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Activation des lymphocytes T

La maturation des cellules T progénitrices dans le thymus et l’activation des


cellules T matures à la périphérie sont influencées par l’implication des molécules du
CMH. Les étapes finales de la maturation de la plupart des cellules s’effectuent selon
deux voies de développement différentes, qui créent les sous- populations CD4+ et CD8+
fonctionnellement différentes présentant les molécules de CMH. La majorité des
thymocytes et des cellules T périphériques expriment le récepteur αβ.

I- Maturation des cellules T

La maturation des cellules T implique des réarrangements des gènes du TCR de la


lignée germinale, et l’expression de divers marqueurs membranaires. Le thymus joue un
rôle central dans la biologie des cellules T qui se diversifient en constituant un
répertoire de cellules T primaires par deux processus de sélection :

La sélection positive : ne permet la survie que des cellules T dont les TCR
reconnaissent les molécules de CMH du soi. Elle s’effectue dans la région corticale du
thymus en impliquant l’interaction cellules T immatures et cellules épithéliales corticales

La sélection négative : élimine les cellules T qui réagissent fortement avec le CMH du
soi ou le CMH du soi associé aux peptides du soi. Elle a lieu dans la medulla par interaction
avec les CPA venant de la moelle osseuse (cellule dendritiques et macrophage). Les
cellules qui subissent la sélection négative meurent par apoptose. La tolérance aux
autoantigènes est réalisée par l’élimination des cellules T autoréactifs.

. La progression de développement des cellules T commence par l’expression des


molécules de la surface cellulaire, c-kit (CD117), CD44 et le CD25. La population initiale
présente le c-kit, récepteur du facteur de croissance des cellules souches, puis elle
exprime le CD44, molécule d’adhésion et le CD25, chaîne α de récepteur de l’IL-2. Les
cellules cessent ensuite d’exprimer le c-kit (pré-LT précoces), réduisent
considérablement l’expression du CD44 et commencent à l’induction de CD2 et à
réarranger leurs gènes du TCR, les gènes des chaînes γ et δ CD3+ double négatives. La
plupart des thymocytes cessent de proliférer et commencent à réarranger les gènes de
la chaîne β du TCR et à exprimer la chaîne β. Les lignées αβ qui n’effectuent pas un
réarrangement productif et qui n’expriment pas la chaîne β meurent. Les chaîne β
nouvellement synthétisées se combinent à une glycoprotéine appelée pre-Tα et
s’associent au CD3 pour un complexe appelé récepteur des cellules pré-T (pré-TCR).

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Figure Lymphocytes T γδ

La transduction du signal émis par le pré-TCR et activé par le CD3 et la tyrosine


kinase, le Lck, a plusieurs effets :

- Elle sélectionne les lymphocytes qui expriment la chaîne β pour une expansion et
une maturation.

- Elle augmente le réarrangement de la chaîne α du TCR.

- Elle induit la progression de développement de l’état double positif CD4+8+. A ce


stade, les thymocytes commencent à proliférer.

Les cellules doubles positives le CD3 et le récepteur exprimant αβ des cellules T


commencent à apparaître au 17e jour et atteignent leurs niveaux maximaux à la naissance
et n’expriment plus les marqueurs précoces CD44 et CD25. Une estimation de 98% de
l’ensemble des thymocytes n’arrivent pas à maturation, ils meurent par apoptose dans le
thymus, soit parce qu’ils ne forment pas un réarrangement productif des gènes, soit
parce qu’ils n’arrivent pas à la sélection thymique. Les thymocytes qui expriment le
complexe TCRαβ-CD3 se développent soit en thymocytes CD4+ simple positifs soit en
thymocytes CD8+ simple positifs qui migrent ensuite vers la périphérie du thymus. Le
réarrangement des gènes au hasard dans le DNA peut créer un répertoire de TCR très
diversifié. La propriété la plus caractéristique des cellules T matures est la
reconnaissance d’un antigène étranger combiné aux molécules du CMH du soi.

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II- Marqueurs des lymphocytes T

- Le TCR
C’est un récepteur de nature protéique (peptidique) composé de 2 chaînes : une chaîne
 et une chaîne. Une autre forme existe avec une chaîne  et une chaîne
 (plus chez le mouton ou le poulet)
- CD3
Il s’agit des 5 chaînes du CD3 (, , ,  et ) Les chaînes ,  et  proviennent de
3 gènes différents mais présentent une forte homologie de séquence : la répétition du
motif ARAM (ou ITAM). Le motif ITAM est la séquence intra–cytoplasmique Y–X–X–L
(= Tyrosine– quelconque–quelconque–Leucine) La séquence consensus est Y–L–Y–L.

Il permet l’activation du lymphocyte T quand ce dernier reconnaît un antigène en


déclenchant la synthèse de cytokines.

Le CD4 :
- C’est une glycoprotéine avec 4 domaines cytoplasmiques présente chez les LT
immatures et les des LT circulants (= matures)
- Elle est très spécifique des LT.
- Son domaine N–terminal contient des régions qui reconnaissent les molécules du
CMH de classe II.
- C’est aussi le site de fixation de la GP120 pour le VIH.

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Le CD8 :
- C’est une glycoprotéine composée de 2 chaînes  et  (différentes des chaînes  et
 citées ci–dessus) organisées soit en –, soit en –, soit en–.
- Elle est présente sur des LT. Elle a besoin du CMH de classe I.
- Sa région intra–cytoplasmique est riche en tyrosine, permettant la fixation de
kinase.

Les recombinaisons sont sous le contrôle :


- Des séquences hepta–nonamères (= SSR), De la recombinase,
- Des protéines RAG1 et RAG2, De la TdT,
+ La délétion ou l’inversion à la place de la mutation somatique pour les LB.

Les lymphocytes ont des propriétés plutôt hétérogènes :

- Fonction régulatrice :
Lymphocyte T appelé TH (helper = auxiliaire) CD4+
Lymphocyte T appelé TS (suppresseur) CD8+
- Fonction à médiation cellulaire :
Lymphocyte T sécréteur de cytokines CD4+
Lymphocyte T appelé TC (cytotoxique) CD8+

Mais on parle surtout des lymphocytes TH et des lymphocytes TC (en terme d’utilité)
La coopération entre les lymphocytes T et B se fait avec les lymphocytes T CD4. La proportion en
lymphocytes T est de 60% TCD4 et 40% TCD8.

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Les gènes codant pour les chaînes , ,  et  :

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III- Activation des cellules T


III-1 Voies de signalisation couplées au TCR

L’événement central de la création des réponses immunitaires humorale et


cellulaire est l’activation et l’expansion clonale des cellules Th. L’activation des cellules
Th est initiée par l’interaction du complexe TCR-CD3 et d’un peptide antigénique lié à
une molécule de CMH II à la surface des CPA. Le TCR est constitué d’une unité
hétérodimérique de liaison extracellullaire, les chaînes α et β du TCR et une unité de
signalisation intracellulaire. L’unité de signalisation est composée de trois chaînes
différentes, CD3γ, CD3δ et CD3ε (CD3) et un homodimère de chaînes ζ (zeta). Le TCR
se lie au complexe CMH-peptide provoque le processus de signalisation. L’assemblage
amène la protéine tyrosine kinase, Fyn à s’associer aux extrémités cytoplasmiques du
complexe TCR et à la translocation des co-récepteurs (CD4 et CD8). Ce processus de
translocation est important car elle amène Lck (protéine kinase) à s’associer aux
extrémités cytoplasmiques du TCR. Ces protéines tyrosine kinases sont nécessaires à la
phosphorylation des séquences ITAM (immunoreceptor tyrosine-based activation motif,
motif permettant l’activation des immuno-récepteurs via une tyrosine) sur les domaines
cytoplasmiques du complexe CD3. Ces ITAM entrent en interaction avec des protéines
tyrosine kinases et probablement d’autres molécules. L’élimination du phosphate du site
d’inhibition de Fyn et de Lck est effectuée par le CD45, une tyrosine phosphatase
transmembranaire présentes dans tous les leucocytes permet leur activation et la
phosphorylation des tyrosines dans les ITAM du complexe CD3. La phosphorylation de
la chaîne ζ crée des sites phosphotyrosine du complexe de signalisation ZAP-70, protéine
associée à zeta. Une fois que ZAP-70 s’est lié aux ITAM de la chaîne zeta, l’activité
protéine tyrosine kinase de ZAP-70 est activée par une tyrosine phosphorylation
catalysée par Lck et Fyn. L’activation de la protéine tyrosine kinase ZAP-70 conduit à
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l’activation de nombreuses voies. D’autres messagers inositol 1,4,5-

triphosphate (IP3) et le diacyglycérol (DAG) initient deux voies de signalisation pour


l’activation des cellules T.

