CAPITAL N° 353 FÉVRIER 2021

Alerte
GiFi LES CONFESSIONS P.6 AUX NOUVEAUX P.86

D’UN PATRON HORS NORMES PLACEMENTS BIDON

N° 353

Capital
Capital
Fév. 2021
4,90 €
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Dossier : les formidables progrès que nous réserve la science

L’ÉCONOMIE

APRÈS
LES VACCINS
CONTRE LE
COVID
SPÉCIAL
INNOVATIONS
Manquera-t-on un jour d’électricité ?

LES FORMIDABLES
PROGRÈS QUE LA SCIENCE
Les confessions du patron hors normes de Gifi

NOUS RÉSERVE P.40

TRANSPORTS • ALIMENTATION
SANTÉ • ENVIRONNEMENT • LOISIRS

LE MARCHÉ FOU DE VA-T-ON

Paris surendetté, mais Hidalgo continue ses folies

L’OCCASION
LES SITES QUI CARTONNENT, P.102
MANQUER
UN JOUR
D’ÉLECTRICITÉ ?
P.12

LES BONNES AFFAIRES, LES ARNAQUES

PARIS S’ENDETTE MAIS HIDALGO CONTINUE SES FOLIES P.34 L 12328 - 353 - F: 4,90 € - RD
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faire de faute de goût quelle que soit l’occasion. Et pour
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sociétés. Mais là où vous excellez en matière de bon
goût, c’est que vous avez l’intelligence de ne pas y laisser
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n° 353 FÉVRIER 2021
13, rue Henri-Barbusse, 92624 Gennevilliers Cedex.
AU PAYS DE PASTEUR...
SOMMAIRE Tél. : 01 73 05 45 45 ou par mail : capital@prismamedia.com ET DU BLABLA
CAPITAL

LES ACTUS CAPITAL

6
9
Interview leader Philippe Ginestet, président fondateur de Gifi.
Le diagnostic «Le Royaume-Uni pourra rebondir.»
12 Va-t-on manquer un jour d’électricité ?
A peine croyable dans la patrie du nucléaire ! De l’aveu même des responsables d’EDF,
D es chercheurs qui cherchent,
on en trouve. Mais des
chercheurs qui trouvent, on
en cherche.» Cette formule
acérée, que l’on prête, probablement
à tort, au général de Gaulle, colle à
notre époque. Absente des nations qui
l’Hexagone n’est plus à l’abri des coupures de courant les jours de grand froid. auront trouvé un remède contre le
Covid, distancée dès les premiers jours
HOMMES ET AFFAIRES de la campagne de vaccination, la
20 Les redressements fiscaux pleuvent sur les patrons et les héritiers France a de quoi se sentir humiliée.
Avec ou sans impôt sur la fortune, les hauts revenus sont toujours traqués par les
services fiscaux. Soit ils transigent, soit ils saisissent les tribunaux. Récit des dernières La patrie de Pasteur, du TGV, du
batailles homériques menées devant les juges. nucléaire, du Minitel et du Concorde
24 Ils ont eu la bonne idée est à la ramasse. Nous engloutissons
Les résidences de coliving d’Amaury Courbon, d’Alexandre Martin et de François Roth notre temps et nos impôts dans des
dépoussièrent le marché du logement. conventions citoyennes à la noix
et des procédures technocratiques
SUCCÈS ET DÉRAPAGES délirantes. Nous formons trop de
28 SUCCÈS Biocoop : le puriste du bio résiste à l’assaut des grandes surfaces sociologues et pas assez d’ingénieurs.
Chasse aux emballages, produits locaux, légumes de saison... le pionnier du bio Trop de philosophes et pas assez de
se comporte autant en militant qu’en commerçant. Mais face au poids grandissant mathématiciens. Nous sommes
de Carrefour et consorts, il est obligé de se montrer moins radical.
devenus le pays du blabla.
34 DÉRAPAGE Paris surendetté, mais Hidalgo continue ses folies Pourtant, on entend déjà les bonnes
La ville de Paris va porter sa dette à plus de 7 milliards d’euros. Soit une hausse de 71%
depuis 2014. On fait une pause ? Pas du tout, la maire poursuit ses grands travaux âmes réclamer de nouvelles créations
malgré leur manque d’utilité. de postes dans la fonction publique
38 SUCCÈS Gautier, le roi du meuble made in France et des réductions du temps de travail.
Le dynamisme industriel des Vendéens fait à nouveau parler de lui. Face à la Mais non, c’est l’inverse qu’il faut faire !
concurrence des meubles à bas coût chinois ou portugais, cette entreprise familiale Notre administration ressemble à
réussit à maintenir sa compétitivité. l’armée française en 1939 : bouffie, mal
équipée, démotivée. On ne sait plus
DOSSIER qui fait quoi entre l’Etat, les collectivités
40 Spécial innovations : les formidables progrès que la science nous réserve

WILLIAM BEAUCARDET POUR CAPITAL

locales, les agences, les commissions,
Antivaccins, anti-Linky, anti-5G… De plus en plus de Français expriment les comités Théodule.
ouvertement leur défiance vis-à-vis des avancées scientifiques ou technologiques.
Pourtant, c’est bien un avenir meilleur que celles-ci nous promettent. Alors, tout est perdu ? Pas forcément.
La lecture de notre dossier sur
ÉCONOMIE les formidables progrès que nous
64 En images réserve la science rend diablement
L’explosion du pop-corn gersois. optimiste. D’abord sur les capacités
72 Alerte! Le cercle vicieux de la déflation nous guette de nos démocraties à rebondir
La crise du Covid-19 va-t-elle nous faire basculer dans cette spirale infernale et à trouver des solutions
qui emporterait notre économie vers le chaos comme en 1929 ? De plus en plus de plus en plus rapidement.
d’économistes le craignent. Ensuite, parmi les inventions
76 En histoire qui se concoctent dans
En 1680, il n’y avait pas encore de porte-avions ! les bureaux de recherche,
78 La leçon d’éco beaucoup sont estampillées
Reset : après la pandémie, quel nouveau monde pour demain ? bleu-blanc-rouge. Nous
80 Révélations Arthur : animateur à succès, businessman à confirmer. avons perdu la première
bataille du Covid, mais nous
CAPITAL PRATIQUE pouvons encore gagner
84 Vos droits les prochaines guerres de
86 Argent et placements l’innovation.
Arnaque aux placements : tous les coups sont permis !
FRANÇOIS GENTHIAL,
92 Carrière et salaires rédacteur en chef
Palmarès exclusif : les 500 meilleurs employeurs de France.
102 Guide Le marché fou de l’occasion (automobiles, smartphones, mode, luxe…).
Et aussi Au sein du magazine figurent sur une sélection d’abonnés
7 encarts régionaux Chridami brochés pages 98-99, 1 encart
118 Document Post-it collé, 1 encart Abo Welcome Pack ADI 2020 et 1 encart
«La mondialisation ne recule pas : elle change de visage.» Entretien avec Lionel Fontagné, Abo - lettre hausse tarifs ADI 2021 jetés.
professeur d’économie à l’université Paris 1 et à l’Ecole d’économie de Paris. Photos couverture : BRUNO LEVY POUR CAPITAL; GETTY
IMAGES/EYEEMKWANCHAI LERTTANAPUNYAPORN ;
142 Le clin d’œil FILOGRAPH/GETTY IMAGES; JACQUES WITT/SIPA

Pour vous abonner, retrouvez nos offres en page 37 FÉVRIER 2021 CAPITAL 5
Le prochain numéro de Capital paraîtra le 25 février 2021.
 B
LES ACTUS
CAPITAL

INT alayeur, vendeur

d’aspirateurs
chez Electrolux,
marchand

ERV ambulant, petit

commerçant à
Villeneuve-sur-
Lot, fondateur

IEW
LEADER
d’une enseigne de 600 magasins,
repreneur de Besson, de Tati,
investisseur dans l’immobilier…
le parcours de Philippe Ginestet
est hors normes. A 66 ans, cet
autodidacte a fait de Gifi un poids
lourd de la distribution. Une
histoire qu’il raconte dans une
autobiographie intitulée «La vie est
une idée de génie» (Ed. Eyrolles).

CAPITAL : Comment avez-vous

traversé cette folle année 2020 ?

1,32
PHILIPPE GINESTET J’ai dû
affronter deux crises en même
MILLIARD temps, celle de la maladie et celle
D'EUROS du confinement. Le jour où je
DE CHIFFRE suis revenu chez moi après une
D'AFFAIRES lourde opération d’un cancer,
j’ai appris que nous devions
fermer. J’ai préféré garder secrète
ma maladie pour ne pas affaiblir
l’entreprise. Ma première
90 MILLIONS préoccupation a été de préserver
DE BÉNÉFICE l’emploi des 6 000 personnes qui
EN 2020 travaillent chez Gifi. Les mesures
du gouvernement, prêts garantis
BRUNO LEVY POUR CAPITAL

RÉSISTANT et chômage partiel, nous ont bien

aidés. Mais, très vite, un problème
En dépit
du Covid, Gifi majeur s’est présenté à nous :
prévoit un les commandes, passées souvent
profit significatif neuf mois à l’avance, ont saturé
en 2020 nos entrepôts. Nous avons bloqué
les conteneurs dans les ports.

«J’attends de mes équipes

Les camions, eux, on ne pouvait
pas les bloquer. J’ai passé des nuits
à me demander si j’allais survivre
à mon cancer et sauver l’entreprise.

qu’elles agissent avec

Et puis je me suis dit que j’avais
toujours su rebondir.
Vous avez alors choisi une mesure
choc en sortie de confinement…
J’ai décidé de tout vendre à – 50%,

le cœur et les tripes»

mais sous forme de bons d’achat.
C’était une façon de dire aux
clients : nous avons besoin de vous,
maintenant, mais aussi demain,
quand vous reviendrez avec
Philippe Ginestet votre bon. Le pari était risqué.
Pendant les deux mois qui ont suivi
Président fondateur de Gifi le confinement, nous avons vendu
deux fois plus de marchandises

6 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

qu’en temps normal et résolu
nos problèmes de stock. Mais
cela a coûté très cher : près de
50 millions d’euros qui ont amputé
notre résultat. Nous devrions
boucler 2020 avec un bénéfice
de 90 millions d’euros au lieu
des 145 millions que l’on espérait
après l’intégration d’une
cinquantaine de magasins Tati.
Avez-vous mieux vécu
le deuxième confinement ?
Pour Gifi, le mois de novembre
est le plus actif de l’année après
celui de Noël. Ce fut donc une
période très complexe à gérer.
Nous avons d’abord fermé tous
les magasins puis nous avons pu les
rouvrir. Du moins les rayons jugés
essentiels, comme l’hygiène ou
l’alimentation animale, c’est-à-dire
seulement 35% de notre offre.
Ce dont je suis le plus fier, c’est
d’avoir réussi à mettre en place
le click & collect sur l’ensemble
de notre assortiment. Au final,
nous avons fait 50% du chiffre
d’affaires normal, dont 25% grâce
au service de retrait en magasin.
Le dossier n’est pas clos. Vous
bataillez avec votre assureur…
Nous avons la chance d’avoir
dans nos contrats une clause
pandémie. Mais les indemnisations
que nous propose notre assureur
sont loin du compte. Le dossier
n’avance pas, il devrait être
nécessaire d’aller au tribunal,
et je le regrette, car cela n’est
pas dans mes usages.
Les magasins Gifi sont gérés
à 65% par des mandataires.
Comment êtes-vous organisés ?
C’est la centrale qui achète et
revend la marchandise, conçoit
le merchandising, fixe les prix.
Et, chaque fois que c’est possible,
nous sommes propriétaires
des murs. Le groupe est d’ailleurs
un des plus grands bailleurs de
surfaces commerciales de France
avec 1,2 million de mètres carrés.
Le mandataire gère de son côté
l’équipe du magasin et reçoit
une redevance en fonction
de ses performances par rapport
à un chiffre d’affaires prévisionnel.
Mais il participe à la sélection
des assortiments et à la politique
commerciale.
Comment choisissez-vous les
marchandises ? D’où viennent-elles ?
Nous achetons à 50% en Asie
et à 50% en Europe. Près d’un
quart de l’assortiment change
chaque année. Soit une centaine de
références par semaine sur 20 000.
Nous analysons de très près la
satisfaction client tant au niveau
du service qu’à celui des produits,
à travers ce que nous avons appelé
la «machine à bisous» : si un article
est mal noté, il sort. Le Web, avec
500 000 visites par jour, nous sert
aussi à les tester.
Vous venez de lancer une étonnante
loterie pour fidéliser les clients,
Gifi Win. Quel en est le principe ?
Au bas de chaque ticket de
caisse, il y a un numéro de loterie.
Il donne la possibilité de gagner
tous les soirs de l’année, sur l’appli
Gifi Win que nous avons lancée,
toutes sortes de lots, dont chaque
jour une voiture aux couleurs
de Gifi. Personne n’avait jamais
imaginé une opération pareille.
C’est une idée de génie pour
fêter les 40 ans de l’entreprise.
Est-ce que Gifi réussit en centre-ville,
notamment à Paris et à Lyon ?
Oui, cela fonctionne très bien. On
a su s’adapter à des surfaces plus
petites, de 300, 400, 1 000 mètres
carrés, quand la taille moyenne est
de 1 700 mètres carrés.
Pouvez-vous encore ouvrir
beaucoup d’adresses ?
En France, nous avons le
potentiel pour monter de 500 à
750 magasins. A quoi s’ajoutent les
85 magasins Trafic en Belgique,
10 Gifi en Espagne et, à terme, une
vingtaine d’autres en Suisse ainsi
que divers projets à l’international.
Vous avez créé un poste de directrice
de la culture. De quoi s’agit-il ?
Pour espérer être suivi, il faut
avant tout en donner l’envie. J’ai
cherché à faire partager ma passion
pour l’entreprise : l’amour du
maillot, la confiance, le don de soi,
le sens de l’écoute, l’excellence.
Notre culture, c’est notre premier
actif. J’attends de mes équipes
qu’elles agissent avec la tête, mais
aussi avec le cœur et les tripes. Et
c’est ma femme Brigitte, autant que
moi et mon fils Alexandre, qui fait
vivre ces valeurs. Dans beaucoup
d’entreprises, les managers
enferment leurs équipes dans des
contraintes contre-productives.
Nous avons édité une charte, avec
neuf «commandements», dont
celui-ci : «Détecte et révèle les talents,
car ton vrai talent de manager est
de trouver celui qui te remplacera.»
Gifi, c’est votre deuxième famille.
Vu de l’extérieur, ça peut parfois
ressembler à une secte…
On m’a déjà dit cela. Mais
quand j’affirme que ma première
préoccupation c’est le bonheur de
mes équipes, je crois qu’ici tout le
monde me croit. La cohésion, nous
y travaillons depuis toujours. Nous
organisons douze semaines de
séminaire par an à Megève (Haute-
Savoie), avec 50 participants à
chaque fois, autour du sport (ski,
VTT, randonnée…), de la fête et de
l’échange. J’y assiste toujours. Et en
août-septembre, nous recevons
l’ensemble de nos responsables de
magasins à Villeneuve-sur-Lot pour
un séminaire et ça se finit par un
spectacle. Gifi est une entreprise
française 100% familiale et, avec
mon fils, la relève est assurée.
Etre basé à Villeneuve-sur-Lot,
n’est-ce pas handicapant ?
J’estime qu’on perd 1,5 point
de rentabilité à cause des coûts
logistiques. Mais c’est mon ancrage.
Je n’ai jamais voulu quitter le Lot-
et-Garonne comme on m’a
plusieurs fois conseillé de le faire.
Et puis, pour recruter, on offre
l’un des plus beaux cadres de vie !
Comment le fils de maquignon
que vous êtes a-t-il-réussi à
créer un groupe de 1,32 milliard
d’euros, et rentable ?
La fatalité n’existe pas. C’est sûre-
ment le concept le plus opportu-
niste qui soit lorsque l’on ne veut pas
prendre en main son destin. Tout
ce que j’ai fait, je l’ai fait à l’instinct,
guidé par mon intuition. J’ai pris des
risques, travaillé beaucoup. Et puis,
savoir qu’on ne sait rien, c’est la
force des autodidactes. C’est comme
cela que vous identifiez les talents
qui vont pouvoir vous aider. C’est
pourquoi j’ai écrit une autobiogra-
phie, pour transmettre ma foi en
l’humain et ma passion de la vie.
Propos recueillis par
CHRISTOPHE DAVID
Février 2021 CAPiTAL 7
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 LES FAITS
MARQUANTS Le diagnostic
LES ACTUS
CAPITAL Ana Boata

SP
Directrice de la recherche
SOUTIEN À L’ÉCONOMIE : LA FRANCE économique chez Euler Hermes.
MOINS VOLONTARISTE QU’ELLE NE LE DIT
Emmanuel Macron a eu beau faire du «quoi qu’il en coûte» un mantra, la France
n’est pas le pays européen le plus généreux depuis le début de la crise. Les aides “LE ROYAUME-UNI
aux entreprises et aux ménages, ainsi que les dépenses supplémentaires de santé,
sont moins élevées qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni. A LES MOYENS DE REBONDIR”
Part des annonces de mesures budgétaires immédiates d’urgence Selon cette experte, l’économie
et de relance par pays, hors mesures de liquidité, de garanties,
et hors stabilisateurs automatiques. en % du PiB. 11,1% britannique va devoir profiter de la période
post-Covid pour se réinventer.
Source : CNP
8,4% 9,1%
7,6% 7,7% CAPITAL : Le Royaume-Uni l’immunité collective dès
a enfin quitté l’UE le cet été et alléger les me-
3,8% 31 décembre dernier. sures sanitaires plus vite
Quelques jours après, Boris que les autres. Mais tout
Johnson annonçait un dépendra de la manière
confinement total jusqu’à dont le gouvernement va
ITALIE FRANCE PAYS-BAS ALLEMAGNE ROYAUME-UNI ESPAGNE la mi-février. Ces chocs continuer à accompagner
vont-ils faire sombrer l’économie. Les subven-
l’économie britannique ? tions ont déjà été éten-
UNION EUROPÉENNE : LA PART DES ÉNERGIES ANA BOATA Il est déjà dues, et elles pourraient
RENOUVELABLES FRÔLE LES 20% certain que le Royaume- l’être encore : personne
Uni va être officiellement ne se pose la question du
L’objectif de 20% d’énergie renouvelable dans l’UE en 2020 sera-t-il atteint malgré la en récession technique déficit tant que la Banque
crise ? Celle-ci représentait 19,7% de la consommation finale brute d’énergie en 2019. (soit deux trimestres d’Angleterre est là pour
Mauvaise nouvelle cependant pour l’Hexagone, qui est encore très loin de son objectif consécutifs de récession, assurer la soutenabilité
de 23% en 2020… Nous sommes d’ailleurs le plus mauvais élève, devant les Pays-Bas.
NDLR) en ce début d’an- de la dette. Sur le long
née, après une fin 2020 terme, le Royaume-Uni
SUÈDE 56,4% déjà difficile à cause du a une forte capacité de
reconfinement de no- rebond, mais il va tout de
DANEMARK 37,2% vembre et de l’attentisme même devoir réinventer
dû à la crainte d’un «hard son secteur financier
ITALIE 18,2% Part d’énergie
renouvelable Brexit». Nous nous atten- et son industrie manu-
dans la
dons à une récession de facturière pour s’adapter
ALLEMAGNE 17,4% consommation
totale d’énergie plus de 5% au premier tri- au monde d’après.
en 2019.
mestre 2021. Mais ce sera Quel va être l’impact
FRANCE 17,2% Source : Eurostat
plus en raison du confine- du Brexit pour nous ?
LUXEMBOURG 7% ment que du Brexit, dont Il devrait être assez
l’impact négatif sera limité pour les exporta-
décalé dans le temps : ses teurs du continent. En ce
effets se feront sentir en qui concerne les services
DÉMOGRAPHIE : LA POPULATION deuxième partie d’année, financiers, les Européens
FRANÇAISE CROÎT MOINS RAPIDEMENT le temps que les nouvelles ont désormais les cartes
mesures se mettent en en main et ils peuvent
Au 1er janvier 2018, la population française s’élevait à 66,73 millions d’habitants. place. Il devrait coûter se montrer très durs : ils
Entre 2013 et 2018, la croissance moyenne annuelle (+ 0,4%) a été cela dit moins entre 14 et 27 milliards ont déjà retiré des équiva-
élevée qu’entre 2008 et 2013 (+ 0,5%). Toutes les régions ont été touchées par
ce ralentissement, à l’exception de la Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la Guyane. d’euros aux exportateurs lences (qui donnent accès
britanniques, ce qui n’est au marché européen,
Taux de variation annuel moyen de la population.
pas négligeable. NDLR) à la Suisse. Quant à
Source : Insee
L’économie pourra-t-elle la France, les conséquen-
2008-2013 2013-2018 tout de même rebondir ? ces à court terme pour les
Oui, il y a de bonnes exportateurs devraient
AUVERGNE-RHÔNE-ALPES + 0,8% + 0,6% raisons d’espérer. Les Bri- être très faibles (1 milliard
tanniques sont en avance d’euros sur un an). Et nous
NOUVELLE-AQUITAINE + 0,6% + 0,5% dans la campagne de vac- pourrions même être
cination contre le Covid : gagnants à moyen terme
ÎLE-DE-FRANCE + 0,5% + 0,4% elle devrait être terminée car Paris fait partie des
FRANCE MÉTROPOLITAINE + 0,5% + 0,4% entre mi-février et
début mars pour les plus
villes les plus attractives
pour le secteur financier.
HAUTS-DE-FRANCE + 0,2% + 0,1% vulnérables. Du coup, Propos recueillis par
ils pourraient atteindre PHILIPPINE ROBERT

Février 2021 CAPiTAL 9

 LES ACTUS
CAPITAL

LETTRE À NOS LECTEURS

Chères lectrices, chers lecteurs,
Capital va bientôt changer de mains. Prisma
Media, le groupe qui édite le mensuel et
son site Web, était détenu depuis l’origine
par le groupe de médias allemand Bertelsmann.
Il appartiendra bientôt au groupe Vivendi,
qui a signé une promesse d’achat en ce sens
le 23 décembre dernier. Comme l’a annoncé
l’acquéreur, ce rachat «offre d’intéressantes
opportunités de collaboration au sein
de Vivendi et de développement pour les
titres de Prisma Media».
Vivendi est un groupe de médias qui détient
Canal+, C8, CNews, Universal Music, Gameloft
(jeux vidéo), Editis (Robert Laffont, Julliard,
Plon…) et l’agence de publicité Havas.
Il est aussi le premier actionnaire du groupe
Lagardère. Vivendi est contrôlé par le groupe
Bolloré, qui est actif dans le transport,
la logistique, le stockage d’énergie…
Autant d’entreprises sur lesquelles Capital
écrit régulièrement de nombreux articles,
alors qu’il n’avait guère l’occasion de parler
de Bertelsmann, dont les seuls autres actifs
en France sont M6 et RTL. Capital espère
continuer à traiter en toute indépendance
l’actualité de ces entreprises, de leurs
dirigeants et de leurs concurrents, comme
il le fait depuis des années.
Jusqu’à présent, Capital a pu mener à
bien ses enquêtes sans interférence de son
actionnaire Bertelsmann. Nous l’en remercions
vivement. Notre direction nous a aussi protégés
de toute pression extérieure. Capital, favorable
à l’économie de marché, n’appartient pour
autant à aucune chapelle, n’est au service
de personne si ce n’est de ses lecteurs.
Nos articles approfondis sur la gestion des
entreprises, des collectivités publiques ou de
l’Etat, nos enquêtes sur les dirigeants, nos tests
comparatifs sur les produits financiers, etc.,
en sont la preuve constante. C’est cette
indépendance éditoriale qui a permis à
Capital d’asseoir sa crédibilité et son
succès, de devenir le premier magazine
économique français et le premier site Web
d’information économique du pays.
Les journalistes de Capital souhaitent
conserver cette liberté éditoriale. Pour cela,
ils ont créé fin décembre une Société des
journalistes, qui rassemble la quasi-totalité
de l’équipe éditoriale. Notre SDJ demande
à son futur actionnaire d’apporter toutes
les garanties nécessaires au maintien de cette
indépendance, dans l’esprit des dispositifs
mis en place au quotidien «Les Echos»
ou à l’hebdomadaire «Challenges». Nous
lui ferons des propositions en ce sens
pendant la période de consultation qui
s’est ouverte courant janvier.
Nous ne manquerons pas de vous tenir
informés à ce sujet.
La Société des journalistes de Capital
https://sdjcapital.wordpress.com

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BAROMÈTRE DE L’ÉCONOMIE
POSITIVE ET DURABLE
Deux Français sur trois pensent que le
développement durable est synonyme de
création d’emplois. A travers la 2e édition
de son baromètre, Business Insider passe
en revue les thèmes qui les préoccupent
et dresse le classement des entreprises
jugées les plus écoresponsables.
A retrouver sur businessinsider.fr/innovation-responsable
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10 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 LA PRESSE
ÉTRANGÈRE
JUGE...
LES ACTUS
CAPITAL
... NOS PERSONNALITÉS
Michel Barnier
(commissaire européen)
64%
D’ARTICLES POSITIFS «Mission accomplie, j’ai pris
ma part», a-t-il dit après avoir, le 24 janvier, signé
le douloureux accord sur le Brexit, qui régira les
relations futures de l’Europe avec le Royaume-Uni.
Les journaux de nos voisins applaudissent ce
Savoyard de 70 ans. Pendant quatre ans à Bruxelles,
il n’a rien lâché jusqu’au dénouement. Ce gaulliste
social, plusieurs fois ministre, entend désormais
peser à nouveau dans la vie politique française.
Méthodologie : Analyse de plus de 2 000 titres de presse du monde entier (hors France) et des tweets non francophones sur
la période mentionnée grâce aux solutions de veille & analyse médias (presse, web et réseaux sociaux) de LexisNexis Business. Information Solutions.
http://bis.lexisnexis.fr @BISlexisnexis
Etude sur la période allant du 1er décembre 2020 au 5 janvier 2021. *Sur 3 mois.
LES CHIFFRES CLÉS DE L’IMMOBILIER AVEC
Des prix variant du simple
au double suivant le massif
Alors que le Jura, aux prix moyens en
hausse de 12% sur un an, s’approche de
la barre des 4 000 euros le mètre carré,
les Pyrénées permettent encore de se loger
au pied des pistes pour deux fois moins
cher (inflation limitée à 3% seulement sur
un an, contre 11% dans les Alpes).
4 647 €/m2 3 892 €/m2
2 096 €/m2 2 019 €/m2
Alpes Jura Vosges
Prix moyen au mètre carré des biens en vente dans les
principaux massifs montagneux, au quatrième trimestre 2020.
... NOTRE
ACTUALITÉ
6 010
PHOTOS : DURSUN AYDEMIR/HANS LUCAS VIA AFP ; ROMUALD MEIGNEUX/SIPA
ARTICLES sur la lenteur de la vaccination
en France. La presse française n’est
pas la seule à faire des comparaisons
européennes. Nos 500 vaccins
la première semaine, face aux
200 000 en Allemagne et au million au
Royaume-Uni, ont fait jaser à l’étranger.
158
ARTICLES en Allemagne sur le limogeage
Jean-Pascal Tricoire de Thomas Tuchel. Intervenu après
une victoire 4-0 contre Strasbourg
(P-DG de Schneider) fin décembre, il a fortement surpris
outre-Rhin. L’entraîneur du PSG, fâché
avec l’état-major du club, avait en outre
donné la veille une interview à la chaîne
allemande Sport1, qui avait déplu.
100%
D’ARTICLES POSITIFS* Entre ses prises de parole sur
l’adaptation de son groupe au défi climatique et sa
bonne gestion de la crise du Covid-19 grâce à la
489
ARTICLES sur la fin du conflit LVMH-
digitalisation, cet ingénieur de 57 ans est salué Tiffany. Le rachat du joaillier américain
partout, de «Fortune» au «Financial Times». Schneider
Electric (équipements électriques, automatismes), a pour 15,8 milliards de dollars, avec une
misé très tôt sur une organisation décentralisée par ristourne de 400 millions, a été très
régions, si bien qu’il réalise 94% de ses 27 milliards commenté aux Etats-Unis. Mais aussi
d’euros de chiffre d’affaires hors de France. le choix de placer Alexandre Arnault
au poste de numéro 2 de la marque.
Une forte inflation malgré Un choix de logements plus étoffé
la fermeture des remontées L’offre de biens disponibles se contracte
Les tarifs ne baissent que dans 20% environ dans la moitié des domaines skiables,
des stations et un quart des domaines répartis à égalité entre Alpes et Pyrénées.
skiables. Ailleurs, l’inflation se poursuit, parfois Elle s’accroît ailleurs, y compris dans des
fortement : dans 18% des stations, la plupart domaines incontournables comme
alpines, la hausse des prix de vente affichés l’Espace Killy (+ 144%), et les Trois-Vallées
égale ou dépasse 15% sur un an. (+ 38%), ce qui pourrait calmer l’inflation.
+ 144%
+ 67% MÉRIBEL Evolution du prix + 71% – 38% – 39%
moyen au mètre
carré dans les
annonces de vente
+ 21% ARTOUSTE de biens dans
les stations de Font-Romeu
montagne, entre Espace Killy Guzet Pyrénées 2000 Les Rousses
Pyrénées AX-LES- – 13% le quatrième
THERMES trimestre 2019 et Evolution de l’offre de biens disponibles à la vente dans
la quatrième les domaines skiables, tous massifs confondus, entre le
LAC BLANC – 39% trimestre 2020. quatrième trimestre 2019 et le quatrième trimestre 2020.
FÉVRIER 2021 CAPITAL 11
 LE FAIT
DU MOIS
LES ACTUS
CAPITAL

51 GW
Novembre
PUISSANCE DISPONIBLE MOYENNE FOURNIE
PAR EDF SUR LES DIX DERNIÈRES ANNÉES

PUISSANCE DISPONIBLE FOURNIE

PAR EDF EN 2020

44 GW
Novembre

VA-T-ON MANQUER
UN JOUR
A peine croyable dans la patrie du nucléaire !
De l’aveu même des responsables d’EDF,
l’Hexagone n’est plus à l’abri des coupures de
courant les jours de grand froid. Voici pourquoi.

D’ÉLECT
PAR THIERRY GADAULT
SMETEK / PHOTONONSTOP

12 CAPITAL févrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 48 GW
Mars

43 GW
Mars

RICITÉ ?
FÉVRIER 2021 CAPITAL 13
 LE FAIT
DU MOIS
LES ACTUS
CAPITAL
D
VA-T-ON MANQUER
UN JOUR
D’ÉLECTRICITÉ ? ans le langage très feutré et
très diplomatique des res-
ponsables d’EDF, on ap-
pelle cela des «délestages».
Mais en bon français, il
s’agit tout simplement de
coupures de courant. Auparavant,
ce genre de pénurie n’affectait que
les pays du tiers-monde, aux infra-
structures défaillantes et à la ges-
tion chaotique. L’électricité pou-
vait s’éteindre à tout moment à
Abidjan, Yaoundé ou Bangui, pas à
Paris ! Mais depuis quelques années,
l’Hexagone ne semble plus à l’abri
de ce genre d’incident. A preuve,
le 8 janvier dernier, RTE (Réseau
de transport d’électricité), la filiale
d’EDF en charge de l’équilibre entre
l’offre et la demande de courant, a
invité les ménages à réduire leur
consommation, afin d’éviter une
mauvaise surprise. Les capacités
de production, de 88 200 mégawatts
ce jour-là, étaient en effet tout juste
suffisantes pour couvrir les besoins
(88 000 mégawatts).
La journée s’est finalement passée
sans encombre, mais la prudence
demeure. «L’hiver 2020-2021 reste
placé sous vigilance particulière,
principalement à cause de la crise
sanitaire, prévient avec franchise
RTE. Si les conditions météorolo-
giques s’avèrent normales, aucune
difficulté ne sera à attendre sur l’ap-
provisionnement en électricité. En
revanche, en cas de vague de froid,
des difficultés pourraient survenir.»
Une manière élégante de nous de-
mander de préparer les bougies…
NOM D’UN PYLÔNE, mais com-
ment a-t-on pu en arriver là ? Dans
un pays qui se targue, qui plus est,
d’être le roi de l’industrie nucléaire ?
La première raison tient justement à
l’état de délabrement de notre parc
atomique. Dans le rapport annuel
«World Nuclear Industry Status Re-
port» de 2020, rédigé par un groupe
d’experts internationaux piloté par
Mycle Schneider, le chapitre consa-
cré à la France est particulièrement
sévère. Il révèle que le nombre de
jours d’indisponibilité de nos 58 ré-
acteurs a explosé en 2019, pour
atteindre 96,2 en moyenne. Cela
représente plus de trois mois de
14 CAPITAL févrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
LE 4 JANVIER DERNIER, 10 RÉACTEURS
NUCLÉAIRES ÉTAIENT À L’ARRÊT
GRAVELINES 3 (900 MW )
Arrêt pour maintenance
PALUEL 2 (1300 MW) CHOOZ 1 (1450 MW)
FLAMANVILLE 1 (1300 MW) Arrêt pour maintenance Arrêt pour maintenance
En cours de reconnexion
FESSENHEIM 1 (900 MW )
et 2 (900 MW )
BELLEVILLE 1 (1300 MW )
Arrêt pour maintenance Arrêt définitif
CHINON 4 (900 MW )
En cours de reconnexion
BUGEY 3 (900 MW ) BUGEY 4 (900 MW )
Arrêt pour maintenance Arrêt pour visite décennale
Source : RTE
fermeture chaque année ! Du coup, niveau d’indisponibilité de nos uni-
le facteur de charge du parc nu- tés de production de courant aura
cléaire tricolore (autrement dit sa été aussi élevé à cette période.
production réelle par rapport à ses Sans doute l’épidémie de Covid,
capacités) ne dépasse pas 68,1%, un qui a désorganisé les opérations de
chiffre extrêmement bas. A titre de maintenance pendant toute l’année
comparaison, d’autres pays, comme 2020, y est-elle pour quelque chose.
les Etats-Unis, affichent des perfor- Mais ce désagrément conjonctu-
mances proches de 90%. rel n’a fait qu’aggraver une situa-
Ainsi, le 4 janvier dernier, à tion déjà problématique. La vérité,
l’heure où la France se remettait au c’est qu’EDF, qui se présente vo-
travail après la période des fêtes de lontiers comme le leader mondial
fin d’année, ce sont sept réacteurs de l’électronucléaire, semble avoir
qui manquaient à l’appel, en plus perdu une bonne partie de ses com-
des deux de la centrale alsacienne pétences pour assurer l’entretien
de Fessenheim définitivement fer- de ses installations dans de bonnes
més l’année dernière, et d’un autre conditions. Les déboires de la vieille
en cours de reconnexion au réseau centrale de Flamanville, inaugu-
et donc pas encore totalement dis- rée en 1986 (à ne pas confondre
ponible, selon les données de RTE. avec le futur EPR), sont peut-être
Sans oublier, bien évidemment, le meilleur symbole de cette incu-
l’ineffable EPR de Flamanville, en rie. La tranche numéro 2 a certes
Normandie, qui devait initialement fini par être reconnectée au réseau
commencer à produire de l’électri- à la mi-décembre 2020 après un ar-
cité en 2012 mais n’entrera pas en rêt de près de deux ans – d’après
service avant 2023, au mieux… un décompte effectué par Mycle
Et l’on n’est pas encore au bout de Schneider, sa remise en production
nos peines, car cette situation va se avait été repoussée… 44 fois ! Mais
détériorer dans les prochaines se- le réacteur 1, lui aussi stoppé de-
maines. «Fin février, 13 réacteurs se- puis deux ans, n’avait toujours pas
ront à l’arrêt à la suite du report des pu être remis en service à l’heure
programmes de maintenance des ré- où nous écrivions ces lignes. Selon
acteurs nucléaires depuis le début de EDF, son raccordement ne pourra
la crise sanitaire», a prévenu dès le pas intervenir avant fin février ou
mois de novembre RTE. Rarement le début mars. Ces interminables
 À La Française des Jeux, ce que nous aimons, c’est voir gagner les gens
Faire gagner vos rêves et vous faire gagner de l’argent
C’est tous les deux jours un nouveau millionnaire*
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Et voir
la France
gagner
La Française des Jeux – RCS Nanterre B315065292 –

* Moyenne calculée au regard du nombre de lots d’un million d’euros ou plus payés entre juillet 2019 et mars 2020, tous jeux FDJ® confondus.

JOUER COMPORTE DES RISQUES : ENDETTEMENT, DÉPENDANCE… APPELEZ LE 09 74 75 13 13 (APPEL NON SURTAXÉ)
 LES ACTUS LE FAIT DU MOIS

Notre système de production n’est

c’est le chauffage au gaz qui a été dé-
veloppé. Certes, au début des an-

pas calibré pour les pics de demande nées 2000, les autorités françaises,
conscientes des risques de tout mi-
ser sur les radiateurs électriques, ont
décidé de favoriser d’autres modes
délais ne sont guère surprenants. avec les quatrièmes visites décen- de chauffage. Mais le mal était fait.
S’exprimant au cours de l’automne nales des 32 réacteurs de 900 mé- Et, contre toute attente, le gouverne-
devant une commission locale d’in- gawattheures, un examen appro- ment d’Emmanuel Macron vient de
formation qui regroupe élus, pou- fondi de plusieurs mois réalisé tous revoir de nouveau la stratégie : dans
voirs publics et associations, le nou- les dix ans et indispensable pour ob- le contexte du changement clima-
veau directeur de cette centrale a tenir le feu vert de l’ASN (Autorité de tique, où chaque pays est appelé à
avoué avoir trouvé à son arrivée sûreté nucléaire) afin de fonction- réduire ses émissions de gaz carbo-
une installation en bien piteux état. ner dix ans de plus. Et avec le vieil- nique, il a décidé que le courant de-
Manifestement, EDF avait oublié lissement accéléré des réacteurs, on vait redevenir la norme dans les fu-
qu’une unité placée en bord de mer peut craindre le pire en matière de tures constructions.
est sujette à la corrosion. Le nombre dépassement de délais. Du coup, en France, la consom-
d’équipements atteints par ce mal a CUISSON mation explose dès que la tempéra-
explosé, obligeant l’opérateur à réa- LA DEUXIÈME RAISON du pos- EAU 6 % USAGES ture diminue. D’autant que les loge-
liser de lourds travaux non prévus. sible manque de courant n’est CHAUDE SPÉCIFIQUES ments équipés de convecteurs sont
On ne peut certes pas dire que qu’indirectement la faute d’EDF : 9 % 26 % souvent des passoires énergétiques.
c’est comme ça partout, mais beau- c’est la conséquence de la politique Pour chaque degré au-dessous de la
coup d’autres réacteurs se trouvent d’encouragement au chauffage température moyenne (qui se situe
eux aussi sur le fil du rasoir, et cela électrique menée par les pouvoirs autour de 5 degrés durant les trois
fragilise considérablement tout publics à partir du milieu des an- CHAUFFAGE mois d’hiver), la demande d’élec-
notre système de production d’élec- nées 1970. Ce système, déployé en 59 % tricité du pays augmente de 2,4 gi-
tricité. Le moindre incident im- masse dans les nouvelles construc- gawatts, l’équivalent de la consom-
prévisible, a fortiori l’épidémie de tions, équipe aujourd’hui un gros Encouragé par mation d’une ville de 2 millions
les pouvoirs
Covid-19, peut en effet se traduire tiers des logements de l’Hexagone. publics pendant d’habitants. Et comme les réseaux
par du retard supplémentaire dans Il s’agit d’une particularité bien fran- des décennies, des pays de l’UE sont interconnectés,
la maintenance et la remise en ligne çaise. Dans les pays scandinaves, le chauffage pèse c’est toute la plaque européenne qui
des centrales. Comme si cela ne suf- où les hivers sont bien plus rigou- aujourd’hui est touchée par l’appétit électrique
fisait pas, on sait déjà que, au cours reux, les convecteurs sont tout bon- d’un poids hors normes des Français. Qu’on en
considérable dans
des dix prochaines années, la charge nement interdits et les habitants se la consommation juge : lors du pic de consommation
de travail de l’électricien dans ses chauffent prioritairement au bois. d’électricité hivernale en Europe, les experts es-
unités atomiques va être alourdie En Allemagne et au Royaume-Uni, des ménages. timent que la moitié est due à la sur-
consommation française. Pas éton-
nant que les techniciens de RTE
LES CENTRALES THERMIQUES FERMÉES FONT gardent les yeux rivés sur les prévi-
sions météorologiques !
CRUELLEMENT DÉFAUT PENDANT LES MOIS D’HIVER Cette très grande thermosensi-
bilité de la France génère un écart
absolument ahurissant entre la
con sommation des mois d’été

10,5%
(30 gigawatts de puissance appelée
sur le réseau en août) et les pics de
7,9% demande hivernaux, qui dépassent
régulièrement les 90 gigawatts. Un
record à 102 gigawatts a même été
enregistré en février 2012. Or – c’est
2009 2019 la troisième explication de la pé-
nurie qui nous guette – notre sys-
La fermeture de certaines de nos centrales tème de production n’est plus du
thermiques, comme ici celle de Porcheville, dans tout conçu pour encaisser des va-
GILLES TARGAT/PHOTO12 VIA AFP

les Yvelines, a certes été une bonne chose pour riations aussi brutales. C’est ce que
l’environnement. Mais elle nous prive de précieuses
capacités de production pendant les mois d’hiver. s’est échiné à clamer Pierre-Franck
Chenet durant tout son mandat à la
tête de l’ASN. A l’époque, alors que
la France s’interrogeait sur sa tran-
Part des centrales au fioul, au
gaz ou au charbon dans la sition énergétique, il avait en tête les
production française d’électricité. conséquences désastreuses qu’un
Source : RTE.
simple incident sur notre parc

16 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 Faire
gagner
vos rêves
La Française des Jeux – RCS Nanterre B315065292. © Julien Soulier –

E T VO I R L A F R ANC E GAG N E R

À La Française des Jeux, nous aimons vous voir gagner.

C’est tous les deux jours un nouveau millionnaire*.
Ce sont de simples projets jusqu’aux rêves les plus fous
qui deviennent enfin possibles. Et notre responsabilité,
c’est de faire en sorte que jouer reste toujours un plaisir.

* Moyenne calculée au regard du nombre de lots d’un million d’euros ou plus payés entre juillet 2019 et mars 2020, tous jeux FDJ® confondus.

JOUER COMPORTE DES RISQUES : ISOLEMENT, ENDETTEMENT… APPELEZ LE 09 74 75 13 13 (APPEL NON SURTAXÉ)
 LES ACTUS LE FAIT DU MOIS
Eoliennes et panneaux solaires sont
inefficaces les jours de grand froid
nucléaire en hiver risquerait de pro-
voquer dans l’Hexagone. Et il plai-
dait, en creux, pour que les centrales
fonctionnant aux énergies carbo-
nées ne soient pas fermées trop ra-
pidement. Du moins, pas avant que
la France ne retrouve de nouvelles
marges de manœuvre. Mais per-
sonne ne l’a écouté.
JUSQU’AU DÉBUT DES ANNÉES
2010, cet édifice précaire a à peu
près tenu. En complément de ses
nombreux barrages (14% de la pro-
duction) et de son parc nucléaire
qui générait alors 75% de l’élec-
tricité du pays – et était largement
surdimensionné pour les besoins
pendant les mois d’été, d’automne
et du printemps –, la France pou-
vait en effet encore compter sur
ses centrales à charbon et à pétrole
pour assurer le complément indis-
pensable les jours de grand froid.
La soudure pouvait aussi être assu-
rée en recourant à des importations
massives d’électricité produite par
les polluantes centrales à charbon
allemandes. Seulement voilà, de-
puis dix ans, la France, comme les
autres pays européens, a pris des
engagements en matière de réduc-
tion des émissions de gaz à effet de
serre pour tenter de combattre le
changement climatique. Les cen-
trales au fioul et au charbon ont été
fermées ou sont en cours de ferme-
ture, chez nous comme chez nos
voisins, et leur absence se fait dé-
sormais cruellement sentir dès que
la température commence à chuter.
Car on ne peut guère compter
sur les énergies renouvelables pour
combler les manques. La France n’a
pas investi assez ces dernières an-
nées dans ce domaine – elle est en
retard sur ses propres plans, plutôt
modestes pourtant. Selon le der-
nier bilan publié par l’office euro-
péen de statistiques Eurostat, la part
de ces énergies dans la consomma-
tion d’électricité nationale s’élevait
à 17,2% en 2019, loin de l’objectif
de 23% que le pays s’était fixé pour
2020. Loin aussi de la moyenne eu-
ropéenne de 19,7%. Et encore,
18 CAPITAL févrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
LA PROCHAINE SCISSION D’EDF
RISQUE D’AGGRAVER LE PROBLÈME
l’essentiel de ces 17,2% provient de
nos ancestrales installations hy-
droélectriques, construites pour la
plupart dans les années 1950-1960.
Alors qu’en Allemagne les éoliennes,
le photovoltaïque et la biomasse gé-
nèrent désormais plus de la moitié
du courant, ces nouvelles sources
d’énergie ne jouent toujours chez
nous qu’un rôle marginal. Il faut Comme si les problèmes de maintenance
dire que, dix ans après l’attribution de ses centrales ne lui suffisaient pas, EDF doit faire
des premiers parcs éoliens offshore face à un autre dossier chaud : son propre démantè-
par le gouvernement de Nicolas lement. Le projet soutenu par le gouvernement, et
Sarkozy, aucune installation n’est, à baptisé Hercule, prévoit une scission en trois parties
ce jour, construite et opérationnelle. de l’entreprise qui croule actuellement sous les
Chez nos voisins européens, en re- dettes : EDF Bleu, 100% publique, pour la produc-
vanche, l’éolien en mer représente tion nucléaire ; EDF Vert pour les réseaux de distribu-
déjà 23 gigawatts de puissance ins-
tallée, et ses performances sont bien
tion (Enedis), la commercialisation et les activités
supérieures à celles des moulins à en concurrence (comme les énergies renouvelables,
ELKO HIRSCH / APJ / HANS LUCAS VIA AFP
vent terrestres, les zéphyrs étant plus dont un tiers du capital serait vendu en Bourse) ;
constants au large qu’à terre. et EDF Azur, filiale de Bleu pour l’hydroélectricité.
Au reste, même si la France les Ce projet aboutirait aussi à la mise en concurrence
avait elle aussi développés à marche de l’hydraulique avec le nucléaire alors que, dans
forcée, les panneaux solaires et les l’actuel système, les barrages viennent en soutien
éoliennes ne nous seraient pas des centrales atomiques. Pour les syndicats, ce
d’une grande utilité contre les pos- projet, qui n’a pas encore reçu l’aval de Bruxelles,
sibles pénuries d’électricité. Tout revient ni plus ni moins à «désintégrer» l’entreprise
simplement parce qu’ils ne sont publique. Avis de tempête sociale en perspective !
pas calibrés pour les grands froids.
En général, les pointes de consom-
mation hivernales se produisent soit
le matin avant 9 heures, soit le soir qu’avec l’EPR de Flamanville, ce
entre 18 et 20 heures, à un moment qui n’est pas gagné. Sans doute les
où le soleil est absent, ce qui ne per- énergies renouvelables, qui finiront
met donc pas de faire fonctionner sans doute par prendre leur place,
les installations photovoltaïques. permettront-elles de répondre à
Et les épisodes de basse tempéra- la demande durant les mois d’été,
ture sont souvent marqués par l’ab- d’automne et de printemps. Mais,
sence de vent, ce qui met aussi les en hiver, on l’a dit, elles ne suffiront
éoliennes au chômage technique. pas à compenser la fermeture des
réacteurs, même arrivées en force.
RESTE UNE DERNIÈRE RAISON D’autant que la politique du tout
pour préparer les lampes de poche : chauffage électrique contribuera
nous allons aussi fermer des cen- encore à accroître la demande pen-
trales nucléaires. La programmation dant cette période.
pluriannuelle de l’énergie, publiée Comment les responsables de la
par le gouvernement en avril 2020, filière comptent-ils résoudre cette
a acté le démantèlement de 14 réac- impossible équation ? A ce jour, per-
teurs d’ici à 2035. Le calendrier pré- sonne n’a la réponse. En attendant
voit bien d’en inaugurer 6 nouveaux, de la trouver, RTE a prévu de publier
mais leur construction ne commen- au cours du printemps des scéna-
cerait pas avant 2024, et ils ne pour- rios d’évolution du système prenant
raient pas être opérationnels avant en compte les fermetures à venir de
2035 pour les deux premiers. Et en- réacteurs. Pas sûr que cela suffise à
core, si EDF arrive à faire mieux rassurer les Français.
 Faire
gagner
l’égalité
La Française des Jeux – RCS Nanterre B315065292. © Julien Soulier –

des chances

ET VOIR LA FR ANCE GAGNER

À La Française des Jeux, nous soutenons les personnes les plus fragiles.
Apprendre à lire, à écrire ou à se former à un métier... C’est parfois ce qu’il manque
pour trouver sa place dans la société. Notre Fondation a engagé plus
de 10 millions d’euros sur trois ans pour accompagner 250 associations,
qui agissent en faveur de l’insertion partout en France.

