40.684 P) ; tuées d’établissements distincts n’atteignant pas
– le temps passé à la surveillance d’un spectacle ce seuil, le crédit d’heures est accordé aux repré-
organisé en faveur des enfants du personnel, cette sentants syndicaux au comité central (C. trav.,
manifestation annuelle étant tout à fait prévisible art. L. 2315-7, 3°).
(Cass. soc., 16 nov. 1983, no 81-42.984 P) ;
– l’assistance d’un salarié devant un conseil de 39 VOLUME D’HEURES DE DÉLÉGATION
prud’hommes, cette mission étant étrangère au Les représentants syndicaux auprès du comité
mandat (Cass. soc., 21 févr. 1990, no 86-44.111 P). social et économique (CSE) ou du CSE central dis-
posent d’un crédit qui ne peut excéder 20 heures
◆ Modalités de dépassement par mois (C. trav., art. R. 2315-4).
Sous l’empire des dispositions applicables aux Les modalités de décompte spécifiques aux salariés
anciennes institutions représentatives du person- en forfait en jours prévues par le Code du travail
nel, la jurisprudence considérait que le dépas- pour les élus titulaires au CSE sont applicables aux
sement de crédit d’heures pour circonstances représentants syndicaux au CSE ou au CSE central
exceptionnelles ne pouvait être utilisé qu’après (C. trav., art. R. 2315-4 ; voir no 34).
épuisement du crédit mensuel (Cass. soc., De même, les modalités d’utilisation cumulée sur
6 nov 1985, no 82-41.499). Cette règle devrait logi- l’année des heures de délégation prévues pour
quement perdurer. les élus titulaires sont applicables aux représen-
Qu’en est-il si le salarié dispose d’heures non uti- tants syndicaux (voir no 35). En effet, les articles
lisées qu’il a reportées ? La logique voudrait qu’il L. 2315-8 et R. 2315-5 du Code du travail ne visent
utilise également ces heures avant de pouvoir pas les seuls élus titulaires.
bénéficier d’un crédit exceptionnel, la limite de REMARQUE
1,5 fois le crédit devant, à notre sens, s’appliquer. En revanche, la mutualisation des heures de délé-
La question peut aussi se poser de savoir si le gation est clairement limitée aux élus titulaires du
délégué est tenu de se faire transférer au maxi- CSE, qui peuvent répartir leur crédit entre eux et
avec les membres suppléants (C. trav., art. L. 2315-9 ;
mum les heures des autres élus avant de pouvoir voir no 36).
bénéficier d’un crédit exceptionnel. À notre sens,
non, car cela reviendrait à priver les autres élus Le crédit de 20 heures peut également être dépassé
d’une partie de leur crédit. en cas de circonstances exceptionnelles (voir no 37).
◆ Preuve
La preuve de l’existence de circonstances excep- Décompte des heures
tionnelles incombe au représentant du person- de délégation
nel et non à l’employeur, puisque les heures de
dépassement ne bénéficient pas de la présomp- 40 ACTIVITÉS IMPUTABLES
tion de bonne utilisation (Cass. soc., 4 juill. 2000, SUR LE CRÉDIT D’HEURES
no 97-44.846 P). Le crédit d’heures doit être utilisé conformément
Le représentant du personnel doit prouver, à son objet, c’est-à-dire pour l’exercice des attri-
en cas de contestation de l’employeur, que les butions du comité social et économique (CSE).
heures de délégation prises au-delà de son crédit Les réunions du CSE en dehors de la présence de
d’heures mensuel ont été utilisées conformément l’employeur (réunions préparatoires des membres
à l’objet de son mandat (Cass. soc., 20 févr. 1996, du comité) entrent donc dans le cadre du cré-
n o 92-44.968 ; Cass. soc., 18 juill. 2001, dit d’heures dont bénéficient ses membres. En
no 99-43.386). revanche, les heures ainsi passées ne sont pas
payées, sauf convention ou accord contraire, aux
membres du comité qui y assistent et ne bénéficient des commissions, autres que la commission santé,
pas d’un crédit d’heures (Cass. soc., 16 nov. 1983, sécurité et conditions de travail (Questions-réponses
sur le CSE, ministère du Travail, mis à jour janv. 2020,
no 81-42.984 P).
question n° 81). Saisi de cette question, le tribunal judi-
Il a également été jugé qu’était dans l’exercice de ciaire de Lyon a estimé que n’étaient visées par le pla-
son mandat l’élu qui : fonnement que les réunions des commissions du CSE
– assure sa défense lors d’une contestation par (TJ Lyon, ord. réf., 7 juin 2021, no 21/00504).
l’employeur de l’utilisation de son propre crédit ◗ Réunions des commissions
d’heures (Cass. soc., 23 janv. 1990, no 86-43.817 P ; Le temps passé aux réunions des commissions du
Cass. ass. plén., 31 oct. 1996, no 91-44.770 P) CSE est payé comme du temps de travail effectif et
ou lorsque l’employeur lui refuse le paie- n’est pas déduit des heures de délégation, dans les
ment total ou partiel des heures de délégation conditions fixées par un accord d’entreprise. Celui-ci
(Cass. soc., 17 mai 2006, no 04-41.600) ; détermine la limite au-delà de laquelle les heures
– répond à la convocation de l’inspecteur du passées à ces réunions viennent en déduction des
travail dans le cadre de l’enquête faisant suite à heures de délégation (C. trav., art. L. 2315-11, 2°).
la demande d’autorisation de son licenciement À défaut d’accord d’entreprise, le temps passé à ces
(Cass. soc., 3 juill. 1990, no 87-40.838 P). réunions est déduit des heures de délégation dès
Le crédit d’heures ne pouvant être utilisé que pour lors que la durée annuelle globale de ces réunions
des tâches ou des démarches se rapportant aux excède (C. trav., art. R. 2315-7) :
attributions du CSE, cela exclut les missions de – 30 heures pour les entreprises de 300 à 1 000 sala-
soutien de revendications individuelles, la prépa- riés ;
ration ou la négociation de conventions collectives – 60 heures pour les entreprises d’au moins
ou la participation à des réunions syndicales si leur 1 000 salariés.
objet ne concerne pas directement l’entreprise. L’effectif est apprécié une fois par an, sur les douze
De même, ne peut être imputé sur le crédit d’heures mois précédents, à compter du premier mois sui-
le temps passé à : vant celui au cours duquel a été élu le CSE.
– la défense des propres intérêts du représentant Par exception, ne sont pas prises en compte dans
du personnel devant le conseil de prud’hommes ce plafond les heures passées aux réunions de la
(Cass. soc., 3 févr. 1998, no 96-42.062 P : demande commission santé, sécurité et conditions de travail
en paiement d’un rappel de salaire le concernant) ; (voir no 90), qui sont payées comme temps de tra-
– la participation à une réunion extérieure, même vail et ne sont pas déduites du crédit d’heures de
concernant l’entreprise, organisée par un syndicat délégation (C. trav., art. R. 2315-7).
(Cass. soc., 4 oct. 1995, no 94-42.139) ; Cette exception n’est inscrite que dans les dispo-
– des élections prud’homales en tant que scrutateur sitions réglementaires applicables en l’absence
(Cass. soc., 21 janv. 1987, no 83-43.483 P) ; d’accord. Il semble donc que l’accord d’entreprise
– rechercher une information personnelle ne se puisse fixer un plafond de la prise en charge des
rattachant pas directement à une difficulté par- heures de réunion, y compris pour la commission
ticulière de l’entreprise (Cass. soc., 3 juill. 1984, santé, sécurité et conditions de travail, au-delà
no 81-42.641 ; Cass. soc., 13 déc. 2017, no 16-14.132). duquel ces heures seraient déduites du crédit
d’heures de délégation.
41 ACTIVITÉS NON IMPUTABLES REMARQUE
SUR LE CRÉDIT D’HEURES Les membres de la commission santé, sécurité et
◆ Membres de la délégation du personnel conditions de travail bénéficient d’ailleurs d’un crédit
au comité social et économique d’heures de délégation supplémentaire pour l’exer-
cice de leur mission : celui-ci est fixé selon les cas
◗ Réunions du comité social et économique par accord d’entreprise (C. trav., art. L. 2315-41), par
Le temps passé aux réunions du CSE est payé accord avec le CSE (C. trav., art. L. 2315-43) ou par
comme du temps de travail effectif et n’est le règlement intérieur du CSE (C. trav., art. L. 2315-
pas déduit des heures de délégation (C. trav., 44 ; voir no 90).
art. L. 2315-11, 2°). ➥ Sur le temps de trajet pour se rendre aux réu-
nions, voir encadré p. 43.
À NOTER
La rédaction de l’article L. 2315-11, 2° du Code du ◗ Recherche de mesures préventives
travail, combinée à celle de l’article R. 2315-7 du Code dans toute situation d’urgence et de gravité
du travail, peut laisser penser que ce paiement sans Doit également être payé comme temps de tra-
déduction du crédit d’heures de délégation est soumis
à un plafond (voir ci-après). Le ministère du Travail vail effectif, le temps passé par les membres de
estime toutefois que le temps passé aux réunions du la délégation du personnel au CSE à la recherche
CSE ne s’impute pas sur le crédit d’heures de déléga- de mesures préventives dans toute situation d’ur-
tion. Il n’applique le plafonnement qu’aux réunions
gence et de gravité, notamment lors de la mise en Ces heures prises en dehors de l’horaire normal de
œuvre de la procédure de danger grave et immi- travail, en raison des nécessités du mandat, sont
nent prévue à l’article L. 4132-2 du Code du travail rémunérées comme des heures supplémentaires
(C. trav., art. L. 2315-11, 1°). (Cass. soc., 26 juin 2013, no 12-17.476 ; Cass. soc.,
14 oct. 2020, no 18-24.049).
◗ Enquêtes Un membre du CSE travaillant habituellement de
Le temps passé aux enquêtes menées après un nuit, prenant ses heures de délégation pendant la
accident du travail grave ou des incidents répétés journée :
ayant révélé un risque grave ou une maladie pro- – peut prétendre au titre de ces heures au paiement
fessionnelle, ou à caractère professionnel grave, est de la majoration prévue par la convention collec-
également payé comme temps de travail effectif et tive pour le travail de nuit (Cass. soc., 14 mars 1989,
n’est pas déduit des heures de délégation (C. trav., no 86-41.648 P) ;
art. L. 2315-11, 3°). – ne peut se voir imputer par avance son contingent
d’heures de délégation sur sa durée de travail,
◗ Heures de formation ceci ayant pour effet de limiter sa liberté d’utili-
Est pris sur le temps de travail et est rémunéré sation de son crédit d’heures de jour et de nuit
comme tel, sans être déduit des heures de déléga- (Cass. soc., 11 juin 2008, no 07-40.823 P).
tion, le temps consacré (C. trav., art. L. 2315-16) : Si le salarié peut librement exercer son mandat
– à la formation en santé, sécurité et conditions de pendant son temps de travail, il ne peut modi-
travail (C. trav., art. L. 2315-18) ; fier unilatéralement ses horaires pour l’exer-
– à la formation économique (C. trav., art. L. 2145-6 cice de son mandat sans l’accord de l’employeur
et art. L. 2315-63). (Cass. soc., 19 mai 2010, no 08-42.506).
À NOTER
◆ Représentants syndicaux au CSE Par exception, le salarié à temps partiel ne peut dis-
Le temps passé aux séances du comité social et poser totalement librement de ses heures de déléga-
économique est également payé comme temps de tion. En effet, l’article L. 3123-14 du Code du travail
dispose que son temps de travail mensuel ne peut
travail aux représentants syndicaux au CSE. être réduit de plus d’un tiers par l’utilisation de son
Dans les entreprises d’au moins 501 salariés, il crédit d’heures pour l’exercice de mandats. Le solde
n’est pas déduit des heures de délégation (C. trav., éventuel de ce crédit d’heures payées peut être utilisé
art. L. 2315-12). A contrario, dans les entreprises en dehors de ses heures de travail.
de moins de 501 salariés, le temps passé en réu-
nions est en principe déduit du crédit d’heures de 43 INFORMATION DE L’EMPLOYEUR
délégation. Bien que non précisé par le Code du travail, un
usage veut que le représentant du personnel
informe préalablement son employeur qu’il va
Modalités d’utilisation exercer son mandat.
du crédit d’heures Il s’agit d’une simple information et non d’une
demande d’autorisation à l’employeur. Elle n’em-
42 LIBERTÉ D’UTILISATION DU CRÉDIT D’HEURES pêche pas le représentant d’effectuer sa mission.
Le membre du comité social et économique est Cette information de l’employeur peut, dans cer-
libre d’utiliser son crédit d’heures comme bon lui taines circonstances, être effectuée non pas préa-
semble, dès lors que cette utilisation est conforme lablement mais concomitamment à l’exécution du
à la mission du comité. Il peut utiliser son crédit mandat, lorsque la mission est inopinée.
d’heures : Cependant, si le représentant du personnel connaît
– pendant le temps de travail. Constitue un délit la date à laquelle il s’absentera de son poste, il
d’entrave le fait, pour un employeur, d’interdire à pourra lui être reproché d’avoir attendu le dernier
un représentant du personnel tout déplacement moment pour en informer son employeur si cela
dans l’entreprise pendant les heures de travail a perturbé l’organisation du travail. L’employeur
(Cass. crim., 1er févr. 1983, no 82-90.997) ; est en droit de ne pas lui payer ces heures de délé-
– hors du temps de travail, lorsque les nécessités gation (Cass. soc., 12 févr. 1985, no 82-41.647 P).
du mandat le justifient (Cass. soc., 26 juin 2013, Il est difficile de déterminer un délai de préve-
no 12-17.476), sans faire obstacle au respect de la nance suffisant. Il varie selon la nature de l’em-
réglementation sur la durée maximale du travail ploi du représentant et selon la répercussion de
et le repos journalier (Cass. soc., 25 juin 2008, son absence sur le fonctionnement du service
no 06-46.223).
(Rép. min. no 2873, JO Sénat, 20 nov. 1962, p. 1333). l’absence d’un représentant du personnel, et pas une
Seule certitude, le délai de prévenance n’est licite autorisation préalable (Cass. crim., 23 févr. 1982,
que s’il est limité et résulte d’une concertation préa- n o 81-92.015 P ; Cass. crim., 12 avr. 1988,
lable entre l’employeur et les représentants du per- no 87-84.148 P).
sonnel (Cass. crim., 12 avr. 1988, no 87-84.148 P). De telles modalités ne sauraient exister de plein
ATTENTION droit. Elles sont mises en place à l’issue d’une pro-
Si l’employeur peut exiger d’être informé préa cédure de concertation (Cass. crim., 12 avr. 1988,
lablement des heures de départ et de retour des no 87-84.148 P). Toute pratique contraire est illicite
représentants du personnel, il ne peut en revanche : et constitue un délit d’entrave (Cass. crim., 10 mars
– exercer un contrôle a priori sur l’activité des repré-
sentants du personnel. Il ne peut à l’avance appré- 1981, no 80-91.570 P).
cier ni l’opportunité ni le bien-fondé de l’absence du À NOTER
représentant du personnel de son poste de travail. Le Une note de l’employeur, même avec l’approbation
salarié n’a pas à demander une autorisation lorsqu’il du CSE, ne peut étendre la pratique des bons de
veut s’absenter. S’il le fait, l’employeur ne peut la lui délégation prévue par l’accord d’entreprise pour la
refuser (Cass. crim., 10 mars 1981, n° 80-91.570 P) ; circulation des représentants du personnel à un cas
– effectuer un contrôle a posteriori, qui pourrait le qui n’y était pas prévu : le décompte du temps passé
conduire à refuser de payer les heures de délégation. en conversation téléphonique entre représentants du
Même en cas de contestation, l’employeur paye ces personnel (Cass. soc., 10 mai 2006, no 05-40.802 P).
heures à l’échéance normale (voir n° 45).
La présentation d’un bon de délégation vaut
preuve que l’absence du représentant résulte d’un
44 BONS DE DÉLÉGATION temps de délégation qui doit être payé à l’échéance
Si l’employeur ne peut imposer aucune autorisa- normale.
tion préalable au déplacement d’un représentant Elle n’empêche pas l’employeur de saisir ultérieu-
du personnel agissant dans le cadre de ses fonc- rement le conseil de prud’hommes (voir no 45).
tions représentatives, il est informé du déplace- En effet, la délivrance d’un bon de délégation
ment et de la durée approximative de ses absences. n’implique pas la reconnaissance par l’employeur
Le règlement intérieur du comité social et éco- de l’utilisation des heures de délégation confor-
nomique peut utilement prévoir les modalités mément à leur objet (Cass. soc., 13 janv. 1999,
pratiques d’information de la hiérarchie, le plus no 96-43.678).
souvent par l’utilisation de bons de délégation
(voir modèle ci-dessous).
Les bons de délégation sont licites tant qu’ils consti- Paiement du crédit d’heures
tuent un moyen d’information de l’employeur de
45 PRÉSOMPTION DE BONNE UTILISATION
Le crédit d’heures accordé aux membres du CSE
bénéficie d’une présomption d’utilisation conforme
Bon de délégation à son objet (Cass. soc., 11 juin 2008, no 07-40.823 P).
➥ Ce temps est de plein droit considéré comme
Nom :… temps de travail et payé à l’échéance normale.
Prénom :… L’employeur qui entend contester l’utilisation faite
Poste occupé :… des heures de délégation saisit le juge prud’homal
Service :… (C. trav., art. L. 2315-10).
Fonction représentative :…
Jour et heure de départ :…
Jour et heure de retour :… ◆ Paiement de plein droit
(À préciser lors du retour) Même si l’employeur conteste l’utilisation faite
des heures de délégation, il en assure le paiement
Imputation sur le crédit d’heures : OUI – NON (Cass. soc., 19 mai 2016, no 14-26.967 P ; Cass soc.,
(Rayer la mention inadéquate)
13 déc. 2017, no 16-19.042 ; Cass. soc., 16 sept. 2020,
À…, le… no 18-23.805).
Sa résistance au paiement des heures de délégation
est une faute ouvrant droit à des dommages-intérêts
Signature du supérieur hiérarchique (Cass. soc., 21 janv. 2009, no 07-40.609) et consti-
tue un délit d’entrave (Cass. crim., 11 mai 1999,
no 98-82.900). Le non-paiement des heures de
délégation pendant cinq mois a, par exemple, été
Modèle purement indicatif, sans valeur officielle jugé comme constitutif d’un manquement ren-
dant impossible la poursuite du contrat de travail,
justifiant la prise d’acte de la rupture du contrat tion indûment payées (Cass. soc., 16 févr. 2022,
aux torts de l’employeur (Cass. soc., 17 déc. 2014, no 20-19.194).
no 13-20.703). Le défaut de paiement d’heures com-
plémentaires correspondant à des heures de délé- ◗ Réponse du représentant du personnel
gation peut également constituer un élément de fait Le représentant du personnel ne peut se borner à :
laissant supposer l’existence d’une discrimination – invoquer la bonne utilisation de ses heures de
(Cass. soc., 14 oct. 2020, no 19-15.825). délégation dans le cadre de son mandat, sans
En cas d’action en paiement des heures de déléga- apporter de précision sur les activités exercées
tion, le juge du fond évalue souverainement l’im- (Cass. soc., 16 mars 1994, no 92-42.234 P) ;
portance des heures de délégation utilisées, et fixe – fournir, pour chaque mois, des imprimés por-
en conséquence les créances salariales afférentes tant, outre les indications manuscrites de dates et
(Cass. soc., 8 oct. 2014, no 13-16.422). de nombre d’heures de délégation, des mentions
La présomption de bonne utilisation s’applique aux rédigées à l’avance, sans précision sur la nature
heures de délégation : des activités exercées permettant à l’employeur de
– légales ou prévues par un accord ou une s’assurer que celles-ci ont été utilisées pour leur
convention collective (Cass. soc., 9 mai 1989, exercice (Cass. soc., 30 nov. 2004, no 03-40.434 P) ;
no 86-40.375 P) ; – indiquer « activités d’ordre syndical (juri-
– prises par un suppléant en remplacement d’un diques, réunions, etc.) » (Cass. soc., 20 juin 2007,
titulaire (Cass. soc., 30 mai 1990, no 86-43.583 P). no 06-41.219).
En revanche, la présomption de bonne utilisa- Les informations doivent être suffisamment pré-
tion ne joue pas pour les heures de délégation cises pour permettre à l’employeur de contrôler
prises en raison de circonstances exceptionnelles l’utilisation des heures.
(voir no 46).
◆ Contestation
◆ Demande d’information ◗ Compétence du conseil de prud’hommes
◗ Action de l’employeur Ce n’est donc qu’après avoir payé les heures de
Si l’employeur n’est pas convaincu que le repré- délégation, et demandé au salarié des informations
sentant utilise son temps d’absence pour l’exer- sur leur utilisation, que l’employeur peut saisir le
cice de son mandat, il doit demander à l’intéressé conseil de prud’hommes en contestation de l’utili-
de lui fournir des informations sur les activités sation du crédit d’heures (Cass. soc., 18 mai 2011,
exercées pendant son temps de délégation, le cas no 09-71 396 ; Cass. soc., 19 mai 2016, no 14-26.967 P :
échéant par voie judiciaire (Cass. soc., 26 mai 2010, concernant le délégué syndical ; Cass. soc., 16 févr.
no 08-44.588 ; Cass. soc., 18 mai 2011, no 09-71 396). 2022, no 20-19.194).
En principe, l’action en demande de précision À NOTER
sur l’utilisation des heures de délégation ne peut Le membre du CSE dont les heures de délégation
être exercée en même temps que l’engagement n’ont pas été rémunérées peut demander leur paie-
d’une action en remboursement des heures de ment au conseil de prud’hommes statuant en référé,
même s’agissant d’un crédit d’heures conventionnel
délégation non justifiées, mais doit la précéder (Cass. soc., 6 févr. 2019, no 17-17.190). En effet, si l’em-
(Cass. soc., 25 mai 1993, no 89-45.542 P). Toutefois, ployeur a opéré des retenues sur le salaire mensuel
dans un arrêt de novembre 2004, les juges n’ont du salarié au titre des heures de délégation, il s’agit
pas rejeté les demandes conjointes d’indication d’un trouble manifestement illicite qu’il convient
de faire cesser par le remboursement des retenues
et de remboursement des heures de délégation ainsi opérées, même en cas de contestation sérieuse
(Cass. soc., 30 nov. 2004, no 03-40.434 P). (Cass. soc., 1er juin 2022 , no 20-16.836 P). En l’espèce,
L’employeur peut saisir la juridiction des référés l’employeur estimait que les mandats représentatifs
pour obtenir l’indication des activités exercées du salarié ne couvraient plus l’intégralité de son
temps de travail.
pendant les heures de délégation, préalablement à
toute action au fond en contestation de conformité ◗ Non-conformité de l’utilisation
(Cass. soc., 8 juill. 1992, no 90-43.980 P ; Cass. soc., du temps de délégation
4 févr. 2004, no 01-46.478 P). L’employeur doit rapporter la preuve que le représen-
La demande d’information n’a toutefois pas à être tant du personnel n’a pas utilisé tout ou partie de son
obligatoirement formulée par voie judiciaire : crédit d’heures conformément aux missions qui lui
l’employeur peut le faire par le biais de courriers sont imparties (Cass. soc., 2 mai 1989, no 86-42.760 P ;
recommandés adressés au salarié. Si le salarié n’y Cass. soc., 1er déc. 1993, no 89-44.297 ; Cass. soc.,
répond pas, l’employeur est fondé à engager une 23 févr. 1994, no 92-44.145).
action en remboursement des heures de déléga-
Le représentant du personnel n’a pas à justifier du ser à ses absences, que le temps habituel de délé-
bon emploi de son temps de délégation, mais doit gation soit dépassé ou non ;
seulement préciser les activités exercées pendant – mais un contrôle est possible a posteriori, avant
son temps de délégation. paiement et sans l’intermédiaire du juge. Au
L’employeur doit produire des éléments à l’appui représentant d’établir l’existence de circonstances
de sa demande de remboursement. Cette preuve exceptionnelles justifiant un dépassement de son
est fournie par tout moyen licite. crédit d’heures ainsi que la conformité de l’utili-
sation des heures excédentaires avec sa mission
◗ Sanctions (Cass. soc., 10 juin 1997, no 94-42.546 P). Il ne
➥ Employeur peut être reproché à l’employeur d’avoir procédé
Si l’employeur a payé à leur échéance normale les à des retenues sur salaire sans avoir préalablement
heures de délégation, la contestation en justice de demandé au salarié, fût-ce par voie judiciaire, l’in-
l’usage qui en a été fait ne constitue pas en elle- dication de l’utilisation des heures concernées
même une entrave à l’exercice du droit syndical. (Cass. soc., 25 nov. 1997, no 95-43.412 P).