-Le IP3 déclenche une augmentation du Ca++ cytosolique intracellulaire et


l’activation d’une phosphatase (calcineurine), qui déphosphoryle la forme cytosolique
inactive du facteur nucléaire spécifique des cellules T NF-AT.

-Le DAG active la protéine kinase C qui déphosphoryle plusieurs substrats et


libère le facteur nucléaire NF-κβ. Les deux facteurs nucléaires pénètrent dans le noyau
où ils participent à l’activation de divers gènes, y compris le gène IL-2.

En plus de la création d’IP3 et de DAG, la liaison croisée du récepteur des cellules


T active la protéine G Ras qui active à son tour la voie de signalisation des MAP kinase
(mitogen-actived protéin kinase), une cascade de phosphorylation assurée par des
protéines kinases.

Parmi les protéines de liaison au DNA impliquées dans l’activation des cellules T,
seul le NF-AT est spécifique des cellules T, les autres sont présents dans de nombreuses
cellules. Après la reconnaissance de l’antigène par les TH, le NF-ATc-PO4, qui est une
forme cytosolique phosphorylée de NF-AT, est phosphorylé par la calcineurine. Le NF-
ATc subit une translocation vers le noyau où il se dimérise avec l’AP1 ; le complexe formé
se lie à l’activateur de l’IL-2.

Figure : Voie de signalisation des lymphocytes T

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III-2 Le signal de co-stimulation

La présentation de peptides par les molécules HLA de classe II ou de classe I


entraîne une interaction des CPA avec, respectivement, les lymphocytes TCD4 et TCD8.
Cette interaction délivre un premier signal par interaction d’un peptide antigènique et
complexe TCR-CD3 induit transitoirement des molécules ligands du CD40 (CD40L) sur
le lymphocyte T CD4. Ces molécules CD40L vont alors stimuler les molécules CD40
présentes sur les CPA et induire ainsi une surexpression de molécules de costimulation
sur ces cellules. Ces molécules sont en nombre croissant et appartiennent à la
superfamille des Ig B7/CD28 (CPA) et TNF/TNFR. En particulier, l'interaction de B7-
1/CD80 avec la molécule CD28 délivre au lymphocyte T un second signal d'activation
indispensable. Le signal de costimulation semble entrer en synergie avec les signaux
couplés au T CR pour augmenter la production de l’IL-2 et la prolifération des cellules
T.

II-3 Expansion clonale et anergie clonale

La reconnaissance par les cellules TH d’un complexe peptide antigénique-CMH à la


surface d’une CPA (signal 1) se traduit soit par une activation et une expansion clonale,
soit par un état de non-réponse appelé anergie clonale. C’est deux processus sont
déterminés par la présence ou l’absence d’un signal de co- stimulation (produit par
interaction CD28 de TH et B7 des CPA (signal 2). Sans signal de co-stimulation
approprié, la cellule TH devient anergique et il y a une production minimale de cytokines
(surtout IL-2).

L’activation de TH peut être induite par des superantigènes exogènes (virale ou


bactérien) ou endogène, protéines incluses dans la membrane produite par les virus. Ces
superantigènes se lient à l’extérieur de la cavité de liaison des séquences Vβ
particulières des récepteurs des cellules T en établissant des liaisons croisées entre le
TCR et une molécule de classe II du CMH.

IV- Différenciation des cellules T

Les cellules TCD4+ et TCD8+ quittent le thymus pour entrer dans la circulation en état
de repos en phase G0 du cycle cellulaire. On estime que chaque cellule T naïve recircule
du sang vers les ganglions lymphatiques et revient environ toutes les 12-24 H. Ces
cellules ne survivent que 5 à 7 semaines environ en l’absence d’activation stimulée par un
Ag.

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III-1 Cellules T effectrice et T mémoire

La reconnaissance de l’Ag présenté par les CPA, active les cellules T naïves en
initiant une réponse primaire. Les cellules T naïve se développe pour donner une cellule
blastique et commence à subir des divisions. Cette activation est dépendante d’un signal
induit par l’engagement du complexe TCR et d’un signal de costimulation induit par
l’interaction CD28-B7. Ces signaux déclenchent l’entrée de la cellule T dans la phase G1
du cycle cellulaire et simultanément, induisent la transcription des gènes de l’IL-2 et de
la chaîne α du récepteur de haute affinité pour l’IL-2. La sécrétion de l’IL-2 et sa liaison
au récepteur de haute affinité de l’IL-2 amènent la cellule T naïve à proliférer et à se
différencier. Les cellules T activées engagées dans cette voie se divisent 2 à 3 fois par
jour pendant 4 à 5 jours, créant un large clone de cellules progénitrices qui se
différencient en population de cellules T à mémoire et effectrices.

Les diverses cellules effectrices assument des fonctions spécialisées, telles que
les sécrétions de cytokines et l’aide des cellules B (cellule TH CD4+ activées) et une
activation des CTL. Ces cellules ont une durée de vie courte (quelques jours à quelques
semaines). Les cellules T effectrices CD4+ forment deux sous-populations caractérisées
par des profils différents des cytokines qu’elles sécrètent. Une population Th1 sécrète
de l’IL-2, l’IFNγ et du TNFβ. La sous-population Th1 est responsable des fonctions à
médiation cellulaire (activation des CTL). La sous-population Th2 sécrète de l’IL-4, l’IL-
5, l’IL-6 et l’IL-10 et intervient dans l’activation des cellules B.

Les cellules T mémoire sont plus facilement activées que les cellules naïves,
expriment les mêmes molécules membranaires que les cellules effectrices. Les cellules
mémoires sont des cellules au repos en phase G0 du cycle cellulaire avec moins
d’activation que les cellules naïves. Les cellules T naïves ne sont activées que par les
cellules dendritiques, alors que les T mémoire peuvent être activées par les
macrophages, les cellules dendritiques et les cellules B. Il semblerait que les T mémoires
possèdent un taux élevé de nombreuses molécules d’adhésion leurs permettant d’adhérer
à un différente CPA.

IV- 2 Implication des différents CPA dans le signal de costimulation

Les CPA sont capables des présenter l’Ag associé aux molécules de CMH II et de délivrer
le signal de costimulation nécessaire pour une activation des T qui conduit à la
prolifération et à la différenciation. Les principales molécules de costimulation
exprimées sur les CPA les glycoprotéines B7-1 et B7-2.

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-Les cellules dendritiques sont des activateurs très puissants des T naïves, T mémoires
et T effectrices car elles expriment un taux élevé des molécules de CMH I, II et B7.