JOUER COMPORTE DES RISQUES : ISOLEMENT, ENDETTEMENT… APPELEZ LE 09 74 75 13 13 (APPEL NON SURTAXÉ)
 HOMMES ET
AFFAIRES
LES REDRESSEMENTS
FISCAUX PLEUVENT
SUR LES PATRONS
ET LES HÉRITIERS
Avec ou sans impôt sur la fortune, les hauts revenus sont toujours traqués
par les services fiscaux. Soit ils transigent, soit ils saisissent les tribunaux.
Récit des dernières batailles homériques menées devant les juges.
U n journal people l’a classée
dans le top 10 des plus sé-
duisantes milliardaires de
la planète, sur la foi de pho-
tos qui semblent en réalité
celles d’une mannequin
australienne. Les limiers du fisc s’y
sont aussi laissé prendre. En 2011,
au vu des supposées apparitions
glamour de Marie Besnier Beau­
valot, ils ont hâtivement conclu que
celle-ci n’avait pas le profil d’une pré-
sidente de conseil de surveillance.
Et encore moins de présidente d’un
groupe qui fabrique des camemberts
Président (sans «e», notons-le) et des
roqueforts Société.
Tout à leurs préjugés, nos collec-
teurs d’impôts ont surtout considéré
qu’à seulement 20 ans – âge auquel
elle a pris, en 2000, ses fonctions à la
suite du décès de son père Michel
Besnier – Marie n’avait pas la car-
rure pour superviser un groupe de
7 milliards d’euros de chiffre d’af-
faires à l’époque, 20 milliards au-
jourd’hui. Pour faire bonne mesure,
20 CAPITAL févrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
PAR CHRISTOPHE DAVID
la Direction régionale des finances
publiques d’Ile-de-France notait
sournoisement que la jeune pa-
tronne prenait rarement la parole
lors des conseils d’administration,
par ailleurs fort espacés. Bref, qu’elle
était une présidente fictive. Tous
ces considérants ajoutés, l’admi-
nistration a donc estimé que Marie
Besnier ne pouvait ranger sa colos-
sale fortune (près de 25% de Lactalis)
dans la catégorie «bien profession-
nel» afin d’échapper à l’ISF (impôt
sur la fortune). Elle n’y travaillait pas
vraiment. Et surveillait de trop loin
la gestion de son frère Emmanuel
Besnier, le vrai patron. Montant de
la rectification assénée par Bercy :
20 millions d’euros !
Eh bien, le fisc avait presque tout
faux. Après onze ans de procédure,
la benjamine a récupéré presque
l’intégralité de son «fromage» de-
vant la justice. Le 21 septembre
dernier, la cour d’appel de Paris a
fait droit à la plupart de ses argu-
ments, estimant que l’administra-
tion n’avait pas prouvé l’emploi fic-
tif. Sa jeunesse ? «Les compétences
managériales d’une personne ne se
résument pas à un CV», disait-elle.
Aux âmes bien nées… Les comptes
rendus laconiques des séances ? Un
souci de «confidentialité attaché au
groupe Lactalis», plaidait encore la
famille. Enfin, Marie Besnier ne fait
pas que présider. Elle participe aussi
à des conseils stratégiques avec ses
frères coactionnaires, dont la teneur
ne s’ébruite pas hors des murs du
siège de Laval (53). Ce qui ne veut
pas dire qu’elle reste muette. Au fi-
nal, les juges ont limité son redres-
sement fiscal à 3,4 millions d’euros
et aux seules années 2009 et 2010.
La famille Besnier avait en effet né-
gligé un point de droit. Pour reven-
diquer une activité professionnelle
au titre de l’ISF, encore faut-il en ti-
rer la majorité de ses revenus, ce qui
n’était pas le cas ces deux années-là.
«La cour d’appel s’est trompée sur
l’évolution de sa rémunération de
présidente», rétorque son avocat,

LE FISC LUI RÉCLAMAIT
20 MILLIONS, DOUTANT DE LA
RÉALITÉ DE SA FONCTION.
Frédéric Donnedieu de Vabres,
qui va se pourvoir en cassation.
Depuis cette passe d’armes, l’ISF
a été supprimé ainsi que les nom-
breux contentieux qu’il occasion-
nait. Pourtant, la chasse aux fraudes
ou à l’optimisation fiscale menée
par l’Etat est plus que jamais active.
En 2019, le contrôle fiscal lui a rap-
porté 11,33 milliards d’euros, contre
8,6 milliards en 2018 et 9,4 milliards
en 2017. Ce butin est d’autant plus
spectaculaire que la «cellule de dégri-
sement fiscal» mise en place en 2013,
suite à l’affaire HSBC, a été close fin
2017. Elle avait permis de récupérer
au fil des années plus de 9 milliards
d’euros. Peu à peu, l’Etat muscle son
dispositif, au grand dam des plus
riches. La loi de 2018 a ainsi créé un
nouveau service de police fiscale et
supprimé le «verrou de Bercy», qui
permettait aux hauts fonctionnaires
de bloquer une procédure. A cela
s’ajoute le rôle croissant du data mi-
ning, l’analyse informatique des don-
nées. Certes, les transactions fiscales
EN CÉDANT SES ACTIONS MEETIC
À SON PROPRE FONDS, IL
A BEAUCOUP PERDU AU CHANGE.
sont de plus en plus fréquentes. Mais,
bon an mal an, 600 à 800 affaires ar-
rivent devant la justice. Les plus ré-
centes décisions que Capital a pu
consulter montrent que la matière
est inépuisable. Morceaux choisis.
Quand l’américain Match.com a
racheté Meetic en 2011, Marc
Simoncini a gardé 7% du capital.
Commençait alors pour lui une car-
rière d’investisseur, via son fonds
Jaïna Capital. Ce n’est qu’en 2015
qu’il a vendu ce qui lui restait d’ac-
tions dans le site de rencontres, em-
pochant une plus-value (non divul-
guée) de plusieurs millions d’euros.
Problème, ces titres, il ne les détenait
plus en main propre, car, en 2012, il
les avait transférés à Jaïna Capital. Le
pactole était passé de sa poche
gauche à sa poche droite. Et alors ?
Les services fiscaux ont trouvé, eux,
matière à taxation.
Explication. Le taux d’imposition
sur les plus-values de cession de
titres baisse progressivement avec la
PHOTOS : BLONDET ELIOT/ABACA, THAIS-DO-RIO/UNSPLASH - PHOTOMONTAGE CAPITAL
durée de détention. L’Etat distingue
ainsi le spéculateur de l’entrepreneur
qui a sué sang et eau pendant des an-
nées avant de céder ses titres. Le hic,
ici ? Le fisc a taxé en retenant comme
point de départ 2012, option la moins
favorable pour Marc Simoncini.
Là où ce dernier espérait un abat-
tement de 85%, l’Etat n’a raboté la
somme imposable que de 50%.
Ce débat a donné lieu à une bataille
judiciaire homérique, jusqu’au juge-
ment du Conseil d’Etat du 1er juillet
2020 donnant tort à l’entrepreneur.
Ses avocats, du cabinet Bornhauser,
se sont pourtant démenés, entre
questions prioritaires posées au
Conseil constitutionnel et question
préjudicielle à la Cour de justice de
l’Union européenne. En gros, les dé-
fenseurs de Marc Simoncini dénon-
çaient un traitement différent sui-
vant que l’échange d’actions se fait
entre sociétés françaises ou fran-
çaise et européenne. Une inégalité
de traitement qui n’a pas convaincu
les juges. «Cette solution défie non
février 2021 CAPiTAL 21
 GRÂCE À UN HABILE MONTAGE,
LA FAMILLE A ENCAISSÉ DE GROS
LOYERS SANS PAYER D’IMPÔTS.
À 30% SUR SES DIVIDENDES. GRÂCE
seulement le bon sens, mais surtout
la plus simple équité», regrette Marc
Bornhauser, qui a fait un ultime re-
cours au Conseil d’Etat en invoquant
la Convention européenne des droits
de l’homme. Bon courage.
Quand on s’appelle Yves Rocher, on se
doit d’avoir des bureaux HQE . A haute
qualité environnementale. Ceux
que le groupe de cosmétiques bre-
ton a inaugurés en 2014 à Issy-les-
Moulineaux (92) sont aussi HQF : à
haute qualité fiscale. Explication : en
2012, la famille a transféré l’usufruit
des actions de sa SCI, propriétaire des
murs, à une holding également sous
son contrôle, Rocher Participations,
pour 10 millions d’euros. Avantage :
cette société civile translucide (non
soumise à l’impôt sur les sociétés)
a pu encaisser d’avance les loyers
futurs tout en bénéficiant de la fis-
calité des plus-values, totalement
exonérées après vingt-deux ans de
détention (à l’époque). En prime, les
Rocher espéraient s’affranchir d’un
droit d’enregistrement de 5% sur les
cessions de droits sociaux puisque
seul l’usufruit était cédé. Là, le fisc a
dit non et réclamé ses 500 000 euros.
La famille a contesté ce prélèvement
sans succès, la cour d’appel de Paris
22 CAPITAL févrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
LE FISC VOULAIT LE TAXER
À LA CHINE, IL A OBTENU 10%.
l’ayant renvoyé, le 29 juin 2020, à ses
plantes médicinales.
L’avantage fiscal de ce type de
montage s’est fortement réduit de-
puis, car la loi a changé fin 2012. Mais
pas complètement : les loyers ne sont
plus soumis à l’impôt sur le revenu
(jusqu’à 66,2% avec les prélèvements
sociaux et la contribution sur les
hauts revenus), mais sont taxables
entre les mains de l’usufruitier à
l’impôt sur les sociétés (26,5 % et
bientôt 25%). De sacrées économies.
Petit-fils du baron Bich, Geoffroy Bich
s’est installé en 2013 à Shanghai
pour diriger une usine du groupe. Là-
bas, il était exonéré d’impôt sur ses
revenus de dirigeant pour cinq ans,
la Chine, comme bien d’autres pays,
faisant des facilités aux impatriés
pour attirer les talents. Question : à
quelle sauce fiscale Geoffroy Bich
devait-il être soumis pour les divi-
dendes qu’il recevait depuis la France
en tant qu’actionnaire du groupe ?
Le fisc répondait par un prélève-
ment à la source de 30%. Lui reven-
diquait un taux de 10%, en applica-
tion de la convention fiscale entre la
France et l’empire du Milieu. Avec,
à la clé, 540 804 euros d’économie
d’impôts pour lui.
Après avoir échoué en première ins-
tance et en appel, l’héritier Bich a
gagné une bataille devant le Conseil
d’Etat le 9 juin 2020. Le débat d’ex-
perts consistait à savoir ce que re-
couvrait la notion de résident chinois
dans l’accord franco-chinois. Les
premiers juges lui ont dénié ce statut
dès lors qu’il n’était pas en mesure de
démontrer une obligation fiscale illi-
mitée en Chine. Hors sujet, a censuré
le Conseil d’Etat, selon lequel il fal-
lait seulement vérifier son rattache-
ment personnel avec le pays d’ac-
cueil. L’affaire devra être rejugée par
la cour d’appel.
Quand il s’agit de flinguer un ennemi
avec un pistolet automatique, Kenny
Schrub est le meilleur. Ça se passe
dans le monde virtuel, celui des jeux
vidéo, où ce sportif électronique de
25 ans est une star. Depuis 2014, ses
gains en compétition ont atteint plus
de 2 millions d’euros. Lui et son frère
dirigent ainsi une vraie petite mul-
tinationale : chaîne YouTube, pro-
duits vendus à son effigie, édition de
jeux vidéo… Sa feuille d’impôts, elle,
ressemble plutôt à celle d’un cadre
moyen. En France, il n’a déclaré au-
cune activité commerciale depuis
2016. Quant à ses revenus affichés,

LE ROI DU JEU VIDÉO DÉCLARAIT
DE MODESTES REVENUS, LE FISC
A FAIT UNE DESCENTE CHEZ LUI.
ils ne font pas rêver : 48 000 euros par
an versés par une société irlandaise,
Ad C & Co Limited, après prélève-
ment à la source, selon lui. Une so-
ciété boîte aux lettres, pense le fisc,
qui, pour en avoir le cœur net, a fait
une descente au domicile du joueur,
à Divonne-les-Bains (01), en oc-
tobre 2019. La pêche a dû être bonne,
car Kenny Schrub s’est démené
pour faire annuler la procédure et
récupérer les documents saisis. Le
19 novembre 2020, la cour d’appel
d’Aix-en-Provence l’a débouté. Un re-
dressement devrait suivre. De vrais
snipers, ces agents du fisc.
Un sou est un sou.Alain de Mendonça,
cofondateur de Karavel Promo­
vacances, ne dira pas le contraire. En
2014, ses avocats lui ont évité, ainsi
qu’à ses associés, un redressement
fiscal de 12,4 millions d’euros, suite à
une opération de rachat de société.
Les mêmes robes noires ont aussi
contré le fisc, qui trouvait à redire
dans sa déclaration d’ISF. Au final,
99% des sommes que lui réclamait
l’Etat ont été effacées. On sabre le
champagne ? Pas du tout. Quand ses
conseils lui ont présenté leur note
d’honoraires, soit 44 775 euros,
Alain de Mendonça a refusé de
FAUTE D’AVOIR DÉCLARÉ SES
COMPTES EN SUISSE, IL A ÉTÉ
REDRESSÉ DE 91 000 EUROS.
payer, sous prétexte qu’on ne lui avait
pas fourni de tarif horaire. Le bâton-
nier, qu’il avait saisi, l’a renvoyé dans
les cordes. Et le 25 juin 2020, le pre-
mier président de la cour d’appel de
Paris a fait de même. L’histoire ne dit
pas s’il s’est acquitté, en plus de la
note d’avocat, des 7 000 euros de frais
de justice qui lui ont été imputés.
Le fameux fichier HSBC fait encore
parler de lui, onze ans après sa
découverte. La cour d’appel de Paris
s’est prononcée le 28 septembre der-
nier sur le cas de Richard Layani,
patron fondateur de Bruce Field.
Son nom figurait en effet parmi les
quelque 3 000 Français détenteurs
d’un compte non déclaré en Suisse.
Oh, pas pour des montants considé-
rables : 195 114 dollars. Il a été taxé
d’office à 60%, soit 91 013 euros, au
titre des droits de mutation à titre gra-
tuit. Le fabricant de chemises pour
hommes a plaidé qu’on ne pouvait
le redresser sur la base d’un fichier
informatique volé par un employé
de la banque et surtout qui a pu faire
l’objet de «manipulations». Peine
perdue : la cour d’appel a jugé que la
perquisition au domicile de l’infor-
maticien détenteur du fichier était lé-
gale. Et qu’on ne pouvait accuser les
PHOTOS : NICOLAS MARQUES/IP3 PRESS/MAXPPP, RLDCSTOCK - STOCK.ADOBE.COM, BILDBYRAN / ICON SPORT, THE CREATIVE BOX - STOCK.ADOBE.COM - PHOTOMONTAGE CAPITAL
services fiscaux d’avoir fabriqué les
preuves en décryptant simplement
ces données.
Jean Vuarnet, décédé en 2017, ne
brillait pas que sur les pistes de
ski. Il savait aussi slalomer avec
le fisc. Pour échapper à l’impôt,
l’ancien champion avait cédé les
droits de propriété sur sa marque
à une société basée à Tortola, dans
les îles Vierges britanniques, la-
quelle avait elle-même cédé la li-
cence à Y International BV, basée à
Amsterdam. De sorte que le skieur
n’était pas taxé sur les royalties gé-
nérées par sa prestigieuse marque
déclinée en lunettes de soleil et en
vêtements. Un peu fort de café pour
le fisc, vu qu’il décidait de tout. Au
terme d’un marathon judiciaire
commencé en 2013, le Conseil d’Etat
a tranché le 8 juin 2020 (au profit des
héritiers, donc). Il s’agissait de savoir
si les redevances versées à Jean
Vuarnet s’apparentaient à la ré-
munération (taxable) d’un service
rendu de sa part. Eh bien non, es-
time la plus haute juridiction admi-
nistrative. On retrouvera les lunettes
Vuarnet sur le nez de Daniel Craig
dans le prochain «James Bond». «No
Time to Die», c’est le titre du film.
février 2021 CAPiTAL 23
 ILS ONT EU LA
BONNE IDÉE

... ET ON A LE
DROIT DE S’EN
INSPIRER !

Amaury Courbon, Alexandre Martin et François Roth

LEURS RÉSIDENCES DE COLIVING
DÉPOUSSIÈRENT LE MARCHÉ DU LOGEMENT

L es jeunes actifs sont un peu les oubliés du marché de

l’immobilier. Pas assez riches pour trouver un logement
de qualité à prix abordable. Trop aisés pour bénéficier
des APL. Colonies, la start-up créée en 2017 par ces trois
camarades de promo à l’Essec, entend remédier à cette
pénurie grâce à la colocation. «On a tous les trois vécu
une expérience catastrophique pour trouver notre premier lo-
gement», se souvient Alexandre.
La colocation façon Colonies est plutôt douillette. Les cham-
bres de leurs résidences, souvent aménagées dans d’anciennes
maisons de 250 à 350 mètres carrés, comprennent chacune des
et 650 euros en province (charges comprises, dont assurance,
ménage et Wi-Fi), et jusqu’à respectivement 1 600 et 1 090 eu-
ros pour un studio.
Avec 22 résidences déjà ouvertes (Bagnolet, Créteil, Lille,
Marseille, Berlin…) et «zéro impayé», le trio a connu un départ
fulgurant. Douze autres sont en projet, dont un programme
neuf de 310 studios à Orsay (Essonne). Leur business model
explique cette montée en puissance rapide. Colonies intervient
comme opérateur mais n’est pas propriétaire des murs : une
fois le bien trouvé, il s’associe avec un investisseur immobilier
(In’li, Covéa, etc.) à qui il garantit un loyer global. Récemment,
toilettes et une salle d’eau, auxquelles s’ajoute, dans la version Colonies a ainsi signé avec LBO France, qui prévoit de mobi-
studio, une kitchenette. Les espaces communs sont, eux, très liser 150 millions d’euros !
STEPHANE GRANGIER POUR CAPITAL

cosy : vaste salon salle à manger, cuisine moderne, laverie et es-
pace home cinéma. «On prend zéro frais d’entrée, seulement
un mois de garantie, et ce n’est pas réservé aux CDI», résume
Amaury. Comment sont sélectionnés les locataires ? «Au cours
d’un entretien, on vérifie leur motivation et on s’assure que les
personnalités vont bien “matcher”», explique François. Côté
loyer, compter 790 euros pour une chambre en Ile-de-France
Rompus aux arcanes de la finance, Alexandre (ex-Rothschild
& Cie), Amaury (ex-Jaïna, le fonds de Marc Simoncini) et
François (ex-Unibail-Rodamco-Westfield) ont de leur côté déjà
levé 41 millions d’euros et emploient une équipe de 60 per-
sonnes : architectes, chefs de travaux, gestionnaires de rési-
dence ou développeurs. Une future licorne ? «C’est probable»,
répond Alexandre, sans fausse modestie. C. D.

24 CAPITAL févrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club


B. ROUESNÉ ET Y. MATTON
ILS STIMULENT LA VIGNE
GRÂCE À DES LAMPES UV
C’est un prof de l’université
d’Avignon qui a fait cette découverte : en
envoyant des UVC (des ultraviolets filtrés par
l’atmosphère) sur les plantes, on stimule leurs
défenses naturelles. UV Boosting applique
cette technologie, avec la vigne pour principal
débouché. A la clé, moins de fongicides,
ces produits polluants utilisés pour combattre
le mildiou ou l’oïdium. La machine à UV,
assemblée dans les Yvelines, se fixe sur
un tracteur. Elle améliore les rendements, «ce
qui permet de l’amortir», explique Baptiste,
cofondateur de la start-up. Il espère en
vendre une vingtaine cette année et prépare
un autre modèle pour la culture des fraises.
PHOTOS : SP ; THOMAS CLOT ; PEDRO RIBEIRO ; 2018 LEIF CARLSSON, ALL RIGHTS RESERVED
R. BOCCARA ET E. DJELASSI
ILS VOUS LIVRENT DES REPAS
DIÉTÉTIQUES TOUS LES MATINS
C’est en voulant perdre du poids
que ces trentenaires ont eu l’idée de créer
Eatology, un service de livraison de repas
diététiques à domicile. La nouveauté ? «On
est les seuls à livrer des plats frais, cuisinés
par des chefs», répond Emile, qui a lancé
Eatology à Hong Kong (et a perdu 10 kilos),
avant d’attaquer la France en début d’année.
L’abonnement, d’une à trois semaines,
comprend petit déjeuner, déjeuner et dîner,
avec différents programmes (Low carb,
Bien-être, Kéto, Végétarien). Soit 35 euros par
jour environ. En dépit du Covid, Eatology livre
1 250 repas par semaine à Paris et compte
se développer rapidement en franchise.
PAR ANTOINE MARTY ET CHRISTOPHE DAVID
JULIEN BELLENGER
IL A INVENTÉ
LE POST-IT NUMÉRIQUE
Pour planifier des tâches, sur
un chantier, un projet R&D, une ligne de
production, on connaissait les logiciels type
Microsoft Project ou le bon vieux tableau
magnétique. Avec Ubikey, cet ingénieur a créé
son équivalent virtuel, une sorte de mur
à Post-it numériques où chaque personne
concernée (et autorisée) peut intervenir,
qu’elle soit en télétravail ou sur un site éloigné.
«Ce type de planification collaborative permet
d’avoir des gens beaucoup plus impliqués»,
assure Julien, qui s’appuie sur des travaux
de recherche menés par l’UTC de Compiègne
(Oise). ArianeGroup, Plastic Omnium, Sanofi
et Thales font déjà partie des abonnés.
PEDRO RIBEIRO
IL CRÉE VOTRE DOUBLE
GRÂCE À L’IMPRESSION 3D
L’idée vous semblera peut-être
égocentrique : grâce à l’impression 3D,
ce Suisse propose de fabriquer une figurine,
de 10 à 30 centimètres de hauteur, à votre
effigie (ou à celle d’un proche). Pour cela,
Minimoi, c’est le nom de sa société, fait un
scan de votre corps dans une cabine, à partir
duquel l’imprimante peut se mettre en action.
Minimoi propose des rendez-vous dans
des boutiques éphémères à Paris ou dans ses
locaux de Limours (91). Comptez tout de
même 185 euros pour le plus petit format.
La start-up négocie par ailleurs avec le musée
Grévin et le PSG. De Gaulle ou Mbappé
en mini sur son buffet, le rêve !
ASMAA CHAKIR
ELLE FAIT ROULER LES
PIZZAIOLOS EN VÉLO ÉLECTRIQUE
Fini les scooters bruyants des livreurs
de pizzas ou autres plats à domicile ? VelyVelo
rêve de leur substituer des vélos électriques
avec un service clés en main : location
(69 euros hors taxes par mois), maintenance
et remplacement en cas de panne. «On divise
par deux le coût par véhicule», estime la
directrice, Asmaa, une ex d’EY. Sa cible ? Les
gérants des Domino’s Pizza et Pizza Hut, et les
livreurs indépendants de Deliveroo, Uber ou
Just Eat. Pour les convaincre, la start-up a
conçu son propre vélo, robuste et à forte
autonomie. Une flotte de 600 bicyclettes est
déjà en circulation dans plusieurs grandes
villes, qui devrait doubler cette année.
THOMAS SÉCHAUD
SA MACHINE ANTI-COVID
DÉSINFECTE LES MASQUES
En attendant les vaccins, le boîtier
Uvo Care mis au point par T.zic va être bien
utile. De la taille d’un gros grille-pain,
cette petite machine made in France permet
grâce aux UVC de désinfecter de petits objets,
par exemple un smartphone ou un
stéthoscope (en trente secondes), ou encore
un masque (en trois minutes). Cette PME
de Montpellier connaît son sujet : elle
s’occupait déjà de la désinfection de l’eau
des fontaines des camping-cars et des
bateaux. Une centaine d’Ehpad, mais aussi
des hôtels comme le Martinez, pour les clés
magnétiques, et des entreprises (EDF) l’ont
déjà achetée (399 euros).
février 2021 CAPiTAL 25
 TIME TO CHANGE*
NOUVEAU 3008
HYBRIDE RECHARGEABLE

À PARTIR DE 29 G DE CO2/KM**
PEUGEOT i-Cockpit® AVEC SYSTÈME DE VISION DE NUIT***
59 KM D’AUTONOMIE EN 100 % ÉLECTRIQUE

* Il est temps de changer.

(1) Les valeurs de consommation de carburant, d’émissions de CO2 et d’autonomie indiquées sont conformes à la procédure d’essai WLTP sur la base de laquelle sont réceptionnés les
véhicules neufs depuis le 01/09/2018. Cette procédure WLTP remplace le cycle européen de conduite (NEDC) qui était la procédure d’essai utilisée précédemment. Les conditions d’essai
étant plus réalistes, la consommation de carburant et les émissions de CO2 mesurées selon la procédure WLTP sont, dans de nombreux cas, plus élevées que celles mesurées selon la
procédure NEDC. Les valeurs de consommation de carburant, d’émissions de CO2 et d’autonomie peuvent varier en fonction des conditions réelles d’utilisation et de différents facteurs, tels
que : la fréquence de recharge, le style de conduite, la vitesse, les équipements spécifiques, les options, les types de pneumatiques, la température extérieure et le confort thermique à bord
du véhicule. Veillez à vous rapprocher de votre point de vente pour plus de renseignements. Plus d’informations sur peugeot.fr. *** De série, en option ou indisponible selon version.
Consommation mixte WLTP (1) (en l/100 km) : de 1,2 à 1,4 ; **Émissions de CO2 WLTP (en g/km) : de 29 à 32.
 SUCCÈS
ET DÉRAPAGES
BIOCOOP
Le puriste du bio
résiste à l’assaut des
grandes surfaces
Chasse aux emballages, produits locaux, légumes de saison… le pionnier
du bio se comporte autant en militant qu’en commerçant. Mais face au poids
grandissant de Carrefour et consorts, il est obligé de se montrer moins radical.
D ans leur magasin en chan-
tier de l’avenue Gambetta
à Paris, Alice et Mathieu,
plan d’architecte en main,
se projettent. Là, il y aura
les 200 références de vrac ;
ici, les caisses ; au fond, le traiteur
avec sa consigne… «Et là, explique
Alice en pointant 4 mètres carrés de
carreaux de ciment colorés sur le sol,
ce sera l’espace de convivialité avec
troc de livres, café offert et banc pour
se reposer.» «Ça n’existe pas des es-
paces non marchands comme ça
dans Paris», se félicite Mathieu, qui
vient de quitter un poste
d’auditeur chez KPMG
pour se lancer dans
l’aventure avec sa co-
pine de fac.
Bienvenue chez
Biocoop, une
coopérative de
commerçants
tous plus
engagés
28 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
PAR SOPHIE LÉCLUSE
les uns que les autres. Pour y entrer,
mieux vaut potasser son bréviaire en
matière d’alimentation biologique,
locale et équitable. Sur les 800 pos-
tulants chaque année, seuls 40 ob-
tiennent le droit de prospecter pour
ouvrir leur magasin après plus d’un
an d’examen du dossier et de grands
oraux devant les sociétaires. «Au dé-
but, ils ne nous ont interrogés que sur
nos valeurs et pas du tout sur le bu-
siness plan», se souvient Mathieu.
«Nous sommes militants avant d’être
commerçants», confirme le prési-
dent du réseau, Pierrick De Ronne.
Ce qui n’empêche pas Biocoop de
prospérer. L’enseigne a encore pro-
gressé de 15% en 2020 pour atteindre
1,6 milliard d’euros de chiffre d’affai-
res. Et son réseau compte 670 maga-
sins, le double d’il y a cinq ans.
Pendant longtemps, elle fut d’ail-
leurs à l’avant-garde de l’agricul-
ture biologique. En 1986, des asso-
ciations de consommateurs se sont
rapprochées de producteurs bio pour
s’opposer à la distribution de masse,
alors en plein boom. Elles se sont en-
suite fédérées en coopérative à par-
tir de 2002, et Biocoop n’a dès lors
cessé de grandir, coiffant au poteau
les spécialistes plus anciens comme
La Vie claire ou Naturalia. Oui mais
voilà, très porteur, le bio a aussi attiré
les gros poissons de la distribution
classique. Celle-ci pèse aujourd’hui
60% des 12,4 milliards d’euros de ce
marché, contre 43% il y a quatre ans.
Carrefour est même passé devant
Biocoop il y a trois ans et entend en-
core doubler ses ventes de produits
bio pour atteindre près de 5 milliards
d’euros en 2025, en ouvrant des es-
paces dédiés dans ces grandes sur-
faces et en rachetant des enseignes
spécialisées comme So.bio ou ré-
cemment Bio c’Bon. «Cette struc-
turation du marché oblige Biocoop
à défendre plus que jamais son mo-
dèle», déclare Pierrick De Ronne.
Une seule solution, dès lors : être le
plus radical possible. Biocoop l’est de
 FACE À SES RIVAUX,
L’ENSEIGNE S’IMPOSE LES
RÈGLES LES PLUS STRICTES

Pas de serres chauffées

et donc pas non plus
de tomates en hiver.

Les produits locaux

pèsent 15% du chiffre
d’affaires des magasins.

PHOTOS : PIERRE MOREL POUR CAPITAL, JAVIER ZAYAS PHOTOGRAPHY/GETTYIMAGES

Biocoop travaille en 80% des fruits et légumes
filières avec 3 200 fermes et de l’offre en général
à travers la France. sont d’origine France.
L’équitable, Nord-Sud ou
Nord-Nord, passera de 23% à
un tiers des ventes d’ici 2025.

FÉVRIER 2021 CAPITAL 29

 SUCCÈS ET DÉRAPAGES

ESPACE DE CONVIVIALITÉ, COURS DE COUTURE,

Le bio ne suffit LE BIOCOOP DE MONTREUIL EST UN BON ÉLÈVE
pas, l’offre
se doit d’être
de saison, locale
et équitable
par son organisation même. Certes,
les commerçants indépendants qui
composent le réseau détiennent
80% des droits de vote lors des dif­
férentes assemblées générales, mais
les producteurs ont aussi leur mot
à dire (10% des voix), de même que
les salariés et les consommateurs
(5% chacun). «Nous discutons de
la stratégie, et elle n’est pas toujours
tournée vers une réussite écono­
mique immédiate», affirme Sophia
Lakhdar, administratrice au sein de L’économie sociale et solidaire de Biocoop n’a pas L’artisanat local est mis en avant pour les fromages
empêché Fériel et Maya, les sœurs copropriétaires, de et plats traiteurs ou encore les biscuits sans
la section consommateurs. La so­ réaliser 4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020. gluten fournis par L’Atelier des Lilas, tout proche.
ciété mère, Biocoop SA, qui achète la
marchandise et la revend au réseau,
n’a pas vocation à gagner de l’argent.
Ses marges sont limitées à 1,2%. Le
surplus redescend vers les 569 so­
ciétaires commerçants. A charge
pour eux d’embellir leurs magasins.
Mais aussi d’en ouvrir de nouveaux
pour mailler le territoire, de Paris à
Belz (56) et ses 3 000 habitants. «Plus
de 20% de nos commerces sont en
zone rurale pour s’adresser à tous»,
se félicite le responsable réseau,
Gilles Baucher.

MAIS LEUR PLUS GROS DÉFI

consiste à respecter un cahier des
charges drastique. Car ici on ne fait
pas du bio mais on prône «La Bio»,
soit tout un écosystème de consom­
mation responsable. L’offre 100% bio
est à 80% d’origine française, mais
aussi locale et équitable autant que
possible et issue le plus souvent de
petites entreprises. La coopérative
développe ses propres filières pour
le lait, le porc, les céréales, etc., avec
une vingtaine de groupements agri­
coles sociétaires qui rassemblent
plus de 3 200 fermes à travers la
France. «Nous sommes en contrat
sur trois ans, ce qui permet d’investir
et d’éviter la spéculation sur le prix,
comme ce fut le cas ailleurs en 2020
à cause du Covid», affirme Mathieu
Lancry, président de Norabio, spé­
cialisé dans les légumes.
L’offre de vrac, y compris pour les liquides
(shampooings, lessives, huiles, sirops…), a doublé
depuis deux ans pour séduire les 20-35 ans
qui viennent de plus en plus avec leurs bocaux.
Côté épicerie, pas la peine de cher­
cher des déclinaisons bio des bis­
cuits LU ou des chips Lay’s. Exit aussi
les petites marques comme Sano­
flore dès lors qu’elles sont rache­
tées par de grands groupes comme
L’Oréal. «Nous travaillons à 93% avec
des TPE et des PME, car nous préfé­
rons que le patron soit aussi l’action­
naire de son entreprise», explique
Pierrick De Ronne.
Dans son magasin d’Annonay, au
sud de Lyon, comme dans le reste
Les 17 salariés, ex-pâtissier, ex-naturopathe
ou ex-danseuse, se présentent aux clients par
leur prénom et signalent leurs produits coup de
cœur comme dans une librairie.
du réseau, le local représente 15%
des ventes. Saucisse sèche, caillette
de volaille et bière brune sont fabri­
quées dans un rayon de 150 kilomè­
tres, y compris les picodons de la
ferme du Bois des chèvres, à Saint­
Cyr. «C’est moi qui fixe le prix», nous
explique la fermière Maud Damiron,
en caressant l’une de ses 34 alpines
chamoisées. Comme si cela ne suffi­
sait pas, l’enseigne s’impose encore
un tas de mesures restrictives : pas
de tomates en hiver ni de fruits et

30 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club


Le coin restauration, à l’entrée, permet
de créer un lieu de vie qui différencie Biocoop
Montreuil de son concurrent Naturalia situé
juste en face, plus classique et plus froid.
Des cours sont proposés à l’étage dans un espace
de plus de 50 mètres carrés dédié à des ateliers
«Do it yourself» en couture, cuisine ou fabrication
de cosmétiques. On peut même faire du yoga.
légumes hors saison, pas de trans-
port par avion, zéro OGM et plus au-
cune bouteille d’eau en plastique
depuis trois ans. Mais aussi, dans les
fermes, pas de serre chauffée en hi-
ver ni de travailleurs détachés payés
au lance-pierre, etc.
Cette ligne exigeante sert d’ai-
guillon aux concurrents, qui n’hé-
sitent pas à piocher dans cet arse-
nal de bonnes conduites. Naturalia
développe ses propres filières, de
même que Carrefour pour sa marque
confirment les fournisseurs. «Bio-
coop a toujours un coup d’avance»,
selon Ludovic Billard, de la coopé-
rative Biolait. «Ils viennent encore
de supprimer les bouchons en plas-
tique de nos briques de lait, même si
cela peut avoir un impact négatif sur
leurs ventes», donne pour exemple
Emmanuel Vasseneix, président de
la Laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel.
ATTENDEZ, CE N’EST PAS FINI !
Parmi ses nouvelles marottes, Bio-
coop s’engage justement à suppri-
mer un maximum d’emballages.
L’offre en vrac, produits frais com-
pris, devrait représenter la moi-
tié des ventes d’ici cinq ans au lieu
du tiers aujourd’hui. Dans son ma-
gasin baptisé Biocoop ADN, pour
La décoration en bois et béton brut se veut «anti déchets nation», Thibaud
chaleureuse, avec des meubles faits sur mesure Ron fard a pris les devants. «Ici,
par des artisans locaux, comme pour le coin enfants, 80% des 1 300 références n’ont au-
ou issus de recycleries. cun emballage», dit-il en pointant
ses shampooings solides. On peut
même y moudre sa pâte à tartiner en
actionnant une machine qui broie
noisettes et pastilles de chocolat.
«Manquent le sucre et l’huile ajou-
tés», s’amuse ce quadragénaire dans
son tablier Biocoop.
L’équitable est l’autre gros sujet du
moment. Il est Nord-Sud et estam-
pillé Max Havelaar pour la banane,
le cacao ou le café. Mais aussi Nord-
Nord pour aider les agriculteurs fran-
çais à vivre dignement de leur tra-
vail, en reversant notamment 1% du
chiffre d’affaires réalisé sur chaque
produit au groupement de produc-
teurs pour l’aider dans ses investis-
sements. Biocoop vient même de
créer un nouveau label baptisé Bio
Les valeurs de l’enseigne sont rappelées équitable en France pour distinguer
un peu partout à l’entrée des rayons, notamment ces produits en rayon. L’ensemble
via la marque propre qui, ici comme ailleurs, de l’offre équitable passera de 23% à
fait office de porte-drapeau. un tiers des ventes de Biocoop d’ici
2025. «Je salue cette démarche aussi
Carrefour bio. «Nous aussi avons exigeante que la nôtre», explique le
79% de produits d’origine France, président de Max Havelaar France,
sans OGM et sans transport par Blaise Desbordes.
PHOTOS : PIERRE MOREL POUR CAPITAL
avion, et un tiers des références avec Bien sûr, tout cela a un prix. Selon
des matières premières issues de nos l’UFC-Que choisir, qui a étudié l’an
propres filières», clame Benoît Soury, dernier un panier de 39 produits
le directeur du marché bio pour la équivalents, faire ses courses chez
deuxième enseigne de France. «Nos Biocoop coûte en moyenne 30% de
concurrents vont dans le bon sens, plus que chez Leclerc ou Carrefour.
mais aucun ne respecte tous les axes Tant pis ! L’enseigne qui est tout de
d’une consommation responsable», même la moins chère des spécia-
rétorque Pierrick De Ronne, déci- listes, refuse la guerre des prix et
dément jusqu’au-boutiste. Ce que préfère la pédagogie. «Ici, le prix bas
Février 2021 CAPiTAL 31
 SUCCÈS ET DÉRAPAGES
Des nouveaux dirigeants venus de
Carrefour importent leurs méthodes,
ce qui fait tiquer les plus militants
est d’abord un prix juste», résume
Pierrick De Ronne. Dès 2017, des af-
fiches en magasin décomposaient le
prix d’une brique de lait ou d’un pa-
quet de farine pour montrer que le
producteur touchait la plus grosse
part. Et cette année, un nouveau
logo très inclusif – Avec nos pay-
san.ne.s associé.e.s – fleurit sur les
produits à marque Biocoop élabo-
rés avec la matière première des fi-
lières. Mais les clients, des militants
pas toujours aisés et de plus en plus
de jeunes, peuvent quand même
faire leurs courses grâce à 500 pro-
duits basiques à «prix engagés» si-
gnalés en rayon. Notamment ceux
de la marque Biocoop. Elle incarne
toutes les valeurs du groupement et
les affiche à coups de logos sur ses
nouveaux packagings bleu et blanc.
Ses 700 références devraient doubler
d’ici 2025 pour passer de 20 à 35%
des ventes et ses prix restent très at-
tractifs. «Les autres enseignes uti-
lisent généralement leur marque
propre pour gonfler leurs marges,
pas nous», explique le directeur de
l’offre, Philippe Bernard.
LA RADICALITÉ SE RETROUVE
dans les magasins. Pas de promo-
tion ou presque, mais des slogans
quasi politiques : «Et si vous faisiez
vos conserves vous-même ?», «Voici
le bon geste pour réduire vos embal-
lages», etc. «Ça a un petit côté puni-
tif et donneur de leçons», pointe un
concurrent. Pas seulement. La moi-
tié des magasins Biocoop sont aussi
des lieux de vie et d’échange avec du
service aux consommateurs. Chez
certains, le lieu de convivialité non
marchand est ainsi bien plus grand
que les futurs 4 mètres carrés d’Alice
et Mathieu. Au Biocoop Montreuil
de Fériel et Maya (tous se font ap-
peler par leur prénom), il occupe
plus de 50 mètres carrés au pre-
mier étage. Cours de couture, de
cuisine ou de cosmétiques à faire
soi-même, accueil gratuit des as-
sociations du quartier… On se croi-
rait dans un local d’Europe Ecologie
– Les Verts (EELV) en plus joli. Les
rayons, agrémentés de meubles de
32 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
récup, sont aussi bien tenus grâce
à un personnel souvent plus nom-
breux qu’ailleurs. Enfin, un gros
tiers du parc soit est détenu en coo-
pérative ou en Scop (société coopé-
rative et participative) de salariés,
soit adhère aux valeurs de l’écono-
mie sociale et solidaire. Il s’agit par
exemple d’impliquer les salariés
dans les décisions du magasin, de
mettre de côté 50% des bénéfices
pour investir et de partager le reste
équitablement, ou encore de mieux
former les employés… Le préalable
étant de ne pas dépasser un delta de
1 à 5 entre le salaire le plus bas et ce-
lui du gérant. Résultat, l’ambiance
est plutôt chaleureuse. «Nous avons
fait la livraison chez quelques pe-
tits vieux pendant le confinement
et maintenant que les clients atten-
dent dans le froid pour cause de
jauge Covid, je leur offre le café de-
hors», détaille Fériel.
Au fond, le gros dilemme de
Biocoop est aujourd’hui de conser-
ver cet ADN radical tout en deve-
nant un mastodonte de la distri-
bution bio. Car sa taille l’oblige de
plus en plus souvent à utiliser les
outils de ceux qu’elle prétend com-
battre. Longtemps dirigé par Claude
Gruffat, devenu député européen
EELV, Biocoop a confié fin 2019
sa direction générale à Eric Bour-
geois, un ex-DG de Carrefour hy-
pers France, qui a fait venir deux
de ses anciens collègues au mar-
keting et à l’offre et qui vient d’être
remplacé par un troisième ancien
de Carrefour, Sylvain Ferry. Rien
de bien méchant. Sauf que les so-
ciétaires Biocoop de la première
heure n’apprécient guère leur fa-
çon de faire, parfois calquées sur
la distribution classique. Passe en-
core l’optimisation logistique et in-
formatique pour réduire les coûts de
structure. L’économie ainsi réalisée
permet entre autres d’aider les ma-
gasins à se structurer en Scop ou les
«partenaires» fournisseurs à investir
dans de nouveaux outils de produc-
tion. Mais les nouvelles méthodes
de négociation, elles, ne sont vrai-
ment pas du goût de tout le monde.
2005
Menaces de déréférencement, de-
mandes de baisses de prix d’entrée
de jeu… Certains fournisseurs eux
1er à lancer aussi se plaignent. «C’est en train de
devenir une centrale d’achats clas-
les silos de vrac.
sique alors que les acheteurs étaient
plus désorganisés et indépendants
2006 avant», détaille l’un d’eux. «On est
quand même loin d’une pression à
S!
PRODUCTEUR la Leclerc», relativise un autre. «Les
demandes de remises s’intensifient
chaque année depuis trois ans»,
pointe tout de même le président
du syndicat des industriels du bio,
1er à donner Didier Perréol.
une voix aux
producteurs dans AUTRE NOUVEAUTÉ : après trente
son conseil ans de résistance, Biocoop fait de la
d’administration. publicité. Une hérésie pour les so-
ciétaires de la première heure qui
2008 dénoncent la pollution visuelle ou
les tentatives de manipulation des
esprits qu’elle génère selon eux.
Pourtant, depuis deux ans, les so-
ciétaires paysans, commerçants
et consommateurs sourient sur
un air de piano dans trois publici-
1er à éliminer tés télé annuelles. «Les films de nos
concurrents qui singent nos pra-
des rayons tous
les produits tiques nous ont énervés, on a voulu
hors saison. dire que c’était nous les vrais», tente
de justifier Pierrick De Ronne, par-
tisan de ces changements de cap
2017 pragmatiques. Même s’il faut pour
cela palabrer pendant des années,
comme ce fut aussi le cas pour la fin
des bouteilles d’eau ou le démarrage
du click & collect (dans 165 maga-
sins sur les 670).
Car, comme dans un village afri-
cain, les sociétaires de Biocoop ne
1er à supprimer sont pas avares de longues réunions
les bouteilles et de discussions sans fin. Il y avait
en plastique.
jusqu’à l’an dernier deux jours de
conseil d’administration chaque
2017
mois ! Il n’y en aura bientôt plus
que six par an. Entre les radicaux et
39% Producteur les pragmatiques, le dialogue pro-
met toutefois d’être vif. Récemment,
7% Transformateur le Synadis Bio, le syndicat qui réu-
22% Transporteur,
emballage, taxes nit les distributeurs historiques,
32% Distributeur Biocoop en tête, a diffusé une publi-
cité dénonçant le «greenwashing»
des nouveaux arrivés. «Il n’y aura
1er à décomposer pas de place pour les entreprises
tièdes», assure le président de Bio-
les prix des
produits pour coop, Pierrick De Ronne. Sans que
communiquer sur l’on sache vraiment de quel côté son
qui gagne quoi. cœur penche.
 RÉNOVATION
DES PLACES
Le budget prévu pour
transformer sept grandes
SUCCÈS ET places a dérapé, faute
d’un suivi rigoureux. Au lieu
DÉRAPAGES de 36 millions d’euros,
la facture devrait dépasser
les 50 millions.

VÉGÉTALISATION
DE LA CONCORDE
La mairie envisage de
piétonniser et de végétaliser
la place de la Concorde.
Ce projet, qui cristallise de
nombreuses oppositions,
avait été une première fois
évoqué par… Jean Tiberi.

CONSTRUCTION
DE LA TOUR TRIANGLE PLANTATION DE
Dans les cartons depuis
2008, l’édification de cet FORÊTS URBAINES
immeuble de 180 mètres Ce projet phare du
de hauteur porte de Versailles programme d’Anne Hidalgo
est censée démarrer se heurte aux contingences.
rapidement. La Cour Le sous-sol parisien est très
régionale des comptes vient encombré. Il a fallu renoncer
de critiquer le montage à certains sites sélectionnés
financier du dossier avec sans études préalables,
Unibail, défavorable à la comme l’Opéra Garnier
ville de Paris. (page ci-contre, en haut).

Paris surendetté,
mais Hidalgo
U n jardin extraordinaire où
l’on va entendre le chant
des oiseaux.» En mai 2019,
Anne Hidalgo, maire de
Paris, prenait un ton lyri-
que pour dévoiler la re-
fonte du quartier de la tour Eiffel. Un
lifting qu’elle imagine spectaculaire
autour du monument symbole de la

continue ses folies

capitale. Il s’agit de transformer les
54 hectares courant du Trocadéro au
Champ-de-Mars en une vaste zone
piétonne et arborée – y compris le
pont d’Iéna –, dessinée par l’archi-
tecte paysagiste américaine Kathryn
La ville de Paris va porter sa dette à plus de 7 milliards d’euros. Soit Gustafson. Mais un an et demi après
avoir été annoncé, le chiffrage de
une hausse de 71% depuis 2014. On fait une pause ? Pas du tout, la cette coulée verte est déjà passé de
maire poursuit ses grands travaux malgré leur manque d’utilité. 72 à 107 millions d’euros. D’autant
plus gênant que les recettes de la
PAR ÉRIC WATTEZ Dame de fer (celles de la tour, bien
sûr), qui devaient aider au finance-
ment, sont en chute libre à cause de

34 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 COULÉE VERTE
DU TROCADÉRO
À LA TOUR EIFFEL
La transformation radicale
du quartier de la tour Eiffel
(ci-dessous) va coûter,
au dernier pointage,
107 millions d’euros,
soit 50% de plus que
le devis initial. A cause
d’impératifs techniques
qui n’avaient pas été pris
en compte au départ.
la pandémie. Les dérapages budgé-
taires sont courants dans ce genre
de projet, et pas qu’à Paris, mais là,
on parle d’une hausse de 50% ! Cela
coince aussi côté délais : la première
phase sera terminée avec près d’un
an de retard, au quatrième trimestre
FLATICON ; ISA HARSIN/SIPA ; APUR - CÉLINE ORSINGHER ; GP+B
2024. Après les Jeux olympiques,
donc, contrairement au «plan com».
S’il n’y avait que le pont d’Iéna !
Mais une fièvre bâtisseuse s’est abat-
tue sur Paris, au point de lui don-
ner des airs de grand chantier per-
manent. Après le chamboulement
des grandes places (République,
Bastille…), il est question de trans-
former radicalement le quartier
Montparnasse, de «végétaliser» la
Concorde et de faire des Champs-
Elysées un «autre jardin extraor-
dinaire». Est-ce bien raisonnable
alors que les finances de la ville sont
déjà fragilisées ? Fin 2021, sa dette
Un gage donné
aux élus verts
Une forêt devant
l’Opéra Garnier,
des arbres sur
le pont d’Iéna :
ces gages
donnés aux élus
écologistes
pourraient se
heurter au
classement des
monuments
historiques.
atteindra 7,15 milliards d’euros, soit
une hausse de 71% depuis 2014 (lire
page 36), début du premier mandat
d’Anne Hidalgo, dont l’équipe n’a pas
répondu à Capital. Or, s’il est bien un
domaine où il serait possible d’éco-
nomiser, c’est celui de travaux pas
toujours urgents ni indispensables.
Mais cela n’en prend pas le chemin.
Dans son projet de budget primitif
2021, la mairie prévoit encore d’in-
vestir 125 millions d’euros pour ses
opérations d’urbanisme (voirie et
espaces verts inclus). Comme l’an
passé et plus encore qu’en 2018 et
2019 (110 millions). Tout est-il bien
comptabilisé ? Ce n’est pas sûr. «Pour
être complet, il faudrait avoir le détail
de certains postes comme les trans-
ports, les réserves foncières et les im-
mobilisations immatérielles, estime
un expert de l’opposition munici-
pale. On doit y trouver 20 à 30 mil-
lions supplémentaires liés à l’urba-
nisme.» Les contribuables peuvent
se montrer d’autant plus inquiets
que Madame la maire s’intéresse
peu à l’intendance ou à la sécurité
juridique de ses grands chantiers.
Le fiasco du Forum des Halles, l’ap-
pel d’offres raté sur le Vélib’ et le
contentieux toujours pas tranché
sur Autolib’ sont là pour le rappeler.
Revenons au Champ-de-Mars. Si
le projet promet d’être bien plus oné-
reux qu’envisagé, c’est que le dossier,
une nouvelle fois, semble avoir été
mal ficelé. La rénovation de la base
des piliers de la tour Eiffel n’avait
ainsi pas pris en compte la forte pré-
sence de plomb dans l’édifice, qui va
majorer le coût de l’opération. Les
terrains qui doivent accueillir les
bureaux du personnel de la tour ne
conviennent pas, car on a découvert
qu’ils étaient difficiles à réhabiliter.
Quant à végétaliser le pont d’Iéna, ce
n’est pas gagné non plus. «Il est classé,
rappelle la professeure d’architec-
ture Françoise Fromonot. Je ne vois
pas comment y planter des arbres !»
«COMME TOUJOURS, LA VILLE,
en calculant mal ses investisse-
ments, doit prévoir une rallonge»,
tacle Rachida Dati, maire du VIIe, l’ar-
rondissement concerné. L’exemple
le plus emblématique en la matière
se trouve à la lisière du XVe arron-
dissement, là où Paris prévoit d’éri-
ger la tour Triangle, un gratte-ciel
de 180 mètres de hauteur. La pyra-
mide, voulue dès 2008 par Bertrand
Delanoë et Anne Hidalgo, alors ad-
jointe à l’urbanisme, n’est pas encore
sortie de terre suite à de multiples
recours, mais a déjà remué beau-
coup de poussière. Et ce n’est pas
fini. L’été dernier, la Cour régionale
des comptes a critiqué un montage
pour le moins alambiqué. Comme le
FÉVRIER 2021 CAPITAL 35

SUCCÈS ET DÉRAPAGES
Pour 26 équipements, les devis
initiaux ont été dépassés de 20%
programme s’insère dans le Parc des
Expositions, la ville a accepté de ver-
ser 263 millions d’euros au conces-
sionnaire, Viparis, pour compenser
la résiliation anticipée de son bail et
d’éventuels manques à gagner pen-
dant les travaux. Sauf que Viparis est
une filiale d’Unibail-Rodamco… le
promoteur qui porte justement le
publics (gymnases, piscines, écoles,
musées, médiathèques…). Résultat,
les devis initiaux ont été au total dé-
passés de 20%, soit un surcoût de
73 millions ! Même laxisme pour les
dates de livraison, en retard de douze
à dix-huit mois dans bien des cas.
C’est aussi le modèle d’urba-
nisme voulu par l’hôtel de ville qui
LES FINANCES SONT
SOUS HAUTE TENSION
La ville de Paris a perdu plus de 500 millions d’euros de
recettes à cause du Covid en 2020. De quoi mettre
un peu plus sous tension ses finances. Plutôt qu’un plan
d’économies, Anne Hidalgo a pratiquement maintenu
son budget d’investissement (1,45 milliard d’euros)
cette année. La dette va encore s’alourdir et les taxes
augmenter (parking payant des deux-roues,
taxe de séjour type Airbnb). Elle n’a pu en revanche
rehausser les droits de mutation comme elle l’espérait.
LES IMPÔTS ET LES TAXES GRIMPENT
Anne Hidalgo accentue la pression fiscale sur les
visiteurs (+ 50% de taxes de séjour depuis 2014),
les automobilistes (doublement des tarifs de
stationnement et triplement de celui des amendes)
et les transactions immobilières (les droits de
mutation sont passés de 3,8 à 4,5% en 2016).

projet de la tour Triangle. «Le préju-
dice n’est pas démontré», estiment
les magistrats financiers. C’est une
litote. D’autant que Viparis a vu son
bail prolongé de cinquante ans avec
un loyer très avantageux. Un délit de
favoritisme ? Rachida Dati ainsi que
Danielle Simonnet, chef de file des
Insoumis à Paris, ont promis de saisir
le Parquet national financier.
MAL PRÉPARÉS, les chantiers sont
aussi parfois mal suivis, au risque de
voir leurs factures s’alourdir. Ainsi
de la rénovation en cours d’achève-
ment de sept places emblématiques
pose question. Difficile, en effet, de 6,5 6,53
trouver une ligne directrice alors 5,66 5,93 5,93 6,1
5,38
que la mairie entame la révision de
son PLU (plan local d’urbanisme).
Sa mise à jour d’ici fin 2023 a été
précédée, comme il se doit, d’une
«conférence citoyenne». Mais, dans
la majorité municipale, les élus
Europe Ecologie Les Verts (EELV) y 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
perdent eux-mêmes leur zénitude.
recettes fiscales en milliards d’euros. Source : mairie de Paris
D’un côté, on veut bétonner à tout-
va : outre la tour Triangle, le quar-
tier de la ZAC Bercy-Charenton de- LA DETTE S’ENVOLE
vrait accueillir six tours et près de
La dette de la ville aura augmenté de 71% depuis
600 000 mètres carrés de logements, 2014. et encore, ce chiffre n’inclut pas l’encaissement
de bureaux et d’équipements. Le anticipé des loyers HLM, qui peut s’analyser comme

(Panthéon, Bas tille, Madeleine, projet, en accord avec les écolo-

Gambetta, Nation, Fêtes et Italie). La
mairie soutenait que l’entreprise se-
rait moins ruineuse qu’à République.
Mais, selon nos informations, la fac-
ture annoncée initialement à 36 mil-
lions d’euros dépasse désormais les
50 millions. «Il y a eu des problèmes
de coordination sur des chantiers qui
se sont révélés assez complexes», ra-
conte un ancien cadre de la ville de
Paris. Ce fut le cas à la Nation, où
l’installation des 6 000 mètres carrés
de végétation en pleine terre et de
l’espace de brumisation n’a pas été
un transfert de charges (voir ci-dessous). Même si
la ville profite de taux bas, les annuités s’alourdissent
7
et s’élèveront à 415 millions d’euros cette année. milliards
gistes, très critiques, a été suspendu. d’euros
De l’autre, Anne Hidalgo veut re-
peindre Paris en vert avec des «fo- 5,9
milliards
rêts urbaines» censées lutter contre 4,1 d’euros
le réchauffement climatique. «Rien milliards
ne prouve que ces plantations aient d’euros
la moindre utilité, juge, plutôt re-
montée, Christine Nedelec, prési-
dente de FNE Paris, fédération des
associations environnementales de
la capitale. La mairie devrait com-
mencer par sanctuariser les espaces 2014 2018 2021
verts existants, c’est la moindre des Encours de la dette au 31 décembre de chaque année.
choses.» Par ailleurs, la faisabilité de Prévisions pour 2021. Source : mairie de Paris

une sinécure. Et surtout à la Bastille, ces zones arborées de 1 hectare cha-

dont la transformation radicale (50%
de l’espace public destiné aux pié-
tons, création d’un lien direct sous
une ligne de métro vers le port de
l’Arsenal, etc.) est à l’origine du plus
gros dépassement.
Ce genre de glissement budgétaire
semble une habitude à Paris, y com-
pris pour des chantiers moins presti-
gieux. Témoin une note de l’automne
dernier, émanant de la Direction
constructions publiques et architec-
ture. Ce service de la ville a analysé
26 opérations adoptées par le Conseil
de Paris entre 2016 et 2020, concer-
nant des grosses rénovations, exten-
sions et créations d’équipements
cune reste à démontrer. L’élue a déjà
renoncé à deux de ses plantations, LES LOYERS DU PARC HLM SONT PONCTIONNÉS
derrière l’Opéra Garnier et sur l’an-
cienne voie rapide de la rive droite, Total en cumulé
où les sous-sols sont trop encom- Evolution annuelle
(1007) (1139) (1193)
brés. Mais elle ne lâche pas l’affaire : (852)
elle entend installer des futaies de- (627)
vant l’hôtel de ville, la gare de Lyon 354
et sur la place de la Bourse, même 155 132 54
si les sous-sols sont occupés par des 354 273 225
parkings. Quant au budget à mobi-
liser, il reste assez flou. Une note du 2016 2017 2018 2019 2020 2021
groupe Changer Paris (LR et ses al- Evolution des recettes de loyers capitalisés,
en millions d’euros (cumul entre parenthèses). Source : groupe Changer Paris
liés) indique qu’il pourrait dépasser
les 100 millions d’euros. Avec cette Depuis 2016, la municipalité se fait verser à l’avance trente ans de
vague arboricole, c’est le contri- loyers des offices HLM, qui du coup doivent souscrire un prêt garanti
par la ville. «Cette méthode comptable demeure dérogatoire au regard
buable qui risque d’être ratiboisé. des pratiques communément admises», estime la Cour des comptes.