Mais s’il est établi qu’il a abusé de son droit d’agir Si l’employeur a un doute, il peut donc refuser
en justice, le délit d’entrave peut être reconnu. de payer les heures de dépassement du crédit
Cette sanction pénale peut se doubler d’une sanc- d’heures : il appartient au salarié de demander
tion civile : l’employeur peut se voir condamner, en justice le règlement des heures litigieuses, le
sur le fondement de l’abus de son droit d’ester en cas échéant en référé dès lors que l’utilisation à
justice, à verser des dommages-intérêts au repré- bon escient des heures de dépassement n’est pas
sentant du personnel pour le préjudice moral et sérieusement contestable (Cass. soc., 28 oct. 2003,
matériel subi par celui-ci du fait de son action no 02-42.067 P).
(Cass. soc., 21 oct. 1992, no 89-41.272). Si les heures de délégation dépassant le crédit
d’heures ont été payées en l’absence de circons-
➥ Représentant du personnel tances exceptionnelles, l’employeur peut ensuite
Si le conseil de prud’hommes reconnaît le bien- opérer des retenues sur salaire correspondant aux
fondé de la contestation de l’utilisation des heures sommes indûment payées pour se rembourser
de délégation, il condamne le représentant du per- (Cass. soc., 8 juill. 2009, no 08-42.546).
sonnel au remboursement des heures indûment
payées, avec intérêts au taux légal à compter du 47 MONTANT DE LA RÉMUNÉRATION MAINTENUE
jour de la demande en justice. ◆ Pas de réduction de salaire
REMARQUE Les membres du comité social et économique per-
Un représentant du personnel qui fait un usage abusif çoivent dans l’exercice de leur mandat une rému-
de ses heures de délégation peut faire l’objet d’une nération strictement égale à celle qu’ils auraient
sanction disciplinaire (Cass. soc., 13 janv. 2021, reçue s’ils avaient effectivement travaillé. Le
no 19-20.781).
représentant du personnel ne doit subir aucune
réduction de salaire du fait de l’exercice de son
46 PAIEMENT DES HEURES DE DÉPASSEMENT EN mandat (Cass. soc., 3 mars 2010, no 08-44.859 P).
RAISON DE CIRCONSTANCES EXCEPTIONNELLES L’employeur ne peut prendre en compte l’exercice
Ni la présomption de bonne utilisation des heures d’un mandat pour arrêter ses décisions. Il ne peut
de délégation ni le paiement de plein droit de pas en raison des absences du salarié résultant de
ces heures ne sont applicables aux heures prises son mandat :
au-delà du contingent fixé par la loi ou l’accord – accorder au salarié que le montant minimum de
collectif (Cass. soc., 10 juin 1997, no 94-42.546 P). la prime de fin d’année (Cass. soc., 29 sept. 2004,
Il appartient au représentant du personnel : no 02-40.647) ;
– d’en établir l’existence préalablement à tout paie- – calculer une prime liée au temps de présence
ment par l’employeur ; effectif en déduisant les heures de délégation
– de prouver la conformité de leur utilisation au (Cass. soc., 28 juin 2006, no 05-41.350) ;
regard de son mandat représentatif (Cass. soc., – refuser de verser des indemnités compensant
18 juill. 2001, no 99-43.386 ; Cass. soc., 6 avr. 2005, une sujétion particulière de l’emploi du sala-
no 03-42.103). rié et constituant un complément de salaire
En cas de dépassement de son crédit d’heures (Cass. soc., 3 mars 2010, no 08-44.859 P).
normal : En revanche, les pauses assimilées à du temps de
– il ne peut y avoir de contrôle a priori de son travail effectif par accord collectif n’ont pas pour
emploi du temps, l’employeur ne pouvant s’oppo-
effet d’augmenter le nombre d’heures de délégation (Cass. soc., 20 juin 2018, no 16-22.453; Cass. soc.,
(Cass. soc., 9 déc. 2014, no 13-18.005 P). 19 sept. 2018, no 16-24.041 P). Tel est, par exemple,
REMARQUE le cas des indemnités forfaitaires de repas, de « voi-
L’utilisation des heures de délégation ne doit entraî- ture courrier » et de « découcher », prévues pour
ner ni perte de salaire ni perte d’avantage dont le le personnel navigant commercial d’une compa-
représentant du personnel aurait bénéficié s’il avait gnie aérienne et versées en raison de la participa-
travaillé. L’employeur ne peut donc pas imposer
au salarié marin, en dehors de tout accord collec- tion effective du personnel à une activité de vol,
tif, la prise de congés à la suite des heures de délé- car elles constituent bien un remboursement de
gation dans l’attente du prochain embarquement. frais et non un complément de salaire (Cass. soc.,
En effet, l’utilisation des heures de délégation ne 3 févr. 2016, no 14-18.777 P ; Cass. soc., 1er juin 2016,
doit pas affecter les droits à congés payés du salarié
(Cass. soc., 10 déc. 2015, no 14-24.794 P). no 15-15.202 P).
Il en est de même des indemnités de petits et
grands déplacements dès lors que le représentant
◆ Mandat exercé pendant du personnel n’a pas été amené à effectuer un
l’horaire habituel de travail déplacement ouvrant droit à ces indemnités dans
◗ Primes, indemnités et avantages en nature le cadre de l’exercice de son mandat (Cass. soc.,
En dehors du salaire de base, sont inclus dans 19 sept. 2018, no 17-11.514 P).
l’assiette de calcul les primes, indemnités et avan-
tages en nature dus par l’employeur, en application ◗ Salarié payé à la commission
des dispositions légales ou conventionnelles, ou Si un salarié est payé à la commission, la somme
d’usages. allouée est calculée d’après son salaire réel
Pour être incorporée au salaire, une prime doit (Cass. soc., 29 mai 2001, no 98-45.758 P) et doit être
réunir les caractères de généralité, constance et au moins égale au Smic (Cass. soc., 9 janv. 2013,
fixité. Elle doit constituer un complément de no 11-26.418). La rémunération due au titre des
salaire dont le versement intégral s’impose à l’em- heures de délégation est déterminée grâce à un
ployeur, et non dépendre de facteurs subjectifs taux horaire égal à la totalité des commissions
et discrétionnaires, et ainsi revêtir le caractère réellement générées annuellement par l’activité
d’une gratification (Cass. crim., 10 juin 1997, du salarié, divisée par le nombre d’heures tra-
no 95-83.892 P). vaillées (Cass. soc., 27 nov. 2013, no 12-23.589 ;
Le représentant du personnel ne peut être Cass. soc., 23 mars 2016, no 14-26.885).
privé du paiement d’une indemnité forfaitaire Toutes les commissions doivent être prises en
compensant une sujétion particulière de son compte, qu’il s’agisse des commissions directes
emploi qui constitue un complément de salaire calculées sur les commandes passées par l’inter-
(Cass. soc., 11 mars 2009, no 08-40.132). médiaire du salarié ou des commissions indirectes
Doivent être versées les primes : calculées sur les commandes passées par les clients
– de panier accordées en raison des conditions du secteur de prospection du salarié (Cass. soc.,
spécifiques de travail liées à l’horaire de travail 15 déc. 2016, no 15-13.367).
(Cass. soc., 10 janv. 2006, no 03-48.032 ; Cass. soc.,
7 nov. 2007, no 06-41.188 ; Cass. soc., 18 déc. 2012, ◗ Prime d’objectifs
no 11-13.813 P) ; Lorsque la rémunération du représentant se com-
– de douche (Cass. soc., 2 juin 1992, no 88-45.662 P) ; pose d’une prime variable subordonnée à la réali-
– de fin d’année, l’utilisation des heures de délé- sation d’objectifs, son montant est calculé :
gation ne pouvant constituer un manque d’assi- – pour la part correspondant à son mandat : sur
duité au travail ne permettant pas son paiement la base de la moyenne de la prime versée, pour un
(Cass. soc., 11 juin 1997, no 94-44.958). temps équivalent, aux autres salariés ;
À NOTER – pour la part correspondant à son temps de tra-
Dans le cas d’une cessation anticipée d’activité accor- vail : sur la base d’objectifs réduits à la mesure de
dée aux salariés en fonction du nombre d’heures de ce temps (Cass. soc., 6 juill. 2010, no 09-41.354 P).
service effectuées, le représentant du personnel ne
peut être lésé du fait de ses absences pour heures
de délégation (Cass. soc., 3 oct. 2007, no 05-44.245). ◆ Mandat exercé en dehors
de l’horaire habituel de travail
◗ Exclusion des remboursements de frais Les membres du comité social et économique
Sont en revanche exclus les remboursements peuvent exercer leur mandat en dehors de leur
de frais qui ne sont pas exposés pendant le horaire habituel de travail en raison des nécessités
temps de délégation, même s’ils sont forfaitaires de leur mission.
Lorsque l’entreprise ferme pendant une certaine favorables en créant un crédit d’heures spécifique
période (congés payés, par exemple), le représen- pour les membres du comité social et économique
tant du personnel a droit au paiement des heures central.
de délégation sur la totalité de l’année (Cass. soc.,
12 janv. 2011, no 09-40.066). ◆ Représentant syndical au comité
ATTENTION social et économique central
L’exercice du mandat durant l’arrêt maladie n’ouvre Le législateur n’a prévu un crédit d’heures au béné-
droit au paiement des heures de délégation que fice des représentants syndicaux au CSE central
si cette activité a été autorisée par le médecin que pour les entreprises d’au moins 501 salariés, à
traitant lors de la délivrance de l’arrêt de travail
(Cass. ch. mixte, 21 mars 2014, no 12-20.002 P et la condition qu’aucun des établissements distincts
no 12-20.003 P). L’employeur peut donc refuser de n’atteigne ce seuil (C. trav., art. L. 2315-7).
payer les heures de délégation au représentant du En effet, dès lors qu’un établissement distinct
personnel qui ne justifierait pas d’une autorisation atteint le seuil de 501 salariés, les représentants
médicale.
syndicaux au CSE d’établissement bénéficient d’un
crédit d’heures (C. trav., art. L. 2315-7).
48 BULLETIN DE SALAIRE
Il est interdit de faire mention sur le bulletin de 50 COMITÉS INTERENTREPRISES
paie de l’activité de représentation des salariés. La ◆ Comité social et économique
nature et le montant de la rémunération de cette interentreprises
activité figurent sur une fiche annexée au bulle- L’accord mettant en place un comité social et éco-
tin de paie qui a le même régime juridique que nomique interentreprises doit notamment défi-
celui-ci et que l’employeur établit et fournit au nir les modalités de fonctionnement du comité
salarié (C. trav., art. R. 3243-4). (C. trav., art. L. 2313-9 ; voir no 22).
S’agissant de la rémunération des heures de délé- C’est donc à l’accord qu’il revient de définir le cré-
gation et de leur transcription sur la fiche annexe, dit d’heures de délégation dont bénéficieront les
deux situations sont à distinguer. Si les heures sont membres du comité social et économique inter
prises : entreprises.
– sur l’horaire de travail légal ou conventionnel,
elles donnent simplement lieu à maintien du ◆ Comité des activités sociales
salaire et il n’est pas nécessaire de faire apparaître et culturelles interentreprises
distinctement le montant de leur rémunération sur L’article L. 2315-7 du Code du travail est appli-
la fiche annexe. La mention « maintien du salaire » cable au comité des activités sociales et culturelles
suffit ; interentreprises (C. trav., art. R. 2312-47 ; voir
– en dehors de la durée du travail légale ou conven- no 23). Or, ce texte prévoit que l’employeur est
tionnelle, elles figurent sur le bulletin de paie sous tenu de laisser aux membres titulaires du comité
la rubrique « autres heures », et le montant de leur social et économique le temps nécessaire à l’exer-
rémunération est reporté sur la fiche annexe. cice de leurs fonctions. Il semble que l’on puisse
en conclure que les membres du comité des acti-
vités sociales et culturelles interentreprises béné-
Dispositions particulières ficient d’un contingent d’heures de délégation
aux différents comités distinct de celui réservé à leurs fonctions au CSE.
Pour sa part, la Cour de cassation a estimé qu’il
49 COMITÉ SOCIAL ET ÉCONOMIQUE CENTRAL ne pouvait y avoir de cumul de crédits d’heures si
◆ Représentant élu du comité leur utilisation par le délégué au comité des acti-
social et économique central vités sociales et culturelles interentreprises cor-
Le législateur n’a prévu aucune disposition parti- respond à une activité gérée par le CSE (Cass. soc.,
culière concernant le crédit d’heures des membres 7 déc. 1977, no 76-41.015 P). Comme on peut le
du CSE central. Ces derniers, élus parmi les constater, cet arrêt ne tranche pas vraiment la
membres des comités sociaux et économiques question. Aussi, dans le doute, un accord est
d’établissement, ne cumulent donc pas deux cré- recommandé.
dits d’heures. En tout état de cause, le temps passé par les
Ils doivent utiliser le crédit d’heures dont ils béné- membres du comité des activités sociales et cultu-
ficient en tant que titulaires du comité social et relles interentreprises en réunion avec le repré-
économique d’établissement. Le cas échéant, un sentant des chefs d’entreprise est payé comme
accord collectif peut prévoir des dispositions plus temps de travail et non déduit du crédit d’heures.
Les règles générales d’utilisation et de paiement deux ans et une amende de 30 000 euros en cas de
des heures de délégation sont également appli- révélation d’un secret de fabrication par un direc-
cables. teur ou un salarié, ainsi qu’une peine complémen-
taire d’interdiction des droits civiques, civils et de
famille pour une durée de cinq ans au plus.
53 OBLIGATION DE DISCRÉTION
◆ Informations visées
SECRET PROFESSIONNEL L’obligation de discrétion joue à l’égard des infor-
ET OBLIGATION DE DISCRÉTION mations revêtant un caractère confidentiel et pré-
sentées comme telles par l’employeur (C. trav.,
51 PERSONNES CONCERNÉES art. L. 2315-3, al. 2).
Sont concernés par le secret professionnel et l’obli- Par exemple, les membres du CSE sont tenus à une
gation de discrétion : obligation de discrétion à l’égard des informations
– les membres du comité social et économique, contenues dans la base de données économiques,
titulaires et suppléants (C. trav., art. L. 2315-3, sociales et environnementales (BDESE) revêtant
al. 2) ; un caractère confidentiel et présentées comme
– les représentants syndicaux auprès du CSE, seu- telles par l’employeur (C. trav., art. L. 2312-36 ;
lement pour l’obligation de discrétion (C. trav., C. trav., art. R. 2312-13).
art. L. 2315-3, al. 2) ; Ce dernier doit avoir préalablement précisé que
– les experts qui assistent le CSE (C. trav., telle ou telle information est de nature confiden-
art. L. 2315- 84) ; tielle et qu’il souhaite ne pas la voir divulguer.
– les salariés d’entreprises extérieures qui siègent ou Concernant la BDESE, l’employeur doit indiquer
ont siégé en qualité de représentants du personnel la durée du caractère confidentiel qui doit être res-
dans une commission santé, sécurité et conditions pecté (C. trav., art. R. 2312-13).
de travail élargie (C. trav., art. L. 4523-16) ; L’information donnée aux membres du CSE doit
– les experts et techniciens appartenant à l’entre- non seulement être déclarée confidentielle par
prise et choisis en dehors du comité pour compléter l’employeur, mais encore être « de nature confi-
les commissions mises en place pour l’examen de dentielle au regard des intérêts légitimes de l’entre-
problèmes particuliers (C. trav., art. L. 2315-45) ; prise, ce qu’il appartient à l’employeur d’établir ».
– les collaborateurs appartenant à l’entreprise, Celui-ci ne peut placer sans justification l’intégra-
assistant l’employeur dans le cadre de la com- lité des informations transmises au comité social
mission santé, sécurité et conditions de travail et économique sous le sceau de la confidentialité,
(C. trav., art. L. 2315- 39) ; sauf à porter atteinte aux prérogatives de l’insti-
– le cas échéant, concernant l’obligation de discré- tution représentative du personnel (Cass. soc.,
tion, la personne extérieure chargée de la sténogra- 5 nov. 2014, no 13-17.270 P).
phie des séances du CSE (C. trav., art. D. 2315-27).
ATTENTION ◆ Qu’est-ce qu’une information
Un membre du comité ne peut pas divulguer des confidentielle ?
informations confidentielles en agissant en sa qualité Le Code du travail ne définit pas la notion d’in-
de délégué syndical s’il cumule les deux mandats. En formation confidentielle. Ne peut être considé-
tant que membre du CSE, il reste tenu à l’obligation
de discrétion (Cass. soc., 6 mars 2012, no 10-24.367). rée comme telle une information déjà largement
connue du public ou des salariés de l’entreprise. En
outre, sa divulgation doit être de nature à nuire à
52 SECRET PROFESSIONNEL l’intérêt de l’entreprise. Il peut, par exemple, s’agir
Le secret professionnel ne joue que pour les des résultats commerciaux, des études de marché,
questions relatives aux procédés de fabrication des projets de nouveaux produits, des projets de
(C. trav., art. L. 2315-3, al. 1er). Il ne saurait être restructuration, etc. En revanche, une information
étendu à d’autres domaines. relative à d’éventuels licenciements collectifs ou
Les manquements sont punis par l’article 226-13 à une compression d’effectifs peut difficilement
du Code pénal (un an d’emprisonnement et 15 000 rester secrète dans l’entreprise (JO déb. Sénat,
euros d’amende), sans préjudice des sanctions 29 avr. 1966, p. 419).
civiles (rupture du contrat de travail, dommages-in- L’employeur doit expliquer au comité les raisons
térêts). L’article L. 1227-1 du Code du travail pré- de la confidentialité. Elle semble mieux se justifier
voit pour sa part une peine d’emprisonnement de lorsqu’elle porte sur des projets que sur des résul-
tats acquis (Circ. no 67-35, 1er sept. 1967, BO min. intenter une action en réparation du préjudice
Trav., no 36-67). subi par l’entreprise, sous réserve de prouver à la
À NOTER fois l’existence d’un préjudice et son lien avec la
Les membres du CSE sont tenus de respecter leur méconnaissance de l’obligation.
obligation de discrétion et de confidentialité vis-à-
vis des informations relatives à la rémunération des ◆ Pouvoirs de l’employeur
salariés qui leur sont communiquées par l’employeur
(Cass. soc., 5 déc. 2018, no 16-26.895). Le droit de l’employeur d’imposer l’obligation de
discrétion n’est pas arbitraire, puisqu’il ne peut le
Certaines informations sont réputées confiden- faire que s’il s’agit d’une information réellement
tielles par la loi. Dans le cadre de la consultation confidentielle. L’employeur qui a déclaré confi-
annuelle sur la situation économique et finan- dentielles des informations qui ne l’étaient pas
cière de l’entreprise, l’employeur doit notam- porte une atteinte illicite aux prérogatives des
ment mettre certaines informations comptables membres du comité social et économique dans la
à la disposition du comité : situation de l’actif préparation des réunions. Cette atteinte ne peut
réalisable et disponible, valeurs d’exploitation être réparée que par la reprise de la procédure d’in-
exclues, passif exigible, compte de résultat pré- formation et consultation à son début (CA Paris,
visionnel, tableau de financement, etc. (C. com., pôle 6, ch. 1, 11 mars 2013, no 12/20238 ; Cass. soc.,
art. L. 232-2 à art. L. 232-4 ; C. com., art. L. 251-13). 5 nov. 2014, no 13-17.270 P).
Ces documents sont réputés confidentiels (C. trav.,
art. L. 2312-25, II, 3°).
De même, les informations concernant l’entre-
prise communiquées au comité social et écono-
mique dans le cadre du droit d’alerte économique PROTECTION SOCIALE
ont par nature un caractère confidentiel (C. trav.,
art. L. 2312-67). 54 ACCIDENTS AU COURS DU MANDAT
Enfin, dans le cadre de l’obligation de recherche Les membres du comité social et économique agis-
d’un repreneur en cas de projet de fermeture d’un sant dans le cadre de leurs fonctions restent à part
établissement, le CSE est informé des offres de entière des salariés de l’entreprise : ils sont donc
reprise formalisées. Les informations qui lui sont couverts par l’ensemble de la protection sociale
communiquées à ce titre sont réputées confiden- dont bénéficient les salariés.
tielles (C. trav., art. L. 1233-57-15). Les accidents survenus aux membres du CSE dans
l’exercice de leurs fonctions sont des accidents du
◆ Interdiction de divulgation travail, même en dehors des horaires normaux de
Les personnes soumises à l’obligation ne doivent travail (Cass. soc., 25 mai 1981, no 80-11.523 P). De
pas divulguer les informations confidentielles. même, l’accident survenu à un membre sur le trajet
Qu’en est-il des procès-verbaux des réunions de retour d’une réunion du comité est un accident
du comité ? Étant distribués à tous les membres du travail et non de trajet (Cass. soc., 11 oct. 1990,
du comité dans leur intégralité, si l’information no 88-19.392 P).
confidentielle figure comme telle au procès-verbal, Lorsque l’accident se produit hors de l’entreprise,
l’obligation de discrétion s’impose également aux il revêt le caractère d’accident de travail si le repré-
membres du comité absents de la réunion au cours sentant utilise ses heures de délégation ou s’il est
de laquelle elle a été fournie. C’est d’ailleurs la men- rémunéré à un titre quelconque par l’employeur,
tion de la nature confidentielle d’une information et à condition que l’activité entre dans le cadre de
au procès-verbal qui permettra d’administrer la sa mission de représentant (Cass. soc., 25 mai 1981,
preuve de la déclaration de l’employeur (Cass. soc., no 80-11.523 P).
12 juill. 2006, no 04-47.558 P). En revanche, ne peut être pris en charge au titre
Dans certains cas, le procès-verbal peut ne pas des accidents du travail l’accident survenu alors
être affiché ou diffusé in extenso dans l’entreprise, que le représentant du personnel se rend :
notamment lorsque serait enfreinte l’obligation de – à une réunion syndicale, sa participation à cette
discrétion. réunion n’entrant pas dans son rôle de représen-
tant, quels que soient les sujets abordés (Cass. soc.,
◆ Conséquences de la divulgation 25 janv. 1989, no 87-10.165 P) ;
Sur le plan pénal, il n’existe aucune sanction en – au siège départemental d’un syndicat patronal
cas de violation de l’obligation de discrétion. D’un ne jouant aucun rôle dans la direction de l’entre-
point de vue civil, l’employeur peut, selon nous, prise, pour y déposer des pétitions signées par les
salariés de son entreprise et d’autres entreprises de – les stages de formation économique s’adres-
la région. Un tel déplacement, même autorisé par sant aux membres titulaires du CSE (C. trav.,
l’employeur et rémunéré comme temps de travail, art. L. 2315-63 ; le Code de la sécurité sociale vise
n’entre pas dans les attributions des représentants toujours l’ancien article L. 2325-44) ;
du personnel, les pétitions ne comportant que – les stages de formation en santé, sécurité et
des revendications très générales et étant de plus conditions de travail (C. trav., art. L. 2315-18 ; le
signées par des salariés extérieurs à l’entreprise Code de la sécurité sociale vise toujours les anciens
(Cass. soc., 28 avr. 1986, no 84-12.232 P). articles L. 4614-14 et suivants qui portaient sur la
formation s’adressant aux membres des anciens
55 ACCIDENTS EN COURS DE FORMATION CHSCT).
Les membres du comité social et économique qui REMARQUE
suivent un stage de formation attaché à leur man- Comme tous les salariés, les membres du CSE
dat bénéficient de la législation sur les accidents peuvent également bénéficier d’un congé de for-
du travail pour les accidents survenus par le fait ou mation économique, sociale, environnementale et
syndicale (C. trav., art. L. 2145-5, voir encadré p. 95).
