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✓ Chapitre 2 : Cadre légal des coopératives au Maroc :

A. Introduction :

Les coopératives jouent un rôle crucial dans le tissu économique et social de nombreuses
sociétés à Travers le monde .En offrant un modèle d'entreprise axé sur la coopération et la
prise de décision collective ,Les coopératives permettent aux individus de s'associer pour
poursuivre des objectifs économiques ,sociaux ou culturels communs .toutefois ,le
fonctionnement de ces entités repose sur un cadre juridique spécifique qui définit leurs
droits, leurs obligations et leur structure organisationnelle.

Ce rapport vise à explorer Les différents types de cadre juridique régissant Les
coopératives. Il examinera comment ces cadres varient d'un pays à l'autre, en fonction des
politiques économiques, sociales et légales en vigueur. En outre, il analysera l'impact de ces
cadres sur le fonctionnement et le développement des coopératives, ainsi que sur leur
capacité à répondre aux besoins et aux défis contemporains.

À Travers cette analyse, nous chercherons à identifier Les meilleures pratiques en matière
de cadre juridique pour Les coopératives, en mettant en lumière les aspects qui favorisent
leur succès et leur durabilité, En fin de compte, ce rapport vise à Fournir des informations
précieuses pour Les décideurs politiques, Les praticiens du droit et les acteurs du secteur
coopératif, afin de promouvoir un environnement propice à l’épanouissement à l'expansion
de ce modèle d'entreprise unique.

B. La loi 112.12 :

La plupart des dispositions des textes promulgués du temps du protectorat, étaient -


restées en vigueur jusqu’à la mise en application de la loi 24-83 en 1993 , cette loi, qui était
considérée comme la première loi globale et unifiée pour le mouvement
coopératif marocain, et bien que sa ratification ait eu lieu en 1984, elle n'a vu le
jour qu'en 1993. Elle est donc abrogée par la loi 112-12 relative aux coopératives et
mise en application en 2016.
Les pouvoirs publics marocains en procédant à la révision de la loi coopérative visent la
redynamisation des coopératives et leur permettre une meilleure insertion dans l’économie
du marché et une contribution efficace au développement de l’économie nationale, en
créant un climat favorable au développement de l’esprit coopératif et solidaire basé sur la
justice , l’équité et la démocratie et susceptible de mobiliser les ressources et les énergies
pour des actions intégrées et durables de lutte contre la pauvreté, l’analphabétisme et
l’exclusion sociale.

C’est dans le cadre de cette conviction qu’est venu l’idée d’analyser les dispositions de la loi
112-12 sur proposition de l’Alliance coopérative internationale qui est la plus haute et la
plus ancienne instance internationale des coopératives dans le monde (crée à Londres en
1895) dont fait partie l’Office du développement de la coopération (ODCO).

• Apports de la loi 112.12 :

Les principales mesures marquant des points de différence entre l’ancienne et la nouvelle
loi réglementant le secteur coopératif sont la suppression des articles n°87 et 88 (Chapitre 9
de la loi n°24.83) concernant les exonérations fiscales, du fait que la loi n°112.12 avait
comme objectif de laisser l’exclusivité des mesures fiscales au code général des impôts et à
la loi n°47.06.

De plus, les dispositions de la loi n°112.12, ont apporté une certaine simplification
àprocédure administrative de création de la coopérative, qui ont été matérialisées par la
suppression de l’agrément préalable à l’exercice, en se limitant à l’inscription au niveau du
registre des coopératives, ce qui démontre une certaine liberté de décision concernant la
création qui est attribuée aux seuls membres de cette dernière.

En outre, un renforcement de la transparence et la promotion de la bonne gouvernance par


l’institution d’un registre national et des registres locaux d’immatriculation des
coopératives.

De même, l’exigence d’un minimum au niveau du nombre des adhérents qui a été réduit à 5
membres et du capital dont le minimum de constitution a été fixée à hauteur de 1.000,00
DHS avec une valeur nominale Minimum de 100,00 DHS. Aussi, l’obligation de se conformer
lors de l’établissement des comptes annuels au plan comptable des coopératives, ce qui
renvoie à la détermination de la nouvelle loi à constituer une assise solide pour la
constitution et le fonctionnement des coopératives au Maroc.