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 SUCCÈS
ET DÉRAPAGES
GAUTIER
Le roi du meuble
made in France
Le dynamisme industriel des Vendéens fait à nouveau parler de lui.
Face à la concurrence des meubles à bas coût chinois ou portugais,
cette entreprise familiale réussit à maintenir sa compétitivité.
PAR ZELIHA CHAFFIN
A
l’usine du Boupère, nichée
à quelques encablures
des Herbiers (85), c’est le
branle-bas de combat de-
puis juin. «Les commandes
affluent, c’est de la folie, se
réjouit Benjamin Buteau, responsable
du pôle performance industriel, en-
core surpris par ce retour en fanfare.
On se disait que le meuble ne serait
pas forcément la priorité des clients
à la sortie du confinement. On s’est
trompés», poursuit-il. Dans l’atelier
de production, où s’entassent des cen-
taines de panneaux de bois de toutes
tailles, l’ingénieur virevolte dans les
allées, détaillant les étapes de fabrica-
tion : plaquage, façonnage, perçage…
Qu’ils soient expédiés à Paris, Dubaï
ou Toronto, tous les meubles Gautier
passent ici, au Boupère, ou dans l’une
des deux autres usines voisines, à
Chantonnay ou Saint-Prouant. «Notre
fierté, c’est d’être indépendants : on
fabrique tout chez nous», s’enthou-
siasme notre guide.
Le Vendéen peut se réjouir. Les
ventes ont bondi depuis la réouver-
ture des commerces l’été dernier : 62%
de croissance en juin 2020 par rapport
38 CAPITAL févrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
à 2019, + 25% en juillet et en août, et
+ 19% en septembre. Des résultats
nettement supérieurs à la hausse ob-
servée dans le secteur, et qui ont per-
mis à l’entreprise familiale (120 mil-
lions d’euros de chiffre d’affaires en
2019) de compenser la chute d’activité
pendant les mois de fermeture. «Les
consommateurs ont redécouvert leur
intérieur pendant le confinement. Ils
ont repensé l’aménagement de leur
habitat en délaissant les basiques de
la grande distribution pour se tourner
davantage vers le milieu de gamme et
le local», analyse Christophe Gazel,
directeur général de l’Ipea (Institut
de prospective et d’études de l’ameu-
blement). La société chantre du made
in France touche du bois. «On espère
que la tendance s’installera durable-
ment, mais rien n’est gagné», tempère
David Soulard, son directeur général.
Il faut dire que l’entreprise régionale
(750 salariés), qui vient de fêter ses
60 printemps, a traversé pas mal de
tempêtes. Fondée en 1960 par Patrice
Gautier et Annick Soulard, l’ébénis-
terie familiale, qui sur une intuition
géniale de ses fondateurs s’est lan-
cée sur le marché encore balbutiant
de la chambre d’enfant, connaît très
vite un essor fulgurant. Sa collection
de lits-voiture – concept que Gautier
invente en 1968, abondamment co-
pié depuis –, dont un modèle de 1978
inspiré de la Formule 1 d’Alain Prost
est resté particulièrement célèbre, as-
soit alors sa popularité dans les foyers
en France et à l’étranger. L’onde de
choc de la crise pétrolière aura tou-
tefois raison de la société : lourde-
ment endettée par le rachat d’usines
à l’étranger, de chaises, de cuisine,
de meubles en kit au Canada ou de
bois en Afrique, elle est étranglée. En
1985, elle est rachetée pour 1 euro par
le groupe Séribo, qui maintient à sa
tête Dominique Soulard, frère d’An-
nick. En ruine, l’entreprise tente de
se reconstruire. Mais, en 1999, un
désaccord avec le directoire, qui se
solde par le limogeage de Dominique
Soulard et le déclenchement d’une
grève de solidarité des salariés, redis-
tribue les cartes. La famille Soulard
réussit à mobiliser des capitaux pour
racheter la société via un LBO (endet-
tement), pour 128 millions d’euros.
«Le pari était osé. Mon père avait à
peine 100 000 euros sur son compte.
On a mobilisé des amis industriels
vendéens comme Sodebo et nos
cousins producteurs de canards, qui
nous ont prêté de l’argent. On y croyait
parce que Gautier, c’est notre sang»,
se souvient David Soulard.
LA FAMILLE FAIT BLOC. Et le pa-
triarche, épaulé par ses quatre enfants
(David, Valérie, Hervé et Arnaud)
alors revenus dans l’entreprise, pose
les jalons de la nouvelle stratégie. «On
a notamment commencé à ouvrir des
points de vente en franchise pour
distribuer nos meubles», explique
David Soulard. L’entreprise compte
aujourd’hui 120 magasins à travers
le monde, dont 72 dans l’Hexagone.
Un choix plutôt malin qui permet de
développer la notoriété de la marque
Gautier, au positionnement milieu
de gamme (le panier moyen tourne
autour de 2 000 euros), et affichant
un design original. En parallèle, le
vendéen continue de fabriquer des
meubles pour la grande distribution
(Conforama, But…) sous sa marque
d’entrée de gamme Gami, s’assu-
rant par ce biais de gros volumes.
«Ils ont eu l’intelligence de jouer sur
 8 000
MEUBLES PAR JOUR
PRODUITS PAR SES USINES

87%
DU CAPITAL DÉTENU
PAR LA FAMILLE SOULARD

10 M€
INVESTIS POUR FABRIQUER
À LA DEMANDE

DG de Gautier, a
les deux tableaux, à une époque où
père, Dominique,
beaucoup d’entreprises familiales du
meuble, aujourd’hui disparues, ont
tout misé sur la grande distribution
et perdu leur identité en devenant
de simples sous-traitants», observe
Christophe Gazel.
Mais la force de Gautier, c’est sur-
tout d’avoir parié très tôt sur le made
in France. Aujourd’hui, toute la pro-
duction se déroule sur ses sites ven-
déens. Dans l’approvisionnement
aussi, l’entreprise privilégie les cir-
cuits courts. Le bois provient ainsi à
THIBAULT STIPAL POUR CAPITAL
100%
DU BOIS PROVIENT
DES FORÊTS FRANÇAISES
David Soulard,
succédé à son tron. Cette position à contre-courant une ligne dédiée à la production de
qui reste a renforcé l’attractivité de la marque à petites et moyennes séries (moins de
président de l’export, où le «Stylish French Living» 100 unités). Et Flex – c’est son nom –
l’entreprise. s’affiche en gros caractères sur les a bien changé la donne : à peine trois
devantures des magasins. Le made heures suffisent pour peaufiner un
in France a poussé l’entreprise à ga- produit contre cinq jours auparavant !
gner en agilité, tant dans les délais Infatigable, la tribu Gautier rêve déjà
de livraison dans l’Hexagone, qui d’autre chose. Cet été, elle mettra en
représente 80% de ses ventes, que service une nouvelle usine roboti-
dans les délais de mise sur le marché sée à Saint-Prouant, la quatrième du
des nouveaux produits imaginés par groupe, qui lui permettra de fabriquer
ses designers (six à douze mois en à l’unité des meubles personnalisés à
moyenne). Un atout qui lui permet haute cadence industrielle. Coût de
de mettre en rayon 25% de nouveau- ce nouveau bijou : 12 millions d’eu-

100% de forêts françaises gérées du-
rablement et toutes situées dans un
rayon maximal de 300 kilomètres
autour du siège. «Il faut sans cesse
optimiser le coût de revient, et la dé-
ferlante du made in China, puis du
made in Portugal, nous a fait très peur,
mais on a tenu bon», précise le pa-
tés chaque année.
SON OUTIL INDUSTRIEL est au top.
Chaque jour, plus de 8 000 meubles
sortent de ses ateliers. «L’ébéniste
industriel du futur» a mis sur la table
10 millions d’euros en 2015 pour créer
sur son site historique du Boupère
ros. «Elle réalisera à la commande, ce
qui nous offrira la possibilité d’élargir
considérablement les options de per-
sonnalisation sans avoir de contrainte
de stock», explique David Soulard. Car
entreposer les meubles sortis d’usine
coûte cher. Le roi du meuble made in
France défend bien sa couronne.

février 2021 CAPiTAL 39

 DO
SS SPÉCIAL
INNOVATIONS
IER
APRÈS
LES VACCINS

LES CONTRE LE
COVID

FORMIDABLES
PROGRÈS
QUE LA SCIENCE
NOUS RÉSERVE
Antivaccins, anti-Linky, anti-5G… De plus en plus de Français expriment
ouvertement leur défiance vis-à-vis des avancées scientifiques ou technologiques.
Pourtant, c’est bien un avenir meilleur que celles-ci nous promettent.

40 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 PAGE

44 SANTÉ :
ON VA GUÉRIR
DE PLUS EN PLUS
DE MALADIES

PAGE

52 GREEN TECH :
LES BATTERIES SE
CHARGERONT TROIS
FOIS PLUS VITE

PAGE

60
VIE QUOTIDIENNE :
LES ÉCRANS SE
RÉPARERONT TOUT
SEULS !
GETTY IMAGES/EYEEM

Février 2021 CAPiTAL 41

 LES FORMIDABLES
PROGRÈS QUI
NOUS ATTENDENT
DOSSIER
D
ans les années 1980, ils
n’étaient que 200 à dé-
fendre cette théorie. Vu
son caractère frappa-
dingue, c’était d’ailleurs
déjà beaucoup. Selon eux,
la Terre ne serait pas une sphère,
comme l’a confirmé Galilée, mais
une espèce d’assiette toute plate,
centrée sur le pôle Nord, et entou-
rée d’une barrière de glaces (forcé-
ment, autrement les océans et les
poissons tomberaient dans le vide).
Elle serait surmontée d’une sorte
de dôme invisible, dans lequel une
Lune minuscule et un tout petit
Soleil feraient des va-et-vient. A l’ap-
pui de leur thèse, les «platistes» font
remarquer que, même d’avion, on
n’aperçoit jamais la courbure de la
Terre, ce qui est exact. Ils font aussi
valoir que, si notre planète tournait
sur elle-même à la vitesse que l’on
dit, on serait tous plaqués au sol par
le vent. En somme, à les en croire,
cette histoire de Terre ronde ne se-
rait qu’une mystification fomentée
par les grands de ce monde (pour
des raisons encore à élucider), les
photos fournies par les agences spa-
tiales, d’habiles trucages, et le soi-
disant voyage sur la Lune des as-
tronautes américains, une mise en
scène grossière.
Dans les années 1980, disions-
nous, les platistes n’étaient que 200.
Au début de la décennie 2000, leur
communauté s’était certes un peu
étoffée, mais elle ne comptait en-
core guère plus de 500 cinglés. C’est
après que les choses se sont gâtées.
Grâce à leurs sites Internet et aux ré-
seaux sociaux, les leaders du mou-
vement ont commencé à pousser
leurs pions partout dans le monde.
Ils ont créé des communautés, lancé
des forums, diffusé des interviews
de prétendus experts, bombardé
de messages les internautes les plus
crédules. Résultat : aujourd’hui, en-
viron 12 millions d’Américains (y
compris des stars du rap et du bas-
ket), 14 millions de Brésiliens (dont
un proche conseiller du président
Jair Bolsonaro) et, selon un sondage
Ifop, 9% des Français croient dur
42 CAPITAL févrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
LES FRANÇAIS CROIENT MOINS
Source : Baromètre du Cevipof, avril 2020.
AUX VERTUS DE LA SCIENCE QUE LEURS VOISINS
FRANCE ALLEMAGNE ROYAUME-UNI
comme fer à leurs sornettes. C’est
ainsi que se propage la défiance
contre la science.
41% 52% 59%
PART DE LA POPULATION QUI CONSIDÈRE QUE LA SCIENCE
Nucléaire, génétique, antibio- APPORTE PLUS DE BIEN QUE DE MAL
tiques, intelligence artificielle…
Aucun domaine n’échappe à ce
mouvement destructeur. Jadis sy-
nonymes de progrès, les avancées
des chercheurs sont désormais vo-
NOTRE PAYS
EST DE PLUS EN PLUS
lontiers considérées comme des
reculs, et parfois même comme des OUVERT À L’INNOVATION
dangers mortels. Est-ce parce que
son niveau en mathématiques est le
plus faible de tous les pays dévelop-
16 e 12e
pés (elle occupe la 21e place sur 22
au dernier classement de l’enquête
21e 2019
2020
internationale TIMSS) ? Ou que son 2015
esprit gaulois l’incite à la contesta- Classement de la france dans l’Index mondial de l’innovation
tion des élites et des «sachants» ? En établi par l’OMPI, l’Insead et l’université américaine de Cornell.
Source : Sondage IFOP pour l’Académie des technologies (octobre 2020)
tout cas, comme le regrette le gé-
néticien Axel Kahn, «la France, ce
pays de l’optimisme et du progrès, LA CONFIANCE DANS LA RECHERCHE
est devenue l’un des champions du
monde de la défiance». EST EN CHUTE LIBRE
Proportion de français
70% qui considèrent que
UNE GRANDE PARTIE de nos la technologie a des
effets favorables 65%
concitoyens rejettent les vaccins,
combattent les compteurs Linky, 52%
49%
récusent les OGM et ne veulent 40%
pas entendre parler de la 5G, sup- 35%
posée néfaste pour la santé. Pire, à 25%
l’instar de leur tête d’affiche Jacline 21%
Mou raud, bon nombre de Gilets
jaunes donnent crédit à la fable des 2009 2020 2009 2020 2009 2020 2009 2020
«chemtrails» (les traînées de vapeur SANTÉ TRANSPORTS ENVIRONNEMENT LOISIRS
d’eau rejetées dans le ciel par les NUMÉRIQUES
avions seraient en réalité des pro-
duits chimiques sciemment répan-
dus par les gouvernements à des LE PROGRÈS TECHNOLOGIQUE
fins militaires ou pour modifier en N’EMPÊCHE PAS LE CHÔMAGE
cachette le climat). Le plus étrange, DE BAISSER
c’est que cette prise de distance
avec la rationalité n’empêche pas 10,7
10,2 9,9 Taux de chômage
standardisé dans l’europe
les Français d’avoir des avis tran-
chés sur les questions scientifiques. 9 des 28.
Au printemps dernier, à la question, 8,2
«l’hydroxychloroquine est-elle effi- 7,3
6,5 6,2
cace contre le Covid ?», sur laquelle
séchaient alors les plus grands vi-
rologues de la planète, 60% d’entre
eux ont répondu sans hésiter «oui»,
et 20% «non». Seuls 20% ont osé
Source : Eurostat
avouer qu’ils ne savaient pas.
Espérons que ce dossier les fera
changer d’avis sur la science.
PAR PHILIPPE ELIAKIM 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
ème
3 ition
éd

DU JEUNE REPORTER

Une bourse de 5 000€ pour aider

les jeunes talents du photo-journalisme
à réaliser leur reportage

Pour plus d’informations,

ashez ce QR code

Avec la participation au jury de Pierre Haski, Président de l’association Reporters Sans Frontières
 LES FORMIDABLES
PROGRÈS QUI
NOUS ATTENDENT
DOSSIER
Santé
On va guérir
de plus en plus
de maladies Thérapies géniques, nanoparticules, ARN
messager… Grâce aux nouvelles technologies,
la médecine avance à pas de géant.
L
’information est passée ina­
perçue. Elle est pourtant
notable : l’an dernier, une
Web application thérapeuti­
que centrée sur le cancer du
poumon a obtenu en France
son inscription sur la liste des pro­
duits remboursés par l’assurance­
maladie. Voilà qui en dit long sur les
transformations en cours dans l’uni­
vers de la santé. D’ici la fin de cette
décennie, on pourra ainsi guérir des
cancers avec des vaccins thérapeu­
tiques, ou fabriquer des jumeaux nu­
mériques de nos corps et simuler les
effets des traitements pour soigner
de manière quasi personnalisée.
Science­fiction ? C’est pour demain.
LES FRACTURES GRAVES
S’AUTOGUÉRIRONT
Réparer plus vite et mieux les frac­
tures graves : c’est ce que promet la
bio­ingénierie de la régénération os­
seuse. Au CEA de Grenoble, les
équipes de Catherine Picart, asso­
ciées au professeur Georges Bettega
44 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
PAR JEAN BOTELLA
du CHU d’Annecy, travaillent ainsi
sur de nouvelles générations d’im­
plants aux propriétés spectaculaires.
Ils permettront d’éviter les greffes et
les lourdes opérations qu’implique
la perte de substance osseuse lors de
gros traumatismes. Pour la recons­
tituer, on utilisera des supports en
polymère imprimés en 3D selon la
forme voulue. Les prothèses seront
enrobées d’une molécule produite
en laboratoire et capable de booster
les cellules osseuses déjà présentes
dans le corps pour enclencher la ré­
paration. Contrairement à un bio­
matériau inerte, comme la céra­
mique, ces implants se résorberont
au fil du temps et seront entièrement
remplacés par de l’os en l’espace
d’une année ou deux.
DES «CELLULES MISSILES»
DÉTRUIRONT DES TUMEURS
Dans les dix prochaines années, les
thérapies géniques et cellulaires ré­
volutionneront le traitement du can­
cer. Parmi les «armes» du futur, les
CAR­T cells figureront en première
ligne et, à l’image de Novartis, de
grands groupes pharmaceutiques in­
vestissent déjà des fortunes dans le
développement de cette technologie.
Les CAR­T cells sont fabriquées à
partir de certains globules blancs du
patient, les lymphocytes T. Ces der­
niers sont modifiés génétiquement
en laboratoire puis réinjectés. Ils sont
alors capables de cibler les cellules
cancéreuses pour les détruire. Le
traitement est personnalisé en fonc­
tion de la maladie visée. D’abord tes­
tée avec succès sur des leucémies, la
thérapie sera étendue d’ici cinq ans
à d’autres types de cancers, comme
celui du cerveau, avec la possibilité
de s’attaquer à des tumeurs solides.
LES NANOTECHNOLOGIES
AMÉLIORERONT L’EFFICACITÉ
DES RADIOTHÉRAPIES
Largement utilisée dans le traitement
des cancers (60% des cas), la radio­
thérapie a un inconvénient : les
rayons ne frappent pas seulement la
tumeur visée, ils peuvent aussi en­
dommager les tissus environnants.
Pionnier de la nanophysique en mé­
decine, Nanobiotix, une société pari­
sienne, a développé une méthode
pour cibler plus précisément les
rayons X. Une solution aqueuse de
nanoparticules cristallines métal­
liques est ainsi injectée dans la tu­
meur. Ces cristaux absorbent l’éner­
gie délivrée et la redistribuent
localement. Une seule injection suffit
pour toute la durée du traitement, les
nanoparticules demeurant dans la
tumeur pendant plusieurs semaines.
Une première autorisation de ce pro­
cédé a été accordée en Europe pour
le traitement du sarcome des tissus
mous, mais d’autres essais cliniques
se dérouleront jusqu’à la fin de la dé­
cennie. Menés avec le Centre MD
Anderson de l’université du Texas, ils
porteront notamment sur les cancers
de la tête et du cou, du foie, du pan­
créas et le cancer colorectal.
 Rythme cardiaque, tension
artérielle, saturation en oxygène, rien
n’échappera aux appareils
connectés dont la future génération
se résumera sans doute à de
simples smartphones. Equipés de
filtres spéciaux, ils permettront Avec l’abaisse-langue numérique,
même de réaliser des échographies l’ORL n’aura aucun mal à
simples, favorisant la prise en charge détecter l’angine de la petite dernière.
anticipée de certaines pathologies.
Sans instruments directement Mais sa capacité à déterminer
connectés au tympan, difficile de si l’affection est bactérienne ou virale
diagnostiquer une otite. Mais les et si des antibiotiques s’imposent
otoscopes du futur offriront une telle n’est pas pour demain. Pour
résolution que l’image réceptionnée un moment encore, le streptotest
par le médecin sera encore plus effectué par un médecin ou un
précise que celle qu’il peut entrevoir pharmacien restera nécessaire.
avec un instrument traditionnel.

Des boîtiers comme ceux

de la société TytoCare permettront LE CORONAVIRUS
d’envoyer au médecin, en ligne
A BOOSTÉ LA
PHOTOS : SP TYTOCARE

et en temps réel, les images et les

informations enregistrées. Avec
le progrès des technologies (réseaux TÉLÉCONSULTATION
5G, par exemple), des praticiens
estiment que l’efficacité de ces Pionnier français de la télémédecine,
consultations sera bientôt équivalente le groupe Qare a doublé son activité
à celle d’un examen en cabinet.
en 2020 : la start-up a réalisé
1 million de consultations à distance,
sur un total de 600 millions en
France. Bien sûr, le confinement est
passé par là. Mais Olivier Thierry,
le CEO de Qare, prédit la poursuite
de la tendance.

Février 2021 CAPiTAL 45

 DOSSIER LeS FOrMIDABLeS PrOGrÈS QUI NOUS ATTeNDeNT

L’ARN messager est

fabriqué en laboratoire
à partir de la copie d’un virus
ou, dans le cas du cancer,
en fonction du patrimoine
génétique d’une tumeur.
Il a pour mission de donner
des instructions à nos cellules
pour qu’elles se mettent
rapidement en ordre
de bataille.

Deux types de lymphocytes

entrent dans la bataille,
les B et les T. Les premiers
produisent des anticorps
capables de reconnaître et de
détruire un agent pathogène.
Les seconds s’attaquent
directement aux cellules
infectées ou tumorales.
Les deux se combinent
souvent pour décupler leur
force de frappe.

Injecté dans le corps

sous la forme d’une solution
aqueuse, l’ARN informe
les cellules qu’il faut produire
une protéine spécifique pour
déclencher une réponse
immunitaire ou ordonner
à des cellules cancéreuses
de s’autodétruire. L’un des
enjeux d’avenir sera de
personnaliser le traitement.

Une fois sorties de la cellule,

les protéines sont repérées
par les défenses de l’organisme.
Ce dernier met en branle les
lymphocytes, des globules blancs
produits dans la moelle osseuse
et chargés de protéger le corps
face aux agressions infectieuses.

46 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 Aux Etats-Unis, la non-observance
des ordonnances par les patients fait
perdre 300 milliards de dollars par an
ON CHOISIRA DES CELLULES
SOUCHES SUR ÉTAGÈRES
Soigner le vivant par le vivant ? C’est
l’avenir, comme le démontrent les ré-
sultats spectaculaires obtenus grâce
aux thérapies cellulaires : injectées
dans le corps, les cellules souches
envoient des signaux aux organes ou
aux tissus en difficulté pour qu’ils se
régénèrent. Le problème, c’est le
coût : de 100 000 à 1 million d’euros le
ILLUSTRATION : ANTOINE LEVESQUE, D’APRÈS AFP
en France à s’y atteler, grâce au ré-
cent feu vert de l’ANSM (Agence na-
tionale de sécurité du médicament
et des produits de santé). Elle se pro-
curera des cellules souches prove-
nant de tissus adipeux, une res-
source quasi illimitée issue des
déchets de la chirurgie esthétique.
L’objectif est de produire d’ici
quelques années des dizaines de
milliards de cellules souches, qui
de greffons hépatiques : trois dis-
ponibles pour dix demandes. Les
patients qui peuvent être opé-
rés doivent par ailleurs recevoir un
lourd traitement à vie, accompagné
d’effets secondaires importants. Il y
a un an, l’AP-HP et une start-up de
biotechnologies nantaise, GoLiver
Therapeutics, ont mis en place des
essais cliniques de thérapies inno-
vantes pour le foie très prometteuses.
Elles visent à offrir une alternative à
la greffe, en se reposant sur la capa-
cité de l’organe à se régénérer et à
multiplier ses propres cellules, les
hépatocytes. La start-up a réussi à
développer un procédé de produc-
tion in vitro de ces hépatocytes à par-

traitement. La plupart de ces théra- permettront notamment aux CHU
pies reposent en effet sur des trans- candidats de lancer de nouveaux es-
plantations «autologues», qui sais cliniques pour le traitement de
consistent à prélever des cellules nombreuses maladies : de la nécrose
souches d’un patient, en général cardiaque à la maladie d’Alzheimer
dans la moelle osseuse, avant de les en passant par l’arthrose du genou.
lui réinjecter. Demain, il faudra DES NANO-IMPLANTS DANS
contourner le problème en produi-
sant ces traitements si particuliers de LE CERVEAU POUR SOIGNER
manière industrielle, pour réduire LA MALADIE D’ALZHEIMER
leur prix et les rendre accessibles au Avec sa start-up Neuralink, le patron
de Tesla, Elon Musk, y croit dur
plus grand nombre. La start-up tou-
lousaine Cell-Easy sera la première comme fer : demain, des capteurs
électroniques implantés dans le cer-
veau permettront de booster la mé-
moire, contrôler des ordinateurs ou
GRÂCE À L’ARN MESSAGER, aider les personnes paralysées. Il
n’est pas le seul : deux chercheurs de
LE CORPS FABRIQUERA Harvard, Charles Lieber et Shaun
SES PROPRES MÉDICAMENTS Patel, ont conçu des implants
flexibles semblables à des neurones
La pandémie de Covid-19 a mis en lumière qui, promettent-ils, soigneront les
les étonnantes capacités des vaccins à ARN
maladies cérébrales. Ces dispositifs
messager, dont l’action sur les formes miniaturisés, d’une taille sans com-
graves de la maladie a fait naître beaucoup mune mesure avec les implants ac-
d’espoir. De quoi relancer les efforts des tuels, permettront en premier lieu de
chercheurs sur d’autres développements, mieux comprendre le fonctionne-
dans le domaine de l’infectiologie mais ment du cerveau. Mais ils serviront
aussi dans celui des maladies chroniques. aussi à réduire les effets secondaires
Paradoxalement, c’est sur ce dernier volet liés aux stimulations électriques uti-
que les laboratoires étaient le plus avancés lisées pour traiter certaines maladies
avant la crise sanitaire. Maladies géné- comme Alzheimer, à réactiver des
tiques, allergies, cancers : demain, des zones du cerveau abîmées par un ac-
vaccins thérapeutiques basés sur cette cident vasculaire, ou encore à action-
ner des prothèses par la pensée.
technologie permettront de combattre une
foule de pathologies avec une précision LA MÉDECINE RÉGÉNÉRATIVE
inégalée. L’ARN messager, qui correspond OFFRIRA UNE ALTERNATIVE
à des brins d’instructions génétiques À LA GREFFE DE FOIE
injectés dans l’organisme, peut en effet Les maladies sévères du foie sont
être programmé en labo pour fabriquer responsables de plus de 2 millions
des protéines spécifiques à un virus et de décès par an dans le monde. Le
déclencher une réponse immunitaire. Il peut seul traitement curatif reconnu, lors-
aussi être conçu pour donner l’ordre à qu’elles atteignent leur stade termi-
des cellules cancéreuses de s’autodétruire. nal, est la greffe. Or il y a pénurie
tir de cellules souches pluripotentes,
lesquelles ont la capacité de se re-
nouveler et de se «spécialiser» : foie,
rein, cœur. Son médicament, dont
l’efficacité a été prouvée dans la gué-
rison de souris malades, consistera
en une solution injectable de cellules
hépatiques congelées. La commer-
cialisation de ce produit révolution-
naire interviendra d’ici sept à dix ans.
DES TRAITEMENTS INJECTABLES
PLUS PRATIQUES SOIGNERONT
DANS LA DURÉE
Environ 50% des malades ne pren-
draient pas régulièrement leur trai-
tement. Selon l’agence fédérale de
santé des Etats-Unis, cette non-
observance coûterait 300 milliards
de dollars au système de santé améri-
cain. Résultat : les innovations favori-
sant la prise régulière des traitements
par les patients font florès. MedinCell,
une société pharmaceutique mont-
pelliéraine, a inventé un procédé
inédit pour y parvenir : des médica-
ments à action prolongée injectés en
sous-cutané. Administré sous forme
liquide, le produit durcit immédiate-
ment sous la peau pour former une
capsule de la taille d’une lentille, qui
se biodégradera pendant une durée
contrôlée. Jusqu’à présent, seules
des injections intramusculaires,
douloureuses et coûteuses, étaient
proposées. Meilleur marché et plus
pratique grâce à l’auto-injection, la
technique brevetée par MedinCell
sera d’abord appliquée en psychia-
trie, puis, d’ici à 2030, en orthopédie
(douleurs postopératoires), oncolo-
gie, maladies cardiaques, ou après
une transplantation… Avec le sou-
tien de la Fondation Bill et Melinda
Gates, la société développera aussi

Février 2021 CAPiTAL 47

 DOSSIER LeS FOrMIDABLeS PrOGrÈS QUI NOUS ATTeNDeNT
Des ordinateurs
ultrapuissants
seront capables
de modéliser
notre corps
un traitement prophylactique contre
la contamination par le virus du sida,
ainsi qu’un contraceptif.
DES THÉRAPIES DIGITALES
ACCOMPAGNERONT LES
TRAITEMENTS CLASSIQUES
Pour la première fois en France, une
Web application thérapeutique cen-
trée sur le cancer du poumon va
être remboursée par l’assurance-
maladie. Moovcare, développé par
la plateforme numérique franco-
israélienne Sivan Innovation, se pré-
sente sous forme de questionnaire
adressé au patient chaque semaine.
Les réponses sont traitées par un al-
gorithme et le système d’intelligence
artificielle prévient les équipes soi-
gnantes s’il détecte une rechute ou
des complications. Selon les études
cliniques, les patients acceptent bien
cet outil, qui permettrait de gagner
près de huit mois en moyenne d’es-
pérance de vie. D’ici à 2024, Sivan
vise 6 000 utilisateurs en France. Aux
Le robot placé
au-dessus de la table
d’opération fait progresser
les instruments millimètre
par millimètre dans
les artères du patient.
48 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
Etats-Unis, c’est un jeu vidéo qui a
été reconnu comme moyen théra-
peutique. Conçu par Akili, un dé-
veloppeur de Boston, ce jeu baptisé
EndeavorRX sera utilisé pour le trai-
tement du trouble du déficit de l’at-
tention avec ou sans hyperactivité
(TDAH) chez les enfants.
POUR SE PROTÉGER DES VIRUS,
NOUS PORTERONS DES
MASQUES PULVÉRISABLES
Le coronavirus inspire les cher-
cheurs. Deux laboratoires de l’In-
serm à l’université de Strasbourg, as-
sociés à la start-up Spartha Medical,
ont lancé un projet révolutionnaire
de barrière de protection contre les
infections virales. Son principe : la
pulvérisation au niveau du nez et de
la bouche d’un spray pour protéger
les muqueuses. Constitué de biopo-
lymères, des macromolécules natu-
relles obtenues notamment à partir
d’algues, il sera absorbé par le corps
et sans danger pour la santé, contrai-
rement aux produits antibactériens
renfermant du fer ou du chlore. Ce
masque pulvérisable, qui demandera
plusieurs années de développement,
sera précédé d’autres applications un
peu moins complexes à réaliser. En
cas d’épidémie virale, le spray pourra
par exemple recouvrir d’un film la
surface des équipements médicaux
utilisés en milieu hospitalier, comme
Le médecin pratique
l’intervention à distance,
comme s’il était dans
la salle. Il est protégé
des rayons X du scanner
par un cockpit.
les sondes et les cathéters. On pulvé-
risera aussi dans les chambres des
malades pour éviter les contagions.
DES «JUMEAUX NUMÉRIQUES»
POUR PERSONNALISER LES
TRAITEMENTS
Demain, des doubles numériques
du corps permettront aux médecins
de personnaliser les soins en prenant
en compte les réactions aux traite-
ments et les effets secondaires. Ils se-
ront aussi de précieux outils d’aide
à la décision dans les blocs opéra-
toires. Avant que la technologie ne
permette la duplication virtuelle du
corps entier, ce sont les organes qui
seront modélisés. En partenariat
avec le CHU de Bordeaux, les ingé-
nieurs de Siemens Healthineers ont
ainsi récemment réalisé l’exact ju-
meau du cœur d’un patient néces-
sitant une resynchronisation car-
diaque. Ils ont utilisé pour cela un
superordinateur capable de traiter
24 milliards de millions d’opérations
par seconde ! A la veille de l’opéra-
tion (la pose d’un pacemaker), les
chirurgiens ont validé, grâce au ju-
meau, la meilleure solution de mise
en place des électrodes sur les ven-
tricules. Une réussite. D’ici deux ou
trois ans, les ingénieurs de Siemens
estiment qu’ils seront capables de
modéliser le foie, beaucoup plus dif-
ficile à dupliquer.
LES OPÉRATIONS
VASCULAIRES POURRONT
SE FAIRE À DISTANCE
Corindus, filiale de Siemens Healthineers,
et la start-up rouennaise Robocath ont
conçu des systèmes robotisés pour
l’angioplastie coronarienne. L’intervention
millimétrée vise à revasculariser le cœur
grâce à la pose de stents (ressorts) dans
les artères. Mais l’utilisation de scanners
émettant des rayons X peut être néfaste
pour le médecin proche de la table. Demain,
il réalisera l’opération à distance, entouré
d’écrans et grâce à un joystick avec lequel
il fera progresser les instruments dans les
artères jusqu’à la lésion. Cette démarche est
une première étape vers la télé-intervention
complète : des victimes d’AVC pourront
par exemple être prises en charge rapide-
ment par des experts situés à des centaines
de kilomètres du lieu de l’accident.

Un espoir pour les 2 millions de
personnes dans le monde souffrant
de rétinite pigmentaire, cette atteinte
génétique dégénérative de l’œil qui
conduit à la cécité. La biotech
SparingVision, cofondée par le ponte
de la rétine José-Alain Sahel,
développe en effet un médicament
injectable pour stopper la
progression de la maladie. Sa
particularité est unique, car il permet
de lutter contre l’affection quelle que
soit la mutation génétique qui en est
à l’origine. Pas moins de 65 d’entre
elles ont été répertoriées comme
source de rétinite pigmentaire.
PHOTOS : SP ; GETTY IMAGES/SCIENCE PHOTO LIBRARY RF/SEBASTIAN KAULITZKI ;
Les lésions du genou liées à un
traumatisme ou au vieillissement
seront bientôt soignées grâce à une
nouvelle génération de pansements
thérapeutiques. Emanation
de l’Inserm et de l’université
de Strasbourg, la start-up Lamina
a conçu un dispositif en polymère
biodégradable de 40 microns
d’épaisseur doté de nanoréservoirs
de produit actif. Posé en chirurgie
ouverte, il est couvert d’une
«confiture» d’hydrogel naturel, mixé
avec des cellules souches du patient
prélevées dans la moelle osseuse.
Ce cocktail permet de reconstituer
plus vite l’os et le cartilage, et
d’éviter une intervention plus lourde.
D’ici cinq à dix ans, les patientes
ayant subi une ablation du sein à la
suite d’un cancer pourront bénéficier
d’une nouvelle technique de
reconstruction mammaire : à partir
de leurs propres cellules et… par
impression 3D. Une alternative aux
prothèses en silicone que refusent
aujourd’hui de nombreuses femmes
par crainte de complications.
A l’origine de cette innovation, une
start-up de Villeurbanne (69),
Healshape. Sa technique consiste à
fabriquer une bioprothèse mammaire
personnalisée, constituée de
biomatériaux et imprimés en 3D.
Au moment de l’implantation, le
chirurgien réalisera un transfert de la
propre graisse de la patiente à
l’intérieur de la bioprothèse. Celle-ci
guidera alors les cellules et leur
permettra de régénérer le tissu
mammaire, avant de se résorber.
Pour le développement du mamelon,
les spécialistes de Healshape
prévoient de recourir à la «bio-
impression» en mêlant directement
les cellules de la patiente au
matériau biologique utilisée pour
l’impression 3D. De quoi
révolutionner le marché de la
reconstruction, aujourd’hui estimé
à 1 milliard d’euros.
DES TECHNOLOGIES
RÉVOLUTIONNAIRES
MADE IN FRANCE
Selon les experts, nous ne sommes
qu’au début de la révolution des thérapies
géniques et cellulaires, qui permettront
de traiter des pathologies encore mal prises
en charge. Elles transformeront aussi
l’industrie pharmaceutique en modifiant son
modèle économique. Car, dans bien des cas,
les traitements classiques de longue durée
seront remplacés par une unique injection.
FÉVRIER 2021 CAPITAL 49
Cancer : la thérapie
cellulaire CAR-T,
une forme
d’immunothérapie
en plein essor

En moins de 10 ans, l’immunothérapie a révolutionné la lutte contre le cancer1. Parmi ses

différentes approches, les CAR-T, qui combinent thérapie génique et thérapie cellulaire2,
constituent une nouvelle source d’espoir dans le traitement de certains cancers du sang,
comme les leucémies, les lymphomes et le myélome multiple.
En ce domaine, l’entreprise biopharmaceutique Bristol Myers Squibb est mobilisée pour
apporter aux patients des innovations thérapeutiques.

C’
est à présent un fait éta-
bli : à l’origine du cancer
se trouvent des cellules
a n o r m a l e s 3 q ui p ro -
lifèrent de manière incon-
trôlée, notamment parce
qu’elles échappent progressivement à la
surveillance de nos défenses immunitaires
qui ne parviennent plus à les détruire4. En
situation normale, il existe des mécanismes
pour réguler l’immunité. Mais quand un can-
cer se développe, les cellules de la tumeur
détournent ces mécanismes de régulation.
Les lymphocytes T, ces globules blancs
« soldats » de l’immunité, sont alors inactivés
et les tumeurs échappent à la destruction4.
Cette découverte scientifique a été à l’origine
d’un changement d’approche thérapeutique
révolutionnaire.
Qu’est-ce que
l’immunothérapie ?
Au lieu de détruire directement les cellules
cancéreuses, mais aussi des cellules saines
 Publi-communiqué

environnantes, comme le font la radiothéra-

pie, la chimiothérapie et les thérapies ciblées,
les immunothérapies visent à « réveiller » le
système immunitaire afin qu’il s’en charge.
Les lymphocytes T peuvent donc à nouveau
reconnaître, attaquer et détruire les cellules
tumorales5.
Des milliers de malades souffrant de
mélanome malin, de carcinome à cellules
de Merkel, de carcinome épidermoïde cutané
(des formes de cancers de la peau), de cer-
taines formes de cancer du poumon, de la
vessie, du rein, de cancer de la tête et du cou
(de la sphère ORL) ou encore de lymphome
de Hodgkin (cancer du sang) ont déjà été ou
sont traités par immunothérapie. Chez cer-
tains patients, la réponse est durable6,8 et le
cancer est maintenu sous contrôle.

La thérapie cellulaire
CAR-T, un nouvel espoir
Parmi les différentes stratégies d’immuno-
thérapie, la plus récente, les CAR-T, consiste à
concevoir un traitement unique pour chaque
patient à partir de ses propres lymphocytes
T. A l’heure actuelle, en France, une vingtaine
de centres experts sont habilités à traiter les
patients par thérapie CAR-T7. Les lympho-
cytes T du patient sont prélevés par aphé-
rèse8 (technique de tri des cellules sanguines)
et envoyés dans un laboratoire spécialisé
(pour le moment, le plus souvent aux Etats-
Unis). Les lymphocytes T sélectionnés sont
alors modifiés génétiquement pour fabriquer réinjectées au patient. Une seule perfusion Cette forme d’immunothérapie indivi-
à leur surface des récepteurs spécifiques (« suffit et les CAR-T continuent à se multiplier dualisée en est encore à ses prémices
récepteurs antigéniques chimériques », CAR pour agir dans l’organisme du patient9,12. et beaucoup de questions scientifiques
en anglais), qui leur donnent la capacité Administrer cette thérapie de pointe requiert restent à élucider. Toutefois, avec des résul-
de reconnaître spécifiquement la tumeur des plateaux techniques et des compétences tats parfois spectaculaires, la thérapie
dont le patient est atteint. À ce stade, on ne très spécifiques, ainsi qu’une parfaite coor- CAR-T est porteuse de nouveaux espoirs
parle plus de lymphocytes T mais de cellules dination entre les différents départements pour les patients atteints de certains can-
CAR-T. Ces dernières se multiplient in vitro impliqués : hématologie, réanimation, phar- cers du sang réfractaires aux traitements
avant d’être renvoyées à l’hôpital pour être macie, neurologie10… traditionnels ou en rechute11,12.

1
https://www.frm.org/recherches-cancers/immunotherapie
2
https://www.inserm.fr/information-en-sante/c-est-quoi/sans-mario-c-est-quoi-car
3
https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Qu-est-ce-qu-un-cancer/Le-ou-les-cancers
4
https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Se-faire-soigner/Traitements/Therapies-ciblees-et-immunotherapie-specifique/Immunotherapie-mode-d-action
5
Institut National du Cancer. Les immunothérapies spécifiques dans le traitement des cancers. Rapport. Mai 2018 (cf page 3, introduction)
6
Ribas et al., Science 359, 1350–1355 (2018)
7
https://www.francelymphomeespoir.fr/contenu/comprendre/comment-soigner-un-lymphome/les-car-t-cells (cf question 12 “Les centres agréés en France”)
8
https://www.e-cancer.fr/Actualites-et-evenements/Actualites/REGARD-SUR-les-medicaments-d-immunotherapie
9
https://www.francelymphomeespoir.fr/contenu/comprendre/comment-soigner-un-lymphome/les-car-t-cells (cf question 6 “Comment se déroule concrètement le trai-
tement avec des CAR-T cells ?”)
10
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000038353958?tab_selection=all&searchField=ALL&query=CAR-T+Cells&page=1&init=true
11
Rapport d’activité 2019, INCa (p. 19)
12
https://www.e-cancer.fr/Actualites-et-evenements/Actualites/REGARD-SUR-les-medicaments-d-immunotherapie

HEFR2000934-01 - NP - Octobre 2020

 LES FORMIDABLES
PROGRÈS QUI
NOUS ATTENDENT
DOSSIER
Green Tech
Les batteries se
chargeront trois
fois plus vite
Au diable l’écologie punitive ! Grâce aux futures
technologies vertes, nous allons pouvoir sauvegarder
l’environnement sans nous priver de rien. Ou presque.
PAR NATHALIE VILLARD
P rès de 1,2 milliard d’euros,
six fois plus qu’il y a dix ans !
Le capital placé en 2019
dans les champions français
de la cleantech par les fonds
d’investissement en dit long
sur l’engouement qu’ils suscitent.
Que les inventions aident à lutter
contre le réchauffement climatique,
les pollutions de l’air, de l’eau et du
sol, ou permettent de préserver les
ressources naturelles, «c’est un raz-
de-marée, observe Alexis Gazzo,
associé chez EY. Et la tendance est
la même partout dans le monde».
Les pouvoirs publics ne sont pas en
reste. «Nous allons injecter 5 mil-
liards d’euros d’ici 2024 dans les
entreprises dédiées à la transition
énergétique», détaille Paul-François
Fournier, grand manitou de l’inno-
vation chez Bpifrance.
Car en devenant la priorité de
(presque) tous les pays, la sauve-
garde de la planète s’annonce aussi
comme un gigantesque business.
D’où la course qui mobilise universi-
tés, labos publics, grands groupes et
start-up sur tous les continents pour
être les premiers à mettre au point les
bioplastiques du futur, des batteries
52 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
Les panneaux solaires deviendront
invisibles grâce aux cellules photovoltaïques
développées par les ingénieurs de
l’université du Michigan (Etats-Unis) : elles
capteront une partie de l’énergie du soleil
tout en laissant passer la lumière.
rechargeables hyper-rapidement,
des fertilisants naturels… Leurs in-
génieurs nous promettent un ave-
nir moins destructeur de ressources
rares et plus économe en CO2. Ils
nous promettent également des em-
plois. En France, les filières énergies
renouvelables et efficacité énergé-
tique, qui comptent 500 000 salariés
aujourd’hui, devraient en faire tra-
vailler 1 million en 2030.
Du bois transparent comme le verre.
C’est la prouesse réalisée par le Forest
Products Laboratory, aux Etats-Unis, après avoir
traité des planches de balsa. Plus résistant, ce
bois translucide est aussi plus isolant, et il
permettra de stocker le CO2 alors que les fours
de cuisson du verre en rejettent énormément.
À BASE DE PAPIER ET
D’ENZYMES, LES PILES
SERONT 100% ÉCOLOS
Voilà un petit objet qui a envahi
notre quotidien. Pas seulement nos
montres, nos torches ou nos télé-
commandes. Avec leur lot de mé-
tal et de produits toxiques non dé-
gradables, les piles alimentent aussi
les petits appareils électroniques à
usage unique, comme les tests de
grossesse digitalisés qui, une fois
utilisés, finissent à la poubelle. D’où
l’urgence d’en concevoir avec zéro
impact sur l’environnement. C’est
le défi relevé par la start-up BeFC,
issue du CNRS, après dix années
de recherche et six brevets dépo- Mieux isoler ses fenêtres sans les
remplacer : avec ses écrans qui se teintent
sés. Ses piles miniatures recyclables selon l’intensité du soleil et peuvent se fixer
directement sur les vitrages existants, la
société texane Inovues pourrait révolutionner
la rénovation énergétique des bâtiments.
 Après les peintures
antimicrobes, anti-odeurs, et celles
qui stockent la chaleur du jour pour la
restituer la nuit, des scientifiques de
l’université américaine Purdue en ont
inventé une rafraîchissante, capable
de réfléchir 95% des rayons lumineux
qu’elle reçoit. Résultat : les murs
peuvent perdre jusqu’à 10 degrés par
rapport à la température ambiante.

Recouvrir les façades de mousse

pour piéger les polluants et le CO2 : testée
par des chercheurs allemands de l’université
de Kaiserslautern sur un immeuble de
trois étages, cette technologie s’avère
aussi efficace qu’une forêt de 600 arbres.

Des doubles vitrages incorporant

un liquide révolutionnaire permettront
d’économiser 30% de chauffage
ou de climatisation par rapport aux
meilleures fenêtres existantes, nous
promettent les ingénieurs de l’université
de Nanyang, à Singapour.

L’EFFICIENCE ÉNERGÉTIQUE

ILLUSTRATIONS : ANTOINE LEVESQUE ; PHOTO : RAWF8 - STOCK.ADOBE.COM

DES BÂTIMENTS SERA DÉCUPLÉE
C’est le Graal écolo : pouvoir stocker les énergies renouvelables
dont la production est le plus souvent intermittente, ce qui constitue
un frein à leur utilisation. Sylfen, une start-up fondée en 2015
à Grenoble, a pris un tour d’avance : avec pas moins de 22 brevets
déposés et 40 millions d’euros investis, cette pépite tricolore a mis
au point une solution destinée aux bâtiments, responsables aujourd’hui
de 40% de la consommation d’énergie en France. Développé en
partenariat avec le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux
énergies alternatives) de Grenoble, son Smart Energy Hub (SMH)
est un système de stockage à hydrogène qui devrait rapidement conquérir
les promoteurs d’écoquartiers. Un superlogiciel pilotera l’énergie
produite par un immeuble équipé, par exemple, de panneaux solaires :
celle-ci sera autoconsommée en journée, tandis que le surplus sera
conservé sous forme d’hydrogène dans des réservoirs. Lorsque, la nuit,
l’édifice aura besoin de lumière ou de chaleur, une fonction pile à Les Asiatiques le savent depuis longtemps :
le bambou est un excellent matériau
combustible se mettra en route et alimentera le bâtiment en électricité. de construction, à la fois robuste et moins
polluant lors de son extraction que le bois.
Après dix ans de tests, la start-up californienne
BamCore a industrialisé un procédé
de panneaux en bambou prêts à monter.
 DOSSIER LeS FOrMIDABLeS PrOGrÈS QUI NOUS ATTeNDeNT
Les centrales
solaires
de l’espace
produiront
24 heures sur 24
faites de couches de cellulose uti­
lisent la biocatalyse (oxygène et glu­
cose) pour produire de l’électricité.
Les capteurs s’activent au contact
d’une goutte d’eau, de sueur, de sa­
live, de sang ou d’urine. Sans mé­
tal ni lithium, fines et flexibles, elles
peuvent être intégrées à tous les ap­
pareils électroniques de basse puis­
sance. Leur potentiel est énorme :
outre les dispositifs médicaux, elles
pourront alimenter quantité d’objets
connectés ou permettre de suivre
des millions de colis. Beaucoup d’in­
dustriels de l’emballage et de logisti­
ciens sont déjà intéressés.
ON RECYCLERA LES TERRES
RARES PRÉSENTES
DANS NOS TÉLÉPHONES
Parmi nos nombreuses dépendan­
ces à l’égard de la Chine, celle de
l’approvisionnement en terres rares
est particulièrement préoccupante.
Alors qu’on retrouve ces 17 métaux
dans une infinie variété de pro­
duits – smartphones, voitures élec­
triques, lasers, satellites… –, l’em­
pire du Milieu assure 62% de leur
production mondiale. Pour desser­
rer cet étau et limiter son impact sur
l’environnement, la piste de leur re­
cyclage mobilise plusieurs grands
labos internationaux. Au CNRS, l’in­
génieure en physique des matériaux
Sophie Rivoirard pilote ainsi le pro­
jet Recup’TR. Son ambition ? Le re­
cyclage des aimants présents dans
les disques durs. Pulvérisés, ils sont
réduits en poudre et, associés à un
polymère, deviennent facilement
réutilisables. Rien qu’en Europe,
3 000 tonnes de ces produits à base
de terres rares pourraient être recy­
clées chaque année. D’ici cinq à dix
ans, nos poubelles remplaceront les
mines de Mongolie intérieure !
GRÂCE À L’INTELLIGENCE
ARTIFICIELLE, LES USINES
SERONT MOINS ÉNERGIVORES
Jusqu’à 15% d’économies d’énergie
sans changer une machine ! C’est la
54 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
prouesse développée par Metron,
une cleantech française en passe
de devenir leader mondial de sa
spécialité. Basés sur l’intelligence
artificielle (IA), ses algorithmes per­
mettent aux industriels d’améliorer
en temps réel la consommation de
leurs chaînes de production. «On
sait où l’énergie se perd à l’électron
près, quelles machines peuvent être
mieux réglées ou utilisées moins
longtemps…», précise le dirigeant
fondateur Vincent Sciandra. Avec
une trentaine de collaborateurs
sur 150 dédiés à la R&D, Metron a
pris une longueur d’avance sur ses
concurrents, allemands notamment.
En six ans, après avoir levé 20 mil­
lions d’euros, cette pépite a déjà si­
gné des contrats sur trois continents.
«D’ici cinq ans, nous serons capables
de décarboner des territoires en­
tiers en modélisant et connectant la
consommation des transports, des
bâtiments ou des équipements pu­
blics, assure Vincent Sciandra. En un
clic, les énergéticiens pourront ainsi
alimenter la piscine municipale avec
la chaleur excédentaire d’une usine.»
DES CENTRALES SOLAIRES
SERONT INSTALLÉES
DIRECTEMENT DANS L’ESPACE
Devenir le premier pays à cap­
ter l’énergie solaire dans l’espace
pour la rediriger vers la Terre : c’est
NOS VILLES SERONT ÉCLAIRÉES
AUX BACTÉRIES MARINES
LUMINESCENTES
Pollution lumineuse, utilisation de terres
rares dans les LED, consommation
énergétique importante… Selon l’ONU,
l’éclairage public utilise 15% de l’électricité
mondiale et dégage 5% des gaz à effet
de serre. L’innovation de la jeune pousse
francilienne Glowee pourrait bien changer
la donne. Son inspiration ? Les espèces
sous-marines capables de produire
de la lumière grâce à la bioluminescence.
Après plusieurs années de recherche
et trois brevets déposés, Glowee a identifié
une source de bactéries marines
– secrètes – particulièrement performantes.
L’avantage de ces micro-organismes
est qu’ils se reproduisent à l’infini. Placés
dans une sorte d’aquarium, ils émettent,
par réaction chimique, une lumière douce,
froide et bleutée. Cette bioluminescence
n’est pas encore assez puissante
pour remplacer les lampadaires ou
les ampoules domestiques. Mais Glowee
a signé un projet pilote avec la ville
de Rambouillet (78) afin de tester
ce nouvel éclairage sur du mobilier urbain.
 CETTE VOITURE À L’ÉNERGIE
SOLAIRE SERA BIENTÔT
COMMERCIALISÉE
Idéale pour les petits trajets ! L’engin
mis au point par la start-up californienne
Aptera sera en mesure de parcourir
jusqu’à 70 kilomètres par jour grâce aux
capteurs solaires fixés sur son toit. Il sera
doté aussi d’une batterie rechargeable,
et son autonomie pourra grimper à
1 600 kilomètres grâce à un coefficient
aérodynamique exceptionnel. Comptez
37 000 euros pour sa version haut de
gamme, commercialisée dès cette année.
l’un des paris de la Chine, et elle
est bien partie pour le gagner. Dès
2030, Pékin devrait lancer sa pre-
mière centrale solaire en orbite,
un énorme satellite équipé de pan-
neaux photovoltaïques géants ca-
pables de recueillir de l’énergie.
Elles tourneront à 35 000 kilomètres
au-dessus du niveau de la mer, loin
des nuages et du cycle jour-nuit. Fini
les aléas de la météo ! Cette énergie
solaire ultrapuissante sera trans-
mise par un faisceau d’ondes radio,
tandis qu’au sol une station récu-
pérera le signal pour le convertir en
électricité. Une minicentrale pour-
rait être testée d’ici 2025.
LES PAYSANS POURRONT SE
PASSER D’ENGRAIS CHIMIQUES
D’ici 2050, la planète devra nour-
rir 2 milliards de personnes de plus
qu’aujourd’hui. Les surfaces culti-
vables n’étant pas extensibles, la
seule solution sera d’accroître les
rendements. Mais de manière natu-
relle si l’on veut préserver les sols et
PHOTOS : SP ; FERRARI / STARFACE
protéger les agriculteurs. En France,
l’objectif est de réduire de moitié la
consommation des pesticides d’ici
2025. La solution ? Les remplacer
par des engrais naturels. Une piste de
recherche suivie par de nombreuses
jeunes pousses dans le monde. Cer-
taines travaillent sur la transforma-
tion de végétaux (ortie, bourrache,
ail…), de déjections d’insectes ou
d’extraits de plantes en fongicides
naturels. D’autres planchent sur la
génétique microbienne. Comme la
start-up californienne Pivot Bio, dont
les découvertes permettent aux mi-
crobes présents dans le sol de libé-
rer de l’azote à la racine des plantes
pour les doper. En France, forte de
15 brevets, MicroPep, née au CNRS
de Toulouse, devrait être la première
société au monde à commerciali-
ser des biostimulants capables de
booster les acides aminés des vé-
gétaux. Pas un géant des fongicides
qui ne l’ait approchée pour acheter
sa technologie. Il faudra compter
aussi sur les inventions de Biovitis,
qui a déposé plusieurs brevets pour
des biostimulants à base de micro-
organismes contre les maladies du
blé, du colza et de la vigne. Le défi de
tous ces fertilisants naturels est de
devenir compétitifs. Une étape qui
devrait être franchie d’ici cinq ans.
LES COLLES INDUSTRIELLES
SERONT VÉGÉTALES
C’est bien joli de vouloir construire
écolo, mais si les colles utilisées
dans les panneaux de bois conti-
nuent d’être à base de pétrole, l’ef-
fet «vert» sera tout relatif. Pour les
remplacer, la start-up Evertree est
allée chercher du côté des résidus
(tourteaux) d’extraction d’huiles
végétales. Les premiers tests menés
chez cinq fabricants américains sur
50 000 mètres carrés de panneaux ont
permis de réduire de 20 à 40% l’utili-
sation des résines à base de pétrole.
Demain, le recours à ces liants végé-
taux dans d’autres matériaux compo-
sites aura un impact direct sur la qua-
lité de l’air urbain, plus de la moitié
des polluants volatils émanant des
matériaux présents dans les habi-
tations. Après avoir levé 15 millions
d’euros, la société basée à Compiègne
(60) prévoit de lancer cette année
une première unité industrielle de
25 000 tonnes annuelles. Ses équipes
R&D planchent sur d’autres débou-
chés dans les mousses, les émulsi-
fiants et les produits adhésifs.
DES FILMS PHOTOVOLTAÏQUES
S’APPLIQUERONT SUR
TOUTES SORTES DE SUPPORTS
On ne sait pas si ça l’aidera à gagner le
Vendée Globe, mais le bateau truffé
de technologies de Jean Le Cam
aura testé une innovation promet-
teuse : des membranes photovol-
taïques aussi fines et souples que
des billets de banque ont été posées
sur la cabine et les voiles du «Yes we
Cam» pour lui fournir de l’électricité.
Une technologie mise au point par la
start-up française Solar Cloth System,
pionnière dans ce domaine. Avec un
rapport poids-puissance imbattable
Février 2021 CAPiTAL 55
 DOSSIER LeS FOrMIDABLeS PrOGrÈS QUI NOUS ATTeNDeNT
Des drones permettront de détecter
précocement les maladies des vignes
– 340 watts par kilo, contre 15 pour les
panneaux classiques –, ces feuilles
pourront équiper les navires du futur,
les campements militaires, les serres
agricoles, les drones, les avions élec-
triques, les tentes de camping… La
société des Alpes-Maritimes devrait
lancer une production de 100 mètres
carrés par jour d’ici la fin 2021.
LES VÉHICULES UTILITAIRES
NE REJETTERONT PLUS
DE GAZ CARBONIQUE
En Europe, les transports sont res-
ponsables de près de 30% des émis-
sions de CO2, et 72% de ces émissions
proviennent du transport routier.
Rendre les camions et les véhicules
utilitaires moins polluants est donc la
priorité de nombreux chercheurs. En
Suisse, une équipe de la prestigieuse
école d’ingénieurs EPFL a breveté un
procédé pour capturer le CO2 direc-
tement sur le pot d’échappement des
camions. Celui-ci est ensuite liqué-
fié et stocké dans une bonbonne fixée
sur le toit du véhicule. Lors de son
prochain plein, le chauffeur pourra
le déposer dans une station-service
où il sera transformé en carburant
conventionnel grâce à de l’énergie
renouvelable. Un nouveau genre de
circuit court. La technologie a été tes-
tée sur des camions mais elle pourra
fonctionner sur des bateaux. Avec un
énorme avantage : contrairement aux
solutions électriques ou à hydrogène,
on pourra conserver la flotte de poids
lourds ou de navires tout en les ren-
dant neutres en émissions carbone.
ON SAURA LIMITER LA
CONSOMMATION DES
ÉMETTEURS TÉLÉCOMS 5G
Les réseaux télécoms consomment
une énergie considérable. En cause,
l’amplificateur de puissance des re-
lais de téléphone mobile qui en en-
gloutit plus de la moitié. Or, avec
le passage à la 5G, leurs besoins en
énergie pourraient doubler, voire
tripler. La parade ? Les amplifica-
teurs nouvelle génération dévelop-
pés par la start-up française Wupatec
et protégés par cinq familles de bre-
vets. Actuellement testée sur des
émetteurs militaires, cette nouvelle
56 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
technologie de radiofréquence per-
mettrait de réduire de moitié la con-
sommation d’énergie des réseaux
5G. Une innovation qui intéresse de
nombreux équipementiers télécoms.
LES DÉCHETS
SERONT TRANSFORMÉS
EN BIOPLASTIQUES
Voilà l’un des pires fléaux pour notre
planète. Selon une récente étude de
«Science Advances», si rien n’est
fait, 12 milliards de tonnes de dé-
chets plastiques finiront sur des sites
d’enfouissement ou dans la nature
d’ici 2050. D’où l’urgence de fabri-
quer des bioplastiques facilement
dégradables. Certains de ces subs-
tituts existent déjà pour les sacs-
poubelles ou le paillage agricole.
D’autres, pour les emballages des
aliments ou des produits ménagers,
LES ANIMAUX D’ÉLEVAGE SERONT
NOURRIS AUX MICROALGUES
Attention, première mondiale ! La découverte de la
start-up niçoise Inalve pourrait révolutionner l’alimentation
animale, aujourd’hui à base d’huiles et de farines
végétales, dont la culture et la transformation sont très
nocives pour l’environnement. Après dix ans de travaux, ses
chercheurs ont obtenu une souche de microalgues très
riches en protéines. Cultivées sur des biofilms, un procédé
très économe en eau et en énergie, «elles ont un rende-
ment par hectare de production supérieur de 40% à celui
du soja», assure le cofondateur d’Inalve, Christophe
Vasseur. Une fois transformées en farine par écoextraction,
elles pourront nourrir poissons et crevettes en aquaculture,
le premier marché ciblé par Inalve. Une première ligne
industrielle test devrait être lancée d’ici la fin de l’année.
sont encore en développement,
qu’ils soient à base de déchets ali-
mentaires – piste suivie par la société
canadienne Genecis Bioindustries –
ou de résidus agricoles – innovation
de l’entreprise américaine Pivot Bio.
Leur point commun ? Ils sont fabri-
qués à partir de végétaux et non de
dérivés du pétrole, ce qui les rend
biodégradables. Ce qui n’est pas en-
core le cas des emballages rigides,
très difficiles à recycler.
Un casse-tête que la start-up Car-
biolice, basée dans le Puy-de-Dôme,
est en passe de résoudre après sept
années de recherche. Sa trouvaille ?
Un principe actif à base d’enzymes
capables de rendre le plastique PLA,
issu de maïs, entièrement compos-
table. Introduites dès leur fabrica-
tion, elles permettront aux films,
pots de yaourts, barquettes ou gobe-
lets de se biodégrader intégralement.
La start-up stéphanoise Lactips a,
quant à elle, inventé le premier bio-
plastique soluble dans l’eau sans ré-
sidus. «A base de caséine de lait, il
pourra servir à conditionner des do-
ses de détergents pour lave-vaisselle,
par exemple», détaille sa fondatrice
Marie-Hélène Gramatikoff.
Solution plus radicale, certains
tentent carrément de supprimer le
plastique, même bio. Parmi les pro-
jets les plus avancés, celui de Carls-
berg, qui travaille sur une bouteille
constituée à 98% de fibres de bois,
en collaboration avec le Centre tech-
nique du papier à Grenoble. Pour
qu’elle résiste à l’humidité, cette
flasque écolo, qui intéresse égale-
ment Coca-Cola, L’Oréal et Ricard,
a été dotée d’un fin revêtement mi-
néral biodégradable à base de sili-
cium. Les prototypes seraient prêts,
mais la mise en production prendra
encore quelques années.
GRÂCE AU DIGITAL,
LES CULTURES SERONT
MOINS POLLUANTES
Capteurs, objets connectés, drones,
robots… Ces outils numériques fe-
ront bientôt partie du quotidien de
nos agriculteurs. «Disponibles sur
leur mobile, les données qu’ils four-
niront les aideront à développer une
agriculture durable», s’enthousiasme
Bénédicte Monpert, du fonds d’in-
vestissement Capagro. Et dans cette
«agtech» en plein essor, la France
aligne déjà plusieurs champions.
Les radars et capteurs de données
des sols mis au point par Weather
Measures, Weenat ou Sencrop ana­
lyseront la composition chimique
de la terre, et mesureront sa tempé­
rature et son taux d’humidité. Ces in­
formations permettront à l’exploitant
d’optimiser les passages de tracteur,
les arrosages, les apports d’engrais,
les dates de semis ou de récolte.
Pour capter les données, les dro­
nes seront également utiles. Inventé
par deux anciens d’Airbus, celui de la
start­up Chouette prend des milliers
de photos disséquées par un algo­
rithme capable de détecter les mala­
dies de la vigne. Or plus vite celles­ci
seront détectées, moins les traite­
ments seront massifs. La viticulture
va aussi travailler avec des robots.
Electriques et autonomes, ceux de
Naïo Technologies, bientôt équipés
de recharges solaires, sont capables
de désherber des rangs de 100 mètres
à 95%, donc sans pesticides, en sept
minutes. «Demain, ils pourront net­ Un drone 100% solaire capable de voler douze heures d’affilée sans dégager
1 gramme de CO2. C’est l’exploit réalisé en juillet dernier par le SolarXOne lors
toyer des champs de carottes, de poi­ de son premier vol d’essai longue durée. Mis au point après quatre années de
reaux, d’oignons…», assure son co­ recherche par la société bretonne Xsun, son marché ira des transports à l’agriculture
fondateur Guillaume Delprat. en passant par la cartographie, la surveillance maritime ou des réseaux électriques…
LE STOCKAGE DES MÉMOIRES
NUMÉRIQUES SERA DÉCUPLÉ
ET MOINS ÉNERGIVORE
On l’oublie souvent en pianotant
sur nos ordinateurs ou nos smart­
phones, mais l’écosystème digital
mondial – notamment les data cen­
ters – avale 15% de la consomma­
tion d’électricité de la planète ! Or
l’explosion du marché des objets
connectés, de l’intelligence artifi­
cielle et du cloud va aggraver encore
cette boulimie. A moins qu’on ne
puisse densifier la mémoire des sys­
tèmes informatiques tout en dimi­
nuant leur impact énergétique. C’est
la prouesse accomplie par les cher­
cheurs du Centre de nanosciences et
de nanotechnologies, un laboratoire
commun au CNRS et à l’université
PHOTOS : SP ; SP XSUN

Paris­Saclay, où se trouve l’une des

plus grandes salles blanches acadé­
miques d’Europe. Fondée en 2017 et
détentrice de trois brevets, leur start­
up Spin­Ion Technologies entend
imposer son innovation comme le
nouveau standard industriel des fa­
Recharger sa voiture électrique à tout moment ? Grâce à l’unité de charge portable mise au
bricants de mémoires numériques. point par la start-up américaine SparkCharge, tomber en panne de batterie sur l’autoroute ne sera plus un
Une prochaine levée de fonds de­ problème. Destinés d’abord aux sociétés de dépannage, ces chargeurs permettront, d’ici 2022, de procurer
vrait lui en donner les moyens. une autonomie de 25 kilomètres en quinze minutes, huit fois plus rapidement qu’à une borne standard.