à l’occasion de cette formation (CSS, art. L. 412-8, Pendant ces stages, ils sont également couverts par la
9°). Sont visés : législation sur les accidents du travail. ■
Certaines règles de fonctionnement du comité social et économique sont applicables, quel que soit
l’effectif de l’entreprise : les règles relatives au déplacement et à la circulation, la mise à disposition
de panneaux d’affichage, la possibilité de recourir à la visioconférence.
Des règles spécifiques d’organisation sont prévues pour le comité social et économique dans
les entreprises de moins de 50 salariés, compte tenu de ses attributions plus restreintes. Ainsi,
le Code du travail réglemente l’organisation des réunions du comité.
Dans les entreprises d’au moins 50 salariés, le comité social et économique est doté de la personnalité
civile. Il peut acquérir ou louer des bâtiments, embaucher du personnel, ester en justice.
Il se réunit régulièrement et pour des circonstances exceptionnelles. Chaque comité constitue
un bureau composé d’un président, d’un secrétaire et d’un trésorier. Il crée des commissions dont
certaines sont obligatoires. Enfin, il détermine dans son règlement intérieur les modalités
de son fonctionnement pour l’exercice des missions qui lui sont conférées.
Panneaux d’affichage
58 CONTACT AVEC LES SALARIÉS
Les membres élus et les représentants syndicaux 59 PANNEAUX D’AFFICHAGE DISTINCTS DE CEUX
au comité social et économique peuvent prendre DESTINÉS AUX COMMUNICATIONS SYNDICALES
Afin de pouvoir afficher tous les renseignements
qu’ils ont pour rôle de porter à la connaissance du
personnel, les membres du comité social et écono-
Aménagement des modalités mique utilisent les emplacements obligatoirement
de fonctionnement du CSE prévus et destinés aux communications syndicales,
par accord collectif ainsi que les emplacements situés aux portes d’en-
trée des lieux de travail (C. trav., art. L. 2315-15).
L’article L. 2315-2 du Code du travail pose le principe selon lequel les En pratique, les panneaux mis à disposition du
dispositions du Code du travail relatives au fonctionnement du comité comité sont distincts de ceux mis à disposition
social et économique ne font pas obstacle à ce que des dispositions plus
favorables soient définies par accord collectif ou usage.
pour les communications syndicales (C. trav.,
Ainsi, par exemple, des aménagements plus favorables peuvent être apportés art. L. 2142-3).
aux règles relatives aux heures de délégation, aux déplacements des membres
du CSE, et à leur circulation dans l’entreprise, à l’affichage, aux réunions, 60 CONTENUS AFFICHÉS
aux commissions et au budget de fonctionnement.
Au-delà de ce principe, le Code du travail prévoit la possibilité, dans un certain L’employeur ne peut exercer aucun contrôle pré-
nombre de domaines, de définir par accord certaines modalités de fonction- alable sur les contenus affichés par les membres
nement du comité social et économique, à défaut de quoi, des dispositions du CSE (Cass. crim., 8 mai 1968, no 67-92.659 P).
légales ou réglementaires supplétives s’appliquent. Il ne peut pas non plus procéder lui-même au
S’agissant du fonctionnement du comité, des négociations peuvent être
conduites sur : retrait d’un affichage et doit, le cas échéant, sai-
– les modalités et délais selon lesquels le procès-verbal des délibérations du sir le tribunal judiciaire (Cass. crim., 11 mai 2004,
comité social et économique est établi (C. trav., art. L. 2315-34) ; no 03-83.682).
– le montant de la contribution versée chaque année par l’employeur pour Dans le cadre de leurs affichages, les membres
financer les activités sociales et culturelles du CSE (C. trav., art. L. 2312-81 ;
voir no 114 et s.) ; du comité social et économique restent tenus par
– le recours à la visioconférence (C. trav., art. L. 2315-4 et art. L. 2316-16 ; leur obligation de discrétion et de confidentialité
voir no 61) ; (voir no 51 et s.). Cette obligation de discrétion,
– la mise en place d’une commission santé, sécurité et conditions de travail
qui inclut également le respect de la vie privée
(C. trav., art. L. 2315-43 ; voir no 90) ;
– la mise en place de commissions supplémentaires pour l’examen de pro- des salariés, peut toutefois être écartée pour
blèmes particuliers (C. trav., art. L. 2315-45 ; voir no 92). permettre aux membres du comité d’assurer le
plein exercice de leurs prérogatives, sous réserve
que deux conditions soient remplies à savoir transmises ainsi que la sécurité de l’adressage des
que l’affichage soit indispensable à la défense du moyens d’authentification, de l’émargement, de
droit à la protection de la santé et de la sécu- l’enregistrement et du dépouillement des votes
rité des travailleurs et que l’atteinte portée à la (C. trav., art. D. 2315-1).
vie personnelle soit proportionnée au but pour- Le vote doit avoir lieu de manière simultanée. À
suivi (Cass. soc., 16 févr. 2022, no 20-14.416 P). cette fin, les participants doivent disposer d’une
En l’espèce, le secrétaire d’un comité social et durée identique pour voter à compter de l’ouver-
économique avait affiché un mail adressé par ture des opérations de vote indiquée par le pré-
la direction au responsable hygiène et sécurité sident du comité (C. trav., art. D. 2315-2).
de l’entreprise, reprochant à ce dernier d’avoir
communiqué avec les représentants du person-
nel au sujet de l’amiante au sein de l’entreprise,
sans autorisation préalable de sa hiérarchie. Les
deux conditions exigées par la Cour de cassation
faisant défaut, l’employeur était fondé à exiger le DANS LES ENTREPRISES
retrait de l’affichage. DE MOINS DE 50 SALARIÉS
l’employeur, des problèmes d’ordre collectif. À informelles. En effet, de simples contacts, non
cette occasion, les membres de la délégation du formalisés, ne sauraient en aucune manière
personnel transmettent les réclamations dont ils remplacer la réunion mensuelle prévue par la
sont saisis par les salariés qu’ils représentent au loi (Cass. crim., 26 avr. 1988, no 86-93.166).
cours du mois écoulé. La réunion est obligatoire, même si l’employeur :
– met en place des moyens de communication
◆ Une réunion obligatoire informels (échanges par courrier électronique)
Les réunions mensuelles sont obligatoires : le avec les membres de la délégation du personnel
défaut de réunion selon la périodicité d’un mois (Cass. crim., 25 sept. 2007, no 06-84.599 P) ;
prévue par la loi constitue à lui seul un délit – préjuge du peu d’intérêt de la réunion en
d’entrave. Hors le cas de force majeure démon- prétextant que toute discussion serait inutile
tré, il ne peut se justifier que par le refus ou la (Cass. crim., 15 mai 2007, no 06-86.896).
défection des membres de la délégation du per-
sonnel (Cass. crim., 9 mars 1977, no 76-90.631 P ; ◆ Date de la réunion
Cass. soc., 25 sept. 2007, no 06-84.599 P). La date de la réunion est fixée suffisamment à
l’avance pour permettre aux membres du comité
◆ À l’initiative de l’employeur social et économique de rédiger la note écrite
C’est à l’employeur d’en prendre l’initiative : il qu’ils doivent adresser à l’employeur (voir no 69).
doit convoquer les membres de la délégation du
personnel et organiser la réunion (Cass. crim. ◆ Personnes à convoquer
17 déc. 1996, no 95-84.938 P). Cette obligation Tous les membres du comité social et écono-
lui incombe même si les membres du comité mique, sans exception, sont convoqués sous
social et économique ne lui ont pas adressé la peine de délit d’entrave, que la réunion traite
note écrite exposant l’objet de leurs demandes ou non des problèmes spécifiques à leur caté-
conformément à l’article L. 2315-22 du Code du gorie professionnelle (Cass. crim., 11 oct. 1989,
travail (Cass. crim. 22 oct. 1975, no 74-93.478 P ; no 87-90.494).
voir no 69).
L’employeur doit toujours justifier de l’exécu- 66 RÉUNION EXCEPTIONNELLE
tion de cette obligation (Cass. crim., 26 avr. 1988, En dehors de la réunion mensuelle, les membres
n o 86-93.166 ; Cass. crim., 27 févr. 2018, du comité peuvent, à leur demande, être reçus
no 17-81.457), même lorsque l’entreprise n’a qu’un par l’employeur en cas d’urgence (C. trav.,
seul représentant du personnel (Cass. crim., art. L. 2315-21).
25 sept. 2007, no 06-84.599 P). Cette situation justifie que ne soit pas respecté,
L’employeur ne peut justifier sa défaillance en par exception, le délai minimum de deux jours
invoquant : normalement prescrit pour l’information préa-
– les tensions « vives » et prolongées nées lable de l’employeur (C. trav., art. L. 2315-22 ;
d’une grève de la majorité du personnel voir no 69).
de l’entreprise (Cass. crim., 10 juill. 1979, L’organisation d’une réunion exceptionnelle
no 78-91.263 P), ou la tension « très vive » et per- suppose :
sistante entre deux groupes rivaux de salariés – une démarche expresse des membres du CSE.
(Cass. crim., 18 mai 1989, no 88-82.947) ; Une demande émanant de tous les membres
– son départ en congé et des difficultés d’ad- du comité social et économique ou d’un seul
ministration (Cass. crim., 12 janv. 1982, d’entre eux doit être présentée à la direction
no 81-90.849) ; (Cass. crim., 29 mars 1977, no 76-91.342) ;
– l’indisponibilité temporaire du directeur d’éta- – et une situation d’urgence. La demande peut
blissement, l’employeur devant organiser lui- être provoquée par toute circonstance justifiant
même les réunions à la place du délégataire qui une prise de décision ou une mesure immédiate
en est empêché ou désigner un autre représen- ne pouvant attendre d’être discutée lors de la
tant pour le suppléer (Cass. crim., 7 janv. 1981, prochaine réunion mensuelle (conflit collec-
no 79-94.255 P) ; tif, sécurité, etc.). Lorsque l’urgence est ainsi
– avoir, en lieu et place de la réu- établie, l’employeur est tenu de recevoir les
nion, traité directement avec les salariés membres du comité, éventuellement sans délai
(Cass. crim., 30 juin 1987, no 86-92.558) ou et sans rédaction préalable de la note écrite nor-
avec les membres de la délégation du person- malement exigée.
nel au cours de rencontres impromptues et
tion du délai de consultation (Cass. soc., 27 mai n° 17/06280 : suspension d’une réorganisation
2020, n° 18-26.483 P). Seul le juge est habilité à l’origine de risques psychosociaux). Le CSE
pourrait-il agir en justice pour demander l’ap-
à ordonner le prolongement du délai dont le
plication d’un accord collectif contenant des
CSE dispose pour rendre son avis (Cass. soc., dispositions en matière de sécurité, de santé ou
26 févr. 2020, n° 18-22.759 P) ; de conditions de travail ? En outre, un membre
– pour soulever, par voie d’exception, l’illé- du CSE, ou encore le CSE lui-même, peut désor-
mais négocier et conclure un accord d’entreprise
galité d’une clause d’un accord collectif, afin sous certaines conditions (C. trav., art. L. 2232-
que ses termes lui soient inapplicables dès lors 24 et s.), ce qui lui confèrerait intérêt à agir en
que la clause de l’accord visé viole les droits exécution de l’accord conclu.
propres du comité (Cass. soc., 2 mars 2022, ➥ Voir Les Cahiers Lamy du CSE n° 207, « Le CE
n o 20-16.002 P ; Cass. soc., 2 mars 2022, ne peut pas agir en justice pour demander l’applica-
no 20-20.077 P). En l’espèce, les accords avaient tion d’un accord collectif... et le CSE ? » Jonathan
Cadot, oct. 2020.
limité le droit du comité social et économique
d’être consulté et de désigner un expert. – demander en justice l’application d’une
Aussi, dans une décision du 15 février 2022, convention collective même si cette conven-
le Tribunal judiciaire de Paris a reconnu que tion fixe le montant minimum des sommes ver-
le CSE a qualité à agir dans le cadre de la mise sées annuellement par l’employeur au titre du
en œuvre et de la définition des modalités financement des activités sociales et culturelles
du télétravail : il s’est appuyé sur le fait que (Cass. soc., 1er juill. 2020, no 18-21.924) ;
le télétravail a un impact sur la santé et les – obtenir le respect ou l’exécution d’un enga-
conditions de travail des salariés, et qu’il s’agit gement unilatéral de l’employeur (Cass. soc.,
d’un champ de compétences du comité social 29 sept. 2021, no 19-23.342) ;
et économique (T. jud. Paris, ord. mise en état, – dénoncer le caractère frauduleux de la ces-
15 févr. 2022, n° 18/04058 ; voir aussi T. jud. sion de l’entreprise et demander l’inopposabi-
Paris, 30 mars 2021, nº 20/09805). lité de cette opération aux salariés (Cass. soc.,
À NOTER 13 juill. 2016, no 15-14.801) ;
Le comité social et économique est fondé à inter- – contester le transfert d’un contrat de tra-
venir au lieu et place des anciennes institutions vail, ce droit étant exclusivement attaché à
représentatives du personnel (en l’espèce l’ancien la personne du salarié(Cass. soc., 4 nov. 2020,
CHSCT) (Cass. crim., 17 nov. 2020, n° 19-87.904). n° 19-10.626).
Le cas échéant, l’instance initiale est interrom-
pue jusqu’à ce que le CSE accomplisse les dili- À NOTER
gences nécessaires (Cass. soc., 16 déc. 2020, Dans cette même affaire, la Cour de cassation juge
n° 19-11.200). néanmoins que le CSE peut intervenir à l’instance
En revanche, n’est pas recevable l’action en jus- engagée par un salarié portant sur des transferts
de contrats de travail, dès lors que la violation de
tice d’un comité social et économique visant à : l’article L. 1224-1 du Code du travail porte atteinte
– obtenir l’exécution des engagements contrac- à son fonctionnement et à ses ressources.
tés par l’employeur dans une convention ou
un accord collectif (Cass. soc., 19 nov. 2014, Le comité social et économique qui subit un
n o 13-23.899 P ; Cass. soc., 17 nov. 2015, préjudice direct, représenté par un de ses
no 14-13.072), y compris si l’accord, relatif aux membres mandaté à cet effet, a qualité pour
heures de délégation des représentants du per- exercer l’action civile en cas d’entrave apportée
sonnel, a une incidence sur son fonctionne- à son fonctionnement (Cass. crim., 31 oct. 2017,
ment, dès lors qu’il n’était ni partie à l’accord ni no 16-81.312).
signataire de celui-ci (Cass. soc., 2 mars 2011, En revanche, il n’a pas la possibilité de se consti-
no 10-13.547) ; tuer partie civile en cas d’infractions aux dispo-
À NOTER sitions du Code du travail relatives à la sécurité
On peut se demander si cette solution rendue des travailleurs, commises par le responsable
concernant le comité d’entreprise est trans- de la sécurité dans l’établissement, et d’homi-
posable dans tous les cas au CSE. En effet, ce cide involontaire (Cass. crim., 28 mai 1991,
dernier a des attributions plus larges que celles
du comité d’entreprise. Ainsi, il contribue à no 90-83.957 P). De même, il ne tient d’aucune
promouvoir la santé, la sécurité et l’améliora- disposition légale le pouvoir d’exercer une
tion des conditions de travail dans l’entreprise. action en justice au nom des salariés lorsque
Or, certaines juridictions ont considéré que le ses intérêts propres ne sont pas en cause
CHSCT était recevable à agir en justice en vue
de protéger la santé et la sécurité des travailleurs (Cass. soc., 14 mars 2007, n o 06-41.647 P ;
(voir notamment, CA Versailles, 18 janv. 2018, Cass. soc., 13 juill. 2016, no 15-14.801).
et de ses rapports avec les salariés de l’en- de cette commission, c’est le règlement inté-
treprise, pour l’exercice des missions qui rieur qui se charge de définir ces modalités. Il
lui sont conférées (C. trav., art. L. 2315-24). en est de même lorsque, en l’absence d’obli-
L’établissement de ce document, qui ne se gation de mettre en place cette commission,
confond pas avec le règlement intérieur de l’employeur la met unilatéralement en place
l’entreprise, présente un caractère obligatoire (C. trav., art. L. 2315-44).
même si aucune sanction n’est prévue en son Par ailleurs, dans les comités tenus de mettre en
absence. place une commission des marchés (voir no 91),
le règlement intérieur doit obligatoirement
80 ADOPTION À LA MAJORITÉ fixer :
DES MEMBRES PRÉSENTS – la manière dont la commission rend compte
Le règlement intérieur constituant une résolu- au comité social et économique de ses choix de
tion du comité, il est adopté à la majorité des fournisseurs et prestataires (C. trav., art. L. 2315-
membres présents. Toute modification nécessite 44-2) ;
la même majorité. – les modalités de fonctionnement de la commis-
ATTENTION sion des marchés, le nombre de ses membres, les
À l’inverse du règlement intérieur de l’entreprise, modalités de leur désignation et la durée de leur
il n’est pas soumis au contrôle de l’inspection du mandat (C. trav., art. L. 2315-44-3).
travail.
S’agissant d’une mesure d’organisation interne ◆ Fonctionnement du comité
du comité, l’employeur peut prendre part au Le Code du travail ne donne à ce sujet aucune
vote lors de son adoption ou de certaines de indication, hormis l’article L. 2315-1 qui pré-
ses dispositions (Rép. min. no 17698, JO Ass. nat., voit que les conditions de fonctionnement du
16 févr. 1987, p. 835). De même, il est en droit CSE doivent permettre une prise en compte
de participer au vote portant sur la désignation effective des intérêts des salariés exerçant leur
du secrétaire et du trésorier du comité, une activité hors de l’entreprise (par exemple : VRP,
clause du règlement intérieur du CSE ne peut salariés en télétravail, etc.) ou dans des unités
le priver de ce droit (Cass. soc., 25 sept. 2013, dispersées.
no 12-14.489). Le cas échéant, le règlement intérieur précise
Le règlement intérieur régulièrement adopté les modalités d’application de cette obligation.
s’impose à tous les membres du comité,
y compris à l’employeur. Ses dispositions ◆ Rapports du comité
peuvent toutefois être contestées devant le avec les salariés de l’entreprise
tribunal judiciaire, qui a le pouvoir d’annuler Ces modalités concernent en particulier l’appli-
des clauses illicites, mais pas de les modifier cation des articles :
(Cass. soc., 22 nov. 1988, no 86-13.368 P). – L. 2315-14 du Code du travail qui permet
aux membres du CSE, pour les besoins de leur
81 CONTENU DU RÈGLEMENT INTÉRIEUR mission, de circuler librement dans l’entreprise
DU COMITÉ SOCIAL ET ÉCONOMIQUE et d’y prendre tous les contacts nécessaires,
◆ Dispositions obligatoires notamment auprès d’un salarié à son poste de
Le règlement intérieur doit obligatoirement pré- travail, sous réserve de ne pas apporter de gêne
voir certaines dispositions. Doivent y figurer les importante à l’accomplissement du travail des
modalités selon lesquelles : salariés (voir n° 56 et s.);
– les comptes annuels du CSE sont arrêtés – L. 2315-26 du Code du travail selon lequel
(C. trav., art. L. 2315-68) ; le comité social et économique peut organiser,
– le comité social et économique établit un dans le local mis à sa disposition, des réunions
rapport présentant des informations qualita- d’information internes au personnel, portant
tives sur ses activités et sur sa gestion finan- notamment sur des problèmes d’actualité ;
cière de nature à éclairer l’analyse des comptes – L. 2315-35 du Code du travail qui prévoit que
par les membres élus du comité et les salariés le procès-verbal des réunions du comité social
de l’entreprise (C. trav., art. L. 2315-69). et économique peut, après avoir été adopté,
Dans les CSE assujettis à l’obligation de mettre être affiché ou diffusé dans l’entreprise par
en place une commission santé, sécurité et le secrétaire du comité, selon des modalités
conditions de travail (voir no 90), en l’absence précisées par le règlement intérieur du comité
d’accord fixant les modalités de mise en place (voir n° 89).
– la désignation des membres du bureau et des En cas de besoin, notamment dans les branches
commissions ; d’activité présentant des risques particuliers,
– et éventuellement au compte rendu de gestion ce nombre minimal de réunions portant
de l’ancien comité (C. trav., art. R. 2315-39). sur ces thèmes peut être supérieur (C. trav.,
art. L. 2315-27).
◆ Réunions périodiques
Les réunions périodiques permettent à l’em- ◗ Non-respect de la périodicité
ployeur de remplir ses obligations d’information La tenue de la réunion mensuelle ou bimestrielle
et de consultation du CSE. est une obligation pour l’employeur sous peine
de délit d’entrave.
◆ Réunions extraordinaires L’employeur est par conséquent tenu de convo-
L’employeur, ou le comité à la majorité de ses quer les membres du comité social et écono-
membres, peut prendre l’initiative de réunir mique à cette réunion, nonobstant :
le comité social et économique en dehors des – le fait que le personnel juge inutiles cer-
réunions ordinaires (périodiques), en raison de taines réunions (Cass. crim., 25 mai 1981,
circonstances particulières. no 78-90.569) ;
– le fait que la plupart des membres du
85 PÉRIODICITÉ, HEURE ET LIEU DES RÉUNIONS comité soient en congé dès lors que l’entre-
◆ Périodicité prise reste ouverte (Cass. crim., 19 mai 1998,
◗ Réunion périodique no 97-80.291) ;
Un accord d’entreprise majoritaire (sans possi- – l’absence de l’employeur ou la circonstance
bilité de validation d’un accord minoritaire par que les représentants du personnel peuvent,
référendum) ou, en l’absence de délégué syn- à certains moments, refuser de fixer les dates
dical, un accord entre l’employeur et le comité de réunion ou de siéger au comité (Cass. crim.,
social et économique, conclu à la majorité des 11 févr. 1992, no 90-87.500 P).
membres titulaires du CSE, peut définir le En revanche, peut être justifié le retard d’un
nombre de réunions annuelles du comité, sans mois causé par le déménagement de l’entre-
que celui-ci puisse être inférieur à six (C. trav., prise (Cass. crim., 6 oct. 1981, no 80-93.113 :
art. L. 2312-19, 2°). en l’espèce, la réunion avait été organisée dès
À défaut d’accord fixant la périodicité des le 10 du mois suivant, et la réunion suivante
réunions, le comité se réunit au moins une dans le délai légal).
fois :
– par mois, sur convocation de l’employeur ou ◗ Réunion à date fixe
de son représentant, dans les entreprises d’au Il n’appartient pas au règlement intérieur du
moins 300 salariés ; comité de fixer la date des réunions pério-
– tous les deux mois dans les entreprises de diques, c’est une prérogative de l’employeur.
moins de 300 salariés (C. trav., art. L. 2315-28). Néanmoins, l’employeur, en accord avec la
À NOTER majorité des élus du comité social et écono-
C’est l’effectif de l’entreprise qui est pris en mique, peut prévoir la réunion mensuelle
compte et non l’effectif de l’établissement . à une date fixe (Cass. soc., 15 janv. 2013,
Ainsi, dans une entreprise de plus de 300 sala- no 11-28.324 P). L’usage de réunions à date fixe
riés, même si les établissements distincts ont
des effectifs inférieurs à 300 salariés, les comités n’exonère pas l’employeur de son obligation
sociaux et économiques de ces établissements de convoquer les membres du comité à la réu-
devront se réunir au moins une fois par mois, nion mensuelle ou bimestrielle (Cass. crim.,
sauf accord (Questions-réponses sur le CSE, 27 sept. 1988, no 87-91.324).
ministère du Travail, mis à jour janv. 2020, ques-
tion n° 84). À défaut de date fixe, l’employeur n’a pas l’obli-
gation de choisir une date en tenant compte
◗ Nombre minimal de réunions portant sur des exigences de chaque membre. Il n’y a pas
la santé, la sécurité et les conditions de travail délit d’entrave à convoquer les représentants
Quelle que soit la périodicité des réunions du personnel à une date qui ne convient pas
du comité, au moins quatre réunions par an à tous, dès lors que les intéressés n’établissent
portent en tout ou partie sur les attributions du pas qu’ils ont un empêchement légitime (Cass.
comité en matière de santé, sécurité et condi- crim., 17 juin 1986, no 85-91.956).
tions de travail.