Les cellules dendritiques (CD) sont des cellules professionnelles chargées de présenter
des antigènes aux lymphocytes T naïfs et mémoires. Ce sont les seules cellules capables
d'initier une réponse immunitaire. Les précurseurs des CD sont produits dans la moelle
osseuse à partir des progéniteurs hématopoïétiques et migrent vers les tissus par
l’intermédiaire du sang périphérique. Les CD immatures sont attirées et retenues dans
les portes d’entrée de l’organisme (peau, muqueuses) et dans les tissus inflammatoires
par des molécules chimio- attractives (chimiokines) du fait de leur expression régulée
des récepteurs spécifiques de ces chimiokines.

Les CD captent également les exosomes produits par les cellules viables. Il s'agit
de petites vésicules de 60-80 nm qui sont formées par fusion de la membrane externe
des corps vésiculaires et comportent des molécules de HLA de classe I ou de classe II
couplées à des peptides, des molécules de costimulation (B7-1) CD80, CD86 (B7-2) des
tétraspanines. Ces exosomes sont capables d’activer efficacement une réponse
antitumorale par phénomène de présentation croisée. Les cellules dendritiques vont
dégrader de façon très efficace les protéines/peptides endocytés dans les lysosomes
et les présenter sous forme de peptides complexés aux molécules HLA de classe II. Les
cellules dendritiques peuvent également adresser vers le protéasome ces
protéines/peptides endocytés où ils sont clivés sous forme de peptides et assemblés aux
molécules HLA de classe I dans le réticulum endoplasmique. Ce phénomène de
présentation de peptides d'origine endogène par les CD est appelé cross-priming et est
à la base de l'initiation de toutes les réponses immunitaires. Au contact de signaux de
danger présents dans les tissus infectés et/ou inflammatoires (lipopolysaccharide
bactérien, ADN bactérien, ARN double brin, cytokines pro-inflammatoires, IFNγ, TNF,
IL-1, IL-18), les cellules dendritiques vont s’engager dans un processus de maturation.
Elles deviennent alors de puissantes cellules présentatrices d’antigènes capables de
migrer dans les ganglions. Ce processus de différenciation implique :

• une perte des récepteurs des chimiokines inflammatoires (CCR1, CCR5, CCR6,…) et une
acquisition de récepteurs pour des chimiokines ganglionnaires permettant leur migration
vers les ganglions ;

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IV-3 Rôle des cytokines dans les interactions cellulaires


La réponse immune nécessite des interactions cellule–cellule, soit en direct, soit par
un message délivré par des médiateurs solubles (hormones et/ou cytokines)
Il existe d’autres cellules (extérieures au système hématopoïétique) qui synthétisent
des cytokines : les cellules de l’endothélium vasculaire, les fibroblastes, les
entérocytes…

Les cytokines n’ont qu’un seul moyen d’agir : par le biais d’un récepteur. Il existe donc
une régulation subtile par une équation ligand–récepteur.
Elles peuvent intervenir en cascade : induction des unes par les autres.

Elles peuvent être classées en 3 grands groupes :

- Les cytokines impliquées dans l’hématopoïèse : IL–5, 7 et 3,


- Les cytokines impliquées dans l’immunité spécifique :
- Synthèse de TH1 (immunité à médiation) : IL–2 et INF,
- Synthèse de TH2 (coopération avec les LB) : IL–4, 5, 6 et 10,
- Les cytokines impliquées dans la réaction anti–inflammatoire : INF, IL–1 et
toute la famille de TNF (surtout les TNF  et )

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Développement, activation et différenciation des cellules B

Introduction

Chez de nombreux vertébrés, la moelle osseuse génère les cellules B. Ce processus


est une séquence ordonnée de réarrangements de gènes des Ig qui évolue en l’absence
de l’Ag. C’est la phase du développement des cellules B indépendante de l’Ag. A la sortie
de la MO, les cellules B expriment une mIgM ou mIgD de spécificité antigénique unique.
Ces cellules B naïves circulent dans le sang et la lymphe pour aboutir aux organes
lymphoïdes secondaires. L’activation des B par l’Ag induit une prolifération clonale et une
différenciation en sécrétrices d’anticorps et cellules B mémoires.

I- Maturation des cellules B

Le développement des cellules B apparaît tout d’abord dans l’embryon dans le


sac vitellin et le foie fœtal puis continu tout le long de la vie dans la moelle osseuse.
Les souches lymphoïdes se différencient en une première cellule possédant les
caractéristiques de la lignée B, la cellule progénitrice B (pro-B), qui exprime une tyrosine
phosphatase transmembranaire appelée CD45R. Les cellules pro-B prolifèrent dans la
MO. La prolifération et la différenciation des cellules pro-B en précurseurs des cellules
B (pré-B) nécessitent un microenvironnement fourni par les cellules stromales de la MO.
Les cellules stromales jouent deux rôles : elles entrent directement en interaction avec
les cellules pro-B et les cellules pré-B et sécrètent diverses cytokines, en particulier
l’IL-7 qui favorise le processus de prolifération.

I 1 Les cellules B dans la moelle osseuse

L’interaction des pro-B avec les cellules stromales est médiée par des
molécules d’adhésions, VLA-4 à la surface des pro-B et son ligand VCAM-1, à la surface
des cellules stromales. Après le premier contact, un récepteur de surface de la pro-B
appelé c-Kit, entre en contact avec une molécule de la surface de la cellule stromale,
appelé facteur de croissance des cellules souches (SCF, steam-cell-factor). Cette
interaction active le c-Kit, qui est une tyrosine kinase, et la cellule pro-B commence à se
diviser et à se différencier en cellule pré-B, puis elle commence à exprimer un récepteur
de l’IL-7. L’IL-7 secrétée par les cellules stromales active le processus de maturation,
qui conduit à une régulation négative de l’expression des molécules d’adhésion sur les
cellules pré-

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B afin de détacher les cellules proliférantes des cellules stromales. A ce stade les
cellules pré-B n’ont plus besoin des cellules stromales, mais elles ont besoin de l’IL-7
pour leur croissance et leur maturation.

I-2 Réarrangement des gènes


La maturation des lymphocytes B dépend des réarrangements du DNA des Ig
dans les cellules souches hématopoïétiques. Au stade pro-B, le premier réarrangement
d’un gène est celui de la chaîne lourde DH et d’un gène JH, suivi de celui d’un
réarrangement d’un gène V H et d’un gène DHJH. Le réarrangement DHVHJH détermine la
fin de réarrangement des cellules pré-B. La continuation du développement d’une cellule
pré-B en cellule B immature nécessite un réarrangement des chaînes légères. Un seul
isotype de chaîne légère est exprimé sur la membrane de la cellule B en raison de
l’exclusion allélique. La fin du réarrangement des cellules B immatures est déterminée
par l’expression des chaînes lourdes (VDJ) et légères (VJ) composant les IgM
membranaires. La maturation des cellules B conduit à la coexpression de l’IgD et l’IgM
membranaires. Cette maturation implique un changement dans la transcription du RNA
pour permettre la production de deux mRNA, l’un codant la forme membranaire de la
chaîne μ et l’autre celle de la chaîne δ. Les cellules B exprimant l’IgM et l’IgD
membranaires sont exportées vers les organes lymphoïdes périphériques où l’expression
des Ig D membranaire augmente.

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I-3 Marqueurs des cellules pré-B


La progression du développement d’une cellule B progénitrice à une cellule B
mature est caractérisée par un changement du profil des marqueurs de surface. Au
stade pro-B, les cellules expriment seulement le CD45R qui est une tyrosine protéine
phosphatase présente dans les leucocytes ainsi que les molécules de transduction du
signal Ig-α et Ig-β en association avec les formes membranaires de l’anticorps. Les
cellules pro-B expriment aussi CD19 (une partie du co-récepteur des cellules B), le CD43
(la leuco-sialine) et le CD24 (HSA, antigène thermostable heat-stable-antgen). Au stade
pré-B, les cellules cessent d’exprimer le c-Kit et le CD43 et elles commencent à exprimer
le CD25 qui est la chaîne α du récepteur de l’IL-2. L’expression du récepteur des cellules
pré-B (pré-BCR) IgD et IgM et la perte d’expression du CD25 est une caractéristique
du stade pré-B.