Février 2021 CAPiTAL 57

 DOSSIER LeS FOrMIDABLeS PrOGrÈS QUI NOUS ATTeNDeNT

Les courants marins nous fourniront bientôt une énergie colossale

L’HYDROGÈNE VERT SERA
LE CARBURANT DE DEMAIN
Retenez bien ce nom : McPhy. Il
sonne anglo-saxon, mais c’est d’une
PME drômoise qu’il s’agit, bien par-
tie pour devenir l’un des champions
mondiaux de la greentech. Ses deux
inventions ? Des électrolyseurs ca-
pables de produire de l’hydrogène
vert à grande échelle à partir d’élec-
tricité et d’eau, sans aucune émis-
sion de CO2. Et des stations de re-
charge – l’équivalent des stations
essence d’aujourd’hui – qui permet-
tent de réapprovisionner les voitures
à hydrogène en quelques minutes.
La Bourse ne s’y est pas trompée : le
cours de McPhy a bondi de 775% en
2020. Il faut dire que l’unique car-
burant (et combustible) de substi-
tution aux énergies fossiles pour le
transport, le chauffage et l’industrie
pourrait représenter, selon Bloom-
berg, un marché de 700 milliards de
dollars par an d’ici 2050. Et cocorico,
SP
la France aligne déjà plusieurs pé- attendent, eux, qu’ils soient plus
pites : Ergosup (électrolyse à haute autonomes. Filiale de Total, Saft, le
pression), Qairos Energies (trans- champion français des batteries de
formation du chanvre) et Lhyfe, haute technologie qui équipent no-
qui privilégie l’éolien. Sans parler tamment des satellites et des avions,
du mastodonte Air liquide, dont la est bien placée dans cette course.
première usine d’hydrogène dé- Avec ses alliés Siemens et Solvay,
carboné par électrolyse de l’eau à notamment, l’objectif est de conce-
membrane échangeuse de protons voir et de produire une batterie
(PEM) vient de terminer avec suc- lithium-ion solide (l’électrolyte est
cès sa phase pilote au Danemark. une plaque de verre), une révolution
«Encore beaucoup plus cher que le après des décennies de batteries
pétrole, ce nouveau carburant de- dites «liquides». Les promesses de
vrait devenir compétitif à l’horizon cette nouvelle génération sont mul-
2030», prévoit Jules Besnainou, du tiples : une sécurité accrue – elles ne
cabinet Cleantech Group. seront pas inflammables –, une au-
tonomie augmentée pour atteindre
L’AUTONOMIE DES VÉHICULES 800 à 1 000 kilomètres, et surtout un
ÉLECTRIQUES SERA DOUBLÉE... temps de recharge qui pourrait être
Stimulée par le commissaire Thierry réduit à quelques minutes. Saft et
Breton, l’Europe rêve de bâtir un ses partenaires européens estiment
«Airbus de la batterie» pour contrer qu’un premier produit pourrait voir
les industriels asiatiques, tandis que le jour dès 2023.
les propriétaires – de plus en plus … ET LEURS BATTERIES
nombreux – de véhicules électriques
SE RECHARGERONT PLUS VITE
ET SERONT PLUS ÉCOLOS
En 2019, le prix Nobel de chimie ré-
Le bateau sera compensait un trio de chercheurs
propulsé par des anglo-américano-japonais pour
éoliennes géantes sans leurs travaux initiés dans les années
dégager 1 gramme 1970 sur les batteries lithium-ion. Il
de CO2 et téléopéré faut dire que cette technologie a per-
depuis un centre mis l’avènement des smartphones,
de contrôle terrestre.
des ordinateurs portables, des mon-
tres connectées, des consoles de
jeux, des véhicules électriques…
Mais aujourd’hui ces batteries ne
sont plus du tout écolo-compatibles.

Notamment du fait de leurs com-

posants, le lithium et le cobalt, des
matériaux rares dont l’extraction est
souvent catastrophique pour l’en-
vironnement. Heureusement, plu-
sieurs start-up planchent sur des
alternatives. Comme Tiamat, soute-
nue par le CNRS, qui, après six ans
de travaux, a mis au point une bat-
DES BATEAUX TRANSFORMERONT terie à base de sels de sodium – pré-
L’ÉNERGIE HYDROLIENNE L’énergie produite
sents en abondance dans les océans
et la croûte terrestre –, rechargeable
OFFSHORE EN CARBURANT par l’hydrolienne dix fois plus rapidement et avec une
sous le navire est
convertie en électricité, longévité trois fois supérieure à celle
Largement sous-exploité, l’hydrolien extracôtier est le deuxième plus qui est stockée des modèles lithium. Selon Jules
grand réservoir d’énergie renouvelable sur la planète. Pour l’exploiter, dans des batteries Besnainou, du Cleantech Group,
la start-up Farwind, issue de l’Ecole centrale de Nantes, développe ou convertie «cette technologie va révolutionner
un projet de navire propulsé par le vent sous lequel une turbine géante en hydrogène.
quantité d’usages dans la mobilité
(hydrolienne) convertit l’énergie des courants marins en électricité électrique, les outillages électro-
ou en carburant. Autonomes, ces bateaux-centrales seront déployés portatifs ou le stockage des énergies
en flottes téléopérées depuis un centre de contrôle. renouvelables».

58 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

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 LES FORMIDABLES
PROGRÈS QUI
NOUS ATTENDENT
DOSSIER
Vie quotidienne
Les écrans
se répareront
tout seuls !
C’est fou ce que les scientifiques ont comme idées pour
nous rendre l’existence plus facile ! En voici un petit aperçu.
PAR ZELIHA CHAFFIN
M
eubles, chaussettes,
mu s é e s, a é ro p o r t s
smartphones, pneus et
même… nos poubelles.
C’est tout notre envi-
ronnement quotidien
que les petits génies de l’intelligence
artificielle, des matériaux et de
l’électronique sont en train de révo-
lutionner dans leurs labos du
monde entier. Et leur imagination
semble sans limite, comme le
démontre ce petit échantillon de
leurs futures trouvailles.
INCREVABLES, LES PNEUS
SERONT BARDÉS DE CAPTEURS
Chaque année, environ 200 millions
de pneus sont mis au rebut préma-
turément dans le monde à cause de
crevaisons sur la route ou d’une
usure précoce due à une mauvaise
pression. Mais changer une roue ne
sera bientôt plus qu’un lointain sou-
venir. C’est en tout cas la promesse
des ingénieurs du groupe Michelin,
qui développent depuis plusieurs
années un bibendum révolution-
naire, sans air comprimé – et donc
increvable –, dont la commercialisa-
tion devrait commencer en 2024.
A l’avenir, les pneus deviendront
60 CAPITAL févrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
également intelligents. Grâce à des
capteurs qui mesureront la tempé-
rature, le niveau d’adhérence et la
rugosité de la route, ils seront
capables d’analyser en permanence
la dangerosité de la chaussée et de
s’adapter à l’état du revêtement et
aux conditions météo.
LES CASQUES DE VÉLO SERONT
PLIABLES ET PLUS RÉSISTANTS
Les ventes de vélos explosent. Mais
peu désireux de s’encombrer d’un
casque, les cyclistes rechignent bien
souvent à se protéger lorsqu’ils en-
fourchent leur deux-roues. Pour pal-
lier ce problème, les fondateurs de
la start-up française Bumpair ont
mis au point, après plus de deux ans
de R&D, un casque ultraléger qui se
dégonfle après chaque utilisation
pour se ranger en un clin d’œil dans
le sac. Le tout sans altérer sa capa-
cité de protection : l’air sous pression
se charge d’absorber l’impact au
moindre choc. La commercialisa-
tion démarrera cette année. Le da-
nois Newton-Rider a quant à lui fait
le choix d’un casque pliable semi-
souple, composé d’une mousse po-
lyuréthane viscoélastique, qui va
durcir instantanément en cas de
choc pour éviter les traumatismes.
Des innovations devraient égale-
ment intéresser les utilisateurs de
trottinettes et autres adeptes des
nouvelles mobilités.
LE MOBILIER ABSORBERA
TOUS LES BRUITS AMBIANTS
On connaissait les casques à réduc-
tion de bruit, comme celui lancé
par la start-up malouine Orosound,
qui permet grâce à l’intelligence ar-
tificielle d’isoler le brouhaha envi-
ronnant de l’open space sans pour
autant vous couper d’un échange
avec votre collègue assis en face de
vous. Mais demain, on fera mieux
encore : c’est le mobilier autour de
vous qui absorbera les sons grâce
aux matériaux acoustiques intelli-
gents conçus par la start-up fran-
çaise Meta bsorber. Du coup, on
n’aura plus besoin de casque !
Fonctionnant comme «un ampli à
l’envers» qui piège le bruit, ces ma-
tériaux innovants pourront être inté-
grés à tous types de mobilier, qu’ils
soient en verre, en bois ou en plas-
tique. Les recherches dans le do-
maine sont nombreuses : l’univer-
sité technologique de Nanyang, à
Singapour, a ainsi imaginé un dis-
positif couplant un capteur avec de
petits haut-parleurs installés sur la
fenêtre, qui permet de réduire de
10 décibels les nuisances sonores de
la rue lorsque la fenêtre est grande
ouverte. De son côté, la start-up
française Akoustic Arts a lancé un
hygiaphone s’appuyant sur une
technologie de son directionnel,
créant un faisceau de son transporté
jusqu’à un utilisateur ciblé. Un ou-
til bien pratique en ces temps de
pandémie, puisqu’il permettra de
respecter les échanges confiden-
tiels dans les lieux publics tout en
conservant une distance de sécu-
rité de plusieurs mètres.
LES MUSÉES DEVIENDRONT
PLUS LUDIQUES
Réalité virtuelle, drones, robots…
Les parcs de loisirs et les musées ont
bien saisi le potentiel des innova-
tions technologiques pour rendre
l’expérience de leurs visiteurs plus
immersive. Au musée Salvador Dali,
en Floride, par exemple, le peintre

ELLE RÉSISTE
AUX INTEMPÉRIES
Une capuche amovible
semi-rigide
Dotée d’arceaux légers, cette
capuche amovible, conçue
par le français Overcap, a déjà
séduit l’armée. Se rangeant
facilement dans un sac,
elle résiste à des vents
de 80 kilomètres-heure,
sans se plaquer sur le visage.
ELLES GARDENT
VOS PIEDS AU SEC
ILLUSTRATIONS : ANTOINE LEVESQUE
Des chaussettes
imperméables
Grâce à leur membrane
étanche intercalée entre
deux couches de tissu,
les chaussettes proposées
par l’entreprise française Verjari
garderont nos pieds au sec
pendant les longues heures
de randonnée sous la pluie.
IL ALLÈGE LA
SENSATION DE CHARGE
Un sac à dos en
apesanteur… ou presque
Equipées d’inserts en carbone
profilé, les bretelles de
cet ingénieux sac à dos, conçu
par le français Gravipack,
permettent de mieux répartir
la charge sur l’ensemble
du corps, et plus seulement sur
les épaules et les cervicales.
LES FUTURS ÉQUIPEMENTS DE
RANDONNÉE NOUS RENDRONT
LA VIE BEAUCOUP PLUS FACILE
Grâce à cette panoplie d’innovations,
toutes plus ingénieuses les unes que IL PERMET DE COURIR
les autres, les amateurs de randonnées DEUX FOIS PLUS VITE
ou de camping soucieux d’un minimum
de confort vont pouvoir parcourir de nombreux
Un pantalon qui améliore
kilomètres dans la nature l’esprit léger. les performances
Même les moustiques ne leur feront plus Encore en développement, cet
exosquelette muni de ressorts
peur. Des scientifiques de l’université robotisés, imaginé par
du Massachusetts, aux Etats-Unis, sont une équipe d’ingénieurs en
en effet récemment parvenus à lier mécanique de l’université
les molécules d’un insecticide, Vanderbilt (Etats-Unis),
permettra à son utilisateur
la perméthrine, à celles d’un tissu de courir deux fois plus vite.
composé en partie de Nylon et de coton. Hussein Bolt ne va pas aimer.
FÉVRIER 2021 CAPITAL 61
 DOSSIER LeS fOrMIDABLeS PrOGrÈS QUI NOUS ATTeNDeNT

Fini les casques ! Les juste à trouver votre porte d’embar­

meubles absorberont eux-
mêmes les bruits gênants
surréaliste est ainsi revenu à la vie en
2019 grâce à l’intelligence artifi­
cielle. Sur un écran de plus de
2 mètres de haut, les visiteurs pou­
vaient, en appuyant sur un bouton,
voir un avatar du peintre s’animer
pour leur parler de son art, de la mé­
téo, et même leur proposer de
prendre un selfie. Une expérience
stupéfiante, qui devrait faire son
chemin dans les prochaines années.
DANS LES AÉROPORTS, LE
PARCOURS SERA PLUS FLUIDE
Vous êtes en retard. A l’aéroport,
vous sautez du taxi et vous foncez
jusqu’aux contrôles de sécurité.
Mais inutile d’ouvrir votre valise, de
présenter votre passeport et de pas­
ser sous un portique : des caméras
intelligentes, placées dans tous les
coins de l’aérogare, ont déjà scanné
vos bagages alors que vous poussiez
votre chariot dans le hall d’entrée et
vérifié votre identité grâce à la recon­
naissance faciale. Un peu intrusif,
sans doute, mais cela évite la fouille,
le déballage de vos effets intimes par
les agents de sûreté et la longue file
d’attente au point de contrôle. Reste
quement. Vous regardez l’écran d’af­
fichage, et là… surprise. Il se person­
nalise pour présenter uniquement
les détails de votre vol. Une éton­
nante technologie développée par
l’américain Misapplied Sciences,
qui permet à chaque pixel de l’écran
d’émettre simultanément une mul­
titude de rayons lumineux là où
le pixel «traditionnel» n’en émet
qu’un seul. Résultat : un écran peut
afficher, au même moment, des in­
formations différentes selon la per­
sonne qui le regarde. Annoncées
début 2020 par la compagnie Delta
Airlines, ces innovations devraient
être expérimentées très prochaine­
ment à l’aéroport de Detroit.
AU BUREAU, DE NOUVEAUX
OUTILS FACILITERONT
LA PRISE DE NOTES
Il est 10 heures et votre réunion à
distance avec des clients étrangers
débute. Dans votre salon, les holo­
grammes de vos interlocuteurs
s’animent, abolissant presque la dis­
tance physique. Muni de votre oreil­
lette, qui traduit en temps réel toute
la conversation, vous suivez sans au­
cun problème les échanges en an­
notant de la main des documents
papier qui seront instantanément
numérisés grâce à votre tablette
ISKN. Un futur pas si lointain : les
appareils de traduction vocaux , à
l’image de ceux développés par le
polonais Vasco Electronics ou l’amé­
ricain Waverly Labs, se perfec­
tionnent de jour en jour. Le géant
Google permet même depuis peu
de traduire instantanément un texte
en le prenant simplement en photo
avec son smartphone. Magique.
L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
RETROUVERA LES VOITURES
VOLÉES ET SAUVERA DES VIES
Déjà en place dans de nombreux
lieux publics pour assurer la sécurité,
les systèmes de vidéosurveillance
verront leur efficacité faire un bond
grâce à l’intelligence artificielle.
Nourris d’algorithmes ultrasophisti­
qués et de milliards de données, ils
permettront, en ville, de repérer les
véhicules volés dans le trafic routier,
à l’instar du radar intelligent déve­
loppé par l’américain Ekin : la police
n’aura qu’à entrer dans la base les ca­
ractéristiques du véhicule recherché
(modèle, couleur, plaque d’immatri­
culation…) pour que le logiciel s’ac­
tive à le retrouver. Sur la plage, l’is­
raélien Sightbit aidera de son côté les
maîtres­nageurs à identifier en
quelques secondes les personnes en
détresse dans l’eau à cause d’une
crampe, par exemple, celles qui
s’éloignent trop du rivage ou se re­
trouvent emportées par le courant.
Chaque année, plusieurs dizaines de
personnes se noient en France.

L’HOMME POURRA
BIENTÔT VOLER
DE SES PROPRES AILES
PHOTOS : 2020 RAY DEMSKI VIA SP ; MATTHEW FOURNIER ON UNSPLASH ; SP

Voler comme Iron Man ? Ce n’est pas encore

pour tout de suite, mais on s’en approche.
Avec ses deux turbines électriques pour
la propulsion et sa structure légère en fibre
de carbone et en aluminium, la combinaison
ailée développée par BMW et son studio
d’innovation technologique Designworks,
dédié aux nouvelles mobilités, on pourra
bientôt planer à haute altitude à plus de
300 kilomètres-heure. Et pas seulement
pour s’amuser. Au Royaume-Uni, des
sauveteurs viennent de tester avec succès,
dans le parc national du Lake District,
une combinaison volante développée
par la société Gravity Industries, qui leur
permettrait d’intervenir plus vite auprès
des blessés dans les zones escarpées.

62 CAPITAL févrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 SALUT !
RDV, DEMAIN
À 15 H 30 !
ANALYSE EN COURS…
BONJOUR
MADAME, JE VOUS
CONFIRME NOTRE
RENDEZ-VOUS DE
DEMAIN À 15 H 30.
BIEN À VOUS.
UN CORRECTEUR AUTOMATIQUE
RENDRA NOS MAILS PLUS POLIS
«Envoie-moi le dossier asap», «Fais-moi un compte
rendu», «Appelle-moi !!!»… Avec le télétravail, le nombre
d’e-mails professionnels envoyés chaque jour explose.
Pris dans ce flot, on en oublie parfois dans le feu
de l’action les formules de politesse élémentaire.
Quitte à froisser au passage la susceptibilité de son
interlocuteur. L’université Carnegie Mellon, aux
Etats-Unis, a peut-être la solution. Elle a conçu un
logiciel qui analysera votre mail en un clin d’œil avant
son envoi et vous suggérera des améliorations dans
la formulation pour rendre votre prose plus courtoise.
De quoi éviter les tensions avec vos collègues.
LES ÉCRANS S’ÉTIRERONT
POUR DEVENIR PLUS GRANDS…
C’est une question qui ne cesse de
tarauder l’industrie du smartphone.
Comment rendre nos écrans de télé-
phone plus grands tout en mainte-
nant leur format poche pour les
transporter ? L’arrivée, il y a deux
ans, des premiers portables avec
écran pliable tentait de résoudre
l’équation. Mais elle n’a pas réussi à
convaincre. Du coup, les construc-
teurs travaillent déjà à de nouveaux
écrans, étirables cette fois-ci, sans
risque de voir apparaître une pliure
à force d’utilisation. Le chinois
Oppo semble déjà bien avancé. Fin
novembre, il a dévoilé dans une vi-
déo un surprenant smartphone, qui,
d’une simple caresse sur la tranche,
passe de 6,7 à 7,4 pouces.
… ET SE RÉPARERONT
AUTOMATIQUEMENT EN
CAS DE FISSURE
Il suffit parfois d’une seule chute
pour que l’écran de nos précieux té-
léphones se fissure. Le problème,
c’est que, bien souvent, le coût de de la National Science Foundation,
réparation égale presque celui d’un travaille sur une combinaison hap-
nouvel appareil. Des chercheurs tique, en partenariat avec des cher-
coréens ont peut-être trouvé la so- cheurs des universités Virginia Tech
lution en développant un maté- et de Floride. Baptisé ForceBot, ce
riau électronique autocicatrisant. projet a pour ambition de combiner
Le principe ? Des microcapsules la technologie de retour tactile, mise
d’huile de lin mélangée à du silicone au point par l’américain, avec un
sont intégrées aux composants qui exosquelette robotique afin de faire
constituent l’écran du smartphone. ressentir à son porteur la forme, le
En cas de choc provoquant une fis- poids et la texture des objets virtuels.
sure, ces microcapsules libèrent De quoi faire monter d’un cran
leur substance, qui vient combler l’action du jeu.
la brèche avant de durcir grâce au
contact de l’air. Les premiers essais
en laboratoire sont plutôt encoura-
geants : près de 95% des fissures d’un 1
écran endommagé ont été réparées
en l’espace de vingt minutes grâce
à ce procédé.
ON SE DÉPLACERA
EN TAXI VOLANT
Préparez-vous à prendre de la hau-
teur : le décollage des voitures auto-
nomes est imminent. Dès 2024, lors
des Jeux olympiques qui se déroule-
ront à Paris, les premiers taxis vo-
lants sans conducteur devraient cir-
culer dans le ciel francilien. Parmi
les projets les plus avancés figure le 2 3
CityAirbus, du constructeur aéro-
nautique européen. Ce taxi élec-
trique, qui disposera d’une autono-
mie de quinze minutes, transportera
jusqu’à quatre passagers à une vi-
tesse de 120 kilomètres-heure sur
des liaisons Roissy-Disneyland et
Roissy-Saint-Denis. Un concept qui
semble déjà séduire les Français : NOS POUBELLES
43% d’entre eux se disent prêts
à grimper à bord de ces nouveaux TRIERONT
engins selon une étude du groupe LES DÉCHETS
Carvea Consulting. Objectif à terme :
désembouteiller le trafic routier qui Epluchures, os, sachets de thé,
paralyse régulièrement les grandes filtres à café, serviettes en papier,
villes et réduire les émissions pol- noyaux d'avocats, peaux de
luantes. En 2019, en Ile-de-France, bananes… Grâce à cette poubelle
un automobiliste perdait en intelligente imaginée par le
moyenne 163 heures par an dans les canadien Anvy Technologies, vous
bouchons. pourrez jeter directement vos
déchets alimentaires dans l’évier. Il
DANS LES JEUX VIDÉO,
vous suffira de faire couler l’eau 1 ,
L’EXPÉRIENCE SERA
PLUS PERSONNALISÉE la poubelle fera le tri entre les
déchets solides – qui seront alors
Ressentir toute l’action du jeu
comme si vous y étiez. C’est le défi dirigés directement dans le bac
que s’est fixé l’industrie du gaming de collecte situé en dessous 2 –
ces dernières années. L’américain et les liquides 3 . Une fois pleine,
HaptX, qui vient de décrocher une vous n’aurez plus qu’à la vider
subvention de 1,5 million de dollars dans le bac à compost.
février 2021 CAPiTAL 63
ÉCONOMIE
EN IMAGES

Cette cocotte sert à vérifier le volume d’éclatement

du maïs. Après avoir été chauffé un peu plus
de deux minutes, un grain atteint entre 40 et 50 fois
son volume initial une fois transformé en pop-corn.

64 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 L’explosion
du pop-corn
gersois
La PME familiale Nataïs, implantée près de Toulouse,
est l’inattendu leader européen du maïs à éclater pour
micro-ondes. A cause du Covid, sa consommation dans
les cinémas a sombré. Mais à la maison, elle a flambé…

ÉRIC WATTEZ • REPORTAGE PHOTO : MANOLO MYLONAS POUR CAPITAL

FÉVRIER 2021 CAPITAL 65

 éCONOMIe eN IMAGeS

En 2020, 41 000 tonnes de maïs ont été ramassées et livrées de septembre à début novembre.
Semées en avril, les graines, garanties sans OGM, sont fournies par un semencier spécialisé du
Nebraska, Etat agricole du Middle West, fournisseur historique de l’entreprise.

Grâce à un système
de ventilation
sophistiqué, le maïs
à pop-corn est
conservé jusqu’à deux
mois dans des silos
où le taux d’humidité
de l’atmosphère
est stabilisé entre
13 et 15%.

66 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 Le rendement du maïs à pop-corn est de 6 tonnes à l’hectare, moitié moins que ceux des variétés
communes. Pour protéger et nourrir la terre entre deux récoltes, on y plante des légumineuses ou du trèfle.

280 PRODUCTEURS DU SUD-OUEST

CULTIVENT 8 200 HECTARES POUR NATAÏS
Février 2021 CAPiTAL 67
 éCONOMIe eN IMAGeS

Le maïs à pop-corn, ici déchargé

à l’entrée du silo, reste un produit
de niche. Assez fragile, il est acheté
aux agriculteurs, selon les années,
entre 350 et 400 euros la tonne,
très au-dessus des cours mondiaux
du maïs destiné à l’élevage.

68 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous

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EN SORTIE DE STOCKAGE, UNE TOUR DE TRIAGE
TRAITE JUSQU’À 15 TONNES DE MAÏS À L’HEURE

Avant la ligne de production, un flux

d’air permet d’écarter les grains
les plus légers tandis que les plus
lourds passent par gravitation dans
un tamis. Une trieuse optique, équipée
de plusieurs caméras, détecte et
rejette les grains abîmés et tachés.

Février
Février 2021
2021 CAPiTAL 69
 éCONOMIe EN
ÉCONOMIE eN IMAGES
IMAGeS

LE POP-CORN DU
GERS TIENT 40%
DU MARCHÉ EUROPÉEN
Chacune des trois lignes de conditionnement
sort 300 paquets à l’heure. Outre le maïs,
ils contiennent une dose d’huile de tournesol, du
sel ou du sucre et un suscepteur (un matériau
qui absorbe l’énergie et le transforme en
chaleur). D’abord plié, l’emballage de papier
kraft s’ouvre en grand quand les grains éclatent.

70 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

L a réussite de Michael Ehmann n’est vraiment
pas banale. Fils d’un agriculteur allemand venu
s’installer dans le Gers après que ses terres ont
été expropriées, il a repris la petite exploitation
familiale pour devenir en une vingtaine d’an-
nées un champion du pop-corn avec 50 millions
d’euros de chiffre d’affaires, soit 40% du marché euro-
péen. Et cela en maintenant son entreprise baptisée
Nataïs (pour «naturel maïs») à Bézéril, une minuscule
commune campagnarde à une cinquantaine de kilo-
mètres de Toulouse. Le hasard, il est vrai, a bien fait les
choses. «Lors d’un voyage aux Etats-Unis dans ma belle-
famille, j’ai visité plusieurs fermes et rencontré un pro-
ducteur de maïs à pop-corn dans le Nebraska, se sou-
vient le patron de Nataïs. Il m’a donné 2 kilos de graines,
et je me suis lancé. Nous travaillons toujours ensemble !»
En s’associant à des agriculteurs locaux, l’entreprise
gersoise a popularisé un produit déjà bien connu outre-
Atlantique : le maïs à éclater au micro-ondes, en sachet
kraft ou en vrac. Explication : c’est sous l’effet de la cha-
leur que l’humidité contenue dans ce genre de grains
le fait exploser et que son amidon mousse. Vite fait, pas
cher (1 euro la portion), fun et, ce qui ne gâche rien,
plus sain que la confiserie, le pop-corn a de quoi sé-
duire. Nataïs, qui emploie quelque 150 personnes,
fabrique sous son propre label (Maison Popcorn) ou
pour le compte de distributeurs (Casino, Migros, Aldi…)
et des marques de snacking (Metcalfe’s, Kelkin). La
France ne pèse que pour 10% de son business, l’essen-
tiel des ventes se faisant dans le reste de l’Europe, celles
du pop-corn salé surtout dans les pays du Nord et celles
du sucré dans les pays du Sud. La crise du Covid a fait
s’effondrer les ventes dans les cinémas qui comptent
pour 15% du chiffre d’affaires, mais l’activité s’est pour-
tant maintenue. «On dirait que les gens se sont mis à
grignoter du pop-corn en regardant Netflix», constate,
rassuré, Michael Ehmann. Enfin, un patron de PME
qui n’a pas à se plaindre du Covid !

Des échantillons sont contrôlés en permanence dans

le laboratoire. On y vérifie la vitesse d’éclatement des
grains – deux minutes et trente secondes en principe –,
leur forme, leur goût. On y teste aussi de nouvelles
recettes, au caramel, à la truffe poivrée, à la pêche…

Février 2021 CAPiTAL 71

 +1,4 %
Janvier
2020
ÉCONOMIE
INTERNATIONAL

ALERTE !
Le cercle vicieux de la
déflation nous guette
La crise du Covid-19 va-t-elle nous faire basculer dans cette spirale
infernale qui emporterait notre économie vers le chaos comme en 1929 ?
De plus en plus d’économistes le craignent.

PAR PHILIPPINE ROBERT

A votre avis, quel est le pire scénario pour un

banquier central ? Sûrement celui qu’est en
train de vivre Christine Lagarde : voir appa-
raître à l’horizon le spectre de la déflation
alors même qu’on fait pleuvoir des milliards
sur l’économie. Depuis le début de l’épidémie
de Covid-19, la Banque centrale européenne (BCE) ne
cesse en effet de déverser des montagnes de liquidités
dans les pays de la zone euro. Au total, 1 850 milliards
d’euros ont été créés de toutes pièces par l’institution de
Francfort pour financer l’endettement abyssal des Etats,
plombés par la crise du coronavirus. Les esprits chagrins
n’ont pas manqué de s’inquiéter de l’utilisation massive
de cette planche à billets en agitant le risque d’hyper-
inflation comme un chiffon rouge. Mais les dernières
données d’Eurostat, l’office statistique de l’Union euro-
péenne, sont loin de leur donner raison : l’IPCH (indice
des prix à la consommation harmonisé) de la zone euro
affiche depuis cinq mois un taux d’inflation annuel…
négatif : – 0,2% en août 2020, puis – 0,3% en septembre,
en octobre, en novembre et en décembre.
De quoi faire se retourner dans sa tombe le grand éco-
nomiste Milton Friedman, Prix Nobel d’économie 1976,
qui pensait que l’augmentation de la masse monétaire
provoquait forcément de l’inflation. «Le débat agite le
monde des économistes, et la moitié d’entre eux s’in-
quiètent plutôt d’un risque de déflation : il s’agit sans
doute de la question la plus importante des prochains
mois», résume Patrick Artus, chef économiste chez
Natixis. Pour le moment, pas de panique, nous pouvons
encore souffler : une évolution des prix négative pen-
dant quelques mois ne signifie pas que nous sommes
entrés dans le cercle vicieux de la baisse. D’autant que
l’inflation que l’on nomme «sous-jacente» – qui ne
prend pas en compte les prix les plus volatils, comme
l’alimentaire ou l’énergie – demeure positive, même si
elle atteint des niveaux historiquement bas.
Pour qu’une vraie spirale déflationniste se mette en
place, il faut en effet que la réduction du niveau général
des étiquettes soit durable et autoentretenue. Une fois
qu’elle s’enclenche, le mécanisme devient alors diabo-
lique. Avec la baisse des prix, les marges des entreprises
se tassent, elles réduisent donc leurs investissements,
taillent dans leurs effectifs et sabrent dans les fiches de
paie. Confrontés à la chute de leur pouvoir d’achat, les
ménages réduisent à leur tour leur consommation, ce
qui fait baisser les prix, et ainsi de suite. Le processus est
d’autant plus difficile à interrompre qu’il se nourrit en
quelque sorte de lui-même : les consommateurs ont ten-
dance à reporter leurs achats non seulement parce qu’ils

72 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 +0,4 %
Juillet
2020 DANS LA ZONE
EURO, L’INFLATION
A BASCULÉ
DANS LE NÉGATIF
Taux d’inflation annuel mesuré par les iPCH
(indice des prix à la consommation harmonisé).
Source : eurostat.

– 0,3 % – 0,3 %
Novembre Décembre
2020 2020

sont plus pauvres, mais aussi parce qu’ils… attendent
que les prix baissent encore plus. C’est ce cercle vicieux
qui a plongé le monde dans la Grande Dépression au
cours des années 1930, et qui a failli emporter la zone
euro dans la tourmente après la crise de la dette, au dé-
but des années 2010.
NOUS N’EN SOMMES HEUREUSEMENT pas encore
là, mais il existe aujourd’hui des raisons de s’inquiéter.
«Il s’agit d’un scénario très probable en 2021», prévient
Véronique Riches-Flores, économiste et présidente de
RichesFlores Research. «Il ne faudrait pas que l’infla-
tion sous-jacente bascule sous les 0%», estime quant à
lui Frédérik Ducrozet, économiste chez Pictet Wealth
Management. Le risque en est d’autant plus élevé que les
forces déflationnistes étaient déjà très puissantes avant
même la crise du Covid. Cela fait plusieurs décennies
maintenant que le rythme de la hausse des prix se ré-
duit inexorablement, à cause de toute une série de fac-
teurs. La mondialisation qui tire les coûts vers le bas,
bien sûr, mais aussi la préférence accrue des ménages
pour l’épargne plutôt que pour la consommation – une
conséquence, entre autres, du vieillissement de la po-
pulation –, la perte de pouvoir des syndicats – ils ne par-
viennent plus à imposer des augmentations de salaire -
et le développement du numérique, qui permet de
proposer des services beaucoup moins chers.
En somme, la pandémie de Covid-19 n’a fait que
conforter la tendance. En empêchant les ménages de
consommer à leur guise pendant les périodes de confi-
nement, elle a fait progresser l’épargne de façon phé-
noménale. Certes, si cette dernière venait à être dépen-
sée dans les prochains mois, cela ne serait pas un
problème, les prix pourraient recommencer
d’augmenter, même peu. Mais la sortie
de crise pourrait s’avérer plus longue La demande
et plus difficile que ce que l’on es- se contracte
pérait avant l’arrivée du virus mu-
tant… «Si la dégradation du mar- Les prix
ché du travail était vraiment baissent
très prononcée, nous pourrions Les ménages
alors basculer dans le scéna-
LA DÉFLATION
reportent
rio du pire», prévient Christian leurs achats S’AUTO-
Parisot, chef économiste chez ENTRETIENT
Aurel BGC. Or cette hypothèse
est loin d’être improbable : pour
Les marges
des entreprises
le moment, les respirateurs artifi- Les entreprises réduisent se tassent
ciels mis en place par le gouverne- leurs investissements,
ment – dispositif de chômage partiel, les salaires et l’emploi
prêts garantis par l’Etat, fonds d’aide aux

Février 2021 CAPiTAL 73

 ÉCONOMIE INTERNATIONAL
Si la déflation frappait
l’Europe, la BCE ne pourrait
pas faire grand-chose
PME… – ont permis aux entreprises d’absorber une par-
tie du choc sur l’emploi et les salaires. Mais le jour où ils
seront débranchés, le chômage risque d’exploser. Et les
ménages voudront alors absolument conserver le ma-
telas de sécurité accumulé en 2020. Ils y seront d’autant
plus enclins qu’ils n’ont qu’une confiance limitée dans
le fameux «quoi qu’il en coûte» d’Emmanuel Macron : ils
savent bien qu’un jour le gouvernement devra augmen-
ter les impôts et peut-être même rogner dans le système
de protection sociale pour payer la montagne de dettes
accumulée pendant la crise.
Mais le comportement des ménages n’est pas seul
en cause. La tendance à la déflation est aussi alimen-
tée par les milliers d’entreprises zombies maintenues
artificiellement en vie ces derniers mois, grâce à la per-
fusion d’oxygène des Banques centrales et des gouver-
nements. Ces sociétés peuvent en effet se permettre
de se lancer dans une guerre des prix qui plombe leurs
concurrents plus solides, obligés de s’aligner… «Les
destructions de surcapacités ne seront peut-être pas
suffisantes pour rééquilibrer l’offre et la demande, et
éviter la baisse des étiquettes», estime ainsi Véronique
Riches-Flores.
Reste la question centrale : la BCE pourrait-elle nous
préserver du pire, si nous nous approchions trop près
de cette spirale mortifère ? La réponse est malheureuse-
ment non. Certes, en théorie, elle dispose de deux armes
puissantes pour contrer la déflation et relancer la ma-
chine productive : la baisse des taux d’intérêt et l’injec-
tion massive de liquidités dans le circuit. Mais elle en
use déjà à fond ! Les taux sont au plancher et elle arrose
comme jamais la machine économique en rachetant
à tour de bras les titres de dette des Etats. «Il faut ajou-
ter qu’elle a beaucoup perdu en crédibilité, soupire Eric
Dor, directeur des études économiques à l’Ieseg School
of Management. Or l’inflation est un aussi un phéno-
mène psychologique : si les agents économiques n’ont
plus confiance dans son discours, la Banque centrale ne
pourra pas réussir à nous sauver.»
PAS DE PANIQUE, en dépit de tous ces augures, nous
avons quand même quelques bonnes raisons d’espé-
rer. «A court terme, de nombreux arguments permettent
de penser que l’on va réussir à éviter l’écueil de la défla-
tion», estime ainsi Sébastian Paris-Horvitz, stratégiste
chez La Banque postale Asset Management (LBPAM).
A commencer par les campagnes de vaccination en-
treprises partout sur la planète. Si elles parviennent à
contenir la pandémie, l’économie mondiale pourrait
très vite retrouver des couleurs. Pris d’un regain d’op-
timisme, et encouragés par les pharaoniques plans de
relance américain et européen, les ménages pourraient
alors se remettre à dépenser, tirant de nouveau les prix
vers le haut. Conséquence de l’épidémie de Covid-19, de
nombreuses entreprises pourraient choisir de relocali-
74 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
PHOTOS : GRANGER COLL NY / AURIMAGES ; AFP
1873 Après le
krach bancaire
du 9 mai, les
économies
européennes
vont connaître
pendant
vingt ans des
épisodes
de déflation.
1929 La spirale
déflationniste va
entraîner le monde ser leur production, ce qui provoquerait une augmen-
entier dans une tation de leurs coûts. Et la transition énergétique pour-
épouvantable crise rait elle aussi contribuer à faire grimper les étiquettes.
sociale. Il lui L’inflation pourrait alors pointer de nouveau son nez.
faudra dix ans La bonne nouvelle, c’est que, dans cette hypothèse, les
pour s’en libérer.
risques de sombrer dans le cauchemar inverse, l’hyper-
inflation, seraient extrêmement faibles. Les Allemands,
qui ont toujours en tête les scènes apocalyptiques des
années 1920, lorsque leurs grands ou arrière-grands-
parents allaient acheter leur pain avec des brouettes de
billets, peuvent dormir tranquille. Au mieux peut-on
s’attendre à retrouver le niveau d’inflation anémique
d’avant la crise du Covid. «Nous étions en moyenne à
1,5%, nous devrions passer à une moyenne de 1%», pré-
dit Patrick Artus. Ce ne serait certes pas une situation
idéale, car notre économie est plombée par des dettes
colossales. «Pour en diminuer un peu le fardeau, ce se-
rait mieux d’avoir 2%», calcule Frédérik Ducrozet. Cette
situation ne permettrait pas non plus aux Banques cen-
trales de stopper leurs politiques monétaires ultra-
accommodantes, qui, on le sait, génèrent des effets se-
condaires toxiques : bulles sur le prix des actifs, ruine
des épargnants et accroissement des inégalités. Mais
entre deux maux, celui-ci serait quand même moindre
que la déflation…
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 2020 1680
Emmanuel Macron annonce
qu’un nouveau porte-avions nucléaire
Louis XIV se rend à
Dunkerque pour inspecter sa toute
ÉCONOMIE remplacera le «Charles-de-Gaulle». nouvelle flotte de guerre.
EN HISTOIRE
LAURENT CIPRIANI/AFP

IL N’Y AVAIT PAS

ENCORE DE
PORTE-AVIONS !
L e président de la République l’a annoncé le 8 décembre
dernier : la France va construire un nouveau porte-
avions à propulsion nucléaire pour remplacer l’actuel
«Charles-de-Gaulle» à l’horizon 2038. Elle est le seul
pays avec les Etats-Unis à disposer de bâtiments de ce
type, qui cumulent deux avantages stratégiques ma-
jeurs : ils sont très autonomes, car ils ne nécessitent pas d’ap-
provisionnement régulier en carburant, et ils ont la faculté de
projeter des avions à longue distance, en raison de l’étendue
de leur pont d’envol et de leur système de catapulte. Seul bé-
mol, la Marine nationale ne pourra toujours aligner qu’un
1

porte-avions alors que deux seraient nécessaires pour garan-

tir une permanence à la mer.
En réalisant cet investissement lourd (5 milliards d’euros,
mais au bas mot, avec des retombées industrielles et techno-
logiques importantes pour les chantiers de Saint-Nazaire et la
filière électronucléaire), le chef de l’Etat confirme un choix ef-
fectué en réalité au début du XVIIe siècle. Richelieu d’abord,
Colbert et Louis XIV ensuite décident de doter le royaume
d’une flotte puissante, susceptible de tenir tête à celle de l’An-
gleterre. C’est une politique au long cours, militaire mais aussi
économique, qui se met alors en place. Il faut planter des fo-
rêts de chênes pour produire de bons bois de marine, installer
des chantiers navals, former des architectes constructeurs, dé-
finir des classes de vaisseaux pour standardiser la production,
encourager la sidérurgie ou le textile pour fournir les canons
et les voiles, enrôler les populations du littoral… Cette flotte
sera finalement vaincue à Trafalgar en 1805, mais elle aura per-
mis, vingt-trois ans plus tôt, l’indépendance des Etats-Unis.
PAR FRÉDÉRIC TRISTRAM
1 2
LE ROI-SOLEIL ADMIRE
SA NOUVELLE FLOTTE
Ce cavalier étincelant, c’est Louis XIV
qui, en personne, vient passer
sa flotte en revue. Depuis sa prise de
pouvoir en 1661, le roi s’intéresse
de près aux affaires maritimes,
préside chaque vendredi un Conseil
dédié et se tient régulièrement
informé de l’avancement des travaux.
Il fera même reconstituer une version
miniature de ses vaisseaux
sur le Grand Canal de Versailles.
LA REVUE A LIEU FACE À
LA VILLE DE DUNKERQUE
En ce 27 juillet 1680, c’est la
troisième fois que le roi se rend à
Dunkerque. Le port flamand, pris aux
Espagnols en 1658 et tout de suite
cédé aux Anglais, a été racheté par
la France en 1662 pour 5 millions de
livres. Fortifié par Vauban à partir de
1668, doté d’un arsenal, de risbans et
de jetées, il est réputé imprenable et
constitue, face aux côtes britanniques,
une réelle menace pour l’Angleterre.

76 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 2

3 4
LA MER DU NORD EST PEU
PROFONDE À CET ENDROIT
Ces eaux, facilement ensablées,
ne peuvent accueillir de grandes
unités navales, limitant ainsi, malgré
les travaux de Vauban, les capacités
de développement de Dunkerque.
Son arsenal est donc spécialisé
dans la production de vaisseaux de
moyen tonnage, et ne pourra jamais
rivaliser avec ceux de Toulon et de
Brest, qui fourniront bientôt l’essentiel
de la flotte du royaume.
“L’ENTREPRENANT” TIRE À LA FLOTTE ROYALE
BLANC POUR SALUER LE ROI OCCUPE TOUT L’HORIZON
Ce navire est l’une des trois
seules grandes unités de 70 canons
produites à Dunkerque. Cette
classification par type d’armement,
adoptée à partir de 1669, montre la
place essentielle tenue par l’artillerie
de marine. La France s’approvisionne
d’abord en Suède puis produit
ses propres canons en fonte,
plus puissants et plus rapides que
les traditionnels canons en bronze.
5 6
Ce nombre impressionnant de navires
montre le développement de la marine
depuis 1661. En 1680, elle compte
120 vaisseaux de ligne, auxquels
s’ajoutent une quarantaine de galères,
basées à Marseille, et qui ne peuvent
servir qu’en Méditerranée (cette flotte
sera dissoute en 1748). A la fin du
XVIIe siècle, les sommes engagées
pour ces navires représentent plus de
15% du budget de l’Etat.
UN INTENDANT COMMENTE
FIÈREMENT LA SCÈNE
Cet homme est un intendant,
c’est-à-dire un administrateur royal
qui gouverne la place de Dunkerque.
Colbert a beaucoup fait pour
développer l’organisation rationnelle
de la marine, nommant partout
des fonctionnaires à sa botte.
Ces derniers prennent vite le meilleur
sur la noblesse d’épée qui
commande à bord. Cette rivalité nuira
parfois à l’efficacité de la flotte.

«LOUIS XIV PASSANT SA FLOTTE EN REVUE À DUNKERQUE», HENDRIK VAN MINDERHOUT (FIN XVIIIe SIÈCLE).
NATIONAL TRUST PHOTOGRAPHIC LIBRARY/ANDREW PATTERSON / BRIDGEMAN IMAGES Février 2021 CAPiTAL 77
 PAR MARC TOUATI, économiste
et président du cabinet Acdefi.
ÉCONOMIE
TRIBUNE

LA LEÇON D’ÉCO
Reset : après la
pandémie, quel nouveau
monde pour demain ? La crise du coronavirus nous a contraints à changer
d’approche pour repartir sur des bases plus solides. Mais ce nouveau
monde post-Covid pourrait être pire que l’ancien…

C ela nous est forcément arrivé

un jour : que ce soit avec notre
ordinateur, notre téléphone
portable ou encore notre voi-
ture, lorsque les dysfonction-
nements se multiplient, que
certaines commandes ne répondent
plus, il faut souvent se livrer à un «re-
set», c’est-à-dire à une réinitialisation
complète de l’appareil. C’est exacte-
ment ce qui est en train de se produire
corriger en partie les erreurs du passé,
par exemple la suprématie sans limite
et sans contrôle de la Chine, l’exubé-
rance irrationnelle des marchés ou en-
core l’explosion de la dette publique sté-
rile de certains pays, c’est-à-dire sans
effet bénéfique durable sur la crois-
sance et l’emploi.

À L’OPPOSÉ, il existe un second type

pour notre «belle planète».
Mais attention, il existe deux types
de reset. Le premier, celui que l’on sou-
haite toutes et tous, se traduirait par
un redémarrage positif selon lequel le
monde d’après la pandémie serait meil-
leur que le précédent. Ainsi, il viendrait
X LAHACHE
de reset, celui que l’on pourrait appe-
ler le «bad reset», c’est-à-dire une re-
mise à zéro qui susciterait un nouveau
monde pire que l’ancien. Et malheureu-
sement, au regard des récentes évolu-
tions économiques, financières et géo-
politiques, c’est celui-ci qui est en train
de l’emporter. En effet, bien loin d’avoir
«sanctionné» la Chine et de lui avoir im-
posé des normes sanitaires, sociales et
démocratiques, on n’a rien fait. Si bien
qu’en dépit de son origine indubitable
dans cette pandémie mondiale et mal-
gré les mensonges qu’elle a diffusés de-
puis maintenant plus d’un an, la Chine
est encore plus puissante qu’avant le
coronavirus de Wuhan.
Sur l’ensemble de l’année 2020, elle
a ainsi été l’un des très rares pays de la
planète (pour ne pas dire le seul) à
dégager une variation positive de son
PIB réel (c’est-à-dire hors inflation).
Celle-ci sera d’environ 2%, contre par
exemple – 8% pour la zone euro, – 10%
pour la France, et – 4,1% pour l’ensemble
de l’économie mondiale.