L’employeur ne doit cependant pas commettre des conditions de travail (C. trav., art. L. 2315-
d’abus dans la fixation des dates de réunions 27, al. 2).
(Cass. soc., 15 janv. 2013, précité).
◗ En cas d’événement grave
◆ Réunion extraordinaire Le comité est également réuni (C. trav.,
◗ À la demande de la majorité des membres art. L. 2315-27 al. 2) :
du comité social et économique – à la suite de tout accident ayant entraîné ou
Sauf accord prévoyant d’autres dispositions, la ayant pu entraîner des conséquences graves ;
tenue d’une réunion extraordinaire du CSE est – et en cas d’événement grave lié à l’activité de
possible lorsqu’elle est demandée par la majorité l’entreprise, ayant porté atteinte ou ayant pu
de ses membres (C. trav., art. L. 2315-28). porter atteinte à la santé publique ou à l’envi-
Il s’agit de la majorité des membres élus ayant ronnement.
voix délibérative (Cass. soc., 13 févr. 2019,
no 17-27.889 P). Ne peuvent donc pas être pris ◗ À l’initiative de l’employeur
en compte les représentants syndicaux et les Dans la mesure où le Code du travail ne fixe
suppléants ne remplaçant pas un titulaire. qu’une périodicité minimale pour la tenue
Aucune formalité n’est prévue par la loi pour des réunions du comité, l’employeur peut en
la transmission à l’employeur de la demande principe convoquer des réunions extraordi-
d’organisation d’une telle réunion. Elle naires lorsqu’il l’estime nécessaire ou lorsque
doit obligatoirement comporter les ques- des circonstances particulières l’exigent (par
tions à aborder lors de la réunion (C. trav., exemple, en cas de projet de licenciement col-
art. L. 2315-31). lectif ou si le CSE doit donner son avis sur un
Cette réunion se tient sans attendre la pro- projet de licenciement d’un représentant du
chaine réunion (mensuelle ou bimestrielle) personnel).
à moins que des circonstances particulières,
tenant compte de la proximité de la date pré- ◗ Défaillance de l’employeur
vue pour celle-ci, ne justifient que les deux Lorsque l’employeur est défaillant et n’assure
réunions, tout en restant distinctes, puissent pas les convocations obligatoires, l’agent de
sans inconvénient être fixées le même jour contrôle de l’inspection du travail peut provo-
(Cass. crim., 17 janv. 1984, no 82-94.159 P). quer une réunion du CSE, si au moins la moitié
En tout état de cause, l’employeur n’est pas des membres du comité le demande. La réunion
juge de l’opportunité de la requête qui lui est se tient dans ce cas sous la présidence de l’agent
faite (Cass. crim., 11 mars 2008, no 07-80.169). de contrôle (C. trav., art. L. 2315-27 al. 3).
Sauf circonstances particulières ou obstacles L’inspecteur du travail saisi n’est pas obligé d’in-
insurmontables, il doit s’exécuter sans délai et tervenir : il décide s’il doit ou non convoquer le
sans pouvoir apprécier ni la nécessité ni l’ur- comité. Dans la plupart des cas, son interven-
gence d’une réunion extraordinaire, dès lors que tion auprès de l’employeur, pour lui rappeler ses
la demande de convocation lui est régulièrement obligations et les sanctions qu’il encourt, suffit
présentée. Ainsi commet le délit d’entrave l’em- à régulariser la situation.
ployeur qui refuse de convoquer le comité social
et économique à une réunion extraordinaire qu’il ◆ Heure
remplace par une réunion ordinaire (Cass. crim., En principe, les réunions se tiennent pendant
22 oct. 1975, no 74-90.174). les heures de travail. Dès lors qu’elles ont lieu
L’employeur peut en revanche saisir le juge de en dehors des heures de travail, elles sont
l’opportunité de la réunion extraordinaire, s’il considérées comme des heures supplémen-
estime que son objet n’entre pas dans les attri- taires (Cass. soc., 11 juin 2008, no 07-40.823 P).
butions du comité. En effet, le temps passé aux réunions par les
membres du comité doit leur être payé comme
◗ À la demande de deux élus en matière du temps de travail (C. trav., art. L. 2315-11).
de santé, sécurité ou conditions de travail Si l’employeur tient systématiquement les réu-
Par ailleurs, deux membres représentants du nions en dehors des heures de travail afin de
personnel peuvent formuler une demande rendre la présence des membres du CSE ou de
motivée en vue de convoquer le comité, sur certains d’entre eux plus difficile, il peut être
les sujets relevant de la santé, de la sécurité ou poursuivi pour délit d’entrave.
◗ Désaccord ◆ Contenu
Que se passe-t-il lorsque l’employeur ou le L’ordre du jour doit contenir tous les points
secrétaire du comité social et économique refuse qui seront discutés au cours de la réunion.
de contresigner le document ? L’employeur veille à ce que soient inscrites
toutes les questions qui sont légalement sou-
➥ Consultations facultatives mises à la consultation ou à l’avis du comité
À défaut d’accord entre le président et le secré- social et économique. À défaut, il commet le
taire, le juge des référés doit être saisi de la délit d’entrave.
difficulté, l’une des parties ne pouvant unila- Lorsque le comité se réunit à la demande de la
téralement arrêter l’ordre du jour ni imposer à majorité de ses membres, les questions jointes à
l’autre de le ratifier et de le signer (Cass. crim., la demande de convocation sont inscrites à l’ordre
4 nov. 1997, no 96-85.631 P). du jour de la séance (C. trav., art. L. 2315-31).
jour trois jours au moins avant la date de la plinaire ou conservatoire, la mise à pied
réunion reportée (Cass. crim., 4 janv. 1983, n’entraînant pas la suspension du mandat
no 82-90.710). (Cass. soc., 23 juin 1999, n o 97-41.121 P ;
Cass. soc., 2 mars 2004, no 02-16.554 P).
87 CONVOCATION AUX RÉUNIONS REMARQUE
◆ Expéditeur et délai de transmission Le ministère du Travail précise qu’un accord col-
La convocation aux réunions du comité est lectif ou un accord conclu avec la majorité des
le fait de l’employeur ou de son représentant membres titulaires du comité social et économique
peut prévoir que la communication de l’ordre du
(C. trav., art. L. 2315-28). Elle peut émaner du jour vaut convocation des suppléants aux réunions
secrétaire du comité, qui agit alors au nom de du comité (Questions-réponses sur le CSE, ministère
l’employeur. du Travail, mis à jour janv. 2020, question no 91).
L’ordre du jour étant communiqué au comité
social et économique au moins trois jours avant la ◆ Modes de transmission
séance (C. trav., art. L. 2315-30), les convocations, Le Code du travail ne précise pas le mode de
qui contiennent l’ordre du jour, sont en pratique transmission des convocations. Elles peuvent
également envoyées dans ce délai. Toutefois, ce être postées ou remises par le secrétaire aux
dernier ne concerne que la communication de destinataires contre émargement. Cependant,
l’ordre du jour et non la convocation elle-même en certaines circonstances, notamment en cas
(Cass. crim., 4 janv. 1983, n° 82-90.710). d’absence, il y a lieu d’adresser la convocation
par la poste, voire par lettre recommandée avec
◆ Destinataires ou sans avis de réception. Il faut alors veiller à
L’employeur convoque tous les membres du ce que le destinataire soit avisé à temps.
comité social et économique sans exception :
les titulaires, les suppléants et les représentants 88 PARTICIPANTS
syndicaux (CE, 3 oct. 2008, no 306.430 ; CE, ◆ Employeur
23 déc. 2010, no 323.318), ainsi que les personnes L’employeur, président de droit, assisté éven-
qui, en raison de l’ordre du jour, sont amenées tuellement de trois collaborateurs qui ont voix
à assister à la réunion du comité (voir n° 88). consultative, participe aux réunions du comité
À NOTER (C. trav., art. L. 2315-23).
Le représentant de section syndicale d’un syndi- Le terme de « collaborateurs » indique qu’il
cat non représentatif n’a pas la qualité de repré- s’agit de salariés de l’entreprise. Le directeur
sentant syndical au CSE. Par conséquent, l’em- du personnel de l’entreprise, même s’il est sala-
ployeur n’a pas à le convoquer aux réunions du
comité social et économique (Cass. soc., 23 mars rié du groupe et non de l’entreprise, ne peut
2022, n° 20-20.397 P). être considéré comme une personne extérieure
à l’entreprise (Rép. min. no 22508, JO Ass. nat.,
L’employeur se rend coupable du délit d’en- 1er avr. 1996, p. 1810).
trave :
– s’il ne convoque pas tous les participants à la ◆ Membres élus
réunion du comité (Cass. crim., 12 mars 1970, et représentants syndicaux
no 69-91.317 P ; Cass. crim., 24 janv. 1974, Participent de droit aux réunions (C. trav.,
no 73-90.807 P) ; art. L. 2314-1) :
– même si la réunion se tient à jour fixe et si la – les membres titulaires ;
date de la prochaine réunion a été annoncée à la – les membres suppléants mais seulement en
réunion précédente (Cass. crim., 27 sept. 1988, l’absence de titulaires.
no 87-91.324 P). Le représentant syndical au comité social et éco-
Si l’urgence peut légitimer une convocation rap- nomique assiste aux réunions avec voix consul-
prochée, elle ne peut dispenser de la convoca- tative (C. trav., art. L. 2314-2).
tion des membres du comité, quand bien même
ces derniers ont pu, par d’autres voies, être ◆ Autres participants
prévenus et assister à la réunion (Cass. crim., Assistent avec voix consultative aux réunions
16 sept. 1985, no 84-93.705). sur les points de l’ordre du jour relatifs aux
Les représentants du personnel doivent questions concernant la santé, la sécurité et les
être convoqués, peu important qu’ils soient conditions de travail (C. trav., art. L. 2314-3, I) :
hospitalisés (Cass. crim., 16 juin 1970, – le médecin du travail, qui peut donner déléga-
n o 69-93.132 P) ou mis à pied à titre disci- tion à un membre de l’équipe pluridisciplinaire
des activités sociales et culturelles (Cass. soc., pouvoir que d’un seul autre membre (C. trav.,
25 janv. 1995, no 92-16.778 P). art. R. 4623-6 et art. R. 4623-19).
30 nov. 1984 ; Rép. min. no 60687, JO Ass. nat., du Code du travail (voir ci-dessus ; C. trav.,
9 sept. 1985, p. 4271) ; art. L. 2315-34).
– un huissier de justice désigné par l’employeur À défaut d’accord, le procès-verbal doit a minima
(Cass. soc., 25 nov. 2003, no 01-14.176 P). contenir (C. trav., art. D. 2315-26) :
– le résumé des délibérations du comité ;
◗ Délai – la décision motivée de l’employeur sur les pro-
Le secrétaire du CSE doit établir le procès- positions faites lors de la précédente réunion.
verbal dans un délai précis défini en principe par En tout état de cause, l’employeur ne peut s’op-
accord ou par décret à défaut d’accord (C. trav., poser à ce que les procès-verbaux relatent in
art. L. 2315-34). extenso les différents points discutés en séance,
Cet accord peut être conclu (C. trav., art. L. 2312- même s’il s’agit des chiffres des bilans exposés
16) : par l’expert-comptable.
– avec une ou plusieurs organisations syndi- REMARQUE
cales de salariés représentatives ayant recueilli Les procès-verbaux constituent, en cas de dif-
plus de 50 % des suffrages exprimés en faveur ficulté ou de litige, un moyen de preuve pri-
d’organisations représentatives au premier tour vilégié. Cependant, au regard de la loi pénale,
ils ont la valeur d’un simple renseignement
des dernières élections des titulaires du comité (Cass. crim., 25 janv. 2000, no 99-80.508 ; Cass.
social et économique, quel que soit le nombre crim., 15 mai 2007, no 06-84.318 P).
de votants, sans possibilité de validation par
référendum ; ◗ Adoption
– ou, en l’absence de délégué syndical, avec le Une fois établi par le secrétaire, le procès-verbal
comité social et économique ou, le cas échéant, des délibérations est adopté.
avec le comité social et économique central. À cette fin, il est communiqué à l’em-
L’accord doit être adopté à la majorité des ployeur et aux membres du comité (C. trav.,
membres titulaires de la délégation du per- art. R. 2315- 25).
sonnel. À défaut de précision dans les textes, ou dans le
À défaut d’un tel accord, le procès-verbal doit règlement intérieur du CSE, il est généralement
être établi et transmis à l’employeur dans les procédé ainsi : l’ordre du jour d’une réunion
quinze jours suivant la réunion à laquelle il se comprend en premier l’approbation du pro-
rapporte ou, si une nouvelle réunion est prévue cès-verbal de la réunion précédente. Cet ordre
dans ce délai de quinze jours, avant cette réu- du jour ainsi que le projet de procès-verbal sont
nion (C. trav., art. D. 2315-26). joints aux convocations des membres. Lors des
À NOTER discussions, le procès-verbal de la réunion pré-
Dans le cadre d’une consultation portant sur un cédente est adopté avec ou sans rectifications
projet de licenciement pour motif économique par rapport au projet initial.
de 10 salariés ou plus dans une même période de
REMARQUE
30 jours dans une entreprise d’au moins 50 sala-
riés, le procès-verbal est établi et transmis à l’em- Les procès-verbaux sont à conserver le plus
ployeur par le secrétaire du CSE dans un délai longtemps possible. En effet, ils peuvent être
(C. trav., art. D. 2315-26) : utilisés pour rapporter la preuve d’un engage-
ment de l’employeur (Cass. soc., 16 févr. 2011,
– de trois jours suivant la réunion à laquelle il se
no 09-41.401).
rapporte ou, si une nouvelle réunion est prévue
dans ce délai de trois jours, avant cette réunion ;
◗ Diffusion
– d’un jour, lorsque l’entreprise est en redresse-
ment ou en liquidation judiciaire. ➥ Aux autorités administratives
Le comité social et économique peut décider que
À l’issue du délai, le procès-verbal est transmis à certaines de ses délibérations seront transmises
l’employeur qui fait connaître, lors de la réunion à l’Administration (C. trav., art. L. 2315-33).
du CSE suivant cette transmission, sa décision La transmission des procès-verbaux à l’Adminis-
motivée sur les propositions qui lui ont été sou- tration n’est pas systématique. Il existe cepen-
mises (C. trav., art. L. 2315-34). dant des cas où elle est obligatoire, parfois dans
un délai donné (par exemple, en cas de licen-
◗ Contenu ciement d’un salarié protégé ou de licenciement
Le procès-verbal est rédigé selon les modalités d’au moins 10 salariés sur une même période
fixées par accord. Ce dernier est conclu dans de 30 jours : C. trav., art. R. 2421-10 ; C. trav.,
les conditions prévues à l’article L. 2312-16 art. L. 1233-48).
La séance est ouverte à… heures, par M. X…, chef d’entreprise et président du comité.
Mme A… assure les fonctions de secrétaire.
M. B… assure les fonctions de trésorier.
En conformité avec l’ordre du jour, il a été délibéré sur les questions suivantes.
2. Consultation du comité au sujet de l’aménagement des horaires de travail (exposé des délibérations)
Mme A… a voté pour – M. B… a voté pour – M. C… a voté contre – M. D… a voté pour.
Le comité donne donc un avis favorable.
6. Questions diverses
– La direction accepte d’acheter un ordinateur qui restera dans le local attribué au comité social et économique.
– La suggestion de réunir le comité automatiquement le premier vendredi du mois est acceptée à l’unanimité.
– les établissements distincts d’au moins 300 sa 43 ; Questions-réponses sur le CSE, ministère du
lariés ; Travail, mis à jour janv. 2020, question no 100) ;
– les établissements mentionnés aux articles – soit, en l’absence de délégué syndical, par un
L. 4521-1 et suivants du Code du travail : accord entre l’employeur et le comité, adopté à
– établissements comprenant au moins une instal- la majorité des membres titulaires élus du CSE
lation nucléaire de base ou une installation dans (C. trav., art. L. 2315-43) ;
laquelle des substances, préparations ou mélanges
– soit, à défaut d’accord, par décision unilatérale
dangereux sont présents dans des quantités telles
qu’ils engendrent des dangers particulièrement de l’employeur (C. trav., art. L. 2315-44).
importants pour la sécurité et la santé des popu- L’accord ou la décision fixe le nombre et le péri-
lations voisines et pour l’environnement, mètre de mise en place de la ou des CSSCT.
– établissements comprenant des cavités ou for-
mations souterraines pour le stockage de gaz natu-
rel, d’hydrocarbures liquides, liquéfiés ou gazeux,
◆ Modalités de mise en place de la CSSCT
d’hydrogène ou de produits chimiques à destina- ◗ Définition des modalités
tion industrielle ou énergétique. Les modalités de mise en place de la ou des
Dans les entreprises et établissements distincts CSSCT sont définies :
de moins de 300 salariés, l’inspecteur du travail
peut aussi imposer la création d’une CSSCT ➥ dans le cas d’une CSSCT obligatoire :
lorsque cette mesure est nécessaire, notamment, – par accord d’entreprise majoritaire sans possi-
en raison de la nature des activités, de l’agence- bilité de référendum (C. trav., art. L. 2315-41) ;
ment ou de l’équipement des locaux (C. trav., – ou, en l’absence de délégué syndical, par
art. L. 2315-37). Le ministère du Travail précise accord entre l’employeur et le comité social et
que l’inspecteur du travail ne peut pas imposer économique, adopté à la majorité des membres
la mise en place d’une CSSCT dans une entre- titulaires élus (C. trav., art. L. 2315-42) ;
prise de moins de 50 salariés : en revanche, il – ou, encore à défaut d’accord, par le règle-
peut le faire dans un établissement de moins de ment intérieur du comité social et économique
50 salariés si celui-ci appartient à une entreprise (C. trav., art. L. 2315-44).
d’au moins 50 salariés (Questions-réponses sur le
CSE, ministère du Travail, mis à jour janv. 2020, ➥ dans le cas d’une CSSCT facultative :
question no 100). – par l’accord de mise en place lui-même, qu’il
Cette décision administrative peut faire l’ob- s’agisse d’un accord avec les délégués syndicaux
jet d’un recours devant le Dreets (C. trav., ou avec le CSE (C. trav., art. L. 2315-43) ;
art. L. 2315-37) ou d’un recours contentieux – par le règlement intérieur du CSE, si la mise
devant le tribunal administratif dans le res- en place résulte d’une décision unilatérale de
sort duquel se situe l’inspecteur du travail l’employeur (C. trav., art. L. 2315-44).
qui a rendu cette décision, dans un délai de
deux mois. Ces recours ne sont pas suspensifs ◗ Contenu des modalités
(Questions-réponses sur le CSE, ministère du Ainsi, l’accord ou le règlement intérieur du
Travail, mis à jour janv. 2020, question no 105). comité social et économique définit (C. trav.,
À NOTER art. L. 2315-41) :
Dans les entreprises de 300 salariés et plus com- – le nombre de membres de la ou des commis-
portant au moins deux établissements distincts, sions ;
quel que soit l’effectif de ces établissements, une – les missions déléguées à la ou aux commis-
CSSCT centrale doit être mise en place (C. trav.,
art. L. 2316-18 ; voir no 94). sions par le comité, et leurs modalités d’exer-
➥ Sur le franchissement du seuil de 300 salariés,
cice,
voir encadré p. 66. – les modalités de fonctionnement, notamment
le nombre d’heures de délégation dont béné-
◆ Mise en place facultative ficient les membres de la ou des commissions
dans les autres cas pour l’exercice de leurs missions ;
Dans les entreprises où la CSSCT n’est pas obli- – les modalités de formation des membres de la
gatoire, il est possible d’organiser la mise en ou des commissions ;
place de CSSCT : – les moyens alloués aux membres de la ou des
– par un accord d’entreprise conclu selon les commissions ;
modalités prévues au premier alinéa de l’article – le cas échéant, les conditions et modalités
L. 2232-12, soit un accord majoritaire sans pos- dans lesquelles une formation spécifique cor-
sibilité de référendum (C. trav., art. L. 2315- respondant aux risques ou facteurs de risque
particuliers, en rapport avec l’activité de l’en- titulaires ou suppléants, par une résolution prise
treprise peut être dispensée aux membres de la à la majorité des membres présents (C. trav.,
commission. art. L. 2315-39, al. 3 ; Cass. soc., 27 nov. 2019,
➥ Sur la formation des membres de la CSSCT, no 19-14.224 P).
voir encadré p. 95. Le représentant syndical au comité social et
économique ne peut pas être désigné au sein
◆ Missions de la CSSCT de la CSSCT, dans la mesure où il n’est pas
La CSSCT est une émanation du CSE, sans per- membre à part entière du CSE et dispose sim-
sonnalité morale distincte. plement d’une voix consultative et non pas
Elle a vocation à préparer les réunions et les délibérative (Questions-réponses sur le CSE,
délibérations du comité sur les questions de ministère du Travail, mis à jour janv. 2020,
santé, de sécurité et de conditions de travail question n o 102).
(Questions-réponses sur le CSE, ministère du À NOTER
Travail, mis à jour janv. 2020, question no 101). Sous l’empire des dispositions antérieures à la mise
La CSSCT se voit confier tout ou partie des attri- en place du comité social et économique, l’ac-
butions du CSE relatives à la santé, la sécurité et cord-cadre du 17 mars 1975 prévoyait la possibilité
de désigner un représentant syndical assistant avec
aux conditions de travail. voix consultative aux réunions de l’ancien CHSCT
Elle ne peut cependant pas recourir à un dans les établissements de plus de 300 salariés. Ces
expert ni exercer les attributions consulta- dispositions sont caduques et ne peuvent servir de
tives du comité social et économique (C. trav., support à la désignation d’un représentant syndi-
cal au sein de la CSSCT (TI Rouen, 20 mai 2019,
art. L. 2315-38). Elle ne peut donc pas donner
n° 11-19-000943).
d’avis sur les propositions de reclassement d’un
salarié déclaré inapte. On peut se demander si l’employeur participe
Le ministère du Travail estime qu’il est pos- au vote. Si l’on transpose la position de l’Admi-
sible de prévoir par accord que le droit d’alerte nistration relative à la commission économique
en cas de danger grave et imminent puisse de l’ancien comité d’entreprise, l’employeur ne
être exercé par les membres de la CSSCT participe pas au vote (voir no 89). Ce dernier
(Questions-réponses sur le CSE, ministère du ne participait pas non plus à la désignation des
Travail, mis à jour janv. 2020, question no 101). anciens membres du CHSCT.
REMARQUE
◆ Composition de la CSSCT Un représentant de proximité peut être membre de
◗ Employeur la CSSCT, dès lors qu’il est membre élu du comité
La CSSCT est présidée par l’employeur ou son social et économique (Questions-réponses sur le
CSE, ministère du Travail, mis à jour janv. 2020,
représentant (C. trav., art. L. 2315-39, al. 1er). question n° 106).