I-4 Sélection des cellules B


On estime que la MO produit 5X107 /jour, mais seulement 10% sont recrutées
dans la circulation sanguine. Une partie de cette perte est attribuée à une sélection
négative suivie d’une élimination des cellules B immatures qui expriment des auto-
anticorps contre le Ag du soi.

II- Activation et prolifération des cellules B

L’activation, la prolifération et la différenciation des cellules B s’effectuent à la


périphérie en présence d’un antigène. L’activation déclenchée par l’Ag et la sélection
clonale des cellules B naïves provoquent la différenciation des plasmocytes et des
cellules B à mémoire. En l’absence de stimulation par l’Ag, les cellules B ont une durée de
vie courte et meurent en quelques semaines par apoptose.

II-1 Nature des antigènes

En fonction de la nature de l’Ag, l’activation des cellules B se fait selon deux voies :
-La réponse des cellules B aux antigènes thymodépendants (TD): nécessite un contact
direct avec les cellules TH.
- Les antigènes qui peuvent activer les cellules B en l’absence des cellules T, connus sous
le nom d’antigènes thymo-indépendants (TI). Les antigènes TI sont divisés en deux
groupes, type1 et type 2, qui activent les cellules B de manière différente : LPS sont de
type 1 et les séquences répétitives (protéines polymériques tel que les flagellines des
bactéries et des polysaccharides répétitives des parois bactériennes sont de type 2.
Les TI 1 sont activateurs polyclonaux, capable d’activer les cellules B mature et
immature indépendamment de la spécificité antigénique.
Les TI 2 activent seulement les cellules B matures en établissant des liaisons croisées
au sein des récepteurs mIgM.
La réponse humorale aux deux types d’antigènes est différente : La réponse aux Ag TI
est généralement faible, les cellules à mémoire ne sont pas formées et l’IgM est
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l’anticorps sécrété prédominant, ce qui reflète un faible niveau de commutation de


classe. Ce qui explique le rôle important des cellules Th dans la création des cellules à
mémoire et dans la commutation isotypique.

II-2 Voies de signalisation

Les mIg ont des extrémités intracellulaires très courtes, incapables de créer un
signal avec les molécules de signalisation (tyrosine kinase ou protéine G). L’mIg (Ig
fixatrice du ligand) est associé à deux hétérodimères (Ig α et Ig β) transducteur du
signal pour former un BCR unique et conduisant à des changements de l’expression de
gènes spécifiques. Les queues cytoplasmiques de Ig α et Ig β contiennent également
des résidus d’acides aminés permettant
l’activation des immunorécepteurs par une tyrosine appelés ITAM
(immUNoreceptor tyrosine base activation motif).
L’activation des cellules B et cellules T ont de nombreux caractères communs cad la
compartimentation des fonctions dans les sous-unités du récepteur, l’activation par des
tyrosines protéines kinases (PTK) membranaires, l’activation des déphosphorylation par
le CD45, l’assemblage de complexes de signalisation dotés d’une activité tyrosine
protéine kinase et le recrutement de plusieurs voies de transduction.
Après établissement de liaisons croisées (pontage) du BCR avec l’antigène, incluent :
- L’activation par la PTK : Les PTK Src, Lck dans les cellules T et Lyn pour les cellules
B, effectuent des phosphorylations lors des phases initiales de la transduction du
signal, essentielles à la formation d’un complexe de signalisation fonctionnel.

- La déphosphorylation des PTK Src par le CD45, tyrosine phosphatase qui effectue
d’importantes fonctions d’élimination d’un phosphate inhibiteur d’une tyrosine des
régions C-terminales de Lck, Lyn et d’autres PTK.

- L’assemblage d’un gros complexe de signalisation doué d’activité PTK : les


tyrosines phosphorylées par ITAM du BCR et du TCR fournissent des sites
d’arrimage pour les molécules qui dotent ces récepteurs d’une activité PTK, ZAP-
70 dans les cellules T et Syk dans les cellules B.

- Les signaux venant du BCR et TCR conduisent à la production des seconds


messagers IP3 et DAG. L’IP3 provoque la libération du Ca++ de ses sites
d’accumulation intracellulaire. Le DAG active le PTK. Une troisième voies de
signalisation importante, la voie Ras, est elle aussi activée par les signaux reçus
par l’intermédiaire du TCR ou du BCR.

- Le changement dans l’expression des gènes permet la création de facteurs de


transcription de gènes actifs qui stimulent ou inhibent la transcription de gènes
spécifiques dans le noyau.

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Figure : Voie de signalisation des lymphocytes B

II-3 Complexe corécepteur des cellules B


Un composant de la membrane cellulaire appelé corécepteur des cellules B, fournit des
signaux qui modifient la stimulation. Le corécepteur des cellules B est un complexe de
trois protéines : CD19, le CR2 (CD21) et le TAPA-1 (CD81). Le CD19 (superfamille des
Ig) a une longue queue cytoplasmique et trois domaines extracellulaires. Le composant
CD21 est un récepteur du C3d, produit de dégradation du complément. Le TAPA-1 est
une protéine transmembranaire. En plus du corécepteur de stimulation, une autre
molécule, le CD22, associé au récepteur des cellules B, délivre un signal négatif qui rend
les cellules plus difficiles à activer. Le composant CD21 se lie à l’Ag uni au complément
qui a été capté par la mIg, établissant ainsi une liaison entre corécepteur et BCR et une
interaction entre CD19 et BCR. Le CD19 constituent un substrat majeur de l’activité de
la PTK. La phosphorylation du CD19 lui permet de fixer plusieurs molécules de
signalisation (Lyn). L’apport de ces molécules de signalisation au complexe BCR contribue
à l’activation du processus et le complexe corécepteur sert à amplifier le signal
d’activation transmis par le BCR. Sans corécepteur lié au BCR, l’activation des cellules B
nécessitent plus d’expression de mIg (dans un système expérimental in vitro, 104au lieu
de 102).

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Figure : Le complexe corécepteur récepteur des lymphocytes B

II-4 Implication des cellules TH dans l’activation des cellules B


L’interaction avec les molécules des cellules TH est nécessaire pour l’activation des
cellules B. Après liaison de l’Ag par les mIg des cellules B, l’Ag est internalisé par
endocytose médiée par un récepteur, puis apprêté en peptides dans la voie endocytaire.
La liaison de l’Ag initie aussi un signal venant du BCR qui induit la cellule B à réguler
positivement l’expression de nombreuses molécules membranaires (CMH, B7) et à la
présentation des peptides antigéniques associés aux molécules du CMH aux cellules TH.
Les deux cellules entrent en interaction pour former un conjuqué T-B. Les cellules TH
réorganisent leur appareil de Golgi et leur centre organisateur des microtubules vers la
jonction avec la cellule
B. L’organisation de l’appareil de Golgi pourrait faciliter la libération de cytokines en
direction de la cellule B spécifique de l’Ag. La formation du conjuqué conduit également
à la régulation positive de l’expression du CD40L qui entre en interaction avec le CD40
des cellules B pour fournir un signal essentiel à l’activation des cellules B dépendantes
des cellules T.
Les cellules B naïves expriment le CD40 qui appartient à la famille des facteurs de
nécrose (TNF) et des cytokines solubles qui régulent la prolifération cellulaire par
apoptose. L’interaction du CD40L et du CD40 délivre un signal 2 à la surface des cellules
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21

B en association avec le signal 1 crée par les liaisons croisées entre les mIg.
Ces signaux amènent la cellule B en G1. Les signaux du CD40 sont transmis par de
nombreuses voies de signalisation intracellulaire. La liaison du CD40 est suivie de
l’activation de tyrosine kinase telles que Lyn et Syk et à l’activation de la phopholipase
C et à la création Les signaux venant du BCR conduisent à la production des seconds
messagers IP3 et DAG. L’IP3 provoque la libération du Ca++ de ses sites d’accumulation
intracellulaire. Le DAG active le PTK. Une troisième voies de signalisation importante, la
voie Ras, est elle aussi activée par

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les signaux reçus par l’intermédiaire de seconds messagers IP 3 et DAG ainsi qu’à
l’activation de nombreux facteurs de transcription (NF-κB) intracellulaire.