78 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

En novembre 2020, l’empire du Milieu
a même réalisé un excédent commer­
cial record de 75,42 milliards de dol­
lars sur un mois. Et ce, principalement
grâce à la flambée de ses exportations,
qui ont affiché un glissement annuel
de + 21,1%. Autrement dit, le monde n’a
tiré aucune leçon de la tragédie pandé­
mique : non seulement il n’a pas réduit
ses achats de produits chinois en im­
posant un certain nombre de normes
à ces derniers, mais, bien plus grave, il
les a augmentés.
CONSÉQUENCE LOGIQUE de ces évo­
lutions, les réserves de change chinoises
sont reparties en nette hausse, attei­
gnant 3 178 milliards de dollars en no­
vembre, soit 90 milliards de plus qu’en
janvier 2020.
Compte tenu de ce matelas de sécu­
rité, mais également du bond des indi­
cateurs avancés de l’activité au cours
des derniers mois, la Chine est d’ores
et déjà quasiment assurée de réaliser
une croissance économique d’environ
9% en 2021.
Bien loin de ces performances, les
économies occidentales sont restées
surendettées et incapables de retrouver
le chemin de la croissance forte et du­
rable. Et cela, en particulier dans la zone
euro et en France, où la récession de­
meure parmi les plus graves du globe.
Quant à 2021, même si un rebond tech­
nique est très probable, il restera limité
et insuffisant pour permettre à nos PIB
de retrouver leur niveau d’avant la crise.
D’autant qu’ils retomberont rapidement
dans la croissance molle.
Or le retour d’une croissance durable­
ment forte reste la condition sine qua
non pour sortir de la crise de la dette,
qui, même si le monde l’a oublié, n’est
toujours pas terminée et finira forcé­
ment par revenir, avec pertes et fracas.
En parallèle, et largement portées par
la pandémie, les tentations du repli sur
soi, de la démondialisation ou encore
de la décroissance sont aussi en train de
devenir des dogmes incontournables.
Une telle régression, si elle se poursuit,
finira par réduire dramatiquement nos
libertés, tout en suscitant une flambée
du chômage et de la pauvreté à travers
le monde… sauf en Chine !
Sorties d’ores et déjà renforcées par la
pandémie, les entreprises du numérique,
et en particulier les Gafam (Google,
Amazon, Facebook, Apple, Microsoft),
sont devenues encore plus puissantes
et ont développé davantage leur pou­
voir monopolistique.
En outre, après tant d’années de bulles
et d’exagérations, les marchés finan­
ciers ont profité des planches à billets
excessives des Banques centrales pour
retomber dans les mêmes travers que
par le passé.
En résumé, il faut se rendre à l’évi­
dence : le monde est bien tombé dans
un bad reset et est en train de devenir
pire qu’avant, tant d’un point de vue
économique que financier ou encore
géopolitique.
Pour toutes ces raisons et bien d’au­
tres encore, il est donc indispensable
que les dirigeants économiques, poli­
tiques et monétaires de la planète, mais
également l’ensemble des citoyens du
monde, se ressaisissent et ne tombent
plus dans ces pièges si tentants. Au
contraire, ils doivent au plus vite tirer
les leçons de leurs erreurs passées pour
ne pas les reproduire.
NOUS DEVONS TOUT FAIRE pour que
cette réinitialisation mondiale soit aussi
un «upgrade», c’est­à­dire une amélio­
ration de notre système économique,
financier, social et sociétal. Cela devra
passer par des Etats plus responsables,
moins dispendieux et plus soucieux de
la bonne utilisation de l’argent public.
Les Banques centrales devront aussi
faire passer la stabilité économique et
financière avant le «court­termisme» et
l’alimentation des bulles financières.
Une Organisation mondiale du
commerce plus efficace et plus trans­
parente devra s’imposer, avec un res­
pect effectif des normes sanitaires
et démocratiques, qui devront deve­
nir des conditions indispensables au
développement des échanges inter­
nationaux.De même, il faudra contenir
la surpuissance des mastodontes du
numérique, dont les Gafam, via la fin
des situations de monopole, une plus
grande transparence et un meilleur
contrôle dans l’utilisation des données,
sans oublier une fiscalité claire et har­
monisée à l’échelle de la planète.
ENFIN, LE NOUVEAU MONDE plus
écologique ne devra pas se faire par l’ins­
tauration de nouvelles taxes prohibitives
et liberticides. Non, cela devra passer
par le développement de nouvelles ré­
volutions technologiques, que ce soit
dans les domaines de l’énergie, de
l’agroalimentaire, de l’environnement
ou encore de la robotique et des nano­
technologies. Ces révolutions techno­
logiques permettront notamment de
maintenir le monde dans une croissance
saine, tout en améliorant les gains de
productivité, l’emploi, les revenus et le
bien­être global.
De la sorte, la crise du Covid­19 et les
dégâts humains qu’elle a engendrés ne
seront pas vains. Ce choc sans précé­
dent se traduira certes par une remise
des compteurs à zéro, mais aussi par
un monde plus propre, plus transpa­
rent, moins exubérant, mais aussi plus
sûr et moins belliqueux. Nous pourrons
alors être fiers d’avoir traversé la crise
la plus grave depuis la Seconde Guerre
mondiale et d’en être sortis par le haut,
c’est­à­dire en ayant sauvé et amélioré
notre belle planète bleue, que nous
pourrons donc léguer à nos enfants en
toute quiétude et sans regret.
Le dernier livre de Marc Touati «reset. Quel nouveau
monde pour demain ?» est sorti le 2 septembre 2020.
La Chine, encore
plus puissante…
75,42
milliards de dollars d’excédent
commercial en novembre 2020
+ 21,1%
d’exportations en 2020
par rapport à 2019
Février 2021 CAPiTAL 79
 Café
ETHICAL COFFEE COMPANY

RÉVÉLATIONS 8,4 M€ PERDUS

La société, qui fabriquait des
dosettes écolos pour machines
Nespresso, a été liquidée en 2018.

Jus de fruits bio

GOOD ORGANIC ONLY

2,8 M€ PERDUS
Cette entreprise, fondée
avec sa femme, Mareva
Galanter, a été fermée
au bout de trois ans.

Site Web
MAGÉNÉRATION.COM

Appli télé
3 M€ PERDUS
Ce portail destiné aux
WE ARE TV 45-65 ans n’a jamais
trouvé son public.
9,2 M€ PERDUS
Cette start-up proposant des
applis télé interactives a été
mise en sommeil en 2018.

80 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 ARTHUR
Animateur à succès,
businessman à confirmer Internet, biotech, restauration, hôtellerie, pétrole… En quinze
ans, la star de TF1 a investi dans une flopée de secteurs. Mais
il y a plus souvent pris le bouillon que fait fortune.
A llez, va refaire des implants
de cheveux et va faire un
peu de sport pour rafermir
tout ça !» Voilà les conseils
amicaux que lançait à
l’été 2020 Cyril Hanouna à
Arthur. L’animateur de la Une n’a, pa-
raît-il, pas apprécié. Mais le coup de
grife de la star de C8 est sans doute le
cadet de ses soucis, car il subit en ce
moment des déboires autrement ra-
geants. Le 15 décembre dernier, après
sept ans de procédure, le tribunal de
commerce de Bobigny l’a débouté du
procès qu’il avait intenté à la famille
Benetton, pour une sombre histoire
de dosettes de café biodégradables.
Non seulement il ne touchera pas un
PHOTOS : FOC KAN/WIREIMAGE/GETTY IMAGES ; DR
centime des 14 millions d’euros qu’il
réclamait à la famille italienne, mais il
a été condamné à lui verser 50 000 eu-
ros en remboursement de ses frais de
procédure. Une vraie humiliation.
Décidément, Arthur, dont les avo-
cats n’ont pas souhaité répondre à
Capital, n’y arrive pas avec le bu-
siness. Pour faire valser l’Audimat
avec des émissions populaires, ce-
lui qui se présentait jadis comme
«l’animateur le plus con de la bande
FM» a incontestablement du talent.
PAR JAMAL HENNI
Quand il s’agit de mener des afaires
extra-télévisuelles, en revanche, l’ex-
gamin de Massy (91) peine toujours à
faire ses preuves. «Son rêve, ce serait
d’être reconnu comme un bon busi-
nessman», témoigne l’un de ses an-
ciens associés. «Il pourrait y arriver,
car il est loin d’être bête», observe un
autre. L’ennui, c’est que cet impatient
«veut gagner le plus d’argent possible
le plus vite possible», soupire un troi-
sième. Cela ne facilite pas les choses.
NOTRE HOMME partait pourtant
avec d’excellentes cartes en main : la
vente à Endemol de ses parts dans la
société de production ASP, qu’il avait
créée avec Stéphane Courbit, lui a
rapporté 300 millions d’euros dans
le courant des années 2000. A l’afût
de tous les bons coups – ou supposés
tels –, l’animateur s’est mis à investir
à tour de bras dans les domaines les
plus divers, auxquels il ne connais-
sait souvent pas grand-chose : spec-
tacle vivant, Internet, biotech, restau-
ration, hôtellerie, immobilier, négoce
d’œuvres d’art, agroalimentaire, et
même pétrole… Certes, il a parfois
réalisé de jolis coups, comme la re-
vente de ses parts dans les avertis-
seurs Coyote pour trois fois sa mise
(4 millions d’euros). Mais cette fré-
nésie lui a valu plus souvent qu’à son
tour de boire le bouillon, et de se fâ-
cher avec nombre de ses associés.
Prenons cette histoire de dosettes
de café biodégradables fabriquées
par Ethical Cofee Company (ECC).
Cette société suisse semblant sur-
fer sur un terrain prometteur, Arthur
s’est empressé d’y investir 8,4 mil-
lions en 2009 et 2010, aux côtés de
son partenaire Benetton. A première
vue, l’afaire semblait en or, puisque
le business plan prévoyait une envo-
lée du chifre d’afaires à 400 millions
d’euros. En réalité, il n’a jamais dé-
passé 15 millions, et la société, tor-
pillée par Nestlé, s’est consumée en
dissensions internes. En novembre
2018, elle a été mise en liquidation
et Arthur a dû faire une croix sur ses
8,4 millions d’euros. Mais il n’a pas
lâché l’afaire pour autant. Arguant
que ses anciens amis Benetton
avaient eux-mêmes sciemment peint
en rose le business plan pour l’en-
tourlouper, il s’est retourné contre
eux devant les tribunaux… En vain,
puisque les juges n’ont pas accordé
le moindre crédit à ses accusations.
Février 2021 CAPiTAL 81
 RÉVÉLATIONS
35 millions investis pour des hôtels de luxe qui perdent de l’argent !
Arthur n’a pas été plus heureux avec
Magénération.com, le site Web ci-
blant les 45-65 ans qu’il a lancé
en 2008. A l’époque, il s’enflamme
pour le projet, promet de conqué-
rir 2 millions de visiteurs uniques,
recrute 30 collaborateurs, des chro-
niqueurs comme Stéphane Bern,
Guy Roux ou Brigitte Lahaie… Mais
un an plus tard, c’est la désillu-
sion. Il révoque le directeur général
Jean-David Cohen, lui reprochant
des «dépenses exorbitantes». Et en
2010, il finit par fermer le site, qui n’a
jamais trouvé son public.
Rebelote avec We Are TV, une start-
up développant des applis de télévi-
sion interactive, à qui Arthur a fait
tester trois concepts. D’abord une ap-
plication de vote pour les émissions
SON PLUS PROCHE ASSOCIÉ ACCUMULE LES PROCÈS
Un des associés
le plus proche d’Arthur est
Dominique Romano, son
partenaire dans six sociétés,
dont ECC et We Are TV. Agé de
56 ans, cet homme d’affaires
a fait fortune en revendant au
Qatar pour une centaine de
millions d’euros sa participation
dans Vente-privee.com,
qu’il avait acquise pour
152 449 euros seulement.
Ce fils d’un dirigeant de
Pechiney, qui se présente
comme un «visionnaire» et un
«philanthrope», a démarré en
créant à 23 ans deux sociétés
de Bourse. L’une a déposé le
bilan, l’autre, baptisée Guibor,
existe toujours, mais elle a dû
faire face à de nombreux procès.
Elle a notamment été attaquée
– mais en vain – par un couple,
qui avait perdu 1,5 million
de francs en lui confiant ses
économies, et lui reprochait
d’être «intervenue sans
agrément sur les marchés
dérivés»… En 1999, Guibor a
82 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
«Touche pas à mon poste !» sur C8 (il cet associé, et n’a sorti finalement
n’était pas encore fâché avec Cyril que quatre longs-métrages. Il n’a pas
Hanouna) et les «Z’awards de la télé» pu se rattraper avec le petit écran,
sur TF1. Ensuite, une application de pour lequel il n’a réussi à produire
réalité augmentée sur le modèle des qu’une seule série de «scripted rea-
Pokémon Go. Enfin, un jeu quotidien lity» pour TF1, «Au nom de la vérité».
baptisé «We Love Quiz», arrêté à On peut trouver beaucoup de dé-
peine un mois après son lancement. fauts à Arthur, mais il est au moins
Tous ces concepts se sont révélés des deux qualités qu’on ne pourra pas lui
fiascos et la start-up a été mise en ôter : la persévérance et l’esprit d’en-
sommeil en 2018, après avoir en- treprise. En plus de tout le reste, ce
glouti, tous actionnaires confondus, grand enfant rêvait de posséder un
11,6 millions d’euros. – voire deux – réseau national radio-
L’animateur affichait aussi de phonique. Ni une ni deux, il a suc-
grandes ambitions dans le cinéma : cessivement racheté Ouï FM pour
il voulait produire chaque année 5,2 millions d’euros, puis La Radio
deux ou trois films à lui tout seul, de la mer. Mais, là non plus, il n’a pas
plus deux autres à Hollywood en as- trouvé la martingale. L’audience de
sociation avec le producteur Philippe Ouï FM a chuté de 2,4 à 1,3% en Ile-
Rousselet. Mais il s’est vite fâché avec de-France entre les saisons 2010-
2011 et 2016-2017, selon Média-
métrie. Et son résultat est tombé
dans le rouge, cumulant 1,3 million
d’euros de pertes entre 2014 et 2018.
Finalement, l’animateur a revendu la
station pour 7,5 millions d’euros.
PAUVRE ARTHUR… On pourrait
continuer d’égrener la liste de ses
échecs, la marque de jus de fruits
bio Good Organic Only, lancée avec
son épouse, Mareva Galanter, et fer-
mée au bout de trois ans ; son idée
mort-née d’ouvrir une salle de spec-
PHOTO : GILLES ROLLE/REA
tacle à la place du Méry, le vieux ci-
Dominique Romano néma porno de la place de Clichy, à
a revendu 100 millions Paris ; son projet avorté de bâtir trois
d’euros ses parts immeubles à Uccle (Belgique) en ra-
dans Venteprivee.com,
qu’il avait acquises sant un manoir protégé ; le désastre
pour… 152 449 euros. de son agence de webmarketing
We Events, qui sombre de scandale
revendu sa clientèle à la société via des hackers ukrainiens. en scandale ; ou encore ses mal-
heureuses aventures hôtelières. La
EuroLand de Marc Fiorentino Pour mettre fin aux poursuites, star du PAF a en effet racheté pour
pour 1,5 million d’euros, les deux sociétés ont accepté 10 millions d’euros le Sofitel Paris
officiellement en raison de de payer 7,9 millions de dollars, Arc de triomphe, et transformé pour
«difficultés dues à l’exercice sans reconnaître formellement 25 millions une ancienne manufac-
de la profession». Mais elle a leur culpabilité. Parallèlement, ture de bois en un cinq-étoiles, le
continué à boursicoter. Ce qui Guibor, qui s’est transformée Paris Bastille Boutet – MGallery. La
lui a valu d’être accusée de en fonds d’investissement, bonne nouvelle, c’est qu’Arthur a
délit d’initié par le gendarme détient une dizaine de biens réussi à faire croître les chiffres d’af-
de la Bourse américaine, la SEC. immobiliers à Paris, estimés faires des deux hôtels, qui ont at-
Motif : avec Omega 26, une à plus de 60 millions d’euros. teint respectivement 17 millions et
autre société de Dominique Enfin, Dominique Romano 4,8 millions d’euros en 2017. La mau-
Romano immatriculée aux îles affronte actuellement devant vaise, c’est que leur résultat reste dé-
Samoa, elle aurait gagné les tribunaux son ex-épouse, ficitaire, avec des pertes cumulées de
9,5 millions à fin 2017. Et que, à cause
6,5 millions de dollars grâce Mylène Seroussi, pour du Covid, la situation n’est pas près
à des informations obtenues des histoires de gros sous… de se redresser. Si, en plus, le virus
s’en mêle…
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 VOS QUESTIONS
JURIDIQUES
TRAITÉES
PAR CAPITAL
VOS DROITS
PATRIMOINE-SANTÉ-ASSURANCE
Expertise, garantie
décennale, don à un soignant
Une dissimulation, minime
au départ, suffit-elle à faire
annuler une vente ?
Madame B. apprend que la mairie va la
forcer à combler la piscine de sa nouvelle
villa, creusée en contravention aux règles
d’urbanisme. Peut-elle se retourner contre
le vendeur, qui avait reçu un procès-verbal
d’infraction avant la transaction ?
LA RÉPONSE DE L’AVOCAT Oui, car ce
propriétaire s’est rendu coupable d’une
dissimulation susceptible de fausser le
jugement de l’acheteur lors de la tran-
saction, et donc suffisante pour annuler
la vente. Le fait de ne pas connaître les
conséquences précises d’une infraction
aux règles d’urbanisme ne suffit pas en
effet à s’exonérer de l’obligation de déli-
vrer une information exacte, comme l’a
rappelé la Cour de cassation à un pro-
moteur qui avait dû, sur injonction de la
mairie de Cannes, remodeler une butte
de terre arasée et replanter des arbres
(3e chambre civile, arrêt n° 19-18.598
du 23 septembre 2020). Les juges ont
donné raison à l’acheteur du bien, fu-
rieux de perdre le jardin plat et la vue
dégagée sur la mer et l’Esterel, promis
par le constructeur. Peu importe, sur ce
point, que l’entreprise n’ait été destina-
Un assureur peut-il se contenter
d’une expertise superficielle ?
Monsieur Y., qui a acheté une voiture d’occasion défectueuse,
souhaite recourir à son assurance de protection juridique. Doit-il
accepter que l’intervention se limite à une expertise à distance ?
LA RÉPONSE DE L’AVOCAT Non, car les assureurs,
redevables d’un devoir de conseil, ne peuvent
se contenter d’une expertise superficielle, comme
l’a rappelé la Cour de cassation à une compagnie
de protection juridique, sollicitée dans le cadre
d’un défaut de construction d’une maison (3e chambre
civile, arrêt n° 17-31.188 du 1er octobre 2020). Alors
que l’expert missionné n’avait pas décelé que le léger
affaissement de la dalle dissimulait en réalité de graves
dommages, les juges ont estimé que la compagnie, «en
se conformant à la solution superficielle proposée par
l’expert, avait manqué à son devoir de vigilance ». De la
même manière, monsieur Y. est en droit d’exiger une
expertise sérieuse, incluant un déplacement de l’expert.
84 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
Barthélemy Lemiale
Avocat à la Cour, associé du
cabinet Valmy Avocats
taire, avant la vente, que de deux procès-
verbaux d’infraction, ne laissant nulle-
ment supposer le détail de la remise en
état à orchestrer. Pour les juges, une dis-
simulation «s’apprécie au moment de
la formation du contrat et ce, peu im-
portant que l’étendue du dommage
en résultant ne soit pas encore connue
de son auteur». De la même manière,
madame B. devrait donc obtenir gain
de cause et pouvoir annuler la vente.
Dans quelles conditions
gratifier un soignant ?
Les enfants de monsieur O. apprennent
que leur père, décédé en quelques
semaines du Covid-19, a légué une
maison au médecin qui s’occupait de lui
depuis vingt ans. Peuvent-ils s’y opposer ?
LA RÉPONSE DE L’AVOCAT Tout va dé-
pendre de la date du testament. Si elle
correspond à un moment où l’affection
au coronavirus de monsieur O. était
déjà déclarée, s’appliquera alors l’ar-
ticle 909 du Code civil, qui interdit aux
médecins et pharmaciens, ainsi qu’aux
infirmières et auxiliaires médicaux qui
se sont occupés d’une personne pen-
dant la maladie dont elle décède, de
recevoir tout don ou legs de sa part
durant le cours de cette maladie. Peu
importe, d’ailleurs, que le diagnostic
de l’affection soit postérieur à la grati-
fication, comme l’a indiqué la Cour de
cassation à une infirmière, récompen-
sée par une veuve qu’elle avait soignée,
via un acte signé quelques jours seu-
lement avant les résultats d’examens
ayant détecté un cancer (1re chambre
civile, arrêt n° 19-15.818 du 16 sep-
tembre 2020). Alors que cette auxiliaire
médicale soulignait qu’elle s’était déjà
occupée du défunt mari, puis de cette
personne pendant plus de dix ans, et
que les premiers symptômes de la ma-
ladie ne laissaient rien supposer de la
gravité de ce cancer, les juges ont relevé
que «l’incapacité de recevoir un legs est
conditionnée à l’existence, au jour de
la rédaction du testament, de la mala-
die dont est décédé le disposant, peu
important la date de son diagnostic».
PHOTOS : MAGALI DELPORTE
POUR CAPITAL
Si, comme c’est probable, le testament
récompensant le médecin traitant de
monsieur O. a été rédigé avant son
affection foudroyante, rien ne devrait
donc s’opposer à cette gratification.
Quelles garanties exiger
pour une piscine semi-enterrée ?
Les parois en acier du bassin de
baignade semi-enterré que monsieur M.
a fait installer commencent à se
disjoindre. Doit-il se résigner, alors que
le constructeur lui indique que le délai
d’un an pour actionner la garantie
de parfait achèvement est dépassé ?
LA RÉPONSE DE L’AVOCAT Non, car il
pourra faire jouer à la place la garan-
tie décennale, qui, durant les dix an-
nées suivant la réception des travaux,
rend le constructeur responsable des
dommages affectant la solidité d’un
ouvrage qu’il a réalisé, ou le rendant
impropre à son utilisation. La Cour de
cassation vient en effet de considérer
que les piscines semi-enterrées, moins
coûteuses que les bassins creusés, pou-
vaient, à égalité avec ces derniers, être
qualifiées d’ouvrage (3e chambre civile,
arrêt n° 19-16.496 du 1er octobre 2020).
Les juges avaient à traiter du cas d’une
piscine de 1,40 mètre seulement de pro-
fondeur, facturée près de 17 000 euros,
et dont les parois en bois avaient com-
mencé à pourrir quinze mois après sa
mise en eau, au point qu’un tournevis
pouvait les traverser. Au constructeur,
qui soulignait que la piscine, «démon-
table et simplement posée sur un rail
de fixation», ne pouvait dès lors béné-
ficier de la garantie décennale, ils ont
répondu qu’une telle construction «de
15 mètres de long pour 3 mètres de
large, laquelle reposait sur une maçon-
nerie plane formant le radier», revêtait
bien les caractéristiques d’un ouvrage.
Et qu’en plus de la garantie décennale,
cet artisan était redevable d’un préju-
dice de jouissance, pour 5 000 euros.
De la même manière, monsieur M. de-
vrait pouvoir faire plier son installateur,
et lui faire au moins assumer le coût
de reprise des défauts de la piscine.
 David Calvayrac
Avocat spécialisé en droit social,

Mieux les connaître

associé du cabinet Fromont Briens

pour mieux les déguster

LÉGISLATION DU TRAVAIL
Protection des
jeunes pères
Les jeunes pères sont-ils autant protégés que
les nouvelles mamans après une naissance ?
Quelques jours après la naissance de son enfant, un
salarié est convoqué à un entretien préalable au cours
duquel son employeur lui reproche son insuffisance
professionnelle. Il est ensuite licencié mais conteste cette
procédure devant les tribunaux, en estimant être protégé
comme une jeune mère dans les semaines qui suivent une
naissance. La Cour de cassation est d’un avis contraire (1).

LA RÉPONSE DE L’AVOCAT Depuis la loi du 4 août

2014 «pour l’égalité réelle entre les hommes et les
femmes», les jeunes pères bénéficient d’une protec-
tion contre le licenciement, ce qui ne concernait aupa-
ravant que leurs conjointes. Durant les dix semaines
(auparavant, le délai n’était que d’un mois) qui suivent
l’arrivée de son enfant, un salarié ne peut pas être li-
mogé, sauf en cas de faute grave ou s’il existe un motif
qui ne soit pas lié à la naissance, comme un plan social.
L’employeur peut-il néanmoins préparer son renvoi
pendant cette période, afin d’accélérer un peu les choses
quand le collaborateur dans le viseur sera revenu ? C’est
tout l’intérêt de cette affaire, dans laquelle l’entreprise
avait convoqué le salarié pour un entretien préalable à
son licenciement, à une date où ce dernier était encore
protégé par la loi. Il faut savoir qu’une directive euro-
péenne de 1992 interdit ce genre de démarche durant
les congés maternité, peu importe le motif de la rup-
ture. Invoquant l’égalité entre les sexes, la
Histoire, fabrication, notes de dégustation,
Capital
défense du salarié a plaidé qu’une telle
règle avait vocation à s’appliquer aussi arômes et saveurs...
vous offre aux jeunes pères. Par conséquent, le li-
cenciement devait être annulé et la réin- Poussez la porte des meilleures brasseries et distilleries
l’analyse tégration prononcée. Si la cour d’appel a
de votre CV été convaincue par cette argumentation, du monde et découvrez leurs secrets.
cela n’a pas été le cas de la Cour de cas-
par sation. La directive européenne n’évoque
en effet que les congés maternité, qui, par
définition, ne concernent pas les hommes.
Une inégalité de traitement, qui ne vise
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PAR COLINE BÉRARD ET SYLVAIN DESHAYES, AVEC JULIEN BOUYSSOU

S e faire escroquer, cela n’arrive pas

qu’aux autres. Demandez à ces
centaines de jeunes actifs, ber-
nés par de soi-disant formateurs à
la spéculation sur le bitcoin. Ou à
ce retraité, qui pensait avoir confié
50 000 euros à un gestionnaire de places de
parking, pour un rendement de 4,25%, et que
l’AMF (Autorité des marchés financiers) a
dû détromper. «Même des épargnants ayant
jusqu’ici parfaitement géré leur argent, sans
aide extérieure, se laissent prendre», assure
Hélène Feron-Poloni, avocate au sein du ca-
binet Lecoq-Vallon & Feron-Poloni. Il faut dire
qu’aux produits exotiques, tels les diamants et
le vin, les escrocs ajoutent désormais de faux
livrets. «Ces placements de père de famille
leur permettent de toucher une cible qui n’est
pas née avec Internet», indique Michel Dinet,
directeur du développement chez Richelieu
Gestion et spécialiste de ces sujets. Même
les boursicoteurs ne sont plus à l’abri : aux
Etats-Unis, l’application Robinhood, qui pro-
met des ordres gratuits, a accepté fin 2020 de
payer 65 millions de dollars d’amende pour
avoir appliqué des cours d’achat particulière-
ment défavorables à ses clients. Pour ne rien
arranger, les confinements successifs ont aug-
menté le temps passé devant les écrans et le
risque de se faire hameçonner. «Le nombre
d’appels à notre cabinet s’est accru en 2020»,
confirme Hélène Feron-Poloni. Les fraudeurs
ont la partie d’autant plus facile que leurs vic-
times affichent des aspirations irréalistes : se-
lon un baromètre publié en décembre dernier
par l’AMF, les Français estiment qu’un place-
ment sans risque devrait leur rapporter 2,6%
par an. Soit cinq fois plus que le Livret A !
Dans ces affaires, ce sont bien souvent les
économies de toute une vie qui disparaissent.
Dès lors, faut-il n’accorder confiance qu’à son
banquier ? Pas forcément. En lisant ce dos-
sier, vous apprendrez à détecter les arnaques
à la mode, depuis la technique de la bouil-
loire jusqu’à l’usurpation d’identité. Même
si les chances de réussite sont minces, vous
découvrirez aussi comment recouvrer une
partie des pertes, en attaquant les banques
par lesquelles la transaction s’est réalisée, ou
l’assureur de certains professionnels. Sachez
enfin que les moyens de lutte se renforcent.
C’est ainsi que, depuis 2019, l’AMF peut blo-
quer, de manière préventive, les sites suspects.
En octobre dernier, elle a ainsi fait fermer six
adresses, relatives à trois intermédiaires diffé-
rents. Elle inflige aussi des sanctions aux pro-
fessionnels les plus indélicats, allant jusqu’à
l’interdiction d’exercer. J.B.

86 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 LES LISTES
DES SITES NON
Claire Castanet, AUTORISÉS SONT
directrice des relations RÉGULIÈREMENT
avec les épargnants à
l’Autorité des marchés MISES À JOUR.”
financiers (AMF)
FRANCK DUNOUAU

LE COUP DU
PLACEMENT MIRACLE
Whisky, conteneurs, cheptels, bitcoin, forêts ou encore diamants : promus sur Internet, ces produits
pour le moins atypiques sont rarement synonymes de bonnes affaires pour les épargnants.
LE RISQUE
De 6 à 8% de rendement, pour un
rythme de versement des intérêts
parfois mensuel. Séduisant, le discours
des promoteurs de tels placements
n’est bien sûr que du vent. Car l’argent
n’est jamais investi : il sert à couvrir le
train de vie des fraudeurs, et à satisfaire
les premières demandes de retrait de
la part des épargnants. «Cela permet à
ces escroqueries pyramidales de durer
le plus longtemps possible», indique
l’avocate Hélène Feron-Poloni. Le reste
de l’argent finira par sortir de l’Union
européenne, et l’interlocuteur, jusqu’ici
si serviable, par devenir injoignable.
Et comme les coordonnées des victimes
auront été revendues, celles-ci seront
en plus contactées par de soi-disant
avocats ou associations de défense,
promettant de récupérer le capital
contre le paiement de frais.
COMMENT DÉTECTER
LE PIÈGE
Bien sûr, toute demande de virement
vers un compte étranger, même en
Europe, doit vous alerter. Référez-vous
aussi aux listes noires de l’AMF, qui se
sont enrichies de 112 noms en 2019,
et de 78 en 2020. Mais comme les
sites frauduleux naissent et dispa-
raissent très vite, il se peut que celui
de la société vous ayant contacté n’y
figure pas. Sachez que tout profession-
nel doit avoir un numéro Orias, le
registre des intermédiaires bancaires,
financiers et d’assurance, indispen-
sable pour exercer. Celui-ci étant
parfois usurpé, le mieux est toutefois
de ne recourir qu’aux services ou
offres agréés par l’AMF. Il s’agit des
«prestataires de services sur actifs
numériques» pour les cryptomonnaies
(ou PSAN, 7 plateformes labellisées) et
des offres en «biens divers» pour les
placements atypiques, comme le vin
ou les forêts (7 propositions agréées).
Se faire aiguiller par son conseiller
bancaire peut être une solution. Au
sein des banques privées de Société
générale et de Natixis, par exemple,
les clients en quête de diversification
se voient orienter vers U’Wine, un
intermédiaire agréé en vins. Enfin,
n’hésitez pas à exiger des garanties.
«Un audit atteste des bouteilles mises
en cave», indique par exemple
Jean-Marc Jocteur, directeur commer-
cial d’U’Wine.
LA DÉFENSE
Vous vous êtes fait piéger ? Commen-
cez par vérifier s’il est encore temps
de demander à votre banque un rappel
des fonds. «Il faut réagir vite, mais j’ai
vu des cas où cela avait fonctionné»,
assure Hélène Feron-Poloni. Pas
d’autre choix sinon que de porter
plainte, en s’adressant, pour les
préjudices de plus de 10 000 euros, au
procureur de la République du tribunal
judiciaire. Et de solliciter un avocat,
qui pourra s’en prendre aux banques
engagées dans la transaction. Soit, si
elle est en France, celle du destina-
taire du virement, soumise à une
obligation de vigilance sur les comptes
ouverts chez elle. Soit la vôtre, qui
pourra voir sa responsabilité mise en
cause pour négligence. Par exemple, si
le virement a été d’un montant
déconnecté du fonctionnement
habituel du compte, ou a nécessité la
souscription d’un crédit. C.B.

Février 2021 CAPiTAL 87

 ArGeNT eT PLACeMeNTS

LE COUP DU
TUYAU BOURSIER
Méfiance avec les PME cotées sur des marchés peu ou pas réglementés, qui font parfois
l’objet de manipulations de cours, ruineuses pour les investisseurs amateurs.
LE RISQUE
Aussi simple qu’efficace ! Les plus
petites valeurs de la Bourse de Paris,
référencées sur Euronext Access
(l’ex-Marché libre), ont pour caractéris-
tique d’avoir un flottant, c’est-à-dire
une part de capital susceptible d’être
échangée, limité. Si bien qu’il suffit,
à coups de rumeurs ou de données
sans rapport avec la valeur réelle de la
société, d’inciter quelques investisseurs
à en acheter pour voir les cours grimper
et, d’autres acquéreurs se laissant
alors convaincre, accentuer la hausse
artificielle. A l’image de la vapeur
sortant d’une bouilloire, d’où le nom de
la technique. Les fraudeurs empochent,
eux, de gros gains, en cédant leurs
titres, au préalable achetés à bon
compte. La manipulation achevée,
le cours retombe aussi vite qu’il était
monté, faute de nouveaux investisseurs.
Et les épargnants, aux actions en forte
moins-value, n’ont alors plus que leurs
yeux pour pleurer. Orclass.com, une
société de négoce d’or que l’AMF
soupçonne d’avoir servi à des manipu-
lations, a même été liquidée en 2019.
COMMENT DÉTECTER
LE PIÈGE
Les 168 titres référencés sur Euronext
Access se prêtent bien à la technique
de la bouilloire. Leur cours n’est en
effet souvent fixé que deux fois par
jour, ce qui facilite les écarts de prix.
Et ces sociétés ne sont tenues qu’à peu
de transparence, soit la publication de
leurs comptes annuels. Les méthodes
des faux courtiers, dépourvus de tout
agrément et n’agissant qu’au téléphone,
doivent aussi mettre la puce à l’oreille :
ils jouent sur l’urgence d’investir, pour
ne pas manquer l’occasion. Enfin, l’AMF
peut suspendre les cours, comme
en 2018 avec Arthur Maury, une société
de négoce de timbres-poste.
LA DÉFENSE
Le délit de manipulation de cours peut
valoir à son auteur jusqu’à cinq ans
de prison, et une amende allant jusqu’à
10 fois l’avantage retiré. L’AMF vient
même de transmettre au parquet
financier deux dossiers, sur Orclass.com
et Arthur Maury, aux forts relents
d’escroquerie et de blanchiment
d’argent. Mais, pour dédommager les
victimes, encore faut-il attraper les
auteurs, et qu’ils soient solvables. J.B.

LE COUP DES
FAUSSES FORMATIONS
«Devenez trader professionnel», «Confinés rentables», «La richesse, c’est maintenant»…
Les prétendues formations à la spéculation peuvent se révéler de redoutables pièges.
LE RISQUE
Ici, le moindre mal est… de payer pour
du vent ! Ces formations, dédiées au
marché des devises (le Forex) ou des
cryptomonnaies, ne sont en effet pas
données : 270 euros, par exemple,
pour un accès à IMarketsLive, auxquels
s’ajoute un abonnement. Ou de 90 à
160 euros par mois chez Kuvera. «Or
les vidéos mises en ligne sont banales,
et le langage utilisé souvent nébuleux.
Certains modules ne fournissent aucun
apport pédagogique», affirme Claire
Castanet, directrice des relations avec
les épargnants à l’AMF. Le problème,
c’est que ces formations incluent
parfois un système d’alertes, censées
donner des bons plans de trading.
Malheur à ceux qui les appliquent :
comme l’indiquent obligatoirement les
pages d’accueil des sites réglementés
de spéculation, ces paris sont
perdants dans 70 à 80% des cas.
COMMENT DÉTECTER
LE PIÈGE
Point commun de ces plateformes :
elles invitent à parrainer de nouveaux
clients, en échange de primes. Un
recrutement aux limites de la légalité.
«La rémunération d’un parrain ne peut
correspondre à une somme fixe,
tombée du ciel à chaque inscription.
Elle doit être liée au chiffre d’affaires
réalisé par les filleuls», indique Pierre
Weinstadt, directeur juridique de la
FVD (Fédération de la vente directe).
Sachez aussi que l’AMF a fait figurer
les sociétés Kuvera et IMarketsLive sur
sa liste noire. Et gare aux recherches
Google : les avis et les blogs publiés
sur Internet sont souvent tout aussi
bidon que les sociétés qu’ils sont
censés évaluer.
LA DÉFENSE
Peu de recours en la matière. Sauf,
comme dans les arnaques au place-
ment miracle, à faire annuler les
virements. Si c’est un abonnement
que vous avez souscrit, vous devriez
en revanche pouvoir interrompre
facilement les prélèvements, ou les
paiements par carte. C.B.

88 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club


SP
LE COUP DE
L’USURPATION D’IDENTITÉ
Pour un fraudeur, rien de plus facile que de se faire passer pour une banque ou un intermédiaire
financier ayant pignon sur rue. Et les victimes, elles, n’y voient souvent que du feu.
LE RISQUE
Qu’il s’agisse d’acheter des parts
de sociétés civiles d’investissement
immobilier (SCPI) ou d’investir dans des
parkings, le risque est identique à celui
encouru avec les vendeurs de place-
ments miracle : l’argent n’est jamais
investi, et il finit par sortir de l’Union
européenne, à destination de comptes
en banque exotiques. En plus d’usurper
l’identité d’intermédiaires honnêtes
(des courtiers comme SCPI-8.com
et MeilleureSCPI.com, ou, fin 2019, le
cabinet Elite Patrimoine), les escrocs
s’emploient à arracher au plus vite
le consentement. Par exemple, en
abaissant le seuil supposé d’investisse-
ment. Et comme les épargnants
sollicités pensent avoir affaire à des
boutiques sérieuses, les sommes
évaporées n’en sont que plus consé-
quentes. «Les particuliers victimes de
telles usurpations perdent en moyenne
50 000 euros. Soit un total, rien que
pour 2020, de 15,6 millions d’euros»,
détaille Claire Castanet, de l’AMF.
A noter : les périodes de confinement
ont permis aux fraudeurs de
se renouveler. Ils n’hésitent plus,
désormais, à usurper des numéros
Orias, afin de proposer de faux
Nicolas Le Febvre,
associé fondateur du
cabinet Euodia, en
charge de SCPI-8.com
crédits en ligne. Un moyen, pour
eux, de récupérer des données
confidentielles, notamment issues de
petites et moyennes entreprises.
COMMENT DÉTECTER
LE PIÈGE
Les escrocs savent peaufiner leurs
entourloupes. «Ils ont usurpé nos noms,
adresse, logo et numéro d’agrément de
conseiller en investissement financier»,
témoigne Nicolas Le Febvre, associé
fondateur d’Euodia, qui gère le site
SCPI-8.com. Se faire berner est d’autant
plus aisé que le premier contact se fait
soit via un e-mail copié sur celui de la
société, à une ou deux lettres près, soit
par téléphone, à l’aide de numéros
étrangers déguisés en numéros français.
En cas de sollicitation, mieux vaudra
donc vérifier vous-même le pedigree
de l’intermédiaire, en vous rendant sur
le vrai site de la société, via un moteur
de recherche. Ou en réalisant un contre-
appel au siège de l’entreprise concer-
née, pour demander l’interlocuteur que
vous avez eu en ligne. Sachez en outre
que les intermédiaires sérieux doivent
se conformer à de strictes précautions
réglementaires. «A ce titre, ils
demandent en général de remplir des
NE VERSEZ
JAMAIS DE
FONDS SUR UN
COMPTE SITUÉ
À L’ÉTRANGER.”
questionnaires de connaissance client»,
rappelle Michel Dinet, chez Richelieu
Gestion. Des procédures ennuyeuses et
dissuasives dont ne s’embarrassent pas
les escrocs ! Le dernier indice qui devra
vous alerter sera le RIB communiqué
pour le virement, dans la majorité des
cas issu d’une banque étrangère.
Sachez en outre que les versements ne
peuvent en aucun cas aller vers le
compte d’un courtier, quel qu’il soit. Ils
doivent être affectés directement au
compte de la SCPI choisie.
LA DÉFENSE
La même que celle à l’encontre des
vendeurs de placements miracle.
«Il reste par exemple possible d’engager
la responsabilité de la banque de
la victime, pour défaut de vigilance»,
indique Laurence Khashimov-Fara,
avocate à Marseille et associée au site
juridique V pour Verdict. Ce sera le cas
notamment si le virement effectué
dépasse de loin ceux que vous avez
l’habitude de déclencher. Mais attention,
l’indemnisation due correspondra
à la «perte de chance» de réaliser un
placement moins risqué. Et ne pourra
en aucun cas équivaloir au montant
global du virement. S.D.
Février 2021 CAPiTAL 89
 ArGeNT eT PLACeMeNTS
LE COUP DU
MAUVAIS CONSEIL
LES
PROFESSIONNELS
EN INVESTISSEMENT
ONT L’OBLIGATION Ici, l’argent confié est bel et bien investi. Mais le risque encouru est
DE S’INFORMER DE systématiquement minoré, et le rendement promis rarement servi.
Hélène Feron-Poloni, MANIÈRE PRÉCISE
avocate spécialisée au LE RISQUE
sein du cabinet Lecoq SUR LES PRODUITS
Vallon & Feron-Poloni QU’ILS VENDENT.” Hôtels, magasins d’alimentation ou
manuscrits de célébrités… Alors que ces
placements, le plus souvent en parts de
capital, devaient faire la fortune de leurs
détenteurs, ils ont à chaque fois tourné
court. Le groupe hôtelier Maranatha et le
réseau Bio c’Bon ont ainsi été placés en
redressement judiciaire, respectivement
en 2017 et en septembre 2020. Tandis
que la société Aristophil, spécialisée dans
les manuscrits de collection, a été
liquidée, mi-2015. Pour les actionnaires
de ces structures, créanciers de dernier
rang, le risque est d’enregistrer une perte
sèche de tous les fonds placés.
COMMENT DÉTECTER
LE PIÈGE
Ces placements ont tous été proposés
par des conseillers en gestion de
patrimoine (CGP) ou en investissement
financier (CIF, aux contraintes réglemen-
taires plus strictes) dûment autorisés.
Pour repérer l’arnaque, c’est donc aux
garanties formulées qu’il faut s’attacher,
trop belles pour être honnêtes. A un
rendement élevé (de 6 à 8% dans le
cas de Maranatha, de 6 à 7% pour
Bio c’Bon) s’ajoute souvent la promesse
d’un rachat à prix fixe. Ou celle de
vite récupérer sa mise. A l’inverse,
les risques encourus sont systémati-
quement dissimulés. Tout comme
la liquidité réelle de tels montages,
limitée. Sachez enfin que les chambres
professionnelles restent vigilantes.
C’est ainsi que l’Anacofi (Association
nationale des conseils financiers) avait
questionné la société Marne & Finance,
promotrice des investissements dans
Bio C’ Bon
90 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
Bio c’Bon, dès 2017, trois ans
avant le naufrage de l’enseigne.
LA DÉFENSE
A la différence des autres entourloupes,
récupérer une part de la mise reste
ici possible. Mais ne pensez pas obtenir
plus de 10 à 20% du capital initial. C’est
ainsi que plus d’une trentaine de ventes
aux enchères ont déjà été organisées
depuis fin 2017 pour disperser la
collection d’Aristophil. Le montant
encaissé avoisine 55 millions d’euros, sur
un total investi par les 18 000 victimes
de… 850 millions d’euros ! Quant
au repreneur de Bio c’Bon, le groupe
Carrefour, il n’aurait prévu que
10 millions d’euros à destination des
investisseurs particuliers, à rapporter à
un total placé de 114 millions d’euros.
En parallèle, rien n’empêche d’attaquer
le CGP ou le CIF à l’origine de l’investis-
sement, obligatoirement couvert par
un assureur, qui paiera à sa place. «Ces
intermédiaires doivent s’informer sur les
produits vendus, en aviser les épargnants
et enfin, leur prodiguer un conseil
adapté», rappelle Silvestre Tandeau
de Marsac, avocat au cabinet FTMS.
Sera ainsi fautif le CGP qui a préconisé
les placements d’une société dont l’état
financier ne pouvait qu’inquiéter.
Ou vanté un investissement à risque,
sans faire remplir un questionnaire client.
Attention : seule la «perte de chance»
de réaliser un placement moins risqué
pourra être compensée. Vous ne
récupérerez donc qu’une partie de la
mise. Dans une des rares décisions
rendues dans l’affaire Aristophil, cette
proportion, à régler par l’assureur
du courtier, est montée à 65%. S.D.
SP
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DU PRIX DU ROMAN

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à lire absolument.”
Maxime Chattam

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 CARRIÈRE PALMARÈS EXCLUSIF
ET SALAIRES

Les
MEILLEURS EMPLOYEURS 9 a mis à l’arrêt

DE FRANCE
Alors que la pandémie de Covid-1 reprises qui sont
notre économie, découvrez les entune bonne image
par venues, malgré tout, à garder x de leur secteur.
auprès de leurs salariés et de ceu

PAR BRUNO DECLAIRIEUX

T
élétravail, chômage partiel,
réduction des coûts, coup
de frein sur les salaires, plans
sociaux… Depuis près d’un
an désormais, la vie de mil-
lions de salariés a été boule-
versée de manière inédite. La faute
à la pandémie de Covid-19, bien sûr,
qui a contraint les pouvoir publics à
de strictes mesures de confinement,
toujours pas totalement levées, quitte à
bloquer l’économie. Dans ce contexte,
l’édition 2021 de notre palmarès an-
nuel des meilleurs employeurs a une
tonalité atypique. La capacité des en-
treprises à préserver l’essentiel aura
sans doute compté plus que tout dans
l’avis des personnes interrogées.
Ces derniers mois, les DRH n’ont
pas ménagé leurs efforts, devant à la
fois s’assurer de la continuité de l’ac-
tivité, protéger la santé de leurs colla-
borateurs face au coronavirus et faire
en sorte que le climat social ne se dé-
tériore pas trop malgré la conjoncture.
Une gageure. Il était donc particuliè-
rement intéressant de voir les groupes
qui parvenaient le mieux à s’en sor-
tir, aux yeux de leurs employés mais
aussi de ceux travaillant chez leurs
concurrents. A l’automne dernier,
MÉTHODE DE L’ENQUÊTE
notre partenaire, l’institut Statista, a
donc sondé près de 20 000 salariés
travaillant dans des grandes sociétés
de plus de 500 personnes en France
pour leur demander de citer, secteur
par secteur, celles leur paraissant les
plus recommandables.
Les réponses pourront parfois sur-
prendre. On y découvre, en effet, des
entreprises en difficulté, certaines
préparant d’importantes réductions
d’effectifs. Mais sans doute essaient-
elles de le faire en réduisant au maxi-
mum les conséquences sociales, et
la plus grande partie de leurs salariés
n’est pas forcément impactée. Au final,
leur notoriété n’en pâtit pas trop vu la
situation. Chez notre vainqueur de
cette édition, en tout cas, le problème
ne se pose pas. Même si son activité a
été ralentie l’an dernier en France, le
maroquinier de luxe Hermès a intégra-
lement pris en charge – il en avait cer-
tes les moyens – le chômage partiel de
ses salariés sans recourir aux aides de
l’Etat. En septembre, il a même an-
noncé vouloir lancer un nouveau site
de production en Auvergne avec, à la
clé, la création de 250 emplois. De quoi
encore améliorer, s’il en était besoin,
son image de marque employeur.
Cette étude géante sur la qualité des employeurs en est à
sa septième édition. Comme les précédentes, nous l’avons
réalisée avec l’institut Statista. Cette importante société
allemande est spécialisée dans les analyses de données
et les études de marché économiques internationales.
La méthodologie utilisée est désormais bien rodée : à
l’automne dernier, 20 000 Français travaillant dans des
entreprises de plus de 500 salariés ont été contactés
en ligne, et cela sans que leur direction en soit informée.
Ils ont été invités à répondre à deux questions : «Sur une
échelle de 0 à 10, dans quelle mesure recommanderiez-
vous votre employeur à une connaissance ou à un
membre de votre famille ?» et «D’après tout ce que vous
savez sur les employeurs suivants de votre secteur
d’activité, les recommanderiez-vous à une connaissance
ou à un membre de votre famille ?». Cette dernière
question était suivie, pour chaque répondant, d’une liste
d’entreprises du secteur dans lequel il travaillait. Le calcul
de la note globale sur 10 accorde naturellement une
pondération plus forte à l’opinion des salariés sur leur
propre société qu’à leur avis sur la concurrence. Au final,
les 500 meilleurs groupes sur plus de 2 100 référencés
ont été retenus. Enfin, deux raisons expliquent le fait
qu’une entreprise n’apparaît pas : soit sa note est trop
basse, soit il n’y a pas eu assez d’avis collectés en ligne
pour que l’analyse soit pertinente.

92 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

LE TOP 30 DES SOCIÉTÉS
LES MIEUX NOTÉES PAR LES SALARIÉS Note CA monde en Effectifs
Rang Entreprise sur 10 (1) milliards d’euros France Commentaire
C’est la première fois que le célèbre maroquinier
1. Hermès 8,61 6,9 9 500 de luxe décroche la timbale dans notre classement.

2. Airbus 8,46 70,5 49 100 L’avionneur fait le dos rond durant cette crise et
cherche à réduire ses effectifs sans licenciements.
Partis en télétravail lors du premier confinement, les
3. Google 8,40 161,9 (2) 900 salariés du géant du Web le sont encore aujourd’hui.
Les employés français de BMW n’ont encore guère
4. BMW 8,39 104,2 1 100 profité de leur nouveau siège ouvert en février 2020.
Pour la première fois cette année, notre étude porte Avec 62% de salariés travaillant en
5. Chanel 8,33 12,3 (2) 8 500 sur toutes les activités de Chanel (parfum et mode).
France, le groupe de luxe Hermès,
6. Mercedes-Benz 8,29 172,7 1 300 La branche «camions» a été séparée des «voitures» notre vainqueur cette année, s’attache
en France. D’où une baisse du chiffre des effectifs. à maintenir l’emploi dans le pays.
7. L’Oréal 8,22 29,9 13 800 Le géant des cosmétiques a rendu le télétravail plus
facile : kit ergonomique, coaching des managers…

8. Safran 8,21 24,6 45 200 L’équipementier aéronautique a dû mettre plusieurs

milliers de salariés en activité partielle longue durée.

9. Thales 8,20 18,4 40 000 Afin d’éviter un plan social, le groupe d’électronique
veut accentuer la mobilité interne de ses ingénieurs.
Du fait de la crise, des mesures d’activité partielle
10. ArianeGroup 8,13 3,1 7 700 et d’aides au départ à la retraite sont en cours.
Cette société d’autoroutes est la seule de ce top 30
11. APRR 8,11 2,6 3 500 à avoir toujours été la mieux notée de son secteur.

12. Decathlon 8,08 12,4 23 000 Plusieurs fermetures de magasins et des effectifs
en recul… Mais la notoriété de l’enseigne résiste.

13. GRDF 8,07 3,5 11 500 Cette société de distribution de gaz a plutôt bien
protégé ses équipes, qui ont continué d’intervenir.

14. Enedis 8,06 14,5 38 700 Le télétravail est toujours très pratiqué dans la filiale
d’EDF qui gère le réseau de distribution d’électricité.

15. EDF 8,03 27,9 64 000 En difficulté financière, le groupe a annoncé vouloir
faire des économies, mais sans plan social à la clé.
Depuis mars dernier, le siège parisien du géant des
16. Microsoft 8,01 143 (2) 1 800 logiciels est fermé et les équipes sont en télétravail.

17. Air France 8,01 27,2 (3) 45 100 Impactée par la crise, la compagnie aérienne prévoit
PHOTOS : SANDRINE ROUDEIX/MADAME FIGARO ; HAJAX SARY/APRR ; MELANIE CHAIGNEAU/MAIF

une forte réduction de personnel sans licenciement.

Pour la septième année consécutive,
18. Sanofi 7,99 36,1 25 200 L’an dernier, ce laboratoire a lancé un nouveau plan
de restructuration sur la base du volontariat.
la société d’autoroutes APRR obtient
la meilleure note dans son secteur
19. Nestlé 7,99 92,6 (4) 10 000 Comparé à Danone, son grand concurrent, le géant d’activité : c’est une rareté.
suisse de l’agroalimentaire résiste mieux à la crise.
Implanté en Alsace, très touchée par le Covid-19
20. Kronenbourg 7,97 1 1 000 l’an dernier, le brasseur a pu maintenir son activité.

21. Disneyland Paris 7,97 26,2 (2) (5) 16 000 Le parc vient de négocier des départs volontaires et
s’est engagé à ne pas licencier durant deux ans.
Première apparition dans notre top 30 pour ce
22. Manitou 7,95 2,1 2 400 fabricant de chariots élévateurs, basé à Ancenis (44).
Promue en interne il y a un an, la nouvelle DRH de
23. SMA 7,94 2,6 2 900 cet assureur n’a pas eu à chômer pour ses débuts.
Installé dans le Tarn, ce laboratoire fait un très joli
24. Pierre Fabre 7,92 2,4 6 000 bond de plus de 50 places dans notre palmarès.

25. Ikea 7,91 37,4 11 300 Malgré des tensions récentes dans ses magasins
français, l’enseigne conserve une bonne réputation.
L’opinion de l’ensemble des salariés du commerce
26. Apple Retail 7,90 274,5 (2) 2 500 sur la firme américaine reste assez stable.

27. Eurovia 7,88 10,2 19 800 Pour éprouver ses mesures anti-Covid l’an dernier,
ce groupe de BTP a effectué des chantiers tests.
Encore un groupe mutualiste du secteur de
28. Maif 7,88 3,7 7 600 l’assurance qui est bien jugé par ses collaborateurs.
Ce gestionnaire de réseau de transport de gaz est
29. GRTgaz 7,87 1,9 3 000 un habitué de notre top. La crise n’y change rien.
Les équipes de cet éditeur de logiciels français
30. Dassault Systèmes 7,87 4 4 300 n’ont pas eu de difficultés à basculer en télétravail. En décembre dernier, 85% environ
des salariés du siège social de
(1) Les notes ont été arrondies à deux décimales. Le rang tient compte des décimales suivantes. Les données pour les CA et les effectifs
sont les dernières disponibles (le plus souvent à fin 2019) et ont été arrondies. Selon leur activité, certaines sociétés réalisent l’essentiel l’assureur Maif à Niort étaient encore
ou la totalité de leur CA en France. (2) En milliards de dollars. (3) CA Groupe. (4) En milliards de francs suisses. (5) CA des Parcs. en télétravail à cause du Covid-19.

FÉVRIER 2021 CAPITAL 93

 LES 500 MEILLEURS EMPLOYEURS

PHOTOS : AMARNATH TADE ON UNSPLASH ; CHESTER ALVAREZ ON UNSPLASH ; HALACIOUS ON UNSPLASH

LES CHAMPIONS
SECTEUR
PAR SECTEUR
Pas simple de sortir du lot en pleine crise
sanitaire et économique. Voici les 500 entreprises
les mieux notées par les Français.

AUTOMOBILE 1.
ENTREPRISE
BMW

En faisant du télétravail 2. Mercedes-Benz AÉRONAUTIQUE, FERROVIAIRE, NAVAL

3. Renault Trucks
une norme, PSA fait 4. Volkswagen Group La filière aéronautique est très dépendante
figure de pionnier 5.
6.
Michelin
Renault
de la santé d’Airbus ENTREPRISE
1. Airbus
L’expérience va être suivie de 7. Delphi Technologies L’arrêt brutal des voyages à cause 2. Safran
près : l’an dernier, PSA a annoncé 8. Plastic Omnium de la pandémie n’a pas affecté 3. Thales
vouloir généraliser le télétravail 9. Continental Automotive que les compagnies aériennes. 4. ArianeGroup
pour tous ses salariés dans le 10. Motherson Group Les constructeurs d’avions, aussi, 5. Dassault Aviation
monde (18 000 en France), sauf 11. John Deere sont touchés, à commencer par 6. Collins Aerospace
ceux travaillant en usine, à raison 12. Volvo Trucks le géant Airbus. Si un plan social
7. Naval Group
de 70% du temps à distance et 13. Schaeffler prévoit la suppression de plus
8. Alstom Transport
30% sur site en moyenne. A la clé : 14. Groupe PSA de 4 200 postes en France, les
9. MBDA Missile Systems
de sérieuses économies en mètres 15. Valeo
licenciements secs devraient
carrés de bureaux et une meilleure être normalement évités. Mais ce 10. Bombardier Transport
16. Goodyear Dunlop Tires 11. Nexter
qualité de vie pour les équipes. ne sera pas toujours le cas chez
17. Bertrandt 12. ATR Aircraft
La note du constructeur, encore ses sous-traitants, à l’image de
assez éloignée des premiers 18. Sogefi Group
Latécoère ou AAA-Aéro : présents 13. Lisi Aerospace
de son secteur, progressera-t-elle 19. Claas Tracteurs
l’an dernier dans notre palmarès, 14. Chantiers de l’Atlantique
au cours des prochains mois ? 20. Thyssenkrupp Presta ils n’y figurent plus cette fois-ci. 15. AD Industries

BTP Sur les chantiers, le respect des gestes 1.