L’employeur peut se faire assister par des colla-
borateurs appartenant à l’entreprise et choisis Le mandat de membre de la CSSCT prend fin
en dehors du comité social et économique, sous avec celui de membre élu du comité social et
réserve que l’employeur et ses collaborateurs économique.
ne soient pas en nombre supérieur à celui des
représentants du personnel titulaires (C. trav., ◗ Autres participants
art. L. 2315-39, al. 5). Assistent aux réunions de la commission, avec
Ces personnes sont soumises au secret profes- voix consultative (C. trav., art. L. 2314-3) :
sionnel et à l’obligation de discrétion (voir no 51 – le médecin du travail, qui peut donner délé-
et s.). gation à un membre de l’équipe pluridisci-
plinaire du service de prévention et de santé
◗ Délégation du personnel au travail ;
L’accord ou le règlement intérieur fixe le – le responsable interne du service de sécu-
nombre de membres de la commission (C. trav., rité et des conditions de travail ou, à défaut,
art. L. 2315-41, 1°), qui doit comprendre au mini- l’agent chargé de la sécurité et des conditions
mum trois membres représentants du personnel, de travail.
dont au moins un représentant du second collège L’agent de contrôle de l’inspection du travail et les
ou, le cas échéant, du troisième collège (C. trav., agents des services de prévention des organismes
art. L. 2315-39, al. 2). de sécurité sociale doivent également être invités
Les membres de la CSSCT sont désignés par le aux réunions de la commission.
comité social et économique parmi ses membres
choisis parmi des salariés de l’entreprise n’ap- La commission de la formation est également
partenant pas au CSE. consultée sur les problèmes généraux relatifs
Les commissions sont présidées par un des à la mise en œuvre :
membres du comité social et économique, qui – des dispositifs de formation professionnelle
peut être indifféremment un membre titulaire continue : formations à l’initiative de l’em-
ou suppléant (C. trav., art. R. 2315-28). ployeur et plan de développement des com-
À NOTER pétences, formations à l’initiative du salarié,
À la lecture des articles L. 2315-46 et suivants compte personnel de formation ;
du Code du travail, une entreprise qui aurait – de la validation des acquis de l’expérience
conclu un accord prévoyant la mise en place (C. trav., art. R. 2315-30).
d’une seule commission n’aurait pas à instituer
les commissions prévues par les dispositions La commission de formation est également infor-
supplétives du Code du travail. mée des possibilités de congé qui ont été accor-
➥ Sur le franchissement du seuil de 300 salariés, dées aux salariés, des conditions dans lesquelles
voir encadré p. 66. ces congés ont été accordés ainsi que des résultats
obtenus (C. trav., art. R. 2315-31).
◗ Commission économique
Dans les entreprises d’au moins 1 000 salariés, ◗ Commission d’information
en l’absence d’accord, une commission écono- et d’aide au logement
mique est créée soit au sein du comité social Dans les entreprises d’au moins 300 salariés, en
et économique, soit au sein du comité social et l’absence d’accord, une commission d’informa-
économique central dans les entreprises à établis- tion et d’aide au logement est constituée au sein
sements multiples. Elle est chargée notamment du comité social et économique. Les entreprises
d’étudier les documents économiques et finan- de moins de 300 salariés peuvent se grouper entre
ciers recueillis par le CSE et toute question qu’il elles pour former cette commission (C. trav.,
lui soumet (C. trav., art. L. 2315-46). art. L. 2315-50).
La commission économique est présidée par Son rôle est de faciliter le logement, l’accession
l’employeur ou son représentant. des salariés à la propriété et à la location des
Elle comprend au maximum cinq membres locaux d’habitation (C. trav., art. L. 2315- 51).
représentants du personnel, dont au moins un La commission :
de la catégorie des cadres, désignés par le comité – recherche les possibilités d’offre de loge-
parmi leurs membres (C. trav., art. L. 2315-47). ments correspondant aux besoins du person-
La commission économique se réunit au moins nel, en liaison avec les organismes habilités
deux fois par an. Elle peut demander à entendre à collecter la participation des employeurs à
tout cadre supérieur ou dirigeant de l’entreprise l’effort de construction ;
après accord de l’employeur. Elle peut aussi se – informe les salariés sur leurs conditions d’accès
faire assister par l’expert-comptable qui assiste à la propriété ou à la location d’un logement et
le comité social et économique et par les experts les assiste dans les démarches nécessaires pour
qu’il choisit (C. trav., art. L. 2315-48). l’obtention des aides financières auxquelles ils
peuvent prétendre.
◗ Commission de la formation La commission d’information et d’aide au loge-
Dans les entreprises d’au moins 300 salariés, ment aide les salariés souhaitant acquérir ou
en l’absence d’accord, le comité social et éco- louer un logement au titre de la participation des
nomique constitue une commission de la for- employeurs à l’effort de construction, ou investir
mation chargée : les fonds provenant des droits constitués en appli-
– de préparer ses délibérations en matière de cation des dispositions relatives à l’intéressement,
formation professionnelle pour la consultation à la participation et à l’épargne salariale. À cet effet,
obligatoire sur les orientations stratégiques et la commission propose, dans chaque entreprise,
celle sur la politique sociale de l’entreprise, les des critères de classement des salariés candidats
conditions de travail et l’emploi ; à l’accession à la propriété ou à la location d’un
– d’étudier les moyens permettant de favoriser logement tenant compte, notamment, des charges
l’expression des salariés en matière de formation de famille des candidats. Le comité social et éco-
et de participer à leur information en ce domaine ; nomique examine pour avis les propositions de la
– et d’étudier les problèmes spécifiques concer- commission (C. trav., art. L. 2315-52).
nant l’emploi et le travail des jeunes et des per- Elle peut s’adjoindre, avec l’accord de l’em-
sonnes handicapées (C. trav., art. L. 2315-49). ployeur, à titre consultatif, un ou plusieurs
conseillers délégués par des organisations pro- central désigne parmi ses membres titulaires
fessionnelles, juridiques ou techniques (C. trav., (C. trav., art. L. 2316-13 ; C. trav., art. R. 2316-3) :
art. L. 2315-53). – un secrétaire ;
REMARQUE – un secrétaire adjoint en charge des attributions
Les articles L. 2315-54 et L. 2315-55 du Code en matière de santé, sécurité et conditions de
du travail renvoient à un décret (non paru à ce travail.
jour) le soin de déterminer : Notons que l’obligation de désigner un trésorier
– les conditions dans lesquelles la commission ne figure plus parmi les dispositions légales mais
est constituée ;
est seulement envisagée à l’article R. 2316-3 du
– les conditions dans lesquelles les droits consti-
tués en application des dispositions relatives à
Code du travail.
l’intéressement, à la participation et à l’épargne Le secrétaire, le secrétaire adjoint et, le cas
salariale sont négociables ou exigibles en vue de échéant, le trésorier sont logiquement désignés
constituer ou de compléter l’apport initial néces- au cours de la première réunion du comité social
saire à l’acquisition du logement principal ;
et économique central qui suit chaque renou-
– le nombre maximum de membres de la com-
mission ;
vellement.
Les fonctions du secrétaire et du trésorier sont
– les conditions dans lesquelles les conseillers
que s’adjoint la commission sont, le cas échéant, identiques à celles du secrétaire et du trésorier
rémunérés. du comité social et économique. En revanche, la
fonction de secrétaire adjoint chargé des ques-
◗ Commission de l’égalité professionnelle tions de santé, sécurité et conditions de travail
Cette commission est obligatoire dans les entre- n’est prévue que pour le comité social et écono-
prises d’au moins 300 salariés, en l’absence d’ac- mique central.
cord (C. trav., art. L. 2315-56). ➥ Sur le secrétaire et le trésorier, voir n° 77 et
Elle est notamment chargée de préparer les n° 78.
délibérations du comité social et économique
dans le cadre de la consultation sur la politique 94 MISE EN PLACE DE COMMISSIONS
sociale de l’entreprise, les conditions de travail Le comité central peut créer les commissions
et l’emploi. facultatives qu’il juge nécessaires.
ATTENTION Dans les entreprises d’au moins 1 000 sala-
Il n’existe pas de crédit d’heures spécifique pour riés à établissements multiples, en l’absence
les membres des commissions, à l’exception des d’accord mettant en place des commissions
membres de la CSSCT, pour lesquels l’accord ou supplémentaires, la commission écono-
le règlement intérieur du comité doit prévoir le
nombre d’heures de délégation dont ils béné- mique (voir n° 92) est créée au sein du
ficient, sans plancher légal toutefois (C. trav., comité social et économique central (C. trav.,
art. L. 2315-41 ; voir no 90). art. L. 2315-46).
➥ Sur la rémunération du temps passé aux Une commission santé, sécurité et conditions
réunions des commissions, voir no 41. de travail centrale est mise en place dans les
entreprises d’au moins 300 salariés à établisse-
ments multiples (C. trav., art. L. 2316-18). Elle
obéit aux mêmes règles de fonctionnement que
la commission santé, sécurité et conditions de
RÈGLES PARTICULIÈRES travail (voir n° 90).
REMARQUE
AUX DIFFÉRENTES FORMES Selon les règles applicables à l’ancien comité
DE COMITÉ central d’entreprise, les dispositions relatives à
la mise en place d’une commission des marchés
au sein du comité d’entreprise étaient applicables
au comité central d’entreprise. À notre sens, cette
Comité social règle s’applique toujours : l’article L. 2316-19 du
Code du travail renvoie en effet à un « sous-para-
et économique central graphe 5 » qui a été abrogé par la loi de ratification
des ordonnances du 29 mars 2018 (L. no 2018-217,
93 COMPOSITION DU BUREAU DU CSE CENTRAL JO 31 mars) et déplacé aux articles L. 2315-44-1
Le comité social et économique central est pré- à L. 2315-44-4 du Code du travail concernant la
sidé par l’employeur ou son représentant, assisté commission des marchés au sein du comité social
éventuellement de deux collaborateurs qui ont et économique.
voix consultative. Le comité social et économique
95 RÈGLEMENT INTÉRIEUR DU CSE CENTRAL mique central, quel que soit l’objet de la réu-
Le comité social et économique central est tenu nion de ce comité (Cass. crim., 15 mai 2007,
d’élaborer un règlement intérieur portant sur no 06-84.318 P). Lorsque des consultations ren-
les modalités de son fonctionnement et de ses dues obligatoires par une disposition législa-
rapports avec les salariés de l’entreprise, pour tive, réglementaire ou par un accord collectif
l’exercice des missions qui lui sont conférées de travail sont en cause, elles sont inscrites
(C. trav., art. L. 2316-14). de plein droit par l’un ou par l’autre (C. trav.,
art. L. 2316-17).
96 RÉUNIONS L’ordre du jour est communiqué aux membres
◆ Périodicité du comité social et économique central au moins
Sont prévues des réunions (C. trav., art. L. 2316- huit jours avant la date de la séance (C. trav.,
15) : art. L. 2316-17).
– obligatoires du CSE central au moins une fois
tous les six mois ; ◆ Participants
– exceptionnelles si l’employeur estime néces- Participent de droit aux réunions les membres
saire de convoquer le CSE central. De telles réu- du CSE central :
nions peuvent également se tenir à la demande – l’employeur ou son représentant (assisté éven-
de la majorité des membres. L’article L. 2316-15 tuellement de deux collaborateurs ayant voix
du Code du travail ne limite pas le nombre des consultative) ;
réunions exceptionnelles. – la délégation du personnel (C. trav.,
Le comité social et économique central se réu- art. L. 2316-4) ;
nit sur convocation de l’employeur (C. trav., – ainsi que les représentants syndicaux avec voix
art. L. 2316-15). consultative (C. trav., art. L. 2316-7).
Lorsque les réunions du comité portent sur la
◆ Heure santé, la sécurité et les conditions de travail,
Les réunions se tiennent en principe pendant les participent avec voix consultative (C. trav.,
heures de travail. Mais le comité social et écono- art. L. 2316-4) :
mique central peut se réunir en dehors des heures – le médecin du travail ;
de travail si les circonstances l’exigent, notam- – l’agent de contrôle de l’inspection du travail ;
ment en raison des déplacements quelquefois – les agents des services de prévention de l’or-
importants imposés aux membres du comité. Les ganisme de sécurité sociale ;
heures passées au CSE central sont rémunérées – le cas échéant, l’agent de l’organisme profes-
comme heures normales de travail. sionnel de prévention du bâtiment et des tra-
vaux publics (OPPBTP) ;
◆ Lieu – le responsable du service de sécurité et des
Le comité social et économique central se réunit conditions de travail ou, à défaut, l’agent chargé
« au siège de l’entreprise » (C. trav., art. L. 2316- de la sécurité et des conditions de travail.
15). Toutefois, l’employeur peut fixer la réunion À NOTER
au lieu de l’établissement qui constitue le siège Ces personnes sont celles de l’établissement du
administratif de l’entreprise, dès lors que ce siège de l’entreprise.
choix ne fait apparaître ni une volonté discri-
minatoire à l’égard du personnel ni l’intention ◆ Délibérations
de paralyser l’activité du comité social et éco- Les décisions du comité social et économique
nomique central. central portant sur ses modalités de fonction-
Si le siège social est situé à l’étranger, le comité nement et l’organisation de ses travaux ainsi
social et économique central se réunit au que ses résolutions sont prises à la majorité des
siège du principal établissement en France membres présents (C. trav., art. L. 2316-14).
(CE, 29 juin 1973, no 77.982).
➥ Sur la possibilité d’organiser les réunions
du comité social et économique central par Comité des activités sociales
visioconférence, voir no 61 et s.
et culturelles interentreprises
◆ Ordre du jour 97 ORGANISATION INTERNE
L’ordre du jour est arrêté par l’employeur Doté de la personnalité civile, le comité des
et le secrétaire du comité social et écono- activités sociales et culturelles interentre-
Profitez de 7 jours
d’essai gratuit
Pour vous
liaisons-sociales.fr, c’est :
Wolters Kluwer France - Immeuble Euroatrium - 7 Rue Emmy Noether - CS 90021 - 93588 SAINT OUEN CEDEX -
SAS au capital de 14 500 000 € - TVA FR 55 480 081 306 - SIREN 480 081 306 RCS BOBIGNY
A_LS.FR_A4_01-22_N-[PB-NA].indd
Chap3-0622.indd 74 1 24/01/2022
15/06/2022 14:22
09:17:56
4
Moyens
Dans les entreprises
de moins de 50 salariés
Les moyens du comité social et économique diffèrent selon la taille de l’entreprise : lorsque celle-ci compte
moins de 50 salariés, le Code du travail prévoit l’obligation de mise à disposition d’un local lui permettant
d’accomplir sa mission, et notamment de se réunir. Dans celle d’au moins 50 salariés, le comité bénéficie,
en plus d’un local aménagé et du matériel nécessaire à l’exercice de ses fonctions, de la possibilité
d’embaucher du personnel, d’une subvention de fonctionnement et d’une contribution annuelle versée
par l’employeur et destinée aux activités sociales et culturelles.
Par ailleurs, le comité social et économique a l’obligation d’établir des comptes annuels, selon
des modalités différentes d’après la taille du comité (nombre de salariés, ressources annuelles
et total du bilan).
Certaines règles spécifiques concernent le comité social et économique central et le comité
des activités sociales et culturelles interentreprises.
prévoyant, l’employeur n’est pas tenu de laisser le (Cass. soc., 13 janv. 2010, no 08-19.917 P : au sujet
local à disposition des représentants du personnel du local syndical).
pendant les heures de fermeture de l’entreprise Si le CSE se réunit dans un autre local que celui
(Cass. crim., 16 mars 1993, no 91-84.767 P : concer- mis régulièrement à sa disposition par l’employeur,
nant le local affecté à une section syndicale). il en assume les frais sur ses ressources de fonc-
ATTENTION tionnement.
Tout manquement de l’employeur à ses obligations La mise à disposition du local affecté au comité
en matière de local (mise à disposition ou utilisa- social et économique doit être :
tion) est pénalement sanctionné et constitue un délit – réelle, sans réticence, même si elle n’est pas per-
d’entrave au libre exercice des fonctions représen-
tatives. L’employeur est passible d’une amende de manente, et permettre le fonctionnement normal
7 500 euros (C. trav., art. L. 2317-1, al. 2). du CSE ;
– gratuite. Elle ne donne lieu, de la part du comité,
au versement d’aucune redevance et ne s’impute
pas sur la subvention de fonctionnement.
◆ Délit d’entrave
DANS LES ENTREPRISES L’employeur qui ne met pas à la disposition du
D’AU MOINS 50 SALARIÉS comité un local convenable commet un délit d’en-
trave (Cass. crim., 7 janv. 1981, no 79-94.255 P).
Tel est le cas lorsqu’il s’agit d’un local de deux
Moyens matériels mètres sur cinq ne pouvant permettre la réunion de
sept membres du CSE, ni aucune activité collégiale
telle que l’invitation de personnalités extérieures
102 MISE À DISPOSITION OBLIGATOIRE D’UN LOCAL (Cass. soc., 26 janv. 2016, no 13-85.770 P).
AMÉNAGÉ AVEC LE MATÉRIEL NÉCESSAIRE A été condamné pour entrave au libre fonctionne-
◆ Par l’employeur ment du comité un directeur d’usine qui a, à plusieurs
L’employeur met à la disposition du comité social reprises, fait sortir les représentants du personnel du
et économique « un local aménagé et le matériel local qui leur était affecté pour y tenir des réunions
nécessaire à l’exercice de ses fonctions » (C. trav., qui, prévues d’avance, ne leur avaient pas été annon-
art. L. 2315-25). cées (Cass. crim., 17 nov. 1966, no 66-90.425 P).
Le local destiné au CSE est, à la charge de l’em-
ployeur, éclairé, chauffé et meublé (Lettre-circ. ◆ Libre accès au local
min. DRT 6 mai 1983, BOTR 1983, no 23-24). Il doit Tous les membres du comité ont libre accès à ce
être conforme aux normes de santé et de sécurité local, qu’il s’agisse des titulaires ou des suppléants,
applicables à l’entreprise (C. trav., art. R. 4221-1 des représentants syndicaux au comité ou de l’em-
et s. : aération, lumière, température, norme incen- ployeur.
die, exposition sonore, etc.). Le comité social et économique peut organiser,
dans le local mis à sa disposition, des réunions
◆ Choix du local d’information, internes au personnel, portant
Le choix du local appartient à l’employeur. notamment sur des problèmes d’actualité (C. trav.,
Sauf impossibilité, il se situe à l’intérieur de l’en- art. L. 2315-26).
treprise ou de l’établissement. L’emplacement du Le CSE peut inviter des personnalités extérieures,
local peut ne pas être définitif, mais l’employeur syndicales ou autres. L’accord de l’employeur est
ne saurait changer arbitrairement et sans raison nécessaire si la réunion a lieu en dehors du local
le lieu de réunion habituel. En cas de change- du comité ou si des personnalités extérieures non
ment, l’employeur en informe préalablement le syndicales sont invitées.
comité en respectant un délai de prévenance En revanche, il n’est pas nécessaire si la réu-
suffisant. nion a lieu dans le local du comité et si ne sont
Le nouveau local doit permettre aux membres du invitées que des personnalités syndicales, même
comité social et économique d’exercer normale- extérieures (C. trav., art. L. 2315-26, art. L. 2142-
ment leurs fonctions. Si cette condition est res- 10).
pectée, le nouveau local peut être de superficie Ces réunions ont lieu en dehors du temps de travail
inférieure (Cass. soc., 22 oct. 2014, no 13-16.614). des participants. Toutefois, les membres de la délé-
En cas d’opposition, le juge des référés doit être gation du personnel du CSE peuvent se réunir sur
saisi afin de faire procéder au déménagement leur temps de délégation (C. trav., art. L. 2142-11).
Sauf accord exprès de l’employeur, le comité social prévu par accord d’entreprise. L’employeur ne peut
et économique ne peut utiliser ce local que pour avoir accès au contenu du disque dur et du matériel
informatique du CSE, et doit respecter le secret de la
des activités qui entrent dans sa mission.
correspondance.
REMARQUE
L’employeur peut mettre en place un système de
contrôle de l’accès au local par badge, s’il est jus- 103 UN LOCAL DISTINCT DE CELUI RÉSERVÉ
tifié et proportionné au but recherché (Cass. soc., AUX SECTIONS SYNDICALES
26 sept. 2007, no 06-11.425). En revanche, un tel sys-
tème sera déclaré illicite si aucun impératif de sécurité Dans les entreprises d’au moins 200 salariés,
ne justifie son installation (Cass. soc., 13 janv. 2010, l’employeur doit mettre à disposition des sec-
no 08-19.917 P). tions syndicales un local commun destiné à
l’exercice de la mission de leurs délégués (C. trav.,
◆ Matériel nécessaire à l’exercice art. L. 2142- 8) : ce local est réservé aux sec-
des fonctions du comité tions syndicales et ne peut donc pas être com-
Il s’agit non seulement des tables et chaises indis- mun avec le local mis à disposition du comité
pensables au bon déroulement des réunions, mais social et économique (Cass. soc., 23 janv. 1979,
également du matériel nécessaire qui varie en no 78-92.407 P).
fonction de la taille de l’entreprise et du nombre
d’établissements. 104 MISE À DISPOSITION FACULTATIVE D’UN LOCAL
Ce matériel peut comporter, par exemple, une POUR LA GESTION DES ACTIVITÉS SOCIALES
ligne téléphonique, du matériel informatique et ET CULTURELLES
de photocopie. L’employeur n’a pas l’obligation de mettre à dis-
➥ Sur la possibilité pour l’employeur de contrôler les position du comité social et économique un local
communications, voir n° 100. spécifique pour la gestion des activités sociales et
Comme le rappelle une réponse ministérielle culturelles, distinct du local aménagé accordé en
(Rép. min. no 10268, JO Ass. nat. 25 mai 1974, vertu de l’article L. 2315-25 du Code du travail.
p. 2303), en raison de la généralité des termes de En revanche, l’employeur peut, si les locaux lui
la loi et de la multiplicité des situations, l’Admi- appartiennent, conclure un accord d’occupation
nistration ne s’estime pas compétente pour don- moyennant redevance. Un accord de mise à dis-
ner une liste exhaustive et précise du matériel qui position à titre gratuit est toujours possible.
doit être fourni par l’employeur au comité social et Seule exception : lorsque le comité social et éco-
économique. Faute d’accord, cette question peut nomique reprend une activité sociale et cultu-
faire l’objet d’une clause du règlement intérieur relle préexistante dans l’entreprise, l’employeur
du comité, et en cas de difficultés persistantes, doit mettre à sa disposition le matériel et, le cas
seuls les tribunaux judiciaires compétents peuvent échéant, le local aménagé lié à l’exercice de cette
imposer des solutions adéquates. activité (Cass. soc., 2 juin 1993, no 91-13.901 P).
La nature et les caractéristiques du matériel devant
être mis à la disposition du CSE sont fonction à la 105 BIENS IMMEUBLES DU CSE
fois de l’évolution technologique de ce matériel La personnalité civile du CSE lui permet de possé-
et de son adéquation aux besoins du comité. Par der des immeubles pour y installer, par exemple,
ailleurs, rien n’interdit au comité social et écono- des colonies de vacances, des maisons de repos, des
mique, lorsque les moyens résultant notamment de maisons familiales, etc. Il peut également louer des
la subvention de fonctionnement le lui permettent, immeubles en vue d’y installer les activités sociales
de choisir des solutions plus coûteuses que celles et culturelles.
mises à sa disposition par l’employeur.
Les communications téléphoniques, l’achat de
papier, de fournitures sont à la charge du comité Moyen en personnel
qui les impute sur son budget de fonctionne-
ment (Rép. min. no 2207, JO Ass. nat. 9 janv. 1989, 106 PERSONNEL SALARIÉ
p. 182). ◆ Personnel engagé par le CSE
À NOTER Le comité social et économique peut avoir son
Aucune disposition du Code du travail ne prévoit propre personnel, directement engagé par lui,
l’accès du CSE aux messageries électroniques et à c’est-à-dire par un membre expressément man-
l’intranet de l’entreprise. Toutefois, à l’instar des daté ou par le secrétaire, sur avis du comité, et
organisations syndicales (C. trav., art. L. 2142-6), le
comité devrait pouvoir utiliser l’intranet et les messa- rémunéré sur son budget de fonctionnement et/
geries électroniques de l’entreprise si un tel accès est ou sur celui des activités sociales et culturelles,
selon la nature de l’activité exercée. Ce person- prévoyant, celui qui exerce le pouvoir disciplinaire
nel est sans lien de droit avec l’entreprise. Le CSE doit justifier d’une délégation spéciale (Cass. soc.,
est le seul employeur et doit se comporter comme 12 juill. 2006, no 04-47.737 P).
tel (bulletins de paie, charges sociales et fiscales REMARQUE
sur salaires, etc.). Il est seul habilité à muter ou à Cette délégation peut être tacite et découler des
licencier ce personnel par application des règles fonctions de celui qui conduit la procédure de licen-
du Code du travail. ciement (Cass. soc., 29 sept. 2010, no 09-42.296 P ;
Cass. soc., 15 janv. 2014, no 12-24.594).