Figure : Coopération cellulaire CPA-lymphocyte T II-5 Signaux transmis par les


cytokines

Les cellules B stimulées par les protéines membranaires des cellules TH activées sont
capables de proliférer mais ne peuvent pas se différencier sans la présence des
cytokines. Une fois activée, la cellule B commence à exprimer des récepteurs
membranaires de plusieurs cytokines, telles que l’IL-2, l’IL-4, l’IL-5, ou d’autres
cytokines. Ces récepteurs se lient ensuite aux cytokines produites par la cellule TH qui
entre en interaction. Les signaux produits par ces interactions cytokine- récepteur
favorisent la prolifération des cellules B et peuvent induire la différenciation en
plasmocytes et de cellules B à mémoire, la commutation de classe et la maturation de
l’affinité.

III- La réponse humorale

La cinétique et les caractéristiques de la réponse humorale diffèrent suivant qu’elles


résultent de l’activation des lymphocytes naïfs (réponse primaire) ou des lymphocytes à
mémoire (réponse secondaire). Dans les deux cas, l’activation conduit à la production
d’anticorps sécrétés de divers isotypes qui diffèrent dans la capacité à médier des
fonctions effectrices spécifiques.
La cinétique de la réponse primaire, mesurée par le taux d’anticorps sérique, dépend de
la nature de l’antigène, de la voie d’administration, de la présence ou l’absence d’un
adjuvant et de l’espèce ou de la souche immunisées. La réponse primaire est caractérisée
par une phase de latence au cours de laquelle les

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cellules B naïves subissent une sélection clonale, une expansion clonale et une
différenciation en cellules à mémoire ou en plasmocytes. La phase de latence (variable
en fonction de l’Ag) est suivie d’une augmentation du taux d’anticorps sérique qui atteint
un pic, reste en plateau pendant un temps variable puis diminue.
Au cours de la réponse humorale primaire, l’IgM est tout d’abord sécrétée ; elle est
souvent suivie d’une commutation vers une proportion croissante d’IgG. En fonction de
la persistance de l’Ag, une réponse primaire peut s’étendre sur des périodes variables,
de quelques jours à quelques semaines. Les cellules B à mémoire formées lors d’une
réponse primaire arrêtent de se diviser et entrer en phase G0 du cycle cellulaire. La
capacité à développer une réponse secondaire dépend de l’existence de cellules T à
mémoire. La réponse secondaire est plus rapide ; elle atteint une plus grande intensité
et dure plus longtemps. La réponse secondaire est caractérisée par la sécrétion d’un Ac
d’une plus grande affinité pour l’Ag et des isotypes autres que l’IgM.
La création d’une réponse humorale à un Ag a essentiellement lieu dans les ganglions
lymphatiques périphériques. Dans une à deux semaines qui suivent l’exposition à un Ag
TD, des follicules secondaires se forment, constitués de quelques couches de cellules
entourant un centre germinatif. Une intense prolifération des cellules B activées a lieu
dans la zone sombre des centres germinatifs. Environ 90% des centrocytes subissent
une mort par apoptose dans la zone claire. Les centrocytes restants qui expriment uns
mIg de haute affinité, entrent en interaction avec l’Ag lié aux cellules dendritiques
folliculaires et subissent une différenciation dans la partie apicale de la zone claire,
créant des cellules B à mémoire et des plasmoblastes. Ces derniers se développent en
plamocytes sécréteurs d’anticorps.

III-1 Commutation de classe

Les anticorps effectuent deux importantes activités : La liaison spécifique à un antigène,


qui est déterminée par les domaines VH et VL, et la participation à diverses fonctions
biologiques effectrices qui sont déterminées par l’isotype du domaine constant de la
chaîne lourde. La commutation de classe permet à un domaine, VH donné de s’associer à
la région constante de n’importe quel isotype. Ceci permet de préserver la spécificité de
l’anticorps et modifier les activités effectrices. Les cytokines interviennent dans le
choix de la classe de l’Ig. La fixation des cytokines de prolifération (IL-2, IL-4, IL-5)
qui sont libérés par les cellules TH activées fournit le signal de progression nécessaire
à la prolifération des cellules B activées. Les cytokines Il-2, IL-4, IL-5, IFNγ, TGFβ
interviennent dans la différenciation des cellules B. La commutation de classe en réponse
aux Ag thymodépendants nécessite aussi l’interaction CD40-CD40L.

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III-2 Création des plasmocytes et des cellules à mémoire

Les cellules B se différencient en plasmocytes et cellules à mémoire dans la zone claire.


Les plasmocytes n’ont pas d’Ig membranaires détectables, ils synthétisent des taux
élevés d’Ac sécrétés. La différenciation des cellules B matures en plamocytes nécessite
une modification de la maturation du RNA, pour l’expression des chaînes lourdes des Ac
différents des Ac membranaires.
Des cellules à mémoires sont crées à partir des centrocytes de haute affinité
sélectionnés dans la zone claire des centres germinatifs. Les cellules B et à mémoire
présentent les mêmes marqueurs membranaires à l’exception des mIg. Les cellules naïves
n’expriment que l’Ig M et IgD. Les cellules à mémoire expriment des isotypes des IgD
réduit et supplémentaires, IgG, IgA et IgE.

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24

Régulation de la réponse immunitaire effectrice

Le développement de l’immunité ou de la tolérance impliquent une connaissance


spécifique de l’antigène par les cellules T ou des cellules B réactives vis-à-vis de l’Ag,
nécessite une régulation précise pour éviter des conséquences graves. Les cytokines
jouent un rôle important dans la régulation de la réaction immunitaire

IV-1 Régulation médiée par l’antigène

Une rencontre antérieure avec un antigène peut rendre l’animal soit tolérant à l’antigène
soit se traduire par la formation de cellules à mémoire. Dans certains cas, la présence
d’un Ag compétitif peut réguler la RI à un autre Ag. Cette compétition antigénique a été
montrée expérimentalement ; ex : la réponse aux globules rouges de cheval est réduite
par une immunisation antérieure par le GR de mouton. Les bases moléculaires et
cellulaires de cette compétition ne sont pas connues.

IV-2 Suppression médiée par un anticorps

L’anticorps peut exercer une rétro-inhibition par sa propre production. Lorsqu’un animal
est immunisé avec un antigène spécifique et qu’il lui est injecté un anticorps dirigé contre
l’anticorps juste avant l’administration de l’antigène, la réponse immunitaire à l’antigène
est réduite au de 100 fois. L’anticorps administré passivement entre en compétition pour
l’antigène avec les cellules B réactives de ce dernier, ce qui provoque une inhibition
de l’expansion clonale.
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Certains vaccins (ex : la rougeole ou les oreillons) ne sont administrés aux enfants avant
l’age d’un an. Le taux d’IgG maternels acquis naturellement par le fœtus reste élevé
pendant 6 mois après naissance. La vaccination de l’enfant pendant ce délai provoque une
réponse humorale faible et la production de cellules à mémoire sera incapable de
conférer une immunité de longue durée.