ENTREPRISE
Eurovia 9. Spie batignolles
barrières n’a pas toujours été simple à gérer 2. Ramery 10. Fayat Bâtiment

Stoppée au début du premier de Vinci, Eurovia, qui obtient ici la 3. Colas 11. Demathieu Bard
confinement, l’activité dans le BTP meilleure note, a nommé des référents 4. Vinci Construction 12. NGE
a repris assez rapidement, obligeant Covid sur chaque chantier, chargés 5. Legendre 13. Terideal
les entreprises à prendre des mesures de faire respecter les procédures de 6. Cougnaud 14. Liebherr-France
de protection pas toujours faciles sécurité (port du masque, désinfection 7. Bouygues Construction 15. Baudin Chateauneuf
à appliquer au quotidien. La filiale des outils, utilisation des vestiaires…). 8. Groupe Eiffage 16. Sade

94 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

TRAVAUX DE CONSTRUCTION
SPÉCIALISÉS ENTREPRISE
1.
France Air (Airvance Group)
Une ETI spécialiste 2.
3.
Schindler
Vinci Energies
du traitement de l’air 4. Eri
fait la course en tête 5. Otis

Régulièrement citée dans nos les deux entités prenant le nom ENTREPRISE
précédentes études, France Air d’Airvance Group. Durant les deux 1. Sanofi
obtient la meilleure note pour la confinements, où le gros des 2. Pierre Fabre
première fois. Est-ce un hasard ? équipes était en télétravail, des 3. Pfizer
Il y a un an, cette ETI, experte dans enquêtes ont été lancées pour 4. Novartis
le traitement de l’air, a repris la mesurer le stress ressenti, vérifier 5. AstraZeneca
branche chauffage, ventilation et le degré de satisfaction et noter 6. Johnson & Johnson
climatisation du britannique SIG, les suggestions des collaborateurs. 7. Roche
8. Boiron
SANTÉ ET 9.
10.
Merck Santé
Laboratoires Arkopharma

INDUSTRIE LOURDE ENTREPRISE PHARMACIE 11. Lilly

1. Constellium 12. EssilorLuxottica

ET MATÉRIAUX 2. DS Smith Un des rares secteurs 13. Groupe Urgo

3. Crown Emballage
où les investissements 14. Groupe Stago

La crise n’impacte pas 4.

5.
Saint-Gobain
Groupe Pochet sont promis en hausse
15.
16.
BioMérieux
Mylan
toutes les usines avec 6. LafargeHolcim
Voilà des années déjà que le
17. B. Braun
la même intensité 7. Groupe Amcor
phénomène existe. La crise du
18.
19.
Macopharma
Sartorius
8. Papiers Clairefontaine
Aluminium, carton, verre, papier, Covid l’a juste mis en lumière : 20. Hill-Rom
9. Albéa
plastique. Tous les producteurs la France dépend trop de l’Asie
10. Aperam 21. BI France
de matériaux et d’emballages pour se fournir en principes actifs,
11. SGD Pharma 22. Stallergenes
ne sont pas touchés par la crise indispensables à la production
de médicaments. L’Etat a décidé 23. BD (Becton Dickinson)
de la même manière. L’état de aéronautique ou automobile 24. Aptar
leurs carnets de commandes souffrent d’un manque d’activité, de soutenir les laboratoires pour
qu’ils entament une relocalisation 25. GSK
dépend naturellement de la santé autant ceux de la pharmacie 26. Laboratoires Servier
de leurs grands donneurs d’ordre. ou de l’e-commerce ont vu leur stratégique. Même si, au final,
cette dernière s’avère modeste, 27. Novo Nordisk
Autant les fournisseurs du secteur cadence augmenter. 28. Ipsen
cette inflexion politique ne peut
que profiter à l’emploi. 29. Ethypharm

MACHINES 1.
ENTREPRISE
Manitou
ET ÉQUIPEMENTS 2. Fenwick-Linde PÉTROLE ET CHIMIE 1.
ENTREPRISE
Arkema
3. Kuhn
INDUSTRIELS 4. Lectra La direction d’Arkema 2.
3.
Total
Air Liquide
5.
Première victoire 6.
SKF
Emerson
s’affiche vertueuse 4. Solvay

pour le leader des 7. Still dans la tempête 5.

6.
Bayer
DRT
8. Wilo Salmson
chariots élévateurs 9. Caterpillar Les uns parleront de coup de
communication, les autres de
7.
8.
3M
AkzoNobel
Après avoir envisagé un plan geste notable : bien que secoué 9. PPG
social l’an dernier, le fabricant par la crise, le chimiste Arkema 10. Trapil
de chariots élévateurs Manitou (qui conserve ici sa première 11. LyondellBasell
y a finalement renoncé, au grand place acquise l’an dernier) n’a 12. Hutchinson
soulagement des salariés. Autres pas eu recours aux aides de l’Etat 13. Adisseo
nouvelles plutôt rassurantes : des et au chômage partiel. Mieux,
résultats financiers meilleurs que il a versé une prime allant jusqu’à en reversant la différence
prévu en 2020 et le rapatriement 1 500 euros aux salariés restés à la Fondation de France et les
en France de la production sur site. De son côté, le comité actionnaires ont vu leurs
d’un site basé aux Etats-Unis. exécutif a réduit sa rémunération dividendes diminuer de 12%.

FÉVRIER 2021 CAPITAL 95

 LES 500 MEILLEURS EMPLOYEURS
BANQUE ET SERVICES FINANCIERS
L’inquiétude grandit 1.
ENTREPRISE
Crédit mutuel
au sein des réseaux 2. Banque CIC
3. Caisse des dépôts
L’annonce a été faite après notre
4. Crédit agricole
sondage : en décembre dernier,
5. Banque de France
Société générale a révélé vouloir
6. Crédit du Nord
fusionner son réseau de détail
7. Bpifrance
avec celui de sa filiale, Crédit du
Nord. A la clé, la fermeture prévue 8. Boursorama
de 600 agences d’ici 2025. Sans 9. American Express
licenciement ni départ contraint, 10. Cofidis
a promis la direction. Pas de quoi 11. Crédit agricole consumer finance
rassurer néanmoins en interne. 12. Edenred
L’inquiétude semble moindre 13. BPCE (fonctions centrales)
au sein des réseaux mutualistes 14. Banque populaire
(Crédit mutuel, Crédit agricole…), 15. BNP Paribas
très ancrés dans chaque région 16. Natixis
et qui n’ont pas de projet aussi 17. Société générale
radical de réduction de coûts. 18. Caisse d’épargne

COSMÉTIQUES ENTREPRISE
1. Chanel
Chanel et L’Oréal 2. L’Oréal

voient leurs notes 3. Groupe L’Occitane AGROALIMENTAIRE

4. Procter & Gamble
bien progresser 5. Givaudan Sur les sites de production, les équipes ont
Toujours avantageusement placés ces grands groupes font partie répondu présent pour fournir les magasins
dans nos précédentes éditions, de ceux qui ont pu maintenir
les géants Chanel et L’Oréal l’emploi en France sans recourir Moins mis en valeur que ceux assurer l’approvisionnement des
peuvent encore ici être satisfaits au chômage partiel et aux aides de la grande distribution, les Français. L’activité dans le secteur
malgré la conjoncture difficile : de l’Etat, tout en garantissant les salariés dans l’agroalimentaire ont a toutefois varié selon le type de
les salariés de ce secteur des salaires à 100%. Une bonne partie aussi été des acteurs importants produits vendus mais aussi leurs
cosmétiques les notent encore des employés qui le pouvaient lors du premier confinement pour débouchés, les fournisseurs des
mieux que dans notre précédente sont repartis en télétravail restaurants et bars souffrant bien
ENTREPRISE davantage. Précisons que le plan
étude. Ayant les reins solides, lors du second confinement. 1. Nestlé de restructuration et d’économies
2. Kronenbourg chez Danone a été annoncé après
3. Sodebo notre étude, fin novembre.
4. Ferrero
ÉQUIPEMENTS 1.
ENTREPRISE
Legrand
5.
6.
McCain Alimentaire
McCormick 25.
ENTREPRISE
Groupe Savencia
ET MATÉRIELS 2.
3.
Groupe Atlantic
Somfy
7. Fleury Michon 26. Cargill
8. Brioche Pasquier 27. Lesaffre
ÉLECTRIQUES 4. Philips 9. Danone 28. Unilever
5. Groupe Seb 10. Labeyrie 29. Limagrain
Domination des 6. Siemens 11. Heineken 30. Groupe Arterris
7. Nexans
fabricants de matériel 8. Saunier Duval
12.
13.
Fromageries Bel
Groupe GCF
31.
32.
NutriXo
Terrena
pour le grand public 9. SDMO Industries 14. Agrial 33. Mars Chocolat
10. Schneider Electric 15. PepsiCo 34. InVivo
Dans ce secteur sont regroupées 11. Delta Dore
16. Coca-Cola European Partners 35. Groupe Avril
des entreprises dont l’offre vise 12. ABB
17. Pernod Ricard 36. Euralis
une clientèle aussi bien grand 13. Prysmian
public que professionnelle. Mais 18. Cristal Union 37. Groupe Poult
14. SEW Usocome
19. Mondelez 38. Triballat Noyal
ce sont les premiers qui trustent
le haut du podium. A noter que Vendée, Somfy en Haute-Savoie). 20. Sodiaal 39. Triskalia
le tiercé de tête est tricolore avec Un gage de meilleure qualité 21. Even 40. Isigny Sainte-Mère
trois sociétés dont les sièges sont de vie qui a pris une importance 22. Groupe Bigard 41. Tereos
implantés en région (Legrand en considérable pour les Français 23. Bonduelle 42. Agromousquetaires
Haute-Vienne, Groupe Atlantic en à la suite de la crise sanitaire. 24. Groupe Cémoi 43. Maîtres Laitiers du Cotentin

96 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

HIGH-TECH Chez Google, tous les salariés ENVIRONNEMENT 1.
ENTREPRISE
Ortec
sont restés en télétravail depuis mars dernier Veolia a proposé 2. GDE Recyclage
3. Pizzorno Environnement
Habitués bien avant la crise du
Covid à travailler à distance et en
y sont toujours, près d’un an
après, comme chez Google ou
des tests de dépistage 4. Veolia Recyclage et valorisation des déchets

mode collaboratif, les ingénieurs Microsoft, sans trop de dommages contre le Covid-19 5.
6.
Paprec
Suez
et informaticiens travaillant chez apparemment. Côté business, le Traitement et recyclage des
les éditeurs de logiciels, au sein marché a plutôt bien résisté, avec déchets, gestion de l’eau série de mesures de protection et
des SSII ou encore des cabinets une baisse globale estimée à 5% potable… la continuité du service de prévention. Ainsi, avant d’être
de conseil en technologie n’ont par le Syntec Numérique, nombre dans le secteur de l’environne- sûr de pouvoir s’approvisionner
guère eu de mal à basculer, lors d’organisations ayant eu besoin ment est essentielle. Même normalement en masques,
du premier confinement, dans le d’aide en urgence pour accélérer durant le premier confinement, le groupe Ortec a réfléchi à créer
télétravail à plein-temps. Certains leur transformation digitale. de nombreux salariés ont dû sa propre unité de production.
ENTREPRISE rester sur le terrain. Une gageure De son côté, Veolia a proposé l’an
1. Google 20. Talan pour leurs employeurs contraints dernier à tous ses salariés de se
2. Microsoft 21. Avem de prendre en urgence toute une faire dépister contre le Covid-19.
3. Dassault Systèmes 22. Groupe SII
4. Orange 23. Free
5. Dell EMC 24. Groupe Aubay
6. Cisco Systems 25. Sagemcom
7.
8.
OVH
Worldline
26.
27.
Sogeti
Umanis HABILLEMENT ET ACCESSOIRES
9. Bouygues Telecom 28. EBP Informatique
10. Canon 29. Capgemini Le secteur se porte ENTREPRISE
11. Amadeus 30. Neurones IT mal et l’emploi en 1.
2.
Hermès
Armand Thiery
12. Sage 31. Isagri
13. IBM 32. Prodware
pâtit sérieusement 3. LVMH
14. Hardis Group 33. TDF 4. Richemont
Déjà mal en point depuis
15. Murex 34. Konica Minolta 5. Mango
de nombreuses années du
16. STMicroelectronics 35. Infopro Digital 6. Okaïdi
fait d’une offre surabondante
17. SAP 36. Business & Decision et de la concurrence 7. Etam
18. Wavestone 37. Modis d’Internet et du low cost, les 8. Lacoste
19. Xerox 38. Scalian enseignes de prêt-à-porter 9. H&M
d’entrée et de milieu de 10. Chaussea
gamme paient un lourd tribut 11. Damart
PHOTOS : THE-MISCELLANISTA ON UNSPLASH ; SCIENCE IN HD ON UNSPLASH ; CHUTTERSNAP ON UNSPLASH

à la crise actuelle : l’an 12. Kiabi

dernier, les ventes auraient 13. Promod
ÉNERGIE reculé de près de 25% et 14. Pimkie
plusieurs dizaines de milliers 15. Tape à l’œil
Les salariés d’EDF d’emplois sont menacés. 16. Zara

dans l’attente d’une C’est dire si les entreprises 17. Eram

qui ont été bien notées ici
réforme stratégique par les salariés du secteur
peuvent s’estimer heureuses.
En interne, ses opposants parlent
d’un démantèlement et d’une
précarisation du statut enviable
des salariés. Pour pouvoir vendre
au prix où elle l’entend la part
de son électricité encore régulée,
sans blocage de Bruxelles, la
direction veut scinder l’activité
ENTREPRISE des centrales nucléaires et la
1. GRDF gestion du réseau (RTE) d’un côté
2. Enedis et les services de distribution
3. EDF (Enedis…) de l’autre. Seule la
4. GRT gaz première activité resterait 100%
5. CPCU (Cie parisienne de chauffage urbain) publique. Si la réforme passe
6. RTE cette année, il sera intéressant
7. Engie d’en suivre les conséquences
8. Orano sur le moral des personnels.

FÉVRIER 2021 CAPITAL 97

 LES 500 MEILLEURS EMPLOYEURS
ASSURANCE
Critiqués pour la gestion des sinistres durant la
crise, les assureurs sont mieux notés en interne
SERVICES 1.
ENTREPRISE
Manpower La profession s’en défend, mais notés par leurs salariés pour leur
À L’EMPLOI 2.
3.
Adecco
Randstad
son image de marque ne sortira
pas grandie de la crise du Covid.
gestion RH. Les sept premiers font
même partie du top 100 général.
A tort ou à raison, il lui a été Parmi eux, la Maif a décidé de
Chez Manpower, une 4. Aftral
reproché de refuser d’indemniser rendre possible le télétravail pour
«garantie» de prime Les objectifs individuels n’étant les pertes d’exploitation de leur
clientèle pro (artisans, hôteliers,
tous, avec trois forfaits mensuels
au choix (4, 8 ou 12 jours). Et Axa
minimale a été créée plus atteignables, Manpower
a décidé de les remplacer par restaurateurs…). Mais, en interne, a confirmé avoir recruté plus de
Hormis dans quelques domaines, un objectif national de chiffre les assureurs restent toujours bien 1 400 CDI en 2020, comme prévu.
comme la logistique ou la santé, d’affaires jugé accessible. Cela ENTREPRISE
l’activité dans l’intérim a baissé devrait permettre aux nombreux 1. SMA 16. Saretec
l’an dernier logiquement avec la salariés ayant du variable de 2. Maif 17. MACSF
chute de l’activité de l’économie. toucher quand même une prime.
3. Axa 18. Verspieren
4. Covéa (Maaf, MMA, GMF) 19. MSA
5. Groupama 20. Generali
6. Allianz 21. Harmonie Mutuelle
7. Macif 22. Allianz Partners
8. Gras Savoye 23. Siaci Saint Honoré
9. Pro BTP 24. Marsh
10. Crédit agricole Assurances 25. SFAM
11. AG2R La Mondiale 26. La Mutuelle générale
12. Eovi Mcd Mutuelle 27. Aviva
13. Gan 29. Prévoir
14. CNP Assurances 29. Inter Mutuelles Assistance
15. Malakoff Médéric Humanis 30. Groupe Apicil

ENTREPRISE
1. APRR
2.
3.
FM Logistic
Getlink
IMMOBILIER 1.
ENTREPRISE
Laforêt
4. Chronopost
La crainte d’une chute 2. CDC Habitat

TRANSPORT DE 5.
6.
Vinci Airports
UPS de tout le secteur ne
3.
4.
Icade
Nexity

MARCHANDISES 7.
8.
Tratel
Heppner
s’est pas concrétisée 5.
6.
RIVP
Hexaom
ET LOGISTIQUE 9. Gefco Valeur refuge par excellence pour
les Français, l’immobilier a mieux
7. Paris Habitat OPH
10. Aéroports de la Côte d’Azur 8. Groupe Valophis
Dans les entrepôts et 11. Bolloré Logistics résisté l’an dernier que ne le
craignaient les professionnels au
9. GrandLyon Habitat

sur la route, le travail 12.

13.
Transalliance
U-Logistique moment du premier confinement,
10.
11.
Bouygues Immobilier
Nantes Métropole Habitat
a pu être assuré 14. Stef quand l’activité avait été stoppée
net. Malgré le recours fréquent 12. AC Environnement
15. Katoen Natie 13. Altarea Cogedim
Avec les éboueurs et les 16. ID Logistics
au chômage partiel, les réseaux
caissières, les chauffeurs routiers n’ont pas procédé à des coupes 14. Century 21
17. DHL
ont été salués par les pouvoirs 18. Ziegler
franches dans les agences
publics pour leur rôle essentiel et un rebond est même attendu
19. GT Logistics
durant la crise sanitaire. Outre cette année. La situation est plus
20. GLS
des mots, beaucoup aimeraient incertaine chez les promoteurs,
cependant une reconnaissance 21. Sanef/SAPN
notamment ceux spécialisés
financière, ce qui n’est pas 22. XPO Logistics
dans le tertiaire, la croissance
simple dans un secteur où les 23. DPD
inéluctable du télétravail dans
conditions de travail sont souvent 24. FedEx
les prochaines années risquant
difficiles et où la conjoncture 25. Dachser d’avoir un impact sur le nombre
connaît de gros aléas selon la 26. ITM LAI de nouveaux mètres carrés de
santé des donneurs d’ordre. 27. Sofrilog bureaux à construire.

98 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 RECHERCHE 1.
ENTREPRISE
CEA
PUBLIQUE 2.
3.
Ifremer
Cirad

Ces établissements 4.
5.
IFP Energies nouvelles
CSTB
ont dû aussi revoir leur 6. Andra
façon de travailler
Cette catégorie regroupe les
établissements publics dont les
salariés ont des contrats de droit
privé. Comme n’importe quelle
société, ils ont dû s’adapter

PHOTOS : ANIL REDDY ON UNSPLASH ; RISHI BARBHAYA ON UNSPLASH ; MARC GROTH ON UNSPLASH ; MICHAEL LONGMIRE ON UNSPLASH
en urgence l’an dernier. Au CEA
par exemple (l’organisme ici
le mieux noté), les trois quarts
du personnel ont pu télétravailler
lors du premier confinement. Le
chômage partiel a aussi été évité,
et la prise des congés et des RTT
a été imposée avec souplesse.

INGÉNIERIE 1.
ENTREPRISE
Systra
ET CONTRÔLE 2.
3.
Egis
Ginger CEBTP
Les missions se sont 4.
5.
Groupe Institut de Soudure
Bureau Veritas
fortement réduites, 6. Artelia
l’inquiétude domine 7. Assystem
8. Setec
Fournissant aux grands groupes 9. Akka Technologies
des experts pour travailler sur 10. Trigo
leur R&D, nombre de sociétés 11. ABMI
d’ingénierie sont en mauvaise
posture, leurs donneurs d’ordre En décembre dernier (soit après
ayant coupé dans leurs budgets. notre sondage), Akka a ainsi
Les plus touchées sont celles qui annoncé vouloir supprimer
interviennent dans l’industrie 900 postes, dont une majorité
(aéronautique, automobile…). dans la région toulousaine.

TRANSPORT DE PERSONNES
Malgré une forte restructuration, Air France doit AUDIT ET CONSEIL 1.
ENTREPRISE
EY
éviter les départs secs ENTREPRISE L’activité conseil des 2. PwC
3. Deloitte
Dans un secteur très touché par
1.
2.
Air France
RATP
cabinets est plus 4. Cogep
la crise, faire partie d’un groupe
ayant l’Etat comme actionnaire
3. Transavia impactée que l’audit 5. KPMG
4. TAG (Transports agglo. grenobloise) 6. Mazars
est un avantage. Contraint de Crise ou pas, toutes les grandes 7. In Extenso
5. CroisiEurope
réduire ses effectifs, Air France entreprises, surtout les cotées, 8. BDO
6. Semitan
sont soumises à de strictes règles
a reçu pour consigne d’éviter au 9. TGS France
maximum les départs contraints. 7. Keolis
de contrôle financier. Autant dire
Sur les 6 560 postes à supprimer 8. Groupe Dubreuil
que les activités de commissariat les missions. Au final, on notera
d’ici 2022, plus de la moitié sera 9. RTM (Transports de Marseille) aux comptes et d’audit des gros quand même un ralentissement
absorbée par des départs à la 10. Brittany Ferries cabinets ont été peu impactées. des embauches, ce qui ne va
retraite naturels et le reste via 11. Ilévia C’est moins le cas pour la partie pas arranger la charge de travail
des départs volontaires incitatifs. 12. SNCF conseil, les clients ayant réduit des équipes, toujours très lourde.

FÉVRIER 2021 CAPITAL 99

 LES 500 MEILLEURS EMPLOYEURS

DISTRIBUTION ALIMENTAIRE
Les personnels ont su se mobiliser pour maintenir l’ouverture des magasins malgré le Covid-19
En parvenant à rester ouverte sans sur ses qualités d’employeur. Une ENTREPRISE
trop de ruptures d’approvisionnement seule enseigne (Picard) figure dans 1. Picard Surgelés 7. Grand Frais
l’an dernier, même durant le premier notre top 100 général. L’an dernier, 2. Cora 8. Intermarché
confinement, la grande distribution ses employés ont obtenu une hausse 3. Biocoop 9. Leclerc
a réussi une belle performance. Mais générale des salaires de 1,8%, 4. Auchan 10. Lidl
elle est moins à son avantage quand mais aussi de l’intéressement, de la 5. Groupe Carrefour 11. Supermarchés Match
il s’agit d’être notée par ses salariés participation et la prime Covid. 6. Système U 12. Aldi

SERVICES AUX ENTREPRISES

HÔTELS, 1.
ENTREPRISE
Disneyland Paris
TOURISME 2. Club Med La protection des 1.
ENTREPRISE
Brink’s
3. Futuroscope salariés exposés a
ET LOISIRS 2. Teleperformance
4.
5.
Accor
FDJ
parfois mis du temps 3. Mondial Protection
4. Samsic
La pandémie pèse 6.
7.
Groupe Partouche
Appart’City
C’est inévitable : en raison des 5. Securitas
emplois proposés, souvent peu
lourdement sur 8. Pierre & Vacances - Center Parcs qualifiés, les spécialistes de la
6.
7.
France Gardiennage
Aber Propreté
l’activité et l’emploi 9. Louvre Hotels Group sécurité, de la propreté ou encore 8. Elis
de la télévente figurent loin 9. Majorel
Le secteur des loisirs paie un En outre, la réouverture dans notre palmarès général.
lourd tribut à la pandémie et du parc s’accompagnera L’an dernier, certains ont aussi De plus, l’activité a parfois chuté.
aux fermetures de sites qui d’horaires de travail plus été critiqués pour avoir tardé Chez Brink’s, un accord d’activité
en découlent. Il ne faut donc flexibles. De leur côté, les à protéger suffisamment bien partielle de longue durée a été
pas s’étonner de voir dans personnes télétravaillant les salariés contre le coronavirus. signé pour éviter un plan social.
notre liste des entreprises en bénéficient d’une dotation
proie à des difficultés. Mais de 300 euros pour acheter
PHOTOS : MARTEN BJORK ON UNSPLASH ; MURAI HR ON UNSPLASH ; MICHAEL WAVE ON UNSPLASH

comparées à d’autres, elles du matériel de bureau,

tentent d’éviter le pire. Ainsi, d’un forfait de 40 euros
chez Disneyland Paris, des par mois pour les frais COMMERCE 1.
ENTREPRISE
Metro Cash & Carry
négociations sont en cours d’utilisation et de 4 euros
pour un départ volontaire par jour pour les repas. DE GROS 2.
3.
Rexel
GPdis
de 1 000 salariés, dont une
4.
partie liée à la suppression,
décidée avant la pandémie,
La situation dans le 5.
Stanley Black & Decker
Würth
de certains spectacles. négoce professionnel 6. Samse
est très contrastée 7.
8.
Matériaux SIMC
CCL
L’explication est logique : selon 9. Raja
leurs débouchés, les experts 10. Berner
de la vente aux professionnels 11. Transgourmet
(B to B) vivent des situations 12. Lyreco
très différentes. Ceux qui 13. Sysco France
approvisionnent les magasins de 14. Hilti
détail alimentaire (épiceries, 15. Autodistribution
commerces de bouche) ont vu
leurs ventes repartir ces derniers le BTP. En revanche, l’inquiétude
mois. Il y a du mieux aussi chez domine chez tous ceux qui
les grossistes en pièces fournissent les restaurants et les
automobiles ou en matériel pour bars, fermés depuis un moment.

100 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 COMMERCE DE DÉTAIL
Le ressenti en interne peut parfois différer
de l’image de marque globale de l’enseigne
Jugées «non essentielles», bien peu tendue. Cela ne les empêche
des enseignes non alimentaires pas d’apparaître dans ce tableau.
ont dû rester fermées durant les On ne s’en étonnera pas car l’avis
deux confinements. Même si des autres salariés du secteur est
leur activité Internet a grimpé, la aussi pris en compte. Ces derniers
baisse des ventes les a poussées peuvent estimer que, comparée
à serrer les coûts en interne. D’où à leur situation, la vie de leurs
une ambiance sociale parfois un collègues est plus enviable…
ENTREPRISE
1. Decathlon 23. Carglass
2. Ikea 24. Audika
3. Apple Retail 25. BUT
MÉDIAS ET 4.
5.
Leroy Merlin
Schmidt Groupe
26.
27.
Europcar
Argedis
COMMUNICATION 1.
ENTREPRISE
Gallimard
6. Micromania-Zing 28. Intersport
7. Maisons du Monde 29. Alain Afflelou
2. Pathé
Le virage numérique 3. France Télévisions
8. Norauto 30. Groupe Fnac Darty
9. Truffaut 31. Cdiscount
en cours est accéléré 4. Ouest-France
10. Brico Dépôt 32. Centrakor
par la conjoncture 5.
6.
Groupe TF1
Groupe UGC
11. BHV 33. Cultura
12. Castorama 34. King Jouet
Cela semblait inenvisageable : 7. JCDecaux
13. Kiko 35. Electro Dépôt
l’an dernier, tous les groupes de 8. Agence France-Presse 14. Amazon 36. Espace Aubade
presse papier ont pourtant réussi 9. Groupe Bayard 15. Nocibé 37. GrandVision
à fonctionner avec des équipes 10. Groupe M6 16. Gamm vert 38. Aubert
travaillant à distance. Face à la 11. Groupe Canal+ 17. Galeries Lafayette 39. Bricoman
crise qui impacte fortement leurs 12. Publicis Groupe 18. Boulanger 40. Groupe Rocher
comptes, un bon nombre songe 13. Radio France 19. Hertz 41. Amplifon
à faire des économies avec des 20. Groupe Chopard 42. Gifi
espaces où les bureaux ne sont noté que le privé. Précisons que 21. Printemps 43. Zeeman
plus attitrés. Côté audiovisuel, le score de Canal+, inférieur à 22. Optical Center 44. Euromaster
France Télévisions, qui a dépensé la moyenne de ce secteur, a été
plus de 10 millions d’euros pour obtenu avant les récentes
protéger son personnel, est mieux tensions au sein de la rédaction.

RESTAURATION
SERVICES À LA PERSONNE Sans cesse prolongée,
l’interdiction d’ouvrir
Le confinement a révélé l’utilité pour les devient préoccupante
employés d’être déclarés ENTREPRISE Surprise : mise en redressement
1. Kangourou Kids
Garde d’enfants, ménage, aide à 2. O2 Care Services judiciaire l’an dernier et rachetée
domicile pour les seniors ou bien 3. Apef par son concurrent Buffalo Grill,
jardinage… L’offre des entreprises 4. Adhap Services Courtepaille garde une bonne
ENTREPRISE
spécialisées dans les services 5. HPP image auprès des salariés du
1. Courtepaille
à la personne est variée et leur 6. GBNA Polycliniques secteur. Il est vrai que l’ensemble
2. La Boucherie
principal concurrent demeure 7. Domitys de la profession est en grande
le travail au noir. Mais avec le difficulté, les établissements 3. Lenôtre
8. Pôle Santé Léonard de Vinci
4. API Restauration
premier confinement, très strict, 9. OGF n’ayant pas pu rouvrir depuis
les personnes non déclarées novembre. L’Etat prend en 5. Flunch
n’ont pas pu bénéficier des ont d’ailleurs plutôt privilégié charge à 100% le chômage 6. Sodexo
mesures de chômage partiel ni les grandes enseignes du partiel des salariés. Mais cela 7. McDonald’s
des équipements de protection. secteur ayant pignon sur rue et ne permettra sans doute pas 8. Elior Group
Par précaution, les particuliers réputées pour leur sérieux. d’éviter de nombreuses faillites. 9. Buffalo Grill

FÉVRIER 2021 CAPITAL 101

 GUIDE
VIE PRIVÉE
Le marché fou
de l’occasionLe marché de la seconde main connaît une croissance insolente et
attire de plus en plus d’acteurs, industriels comme start-up. Nos conseils
pour faire de bonnes affaires et se préserver des mauvaises surprises.
A lui seul, le succès de Vinted
pourrait illustrer le phéno-
mène. Encore inconnu il y a
quelques années, ce jeune
spécialiste lituanien de la
mode de seconde main
est devenu incontournable dans
l’Hexagone. Avec son appli maligne
de revente de vêtements, il compte
désormais plus de 12 millions de
membres en France, 75% de taux de
notoriété, selon la société d’études
et de conseil Kantar, et dégage des
centaines de millions d’euros de vo-
lume d’affaires… C’est bien simple :
acheter «d’occase» est devenu ten-
dance. «Internet a démocratisé cette
consommation», explique Hélène
Janicaud, chez Kantar. Smartphone,
vélo, sac de luxe… rien ne se perd,
tout se revend ! Selon le cabinet Xerfi,
le marché de l’occasion (hors voi-
tures) a enregistré 7,4 milliards d’eu-
ros de chiffre d’affaires en France en
2020. Un montant en hausse malgré
le drame sanitaire et ses confine-
ments. «La croissance a faibli, mais
102 CAPITAL févrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
PAR CLAIRE BADER
SOMMAIRE
elle devrait à nouveau exploser ces
prochaines années», prévoit Benoît
Samarcq, chargé d’études. Parce
que les Français plaident pour une
consommation plus responsable,
bien sûr. Parce qu’ils veulent préser-
ver leur pouvoir d’achat, aussi. «La
seconde main permet de dépenser
moins, d’accéder à des articles haut
de gamme à moindre coût ou encore
de gagner un complément de revenu
PAGE 103 : AUTOMOBILE
Des start-up vous aident
à éviter les arnaques
PAGES 106 : SMARTPHONES
Derrière les promesses de qualité,
de nombreux pièges !
avec des objets qui ne servent plus»,
reprend l’expert. Tout ce qu’on peut PAGE 108 : MOBILIER ET DÉCORATION
attendre en temps de crise. Site par site,
SIGNE DE CE POTENTIEL ? A côté
comment trouver la perle rare
du Boncoin, une multitude de sites
fleurissent (dans l’automobile…),
PAGE 110 : MODE, LUXE...
des e-commerçants inaugurent des La chasse aux contrefaçons
plateformes dédiées (La Redoute, doit encore se muscler
Cdiscount…), et une flopée d’en-
seignes traditionnelles expérimen- PAGE 114 : PUÉRICULTURE,
tent même des espaces spécialisés
(Leclerc, Kiabi…). Sur ce marché foi-
ÉLECTROMÉNAGER...
sonnant, voici, secteur par secteur, Face au Boncoin, ces
comment profiter des meilleures spécialistes vont vous surprendre
offres et contourner les pièges.
 AUTOMOBILE
Des start-up vous aident
à éviter les arnaques
Identifier le bon prix, faire expertiser le véhicule convoité, sécuriser le paiement :
de nouveaux services permettent de faciliter les transactions entre particuliers.
PAR JULIEN SARBORARIA
F abien avait tout fait dans les
règles pour vendre sa Peu­
geot 308 de 8 ans d’âge. Con­
trôle technique de rigueur,
carnet d’entretien bien tenu,
révision chez le concession­
naire. Si bien qu’il a pu très vite
trouver un acquéreur après avoir
posté son annonce sur Leboncoin.
L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais
quelques jours plus tard, l’acheteur
le rappelait, déplorant un curieux
bruit diagnostiqué par son garagiste.
Furieux, il exigeait de Fabien qu’il
prenne à sa charge la moitié des frais
– une réparation estimée selon ses
dires à 1 500 euros –, sans quoi il lan­
cerait une procédure pour vice caché.
Il s’agissait en réalité d’un pur coup
de bluff, auquel Fabien n’a heureu­
sement pas cédé. Le procédé montre
qu’il n’y a pas que les acheteurs qui
doivent rester sur leurs gardes lors
de la vente d’un véhicule d’occasion.
Spécialisé dans la sécurisation des
paiements en ligne, Obvy estimait ré­
cemment que plus de 15% des Fran­
çais avaient déjà été victimes d’une
arnaque lors de l’achat d’une voiture.
3. VOLKSWAGEN GOLF
Soyons justes, la très grande ma­
jorité des transactions se déroulent
sans anicroches. Tant et si bien que
ce marché ne cesse de grandir. En
2019, il s’est écoulé 5,77 millions de
voitures d’occasion en France contre
2,21 millions de neuves, selon le cabi­
net AAA Data. Les constructeurs, de
leur côté, renforcent leurs positions, à
LE MARCHÉ DE
l’image de PSA, qui ambitionne d’at­
teindre 800 000 occasions en 2021,
contre 620 000 en 2019. Le groupe a
ainsi créé il y a un an une plateforme
unique pour toutes ses marques
(hors DS), Spoticar.
CE SONT LES VENTES de particu­
lier à particulier qui prédominent
encore (61% du marché en 2019 se­
lon AAA Data). Et attirent donc for­
L’OCCASION EN FRANCE
EN PLEIN ESSOR cément la convoitise des escrocs.
L’une des fraudes les plus répandues
5,77 consiste à truquer le compteur nu­
5,64 MILLIONS
mérique pour minorer le kilomé­
MILLIONS
Source : AutoScout24
trage. En 2015, la DGCCRF (Direc­
2016 2019 tion générale de la concurrence, de
Les ventes ont la consommation et de la répres­
atteint un niveau
record en 2019.
sion des fraudes) estimait ainsi en­
tre 280 000 et 625 000 (les données
restent très approximatives) le nom­
TOP 5 DES VENTES AU bre de véhicules concernés. Avec un
PREMIER SEMESTRE 2020 risque encore plus important dans les
régions proches de l’Allemagne, où
1. RENAULT CLIO cette arnaque concernerait un tiers
163 565 unités des modèles d’occasion à vendre,
2. CITROËN C3 selon l’Adac, l’Automobile Club al­
66 177 unités lemand. La Belgique a mis fin à ce
fléau en 2006 grâce au dispositif Car­
65 400 unités Pass, un logiciel qui référence toutes
les voitures immatriculées dans le
4. RENAULT SCÉNIC pays avec l’historique de leur kilo­
63 230 unités métrage alimenté par les garagistes
5. RENAULT TWINGO et les dépanneurs. «Le nombre de cas
62 477 unités de fraude est tombé en Belgique d’en­
Modèles d’occasion viron 80 000 à 1 500 ces dernières an­
les plus vendus en
France sur la période. nées», déclare Michel Peelman, l’ad­
ministrateur délégué de Car­Pass.
En France, rien de tel. Les automo­
bilistes peuvent toutefois obtenir
des informations sur le site Histovec,
créé par le gouvernement en 2019.
Il permet de consulter gratuitement
l’historique d’une voiture grâce à
sa plaque d’immatriculation, de
connaître la date de première im­
matriculation, le nombre de proprié­
taires précédents, de savoir si le véhi­
cule a été accidenté ou volé… «mais
rien concernant l’historique du kilo­
métrage», regrette l’Automobile Club
Association (ACA).
Bonne nouvelle, toutefois : de
nombreuses start­up se sont lan­
cées sur ce marché avec la promesse
de sécuriser davantage les tran­
sactions. Côté acheteur, elles pro­
posent d’abord d’expertiser le véhi­
cule. C’est le cas de Vizapp, créée en
2019 par Aimery de Kerdrel, sur le
mode collaboratif. Cette plateforme
répertorie des «vizappers» capables
d’effectuer ce travail d’inspection du
véhicule. «Ce ne sont pas des pro­
fessionnels, mais des personnes de
confiance notées par la commu­
nauté», explique le cofondateur.
Le prix de la mission est libre (c’est
le vizapper qui fixe son tarif en ac­
cord avec l’acheteur). Le site pré­
lève quant à lui une commission
de 10% sur le prix de la prestation.
Si le véhicule que l’on veut acquérir
est loin de son domicile, ce service
permet en outre de faire l’économie
d’un déplacement.
Février 2021 CAPiTAL 103
 GUIDE Le BOOM De L’OCCASION
Des pros peuvent
se charger de
négocier le prix
à votre place
Certains vendeurs enjolivent l’état de
leur véhicule. D’autres trichent sur
son niveau d’équipement, une in-
formation difficile à vérifier quand
la voiture n’est plus commercialisée.
«C’est facile de mentionner une cli-
matisation automatique alors qu’elle
est manuelle ou de rajouter des op-
tions inexistantes», prévient Nicolas
Porta, fondateur de MecaVin. Il y a
deux ans, ce Toulousain a créé un site
qui permet justement de connaître le
niveau de finition exact d’une voiture
grâce à son immatriculation, mais
également son prix neuve, à sa date
de sortie, avec tous les équipements
optionnels. Ce rapport (envoyé sous
24 heures maximum) est peu oné-
reux : 9 euros pour une petite voiture,
20 pour une belle sportive.
TOUT LE MONDE n’est pas à l’aise
pour négocier le prix. Reezocar, une
place de marché européenne des
occasions vendues par des pros, se
charge de le faire baisser. Cette so-
ciété accompagne d’ailleurs le client
tout au long du parcours d’achat, de
la recherche à l’examen du véhicule
(tous les garages ne sont pas blanc-
bleu), en passant, donc, par la négo-
ciation du prix. Ses commerciaux ont
tout intérêt à se montrer persuasifs,
car Reezocar récupère la moitié de la
remise qu’ils obtiennent. Elle se ré-
munère sur d’autres services option-
nels : immatriculation, livraison à do-
micile et offre de garantie allant de 3
à 24 mois. Soit, avec un pack com-
plet, 1 899 euros pour un véhicule
à 20 000 euros. Lancée il y a six ans,
Reezocar (passée dans le giron de la
Société générale en décembre) a déjà
séduit plus de 10 000 acheteurs.
Son tout récent concurrent Trustoo
propose lui aussi un accompagne-
ment de A à Z. Première étape, l’un
de ses 400 professionnels est man-
daté pour aller inspecter le véhi-
cule (200 points de contrôle), véri-
fier la conformité des papiers et faire
quelques photos. Et cela, en France
comme à l’étranger (Allemagne,
104 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
Belgique, Suisse et Luxembourg).
Le mandataire discute aussi du prix,
vente de votre voiture, on s’occupe de
tout», déclare Kevin Belford, le direc-
sans supplément pour le client.
Trustoo annonce un gain de 800 eu-
teur général. Après la création de l’an-
nonce, le vendeur est contacté par
ros en moyenne. La prestation va de
149 euros pour l’offre de base à plus
un conseiller qui l’aide à valoriser sa
voiture (photos de qualité, descrip-
de 300 euros pour une inspection
comprenant une garantie mécanique
tion détaillée…) et à établir le juste
prix. Avec l’assurance de la vendre
de trois mois et la carte grise. Trustoo en 45 jours si ses préconisations sont
aurait déjà 1 500 inspections à son suivies. Si elle y parvient, elle prend
actif depuis sa création début 2019. une commission de 400 euros + 4%
Pour se prémunir contre les mau- du prix de vente. Au-delà de ce délai,
vaises surprises, on peut enfin recou- le vendeur sera invité à revoir le prix
rir à un expert. Ce métier est régle- et Bonnie&Car fera un geste d’une
menté par le ministère de l’Intérieur. centaine d’euros sur la commission.
Sa responsabilité est engagée lors Dédié également au vendeur,
d’un contrôle, ce qui n’est pas le cas Carizy est très sélectif sur le choix
avec un simple spécialiste. En cas de des véhicules. «Nous n’acceptons
souci mécanique ou de vice caché pas les voitures de plus de 12 ans
non mentionné sur le rapport d’ex- ou de plus de 120 000 kilomètres, ni
pertise, un client peut donc se re- celles venant de l’étranger pour évi-
tourner contre lui pour obtenir un ter les arnaques», affirme Mathias
dédommagement (remboursement Hioco, le président de cette start-
de la vente à ses frais, réparations). up lancée en 2015. Avant la publica-
BCA Expertise, le leader français, a tion de l’annonce, la voiture est ins-
lancé son propre service dédié aux pectée par un professionnel, après
clients particuliers – Experveo – il y quoi Carizy convient d’un prix de
a près de dix ans. Tout est passé en vente avec le vendeur. «S’il accepte,
revue : les documents administratifs, il signe ensuite un contrat d’exclu-
l’historique du véhicule, le moteur et sivité de cinq semaines avec nous»,
la carrosserie, à quoi s’ajoute un essai déclare Mathias Hioco. Moyennant
routier. L’expert a aussi accès à la base une commission de 5 à 6% sur le prix
de données des sinistres pour avoir de vente. En 2018, Carizy a connu un
plus de détails sur la voiture ou véri- coup d’accélérateur suite à son ra-
fier la cohérence du kilométrage. chat par Renault. «Cela nous a per-
Il existe également des start-up qui mis d’accélérer les recrutements et
épaulent les vendeurs, à l’image de de proposer des offres de finance-
Bonnie&Car. «Vous nous confiez la ment en ligne», indique Mathias
NOUS AVONS TESTÉ PLUSIEURS SITES POUR METTRE EN VENTE
Site Comment ça marche ? Réactivité
Vous créez votre annonce dans leur back office (description, photos et prix Notre annonce a été publiée
BONNIE&CAR souhaité). Le site vous envoie une analyse de marché pour vous orienter sur environ 2 heures après
le prix idéal. Un rendez-vous téléphonique avec un conseiller est obligatoire le rendez-vous téléphonique
avant publication pour vérifier que vous êtes le propriétaire du véhicule. avec le conseiller.
Carizy commence par donner une estimation théorique du prix de Carizy nous a envoyé une estimation
la voiture. Mais l’annonce n’est publiée qu’après le passage d’un du prix par mail. Par contre, il a
CARIZY spécialiste qui inspecte le véhicule (100 points de contrôle) et définit jugé notre Laguna trop vieille pour
le prix final avec le vendeur. qu’on puisse aller plus loin.
Le fonctionnement de CapCar est similaire à celui de Carizy : le vendeur Le prix suggéré a été donné par
reçoit une estimation du prix du véhicule avant de contacter un inspecteur téléphone. Comptez de 24 à
CAPCAR pour faire vérifier l’état de sa voiture (150 points de contrôle). Ensuite, 72 heures après l’inscription pour
le site est mandaté par le vendeur pour s’occuper de trouver un acheteur. avoir la visite de l’inspecteur.
Que vous soyez vendeur ou en quête d’une nouvelle voiture, Experveo vous Nous avons pu obtenir un
EXPERVEO propose de faire appel à un expert. Plusieurs formules sont possibles : de rendez-vous dans les 3 jours.
la simple vérification des documents administratifs à l’inspection sur place Le service client est joignable
avec estimation du prix du véhicule. Prise de rendez-vous sur le site. par téléphone (numéro taxé).
(1) Prestation complète avec une étude de la valeur de marché du véhicule et une garantie mécanique (3 mois). Si l’expertise est réalisée

Hioco, qui accompagne près de
500 ventes par mois.
Le groupe PSA, lui, s’est invité sur
ce marché de l’occasion entre par-
ticuliers dès 2017 en investissant
dans Carventura. Rivale de Carizy,
cette plateforme est moins restric-
tive sur le choix des véhicules (15 ans
ou 200 000 kilomètres maximum),
mais elle exclut aussi ceux venus de
l’étranger. Il n’y a pas de contrat d’ex-
clusivité, mais Carventura se réserve
le droit de facturer 99 euros aux ven-
deurs qui retirent leur annonce après
l’inspection de leur voiture. Chez
Car ventura, chaque vendeur dis-
pose de son propre coach, qu’il peut
appeler à tout moment pour avoir
des conseils sur la vente ou le prix.
«On se compare un peu au Stéphane
Plaza de la voiture d’occasion», plai-
sante Frédéric Lecroart, le cofon-
dateur. La plateforme prend une
commission de 500 euros pour les
véhicules vendus moins de 5 000 eu-
ros (800 euros au-delà) et propose
une offre de livraison à domicile
pour l’acheteur (1 euro le kilomètre).
AU STADE DU PAIEMENT, le ven-
deur peut aussi se prémunir contre
les fraudes (faux chèque de banque,
arnaque au paiement via PayPal) en
passant par des plateformes sécu-
risées. Qu’elles s’appellent PayCar,
CashSentinel ou encore Obvy, elles
jouent toutes le rôle de tiers de
confiance pour un coût modique,
NOTRE LAGUNA DE 2010 AVEC 120 000 KILOMÈTRES AU COMPTEUR
Conseils de vente
Notre conseiller nous a aidés à
valoriser le véhicule : description
détaillée avec mise en avant des
équipements, photos du véhicule…
C’est un service clés en main. Les
commerciaux pourront valoriser
votre voiture auprès des acheteurs
grâce à l’inspection réalisée.
Si aucun acheteur ne se mani-
feste après quelques jours, le
conseiller revient vers le vendeur
pour revoir le prix de vente.
Aucun conseil pour vendre
sa voiture ; Experveo se
concentre sur son cœur de
métier : l’expertise.
hors agences (80 en France métropolitaine), il faut ajouter 40 euros. (2) estimation basée sur la cote et les annonces de véhicules équivalents. (3) Calculée selon le marché et l’état du véhicule.
“Les sites
ont plutôt
bien valorisé
ma berline
essence,
sans doute
autour de 20 euros. Les identités du pour en
vendeur et de l’acheteur sont véri-
fiées avant que l’argent ne soit placé
tirer la
sur un compte séquestre jusqu’à la meilleure
fin de la transaction. CashSentinel commission”
intègre même une protection juri-
Julien Sarboraria,
dique en cas de vice caché, tandis journaliste à Capital
qu’Obvy s’est associée avec Banque
Casino pour proposer le paiement
en plusieurs fois entre particuliers.
La start-up bordelaise a en outre
noué des partenariats avec Facebook
Marketplace et GensDeConfiance.
Quant au Boncoin, le leader du
marché de l’auto d’occasion
entre particuliers, il pro-
pose désormais le système
de paiement sécurisé de
PayCar, qu’il a racheté
début 2020. «Nous cou-
vrons 98% des annonces
pour les véhicules coû-
tant jusqu’à 50 000 eu-
ros», indique Vincent
Marty-Lavauzelle,
le P-DG de PayCar.
Une récente enquête
d’«Auto Plus» montre
toutefois que des mal-
faiteurs réussissent à
contourner ce système en
mettant en vente des vé-
hicules qui ne leur appar-
tiennent pas. Mais seuls ceux
qui ne prennent pas la peine Une voiture propre
d’aller voir le véhicule et donc de et une description
détaillée des
vérifier l’identité du propriétaire équipements
tombent dans le piège. facilitent la vente.
Coût du service Estimation du prix Commentaire
pour notre véhicule
400 euros 5 840 euros net vendeur Un acheteur sérieux s’est manifesté seulement 24 heures après la publication
+ 4% du prix pour un bon rapport de l’annonce. Chaque semaine, Bonnie&Car envoie un mail récapitulant le
de la voiture prix-temps de vente nombre d’acheteurs intéressés par le véhicule et le nombre d’offres reçues.
Carizy (racheté par Renault en 2018) n’accepte que les véhicules de moins
Commission de 12 ans et de moins de 120 000 kilomètres. Le vendeur signe un contrat
de 5 à 6% sur 7 780 euros net vendeur d’exclusivité de 5 semaines. L’acheteur bénéficie d’une garantie mécanique
le prix de vente de 6 mois, comprise dans le prix de vente.
DAMIEN GRENON POUR CAPITAL
Environ 15% des voitures inspectées sont refusées, car venant de l’étranger ou
Commission Entre 7 210 et 7 600 euros trop vieilles (plus de 14 ans ou 150 000 kilomètres). Ainsi, notre Laguna de
de 4 à 6% net vendeur (2) 12 ans, jugée peu intéressante, n’a pas été acceptée. Le vendeur signe un contrat
sur la vente semi-exclusif de 8 semaines. Acheteur et vendeur peuvent négocier en direct.
De 80 euros L’estimation Pour se prévaloir du titre d’expert, le professionnel doit être agréé par l’Etat.
à 280 euros (1) selon du prix est donnée Son diagnostic engage sa responsabilité. Ceci explique que sa prestation soit
la prestation après l’expertise (3) plus onéreuse que celle d’un garagiste ordinaire.
Février 2021 CAPiTAL 105
 GUIDE LE BOOM DE L’OCCASION
SMARTPHONES
Derrière les promesses de
qualité, de nombreux pièges !
Les vendeurs de téléphones reconditionnés font tout pour rassurer les clients
sur leurs produits, en principe remis à neuf. Mais ce marché reste très opaque.
PAR BENOÎT BERTHELOT
R émi, ingénieur de 30 ans,
était bien décidé à s’offrir un
iPhone 8 de seconde main,
par conviction écologique. Il
a opté pour Back Market, le
site le plus populaire du sec-
teur. Problème, dès réception de l’ob-
jet : «Il se verrouillait tout seul, l’écran
tactile ne répondait pas… Bref, il
n’était pas fonctionnel.» S’ensuit un
total de 29 mails échangés avec les
petites mains du service après-vente,
«Greg», «Anne-Claire» ou «Vianney».
Après deux mois de supplications
pour obtenir un remboursement, il
contacte une connaissance travail-
lant au sein du site bordelais, et ob-
tient aussitôt réparation. «Mon coloc
a lui aussi renvoyé deux téléphones
reconditionnés qu’il a achetés», ra-
conte Rémi, qui a finalement filé à la
Fnac, où il a trouvé un modèle «dé-
ballé», retourné par un client et re-
vendu contre une ristourne.
Le marché des smartphones de se-
conde main est certes en plein boom,
avec plus de 2,2 millions d’unités
vendues en 2019 en France, soit
1 smartphone sur 10. Mais il réserve
beaucoup de mauvaises surprises
à ceux qui tentent l’expérience. Un
tiers des Français se disent réticents
à en acheter à cause de doutes sur la
durée de vie de ces appareils, selon
un sondage Kantar de février 2020.
«C’est un marché émergent, sur le-
quel tout le monde peut s’impro-
106 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
viser revendeur», explique Pierre-
Etienne Roinat, cofondateur de
Recommerce, le pionnier du sec-
teur. «C’est le tout début de l’his-
toire : il faut faire en sorte que le re-
conditionné soit plus attractif que le
neuf, et pas que sur le prix», précise le
P-DG de Back Market, Thibaud Hug
de Larauze. On n’y est pas encore.
L’origine du smartphone n’est jamais
indiquée, l’entreprise qui l’a remis en
état pas toujours identifiée, et les avis
des clients sont largement biaisés.
Commençons par l’origine de
la marchandise. C’est un secret de
Polichinelle : de très gros volumes
proviennent de l’étranger, en par-
ticulier des Etats-Unis, le nombre
de vieux modèles français ne suf-
fisant pas à satisfaire la demande.
Back Market, qui fonctionne comme
une place de marché ouverte à des
vendeurs partenaires, puise ainsi
hors du marché hexagonal plus
de 50% de son offre, voire 70% se-
lon un concurrent. Il n’est pas rare
d’y trouver des revendeurs asiati-
ques, comme nous l’avons cons-
taté avec une facture éditée depuis
Hong Kong. Dans ces conditions,
l’argument écologique mis en avant
pour promouvoir le reconditionne-
ment est très relatif : ces smartphones
font le tour du monde avant d’arriver
chez vous. Mais des sociétés inter-
médiaires existent aussi, à Paris, en
Belgique et en Angleterre, destinées
à «blanchir» les produits venus de
loin, en gérant les stocks, les expédi-
tions et le SAV. Plus franco-français,
Recommerce reprend près de la
moitié des téléphones des clients
des opérateurs, Bouygues Telecom,
Orange et SFR, dont il est prestataire.
Un autre reconditionneur montpel-
liérain, Smaaart, dit se fournir à 80%
en France, auprès d’opérateurs et de
la grande distribution, là aussi dans
le cadre d’offres de reprise.
QUELS SONT LES TESTS et les
réparations réalisés par les reven-
deurs ? Là encore, c’est le flou to-
tal, faute de norme spécifique au
reconditionné. «On teste tout», ré-
sume Pierre-Etienne Roinat, chez
Recommerce, qui ne veut pas entrer
dans la surenchère sur le nombre de
points de contrôle. Toutefois, cer-
taines opérations s’avèrent problé-
matiques. «Un remplacement de
carte mère donnera une très faible
durée de vie au smartphone, de
moins d’un an», indique Yoann Va-
lensi, de Certideal, qui s’interdit cette
réparation. Les changements d’écran
comportent aussi de grands risques.
Mais la qualité de la batterie demeure
le point le plus sensible. Back Market
et Recommerce se fixent comme
seuil 85% de capacité. Chez Certideal,
on peut payer 25 euros pour avoir une
batterie neuve. Smaaart revendique
un ensemble de critères plus large,
 s av is clients
L e t être ple
peuven m
rs : l’exeET
trom p eu
ARK
BACK M
Les avis récoltés
auprès de chaque
vendeur aboutissent
à une note moyenne
selon huit critères,
pas tous essentiels.
dont la «tension de charge», expli­
que son président, Jean­Christophe
Estoudre : «Au­dessous d’une note
globale de 8,5 sur 10, elle est chan­
gée.» Et le reconditionneur se félicite
d’un taux de retour au SAV de 5%,
«proche du neuf».
Peut­on au moins se fier aux fa­
meux «avis clients», ces étoiles cen­
sées authentifier la fiabilité d’un
vendeur et de son produit ? Chez
Back Market, un mail d’enquête de
satisfaction est envoyé quinze jours
après chaque commande. Les clients
contents sont invités à cliquer sur un
lien pour déposer une note sur la
base de huit critères, dont l’état de
l’emballage, l’esthétique, la livrai­
son… «Une moyenne est faite, qui
n’est absolument pas représenta­
tive de l’expérience du client», ob­
serve Maarten Samson, le fondateur
de DisMoi, un guide qui s’ajoute au
navigateur Web pour conseiller les
internautes dans leurs achats. Ainsi,
Le mail demandant l’avis du client est envoyé
deux semaines après réception, quand les problèmes
ont le moins de chance de survenir. «80% des
problèmes surviennent dans les trente premiers
jours d’utilisation», assure Back Market.
Le mail envoyé
après la vente invite
les clients satisfaits
à poster une note,
forcément positive.
RÉSULTAT :
Des clients
mécontents postent
malgré eux des
notes favorables, ici
3,5 sur 5, alors que la
cliente parle d’une
«arnaque».
une note de 3,5 sur 5 a été laissée par
NEONBRAND/UNSPLASH
une cliente qui parle d’«arnaque»,
et une note de 4 étoiles sur 5 par un
client qui «ne peut pas téléphoner» !
Qu’en est­il des mécontents ? Eux
ne notent pas, ils sont dirigés d’un
clic vers le SAV ! Un moyen simple
de les écarter. «Si vous avez un pro­
blème, le plus important est de le ré­
soudre», assume le cofondateur de
Back Market. Une deuxième note,
demandée aux clients six mois plus
tard, n’est quant à elle jamais publiée.
Back Market indique qu’elle sert à
évaluer les partenaires vendeurs en
fonction de la compétitivité prix, des
taux de retour, d’échange, de rem­
boursement… Les plus fiables voient
leurs smartphones présentés en
priorité. «Un très bon vendeur aura
un score supérieur à 90, avec moins
de 2,5% de taux de panne», indique
Thibaud Hug de Larauze. La transpa­
rence des systèmes de notation n’est
pas forcément meilleure chez des
Il écarte
les clients concurrents comme Recommerce
mécontents, ou Certideal, qui passent par Avis
dirigés vers Vérifiés pour recueillir des étoiles,
le SAV. et obtiennent la même moyenne
générale, peu significative (9,2 sur
10). Une fois l’achat effectué, le ser­
vice après­vente peut constituer un
autre écueil, comme on l’a vu avec
l’exemple de Rémi. La plupart des
sites demandent une réexpédition
du produit défectueux aux frais du
client pour un nouvel examen. C’est
un préalable à tout échange, sans par­
ler d’un remboursement, très difficile
à obtenir. Parmi les bons élèves figure
toutefois Smaaart. «Nous maîtrisons
la chaîne complète, collecte de la ma­
tière première, transformation et pré­
sence sur site des employés du SAV»,
assure Jean­Christophe Estoudre.
Certideal revendique une organisa­
tion semblable, avec le regroupement
des ateliers et du SAV dans ses locaux
de Levallois­Perret (92).
SOYONS JUSTES, une garantie
couvre en principe la réparation gra­
tuite ou le remplacement. Elle est de
douze mois chez Recommerce, «ce
qui devient la norme», indique son
président. Back Market est lui aussi
passé à douze mois depuis juin der­
nier, sachant que le minimum légal
est de six mois. Smaaart propose
douze mois, et vingt­quatre mois
contre 20 euros supplémentaires.
Reste que, sur les places de marché,
il arrive que les vendeurs refusent de
jouer le jeu, évoquant des exclusions
de garantie, comme les chocs…
Beaucoup de professionnels du
secteur insistent donc sur le be­
soin d’instaurer des normes. «Il faut
une plus grande traçabilité des ven­
deurs», pointe Yoann Valensi, de
Certideal. La fraude à la TVA, qui
concerne bon nombre de vendeurs
étrangers, irrite également ceux qui
respectent la loi. «Nous militons
pour la création d’un label du recon­
ditionné reconnaissant les bonnes
pratiques, comme dans le bio»,
plaide Benoît Varin, cofondateur de
Recommerce et président de Rcube,
fédération professionnelle du réem­
ploi et de la réparation. Lui aimerait
que les acteurs français aient droit à
des avantages fiscaux : une TVA bais­
sée de 20% à 5,5% lui semblerait ju­
dicieuse pour couper l’herbe sous le
pied des fraudeurs.
FÉVRIER 2021 CAPITAL 107
 rm i les articles
GUIDE Le BOOM De L’OCCASION Pa és
recherchent…
m
en ce mo

MOBILIER
ET DÉCORATION
Site par site,
comment trouver DES PETITS PRIX D’EMMAÜS AUX PIÈCES
Nombre de Moment de

la perle rare
Site Ce que nouveautés connexion
l’on y trouve par jour idéal (1)
Tout, du lit Ikea Midi
à la table Knoll. Plus de ou 19 h,
Leboncoin.fr Surtout des offres (2) le
150 000
de particuliers. dimanche
Chiner sur le Net ? C’est la mode ! Mais entre Leboncoin,
les marketplaces de pros, les enchères en ligne, difficile 250 000 objets et
meubles plutôt
9h
et 19 h,
de trouver son bonheur au meilleur prix… Nos conseils. Selency.fr vintage, vendus à 1 000 en
70% par des pros. semaine

PAR CLAIRE BADER Lots de plus de Novembre,

500 maisons de
Drouotonline.com vente, estimés par 3 000 (3) décembre,
mai et juin
expert, aux enchères.