Par ailleurs, cette la loi a explicité clairement que la coopérative peut être créée à la fois par
des personnes physiques et morales, permettant à cet égard de dynamiser le secteur
coopératif dans son ensemble et la non-limitation de l’objet de création en la production de
biens et services, mais plutôt à la satisfaction exclusive des besoins économiques et sociaux
des membres, et dont la gestion est faite selon des valeurs et des principes fondamentaux
et universels en matière de coopération.

Ainsi, pour la création législative d’une coopérative au Maroc, la loi n°112.12 a explicité un
ensemble de directives qui peuvent être représentés selon le schéma suivant :
Choix de la dénomination de la Attestation bancaire de
coopérative blocage de fonds

Attestation de la
Dépôt d’une demande dénominationde la
d’approbation à l’ODCO coopérative

Liste des adhérents en


Souscription par le versement précisant le nombre des parts
du capital en numéraire souscrites, le capital souscrit et
libéré dans un compte libéré par leurs chacun d’eux et
bancaire bloqué copies d’identités
• Contexte général :
La loi 112-12 a été élaborée en collaboration avec les différents intervenants et acteurs
concernés par le secteur coopératif au Maroc, en vue de réorganiser les institutions
coopératives suivant une nouvelle vision, permettant de les inscrire dans la dynamique des
mutations du contexte économique national et international. Ceci a conduit à la refonte des
dispositions de la loi n° 24-83 relative aux statuts des coopératives et des missions de l'office
de développement de la coopération, en vue d'en dépasser les défaillances qu’a connu cette
loi, telles : [Note du ministère des affaires générales et de la gouvernance présentée le 04-
04-2012 au chef du gouvernement au sujet du projet de la loi 112-12. ]

- La complication de la procédure de constitution et d'agrément des projets de coopératives


- La multitude des intervenants dans le secteur coopératif et le chevauchement de leurs
attributions ;
- Les limites des mécanismes relatifs à l'administration et à la gestion administrative et
financière et au système de gouvernance en général,
- Des dispositions dépassées par les changements de la réalité économique des
coopératives.
La révision de cette loi permettra aux coopératives d'atteindre leurs objectifs et de devenir
des entreprises structurées capables de relever des défis.

Ces contraintes ont d'ailleurs constitué pour longtemps une préoccupation des acteurs
professionnels et institutionnels du secteur.
Cette loi dote également les coopératives d'un cadre juridique qui leur Permettra
d'atteindre leurs objectifs, d'optimiser leur rentabilité et de les encourager à se transformer
en entreprises structurées et compétitives, dans l'objectif de faire du secteur coopératif un
secteur pourvoyeur d'emploi et à forte valeur ajoutée, Un secteur qui contribue à lutter
contre les principaux problèmes de la société tels que la pauvreté, l’alphabétisation, le
Chômage, la fragilité et l’exclusion sociale.
la loi 112-12 du 21 novembre 2014 relative aux coopératives publiée au Bulletin Officiel n°
6318 du 18 décembre 2014 , stipule selon l’article 3 que Les coopératives exercent leurs
actions dans toutes les branches de l'activité humaine , ce qui permet aux jeunes porteurs
de projets de constituer de nouveaux types de coopératives , tels que les coopératives de
main d’œuvres , coopératives de service , coopératives d’exploitation des carrières ,
coopératives agricoles de production , coopératives ouvrières de production , coopératives
de l’animation culturelle et touristique , coopératives de transport des marchandises ,
coopératives des restaurants mobiles , coopératives de traitement des déchets ,
coopératives de communication etc…..
Elle se compose de 14 chapitres et de 108 articles comme le démontre le tableau suivant :
Disposition Articles
1 Dispositions générales 1à6
2 Procédure de constitution 7 à 13
3 Les membres 14 à 25
4 Capital de la coopérative 26 à 32
5 Organisation, gestion et surveillance 33 à 67
6 Dispositions financières 68 à 76
7 Le contrôle et procédure de conciliation 77 à 79
8 Transformation- fusion- scission- dissolution et 80 à 84
liquidation
9 Unions de coopératives 85 à 93
10 La fédération nationale des coopératives 94
11 Dispositions pénales 95 à 191
12 L’Office du développement de la coopération 102
13 Dispositions finales 103 à 105

14 Abrogations et dispositions transitoires 106 à 108

o Source, livre de la loi des associations et coopératives

Les dispositions de cette loi ne s’appliquent pas aux coopératives de la réforme agraire qui
sont gérées par le dahir portant loi n° 1-72- 277 du 29 décembre 1972 relatif à l’attribution à
des agriculteurs de terres agricoles ou à vocation agricole faisant partie du domaine privé de
l’’Etat.
C. Création, adhésion aux coopératives et gouvernance :
L’immatriculation de la coopérative au registre de la coopérative est obligatoire (Article 7)
Il est institué un registre public dénommé « registre des coopératives »
Le registre des coopératives est constitué d’un registre central, tenu par l’Office du
développement de la coopération (ODCO), et de registres locaux tenus par les secrétaires
-greffes des tribunaux de première instance.