SYNTHESE DES ANTICORPS ET LEUR DIVERSITE

I- Structure et fonction des immunoglobulines

Le profil chromatographique des protéines sériques permet de distinguer 3 pics


essentiels non albuminiques, α, β et γ. Les IgG constitue la classe la plus importante des
Ig et se retrouve essentiellement dans la fraction γ globuline. Ce sont des glycoprotéines
constituées de 4 chaînes polypeptidiques (H-L)2 (deux chaînes lourdes identiques et deux
légères identiques). Toutes les différences de spécificité présentée par les différents
Ac peuvent être rapportées à ces différences dans la séquence des amino-acides des
régions V à l’intérieur de zones appelées régions de complémentarité (CDR,
complementarity determining region) qui constituent le site de liaison à l’Ag de la
molécule d’Ac. Les chaînes κ λ constituent les chaînes légères ayant des séquences de
base légèrement différentes.
Les chaînes lourdes μ, δ, γ, ε et α présentant une grande variation dans les séquences.
Chacune de ces différentes chaînes lourdes est appelée isotype IgM (μ), IgG (γ), IgA
(α), IgD (δ) et IgE (ε). Les chaînes légères contiennent un domaine variable (VL) et un
domaine constant (CL) ; les chaînes lourdes ont un domaine variable (V L) et trois ou
quatre domaines constants (CH1, CH2, CH3 et CH4) selon la classe de l’anticorps. La
variabilité de la séquence est concentrée dans plusieurs régions hypervariables. Les
régions hypervariables appelées régions de complémentarité forment le site de liaison à
l’antigène de la molécule d’anticorps (CDR).
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I-1-Fonctions effectrices activées par les immunoglobulines

Les anticorps reconnaissent l’antigène et induisent des réponses effectrices pour


éliminer l’antigène et tuer le pathogène. Les régions variables d’un anticorps sont les
agents liaison à l’antigène et la région constante de la chaîne lourde (CH) est responsable
des interactions synergiques avec d’autres protéines, cellules ou tissus dont résultent
les fonctions effectrices de la réponse humorale.

-Opsonisation : permet de faciliter la phagocytose des Ag par les macrophages et


les neutrophiles. Des récepteurs membranaires du fragment Fc (FcR) capables de se lier
à la région constante des molécules de la plupart des sous-classes d’IgG. La liaison
simultanée des Fc de différentes molécules d’Ac complexées à une cible (cellules
bactériennes) produit un signal de transduction qui conduit à la phagocytose de complexe
antigène-anticorps. A l’intérieur du phagocyte, le pathogène devient la cible du processus
de digestion enzymatique et de réaction oxydative pour éliminer le pathogène.

Activation du complément : les IgM et les IgG peuvent activer les fragments du
complément. Le fragment C3b se lie de façon non spécifique aux complexes cellule-
anticorps ou antigène-anticorps prés du site d’activation. La fixation aux macrophages
du C3b adhérant conduit à la phagocytose des cellules. La liaison du complexe Ag-Ac
aux récepteurs du C3b d’une cellule rouge du sang permet aux érythrocytes d’amener
ces complexes au foie ou à la rate, où des macrophages résidants les éliminent sans
détruire la GR.

Cytotoxicité à médiation cellulaire dépendante des anticorps (ADCC) : La liaison d’un


anticorps fixé à des cellules cible (cellule de l’hôte infectées par des virus) aux
récepteurs du Fc des cellules NK peut provoquer la mort de la cellule. Ce processus est
appelé ADCC (antibody-dependent cell mediated cytotoxicity), la cellule NK provoque la
mort par apoptose de la cellule cible. L’apport de l’anticorps aux surfaces des muqueuses
des tractus respiratoire, gastro- intestinal et génito-urinaire ou au lait, nécessite le
passage de l’Ig à travers les couches épithéliales. La capacité à être transportée dépend
des propriétés de la région constante. Chez l’homme et la souris, l’Ig A est le principal
type d’Ac capable de subir une transcytose. Le transfert de l’IgG de la mère au fœtus
est une forme d’immunité passive permettant la protection du fœtus.

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II- Organisation et expression des gènes des immunoglobulines

Dans le DNA de la lignée germinale, de multiples segments géniques codent des parties
d’une même chaîne lourde ou d’une même chaîne légère d’Ig. Ces segments géniques sont
présents dans les cellules germinales, mais ne peuvent pas être transcrits et traduits en
chaînes lourdes ou légères avant qu’ils n’aient été réarrangés (recombinés) en gènes
fonctionnels. Au cours de la maturation des cellules B dans la moelle osseuse, certains
de ces segments géniques sont de créer 1010 combinaisons.

II-1 Organisation multigénique des gènes des Ig


Les chaînes κ et λ et les chaînes lourdes des Ig sont codées par trois familles
multigéniques distinctes localisées sur des chromosomes différents. Dans le DNA de la
lignée germinale, chaque famille multigénique contient de nombreux segments géniques.
Les segments géniques de la région variable sont désignés V et J dans le DNA des
chaînes légères V, D, J dans le DNA des chaînes lourdes. De multiples segments géniques
de la région constante (C) sont aussi présents.
La conservation des fonctions effectrices biologiquement importantes des molécules
d’anticorps est maintenue par le nombre limité de gènes de la région constante des
chaînes lourdes. Chez l’homme et chez les souris, les segments géniques sont organisés
séquentiellement dans l’ordre Cμ Cδ Cγ Cε et Cα corrélé à l’expression séquentielle des
classes d’Ig pendant le développement des cellules B et à sa première rencontre avec
l’Ag.

II-2 Jonction enzymatique des segments géniques


Les gènes fonctionnels des chaînes légères et des chaînes lourdes sont créés par
le réarrangement au hasard des segments géniques de la région variable du DNA de la
lignée germinale. Des segments de DNA conservés, appelés séquences signal de
recombinaison, réarrangent chaque segment génique V, D et J et dirigent la jonction
des segments. Chaque signal de recombinaison contient une séquence heptamérique
conservée, une séquence nonamérique conservée assurant une jonction correcte VL-JL ou
VH-DH-JH. Le processus de recombinaison en plusieurs étapes est activé par des enzymes
tels que RAG-1 et RAG-2 (recombinaison–activing genes) et la désoxynucléotidyl
transférase terminale (dans le réarrangement des chaînes lourdes) et des enzymes de
réparation des coupures du double brin.
Le réarrangement des gènes des Ig s’effectue dans un ordre séquentiel, avec les
réarrangements des chaînes lourdes en premier, suivis des chaînes légères. Ces
réarrangements sont régulés de telle façon que le DNA des Ig d’un seul chromosome
parental soit réarrangé pour former un gène fonctionnel de chaîne légère ou de chaîne
lourde. Cette exclusion allélique est nécessaire pour permettre à une cellule B mature
d’exprimer une Ig d’une unique spécificité.

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32

Réarrangement des immunoglobulines :

Le nombre d’antigènes s’élève à 109 – 1010. Notre système immun doit pouvoir faire des
récepteurs pour reconnaître les antigènes et fabriquer des anticorps pour y répondre.
µAu début, on partait sur l’hypothèse de base qu’un gène codait pour une protéine.
Mais il aurait alors fallu 10 9 – 1010 gènes codant uniquement pour les différentes
immunoglobulines. Cette hypothèse a donc été revue : un gène pour plusieurs produits
protéiques.

Pour qu’une immunoglobuline soit fonctionnelle, il faut un réarrangement des gènes


fonctionnel.

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 Mécanisme de recombinaison (ou réarrangement) génique :


 Les chaînes  :
Les gènes se situent sur le chromosome 2.
Une chaîne  est constituée d’une région V et une autre C. Il y a la nécessité de 3
catégories de gènes : C, V et J.