P
our bien des chineurs, les
centres Emmaüs sont un
terrain de jeu idéal. Partout
en France, l’association y re­
vend les pièces offertes par
de généreux donateurs : un
amoncellement baroque d’articles
en tout genre, où amateurs et anti­
quaires adorent dénicher, entre les
babioles, de véritables pépites. Une
chasse aux trésors désormais pos­
sible… sans quitter son canapé. Sur
le site Label Emmaüs, les compa­
gnons de l’abbé Pierre commercia­
lisent une partie de leurs stocks en
ligne. «Un tiers de nos acheteurs ne
sont jamais venus dans un centre»,
constate Maud Sarda, directrice de
cette plateforme. En décembre, on
y trouvait de nombreuses bonnes
affaires, comme une grande table
en bois massif à 25 euros !
Fini les réveils obligatoires à 6 heu­
res du matin pour courir les brade­
ries. A l’image d’Emmaüs, le marché
du meuble d’occasion, l’un des plus
gros business de la seconde main
(plusieurs milliards d’euros par an,
selon Xerfi), l’un des plus tradition­
nels aussi, a entamé une étonnante
révolution numérique. Brocanteurs
et antiquaires vendent leurs trou­
vailles sur leurs sites ou sur une ri­
bambelle de marketplaces plus ou
moins spécialisées (Selency, Design
Market, Etsy, Pamono…), quand les
particuliers vident leur cave sur des
portails généralistes : on comptait
7 millions d’annonces fin novembre
rien que sur Leboncoin. Résultat,
qu’un internaute collectionne les
bancs d’écolier, les chaises Eames
ou les fauteuils Louis XV, des mil­
liers d’offres l’attendent… jusqu’à le
perdre. Comment trouver ce que l’on
cherche au milieu de cette avalanche
de propositions ?
Commençons par un passage
quasi obligé : Leboncoin. L’an dernier,
pas moins de 37 millions de meubles
et objets de décoration s’y sont ven­
dus. Disons­le d’emblée, malgré les
précautions renforcées du site, on
n’y est jamais à l’abri d’une arnaque
Vaisselle, mobilier…
offerts par des 10 h, en
Label-emmaus.co donateurs, parfois 200 semaine
très généreux !
40 000 pièces
10 à 11 h,
design, vendues
Design-market.fr 300 en
par des pros, dont semaine
50% à l’étranger.
(1) Le moment de connexion idéal correspond à celui où le maximum d’annonces
(fausse annonce, recel…). Mieux
vaut donc demander à voir un ar­
ticle avant de l’acheter ! Mais difficile
de résister à ce vide­greniers géant,
où «le prix médian d’un meuble est
de 98 euros», selon Antoine Jouteau,
patron du site. Pour y trouver son
bonheur, quelques astuces s’im­
posent. Se connecter quand les ven­
deurs déposent le plus d’offres : le di­
manche, un peu avant le déjeuner et
en début de soirée. «Rester vigilant
pendant les vacances, moment où
antiquaires et collectionneurs sont
moins à l’affût des bonnes affaires»,
complète Marie Montuir, journaliste
et consultante pour la plateforme. Il
faut aussi, bien sûr, créer une alerte
pour être averti de toute nouvelle

108 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club

 PHOTOS : SP ; ALEXANDRA GORN ON UNSPLASH
ÉTRANGÈRES DE DESIGN MARKET, CHAQUE PLATEFORME A SES ATOUTS ET SES TRAVERS
Aspect pratique Possibilités Prix Conditions Possibilité
des outils de recherche de négocier moyen de livraison de rétractation

Etat, prix… Des filtres classiques permettent En direct lors d’un rendez-vous 50 euros
d’élaguer, mais la variété de l’offre rend la ou par message : essayez en (le meuble)
recherche ardue. En décembre, on trouvait près de binôme, l’un déposant une offre 18 euros
100 armoires Ikea en bois et en très bon état. pingre, l’autre plus généreuse. (l’objet de déco)
Recherche fluide, avec de nombreux critères
Par messagerie ou, pour
350 euros
(zone géographique du vendeur, style de la pièce, 65% des références, en
(le meuble)
dimensions, matériau…), photos multiples avec cliquant sur «faire une offre». 120 euros
un système de loupe à passer avec la souris. (l’objet de déco)
Peu de filtres, recherche par mots-clés : mieux Après une vente, si un objet
vaut avoir une idée de l’époque souhaitée ou n’est pas adjugé, on peut télé-
du designer. Beaucoup d’infos par fiche du lot, phoner au commissaire-priseur NC
photos avec possibilité de zoomer sur des détails. (coordonnées précisées).
Tri possible par prix, matière, boutique vendeuse… Pas de négociation possible 40 euros
Impossible en revanche de ne sélectionner que (le meuble)
les offres «livrables». Agaçant ! Photos nombreuses en ligne. Pour rappel, c’est 20 euros
et système de loupe pratique. une marketplace solidaire !
(l’objet de déco)
Peu de filtres, pas d’alerte (en cours de change- Via le service clients, qui connaît 1 300 euros
ment), mais fiches détaillées, photos de qualité les dispositions du vendeur. (le meuble)
et système de zoom. Possibilité, surtout, d’appeler Moins direct, mais au moins 500 euros
le service clients pour des conseils gratuits. l’interlocuteur parle français ! (l’objet de déco)
sont mises en ligne. (2) Le nombre d’annonces sur Leboncoin est une estimation. (3) ventes live. NC : non communiqué.
Jusqu’à 30 kilos, le site propose un système de livrai- Aucune si l’achat se fait
son (Colissimo, Mondial Relay). Au-delà, à récupérer auprès d’un particulier, sauf
sur place (80% des achats se font dans un rayon de tromperie (contrefaçon)…
30 km) ou via un transporteur à choisir soi-même. qui peut entraîner un litige.
Récupération chez le vendeur ou différentes possibi- Sous 14 jours à réception,
lités de livraison systématiques. Coût très variable : même si le vendeur est un
parfois gratuit, souvent entre 50 et 100 euros particulier. Des frais de livrai-
(voire plus) pour un meuble, déposé à la porte. son peuvent rester à charge.
Un module de devis de livraison permet de
connaître le prix du transport d’une pièce, avant le Aucune, sauf
début de la vente. Comptez 80 euros pour une am- non-conformité de l’objet.
phore Paris-Marseille. Sinon, récupération sur place.
Les meubles encombrants sont souvent à récupérer Sous 14 jours à réception.
dans le centre vendeur uniquement. Livraisons Remboursement de l’article
gratuites en point relais et/ou à partir d’un certain et de la livraison. Retour à
panier. Comptez, sinon, 39 euros pour une desserte. charge, si pièce conforme.
Livraison possible partout dans le monde. Prix très Sous 14 jours à réception,
variable, mais comptez de 50 à 150 euros pour un frais de livraison inclus.
meuble, souvent plus si c’est un canapé de l’étran- Retour à la charge de l’ache-
ger ! Délai de 3 semaines intra-Europe en moyenne. teur si l’article est conforme.

offre correspondant à sa recherche.
Et c’est tout un art : «Au préalable,
testez différents mots-clés pour
identifier ceux qui font apparaître
les annonces les plus proches de vos
souhaits, cela permet en outre de se
faire une idée des prix pratiqués, re-
prend l’experte. Commencez par un
descriptif large puis affinez (maté-
riau, époque…) sans jamais tomber
dans un jargon trop professionnel, et
cochez “recherche dans le titre uni-
quement”… Mais il n’y a pas de mi-
racle, tout cela demande du temps.»
Pour qui a quelques heures à perdre
et des outils à disposition, la quête
peut se transformer en martingale.
Une marchande parisienne nous ra-
contait ainsi avoir repéré, l’an dernier,
une paire de chauffeuses du célèbre
Pierre Guariche à… 120 euros : les
sièges étaient certes en piètre état,
mais le propriétaire ignorait surtout
ce qu’il avait dans son grenier. «J’ai pu
les revendre dix fois plus cher, s’ex-
cuse presque la chanceuse. Mais cela
a nécessité des frais et des heures de
travail pour les restaurer.»
POUR MOINS D’EFFORTS et plus
de praticité, direction les market-
places dédiées à la déco. Elles fleu-
rissent. Très haut de gamme, comme
Design Market. Ou plus généra-
liste, comme Selency, incontour-
nable avec ses 250 000 références.
L’avantage ? Une offre plus homo-
gène qui facilite les recherches. Des
gages de sécurité également. «Nous
ne vendons que des objets clés en
main», assure Charlotte Cadé, co-
fondatrice de Selency. Avant la dif-
fusion des annonces, ses équipes
vérifient la qualité des articles (sur
photo), traquent les prix extrava-
gants et évaluent l’authenticité des
pièces, épinglant 50% des œuvres
prétendument signées (passé un dé-
lai, le site ne s’engage toutefois pas à
un remboursement systématique en
cas de faux, contrairement à Design
Market). Avec 1 000 nouvelles offres
par jour, difficile d’imaginer que le
filtre soit absolument sans faille, mais
la plateforme laisse deux semaines à
l’acheteur pour se rétracter après ré-
ception du colis, même si le vendeur

Février 2021 CAPiTAL 109

 GUIDE Le BOOM De L’OCCASION
Aux enchères,
gare aux frais
qui peuvent
gonfler les
prix de 25%
est un particulier (moins de 3% des
commandes concernées). Un seul
inconvénient, cette sécurité se paie
parfois un peu cher : des annonceurs
gonflent leur prix pour compenser la
commission prise par la marketplace
(15% pour les pros). «Ils ne sont pas
censés le faire, tempête Charlotte
Cadé, qui les traque comme elle peut.
Nous leur fournissons des services, ce
ne sont pas aux clients d’en assumer
le coût.» Nous avons pourtant trouvé
un portemanteau, un buffet et une
lampe vendus plus cher sur Selency
que sur les sites des marchands.
POUR TRAQUER UNE ŒUVRE
certifiée à bon prix, reste encore une
solution : les ventes aux enchères.
L’affaire n’est jamais garantie, tout
dépend des acheteurs concurrents,
mais il est désormais possible d’ac­
céder, sans bouger de chez soi, aux
événements de centaines de mai­
sons réunies sur différents sites.
Comme Interencheres.com, poids
lourd du segment. Ou encore la pla­
teforme Drouot Digital. «Vous assis­
tez en live à ce qu’il se passe en salle
et vous pouvez déposer une offre
en un clic, note Alexandre Giquello,
président de Drouot. Rien que l’hô­
tel de Paris met en vente 500 000 lots
par an, dont beaucoup partent entre
100 et 1 000 euros.» Attention, il faut
ensuite ajouter en moyenne 23% de
frais de vente et 1,5% de commis­
sion du site. Une astuce ? Si le mar­
teau tombe mais qu’aucun «Adjugé !»
n’est prononcé, la pièce n’a pas trouvé
preneur : vous pouvez alors négo­
cier avec le commissaire­priseur.
Un appel peut suffire, même s’il vaut
mieux être présent sur place. «Un
beau meuble, il faut de toute façon le
voir avant de l’acheter, plaide Julien
Segard, un marchand pas fou de cette
digitalisation. Venez aux puces, c’est
le meilleur moyen de se faire l’œil,
d’échanger avec un expert, d’avoir des
garanties…» Privilégiez alors le ven­
dredi matin, jour des nouveautés.
110 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
MODE, LUXE...
La chasse aux
contrefaçons
doit encore
se muscler
Intelligence artificielle, contrôles humains...
Les plateformes de seconde main améliorent leur
jeu face aux faussaires. Mais il reste du travail.
PAR ZELIHA CHAFFIN
U
n sac Gucci quasiment neuf
près de 25% moins cher
qu’en boutique. L’annonce
déposée en août sur Vinted
a immédiatement attiré
l’œil d’Isa belle Monclin,
mère de famille de 52 ans, habituée
à acheter ou à vider ses penderies sur
cette plateforme de seconde main.
«L’occasion était belle, la vendeuse
avait même un ticket de caisse», ra­
conte la consultante. Elle conclut l’af­
faire en quelques clics… et déchante
vite. «Quand j’ai reçu le sac, j’ai tout
de suite douté de son authenticité,
explique­t­elle. Je suis allée en bou­
tique le comparer au neuf, le poids
et la texture étaient différents.» Pire,
la référence sur le ticket de caisse
ne correspondait pas au modèle.
Alertée, l’appli lui conseille d’essayer
de régler le problème à l’amiable.
Après plusieurs messages à la ven­
deuse, Isabelle muscle le discours et
menace de porter plainte. «Elle a fini
par me rembourser, reprend notre
victime. Mais j’imagine que ça ne se
termine pas toujours aussi bien…»
Vinted, Vide Dressing, Vestiaire
Collective… Les Français raffolent
de la mode d’occasion. Près de 40%
d’entre eux y ont succombé en 2019,
contre 15% il y a seulement dix ans.
Preuve du dynamisme de ce marché,
estimé à plus de 1 milliard d’euros, les
audiences des sites spécialisés dans
la revente entre particuliers ont bondi
ces dernières années. A l’image du
lituanien Vinted – 12,5 millions de
membres en France – dans le top des
portails les plus visités l’année pas­
sée. Un succès qui attire également
son lot d’arnaqueurs. Du sac Lancel
en similicuir à l’imitation de dou­
dounes Moncler, les copies ont en­
vahi la Toile. «Internet est aujour­
d’hui le premier vecteur de la vente
de faux», précise Delphine Sarfati­
Sobreira, directrice générale de
l’Unifab (Union des fabricants pour
la lutte contre la contrefaçon), qui,
au­delà des préjudices financiers,
met en garde contre les risques sa­
nitaires. «Les montres contre­
faites peuvent contenir des maté­
riaux radioactifs pour faire briller les
 Aïe ! Nous avons tenté de
diffuser une annonce
frauduleuse… et réussi !
1 Achat d’une contrefaçon Pour les
besoins de notre enquête, nous nous
rendons à Saint-Ouen, dans la banlieue
de Paris, à la recherche d’un faux article
de luxe. Parmi les dizaines d’étals où
1 s’entassent pêle-mêle vêtements, sacs,
chaussures et ceintures copiées des plus
grandes marques (Dior, Chanel, Gucci…),
nous repérons un sac avec un imprimé
monogramme siglé Louis Vuitton, qui
possède même son propre faux numéro
de série. Après négociation, nous
l’achetons 70 euros avec, en bonus, sa
boîte siglée, elle aussi de contrefaçon.
Précisons que nous avons détruit
cette pièce à la fin de notre enquête.
2 Préparation de l’annonce Nous
prenons des photos du sac sous plusieurs
angles et rédigeons une annonce type :
«Petit sac Louis Vuitton. Pratique pour
servir de pochette en soirée. Le sac
2 peut être porté à la main ou à l’épaule
avec sa chaîne dorée. Dimensions :
13,5 x 23,5 centimètres.»
3 Création des comptes Quelques clics
suffisent pour s’inscrire aux différentes
applications. Nous préparons la mise en
ligne de notre offre et adaptons notre prix
aux politiques de commission pratiquées
par les sites et aux prix relevés pour
des articles similaires (de 450 euros
sur les plateformes Vinted, Rakuten et
Leboncoin à 530 euros sur Vide Dressing
et à 800 euros sur Vestiaire Collective.
Voici alors ce qu’il se passe…
4 Réaction des sites
Sur l’application lituanienne,
3 l’annonce créée est immé-
diatement en ligne. Huit minutes plus tard,
notre sac a déjà été vu 12 fois et mis
en favori par un acheteur potentiel.
Nous recevons peu de temps après deux
messages privés de clients de l’appli :
l’un demande si l’article est authentique,
l’autre nous fait une proposition d’achat
à 300 euros. Au même moment, Vinted
détecte notre faux et désactive l’annonce.
Elle aura été visible sur la plateforme
vingt-huit minutes au total. Notre
deuxième tentative, cinq jours plus tard,
tiendra environ quarante minutes.
A la création
de notre
offre, nous choisissons l’option «vente
en direct», qui évite que le produit
passe par le service d’authentification
physique de la plateforme. Trois heures
plus tard, notre annonce est approuvée
et mise en ligne. S’ensuivent trois
propositions d’achat. Nous suscitons
donc l’intérêt… et la vigilance. Plusieurs
clientes de la plateforme alertent
qu’il s’agit d’une copie dans les
commentaires publics postés sous
notre annonce. Le lendemain, notre
annonce est désactivée. Rebelote
deux jours plus tard.
Notre premier essai
se solde par un
refus de la plateforme. Via un e-mail,
elle nous rappelle l’interdiction de
toute vente de contrefaçon et indique :
«Afin de pouvoir valider votre annonce,
merci de préciser que votre produit
est un original dans le texte.» Nous
retentons donc l’opération deux jours
plus tard, en ajoutant cette fois-ci
la mention «original». Et, surprise,
notre annonce est publiée. Elle tiendra
même plusieurs jours, avant que
nous la supprimions nous-mêmes.
Après deux jours de
suspense, notre offre est
approuvée par le site, puis mise en
ligne. Elle y restera une bonne semaine,
jusqu’à ce que nous la supprimions,
mais elle n’aura guère déclenché
d’enthousiasme. Seul un acheteur
potentiel, manifestement dubitatif,
nous a envoyé un message afin de savoir
si nous avions une facture du produit.
Chapeau bas, Vide Dressing
est la seule plateforme de
notre test à nous avoir déboutés, et cela
à deux reprises : notre offre n’a jamais été
mise en ligne. A chaque fois, l’annonce
nouvellement créée s’est retrouvée
en attente d’approbation, avant que
ne tombe, près de quatre heures plus
tard, le verdict du site sous la forme d’un
e-mail du service juridique : «Doutes sur
l’authenticité – Refus de votre annonce.»
FÉVRIER 2021 CAPITAL 111
 GUIDE Le BOOM De L’OCCASION
Chez Collector
Square, tous les
articles sont
expertisés avant
la mise en ligne
aiguilles, prévient l’experte. Les vê­
tements et les chaussures peuvent
intégrer des teintures ou des colles
toxiques, ainsi que les parfums de
l’urine animale comme conserva­
teur.» Du grand luxe.
Face à ce fléau, les plateformes
s’organisent. Leur première arme ?
La technologie. De Vestiaire Collec­
tive à Rakuten, toutes ont leur algo­
rithme espion. «Avant la mise en
ligne d’une annonce, il en analyse
tous les détails et, en cas de doute, la
signale à notre équipe d’experts», ex­
plique May Berthelot, chez Lebon­
coin, propriétaire de Vide Dressing.
«L’outil scrute les photos et le prix,
épluche l’historique des articles mis
en vente par le vendeur, repère le lieu
(via l’adresse IP) et l’heure à laquelle
l’offre est postée», détaille Mathieu
Deshayes, chez Rakuten. Grâce à une
base de données recensant des mil­
liers d’annonces et de clichés de
contrefaçons, le système apprend à
repérer certains points clés. Cela
peut être un type de couture ou une
formule toute faite des faussaires.
«Quelqu’un qui vend le même sac en
plusieurs coloris ou précise qu’il est
de très bonne qualité, c’est suspect»,
indique Zouheir Guedri, P­DG de
Data&Data, une start­up spécialiste
de l’exercice. Une traque qui exige
toujours plus de moyens pour amé­
liorer les outils – Vide Dressing a ainsi
investi 4 millions d’euros cette der­
nière décennie –, car les voyous
montent en compétence. «On a vu
apparaître des copies sophistiquées,
qui intègrent de fausses factures ou
de faux packagings ou dustbags avec
le logo des marques, fait savoir
Victoire Boyer Chammard, respon­
sable du service authentification
chez Vestiaire Collective. C’est une
course contre la montre.»
Et les plateformes n’en sortent hé­
las pas toujours gagnantes, notre test
le prouve. Début décembre, pour les
besoins de l’enquête, nous avons
112 CAPITAL FévrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
acheté une fausse pochette Vuitton
chez un de ces curieux marchands
qui gravitent autour des célèbres
Puces de Saint­Ouen. Nous avons en­
suite essayé de poster une annonce
sur cinq portails. Résultat ? En nous
y reprenant à deux fois, notre offre
est passée sur tous les sites, sauf sur
Vide Dressing, qui nous a stoppés à
chaque tentative. Une fois en ligne,
notre arnaque n’a toutefois pas tenu
longtemps sur les portails spécia­
lisés : Vinted l’a supprimée en moins
d’une heure, Vestiaire Collective en
moins d’une journée. Sur les plate­
formes généralistes, par contre… Sur
Rakuten, dont le taux de réclamation
lié à la contrefaçon serait pourtant d’à
peine 0,01%, notre annonce est res­
tée plusieurs jours, jusqu’à ce que
nous la supprimions nous­mêmes.
Idem sur Leboncoin.
POUR SECONDER cette intelli­
gence artificielle pas toujours très
fiable, donc, les sites misent, par
bonheur, sur un autre atout : la com­
pétence humaine. Nos pros du luxe
disposent de pools d’experts, ve­
nus pour certains de grandes mai­
sons du luxe ou d’hôtels des ventes
réputés, aptes à authentifier toutes
sortes de merveilles. Chez Collector
Square, l’ensemble des articles passe
entre leurs mains avant d’être mis en
ligne. «Chaque bijou est pesé, chaque
montre est ouverte par notre atelier
horlogerie pour garantir l’origine
des pièces, chaque signature est re­
gardée à la loupe», détaille la société
parisienne. Le système est différent
chez Vide Dressing, où c’est au ven­
deur de choisir de faire appel à leurs
services pour obtenir un certificat de
conformité (une option à 30 euros).
Idem chez Vestiaire Collective… sauf
si le prix de l’article dépasse 1 000 eu­
ros : là, l’authentification s’impose.
«Le produit est inspecté jusqu’au
packaging, assure Victoire Boyer
Chammard. Parfois par trois experts
différents, voire plus.» Des spécia­
listes formés pendant plus d’un an
en interne «avec des tests pratiques,
des apprentissages de méthodologie
sur les marques, l’histoire de la mode,
et des formations externes complé­
mentaires», poursuit la responsable.
Les plateformes s’appuient égale­
ment sur les maisons de luxe. «Des
marques organisent des sessions
de formation pour reconnaître les
VOUS AVEZ ACHETÉ UN FAUX ?
DES RECOURS EXISTENT,
MAIS IL FAUT AGIR VITE
Chez Vinted, l’acheteur puis procéderont au
floué a 48 heures après remboursement si la copie
la livraison du colis pour
signaler un problème,
est avérée. Vinted et
Leboncoin, eux, invitent
72 heures chez Vestiaire
Collective, tandis que
l’acheteur à négocier
un règlement à l’amiable
Vide Dressing, lui, offre
la possibilité de faire une
avec le vendeur. Si aucun
accord n’est trouvé,
réclamation à tout moment ils trancheront le litige.
après sa réception. Dès la Attention : si le paiement
déclaration d’un litige, les s’est fait directement avec
clients de Vide Dressing, le vendeur, sans passer par
Vestiaire Collective et les systèmes de paiement
Rakuten devront envoyer des plateformes, aucun
le produit aux plateformes, recours ne sera possible,
qui l’expertiseront si ce n’est porter plainte.
répliques de leurs produits, précise­t­
on chez Vinted. En cas de doute, cer­
taines acceptent même de revoir les
articles.» Le généraliste eBay a de son
côté mis en place un outil d’alerte.
«Plus de 50 000 marques y sont ins­
crites, déclare Nathalie Biltz Vuaillat,
directrice juridique. Dès qu’elles
nous signalent un article, l’annonce
est supprimée.» Des efforts qui vont
dans le bon sens selon le Comité
Colbert, lobbyiste du luxe. «Mais
il faut aller plus loin, notamment
en créant une procédure harmoni­
sée de filtre et de retrait des pièces
contrefaites entre les sites, avance
Bénédicte Epinay, sa directrice gé­
nérale. Il n’est pas rare qu’un ar­
ticle retiré d’une plateforme le lundi
se retrouve en ligne sur une autre le
mardi.» En attendant, les maisons de
luxe planchent sur de nouvelles tech­
nologies pour améliorer la traçabilité
de leurs produits. A l’image de l’hor­
loger Breitling, qui a annoncé la créa­
tion de certificats d’authenticité nu­
mériques grâce à la blockchain : ces
passeports suivront chaque montre,
même en cas de revente d’occasion.
Plus inattendue, la contre­attaque
s’opère aussi du côté des consom­
mateurs. Sur les plateformes d’abord,
où ils signalent les annonces fraudu­
leuses, mais également sur les
réseaux sociaux où ils s’échangent
leurs bons tuyaux. Le groupe Face­
book Contrefaçons Vinted, Vide
Dressing, Vestiaire Collective ras­
semble ainsi plus de 600 fans de luxe,
qui repèrent les petites imperfec­
tions synonymes de copie sur des
articles en ligne. Les pattes trop cour­
tes de l’emblémati que crocodile
Lacoste sur un polo par exemple…
 ENFIN UN MAGAZINE
POUR LES FÉRUS DE MOTS FLÉCHÉS !

Des forces de grilles

de haut niveau Nouveau
pour vous dépasser !

8 pages de logique
pour s’entrainer !

Les mots échés de

vos auteurs préférés !

Des pages de lecture pour

respirer entre deux grilles

PASSEZ AU NIVEAU SUPÉRIEUR

DÈS LE 14 JANVIER
 GUIDE Le BOOM De L’OCCASION

PUÉRICULTURE,
ÉLECTROMÉNAGER...
Face au Boncoin,
ces spécialistes vont
vous surprendre
Offre pointue, service spécifique, outil de recherche
adapté… Face au mastodonte de l’occasion, des
entrepreneurs creusent leur sillon sur des terrains
précis, et ça marche ! Portraits (inspirants).

PAR CLAIRE BADER

E ric Gagnaire semble à peine

s’en étonner : en quelques
mois, sa start-up Patatam est
devenue une référence sur le
marché des vêtements de se-
conde main. Auchan, Leclerc,
Kiabi… depuis l’année dernière, tous
s’appuient sur cet expert de la fripe
pour tester de nouveaux rayons d’oc-
casion dans leurs points de vente : ses
équipes achètent à bas prix les ha-
bits de particuliers, les inspectent,
les classent en catégories fines (par
genre, âge, saison…), puis envoient
aux enseignes des assortiments co-
hérents. «Leurs magasins servent à la
fois de lieux de collecte et de revente,
explique le cofondateur de Patatam
en 2013, qui, jusque-là, achetait et
commercialisait ses vêtements via
son seul site Internet. Ces partena-
riats nous ont fait prendre une autre
dimension !» C’est peu de le dire :
l’entreprise a enregistré un chiffre
d’affaires de 20 millions d’euros en
2020. Six fois plus qu’en 2019 !
Comme Eric Gagnaire, un bataillon
d’entrepreneurs innovants veulent
tirer leur épingle du jeu sur ce mar-
ché fou de l’occasion. Nouveaux ve-
nus ou acteurs établis, pure players
du Web ou patrons de magasins, à
la tête de structures classiques ou
à vocation sociale, ils réussissent,
face à des mastodontes comme
Leboncoin, à se faire une place sur
des segments bien précis (le vélo, le
jouet…), jusqu’aux plus étonnants :
connu pour la revente d’électromé-
nager à prix cassé, le réseau d’inser- Murfy multiplie les solutions
tion Envie reconditionne désormais pour ressusciter fours et frigos
déambulateurs et fauteuils roulants Chaque année, pas moins de 23 mil-
récupérés dans les sous-sols des hô- lions d’appareils électroménagers
pitaux et des Ehpad. Alors que nous seraient jetés en France, selon les
jetons chaque année des millions de estimations de Murfy. L’idée de cette
livres, lave-linge et vêtements par- start-up ? Limiter cette colossale
faitement réutilisables, beaucoup montagne de déchets en proposant
veulent combiner développement différentes solutions aux particu-
économique et intérêt environne- liers face à une panne : des tutos gra-
mental. Portraits de patrons malins tuits pour bricoler eux-mêmes leur
qui offrent une seconde vie à tout, machine défaillante, l’envoi d’un
ou presque. technicien à domicile pour 75 euros,

114 CAPITAL févrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club


RecycLivre collecte des livres
gratuits et les revend en ligne
Vieux comme les bouquinistes, le
business du livre d’occasion ? Pas faux,
mais David Lorrain y a apporté une
bonne dose de nouveauté. Créateur de
RecycLivre en 2008, il récupère romans,
BD et essais gratuits des particuliers qui
veulent s’en débarrasser, via un système
de collecte ou par envoi à ses frais.
«Grâce à un algorithme maison, nous
évaluons leur chance d’être revendus et
à quel prix, explique le quadragénaire.
Nous mettons au recyclage les ouvrages
trop abîmés ou qui ne pourront trouver
preneur, et commercialisons les autres à
bas prix (dès 4 euros, livraison incluse),
sur notre site ou via des marketplaces.»
En 2020, l’entreprise, plutôt aidée
par les confinements, a écoulé 1 million
de livres et dégagé un chiffre d’affaires
de 8 millions d’euros (+ 14%). Certains
lui reprochent de faire des bénéfices
avec des dons et de concurrencer les
MANOLO MYLONAS POUR CAPITAL
libraires ? «Nous apportons un service Dans cet
de collecte gratuit qui n’existait pas, entrepôt de
évitons que des livres soient jetés, 6 000 mètres
et essayons de faire les choses carrés, à
Villabé (91),
correctement, justifie le patron. Nous David Lorrain
reversons des sommes conséquentes trie 2 millions
à des associations et avons choisi un de livres
partenaire logistique qui œuvre pour par an.
l’insertion.» Au sein de l’entrepôt de
Villabé, dans l’Essonne, l’équivalent
de 35 personnes à temps plein travaille
ainsi pour l’entreprise.
février 2021 CAPiTAL 115
 GUIDE Le BOOM De L’OCCASION
Tracteur, camion,
selle de cheval,
body pour bébé...
Grâce à eux,
tout se revend !
et, si la réparation s’avère impossible
ou trop coûteuse, un bon d’achat du
même montant pour commander
un produit reconditionné sur son
site. «Nous collectons gratuitement
les appareils chez des personnes
qui veulent s’en débarrasser (envi-
ron 400 par semaine actuellement),
les remettons en état dans nos ate-
liers de Paris, Lyon ou Lille, avant de
les vendre en ligne», détaille son co-
fondateur Guy Pezaku, qui emploie
120 salariés, dont la moitié de tech-
niciens. Lave-linge, four, réfrigéra-
teur… le site affiche 750 références,
jusqu’à 40% moins chères qu’à l’état
neuf et garanties un an minimum.
Après avoir plus que doublé son
chiffre d’affaires en 2020, à 3,5 mil-
lions d’euros, la jeune start-up pense
le quadrupler cette année. De quoi
séduire les investisseurs : Murfy a
levé 8 millions d’euros en octobre
dernier, notamment pour ouvrir
d’autres ateliers en France (à Nantes,
Bordeaux, Marseille…) et attaquer le
marché international.
De l’amateur à l’expert, Troc-
Vélo séduit les passionnés du cycle
Les Français se passionnent à nou-
veau pour la petite reine ? Une au-
baine pour Frédéric Ménager, à la
tête de Troc-Vélo, une marketplace
dédiée aux cycles. En 2020, ce cham-
pion de BMX a vu son chiffre d’affai-
res progresser de 20%. «Nous avons
doublé la fréquentation et comptons
désormais 600 000 membres», s’en-
thousiasme cet ingénieur informa-
ticien, parti sur ce marché dès 2004.
Sur sa plateforme, on trouve de tout
(VTT, bolides électriques, pompes,
sacoches…) et à tous les prix (de
300 à 10 000 euros le vélo, pour
un panier moyen de 1 200 euros).
Beaucoup d’occasions, et un peu
de neuf, quand des magasins par-
tenaires déstockent, par exemple.
Les pros paient pour passer des an-
nonces, pas les particuliers, mais
116 CAPITAL févrIer 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
tous peuvent acheter des options de
visibilité. «Avec la publicité en plus,
nous sommes rentables depuis des
années et n’avons jamais eu besoin
de lever de fonds, précise ce patron
de cinq salariés. Face au Boncoin ou
à d’autres, on fait la différence avec
nos atouts de spécialiste.» Soit des
filtres de recherche multiples (ma-
tière, taille…), un argus des vélos
pour estimer son bien, un forum de
passionnés, ou une présence sur les
courses ou dans les clubs.
Sur l’appli Geev, tout se donne,
tout se récupère
Sacs d’aspirateur, machines à pop-
corn, bocaux en verre… Sur Geev, on
trouve de tout (même de la nourri-
ture), gratuitement. Cette appli fonc-
tionne sur le principe du don. Des
particuliers déposent des annonces
de produits dont ils se séparent et
obtiennent ainsi des crédits (ici, des
bananes) qui leur permettent, s’ils
le souhaitent, de postuler à d’autres
offres. «Environ 10 millions de ton-
nes d’objets sont jetés chaque année
alors qu’ils pourraient être utilisés»,
se désole Florian Blanc, cofondateur
de cette plateforme dont l’ambition
se veut noble mais pas à perte : l’ap-
pli doit, à terme, trouver la rentabi-
lité grâce aux revenus publicitaires,
à des abonnements donnant accès
à des crédits, et, pourquoi pas, à des
solutions dédiées aux entreprises.
Un modèle qui a convaincu des in-
vestisseurs – 3 millions d’euros le-
vés en 2018 – et bien des Français :
Geev compterait aujourd’hui plus de
2 millions d’inscrits et 500 000 utilisa-
teurs actifs. «Depuis le début, 5 mil-
lions de dons ont déjà été postés, fait
savoir cet ex-consultant chez Mazars.
Compte tenu de notre croissance,
nous prévoyons de doubler ce chiffre
dans les douze prochains mois.»
Avec Via-Mobilis, les poids
lourds, aussi, se vendent d’occasion
Voilà un sacré binôme père-fils !
Ensemble, Denis, 72 ans, et Charles
Collot, 30 de moins, ont fait de
Via-Mobilis le leader français de
la vente de poids lourds d’occa-
sion. L’idée, c’est le patriarche qui
l’a eue, dès les années 1980 : sur Mi-
nitel, il commence à jouer les inter-
médiaires entre des concessionnai-
res, des négociants ou encore des
transporteurs et des profession-
nels en quête de véhicules indus-
triels à prix attractif. «Cela a tel-
lement bien marché que nous
n’avons pas su gérer le succès», re-
connaît le patron. Il stoppe alors
l’activité… que son fils relance sur
Internet dès 1999. Ils créent Europe
Camions, une marketplace (payante
pour l’annonceur) de poids lourds
qui «regroupe aujourd’hui 95% de
l’offre disponible en France», as-
surent nos hommes. Depuis, ils
n’ont cessé de s’étendre. Par zone
géographique : ils sont aujourd’hui
présents dans 40 pays. Par type de
business : les véhicules de travaux
publics, de manutention… et main-
tenant agricoles, la nouvelle priorité.
«Leboncoin a racheté le leader sur
ce segment, mais nous pouvons de-
venir un challenger important», es-
time Charles Collot. De quoi pous-
ser un peu plus le chiffre d’affaires
– déjà en croissance de 10% en 2020,
à plus de 3 millions d’euros – et les
effectifs : le groupe recrute 20 com-
merciaux, à Paris mais également
au siège lorrain, un moulin posé à
Ambacourt, petit village de 300 ha-
bitants situé entre Nancy et Epinal.
LinkNsport facilite la revente de
matériel de ski, d’équitation, de golf...
Disons-le tout net, Sophie Fehringer
n’en est encore qu’au début de l’his-
toire. En 2019, cette ex-manager
dans le BTP a cofondé LinkNsport,
une marketplace spécialisée dans le
matériel de sport d’occasion. Elle ne
compte pour l’instant que 350 an-
nonces et 10 000 visiteurs uniques
par mois. Mais le site, ergonomique,
est agréable, et l’offre se révèle plu-
tôt variée (voile, équitation...) et
souvent à moitié prix du neuf. Sans
oublier que des services facilitent
également l’achat (livraison de mar-
chandises lourdes, sécurisation du
paiement…). Signes encourageants,
la plateforme, repérée par des pro-
fessionnels, voit de belles transac-
tions se conclure, comme cette com-
mande de 60 machines de fitness
fin 2020. «Maintenant que les bases
sont solides, nous réfléchissons à
faire entrer des investisseurs pour
accélérer le développement», pré-
cise cette quinquagénaire passion-
née de ski, qui rêvait d’entrepreneu-
riat depuis ses 25 ans.
 Il était plusieurs fois
habille les enfants chics
Il était plusieurs fois, c’est l’histoire
d’une bonne idée de business née d’un
problème personnel. «Quand je suis
devenue maman, mes placards ont vite
débordé de vêtements pour bébés
en parfait état, et je ne trouvais pas de
solutions pour les revendre», raconte
Marie de Longvilliers, cofondatrice
de cette start-up nantaise. En solo, puis
associée à Aude Viaud en 2016, elle
crée alors ce vide-dressing sur Internet :
l’équipe achète aux particuliers
des habits d’enfants plutôt haut de
gamme (Jacadi, Petit Bateau…), sans
défaut, les repasse, puis les revend
en ligne souvent 60% moins cher qu’à
l’état neuf, avant de les livrer dans
une jolie boîte imprimée et papier de
soie (recyclés), s’il vous plaît. «Nous
enregistrons environ 3 000 commandes
par mois et cela ne cesse d’augmenter,
précise-t-elle. Cette année, nous
allons encore quadrupler notre chiffre
d’affaires.» Pour trouver les volumes,
une quinzaine d’ambassadrices
viennent trier les placards de jeunes
parents à leur demande, dans les plus
grandes villes de France (10 euros le
service). «Il est aussi possible d’envoyer
les vêtements par la poste, après avoir
estimé le prix de reprise sur notre site,
reprend la patronne. Et nous allons
bientôt annoncer un partenariat avec
une grande marque de vêtements,
qui récupérera des pièces en boutique
contre des bons d’achat.» Pas loin
de la rentabilité désormais, la start-up
réfléchit à lever des fonds en 2021.
Objectif ? Accélérer encore le
développement sur ce segment où
de nombreux rivaux ne cessent
d’éclore. Comme Beebs, toute nouvelle
marketplace dédiée à l’univers
du bébé, avec vêtements, poussettes
et jouets. Une autre bonne idée…
de deux jeunes papas cette fois.
MANOLO MYLONAS POUR CAPITAL

A Nantes,
chaque pièce
est vérifiée,
repassée,
photographiée
puis mise
en ligne.

février 2021 CAPiTAL 117

 DOCUMENT
«La mondialisation
ne recule pas : elle
change de visage»
Si l’économie dans son ensemble a gagné avec l’internationalisation,
les gouvernements n’ont pas su limiter ses excès, estime l’économiste Lionel Fontagné.
PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPINE ROBERT
A ccusée de tous les maux, la mondialisation
est regardée d’un œil suspect par les Français,
qui la considèrent comme responsable de
destructions d’emplois et de pertes de salaires.
Beaucoup d’économistes, à l’inverse, mettent en
avant les gains de pouvoir d’achat obtenus grâce
au commerce international. Qui a raison ? Dans son livre
«Le Caddie et la Feuille de paie : mondialisation, salaires
et emploi» (Ed. Presses de Sciences po), à paraître le
18 février, l’économiste Lionel Fontagné mène l’enquête.
CAPITAL : Les économistes ont longtemps
considéré la mondialisation comme bénéfique
pour les consommateurs occidentaux, avant
de tempérer leur discours et de mettre en
avant son effet négatif sur l’emploi et les salaires.
Comment expliquer ce revirement ?
LIONEL FONTAGNÉ Les économistes ont évolué dans
leur perception des effets de la mondialisation avec la
montée en puissance de la Chine, mais aussi et surtout
parce que leur regard s’est déplacé du global vers le
local. L’exercice de quantification, c’est-à-dire de mesure
PHOTOS : SP ; PIERRE VASSAL/HAYTHAM-REA ; FLORIAN DAVID/REA
des effets de la mondialisation, est en réalité complexe.
D’abord, il faut savoir distinguer si les pertes d’emplois
ou de salaires sont provoquées par la mondialisation
ou si elles dépendent du progrès technique, ce qui
n’est pas forcément évident, d’autant plus que les deux
phénomènes peuvent se nourrir mutuellement. Il faut
ensuite faire la part des choses entre les conséquences d’économie de Paris.
globales, pour l’économie dans son ensemble, et celles
plus locales, qui frappent seulement certaines catégories
de salariés, certaines industries ou certains bassins
d’emplois. L’articulation de ces deux niveaux d’analyse
ne permet pas de donner des réponses simples, comme
«La mondialisation est une bonne chose» pour les pays
occidentaux, ou inversement. L’internationalisation des
échanges suscite une baisse des prix des produits
118 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
consommés, ainsi que des gains de productivité,
ce qui est bénéfique pour le pouvoir d’achat. Mais elle
entraîne également des ajustements sur le marché du
travail, et cela crée localement des perdants. L’ouvrage
est essentiellement consacré à ces derniers, afin de
comprendre la «fatigue de la mondialisation» dans une
partie de l’opinion, mais il ne faut pas perdre de vue que
la mondialisation fait aussi des gagnants, en ouvrant
d’immenses débouchés pour les activités dans
lesquelles notre industrie et nos services sont avantagés.
Même s’il n’est pas simple de savoir de quel côté
penche la balance, vous proposez tout de même des
réponses. Quelles sont-elles ?
La mondialisation apporte des gains pour l’économie
dans son ensemble. Elle est bénéfique pour le pouvoir
d’achat. Les ménages de l’Hexagone gagnent au
minimum 100 euros par mois grâce aux produits
importés. Et ce sont probablement les foyers les moins
aisés qui en profitent le plus : en cas de retour à l’autarcie,
leurs pertes de pouvoir d’achat seraient quatre fois plus
élevées pour les 10% les plus pauvres que pour les 10%
LIONEL les plus riches, car le Caddie des premiers contient
FONTAGNÉ en moyenne plus de produits à bas prix, très souvent
Professeur importés de pays à faible coût. Sur le marché du travail,
d’économie à bien que la mondialisation ne détruise pas d’emplois
l’université Paris 1 globalement, elle fait effectivement des perdants, en
Panthéon-Sorbonne faisant disparaître certains types d’emplois ou en tirant
et à l’Ecole
les salaires vers le bas pour les salariés concernés.
La plupart du temps, ses victimes effectuaient des tâches
répétitives, codifiables, avec des qualifications très
spécifiques, et qui sont donc difficilement redéployables
sur d’autres postes sans perte de revenu. Leur difficulté à
se réinsérer est d’autant plus grande qu’ils vivent souvent
dans des zones d’emploi spécialisées dans des activités
déclinantes, et non dans de grandes agglomérations
qui offrent plus d’opportunités. Soit ils ne retrouvent pas

LA GLOBALISATION A FAIT
GAGNER 100 EUROS PAR
MOIS À CHAQUE MÉNAGE…
Les produits
dont les étiquettes
ont le plus
diminué sont ceux
consommés par
les plus pauvres.
de travail, soit ils en trouvent dans les services,
avec des rémunérations généralement plus basses,
comme l’ouvrier de General Motors qui se retrouve
cariste chez Walmart, ou bientôt celui de Bridgestone
à Béthune, dans le nord de la France, dont l’usine
est en train de fermer. Les qualifications très spécifiques
de ces ouvriers font qu’ils auront des difficultés à
être réemployés à d’autres tâches.
Ces perdants sont-ils nombreux ?
Non, ils ne représentent qu’une petite part de l’emploi
salarié. Au plus fort de la mondialisation, du début des
années 2000 à la crise financière globale, la concurrence
chinoise aurait fait perdre en tout et pour tout
88 000 emplois manufacturiers en France, c’est-à-dire
finalement assez peu au regard des quelque 20 millions
d’emplois salariés du secteur privé que compte le pays.
La mondialisation a mis des milliers de
salariés au chômage et a fait baisser
certains salaires, mais les relocalisations
n’inverseront pas la tendance.
… MAIS ELLE NOUS
A FAIT PERDRE 88 000
EMPLOIS *
* Depuis le début des années 2000.
Mais le ressenti des personnes ainsi affectées est
particulièrement fort : à la perte d’un emploi stable et au
déclassement social s’ajoute le creusement de l’écart
avec les gagnants de la mondialisation. Ce ressenti est
très bien exploité par certains partis politiques. On l’a vu
aux Etats-Unis avec la présidence de Donald Trump.
Les Français sont beaucoup plus critiques que
leurs voisins envers la mondialisation : 75% pensent
qu’elle accroît les inégalités et 59% y voient une
menace pour leur emploi. Comment l’expliquer ? Les
perdants sont-ils plus nombreux dans l’Hexagone ?
Non, le choc a été identique, mais nous avons été
touchés différemment. En France, l’ajustement
s’est fait plutôt par le nombre d’emplois que par les
rémunérations, contrairement à ce qui s’est passé chez
beaucoup de nos voisins, ce qui a limité le creusement
FÉVRIER 2021 CAPITAL 119
 DOCUMENT
La mondialisation menace
désormais des emplois
qualifiés dans les services
des inégalités salariales mais non les inégalités
d’opportunité. L’action syndicale, les règles strictes de
notre Code du travail et le rempart du Smic ayant
empêché les entreprises de tirer les salaires vers le bas,
celles-ci ont privilégié les suppressions de postes. Le
problème est que les politiques publiques n’ont pas su
accompagner le retour à l’emploi des salariés concernés
par ces transformations profondes de l’économie.
Depuis la pandémie de Covid-19, une tendance
à la relocalisation est en train de s’amorcer. Va-t-elle
permettre à ces perdants de retrouver du travail ?
Malheureusement, non. Ces relocalisations ne
sont pas une mauvaise idée, mais elles n’inverseront
pas la tendance. Si on relocalise des activités à
caractère répétitif et codifiable, ce ne sont pas ces
perdants qui retrouveront un emploi ou verront leur
salaire augmenter, car les tâches qu’ils effectuaient
auparavant seront désormais robotisées. La réponse
à donner aux laissés-pour-compte de la mondialisation
ne se trouve donc pas dans un retour en arrière.
Mettre beaucoup d’argent public sur la table ne
permettra pas d’inverser la tendance si ces derniers
ne sont pas bien identifiés. Le meilleur investissement
est probablement d’assurer un socle de connaissances
suffisamment général pour permettre leur réemploi,
et de proposer un accompagnement plus personnalisé,
comme le font très bien les pays nordiques. Mais
cela ne suffira pas. Si nous voulons nous garder de ses
conséquences les plus néfastes, nous devons aussi
accepter de «discipliner» la mondialisation. Attention,
cela ne veut pas dire devenir protectionniste ! Si un
mouvement général de relocalisation s’engageait,
les firmes étrangères installées en France partiraient
à leur tour. Et le protectionnisme de nos partenaires
commerciaux supprimerait les débouchés de nos
exportateurs, tandis que notre propre protectionnisme
entamerait le pouvoir d’achat des ménages français.
Discipliner la mondialisation, cela veut dire être
intransigeant sur certaines de ses dimensions,
comme les questions sociales, les conditions
d’emploi dans les pays à bas salaires,
et sur l’environnement, bien sûr.
Les dysfonctionnements de l’OMC
(Organisation mondiale du commerce)
ne permettront sans doute pas
de régler ces sujets au niveau
7 milliards
multilatéral, mais, lorsque nous
signons des accords régionaux, nous
devons y inclure des dispositions PROTECTIONNISME
sociales et environnementales. DE DONALD TRUMP
Pour certains experts, la POUR L'ÉCONOMIE
démondialisation est tout de même en
marche. Etes-vous de leur avis ? Sources : Amiti, Redding et Weinstein,
La mondialisation ne va plus progresser 2020/Fajgelbaum, Goldberg, Kennedy et
au rythme effréné qu’on a connu, mais
120 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
elle ne va pas non plus s’arrêter. La décélération
avait d’ailleurs commencé avant même l’épidémie
de Covid-19, au moment de la grande crise financière
de 2008, qui a contribué à stopper l’allongement
des chaînes de valeur. La catastrophe de Fukushima
a également joué un rôle très important : les entreprises
se sont rendu compte qu’elles ne pouvaient plus
dépendre d’un seul fournisseur. Certes, les chaînes
de valeur demeurent très fragmentées, mais elles ont
eu tendance à raccourcir. Dans l’industrie automobile,
par exemple, c’est souvent en Europe ou dans des
pays proches, comme le Maroc, que la production
a été délocalisée. Au total, depuis 2008, les échanges
de marchandises progressent désormais à un rythme
inférieur à la croissance mondiale. Mais ceux des
services, en rapport avec l’informatique, la comptabilité
ou l’audit, augmentent désormais plus vite que la
croissance mondiale. La mondialisation ne recule
donc pas : elle change de visage.
Faut-il donc s’inquiéter désormais pour les salariés
qui travaillent dans le secteur des services ?
Oui, la question se pose, et cela d’autant plus que
le confinement et le télétravail ont montré qu’il était
possible de fonctionner à distance. Il reste encore
quelques obstacles comme la langue ou le fuseau
horaire, mais cela ne devrait pas empêcher les
délocalisations de certaines tâches de s’accélérer.
Y compris d’ailleurs celles d’emplois très qualifiés.
En définitive, les seuls salariés qui n’ont pas
à s’inquiéter sont ceux exerçant des tâches non
répétitives, impliquant une marge d’appréciation,
où il faut exercer un jugement, où il est nécessaire
de se retrouver en face-à-face, où il faut comprendre
son interlocuteur sur la base d’un substrat culturel
commun. Ces emplois ne sont pas non plus
menacés par la robotisation, car même l’intelligence
artificielle n’est pas encore capable de les remplacer.
La «fatigue de la mondialisation» que l’on observe
chez les perdants ne trouve-t-elle pas également
son origine dans les comportements d’optimisation
fiscale des firmes multinationales ?
C’est sans doute vrai, oui. Avec la mondialisation,
le fractionnement des chaînes de valeur et l’imbrication
entre produits et services, il est très difficile de savoir
au juste où se crée la valeur. Est-ce là où le produit
est conçu ? Là où les composants sont fabriqués ?
Là où il est assemblé ? Et comment calculer la valeur,
qui porte de plus en plus sur des actifs incorporels
(licences, royalties, etc.) ? Du coup, la facturation
devient arbitraire : la valeur peut se créer
dans un pays, mais être attribuée à un
DE DOLLARS
autre par l’entreprise, afin d’optimiser
la fiscalité. Que certaines grandes
compagnies multinationales échappent
LE COÛT DU ainsi largement à la fiscalité pose un
problème de consentement à l’impôt pour
le salarié de la classe moyenne qui paie son
impôt sur le revenu, ou pour celui au Smic
AMÉRICAINE qui s’acquitte de la TVA sur tous les biens et
services qu’il consomme. La bonne nouvelle,
Khandelwal, 2020
c’est que l’OCDE et l’Union européenne
s’intéressent enfin sérieusement à ce sujet !
 Capital