Le CSE peut également recourir au commissaire – 0,22 % de la masse salariale brute dans les
aux comptes de l’entreprise (C. trav., art. L. 2312- entreprises d’au moins 2 000 salariés (C. trav.,
25, II, 2°). art. L. 2315-61).
Par ailleurs, il doit, dans certains cas, confier sa La subvention de fonctionnement :
comptabilité à un expert-comptable (C. trav., – constitue un minimum annuel obligatoire. Cette
art. L. 2315-76), ou nommer un commissaire aux disposition étant d’ordre public, il est interdit d’y
comptes et un suppléant, distincts de ceux de l’en- contrevenir, même par voie d’accord (Cass. soc.,
treprise (C. trav., art. L. 2315-73). 26 sept. 1989, no 87-20.096 P). Si le comité n’a
➥ Sur les obligations comptables du comité social pas, l’année précédente, utilisé la totalité de la
et économique, voir n° 121 et s. subvention de fonctionnement, l’employeur ne
peut en aucun cas récupérer les sommes non uti-
◆ Commissaire aux comptes lisées ni les déduire de la subvention de l’année
◗ Information du comité suivante (Note min. Trav., 26 juill. 1985, BOTR
Dans les sociétés commerciales, l’employeur com- 1985, no 35-36) ;
munique au comité social et économique l’en- – ne constitue pas un maximum. En effet, rien
semble des documents transmis annuellement à n’interdit à l’employeur de fournir une contribu-
l’assemblée générale des actionnaires ou à l’assem- tion d’un montant supérieur (CE, 14 oct. 1996,
blée des associés, ainsi que le rapport des commis- no 148.093).
saires aux comptes.
Le CSE peut convoquer les commissaires aux 109 DÉDUCTION OU DISPENSE DE VERSEMENT
comptes pour recevoir leurs explications sur les ◆ Dans quels cas ?
différents postes des documents communiqués La subvention de fonctionnement n’est pas due si
ainsi que sur la situation financière de l’entreprise l’employeur fait déjà bénéficier le comité social et
(C. trav., art. L. 2312-25, II, 2°). Les commissaires économique d’une somme ou de moyens en per-
aux comptes convoqués ne peuvent se dérober ; à sonnel équivalent à 0,22 % de la masse salariale
défaut, ils se rendraient coupables du délit d’en- brute (C. trav., art. L. 2315-61).
trave au fonctionnement régulier du comité social Les sommes correspondantes sont ainsi déduites
et économique. par l’employeur du montant de la subvention à
verser (Cass. soc., 25 oct. 2017, no 16-10.573). En
◗ Certification des comptes l’espèce, la Cour de cassation a précisé que le mon-
Certains CSE sont tenus de nommer un commis- tant des sommes octroyées ou des salaires du per-
saire aux comptes et un suppléant distincts de sonnel mis à disposition pour le fonctionnement
ceux de l’entreprise (C. trav., art. L. 2315-73 ; voir du comité, à l’exclusion des activités sociales et
no 124). culturelles, étaient déductibles de la subvention
Sont concernés ceux dépassant au moins deux des de fonctionnement sans que l’accord exprès du
trois critères suivants (C. trav., art. L. 2315-64 ; comité soit nécessaire.
C. trav., art. D. 2315-33) : REMARQUE
– le nombre de 50 salariés à la clôture d’un exer- L’article L. 2315-61 du Code du travail ne vise que le
cice ; minimum de 0,22 % qui ne concerne pourtant que les
– 3 100 000 euros de ressources annuelles ; entreprises d’au moins 2 000 salariés. Il pourrait s’agir
d’une erreur de rédaction, la même règle devant être
– 1 550 000 euros pour le total du bilan. appliquée aux autres entreprises avec le pourcentage
Le comité social et économique tenu d’établir des de 0,20 %.
comptes consolidés nomme deux commissaires
aux comptes (C. trav., art. L. 2315-73 ; C. com., Selon une lettre-circulaire du 6 mai 1983, si ces
art. L. 823-2). moyens, non affectés aux activités sociales et
culturelles, atteignent le montant de la subven-
tion légale, l’employeur est dispensé de tout ver-
Subvention de fonctionnement sement. Dans le cas contraire, l’employeur verse
la différence.
108 MINIMUM OBLIGATOIRE Le comité social et économique peut décider de
L’employeur verse au comité social et économique renoncer partiellement ou totalement aux avan-
une subvention de fonctionnement d’un montant tages antérieurs et obtenir, en contrepartie, le ver-
annuel équivalent à : sement de la subvention de façon à conserver la
– 0,20 % de la masse salariale brute dans les entre- maîtrise de sa gestion.
prises de 50 à moins de 2 000 salariés ;
les frais de personnel, sont permanentes, d’autres de fonctionnement constitue un délit d’obstacle
seront beaucoup plus incertaines : les frais de for- au contrôle de celui-ci (C. trav., art. L. 8114-1),
mation économique, par exemple). et un délit d’entrave au fonctionnement du CSE
(Cass. crim., 15 mars 2016, no 14-87.989 P).
112 NON-VERSEMENT DE LA SUBVENTION
DE FONCTIONNEMENT 113 UTILISATION DE LA SUBVENTION
Un comité social et économique n’a pas droit à DE FONCTIONNEMENT
un rappel de sommes correspondant à la subven- ◆ Modalités d’utilisation
tion de fonctionnement pour une période anté- La subvention de fonctionnement doit être utilisée
rieure à sa création (Cass. soc., 27 mars 2012, conformément à son objet.
no 11-11.176 P). Peu importe qu’avant sa création, Seules les dépenses s’inscrivant dans le cadre du
l’absence de comité soit constatée ou non par un fonctionnement du comité social et économique
procès-verbal de carence. En cas de transfert et de ses missions économiques s’imputent sur le
d’entreprise, le CSE qui reste en place chez le budget de fonctionnement.
repreneur ne peut obtenir de celui-ci le versement L’Administration estime que l’employeur est exclu
de la subvention que lui doit l’ancien employeur des votes relatifs à l’utilisation de la subvention de
(Cass. soc., 28 mai 2008, no 07-40.904 P). Quant fonctionnement, ce vote constituant une consulta-
au syndicat, il ne peut revendiquer le versement tion du comité en tant que délégation du person-
de la subvention de fonctionnement que le comité nel (Rép. min. no 17698, JO Ass. nat. 16 févr. 1987,
social et économique ne réclame pas (Cass. soc., p. 835 ; Circ. DRT no 12, 30 nov. 1984 ; voir no 89).
26 sept. 2012, no 11-13.091).
En revanche, si le CSE est empêché de fonction- ◆ Distinction avec la contribution
ner par suite de l’annulation des élections profes- aux affaires sociales et culturelles
sionnelles, il demeure créancier de la subvention La subvention de fonctionnement ne se confond
de fonctionnement due annuellement par l’em- pas avec la contribution destinée aux activités
ployeur, même s’il n’a pu exercer ses attributions sociales et culturelles. Le comité dispose de deux
(Cass. soc., 22 nov. 2017, no 16-12.952). Le comité budgets distincts ayant une finalité différente,
mis délibérément en sommeil et qui n’a pas perdu même si l’ordonnance no 2017-1386 du 22 sep-
pendant cette période la personnalité morale tembre 2017 a ouvert la possibilité de transferts
peut réclamer les fonds qu’il aurait dû recevoir mutuels d’excédents annuels, ce qui atténue la
(Cass. soc., 13 sept. 2005, no 04-10.961 P). dualité des budgets (voir ci-après et no 119). La
Dans le cadre d’une opération de fusion absorp- Cour de cassation a précisé que les opérations
tion ayant pour effet la disparition du comité de la du comité selon qu’elles sont financées à par-
société absorbée, si ce dernier a dévolu son patri- tir de la subvention de fonctionnement ou de
moine au comité de la société absorbante, l’action la contribution patronale aux activités sociales
tendant au paiement d’un rappel de subvention et et culturelles, restent dans leurs produits et
de contribution de l’employeur au titre des années charges rattachées aux comptes correspondant
antérieures à l’opération est transmise à cette ins- à leur financement d’origine (Cass. soc., 2 déc.
titution représentative par l’effet de la dissolution 2020, no 19-10.299).
(Cass. soc., 16 janv. 2019, no 17-26.993 P). Elle
pourra récupérer cette créance. ◆ Dépenses prises en charge
Les actions personnelles ou mobilières se pres- La loi prévoit expressément que certaines dépenses
crivent par cinq ans à compter du jour où le titulaire sont prises en compte sur la subvention de fonc-
d’un droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui tionnement. Une note ministérielle du 22 sep-
permettant de l’exercer (C. civ., art. 2224). À défaut tembre 1983 en ce qui concerne ces dépenses a
de versement de la subvention de fonctionnement rectifié la circulaire du 6 mai 1983. Sont ainsi pris
au comité social et économique, la prescription quin- en charge sur cette subvention :
quennale ne court pas lorsque le comité n’a pas eu – les frais occasionnés par le recours aux
communication par l’employeur des éléments néces- experts libres à la charge du comité (C. trav.,
saires à l’appréciation de ses droits, même s’il ne les lui art. L. 2315- 81) ;
a pas réclamés (Cass. soc., 1er févr. 2011, no 10-30.160 P ; – les frais engagés pour la formation écono-
Cass. soc., 31 mai 2016, no 14-25.042 P). mique des membres titulaires du comité (C. trav.,
Le fait pour un employeur d’effectuer de fausses art. L. 2315-63 ; voir encadré p. 95) ;
déclarations à l’inspecteur du travail en vue de dis- – les moyens de fonctionnement administratif
simuler l’absence de versement de la subvention du comité : du personnel peut être recruté pour
faciliter l’exercice des attributions économiques notera que l’article R. 2312-49, 9° du Code du tra-
et professionnelles du comité, par exemple pour vail mentionne toujours un transfert de « tout ou
partie » du montant de l’excédent annuel, rédaction
assurer le secrétariat des réunions du comité
résultant du décret no 2017-1819 du 27 décembre
ou pour effectuer des études (recrutement d’un 2019 (JO 30 déc.).
économiste, par exemple). De même, les frais
courants de fonctionnement (documentation, Hors ce cas prévu par la loi, il semble que le trans-
papeterie, frais d’abonnements et de communi- fert de l’excédent du budget constitue un trouble
cations téléphoniques) sont pris en charge par manifestement illicite (Cass. soc., 20 oct. 2021,
le comité social et économique. no 20-14.578).
Ces différentes dépenses, si elles sont prises en Cette somme et ses modalités d’utilisation sont
charge par l’employeur, peuvent être déduites inscrites dans les comptes annuels du comité
du montant de la subvention de fonctionne- social et économique ou dans les documents
ment à verser au CSE. Dans ce cas, l’évaluation faisant état des dépenses et recettes (C. trav.,
de ces déductions sera opérée annuellement art. L. 2315-65 ; C. trav., art. R. 2315-31-1), et
(voir no 109). dans le rapport sur les activités et la gestion
Par ailleurs, le cas échéant, le coût de présenta- financière du comité (C. trav., art. L. 2315-61 ;
tion des comptes par un expert-comptable ou de C. trav., art. R. 2315-31-1).
leur certification par un commissaire aux comptes Par exception, lorsqu’en application de l’article
est pris en charge par le comité sur sa subvention L. 2315-80, 3° du Code du travail, le finance-
de fonctionnement (C. trav., art. L. 2315-73 et ment des frais d’expertise est pris en charge par
art. L. 2315-76 ; voir no 123 et no 124). l’employeur, du fait de l’insuffisance du budget
Enfin, le comité social et économique peut décider, de fonctionnement du CSE pour couvrir ce coût,
par une délibération, de consacrer une partie de celui-ci ne peut pas décider de transférer d’excé-
son budget de fonctionnement au financement de dents de budget de fonctionnement au finance-
la formation des délégués syndicaux de l’entreprise ment des activités sociales et culturelles pendant
et des représentants de proximité s’ils existent les trois années suivantes (C. trav., art. L. 2315-
(C. trav., art. L. 2315-61). 61). On relèvera que cette prise en charge par
Cette somme et ses modalités d’utilisation sont l’employeur n’est possible qu’à la condition que
inscrites, d’une part, dans les comptes annuels du le comité social et économique n’ait pas opéré de
comité (ou, le cas échéant, dans les documents transfert d’excédent annuel vers le financement
faisant état des dépenses et recettes mentionnés à d’activités sociales et culturelles au cours des
l’article L. 2315-65 du Code du travail) et, d’autre trois années précédentes (C. trav., art. L. 2315-
part, dans le rapport sur les activités du comité et 80).
sa gestion financière (C. trav., art. L. 2315-69 ; voir REMARQUE
no 122 et s.). Le CSE peut inversement transférer le reliquat de
son budget consacré aux activités sociales et cultu-
◆ Transfert du reliquat budgétaire relles sur le budget de fonctionnement (C. trav.,
art. L. 2312-84 ; voir no 119).
Les sommes restant au comité au titre de la subven-
tion de fonctionnement, à la fin d’une année consti-
tuent en principe une provision dont disposera le
comité, le report sur l’année suivante s’effectuant
Contribution destinée
sans condition ni limitation (Rép. min. no 23729, JO
aux activités sociales et culturelles
Sénat Q, 15 août 1985, p. 1571).
Toutefois, le comité social et économique peut 114 OBLIGATION DE VERSEMENT PAR L’EMPLOYEUR
décider, par délibération, de transférer une partie ◆ Une contribution annuelle
du montant de l’excédent annuel de son budget Pour financer ses activités sociales et culturelles,
de fonctionnement au financement des activités le comité social et économique reçoit une contri-
sociales et culturelles (C. trav., art. L. 2315-61).Ce bution annuelle versée par l’employeur (C. trav.,
transfert peut être effectué dans la limite de 10 % art. L. 2312-81).
de l’excédent annuel (C. trav., art. R. 2315- 31-1). Le montant de cette contribution résulte :
REMARQUE – soit d’un accord d’entreprise ;
L’ordonnance no 2017-1386 du 22 septembre 2017 – soit des dispositions légales, en l’absence d’ac-
avait prévu à l’article L. 2315-61 du Code du travail cord, pour les entreprises ayant déjà des activités
la possibilité de transférer la totalité de l’excédent sociales et culturelles lors de la mise en place du
annuel. La loi de ratification du 29 mars 2018
(L. n o 2018-217) a supprimé cette mention. On comité social et économique.
Or, les dispositions réglementaires ne visent Toutefois, les CSE d’établissement peuvent
plus les « dépenses sociales ». Une lecture confier au comité social et économique cen-
restrictive conduirait donc à ce que lors de la tral la gestion d’activités communes (C. trav.,
mise en place du comité social et économique, art. L. 2316-23).
aucune contribution ne lui soit due au titre des Un accord entre l’employeur et une ou plusieurs
activités sociales et culturelles, même si l’em- organisations syndicales de salariés représenta-
ployeur consacrait précédemment des sommes tives dans l’entreprise, conclu dans les condi-
à ces activités. De même, le comité ne serait tions prévues au premier alinéa de l’article
pas en droit de réclamer le budget afférent à L. 2232-12 (accord majoritaire sans possibilité
une activité sociale qui aurait été précédemment de référendum), peut définir les compétences
gérée par l’employeur et dont il reprendrait la respectives du CSE central et des CSE d’établis-
gestion directe. sement.
Le ministère du Travail précise pour sa part qu’en Cet accord ne peut enlever aux CSE d’établissement
l’absence de contribution aux activités sociales et la gestion des activités sociales et culturelles propres à
chaque établissement, ni les priver du droit de perce-
culturelles dans l’entreprise l’année précédant la
voir directement de l’employeur la subvention calcu-
mise en place du CSE, « les textes ne prévoient pas lée sur la masse salariale de l’établissement (Cass. soc.,
de plancher pour fixer le montant de la contribu- 30 juin 1993, n° 90-14.895 P). Seuls les CSE d’établis-
tion lors du premier versement. Ce montant est sement sont titulaires d’une créance directe vis-à-vis
de l’employeur.
fixé par accord d’entreprise » (Questions-réponses
sur le CSE, ministère du Travail, mis à jour janv. En cas de transfert, il fait l’objet d’une conven-
2020, question no 96). tion entre les comités sociaux et économiques
REMARQUE d’établissement et le CSE central. Cette conven-
Il peut être dérogé au mode légal de calcul de la tion doit notamment comporter (C. trav.,
contribution patronale, dès lors que la contribution art. D. 2316- 7) :
obtenue est plus avantageuse que celle qui résulte- – la description de l’activité ou des activités dont
rait de la stricte application des règles légales. Dans
ces conditions, le comité social et économique la gestion est transférée au comité social et éco-
ne peut critiquer le mode de calcul choisi dès le nomique central ;
premier versement de la première contribution, – le financement du transfert pour chaque année
bien que non conforme à ce qu’il aurait dû être si d’exécution de la convention ;
la contribution avait été fixée au minimum légal
(Cass. soc., 23 mars 1982, no 81-10.305 P). – le cas échéant, la liste des biens, moyens maté-
riels et humains mis à la disposition du CSE cen-
tral pour chaque année d’exécution de la conven-
116 ENTREPRISE À ÉTABLISSEMENTS DISTINCTS tion ;
◆ Détermination de la contribution – les modalités de financement de ce transfert
au niveau de l’entreprise pour chaque année d’exécution de la convention ;
Dans les entreprises comportant plusieurs comités – les modalités d’accès à l’activité ou aux activi-
sociaux et économiques d’établissement, la déter- tés transférées par les salariés des établissements
mination du montant global de la contribution concernés ;
patronale versée pour financer les activités sociales – la durée de la convention et sa date d’entrée en
et culturelles est effectuée au niveau de l’entreprise vigueur ;
(C. trav., art. L. 2312-82). – les modalités de révision et de dénonciation de
Un accord d’entreprise peut répartir cette contri- la convention.
bution entre les CSE d’établissement :
– au prorata des effectifs des établissements ; 117 MODIFICATIONS DE LA STRUCTURE
– ou de leur masse salariale ; DE L’ENTREPRISE
– ou de ces deux critères combinés. ◆ Établissements nouveaux
À défaut d’accord, cette répartition est effectuée au Lorsque de nouveaux établissements sont créés
prorata de la masse salariale de chaque établisse- dans une entreprise, postérieurement à la mise
ment (C. trav., art. L. 2312-82). en place des comités, les masses salariales de
ces nouveaux établissements sont ajoutées à
◆ Transfert des activités sociales celles des autres établissements pour le calcul
et culturelles communes au CSE central de la dotation globale à partir du rapport appli-
Les comités sociaux et économiques (CSE) d’éta- cable dans l’entreprise (Cass. soc., 18 mars 1971,
blissement assurent et contrôlent la gestion de no 69-11.020 P et no 70-11.502 P).
toutes les activités sociales et culturelles.
lité publique afin de favoriser les actions locales ou demande le remboursement aux membres du
régionales de lutte contre l’exclusion ou des actions personnel qui pratiquent ces activités.
de réinsertion sociale », la délibération du comité
social et économique précise les destinataires des
sommes et, le cas échéant, la répartition des sommes
transférées. Faut-il comprendre que seules ces asso- Établissement et contrôle
ciations peuvent bénéficier d’un transfert d’excédent des comptes du comité social
ou que les formalités prévues par ce texte ne s’ap-
pliquent qu’en cas de transfert à destination de telles et économique
associations ? La première interprétation paraît plus
logique. 121 DES OBLIGATIONS DISTINCTES EN FONCTION
Le transfert ne peut cependant être opéré que dans DE LA TAILLE DU CSE
la limite de 10 % de l’excédent. Cette somme et Le comité social et économique est tenu d’établir
ses modalités d’utilisation sont inscrites dans les des comptes annuels. Parmi les entreprises d’au
comptes annuels du CSE ou dans les documents moins 50 salariés, le Code du travail distingue
faisant état des dépenses et recettes (C. trav., trois catégories de comité sociaux et économiques
art. L. 2315-65), et dans le rapport sur les acti- soumis à des obligations différentes selon leur
vités et la gestion financière du comité (C. trav., taille (nombre de salariés, ressources annuelles
art. R. 2312-51). et total du bilan).
En outre, le CSE établit, selon des modalités
120 AUTRES RESSOURCES prévues par son règlement intérieur, un rapport
Outre la contribution destinée aux activités présentant des informations qualitatives sur ses
sociales et culturelles du comité, les ressources du activités et sur sa gestion financière, de nature à
comité social et économique en matière d’activités éclairer l’analyse des comptes par les membres
sociales et culturelles sont constituées par (C. trav., élus du comité et les salariés de l’entreprise. Son
art. R. 2312-49) : contenu diffère selon la taille du comité social et
– les sommes précédemment versées par l’employeur économique (C. trav., art. L. 2315-69).
aux caisses d’allocations familiales et organismes ana-
logues, pour les institutions financées par ces caisses 122 PETITS CSE : COMPTABILITÉ ULTRA-SIMPLIFIÉE
et qui fonctionnent au sein de l’entreprise, ◆ Les CSE concernés
– le remboursement obligatoire par l’employeur Le seuil maximum de ressources annuelles permet-
des primes d’assurance dues par le CSE pour cou- tant au comité social et économique de tenir une
vrir sa responsabilité civile, comptabilité ultra-simplifiée est fixé à 153 000 euros
– les cotisations facultatives du personnel de l’en- (C. trav., art. L. 2315-65 ; C. trav., art. D. 2315-35 ;
treprise dont le comité social et économique fixe C. com., art. D. 612-5).
éventuellement les conditions de perception et les Les ressources annuelles à prendre en compte pour
effets, apprécier ce seuil sont :
– les subventions accordées par les collectivités – le montant de la subvention de fonctionnement ;
publiques ou les organisations syndicales, – le montant des ressources au titre des activités
– les dons et legs, sociales et culturelles visées à l’article R. 2312-49
– les recettes issues des manifestations organisées du Code du travail, à l’exception des produits de
par le comité, cession d’immeubles ;
– les revenus des biens meubles et immeubles du – après déduction des cotisations facultatives des
comité, salariés, des recettes procurées par les manifestations
– tout ou partie du montant de l’excédent annuel organisées par le comité et, le cas échéant, du mon-
du budget de fonctionnement versé par l’em- tant de la contribution versée au CSE central ou au
ployeur (voir no 113). comité des activités sociales et culturelles interentre-
Le comité peut ainsi décider que, pour bénéfi- prises (C. trav., art. D. 2315-36).
cier de certains services ou de certaines installa-
tions, les salariés ou les membres de leur famille ◆ État annuel des dépenses et recettes
doivent payer une cotisation correspondant à Le comité social et économique peut s’acquitter de
une participation aux frais. Par ailleurs, cer- ses obligations comptables en tenant un livre retra-
taines activités (sportives en particulier) sont çant chronologiquement les montants et l’origine
subordonnées à l’adhésion à des groupements des dépenses qu’il réalise et des recettes qu’il perçoit
dotés de la personnalité civile, ce qui entraîne (C. trav., art. L. 2315-65).
le versement de cotisations qui peuvent être à Le contenu et les modalités de présentation de cet
la charge du CSE et dont il paraît logique qu’il état ont été définis par un règlement de l’Autorité
des normes comptables (Règl. ANC no 2021-06, 123 CSE DE TAILLE MOYENNE : COMPTABILITÉ
3 sept. 2021 homologué par l’arrêté du 22 nov. 2021, SIMPLIFIÉE
NOR : ECOT2133408A, JO 4 déc.). ◆ Les CSE concernés
Le livre des recettes et dépenses doit permettre Les CSE de taille moyenne peuvent adopter une
d’identifier chronologiquement ces dernières selon présentation simplifiée de leurs comptes et n’en-
les deux catégories d’attributions suivantes : registrer leurs créances et leurs dettes qu’à la clô-
– la section « attributions économiques et profes- ture de l’exercice, selon des modalités fixées par
sionnelles » ; un règlement de l’Autorité des normes comptables
– la section « activités sociales et culturelles ». (C. trav., art. L. 2315-64, II). Il s’agit du règlement
Pour chaque exercice comptable, le CSE établit un no 2021-05 du 3 sept. 2021, homologué par l’ar-
état de synthèse récapitulant pour chaque catégo- rêté du 22 nov. 2021 (NOR : ECOT2133408A ; JO
rie d’attributions le total des recettes et dépenses de 4 déc.).
l’exercice. Sont concernés les comités dont le nombre de sala-
Le comité social et économique doit également éta- riés, les ressources annuelles et le total du bilan
blir chaque année un état de son patrimoine et de ses n’excèdent pas, à la clôture d’un exercice, pour
engagements en cours (C. trav., art. L. 2315-65). Le au moins deux des trois seuils suivants (C. trav.,
règlement ANC no 2021-06 détaille les informations art. D. 2315-33) :
minimales que doit contenir cet état. – 50 salariés à la clôture de l’exercice ;
– 3 100 000 euros de ressources annuelles ;
◆ Contenu du rapport annuel – 1 550 000 euros pour le total du bilan.