Description avant et après réarrangement


Sur l’ADN, il y a plusieurs gènes impliqués (V, J et C)
- Les gènes V : 150 à 300 gènes différents (dans la région 5’),
- Les gènes J : un peu plus de 5 gènes différents,
- Un seul gène C.
- Les gènes V et J sont séparés par plusieurs centaines de kb.
- Il y a la présence d’une séquence leader (L) devant chaque gène V qui disparaît sur
la dernière étape de maturation de la protéine (protection)
- La chaîne C est codée par le gène C ; la chaîne V est codée par un réarrangement de
V et J.
- Il y a système de « couper–coller » pour donner une nouvelle structure V–J :
- Coupure en 3’ d’un gène V et en 5’ d’un gène J,
- Elimination de la partie entre–deux,
- Association des brins.
Ce mécanisme de réarrangement est aléatoire, mais il est sous le contrôle de
mécanismes moléculaires.

- La Terminal_désoxynucléotidyl_Transférase (TdT) C’est une enzyme capable de


transférer quelques nucléotides au niveau de la région terminale de V et de J.

- L’acétylation des histones peut modifier la structure de la chromatine. Sans


l’acétylation, la recombinase et les protéines de RAG 1 et RAG2 ne pourraient pas
reconnaître les séquences hepta–nonamères.
 Les chaînes  : Les gènes se situent sur le chromosome 22.
- Sur l’ADN, il y a plusieurs gènes impliqués (V, J et C)

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40

le contrôle de mutations somatiques (hypersomatiques) Elles sont plus tardives que


les autres mécanismes.
C’est une spécificité de la lignée des lymphocytes B (environ 1000 mutations par
division cellulaire)
On pense qu’elles ont lieu surtout dans les organes lymphoïdes IIAIRES.
La 1ère chaîne lourde synthétisée est une chaîne lourde  : IgM (=
immunoglobuline membranaire) Parfois, cela peut aussi être une IgD.

Immunoglobuline membranaire
Les IgM et les IgD sont, pour la plupart du temps, fixés. Dans le cas où les IgM sont
sécrétées, elles forment des pentamères.

Les transcrits sont faits avec C et C ou avec C seulement. La sélection se fait ensuite
avec un épissage alternatif. C et C sont sous le contrôle de la même séquence S. Le
fait que C et C soient les 1ers à être synthétisés s’explique par le fait qu’ils soient les
plus proches.

III- Création de la diversité des anticorps

Plusieurs mécanismes participent à la diversité des anticorps créant plus de 10 10


de combinaisons possibles chez les mammifères. Les sources principales de la diversité
des anticorps sont la jonction au hasard des segments géniques multiples V, J et D de la
lignée germinale et l’association au hasard d’une chaîne lourde et d’une chaîne légère
données dans une cellule particulière. Les autres mécanismes qui augmentent la diversité
des anticorps d’une façon significative, mais inconnue sont la flexibilité jonctionnelle,
l’addition P et l’addition N (qui produisent une variabilité dans les séquences des
nucléotides au niveau des jonctions codantes entres les segments géniques), ainsi que la
mutation somatique après la stimulation antigénique.

Après la stimulation des cellules B matures par un antigène, un réarrangement


supplémentaire des segments géniques C des chaînes lourdes peut se produire. Une telle
commutation de classe se traduit par l’expression des diverses classes d’anticorps (IgG,
IgA et IgE) de même spécificité antigénique.
Un épissage différentiel du RNA du transcrit primaire des chaînes lourdes des Ig crée
un anticorps membranaire dans la cellule B matures et un anticorps sécrété dans les
plasmocytes. L’épissage différentiel est aussi responsable de l’expression simultanée de
l’IgM et de l’IgD par des cellules B matures.

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IMMUNITE CELLULAIRE

Introduction

Les effecteurs de la RI humorale sont les anticorps, molécules hautement spécifiques


qui peuvent se lier aux antigènes de la surface cellulaire ou des espaces extracellulaire
pour les neutraliser. Le rôle de l’immunité cellulaire est de détecter et d’éliminer les
cellules qui hébergent les pathogènes intracellulaires, les cellules tumorales et des
cellules qui n’expriment pas les antigènes du soi. Les cellules spécifiques (TCD4+
sécrétrices de cytokines et TCD8+) et non spécifiques (NK) peuvent contribuer à la RI
cellulaire. Les cellules T, NK et les macrophages sont les sources importantes de
cytokines qui régulent la RI. Les deux types d’immunité ne sont pas complètement
indépendants.

I- Cellules T effectrices

Les réponses immunitaires à médiation cellulaire peuvent être divisées en deux


catégories principales selon les différentes populations effectrices. Un groupe contient
les cellules effectrices qui ont une activité cytotoxique directe. Ces effecteurs (cellules
spécifiques, lymphocytes cytotoxiques, cellules non spécifiques ; NK et macrophage)
éliminent les cellules étrangères et les cellules du soi altérées en développant une
réaction cytotoxique qui lyse leur cible.
L’autre groupe est une sous population de cellules TCD4+ effectrices qui médie les
réactions d’hypersensibilité retardée.

I-1 Propriétés des cellules T effectrices

Les trois types de cellules T effectrices, les cellules TH1 et TH2 CD4+ et les CTL CD8+.
Les cellules effectrices expriment les molécules d’adhésion cellulaire et des molécules
effectrices membranaires ou solubles.
Les molécules d’adhésion : Comparativement aux cellules T naïves, les cellules T
effectrices expriment aussi de plus fortes densités de plusieurs molécules d’adhésion
cellulaire, le CD2 et l’intégrine LFA-1, qui se lient, respectivement au LFA-3 et aux ICAM
des cellules CPA et les cellules cibles. Le taux de LFA-1 et CD2 est 2 à 4 fois plus élevé
sur les cellules effectrices que sur les cellules naïves, ce qui permet aux cellules
effectrices de se fixer plus efficacement aux CPA et aux cellules cibles qui expriment
des taux faibles d’ICAM et de LFA-3. La reconnaissance d’un complexe peptide-CMH
par le TCR produit un signal qui augmente l’affinité du LFA-1 pour les ICAM de la
membrane de la CPA ou de la cellule cible, prolongeant l’interaction entre les cellules.
Les cellules effectrices TH1 restent liées aux macrophages qui présentent les complexes
peptide- molécule de classe II du CMH ; les cellules effectrices T H2 restent liées aux
cellules B qui présentent des complexes peptide-molécule de classe II du CMH ; les
cellules effectrices CTL se lient étroitement aux cellules cible infectées par un virus
46
40

qui présentent des complexes peptide-molécule de classe I du CMH. Les cellules T


effectrices et les cellules T naïves circulent vers les divers tissus lymphoïdes. Les
cellules T naïves sont limitées au tissu lymphoïde secondaire, les cellules T effectrices
peuvent entrer dans le tissu lymphoïde secondaire et tertiaire (la peau, les épithéliums
et les muqueuses) et les sites d’inflammation.
Molécules effectrices : les molécules membranaires appartiennent à la famille de
protéines membranaires de TNF et incluent le ligand de Fas (FAS) sur les cellules CTL
CD8+, le TNF-β sur les cellules TH1 et le ligand CD40 sur les cellules TH2. Chaque
population de cellules T effectrices sécrète aussi des profils distincts de molécules
effectrices solubles. Les CTL sécrètent des cytotoxines (perforines et granzymes), et
deux cytokines IFNγ et TNFβ. Chaque molécule membranaire et chaque molécule
secrétée joue un rôle important dans les fonctions effectrices des cellules T. Le ligand
de Fas, les perforines et les granzymes médient la destruction des cellules cibles par
les CTL ; le TNF-β membranaires et l’IFNγ et GM-CSF solubles déclenchent l’activation
des macrophages par la cellule TH1 ; le ligand membranaire de CD40 et l’IL-4, l’IL-5 et
l’IL-6 solubles jouent un rôle dans l’activation de la cellule B par la cellule TH2.