L’immatriculation au registre local des coopératives confère aux coopératives la possibilité


soumissionner aux marchés publics. (Article 9 )

Les principales exigences légales pour la création d’une coopérative sont :

- La consultation de l’avis de l’Office du développement de la coopération pour la


dénomination de la coopérative,

- La signature des statuts par l’ensemble des membres fondateurs ou leurs mandataires,

- La souscription de l’intégrité du capital et la libération de chaque part représentative


d’apport en numéraires d’au moins le quart de sa valeur nominale,
- La libération, le cas échéant, des apports en nature après leur évaluation,
- Le dépôt d’une copie des documents de constitution, auprès de l’autorité administrative
locale,
- L’immatriculation de la coopérative au registre des coopératives auprès du tribunal.
- Les membres fondateurs sont tenus de déposer les fonds récupérés de la libération des
apports dans un compte bancaire bloqué au nom de la coopérative en cours de constitution.
- Le nombre des membres doit être au moins 5 membres physiques et /ou morales, tant au
moment de sa constitution que pendant toute sa vie.
Si le nombre de membres tombe en dessous de ce minimum lors de l’existence de la
coopérative depuis plus d’un an tout intéressé peut demander en justice la dissolution de la
coopérative.

Les coopératives peuvent être gérées, soit par un ou plusieurs gérants, soit par un conseil
d’administration.
Sont tenues d’être gérées par un conseil d’administration, les coopératives dont le chiffre
d’affaire annuel, à la clôture de deux exercices successifs, dépasse le montant de cinq
millions de dirhams ou dont le nombre de membres, à la clôture d’un exercice, excède
cinquante.

Les gérants sont choisis parmi les membres ou en dehors des membres de la
coopérative. Ils sont désignés par les statuts lors de la constitution ou nommés par
l’Assemblée générale ordinaire.

Dans les coopératives administrées par un CA, ce dernier peut désigner et révoquer à tout
moment un ou plusieurs directeurs personnes physiques qui peuvent être pris en dehors
des membres de la coopérative. Le conseil d’administration fixe les modalités du mandat du
directeur.

La désignation et la révocation du directeur sont soumises à la ratification de la prochaine


Assemblée générale ordinaire statuant à la majorité requise pour les Assemblée générale
ordinaire (AGO) . Dans le cas où l’Assemblée refuse la ratification de la désignation faite par
le conseil d’administration, les actes accomplis par le directeur demeurent valables.

L’acte de désignation fixe le montant et le mode de la rémunération du ou des directeurs.

Il est interdit au directeur d’exercer toute autre activité rémunérée ou incompatible avec
ses fonctions.

Le contrôle des membres de la coopérative est assuré par la loi à travers la création d’un
comité de surveillance, désignés parmi les membres de la coopérative.

Les fonctions du membre du comité de surveillance sont incompatibles avec celles de


membre du CA, de directeur ou de gérant.

Le comité de surveillance exerce selon l’article 67 de la loi 112-12 le contrôle permanent sur
la gestion du CA, du ou des gérants et ne peut, en aucun cas, s’immiscer dans la gestion de
la coopérative.
A toute époque de l’année, le comité opère les vérifications et les contrôles qu’il juge
opportuns et peut se faire communiquer les documents qu’il estime

utiles à l’accomplissement de sa mission. Les membres du comité peuvent prendre


connaissance de toute information relative à la vie de la coopérative.
Le comité établit à l’occasion de l’assemblée générale ordinaire annuelle (AGOA) un rapport
contenant ses observations sur le rapport du conseil d’administration (CA) ou du gérant sur
la gestion de la coopérative et le cas échéant, les irrégularités et les inexactitudes qu’il a pu
relever dans le cadre de l’exercice de sa mission de contrôle.

L’Assemblée générale se réunit sur convocation du comité de surveillance à l’expiration d’un


délai de 15 jours à compter de la date d’envoi d’une lettre de mise en demeure pour
convoquer l’Assemblée générale adressée par ledit comité au président du conseil
d’administration ou au gérant.

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