Le CSE doit par ailleurs établir un rapport annuel REMARQUE
contenant les indications suivantes (C. trav., Ces comités confient la mission de présentation des
art. L. 2315-69 ; C. trav., art. D. 2315-38, II) : comptes annuels à un expert-comptable. Le coût de
– organisation du comité : nombre de sièges légal cette mission de présentation est pris en charge par
le comité social et économique sur sa subvention de
ou conventionnel, nombre d’élus et, le cas échéant, fonctionnement (C. trav., art. L. 2315-76).
effectif de salariés du comité, nombre et nature
des commissions du comité, organigramme des
services du comité ; ◆ Compte de résultat
– utilisation de la subvention de fonctionnement : Le compte de résultat doit faire apparaître les
– activités d’expertise et missions économiques : charges et produits enregistrés selon leur nature
honoraires des experts rémunérés par le comité, en distinguant deux sections :
rémunération des salariés du comité, frais de dépla-
– la section « attributions économiques et profes-
cement, frais de documentation,
sionnelles » ;
– dépenses relatives à la formation économique des
élus : frais de formation, de transport et d’héberge- – la section « activités sociales et culturelles ».
ment, Pour les produits et charges relevant des deux sec-
– dépenses de communication avec les salariés de tions, les modalités de détermination des clés de
l’entreprise, répartition doivent être mentionnées dans l’annexe
– autres frais de fonctionnement, des comptes.
– montant éventuellement versé au comité social et REMARQUE
économique central ;
Selon la note de présentation de l’ANC du règlement,
– utilisation des ressources liées aux activités les attributions économiques et professionnelles et les
sociales et culturelles : données afférentes aux attributions pour les activités sociales et culturelles
étant gérées séparément et leurs budgets n’étant pas
diverses prestations proposées au titre des activités fongibles, il paraît opportun d’utiliser des comptes
et à leurs bénéficiaires ; bancaires différents pour chacune de ces attributions.
– état de synthèse simplifié de ses ressources et
dépenses reprenant les informations figurant dans ◆ Bilan
le modèle établi par l’Autorité des normes comp- Le comité doit présenter les fonds propres au
tables ; bilan en distinguant ceux relevant de la section
– état de synthèse simplifié relatif à son patrimoine « attributions économiques et professionnelles »
et à ses engagements défini par le règlement de et ceux relevant de la section « activités sociales
l’Autorité des normes comptables ; et culturelles ».
– informations relatives aux transactions signifi-
catives qu’il a effectuées. ◆ Annexe des comptes
En plus des informations à mentionner dans l’an-
nexe des comptes annuels selon les dispositions du
règlement ANC no 2018-06 du 5 décembre 2018 124 GRANDS CSE : COMPTABILITÉ DE DROIT
relatif aux comptes annuels des personnes morales COMMUN ET OBLIGATIONS SUPPLÉMENTAIRES
de droit privé à but non lucratif, et du règlement ◆ Les CSE concernés
ANC no 2014-03 du 5 juin 2014 relatif au plan Les comités sociaux et économiques dépassant au
comptable général, le comité doit fournir : moins deux des trois seuils suivants sont soumis
– le montant des ressources perçues au cours de à une comptabilité de droit commun (C. trav.,
l’exercice ; art. L. 2315-64 ; C. trav., art. D. 2315-33) :
– des informations relatives aux modalités de – 50 salariés à la clôture d’un exercice ;
détermination des clés de répartition utilisées pour – 3 100 000 euros de ressources annuelles ;
ventiler les charges communes aux deux sections ; – 1 550 000 euros pour le total du bilan.
– des informations sur les transactions significa- Ils doivent nommer un commissaire aux comptes et
tives ; un suppléant distincts de ceux de l’entreprise (C. trav.,
– des informations relatives aux sommes transfé- art. L. 2315-73). Les comptes annuels comprennent
rées entre les deux sections ou à des associations au un bilan, un compte de résultat et une annexe, qui
titre de l’excédent constaté par section à la clôture forment un tout indissociable (C. trav., art. L. 2315-
de l’exercice précédent. 64 ; C. com., art. L. 123-12).
Le coût de la certification des comptes est pris en
◆ Contenu du rapport annuel charge par le CSE sur sa subvention de fonctionne-
Le rapport du comité social et économique doit ment (C. trav., art. L. 2315-73).
comporter les informations suivantes (C. trav., Le rapport annuel doit comporter les mêmes indi-
art. L. 2315-69 ; C. trav., art. D. 2315-38) : cations qu’en cas de comptabilité simplifiée (voir
– organisation du comité : nombre de sièges légal no 123).
ou conventionnel, nombre d’élus et, le cas échéant,
effectif de salariés du comité, nombre et nature ◆ Comptabilité consolidée
des commissions du comité, organigramme des Lorsque l’ensemble constitué par le comité social et
services du comité, économique et les entités qu’il contrôle, au sens de
– utilisation de la subvention de fonctionnement : l’article L. 233-16 du Code de commerce, dépasse
– activités d’expertise et missions économiques : au moins deux des trois seuils précités, le CSE éta-
honoraires des experts rémunérés par le comité, blit des comptes consolidés, dans les conditions
rémunération des salariés du comité, frais de dépla-
prévues à l’article L. 233-18 du Code de commerce
cement, frais de documentation,
(C. trav., art. L. 2315-67).
– dépenses relatives à la formation économique des
élus : frais de formation, de transport et d’héberge- Le comité social et économique nomme alors
ment, deux commissaires aux comptes (C. trav.,
– dépenses de communication avec les salariés de art. L. 2315- 73 ; C. com., art. L. 823-2).
l’entreprise, Le coût de la certification des comptes est pris en
– autres frais de fonctionnement, charge par le CSE sur sa subvention de fonction-
– montant éventuellement versé au comité social et nement.
économique central. Les comptes consolidés des comités sont établis
– utilisation des ressources liées aux activités conformément aux dispositions :
sociales et culturelles : – du règlement ANC no 2020-01 du 9 octobre 2020,
– descriptif et lieu de réalisation de ces activités en homologué par arrêté du 29 décembre 2020 (NOR :
distinguant, le cas échéant, celles gérées directe- ECOT2035103A, JO 31 déc.) ;
ment par le comité, celles à la gestion desquelles
– et du règlement ANC no 2021- 07 du 3 septembre
il participe et celles dont il a délégué la gestion ;
dans ces deux derniers cas, sont précisés le montant 2021, homologué par arrêté du 22 novembre 2021
délégué par le comité et le prestataire auquel il a (NOR : ECOT2133408A, JO 4 déc.).
été fait appel, Lorsque le CSE établit des comptes consolidés,
– éléments d’analyse portant sur les écarts entre le le rapport annuel porte sur l’ensemble constitué
budget prévisionnel et le budget réalisé,
par le CSE et les entités qu’il contrôle (C. trav.,
– données afférentes aux diverses prestations pro-
art. L. 2315-69).
posées au titre des activités et à leurs bénéficiaires.
Cette invitation par le commissaire aux comptes Dès l’envoi de cette convocation, le président du
est adressée à l’employeur par tout moyen propre tribunal peut, nonobstant toute disposition légis-
à donner date certaine à la réception de cette lative ou réglementaire contraire, obtenir commu-
invitation, dans les huit jours qui suivent la nication, par les commissaires aux comptes, les
réception de la réponse du secrétaire du comité membres du CSE, les Administrations publiques,
ou la constatation de l’absence de réponse dans les organismes de sécurité et de prévoyance sociales
le délai de 30 jours imparti. Elle est accompa- ainsi que les services chargés de la centralisation
gnée du rapport spécial du commissaire aux des risques bancaires et des incidents de paiement,
comptes. des renseignements de nature à lui donner une
Ce dernier adresse sans délai une copie de ces exacte information sur la situation économique
documents aux membres du comité et au président et financière du comité (C. trav., art. L. 2315-74 ;
du tribunal judiciaire (C. trav., art. R. 2315-43). C. com., art. L. 611-2, I).
Dans un délai de six mois à compter du déclenche-
◆ Réunion du comité social ment de la procédure d’alerte, le commissaire aux
et économique dans un délai de 15 jours comptes peut reprendre le cours de la procédure
L’employeur réunit le CSE dans les quinze jours qui au point où il avait estimé pouvoir y mettre un
suivent la réception de l’invitation du commissaire terme lorsqu’en dépit des éléments ayant motivé
aux comptes en vue de le faire délibérer sur les faits son appréciation, la continuité de l’exploitation du
relevés. Le commissaire aux comptes est convoqué comité social et économique demeure compromise
à cette réunion dans les mêmes conditions que les et que l’urgence commande l’adoption de mesures
membres du comité. Un extrait du procès-verbal immédiates (C. trav., art. L. 2315-74).
de la réunion est adressé au président du tribunal
judiciaire et au commissaire aux comptes, par tout 127 CONTRÔLE JUDICIAIRE
moyen propre à donner date certaine à sa récep- ◆ Annulation de délibérations illégales
tion, dans les huit jours qui suivent la réunion du Toute délibération illégale du CSE justifie une
comité (C. trav., art. R. 2315-43). annulation judiciaire.
Il en va ainsi, par exemple, de délibérations pré-
◆ Insuccès ou absence de réunion voyant le financement, sur le budget de fonction-
En l’absence de réunion du comité social et éco- nement du comité social et économique, de for-
nomique dans le délai imparti, en l’absence de mations et d’abonnements à des revues sans lien
convocation du commissaire aux comptes ou si, avec ses attributions économiques, mais se ratta-
à l’issue de la réunion du comité, le commissaire chant à l’exercice de fonctions de nature syndicale
aux comptes constate que les décisions prises ne (Cass. soc., 27 mars 2012, no 11-10.825 P).
permettent pas d’assurer la continuité de l’exploi- De même, la défense de l’emploi dans l’entreprise
tation, il informe de ses démarches le président relève des attributions du CSE dans l’ordre éco-
du tribunal judiciaire et lui en communique les nomique. Dès lors, est illicite la décision d’un
résultats (C. trav., art. L. 2315-74). comité social et économique d’inscrire à son bud-
Cette information se fait sans délai et par tout get, au titre des activités sociales et culturelles, une
moyen propre à donner date certaine à la réception somme pour la défense de l’emploi (Cass. soc., 12
de cette information. Celle-ci comporte la copie févr. 2003, no 00-19.341 P).
de tous les documents utiles à l’information du Ces délibérations constituent un trouble mani-
président du tribunal judiciaire ainsi que, lorsque festement illicite qu’il appartient au juge des
le commissaire aux comptes a eu connaissance de référés de faire cesser (Cass. soc., 27 mars 2012,
l’existence et de la teneur d’une réunion du CSE, no 11-10.825 P).
l’exposé des raisons qui l’ont conduit à constater
l’insuffisance des décisions prises par le comité ◆ Sanctions pénales
(C. trav., art. R. 2315-44). Par ailleurs, l’utilisation indue des fonds du comité
social et économique par certains de ses membres
◆ Pouvoirs du président est susceptible de recevoir une qualification pénale.
du tribunal judiciaire La jurisprudence en fournit plusieurs illustrations.
Le président du tribunal judiciaire dispose alors Ainsi, commettent un abus de confiance :
du pouvoir de convoquer le comité social et éco- – le président de la commission « voyages » du
nomique pour que soient envisagées les mesures comité qui fait profiter à des membres de sa famille
propres à redresser la situation. de voyages à prix largement inférieurs au coût
réel ou fait bénéficier ces derniers et lui-même
de voyages gratuits (Cass. crim., 7 mars 2012, n’est pas sous la subordination de l’employeur. Le
no 11-82.070) ; licenciement disciplinaire n’est donc pas justifié
– le trésorier et le secrétaire du comité ayant (Cass. soc., 4 juill. 2000, no 97-44.846 P).
donné un ordre de virement de fonds, sans avoir
obtenu l’autorisation de leur mandant (Cass. crim.,
10 mai 2005, no 04-84.118) ;
– le trésorier ayant détourné des fonds du
comité à son profit durant plusieurs années
(Cass. crim., 10 mai 2007, no 06-83.175 : verse- RÈGLES PARTICULIÈRES
ment indu de sommes issues du compte ban- AUX DIFFÉRENTES FORMES
caire du comité sur son compte bancaire per-
sonnel ; Cass. crim., 9 sept. 2020, no 19-83.139 P :
DE COMITÉ
achats personnels et retraits d’espèces avec les
fonds du comité) ;
Comité social
– le trésorier et le trésorier adjoint, outrepassant
leur mandat, ayant attribué, à l’insu du président,
et économique central
de manière irrégulière et pour un montant global
dépassant celui prévu pour l’aide sociale, des prêts 128 MISE À DISPOSITION D’UN LOCAL
sociaux aux salariés en grève, alors que certains ne Le Code du travail ne prévoit pas de dispositions
pouvaient juridiquement y prétendre (Cass. crim., particulières pour la mise à disposition d’un local
30 juin 2010, no 10-81.182 P). pour le CSE central. Dans le silence des textes, il
Commet le délit d’entrave au fonctionnement est préférable de régler cette question par le biais
régulier du CSE le secrétaire de ce comité qui de la négociation d’un accord.
engage une dépense ayant été soumise au vote
dudit comité et n’ayant pas été approuvée par la 129 PERSONNEL DU CSE CENTRAL
majorité des membres de celui-ci (Cass. crim., Le comité social et économique central peut,
4 nov. 1988, no 87-91.705 P). comme le CSE ou le CSE d’établissement, pour
À NOTER les besoins de son fonctionnement, soit bénéficier
L’action civile en réparation du dommage causé de personnel détaché, soit engager directement du
par un crime ou à un délit n’appartenant qu’à ceux personnel salarié (voir no 106 et s.).
qui en ont personnellement souffert, seul le comité
social et économique est fondé à engager une action
contre l’auteur du détournement. Ni l’employeur 130 RESSOURCES FINANCIÈRES
(Cass. crim., 23 nov. 1992, no 92-81.499 P) ni les Le comité social et économique central doit dis-
salariés (Cass. crim., 16 oct. 1997, no 96-86.231 P) poser d’un minimum de ressources pour faire
ne peuvent se prévaloir d’un préjudice direct leur face à ses frais de fonctionnement. Ainsi, les
permettant de se porter partie civile.
CSE d’établissement qui perçoivent de l’em-
ployeur une subvention de fonctionnement
◆ Sanction disciplinaire doivent, après accord avec le comité social
Dans une espèce dans laquelle le trésorier et économique central, lui en rétrocéder une
adjoint du comité avait opéré un détournement partie. À défaut d’accord et à défaut de stipula-
de fonds, le Conseil d’État a jugé que ces agisse- tions dans la convention collective de branche,
ments, quoiqu’internes au comité d’entreprise, le tribunal judiciaire fixe le montant de cette
intéressent le fonctionnement de la société dans subvention (C. trav., art. L. 2315-62 ; C. trav.,
son ensemble et qu’ils sont par eux-mêmes art. R. 2315-32).
constitutifs d’une faute commise dans l’exercice ➥ Sur le budget des activités sociales et culturelles
du mandat représentatif détenu par l’intéressé, dans les entreprises à établissements multiples,
suffisamment grave pour justifier son licencie- voir no 116.
ment, indépendamment des procédures pénales
susceptibles d’être engagées par ailleurs (CE, 131 OBLIGATIONS COMPTABLES
23 sept. 1992, no 80.334). Le comité social et économique central est tenu
De son côté toutefois, la Cour de cassation a estimé également par les mêmes obligations comptables
que le détournement de fonds ne constitue pas un que le CSE (C. trav., art. L. 2316-19 ; voir no 121
fait du salarié contraire à ses obligations à l’égard de et s.).
l’employeur. En effet, selon elle, un salarié agissant Pour l’appréciation des seuils permettant de déter-
dans le cadre de ses fonctions de trésorier du CSE miner le type de comptabilité à tenir, les ressources
du CSE central sont égales à la somme des res- locaux, son propre matériel, voire son propre per-
sources versées par les CSE d’établissement et des sonnel, dans la mesure où il est doté de la person-
ressources que le CSE central reçoit en propre nalité civile.
(C. trav., art. D. 2316-4).
Les comptes annuels, ou les documents simpli- 133 RESSOURCES FINANCIÈRES
fiés, accompagnés du rapport présentant des infor- Les ressources du comité des activités sociales et
mations qualitatives sur les activités et la gestion culturelles interentreprises sont constituées par
financière, sont communiqués au comité social les sommes versées par les comités sociaux et
et économique central au moins huit jours avant économiques pour le fonctionnement des activi-
la séance d’approbation (C. trav., art. D. 2316-5). tés sociales et culturelles leur incombant (C. trav.,
Le coût de la certification des comptes annuels art. R. 2312-54).
et de la mission de présentation des comptes par
l’expert est pris en charge par le comité social et 134 OBLIGATIONS COMPTABLES
économique central sur les sommes versées par Les dispositions du Code du travail relatives à la
les comités sociaux et économiques d’établisse- commission des marchés et aux obligations comp-
ment au titre de son fonctionnement (C. trav., tables du comité social et économique concernent
art. D. 2316-6). également le comité des activités sociales et cultu-
relles interentreprises (C. trav., art. R. 2312-55 ;
voir no 121 et s.).
Comité des activités sociales Pour l’appréciation des seuils permettant de déter-
et culturelles interentreprises miner le type de comptabilité à tenir, l’ensemble
des ressources perçues par le comité des activités
132 PARTAGE DU LOCAL AVEC LE CSE sociales et culturelles interentreprises sont prises
Le comité des activités sociales et culturelles en compte. Il est notamment tenu compte des res-
interentreprises exerce ses fonctions dans les sources versées par les entreprises proportionnel-
locaux et avec le matériel et le personnel de lement au nombre de salariés qu’elles emploient,
l’un ou de plusieurs des comités sociaux et et des sommes versées par les comités sociaux et
économiques qui y sont représentés (C. trav., économiques pour le fonctionnement des activi-
art. R. 2312-47). Les dépenses nécessaires à son tés sociales et culturelles leur incombant (C. trav.,
fonctionnement sont à la charge des entreprises art. R. 2312-56).
proportionnellement au nombre de salariés Le coût de la certification des comptes annuels
qu’elles emploient (C. trav., art. R. 2312-53), et de la mission de présentation des comptes par
en tenant compte de la quote-part en matériel l’expert-comptable est pris en charge par le comité
et en personnel, s’il y a lieu. interentreprises sur les sommes qui lui sont ver-
Rien n’interdit, s’il a suffisamment d’importance, sées au titre de son fonctionnement (C. trav.,
que le comité interentreprises possède ses propres art. R. 2312-57). ■
Formation économique
La formation économique est prévue dans les entreprises d’au moins 50 salariés, pour les membres titulaires du CSE
élus pour la première fois (C. trav., art. L. 2315-63). Elle est renouvelée après quatre années consécutives ou non
d’exercice du mandat (C. trav., art. L. 2315-17).
La formation porte sur le fonctionnement économique et financier de l’entreprise. Depuis la loi Climat du 22 août
2021 (L. no 2021-1104, JO 24 août), elle peut également porter sur les conséquences environnementales de l’activité
des entreprises. Elle est d’une durée maximale de cinq jours.
L’élu doit adresser une demande de congé à l’employeur au moins 30 jours avant le départ en formation, en précisant
la date et la durée de l’absence, ainsi que le nom de l’organisme responsable (C. trav., art. R. 2145-4).
La demande peut faire l’objet d’un refus si l’employeur démontre, après avis conforme du CSE, que l’absence du
salarié peut avoir des conséquences préjudiciables à la production et à la bonne marche de l’entreprise (C. trav.,
art. L. 2145-11). Elle peut également faire l’objet d’un report si le contingent annuel de jours de congés de formation
est atteint, ou si le quota d’absences simultanées est atteint (C. trav., art. L. 2145-8). La durée du congé de formation
économique s’impute sur la durée globale du congé de formation économique, sociale, environnementale et syndicale,
plafonnée en principe à 12 jours par an (voir ci-après).
Le temps consacré à cette formation est pris sur le temps de travail. Il est rémunéré comme tel, et n’est pas déduit
des heures de délégation (C. trav., art. L. 2315-16). Le CSE prend en charge le financement de la formation.
➥ Voir Liaisons sociales – Les Thématiques « Les congés spéciaux », Point spécial dédié aux absences et congés pour représen-
tation et assistance aux salariés.
Quel périmètre
pour la mise
en place du CSE ?
98 Entreprise
98 Etablissement distinct
104 Unité économique et sociale
En principe, un comité social et économique (CSE) est institué au niveau de l’entreprise. Mais pour les
05-PS-OUV-Chapo
entreprises de 50 salariés et plus dotées d’au moins deux établissements distincts, ce sont des comités
sociaux et économiques d’établissement ainsi qu’un comité social et économique central qui doivent être
mis en place (C. trav., art. L. 2313-1). Le cas échéant, le CSE peut aussi être constitué au niveau d’une
unité économique et sociale (UES), regroupant au moins 11 salariés, reconnue entre plusieurs entreprises
(C. trav., art. L. 2313-8). Le Code du travail ne définissant pas les notions d’établissement distinct
et d’UES, la jurisprudence a dégagé différents critères permettant leur reconnaissance.