Figure : Induction de la voie TH1 2- Cellules cytotoxiques

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40

Les CTL sont en général CD8+ restreint aux molécules de CMH classe I. Les CTL peuvent
reconnaître et éliminer presque toutes les cellules altérées de l’organisme.
Les cellules Tc naïves sont incapables de tuer les cellules cible ; cellules CTL précurseurs
(CTL-P). Après activation, les CTL se différencient en CTL fonctionnel doué d’une
activité cytotoxique. La création de CTL à partir de CTL-P nécessite trois signaux
successifs :
- Un signal 1 spécifique de l’Ag transmis par le complexe du TCR à la suite de la
reconnaissance d’un complexe peptide-molécule de classe I du CMH.
- Un signal de costimulation transmis par t’interaction du CD28-B7 du CTL-P et de
la cellule CPA.
- Un signal induit par l’interaction de l’IL-2 et du récepteur de l’IL-2 de haute
affinité, conduisant à la prolifération et la différenciation du CTL-P activé par
l’Ag en un CTL effecteur.
Les CTL-P non activés n’expriment ni l’IL-2 ni les récepteurs de l’IL-2, ne prolifèrent
pas et ne présentent pas d’activité cytotoxique. L’activation par l’Ag induit un CTL-P à
commencer à exprimer le récepteur de l’IL-2 et à un moindre degré, l’IL-2, qui est la
principale cytokine nécessaire à la prolifération et à la différenciation des CTL-P activés
en CTL effecteurs. La plupart des CTL-P activés, nécessite de l’IL-2 supplémentaire
produite par la prolifération des cellules TH1 pour proliférer elles-mêmes et se
différencier en CTL effecteurs.

La prolifération et la différenciation des cellules T H1 activées par l’Ag et des CTL-P


dépendent de l’IL-2. Chez les souris knock-out de l’IL-2, il a été montré que l’absence
de cette cytokine abolit la cytotoxicité médiée par les CTL. Après l’élimination de l’Ag,
le taux de l’IL-2 diminue. Cette diminution de l’IL-2 induit les cellules TH1 et les CTL à
subir une mort cellulaire par apoptose. Les interactions des T H1 avec les CTL-P sont mal
connues, cependant, l’IL-2 et la costimulation sont importantes dans la transformation
des CTL-P naïfs en cellules effectrices en présence des cellules TH1. L’interaction des
cellules TH et des CPA peut conduire à la production d’IL-2 par les TH1. L’action paracrine
de cette cytokine sur les CTL-P naïfs voisins dont les TCR sont engagés peut provoquer
la prolifération et la différenciation de ces cellules en CTL actifs. De plus, les TH1
peuvent induire une régulation accrue des molécules de costimulation à la surface des
CPA.

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II-1 La fonction cytotoxique

La formation d’un conjugué CTL-cellule cible conduit dans les minutes qui suivent,
à une étape Ca2++ dépendante, nécessitant de l’énergie, au cours de laquelle le CTL
programme la mort de la cellule cible. Le CTL se dissocie alors de la cellule cible. Dans
une période de temps variable (pouvant aller à quelques heures) faisant suite à la
dissociation du CTL, la cellule cible meurt par apoptose. Le complexe membranaire TCR-
CD3 d’un CTL reconnaît l’Ag associé à des molécules de classe I du CMH de la cellule
cible. Après cette reconnaissance spécifique de l’Ag, le récepteur de l’intégrine LFA-1
de la membrane du CTL se lie aux molécules d’adhésion cellulaire intercellulaire (ICAM)
de la membrane de la cellule cible entraînant la formation du conjugué. Les sacs de Golgi
et les granules de stockage se réorientent à l’intérieur du cytoplasme du CTL pour se
concentrer vers la jonction avec la cellule cible. Les perforines (analogue au fragment
C9 du complément) et les granzymes, des protéases sont libérées des granules par
exocytose dans l’espace de jonction entre les cellules. Lorsque les monomères de
perforine entrent en contact avec la membrane de la cellule cible, ils subissent un
changement conformationnel qui expose un domaine amphipathique qui s’insère dans la
membrane de la cellule cible ; les monomères se polymérisent en présence de Ca2++ pour
former les pores cylindriques. Un grand nombre de pores de perforine sont visible sur
la membrane de la cellule cible dans la région de formation du conjugué. Les pores
facilitent l’entrée des granzymes qui induisent une fragmentation du DNA et l’apoptose
de la cellule cible.
D’autres inducteurs du processus d’apoptose ont été mis en évidence, la cytotoxicité
peut être induite par Fas ; protéine transmembranaire, de la famille des récepteurs du
TNF. Cette protéine peut délivrer un signal de mort lorsqu’elle

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60

effectue des liaisons croisées par l’intermédiaire de son ligand naturel, FasL sur la
cellule cible. L’interaction Fas-FasL provoque l’apoptose.
Les expériences réalisées sur les souris mutantes ont montré que deux mécanismes sont
responsables de l’initiation de toutes les morts apoptotiques des cellules cible médiés
par les CTL :
- L’apport directionnel de protéines cytotoxiques (perforines et granzymes) qui
sont libérées par le CTL et pénètrent dans la cellule cibles.
- L’interaction du ligand membranaire du Fas des CTL et du Fas de la surface des
cellules cibles.
Ces deux événements se traduisent par l’activation d’une voie de signalisation qui se
termine par la mort de la cellule cible en impliquant des enzymes de la famille des
caspases, des cystéine-protéases qui clivent après un acide aspartique.

Figure : Cytotoxicité avec la voie des Perforines/Granzymes

3- Les cellules NK

Les cellules NK sont des cellules lymphoïdes ne se développant pas dans le thymus.
L’établissement détaillé de leur lignée reste à élucider. Elles expriment des molécules
certains marqueurs communs aux monocytes et cellules T, elles expriment également des
marqueurs différents. Parmi les molécules
membranaires exprimées par les NK, figurent Le CD2, le récepteur IL-2, le CD16 (ou
FcγRIII). Contrairement aux lymphocytes B et T, les cellules NK ne subissent pas de
réarrangements de gènes du récepteur.

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3-1 Mécanisme de lyse cellulaire provoquée par les cellules NK

Les cellules NK semblent tuer les cellules tumorales et les cellules infectées par un virus
selon un processus semblable à celui des CTL par formation de pores induite par la
perforine.
L’expression de taux élevés de molécules de classe I du CMH sur les cellules normales
semble protéger ces cellules d’une destruction médiée par les NK. Cette destruction est
régulée par l’équilibre entre les signaux positifs créés par l’engagement de récepteurs
activateurs (le NKR-P1 et d’autres) et des signaux négatifs émis par des récepteurs
d’inhibition (le CD94/NKG2 et la famille des KIR).
Les cellules NK et d’autres types de cellules cytotoxiques non spécifiques (monocytes,
neutrophiles, éosinophiles) peuvent se lier à la région Fc d’un Ac fixé sur des cellules
cible et par la suite libérer des enzymes lytiques, de la perforine ou du TNF, qui
endommagent la membrane des cellules cible. Ce processus, appelé cytotoxicité à
médiation cellulaire dépendante de l’anticorps (ADCC), dirige ainsi des cellules
cytotoxiques non spécifiques vers des cellules cible spécifiques. La libération des
enzymes lytiques, au niveau des zones de contact crées par l’intermédiaire du Fc, peut
se traduire par une lésion de la cellule cible. Les macrophages et les cellules NK
sécrètent le TNF qui peut avoir un effet cytotoxique sur les cellules cibles liées.

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