(L. no 2015-990, JO 7 août), le recours visant à contes- – les délégations de pouvoirs établies pour les direc-
ter la décision rendue par le Dreets concernant la teurs de magasin ne leur accordent qu’un pouvoir
qualité d’établissement distinct relève de la compé- de proposition d’embauche (la décision relevant des
tence du juge judiciaire. Avant cette loi, il relevait directions régionales et nationales). En outre, les
du juge administratif (C. trav., art. L. 2314-31 ancien directeurs de magasin ne peuvent prononcer des
et art. L. 2327-7 ancien). sanctions autres que des rappels à l’ordre et des aver-
Solutions rendues par la Cour de cassation tissements (les sanctions les plus graves ressortant,
in fine, au niveau supérieur), en sorte qu’il n’existe
Des établissements distincts ont été reconnus dans pas à l’échelon des magasins une autonomie suffi-
le cadre (Cass. soc., 19 déc. 2018, no 18-23.655 P) : sante (Cass. soc., 8 juill. 2020, no 19-11.918 P) ;
– d’une organisation autour de six activités, elles- – le siège procède au recrutement des cadres et
mêmes réparties sur des directions régionales ayant à détermine les effectifs des établissements, valide les
leur tête des responsables disposant d’une autonomie sanctions disciplinaires et signe les lettres de licen-
de gestion suffisante ; ciement, examine et valide les propositions d’évolu-
– d’une organisation par activités où chacun des res- tion de fonctionnement et les propositions salariales,
ponsables de ces directions disposent d’une délé- contrôle les dossiers du personnel, les contrats et
gation de pouvoirs lui assurant une autonomie de les congés en application de la convention collec-
gestion suffisante. tive, examine et valide les propositions de budget de
Pour la Cour de cassation, la centralisation de fonc- fonctionnement et les propositions d’investissement.
tions support et l’existence de procédures de gestion Ainsi le pouvoir décisionnaire pour le recrutement
définies au niveau du siège ne sont pas de nature du personnel, pour l’exercice du pouvoir discipli-
à exclure l’autonomie de gestion des responsables naire et pour la gestion budgétaire est exercé par
d’établissement. Ainsi : la direction générale directement ou en application
– en présence de délégations de pouvoirs dans des de règles qu’elle a mises en place et dont elle sur-
domaines de compétence variés et d’accords d’éta- veille la bonne mise en œuvre par les établissements
blissement, le juge du fond doit rechercher, au regard (Cass soc., 27 janv. 2021, no 19-20.462).
de l’organisation de l’entreprise en filières et en sites, Ancienne jurisprudence administrative sur
le niveau caractérisant un établissement distinct au l’établissement distinct au sens du comité
regard de l’autonomie de gestion des responsables d’entreprise
(Cass. soc., 11 déc. 2019, no 19-17.298 P) ; Comme indiqué précédemment, nous pouvons nous
– sont des établissements distincts, les établisse- reporter à la jurisprudence du Conseil d’État relative
ments disposant d’une implantation géographique aux comités d’entreprise qui accordait une impor-
distincte, d’un budget spécifique décidé par le siège tance particulière au critère d’autonomie de gestion
sur proposition du chef d’établissement. Ce dernier lorsqu’il était compétent en la matière.
participe à l’élaboration des budgets de fonctionne- Pour le Conseil d’État, le caractère d’établissement
ment et d’investissement de l’établissement avec le distinct était reconnu à des implantations géogra-
siège. Ces établissements disposent également d’une phiques propres, présentant un caractère de stabilité
gestion autonome du personnel : en l’espèce, le chef et bénéficiant d’une autonomie suffisante en ce qui
d’établissement a compétence pour manager le per- concerne la gestion du personnel, l’organisation du
sonnel, est garant du respect du règlement intérieur, travail et l’exécution du service (CE, 27 juin 2001,
mène des entretiens individuels de carrière et des no 215.970 ; CE, 4 juin 2003, no 234.583).
entretiens préalables à une éventuelle sanction, et Ce qui conduisait à privilégier trois critères cumu-
peut prononcer des avertissements, etc. (Cass. soc., latifs :
22 janv. 2020, no 19-12.011 P). – une implantation géographique distincte ;
En revanche, le caractère d’établissements dis- – une certaine stabilité dans le temps ;
tincts n’a pas été reconnu pour les situations dans – un degré d’autonomie suffisant permettant le fonc-
lesquelles : tionnement de l’institution.
– les pouvoirs sont concentrés au sein de la direction Ces trois critères étaient cumulatifs, mais ne revê-
générale de l’Epic, tant en matière de conduite de taient pas la même importance dans la reconnaissance
l’activité que pour les actes de gestion (Cass. soc., de l’établissement distinct. Le critère lié à l’autonomie
19 déc. 2018, no 18-23.655 P) ; de gestion de l’établissement était prépondérant. Cette
autonomie n’était pas altérée par l’existence de ser-
pendant l’application de l’accord prévu à l’article En cas de suppression d’un établissement distinct sur
L. 2313-2 du Code du travail. Il pourrait être révisé décision du Dreets, l’accord ayant pour objet d’as-
suivant les règles de droit commun fixées à l’article
L. 2261-7-1 du Code du travail. Dans ce cas, le nouveau surer la continuité du comité et la permanence du
découpage de l’entreprise ne prendrait effet que lors mandat de ses membres ne peut intervenir qu’après
des élections professionnelles suivantes (Questions- la décision administrative, mais produit effet remon-
réponses sur le CSE, ministère du Travail, mis à jour janv. tant au jour de cette décision (Cass. soc., 13 janv.
2020, question no 30). Par ailleurs, en cas d’annulation
de l’accord, celle-ci n’a pas d’effet rétroactif (Cass. soc., 2009, no 07-16.969 P).
6 juin 2018, no 17-21.068 P).
◆ Effets de la perte de qualité d’établissement
distinct
◆ Sort des mandats en cours
Lorsqu’un établissement perd sa qualité d’établisse-
La perte de la qualité d’établissement distinct ment distinct, le personnel de cet établissement doit
emporte cessation des fonctions des membres de la être rattaché à un nouvel établissement et des élec-
délégation du personnel du CSE de l’établissement tions sont organisées conformément à la nouvelle
concerné. configuration de l’entreprise (Cass. soc., 23 nov. 2005,
Toutefois, un accord, conclu avec les organisations no 04-60.446 P). De même, la décision de l’Autorité
syndicales représentatives dans les conditions pré- administrative consacrant la perte de qualité d’éta-
vues au premier alinéa de l’article L. 2232-12, ou, à blissement distinct d’un des deux établissements
défaut d’accord d’entreprise, un accord entre l’em- de l’entreprise emporte l’obligation de mettre en
ployeur et le comité social et économique concerné, place un comité social et économique d’entreprise
permet aux membres de la délégation du person- unique pour représenter l’ensemble des salariés
nel du comité d’achever leur mandat (C. trav., (Cass. soc., 20 juin 2007, no 07-60.027 P).
art. L. 2313-6). Si le CSE d’établissement était représenté au CSE
Selon le premier alinéa de l’article L. 2232-12 du central d’entreprise, cette représentation cesse
Code du travail, l’accord doit être signé par une ou immédiatement.
plusieurs organisations syndicales représentatives
À NOTER
(OSR) ayant recueilli plus de 50 % des suffrages
exprimés en faveur d’OSR au premier tour des der- En cas de disparition d’un CSE d’établissement
nières élections des titulaires au CSE. Comme seul à la suite de la perte de la qualité d’établissement
distinct, il n’y a pas lieu de statuer sur le pourvoi en
est applicable ce premier alinéa, l’accord ne peut
cassation formé auparavant par ce comité au titre
être signé avec une ou plusieurs organisations syn- d’irrégularités invoquées dans une procédure
dicales représentatives ayant recueilli entre 30 et d’information et de consultation (Cass. soc., 20 juin
50 % des suffrages exprimés avec approbation par 2012, no 10-28.000).
référendum auprès des salariés.
L’accord doit être écrit à peine de nullité (Cass. crim.,
6 janv. 2009, no 08-82.736).
UNITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
trielles et commerciales sont concernées au premier commune » (Note explicative de la Cour de cassation
chef, il n’est pas exclu qu’une UES soit reconnue, par relative à l’arrêt du 21 novembre 2018).
exemple, entre :
– plusieurs associations (Cass. soc., 8 avr. 1992, ◆ Deux modalités de reconnaissance de l’UES
no 91-60.165 P) ; L’UES ne peut être reconnue que par :
– deux associations et une société anonyme – accord collectif ;
(Cass. soc., 9 juill. 1986, no 85-60.682 P) ; – décision de justice.
– une société holding et d’autres sociétés contrô-
lées par la holding (Cass. soc., 26 janv. 2005,
10 - RECONNAISSANCE PAR ACCORD
no 04-60.192 P) ;
COLLECTIF
– quatre groupements d’intérêt économique (GIE)
et une société (Cass. soc., 28 mai 2008, no 07-60.385). ◆ Syndicats invités à la négociation
Toutes les organisations syndicales représentatives
◆ Entités juridiquement distinctes présentes dans les entités de l’UES sont invitées à
Une UES ne peut être constituée qu’entre personnes la négociation portant sur la reconnaissance entre
morales juridiquement distinctes prises dans l’en- elles d’une UES. À défaut, l’accord est nul (Cass. soc.,
semble de leurs établissements et de leurs personnels 10 nov. 2010, no 09-60.451 P).
(Cass. soc., 7 mai 2002, no 00-60.424 P). En tout état de cause, l’initiative prise par un syn-
Ainsi, une UES ne peut être reconnue entre : dicat de confirmer les mandats de ses délégués au
– une entreprise et son service mandataire (Cass. soc., sein de l’ensemble constitué par plusieurs sociétés
12 juill. 1995, no 95-60.025) ; ne peut imposer aux autres organisations le cadre
– une société et un établissement d’une autre société ainsi choisi.
(Cass. soc., 2 avr. 1996, no 95-60.665) ;
– deux établissements distincts d’une même société ◆ Conditions de validité de l’accord
ou de plusieurs sociétés (Cass. soc., 13 janv. 1999, La reconnaissance ou la modification convention-
no 97-60.782 P). nelle d’une unité économique et sociale ne relève
La Cour de cassation a apporté une excep- pas du protocole d’accord préélectoral mais de l’ac-
tion à la jurisprudence, issue de l’arrêt du 7 mai cord collectif signé, selon les conditions de droit
2002 (Cass. soc., 21 nov. 2018, 16-27.690 P ; commun, par les syndicats représentatifs au sein
Cass. soc., 3 mars 2021, no 19-20.245). Elle considère des entités faisant partie de cette UES (Cass. soc.,
que, au sein d’un groupe de sociétés, une unité 14 nov. 2013, no 13-12.712 P ; Cass. soc., 11 juill. 2016,
économique et sociale peut être reconnue entre no 14-50.036).
des entités juridiquement distinctes qu’elles soient
dotées ou non de la personnalité morale, dès lors ◆ Caractéristiques de l’accord
qu’est caractérisée entre ces entités : L’accord collectif doit porter expressément sur la
– d’une part, une concentration des pouvoirs de reconnaissance de l’UES. Un accord dont l’objet est
direction à l’intérieur du périmètre considéré et limité à la mise en œuvre d’un service de prévention
une similarité ou une complémentarité des activités et de santé au travail commun entre deux sociétés ne
déployées, vaut pas, à lui seul, reconnaissance conventionnelle
– d’autre part, une communauté de travailleurs résul- d’une UES. Les juges du fond ayant, par ailleurs,
tant de leur statut social et de conditions de travail constaté qu’il n’y avait pas de concentration de pou-
similaires pouvant se traduire en pratique par une voir entre ces sociétés dotées de dirigeants distincts,
certaine mutabilité des salariés. ont pu à bon droit décider, qu’à défaut d’unité écono-
mique caractérisée, il n’y avait pas d’UES entre elles
À NOTER
(Cass. soc., 24 mai 2000, no 99-60.165).
« Cette exception est cependant expressément De même, la conclusion d’un accord d’intéressement,
cantonnée à la situation particulière des groupes de participation ou de plan d’épargne d’entreprise au
de sociétés, notamment internationaux, au sein
desquels des choix organisationnels et de gestion sein d’un groupe constitué par des entreprises juri-
peuvent conduire à dissocier juridiquement des diquement indépendantes, mais ayant établi entre
communautés de travailleurs qui continuent elles des liens financiers et économiques, ne postule
en pratique à travailler ensemble, sous la direction
pas l’existence d’une UES (Cass. soc., 13 oct. 2010,
d’un responsable commun et qui, par conséquent,
relèvent d’une représentation du personnel no 09-60.473 P).
tion unique (Cass. soc., 15 mai 2001, no 00-60.048 P ; activités complémentaires (Cass. soc., 14 janv. 1988,
Cass. soc., 15 févr. 2006, no 05-60.002). no 86-60.508 P).
REMARQUE
La spécificité du domaine d’intervention des dif-
L’existence d’un lien de parenté entre les férentes sociétés susceptibles de former une unité
actionnaires de deux sociétés ne suffit pas à établir économique ne fait pas, à elle seule, obstacle au
la concentration de pouvoirs, en l’absence de direction
commune (Cass. soc., 13 sept. 2005, no 04-60.348). En constat d’une complémentarité d’activités (Cass.
revanche, le pouvoir décisionnel d’une société mère soc., 13 juill. 2004, no 03-60.425 P). En l’espèce, les
sur sa filiale caractérise l’unité économique, dès lors sociétés en cause travaillaient pour les mêmes clients
que les activités économiques des deux sociétés
et faisaient état de cette complémentarité.
sont étroitement imbriquées (CA Paris, 28 avr. 2011,
no 10/02638). Une UES peut exister entre deux sociétés, même
si l’activité de l’une, dans son ensemble, n’est
complémentaire que de l’activité d’un secteur
La concentration des pouvoirs de direction
de production de l’autre, si tous les salariés des
peut résulter du fait que les mêmes personnes se deux sociétés constituent une seule communauté
retrouvent aux postes de direction (Cass. soc., 27 juin de travailleurs (Cass. soc., 12 janv. 2005, no 03-
1990, no 89-60.033 P) ou de l’existence de relations 60.477 P). Il en est de même lorsque l’activité est
identique, mais s’adresse à une clientèle différente :
financières et juridiques entre les deux sociétés collectivités publiques/clientèle privée (Cass. soc.,
(Cass. soc., 8 févr. 1995, no 94-60.178). 1er févr. 2006, no 05-60.171).
Dès lors que la concentration du pouvoir demeure
sous une direction unique, la nomination de direc- Il ne peut y avoir d’UES :
teurs à la tête de chaque entreprise importe peu – si les activités ne sont que voisines, même si elles
(Cass. soc., 1er févr. 2006, no 05-60.171). dépendent toutes du même secteur (Cass. soc., 23 juin
C’est l’exercice effectif du pouvoir par la personne 1988, no 87-60.245 P) ;
qui dirige l’ensemble des sociétés qui importe – entre l’établissement d’une banque et un groupe-
(Cass. soc., 6 oct. 2004, no 03-60.214). Le juge doit ment d’intérêt économique, dès lors que leurs activi-
le constater mais il décide souverainement, par une tés ne sont pas, compte tenu de leur spécificité, com-
appréciation des preuves, si la concentration est plémentaires. Peu importe l’existence de nombreux
réelle ou non (Cass. soc., 13 oct. 2004, no 03-60.216). services et intérêts communs et d’autres éléments
Il n’est pas indispensable, par exemple, que les diri- de nature à établir l’unité sociale (Cass. soc., 24 mars
geants des sociétés concernées détiennent un mandat 1988, no 87-60.211 P).
social dans les autres sociétés (Cass. soc., mars 2009,
no 08-60.497 P). ◆ Caractéristiques de l’unité sociale
Par ailleurs, une UES peut être reconnue même si La notion d’unité sociale semble plus difficile à
la société holding qui exerce le pouvoir de direction appréhender que celle d’unité économique. Elle
n’est pas intégrée dans son périmètre (Cass. soc., implique de relever les éléments de nature à carac-
15 avr. 2015, no 13-24.253 P). tériser une communauté de travail homogène.
Le fait que les entreprises soient en concurrence fait
obstacle à la reconnaissance d’une UES entre elles Communauté de travailleurs
(Cass. soc., 28 sept. 2011, no 10-26.855; Cass. soc., Il s’agit de relever les éléments de nature à carac-
15 févr. 2006, no 05-60.002 : ne sont pas en concur- tériser :
rence les sociétés ayant une localisation géogra- – une communauté de travail (Cass. soc., 6 oct. 2004,
phique distincte). no 03-60.214; Cass. soc., 2 juin 2004, no 03-60.135 P:
tel est le cas des salariés de trois entités régis par
Identité ou complémentarité des activités la même convention collective et bénéficiaires de
La complémentarité peut résulter d’activités simi- mêmes avantages sociaux) ;
laires ou complémentaires. Cet élément s’apprécie in – et l’existence d’une « gestion unifiée des person-
concreto, au vu de l’activité effective de chaque entité nels » (Cass. soc., 8 nov. 2006, no 06-60.010).
(Cass. soc., 15 mars 2006, no 05-60.169). Si les intérêts des salariés de deux sociétés sont dis-
tincts et peuvent s’opposer, il n’existe pas de com-
À NOTER
munauté de travailleurs (Cass. soc., 10 juill. 1997,
Cinq sociétés qui concourent à la création et à la no 96-60.339).
diffusion d’un journal et de ses titres annexes ont des
Voir également : Cass. soc., 25 oct. 2006, no 05-60.392,
qui constate l’absence de « gestion du personnel
commune » ; CA Paris, pôle 6, ch. 2, 28 avr. 2011, tion collective et bénéficient d’avantages spécifiques
no 10/02638, qui relève des « conditions de travail identiques (Cass. soc., 15 avr. 2015, no 13-24.253 P).
semblables sinon identiques ».
Ces divers éléments sont fréquemment relevés pour
caractériser l’unité sociale mais aucun d’eux n’est
Homogénéité du personnel
nécessaire, ni suffisant en soi, pour l’établir. Ainsi,
Cette communauté doit être homogène. Il appartient le fait que les salariés de différentes sociétés soient
au juge du fond de mettre en exergue cette condition. soumis à des conventions collectives différentes
Caractérise une unité sociale, une communauté de n’est pas un obstacle à la reconnaissance d’une UES
salariés soumise à : (Cass. soc., 12 janv. 2005, no 03-60.477 P), dès lors
– des conditions de travail identiques et des que d’autres indices sont constatés : activités com-
méthodes de gestion similaires, bénéficiant d’un plémentaires, même direction générale et président
même statut et d’activités sociales communes, sus- du conseil d’administration, et permutabilité entre
ceptible de faire l’objet de permutations entre les les personnels des sociétés (Cass. soc., 22 sept. 2010,
sociétés (Cass. soc., 15 mai 1990, no 89-61.521 P ; no 09-60.394).
Cass. soc., 15 mars 2006, no 05-60.169) ; À l’inverse, ne suffit pas à caractériser une unité sociale :
– un même règlement intérieur et une même – le seul fait que la convention collective soit
convention collective (Cass. soc., 12 mars 1986, identique (Cass. soc., 24 sept. 2003, no 02-60.082 ;
no 85-60.518 P) ; Cass. soc., 14 févr. 2007, no 06-60.027) ;
– une politique salariale unique, les mêmes pers- – l’existence d’un service du personnel unique si
pectives de travail, des avantages sociaux identiques elle n’est pas étayée par d’autres considérations
et un seul service de paie (Cass. soc., 8 févr. 1995, (Cass. soc., 15 nov. 1988, no 87-60.145 P) ;
no 94-60.226) ; – l’existence d’un accord de méthode conclu pour
– l’application d’une même convention collective, harmoniser le régime social applicable aux sala-
l’existence de permutations du personnel et la pré- riés de diverses sociétés (Cass. soc., 5 mai 2004,
sence de services et d’avantages communs aux sala- no 03-60.057 P) ;
riés (Cass. soc., 13 juill. 2004, no 03-60.425 P) ; – l’existence d’un accord d’intéressement de groupe
– l’application de la même convention collective, entre des sociétés distinctes, accord qui ne fait
avec des conditions de travail et de rémunération nullement référence à une UES et dont l’objet est
similaires, ce qui favorise la permutabilité des sala- exclusivement la mise en place d’un intéressement
riés d’une entreprise à l’autre (Cass. soc., 1er févr. (Cass. soc., 13 oct. 2010, no 09-60.473 P).
2006, no 05-60.277). Le fait que les revendications La permutabilité des salariés, souvent relevée pour
des salariés soient défendues par un unique délégué caractériser l’unité sociale (Cass. soc., 18 juill. 2000,
syndical peut constituer un indice supplémentaire no 99-60.353 P ; Cass. soc., 7 mars 2001, no 00-60.044),
(Cass. soc., 15 févr. 2006, no 05-60.002) ; n’est pas, elle non plus, un élément indispensable
– une gestion du personnel centralisée auprès d’un (Cass. soc., 8 avr. 1992, no 91-60.241P).
seul DRH, à la mise en œuvre de cultures et pratiques Le fait qu’une des sociétés n’ait pas de salariés n’em-
communes, à l’application d’une même convention pêche pas la reconnaissance d’une unité écono-
collective et à la signature et mise en œuvre d’un mique et sociale avec une autre entreprise (Cass.
accord de GPEC organisant la mobilité entre les soc., 24 nov. 2004, no 03-60.329 P).
entités, et à une formation commune à l’ensemble
du personnel (Cass. soc., 9 nov. 2011, no 10-23.437) ;
13 - PERTE DE LA QUALITÉ D’UES
– l’exercice de métiers identiques ou complémen-
taires dans des conditions de travail en cours d’har- La qualité d’UES peut disparaître par :
monisation grâce à une gestion unique et centralisée, – la dénonciation de l’accord l’ayant reconnue ou la
malgré l’absence d’accord collectif d’entreprise com- conclusion d’un nouvel accord ;
mun et la présence de régimes de retraite différents – une décision du tribunal judiciaire.
(Cass. soc., 20 avr. 2005, no 04-60.311). Il incombe à la partie qui allègue la disparition
L’unité sociale est également constatée lorsque les d’une UES précédemment reconnue de prouver
salariés, tous issus de la même société et titulaires les modifications intervenues sans que le juge soit
de contrats de travail similaires, sont mobiles entre tenu de remettre en discussion, au-delà de ces
les sociétés en cause, relèvent de la même conven- faits, tous les éléments constitutifs d’une telle unité
tés antérieurement à la mise en place d’un comité UES entre deux sociétés est sans objet dès lors que
de groupe (Cass. soc., 17 déc. 2003, no 02-60.445 P). durant l’instance, un comité de groupe commun a
Ainsi, l’existence d’un comité de groupe n’exclut pas été mis en place au niveau du groupe constitué par
la mise en place, à un niveau inférieur, d’un CSE ces deux mêmes sociétés (Cass. soc., 17 oct. 2018,
central d’entreprise dans le cadre de l’UES formée no 17-22.602).
par certaines sociétés de ce groupe (Cass. soc., 30 mai Commettent une fraude les syndicats qui excluent
2001, no 00-60.111 P). délibérément une société du périmètre de l’UES
Les périmètres respectifs de l’UES et du groupe ser- qu’ils revendiquent, pour faire échec à l’incompati-
vant à la mise en place des institutions représenta- bilité existant entre le comité de groupe et cette UES
tives du personnel différentes sont à comparer à la (Cass. soc., 16 avr. 2008, no 07-60.348).
date de la requête tendant à la reconnaissance de
REMARQUE
l’UES, compte tenu de leur évolution depuis leur mise
en place (Cass. soc., 25 janv. 2006, no 04-60.234 P). La distinction entre groupe et UES est importante, car
Mais si à la date de la requête le comité de groupe un CSE commun a des attributions plus importantes
qu’un comité de groupe. ■
n’est pas encore constitué, la saisine du tribunal
judiciaire pour faire reconnaître l’existence d’une
– de proximité p. 28
– syndical du CSE 7 et s., 19 et s., POINT SPÉCIAL :
38 et s., 49
RÉUNIONS QUEL PÉRIMÈTRE POUR LA MISE EN PLACE DU CSE ?
– compte rendu 69
– convocation 69, 87, 96
– enregistrement p. 61 C–D U
– extraordinaire 66, 84, 85, 96
– ordre du jour 86, 96 COMITÉ SOCIAL ET ÉCONOMIQUE UNITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
– participants 68, 88, 96 – central 7, 14 – critères 12
– périodique 65, 84, 85, 96 – d’établissement 3, 5, 7, 8, 14 – disparition 13
– restreinte 67 – interentreprises p. 104 – entreprises concernées 9
DREETS 3, 5, 14 – établissements distincts 14
S – groupe de sociétés 15
E–G – reconnaissance 10 , 11
SECRET PROFESSIONNEL 51 et s. – tribunal judiciaire 11, 14
SIÈGE (lieu du) 72 ENTREPRISE 1 et s.
SUBVENTION DE FONCTIONNEMENT ÉTABLISSEMENT DISTINCT R
108 et s., 130 – conséquences 7
SUPPLÉANT 5, 8, 15, 31, 36, 102 – critères 6 RECONNAISSANCE D’UN
SUSPENSION DU CONTRAT – disparition 8 ÉTABLISSEMENT DISTINCT
26, 47, 69, 87 – effectif p. 111 – accord collectif 3, 4, 14
– exemples 6 – décision administrative 5, 14
T–V – litige 5 – décision unilatérale 3, 4, 5, 14
– reconnaissance 3, 4, 5, 14 – juge judiciaire 5, 14
TRANSFERT – unité économique et sociale 14 RECONNAISSANCE D’UNE UNITÉ
– d’entreprise 15, 30, 73, GROUPE DE SOCIÉTÉS 9, 15 ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
– d’excédent du budget 113, 119 – accord collectif 10
VISIOCONFÉRENCE 61 et s. – décision de justice 11
VOTE 62, 89