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a à savoir sur le marché
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COMMUNIQUÉ

MOURE CONSEIL
Un accompagnement sur-mesure
pour les entrepreneurs !
« De nombreux chefs d’entreprises, même quand ils recourent à un
cabinet d’expertise comptable, rencontrent au quotidien des difficultés
à déchiffrer leur activité ». C’est ce constat qui a guidé Nadine Moure
dans la création en 2016 de Moure Conseil, un cabinet de consultant en
gestion comptable et administrative ‘pas comme les autres’.

www.moureconseil.fr
La maîtrise des outils comptables,
clé de la réussite d’un entrepreneur ?
Pour assurer la pérennité d’une
activité professionnelle, il est
indispensable d’en comprendre les
principaux rouages comptables et
administratifs et de faire face à toutes
ses obligations, en temps et en heure.
Partageant avec mes clients un
parcours d’entrepreneur, je connais
leurs problématiques et je sais leur
offrir des conseils sur-mesure et ‘à
la carte’, en fonction de leurs réels
besoins.
J’ai créé cette structure de consultant
pour répondre aux attentes des
dirigeants de petites structures. Allons-nous vers un nouveau paradigme de la RSE ?
Concentrés sur leur cœur de métier, Nous avons interrogé Ména Dogan, un expert de la
ils ont besoin d’une dimension de conseil concrète et pragmatique. Un question, puisqu’il a, dès 2016, fondé kShuttle. Cette
exemple, entre autres ? Ils se retrouvent livrés à eux-mêmes lorsqu’ils entreprise française propose des solutions dédiées
doivent réaliser leur déclaration de TVA, ou encore faire des demandes à la gouvernance d’entreprise et au pilotage intégré
d’aides sociales et d’allocations.
des stratégies financière et extra-financière. Ses outils
Chez Moure Conseil, nous les aidons à formaliser leurs documents numériques novateurs permettent la digitalisation et
administratifs, comme leurs factures, bons de commande, devis, relances
l’analyse des politiques RSE ainsi que leur valorisation.
d’impayés etc. Mais aussi à prendre de la hauteur et à maîtriser les
éléments clés de gestion de leur activité : bénéfice, capital, créances, La parole à Ména Dogan : « Le challenge de demain
amortissements… sera d’intégrer la performance financière à la perfor-
mance extra-financière ! La prise en compte des en-
Autre sujet-clé, la formation ! jeux RSE va dans les années à venir bouleverser la gou-
Nous proposons des formations courtes, sur des problématiques ciblées,
vernance des entreprises. Ces enjeux sont transverses
pour un impact direct sur la qualité de l’activité professionnelle. C’est une
extension logique de notre rôle de conseil. à toutes les Directions : Financière, des Opérations et
RH, principalement. Ils vont, nous en sommes convain-
Nous avons mis au point des programmes dédiés aux chefs d’entreprises,
leur permettant de comprendre l’ensemble de leurs obligations
cus, bouleverser les modes de production et de déci-
comptables, administratives et sociales, mais aussi de maîtriser les sion. Il existe aujourd’hui trois types de stratégies en
cadres juridiques en vigueur. la matière. La première est adoptée par les organisa-
D’autres programmes, conçus plus spécifiquement pour les comptables, tions qui ne souhaitent être « que » Compliant, se limi-
leur offrent la possibilité de monter en compétence et gagner en tant à produire les reportings obligatoires. La seconde
autonomie, sur des sujets tels que la comptabilité client et fournisseur, concerne des entreprises engagées et actives, qui re-
ou encore la trésorerie. pensent leur mode de production et leurs interactions
Nous formons également les salariés dans leur maintien ou leur retour avec les parties prenantes. Et enfin, la plus poussée est
à l’emploi. Nous avons notamment développé des modules spécifiques celle des ‘champions’ qui intègrent complétement leur
pour ceux qui souhaitent gagner en aisance dans les domaines de stratégie RSE dans l’ADN de l’entreprise. La première
l’informatique et des outils de gestion. Nous donnons à nos clients les transformation est la prise en compte de l’échelle du
clés pour s’adapter aux enjeux actuels de l’entreprise et nous combattons temps. Là où aujourd’hui le pilotage des activités est
ainsi ‘l’illettrisme numérique’ !
essentiellement annuel, la transformation des moyens
L’humain avant tout ? de production va s’inscrire dans un calendrier plurian-
Nous avons comme priorité d’établir des relations de confiance et de nuel. Plus les investissements sont significatifs, plus ils
transparence, où l’aspect humain prime toujours. Nous sommes à l’écoute nécessitent un pilotage fin. C’est là que kShuttle inter-
de nos clients et avons à cœur de comprendre leurs problématiques vient, permettant aux entreprises de mieux définir leur
quotidiennes et de leur fournir un conseil stratégie RSE et de s’équiper d’outils permettant de
adapté. Afin qu’ils reprennent confiance
suivre celle-ci, non seulement quantitativement mais
en eux et en leur activité, et puissent
s’épanouir professionnellement ! aussi qualitativement. Un exemple concret ? Le suivi
de plans d’actions associés aux montants financiers,
C’est pourquoi nous adoptons une
démarche pédagogique, nous permettant
sur une perspective pluriannuelle.
de mettre des notions complexes à la
portée de chacun. Nos clients viennent Directrice de la rédaction : Béatrice Le Rider
vers nous avec de nombreuses questions Reporters : Jean-Baptiste d’Albaret, Ségolène Barbé, Noémie Barthélémy,
et notre objectif est qu’ils repartent sereins Stéphanie Brard, Camille Erder, Sophie Helouard, Béatrice Le Rider,
et l’esprit clair ! contact@moureconseil.fr Valérie Mayingila, Hugo Pillegand, Violaine Pondard
07 51 95 41 70

Plus que jamais, la valeur extra financière de l’entre-
prise est un élément clé de son positionnement vis-à-
vis de ses clients et partenaires, investisseurs notam-
ment. Comme on l’entend souvent dans cet univers :
« Cash is King » ! Effectivement les professionnels de
l’investissement ont un véritable effet de levier pour
‘inciter’ les décideurs à prendre en compte leurs at-
tentes en matière de développement durable. Les
ISR (Investisseurs Socialement Responsables) ont le
vent en poupe et attendent des ‘preuves’ de la part de
leurs ‘investis’. Nous parlerons de Reporting ESG. C’est
le sommet de l’iceberg, dont la base cachée repose
sur les données de la RSE, comme nous le consta-
tons au travers de l’accompagnement mis en œuvre
par kShuttle. En effet, en fonction des stades d’avan-
cement et des volontés des entreprises dans la mise
en place des politiques RSE, nous les accompagnons
dans l’évolution de leurs besoins ; simplement pour ré-
pondre aux problématiques règlementaires au début,
puis en élargissant le périmètre pour faciliter l’intégra-
tion et la collaboration entre la RSE, la finance et les
opérations.
Vous me demandez s’il existe une expertise particu-
lière en France, en matière de RSE ?
Clairement, aujourd’hui, tous les pays développés s’y
mettent. La France est depuis longtemps impliquée
dans l’organisation et la définition des attendus en ma-
tière de développement durable. En revanche, dans la
mise en pratique, les entreprises avaient pris du retard.
Aujourd’hui la plupart des grands groupes et ETI s’y
sont mis. Mais les domaines de la RSE sont si riches, et
sa mise en œuvre dépend tellement de l’activité et de
la culture des entreprises, que c’est en avançant que
chacune d’entre elles affinera sa stratégie. Il est exact
qu’en France, il existe une véritable expertise dans le
domaine, même si celle-ci est trop souvent éclatée sur
plusieurs profils, en fonction des sujets. Avec kShutt-
le, j’ai justement voulu offrir des solutions globales et
évolutives, faisant collaborer entre elles les différentes
parties prenantes. »
B.L.R.
APR2 : RECYCLEZ VOS DÉCHETS DEEE !
Un engagement pour l’environnement et la RSE
APR2, c’est une entreprise pas comme les autres. Au cœur d’une
démarche écologique, environnementale et sociétale, cet acteur
emblématique de la société de demain œuvre concrètement, sur
le terrain et dans l’humain. On en est fan ! Rencontre avec sa jeune
présidente, à la fois passionnée et efficace : Ophélie GODDE.
www.apr2.fr -
Pourquoi recycler les DEEE ?
Si la réglementation impose aux
professionnels de traiter leurs déchets
sensibles, certains d’entre eux la
contournent, le plus souvent par
méconnaissance. Les bacs à ordures en
sont trop souvent pleins. Or ce n’est pas
anodin, ni sur le plan de la loi, ni sur le
plan de la planète ! Les DEEE (déchets
d’équipement électrique et électronique,
avec piles ou batteries) sont composés de
terres rares, de ferreux, de plastique, de métaux comme le lithium qui,
s’ils sont déversés dans la nature, se révèlent être des polluants très
dangereux. Les mélanger aux « ordures ménagères » comporte un risque
évident, puisque celles-ci sont incinérées pour la valorisation énergétique.
Où intervenez-vous, quel est votre ‘plus’ ?
Bien sûr, notre entreprise n’est pas la seule à proposer des services
de recyclage des DEEE. Notre particularité et notre valeur ajoutée
résident dans le fait que nous conjuguons dans nos prestations
respect de l’environnement et action solidaire. Notre conception de
l’économie circulaire apporte des solutions globales aux professionnels,
heureusement de plus en plus nombreux, qui s’investissent dans une
démarche RSE. D’une part, si la gestion des déchets est un élément
important d’un engagement RSE, elle peut se conjuguer avec une action
solidaire en faveur de l’emploi de profils atypiques, comme le handicap.
Nous employons 50 personnes à l’heure actuelle, dont 29 en situation
de handicap. Notre volonté fondatrice est de concilier les intérêts
particuliers de chacun de nos salariés avec notre objectif commercial.
Depuis l’origine, nous collectons et déconstruisons les DEEE et tous
autres déchets professionnels pour en valoriser les matières premières
qui peuvent être réutilisées. Nous limitons ainsi le déchet ultime à moins
de 10% des déchets qui entrent dans nos locaux. Ce mécanisme permet
à nos clients de ne pas avoir à supporter 100% des coûts de traitement de
leurs déchets et à APR2 de mener les actions sociales d’insertion qu’elle
doit à ses salariés.
Plus récemment, les consommateurs, qu’ils soient particuliers ou
professionnels, sont demandeurs de produits de seconde main : les
‘reconditionnés’. Ce qui fait l’une de nos différences marquantes, c’est
que APR2 rachète désormais les parcs informatiques de récentes
générations, non plus pour les recycler mais pour les reconditionner. C’est
ce qu’on appelle le secteur du ‘réemploi’. Plus généralement, la taille de
notre structure nous permet de nous adapter rapidement à l’évolution
du marché et des besoins des professionnels. APR2 est aguerri au
management par la qualité (ISO 9001 et 14001) et fait continuellement
évoluer son organisation pour suivre les évolutions du marché du
recyclage.
Vos projets solidaires pour demain ?
Nous avons un projet de e-boutique, afin qu’une partie des produits
reconditionnés sortant de nos ateliers soient vendus en direct par nos
salariés, pour reconnaître leur travail et les former à la vente en ligne.
Déjà en lien avec les Restos du cœur et le Secours catholique, nous
cherchons à travailler avec l’ensemble du réseau associatif et caritatif
et nous sommes soutenus par la DIRECCTE et la région IDF. Nos
clients sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à souhaiter que leurs
équipements obsolètes profitent à la société, une fois
les données effacées et les matériels anonymisés.
Nous nous engageons aussi dans la sensibilisation
des générations montantes à l’atypisme et à l’écologie,
avec des programmes dédiés, comme celui du Centre
Pompidou dans le cadre de l’expo Paris-Dehli-Bombay.
 LʼÉCORESPONSABILITÉ
COMMUNIQUÉ

Passez au vrac avec Bulk it !

Acteur référent sur le marché de la PLV permanente et durable, la
société Sitour, une marque du groupe ISD (In Store Display) déploie
UN EN
des solutions innovantes dans les points de vente qui visent à faciliter
l’acte d’achat et à développer l’attractivité d’un espace. Explications
avec Eve Stockel, Présidente du groupe ISD qui lance une nouvelle
ENVIRONN
BIEN P
gamme de distributeurs de produits en vrac.

www.sitour.fr
Pourquoi investissez-vous le marché du vrac ?
En tant qu’expert du merchandising, il nous semblait
naturel d’accompagner nos clients retailers ainsi que
les annonceurs sur un marché en plein essor. En
2019, le vrac a représenté un chiffre d’affaires de 1,2
milliard d’euros en France, en croissance de 41 % Malgré une conjoncture très fortement
sur un an. Il concerne dorénavant 4 acheteurs sur impactée à la fois par les craintes liées
10. Le potentiel de ce marché est ainsi estimé à 3
à la situation sanitaire et par la montée
milliards d’euros à l’horizon 2022. Il répond en effet
aux attentes du public en matière de consommation responsable, de sensible du chômage, l’environnement
lutte contre le gaspillage alimentaire et les emballages plastiques. Des reste la deuxième préoccupation des
attentes encore renforcées par la crise sanitaire. A tel point que l’on peut
parler de véritable prise de conscience tant de la part des consommateurs Français. Il vient juste après l’emploi,
que des professionnels. toujours annoncé comme l’enjeu le plus
important (+10 points par rapport à l’an-
née dernière).
Parmi les problèmes environnemen-
taux jugés les plus préoccupants, l’effet
de serre et le changement climatique
restent en tête. Vient en deuxième la dé-
gradation de la faune de la flore, et en
troisième la pollution de l’air.
Plus de la moitié des Français (55%)
estime qu’il faut réorienter en profon-
deur notre économie, en soutenant ex-
clusivement les activités qui préservent
l’environnement, la santé et la cohé-
Pouvez-vous nous présenter votre gamme de distributeurs ? sion sociale. C’est une vision d’avenir,
Avant d’être une gamme de produits, Bulk it ! est un état d’esprit. Nous
voulons encourager les clients finaux à consommer mieux, moins cher et
puisque la proportion s’établit à 77 %
local et ce en toute sécurité. Pour ce faire, nous mettons sur le marché parmi les jeunes de 15 à 17 ans, contre 47 %
deux produits phares avec des silos en gravite, appelés trémies, et des
seulement au-delà de 69 ans.
bacs à pelle permettant de distribuer de nombreuses références produits
(fruits secs, farine, pates…). Conformément à Pour lutter contre le changement cli-
nos engagements éco-responsables, ils sont
conçus et fabriqués en France entièrement en matique, les Français pensent majoritai-
polyester recyclable (PET). rement qu’il faudra modifier les modes
Quelles sont vos perspectives sur ce de vie (58%), avec de nouveaux usages :
marché ?
Un troisième produit viendra compléter la
gamme Bulk it ! au mois d’avril. Un tout
nouveau contenant avec un atout majeur qui
portera sur un aspect sécuritaire renforcé car
l’hygiène est devenue une priorité absolue
pour les consommateurs. Nous travaillons
également sur le recyclage de nos produits à
travers notre programme « Green Act », qui
vise à réduire leur impact environnemental
tout au long de leur cycle de vie. L’innovation
est au cœur de notre stratégie. Nous mettons
tout en œuvre pour que l’acte d’achat ne soit
pas une contrainte pour le consommateur
mais un véritable moment de plaisir !
 À LA FRANÇAISE
EUROSPECHIM
Distributeur d’ingrédients de spécialité
NJEU fonctionnels et nutritionnels

NEMENTAL
RÉSENT
www.eurospechim.com

Trier ses déchets (82%), couper son

chauffage ou chauffe-eau en cas d’ab-
sence (70%), consommer des légumes
de saison (68%), baisser la température
de son logement/limiter la clim (61%).
Les plus difficiles à mettre en place
restent les pratiques liées à la mobili-
té (faire du covoiturage ou de l’autopar-
tage, utiliser les transports en commun,
se déplacer à vélo ou à pied, ou ne plus
prendre l’avion pour ses loisirs).
Ceci est fortement déterminé par l’offre
de transport, davantage développée
en milieu urbain, rendant compte d’un
usage inégal entre zones rurales et ag-
glomérations. Les gestes qui semblent
présenter un plus grand potentiel de
changement (personnes qui déclarent
qu’elles pourraient le faire facilement
mais qui ne le font pas encore) sont
le choix de produits éco-labellisés ou
avec peu d’emballage. Globalement, les
jeunes, plus que les autres catégories de
personnes interrogées, déclarent qu’ils
pourraient adopter davantage de gestes
écoresponsables.

Source : Baromètre ADEME 2020

COMMUNIQUÉ

MERCHANDISING
LABEL BLOUSE MEDICOLD
A Gondecourt dans le Nord L’expertise des emballages isothermes
Label Blouse habille les professionnels made in France
Vestes, tabliers, blouses : spécialisée dans le vêtement professionnel Quand l’isotherme se place au cœur même de la crise sanitaire, savoir
depuis 1991, Label Blouse à Gondecourt s’apprête à sortir une répondre à l’urgence frôle le devoir patriotique. Entre technologie
nouvelle collection dédiée aux métiers de la cuisine et du médical. à la pointe et forte réactivité, MEDICOLD se positionne comme un
Rencontre avec Michaël Vandoorne, dirigeant, et Julien Dillies acteur majeur de la lutte contre la pandémie de la Covid. Rencontre
directeur opérationnel de la PME nordiste. avec William Donato l’un des dirigeants de cette entreprise familiale
créée en 1991 et située dans les Yvelines.
www.label-blouse.net
www.medicold.fr
MEDICOLD en quelques
mots c’est quoi ?
La volonté de MEDICOLD
est de proposer à ses
clients une solution globale
à leurs problématiques de
protection thermique. Notre
entreprise est entièrement
tournée vers la conception
de produits d’emballages
isothermes à destination
de l’agroalimentaire et
du secteur médical. La
législation française en
matière de conditionnement
Votre entreprise est spécialisée depuis 1991 dans le secteur du de produits thermosensibles
est très stricte, ce qui
vêtement de travail. Quelles sont les caractéristiques de votre métier ?
positionne notre pays en
Julien Dillies : Label Blouse est une marque commerciale de l’entreprise leader mondial de ce marché
familiale Julie & Floriant fondée par mon père, Jacques Dillies en 1991. de niche. Si plusieurs de nos emballages sont certifiés et brevetés c’est
Nous sommes spécialisés dans la confection et la vente de vêtements justement parce qu’ils répondent à ces normes françaises. Les produits
de travail. Après avoir longtemps travaillé en B to B nous avons élargi MEDICOLD s’adressent à l’ensemble du secteur médical et hospitalier
notre offre au B to C via notre site e-commerce afin que nos clients – (répartiteurs pharmaceutiques, laboratoires, services vétérinaires), ainsi
esthéticiennes, coiffeuses, vétérinaires, boulangers ou encore cuisiniers – qu’aux différents secteurs de l’agroalimentaire.
puissent acheter leur tenue. A la différence du secteur du prêt-à-porter, le
vêtement professionnel n’est pas soumis aux tendances de la mode. Une Quel est le produit phare dont vous voulez nous parler ?
tenue de travail doit avant tout être économique et se démarquer par sa Parmi la vingtaine de références comprenant autant de solutions pour le
bonne résistance au lavage ainsi qu’au séchage à haute température. Ce milieu sanitaire que le milieu alimentaire, nous pouvons citer l’Habillage
qui est le cas des vêtements fabriqués dans nos ateliers... isotherme ISOPRO. Cet emballage validé par la norme AFNOR NF-S
99-700, permet de s’adapter à des emballages cartons allant de 6L à 28L
En France, près de 8 millions de salariés sont concernés par le pour le médical et jusqu’à 41L pour l’agroalimentaire.
vêtement professionnel. Un marché qui a subi une légère hausse avec Notre savoir-faire, nous permet aussi de fabriquer des produits sur mesure.
la crise sanitaire. Avez-vous connu un pic d’activité avec la COVID-19 ? Ces habillages certifiés par la norme ISTA sont idéalement adaptés à
Michaël Vandoorne : Fournisseur d’équipements de protection individuelle des expéditions jusqu’à 24h et permettent de maintenir les températures
(EPI), nous avons effectivement été très sollicités au printemps dernier, souhaitées. Sensibles à notre empreinte carbone et au développement
pendant le premier confinement, notamment pour les masques, disponibles durable, nous avons élaboré nos produits en réunissant connaissances et
dès le début mars, et les vêtements jetables du type surblouse à destination compétences, afin qu’ils soient recyclables, réutilisables, légers et faciles
du personnel médical. de stockage.

Quelles sont, aujourd’hui, les perspectives de l’entreprise ?
Julien Dillies : Autrefois simple uniforme, le vêtement de travail est
devenu aujourd’hui un vêtement d’image. C’est pourquoi nous proposons
à nos clients la possibilité de personnaliser leur tenue. Par exemple,
en brodant le logo de leur entreprise ou encore le nom et le prénom de
leurs collaborateurs. Cela permet de transformer la contrainte de l’EPI en
véritable outil de communication ! Sur notre site web, un configurateur offre
la possibilité de créer sa propre blouse en choisissant la couleur du tissu,
des boutons, etc. Nous sommes également en train de développer une
nouvelle collection dédiée aux métiers de la cuisine et du médical. L’idée
est vraiment de proposer des vêtements plus originaux et plus dans l’air du
temps. Nous avons d’ailleurs confié cette mission à un styliste de mode afin
de sortir un peu des sentiers battus...
Michaël Vandoorne : Enfin, nous sommes en train de mettre en place un
système de digitalisation pour la récurrence de commandes. L’objectif est
de faciliter le travail des acheteurs et d’automatiser la recommande pour
que l’opération soit moins
chronophage et moins
source d’erreur. Bref : du
gagnant/gagnant.
Comment MEDICOLD peut répondre à l’urgence sanitaire que nous
traversons ?
Efficacité, réactivité ! Malgré le ralentissement de l’activité économique du
pays, MEDICOLD n’a pas relâché ses efforts de production. Aujourd’hui
l’enjeu majeur pour faire barrage à cette pandémie, est le transport ultra
sécurisé des vaccins et la capacité à répondre à la forte demande qui
s’amorce à l’horizon 2021.
Nous possédons une gamme de produits qui depuis plusieurs années,
nous permet de transporter et maintenir les vaccins à des températures
jusqu’à -80° pendant plusieurs heures ou jours (de 30 min à 100 heures).
Du Bac Isotherme, au Box Palette, en passant par l’Habillage isotherme
ISOPRO et les traceurs de
températures, c’est toute
une liste de produits dont
les professionnels vont avoir
grandement besoin dans les
mois à venir, et nous sommes
prêts à les accompagner !
 À LA FRANÇAISE
BERNIER SERVICE
Une gamme complète de solutions pour
les parcs de chariots
Spécialiste du reconditionnement, de la maintenance et de l’hygiène
des chariots de supermarchés, Bernier Service couvre avec réactivité
l’ensemble du territoire jusqu’aux Dom-Tom. Fondée il y a plus de 30
ans par François Bernier, cette entreprise corrézienne a développé
de nouvelles solutions pour répondre aux nouvelles attentes de ses
clients après la pandémie.
www.bernier-service.com/fr
Comment est née l’aventure
BERNIER SERVICE ?
© Michel Blot Photography
Ancien cadre commercial, Compiégnois
d’origine, j’ai démarré comme
entrepreneur à Seilhac, en Corrèze,
en 1994. Depuis, l’eau a coulé sous
les ponts puisque BERNIER SERVICE
est devenu le leader français de
l’équipement, du reconditionnement
et de la maintenance des parcs de
chariots libre-service pour l’ensemble
des enseignes présentes sur le territoire (Leclerc, Casino, Carrefour,
Intermarché, Gamme Vert…). Aujourd’hui installé à Mansac, l’entreprise
s’est développée avec la volonté constante d’apporter des solutions
diversifiées, rapides et rentables à la grande distribution.
Comment procédez-vous pour le reconditionnement ?
Nous achetons des parcs complets de chariots auxquels notre unité de
production offre une seconde vie. Tous nos chariots recyclés sont équipés
d’accessoires neufs et personnalisables sur demande. Ils sont livrés
partout en France électrozingués ou en couleur, avec un revêtement en
polyester. BERNIER SERVICE rénove et vend principalement des chariots
métalliques, mais aussi des chariots hybrides, constitués de châssis en
acier supportant des paniers en plastiques mélangés. Ces derniers sont
de plus en plus privilégiés par les professionnels. Néanmoins, en raison du
mélange des deux matières, ils nécessitent des procédés de séparation
complexe lorsqu’ils arrivent en fin de vie. Grâce à notre partenariat
avec la société SIRMET, spécialisée dans le recyclage des déchets
industriels, nous surmontons cette difficulté et sommes en mesure de
proposer une solution à nos clients, respectueuse de l’environnement.
Nous avons ainsi été des précurseurs du recyclage en France, à une
époque où l’engouement pour l’économie circulaire n’était pas le même
qu’aujourd’hui. Plus de 25 ans après la création de l’entreprise, BERNIER
SERVICE continue de s’engager chaque jour pour la préservation de
l’environnement à travers son offre de reconditionnement.
Quelles sont vos autres offres de service ?
L’hygiène est un critère qui compte de plus en plus dans le comportement
des consommateurs et BERNIER SERVICE développe des solutions
adaptées à chaque enseigne, notamment un service de station de lavage
mobile pour les parcs chariots mais également les abris, portillons et
barrières.
Grâce à nos équipes qui sillonnent le pays dans des camions-ateliers,
nous intervenons sur site sans interrompre l’activité de l’enseigne tout
en créant de l’animation pour mettre en avant cette exigence auprès des
utilisateurs.
Notre expertise et notre savoir-faire se déploient également dans une
offre de réparation sur site accompagnée d’un catalogue complet de
pièces détachées. Il faut savoir qu’un chariot parcours plus de 30 000 km
par an en moyenne. L’usure est inévitable.
Vous intervenez donc dans toutes les zones géographiques ?
Nous avons plusieurs sites d’implantation et sommes en effet en mesure
d’intervenir rapidement sur l’ensemble du territoire, jusqu’aux Dom-
Tom. Nos camions et semi-remorques sont spécifiquement adaptés à la
livraison de parcs chariots, avec haillon plate-forme et plancher élévateur,
et nos camions-ateliers sont autonomes pour toutes les interventions de
maintenance ou d’entretien sur site.
L’un des points forts de BERNIER SERVICE, c’est sa réactivité. Nous
pouvons répondre aux demandes exceptionnelles des magasins
saisonniers ou éphémères mais également aux urgences de dépannage
ou de location quelle que soit la période.
Comment avez-vous traversé la crise sanitaire et quelles sont vos
perspectives de développement ?
Forcément, la pandémie a impacté notre activité. Pour passer le cap, nous
avons commercialisé deux nouveaux types de produits sur le marché
français. Le premier est une borne d’hygiène adaptée aux structures qui
reçoivent des points de contact partagés et nécessitent des désinfections
fréquentes. Cette borne, disponible en trois coloris, distribue du gel
hydroalcoolique ainsi que des lingettes pour nettoyer n’importe quel
support. Elle est en outre équipée d’une poubelle pour les récupérer.
C’est une machine hautement qualitative fabriquée en Allemagne dont
nous sommes le distributeur exclusif en France. Nous avons déjà livré
plus de 700 unités avec un excellent retour d’expérience.
Le deuxième est une gamme de produits appelée « Covital ». Ce sont
des petites structures légères qui permettent de créer des îlots sanitaires
dans un espace afin de faciliter la distanciation physique. Compte tenu
des contraintes imposées aux commerçants, je pense notamment aux
restaurateurs, elles constituent une solution idéale pour leur éviter de
perdre des mètres carrés.
 LA FLEXIBILITÉ
COMMUNIQUÉ

UN MAÎTRE-MOT EN TEMPS DE CRISE :

ADAPTABILITÉ
Avec la COVID 19, pour les prestataires, l’enjeu est de taille. Il s’agit d’accompagner la résilience des entreprises et de les réconcilier avec leurs
consommateurs, dans cette période inédite de crise. Il s’agit également de se montrer agile et flexible pour répondre aux demandes conjoncturelles,
de savoir moduler les coûts et les volumes d’intervention. Bref, de réinventer le mode collaboratif.

Il est clair que la période difficile que nous traversons a des répercussions sur tous les secteurs de l’économie : biens de consommation, alimentaire,
technologie, industrie, automobile, services… Parmi les activités de services, les plus incontournables sont sous tension. Elles ont dû faire face à court
terme aux conséquences de la pandémie. En parallèle, le comportement des enseignes, déjà totalement modifié à l’aune des exigences et urgences
de leurs clients et d’une plus forte tension économique, se radicalise. Lésées et contraintes par la pression réglementaire, elles estiment (à juste
titre ?) pouvoir exiger une prestation premium… et la revendiquent !

Il en résulte une véritable nécessité de transformation pour tous ces prestataires qui concourent à l’externalisation de tâches périphériques…. Ou qui
même, de plus en plus souvent, représentent des ressources si pointues qu’elles sont au cœur du business de l’entreprise cliente. Qu’il s’agisse de
solutions matérielles de logistique ou de mobilité professionnelle, de supports logiciels métiers, ou de montages locatifs et financiers, l’ensemble des
acteurs du secteur accompagnent leurs partenaires dans leur restructuration stratégique, aidés en cela par les nouvelles technologies.

© Photo by Antrey on Adobe Stock

EN FRANCE, 82% DES ENTREPRISES

PRATIQUENT L’EXTERNALISATION
D’après une enquête de l’observatoire Cegos, 86,6% des entreprises de services ont recours à l’externalisation contre 76,7% pour
l’industrie. Quel que soit le secteur d’activité, on constate également que l’externalisation varie en fonction de la taille de l’entre-
prise. En effet, la sous-traitance est plus fréquente dans les grandes entreprises que dans les PME.
Selon la même enquête, les services les plus externalisés en entreprise sont les systèmes d’informations et de télécommunica-
tions avec 49%, suivi par la logistique et la distribution avec 48%. L’externalisation du marketing ou de fonctions périphériques
ainsi que les forces de vente externalisées ou supplétives ne représentent que 17%. Ce dernier chiffre est à mettre en parallèle avec
les 30% d’externalisation des fonctions RH et de formation.
À LA FRANÇAISE
: LE COMPARATEUR DE REPRISE QUI VOUS RAPPORTE !
Un concept unique qui réconcilie technologie et écologie !
Sans reprise du hightech obsolète… pas de marché du reconditionné ! Augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs, en leur offrant les
meilleures conditions de revente de leur ancien matériel, donc en facilitant une démarche éco-responsable, c’est le principe fondateur de
CompaRecycle. La parole à Gaël Brouard, créateur dès 2012 de cette plateforme à la dynamique « vertueuse ».

www.comparecycle.com - A cela s’ajoute que CompaRecycle favorise les circuits courts et les
industriels français, ce qui évite de faire transiter les produits par les Etats-
Vous êtes fidèle à vos slogans : Unis ou l’Asie, avant de les revendre chez nous.
« Faites du vide avant de faire Enfin, CompaRecycle est une plateforme ‘hybride’. C’est-à-dire que la
le plein ! » et « Green is smart ». transaction peut être finalisée, soit directement sur le web (virement sous
Comment ces deux affirmations se 7 jours), soit en magasin ‘physique’ avec un bon d’achat immédiat (plus
de 12 000 points de vente partenaires géolocalisables, tels que Orange,
complètent-elles l’une l’autre ?
Fnac, CIC, Auchan, etc.). Cette particularité nous permet à la fois de
Ayant démarré chez un grand soutenir les commerces de proximité, fragilisés par la crise, et d’offrir à
constructeur en téléphonie, j’ai nos usagers la possibilité de faire ‘coup double’, en bénéficiant lors de
développé une vraie conscience leur nouvel achat des ‘bonus à la reprise’ offerts par les constructeurs.
écologique. Je me suis donné pour but
avec CompaRecycle de proposer une Quelle est l’actualité de votre marché ?
solution permettant de lutter contre le La crise sanitaire et les confinements successifs ont créé un besoin accru
gaspillage généralisé, lié notamment de ‘loisirs à domicile’ : jamais les consoles ni les supports audio et vidéo
à ‘l’obsolescence programmée’ des ne se sont aussi bien vendus. Par ailleurs cette conjoncture a poussé les
produits. particuliers, tout comme les TPE-PME, à s’équiper plus efficacement, pour
Aujourd’hui, 9 consommateurs sur pouvoir mieux communiquer et/ou télétravailler. Certaines personnes ont
10 se renseignent et comparent, en ‘upgradé’ leur matériel avec les nouveautés du moment (en décembre,
amont d’un achat hightech, avant de notamment : l’iPhone 12 et la PS5). D’autres se sont tournés vers des
faire leur choix online ou en magasin. produits reconditionnés (prix moyen d’un smartphone en 2019 = 420 €
CompaRecycle leur permet la même démarche pour la revente, aussi vs 240 € pour un modèle reconditionné). De manière générale, le
facilement et efficacement, avec la même sécurité. marché a donc été particulièrement actif. L’érosion du pouvoir d’achat
L’enjeu est considérable ! Pour ce qui concerne entre autres le marché et les incertitudes sur l’avenir ont rendu très attractives les économies
des smartphones, on sait (source ADEME) qu’aujourd’hui plus de 25 M générées par la revente. Les soldes vont, plus encore que les autres
de mobiles sont vendus chaque année en France et qu’il en dort plus années, occasionner de forts volumes de transactions. On attend aussi
de 100M dans nos tiroirs. Or l’industrie hightech est particulièrement de petites merveilles technologiques, telles que le nouveau MacBook
polluante. La production d’un smartphone génère 100 kg de CO2, alors Pro 16’’ ou la OnePlus Watch. Et dès le 15 janvier, ce sera la sortie du
que le reconditionnement d’un appareil équivalent n’en génère que 10 : SAMSUNG 21, avec de grosses ‘opérations constructeur’ : des bonus
soit un gain de 90 kg de CO2 ! J’ai estimé, en généralisant ce calcul, que pouvant aller jusqu’à 150 EUR.
CompaRecycle avait permis en 8 ans une économie de 80M de tonnes de
CO2. Il ne faut pas perdre non plus de vue la composition des appareils,
à base de métaux, souvent rares (tableau ci-dessous). L’ENGOUEMENT POUR LES PRODUITS
RECONDITIONNÉS
LA CATASTROPHE ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE 2019 : 207 millions de smartphones reconditionnés se sont
DES COMPOSANTS vendus dans le monde, contre 1,4 milliards de smartphone
neufs, soit 14%
Chaque mobile est composé de :
- 50 % de plastiques divers (coque, touches, etc.), 2023 : 333 millions de smartphones reconditionnés seront
- 15 % de cuivre (connecteurs, batterie et circuit imprimé), vendus soit 23% (67 milliards d’euros)
- 15 % de verre (l’écran et les connecteurs),
- 4 % de cobalt ou de lithium (batterie), 2020 en France :
- 4 % de carbone pur (batterie, - 66% des Français se disent intéressés par l’achat d’un produit
- 3 % de métaux ferreux, reconditionné (+6% vs l’an dernier)
- 2 % de nickel (batterie), - nous en sommes à 3 millions de smartphones reconditionnés
- 1 % d’étain (circuit imprimé), vendus, soit 13%, mais la moitié est sourcés aux USA ou en
- 0,5 % de zinc (circuit imprimé), Chine
- 0,5 % d’argent (circuit imprimé), - les ventes de smartphone neuf chutent chaque année de
- 0,5 % de plomb (circuit imprimé), 1 à 3% (prix et bénéfice écologique du recyclé)
- 0,5 % de chrome (circuit imprimé),
- 0,5 % de tantale (circuit imprimé),
- 0,5 % de cadmium (circuit imprimé), Votre mot de la fin ?
- 3 % d’autres matières dont 0,1 % de d’antimoine, d’or, et de berrylium L’idée générale consiste à se dire : « Non seulement je gagne de l’argent
En 1960, un téléphone fixe contenait 12 métaux mais je fais du bien à la planète ! ». Selon l’ADEME, plus de 80% des
téléphones remplacés fonctionnent encore parfaitement. Il ne faut pas
En 1990, un téléphone mobile contenait 29 métaux
perdre de vue qu’un mobile peut bénéficier d’une deuxième, voire d’une
En 2020, un smartphone contient 57 métaux dont 17 émanent des troisième vie. Il reste valorisable entre 6 mois et 5 ans. Au-delà de 5 ans,
terres rares (= métaux rares) il sera repris pour ses composants, matériaux rares notamment.
Des extractions sont pratiquées de manière illégale, notamment en
République démocratique du Congo par des enfants (40 000 au total)
COMMUNIQUÉ

LʼENTRETIEN AUTOMOBILE
FLUXEA
Un accompagnement sur mesure pour
les garagistes
Depuis 1974, Fluxea met à la disposition des garagistes toute la
documentation technique nécessaire à l’entretien et à la réparation des
véhicules qui leur sont confiés. Objectif: transmettre les informations
constructeurs mais aussi offrir un véritable accompagnement
sur la durée. Les explications d’Olivier Aufrère, gérant de Fluxea
depuis dix ans.
www.fluxea-group.com
L’AUTOMOBILE
AU CŒUR DES CRISES
UN SECTEUR ÉCONOMIQUE QUI A DU POIDS. Sa vitalité se me-
sure au nombre de véhicules vendus, c’est la face émergée de l’iceberg.
Mais il faut considérer aussi, tant la chaîne amont que la chaîne aval,
qui intègre vente, réparation, location… En UE, l’automobile représente
8,5% de la production industrielle, soit 2,7M d’emplois directs. D’où
l’impact social de la crise du secteur !

L’AUTOMOBILE RESTE INCONTOURNABLE, INDÉPASSABLE, IN-

DÉMODABLE. Malgré toutes les critiques dont elle peut faire l’objet,
malgré un relatif désamour qui semble gagner les automobilistes, mal-
gré un contexte économique et environnemental qui laisse pointer de
gros nuages sur le secteur. Elle fait preuve d’une forte résilience, souli-
gnée dans le contexte de la crise sanitaire que nous traversons.

SE PASSER DE L’AUTOMOBILE, CE N’EST PAS UNE ÉVIDENCE

AU PRÉSENT, PAS DAVANTAGE POUR LE FUTUR. C’est ce que
nous confirme l’Observatoire Cetelem 2021 « Le divorce impossible »
au sujet de l’automobile. Malgré les critiques qu’elles lui adressent, près
de 6 personnes sur 10 dans le monde ne se voient pas vivre sans auto-
mobile. Par rapport à l’étude de 2017 « Ma voiture bien aimée », celle-ci
Pouvez-vous nous présenter l’activité de Fluxea ?
est cependant moins indispensable. 8 sur 10 affirmaient alors ce point
Nous sommes une entreprise de documentation technique pour l’entretien,
de vue. Mais dans un contexte de relatif auto-bashing, ce score reste
la réparation et le diagnostic des véhicules automobiles. Etant donné le
nombre de modèles et de moteurs différents mis sur le marché, il est néanmoins important. Et, pour 2/3 des Français, la vie sans voiture est
impossible, pour un garagiste, de garder en tête toutes les informations impossible. L’utilisation faite de la voiture est avant tout pragmatique.
nécessaires. Dans notre base de données, nous avons, par exemple, Si les automobilistes y sont attachés, c’est d’abord parce qu’elle rend
pas moins de 120 normes d’huile moteur différentes. Nous offrons aux service (71 %). Un résultat à rapprocher de celui de l’étude de 2017 dans
garagistes un référentiel technique, un peu comme le Vidal qui permet
laquelle 9 personnes sur 10 la jugeaient utilitaire. Les Français sont les
aux médecins de s’y retrouver dans les différents médicaments.
plus nombreux à pointer ce côté service (82 %).
Dans ce secteur, où les acteurs sont peu nombreux, nous sommes
davantage spécialisés sur l’entretien et la mécanique. Nous fournissons
aux garagistes des informations indispensables au quotidien grâce à LA CRISE SANITAIRE, ET LES MODES DE VIE QU’ELLE A SUS-
différents supports: numérique (PC et tablettes), livres mais aussi petits CITÉS, A RENFORCÉ L’USAGE UTILITARISTE DE LA VOITURE.
« mementos » qui peuvent se glisser dans une poche et être consultés, si
Le confinement, les sorties réduites au strict nécessaire, l’absence ou
besoin, dans l’habitacle du véhicule. Toutes nos méthodes sont détaillées
et illustrées avec de nombreux schémas, étape par étape. la diminution des transports en commun et le télétravail sont venues
transformer la vie quotidienne. Pour celles et ceux qui ont moins pris
Quelle est votre spécificité par rapport à la concurrence ?
leur voiture durant cette période, c’est son usage journalier qui a le
Nous proposons une Techline, une ligne téléphonique sur laquelle nos
moins diminué. 37 % ont réduit leurs déplacements dans la vie quoti-
techniciens sont disponibles chaque jour pour répondre aux questions
des garagistes de proximité. dienne, contre 46 % pour les déplacements privés et les loisirs et 55 %
Nous ne nous contentons pas de diffuser les informations données par les pour les week-ends et vacances. Un classement qui se vérifie dans tous
constructeurs. Nous les analysons et les retraitons, ce qui nous permet les pays de l’étude. À l’inverse, les personnes qui déclarent avoir plus
d’avoir un rôle de conseil auprès de nos grands comptes - Total, Midas, utilisé leur véhicule l’ont fait aussi dans la vie de tous les jours (25 % vs
Norauto, Saint-Gobain… - comme auprès des garagistes de quartier. 22 % pour les déplacements privés et les loisirs et 16 % pour les week-
Nous proposons également une dizaine de formules sur mesure, ends et vacances).
adaptées aux besoins de chaque client et à la typologie de leur garage
(carrosserie, vitrage, centre pneu…). Pas besoin, chez nous, de payer SOURCE : Observatoire CETELEM (AUTO 2021)
le package dans son intégralité si on n’aura besoin que de la moitié des
informations !
Pourquoi les garagistes ont-ils intérêt à faire appel à vous ?
Nous leur permettons de gagner du temps, de réduire la sous-traitance,
de développer leur chiffre d’affaire. Nous leur offrons aussi une forme
de réassurance, la garantie que les opérations ont été effectuées
conformément aux règles éditées par le constructeur.
Mise hors tension des véhicules électriques ou hybrides, remplacement
des pare-brises truffés de capteurs qui doivent être très précisément
calibrés, boîtes de vitesse à double embrayage… Aujourd’hui, les
procédures sont de plus en plus complexes. Avec
notre aide, les garagistes peuvent se lancer, en
toute sécurité, dans de nouvelles prestations
qu’ils n’osaient pas proposer jusqu’ici. 01.30.15.28.58
À LA FRANÇAISE
VBSA POWERJET
L’expert du pare-brise et du vitrage Révolutionne le marché des stations
Fournisseur de solutions pour les professionnels de la réparation de lavage
et du remplacement de vitrage automobile, VBSA affiche une belle
croissance après plus de quarante ans d’existence. Explications avec
Cédric Viola, le président de cette entreprise familiale implantée au
coeur des Vosges.

www.vbsa.fr

www.star-wash.fr
COMMUNIQUÉ

LʼINNOVATION INDUSTRIELLE
SOFIPLAST
Fonctionnalisation de surfaces et
décapage écologique
Fondé en 1989 à Vaulx-en-Velin, le groupe Sofiplast développe
son savoir-faire en termes de préconisation et d’application de
revêtements techniques sur pièces industrielles, et en intégration de
systèmes de décapage non abrasifs. Les propriétés apportées par
les revêtements permettent d’améliorer la productivité et la qualité
des produits finis, et de réduire les temps d’arrêt pour maintenance.
Les systèmes de décapage à base de médias végétaux recyclables
préservent les pré-traitements et les substrats sensibles, type
aluminium ou composite. Le groupe se compose aujourd’hui de 4
filiales : 3 implantées en France et 1 en Pologne, et réalise un chiffre
d’affaires annuel de 5 millions d’euros. Rencontre avec Jacques et
Sam POURCHER, dirigeants de Sofiplast.
www.sofiplast.fr - 04 78 49 01 61
Comment intervenez-vous
auprès des industriels ?
Sofiplast propose des
prestations de revêtements
de surfaces et de décapage
écologique ainsi que
l’intégration de machines et
procédés, dont une partie est
conçue par nos ingénieurs,
pour les sites de nos clients.
Nous sommes présents
dans différents secteurs
industriels : automobile,
aéronautique, agroalimentaire, énergie ou encore textile/imprimerie. La
majorité de notre activité est réalisée dans nos ateliers. Nous pouvons
intervenir sur les sites pour réparer ou renforcer les équipements par
l’application de nos revêtements. Le groupe peut réaliser l’intégration
des machines ou process lorsque les volumes à traiter représentent
un bénéfice économique et réduisant ainsi l’empreinte carbone. Les
prestations sur sites sont récurrentes et notamment dans le domaine des
énergies renouvelables (centrales hydrauliques), ainsi que sur les sites
chimiques et de transformation des minerais.
Quelle est la place de l’innovation dans vos activités ?
Nous apportons une attention particulière à la conception de process
DES PERSPECTIVES NOUVELLES
POUR L’INDUSTRIE FRANÇAISE
Avec près de 20 % du PIB, l’industrie est l’un des
moteurs historiques de l’économie française. Les
produits industriels représentent plus des deux tiers
de nos exportations, concentrées sur des secteurs à
forte valeur ajoutée, dont l’agroalimentaire toujours
en tête. Le dynamisme dans le secteur des matériaux
de transport, poussé par l’aéronautique et l’automo-
bile, concentre plus de la moitié de la croissance du
marché à l’expor
Il demeure que l’on ne peut que constater la forte dé-
sindustrialisation de la France, qui s’inscrit en termes
de montant global de valeur ajoutée, comme de
quantité d’emplois. Est-elle irrémédiable ? La rupture
technologique liée à l’irruption de la digitalisation et
de la numérisation dans les processus de production
et dans les produits eux-mêmes, associée à la mon-
dialisation des marchés, ont changé la donne, don-
nant à l’industrie française l’occasion de regagner une
partie du terrain perdu au cours des trente dernières
années.
Notre pays s’est engagé résolument dans le numé-
rique, pour tenter de retrouver son rang de grande
puissance industrielle mondiale. Des esprits créatifs,
une main-d’œuvre hautement qualifiée, des gestion-
naires compétents, des dirigeants ambitieux… L’esprit
d’entreprise résonne sur le territoire français, tandis
que le système éducatif produit certains des meilleurs
mathématiciens, ingénieurs et designers du monde.
Mais l’avenir de l’industrie en France ne passe pas
seulement par l’implantation de sièges de décision ou
de R&D sur le territoire. Il repose aussi sur le maintien
ou la création d’unités de fabrication à la pointe des

© Photo by Scott Webb on Unsplash

innovants, écoresponsables et évolutifs. Le groupe met l’accent sur le nouvelles technologies : robotisation, fabrication ad-
développement des produits dont les composants ne sont pas nocifs pour ditive, numérisation… Grâce à celles-ci, selon certains
la santé des opérateurs et ne sont pas impactés par REACH. Ainsi, nous analystes, il n’est pas utopique d’envisager, même, la
pouvons proposer des produits à base aqueuse plutôt que solvantée.
relocalisation de certains centres de production, re-
Pour nos prestations de décapage, nous travaillons actuellement sur
la conception d’une machine mobile fonctionnant en circuit fermé. devenus compétitifs et « propres », que leur situation
Elle améliore ainsi les conditions de travail des opérateurs. Le groupe sur le territoire rendrait logistiquement stratégiques.
ambitionne que ce système soit opérationnel à partir de fin 2021. Ce
projet de R&D a bénéficié de l’aide de la Région Auvergne Rhône-Alpes.
Notre intérêt pour l’innovation et notre développement nous ont permis
d’obtenir le soutien de BPI France et de la Région Auvergne Rhône-Alpes,
dans le cadre des différents projets innovants collaboratifs nationaux et
européens.
Quels sont les projets du groupe pour 2021 ?
Sofiplast s’attache à concevoir de nouveaux produits et process qui
répondent aux besoins spécifiques de notre clientèle, en lien avec les
évolutions des normes et des technologies qui s’inscrivent dans le
programme d’industrie du futur. Dans le cadre de notre développement,
nous recrutons différentes compétences pour compléter notre équipe de
45 salariés. Le groupe intègre des stagiaires et des apprentis ingénieurs
pour contribuer à la formation des jeunes. Nous sommes également
actifs via les réseaux industriels et
notamment le GIE Harmony, ViaMéca,
Nuclear Valley et l’UIMM qui nous
accompagnent depuis des années.
À LA FRANÇAISE
Comment concevez-vous vos produits ?
ERIL Lorsqu’un client nous contacte, nous nous imprégnons de la culture de son
entreprise pour réaliser un projet avant-gardiste détaillé. Nous imaginons
nos produits comme s’ils nous étaient destinés. C’est pourquoi nous
La conception industrielle innovante proposons des machines dont le fonctionnement va améliorer la rentabilité
Entreprise familiale lancée en 1984, ERIL (Etudes et Réalisations de leur entreprise, en développant les compétences de leurs employés
et la qualité de leurs produits. Nos machines les plus performantes ont
Industrielles Lyonnaises) met au point des machines et outillages
des cadences de 14000 à 16000 pièces/heures intégrant des process
industriels pour répondre aux besoins spécifiques de sa clientèle,
de vision, lasers de marquage et de découpe, robotiques de tout type et
dans 5 grands domaines d’activité. L’équipe utilise son expérience de toute marque. Par ailleurs, nous créons des solutions transversales :
et sa connaissance des dernières technologies pour concevoir des nous avons par exemple appliqué le concept du changement de série
produits adaptés au marché, performants et innovants. Rencontre rapide, très courant dans le secteur automobile, à des machines utilisées
avec les dirigeants d’ERIL : Michel, Denis et Pierre-Jacques Duroure. dans l’énergie. Cela permet de sécuriser le technicien et d’optimiser la
production. Nous produisons donc des machines modulables, innovantes
www.eril.fr et atypiques pour différents domaines d’activité. ERIL intervient ensuite
dans chaque étape : construction du produit à partir de pièces de précision
Comment s’est développée la société ?
fabriquées par des sociétés partenaires, montage, essais et formation du
ERIL est née il y a 37 ans dans une maison familiale lyonnaise prêtée personnel par nos équipes.
par notre grand-père. Avec notre père, Jacques Duroure, nous sommes
partis de rien, mais nous étions passionnés, et nous avons su saisir Comment voyez-vous l’avenir ?
les bonnes opportunités pour faire croître l’entreprise. ERIL a pour Notre objectif est de créer de nouveaux partenariats pour développer des
ambition de développer des innovations au cœur des services recherche produits propres. Cela nous permettra de sécuriser les emplois de nos
et développement de nos partenaires, pour les aider à mieux se salariés, que nous avons pu maintenir en 2020 malgré la crise. Dans
positionner sur le marché. Nous couvrons 5 grands secteurs : l’énergie, la perspective de notre développement, nous déménageons courant
l’aéronautique, l’agroalimentaire, le médical et toute industrie du futur. 2021 dans un espace de plus de 3000m2, soit quatre fois plus grand
Dans les débuts de la société, nous avons mis au point la première que l’actuel. Nous continuons à privilégier la conception de machines
ligne d’assemblage de dossiers suspendus automatisée pour L’Oblique innovantes, car nous voulons offrir à nos partenaires des années
AZ. En 1988, nos équipes ont lâché la planche à dessin pour travailler d’avance technologique. Le succès d’une entreprise comme ERIL tient
avec la CAO, encore rarement utilisée dans notre domaine d’activité. En dans l’attitude de son équipe : nous nous devons d’être avant-gardistes,
2005, nous avons déménagé dans des locaux plus grands, ce qui nous a adaptables, opportunistes et d’avoir la maîtrise totale de nos solutions
permis de nous développer davantage et d’obtenir les certifications ISO en interne.
9001 et 14001. Depuis 2013, ERIL possède un agrément CIR en cours
de renouvellement. Nous dressons un bilan positif chaque année, avec
environ 4,5 millions de chiffre d’affaires en 2019 sur l’ensemble du groupe.
Qu’est-ce qui fait la réussite d’ERIL ?
Au-delà de la qualité des réalisations, nos capacités d’adaptation et
d’innovation nous ont permis de traverser les périodes de crises et de
créer des partenariats durables. La région nous a énormément soutenus
à travers plusieurs programmes dont Stratégie PME. Nous avons
notamment été accompagnés par le délégué régional CETIM José
Pédraza dans l’amélioration de notre management. Car pour garantir
la pérennité de sa société, il faut s’entourer d’une bonne équipe. ERIL
compte actuellement une trentaine de collaborateurs, avec des profils
variés. Nous formons régulièrement des apprentis en vue de recrutement
qui partagent nos valeurs, en particulier la rigueur, la créativité et l’audace.
La clef est de rester attentifs au bien-être de l’équipe : nous fonctionnons
de manière horizontale et nous assurons des bonnes conditions de
travail, de l’autonomie et de la diversité dans les projets.

Zoom sur la ligne d’assemblage PLASTEUROP

Concepteur et fabricant de portes et
de panneaux sandwiches

Ligne créée en 2007 avec Bruno Curial, directeur

technique de PLASTEUROP
60m de long par 12 m de large
Pérennisée en 2020 pour lui garantir une durée de vie au
minima de 10 ans
1150m2 de panneaux isolants fabriqués par jour par
2 équipes de 3 personnes

Pour tout contact :

commercial@eril.fr
 LʼEXPERTISE MÉTIER
COMMUNIQUÉ

ETILABEL
Le service est notre état d’esprit
Imprimeur spécialisé dans la fabrication d’étiquettes adhésives en
bobines, Etilabel est établie depuis 2003 à Val-de-Reuil, dans
l’Eure, sur un site de 2 500 m2. Sa politique commerciale fondée
sur le service et la passion de ses collaborateurs pour leur métier,
en font une société reconnue pour son excellence opérationnelle.
Explications avec Loïc Lefebvre, le président-fondateur d’une
entreprise qui affiche de belles perspectives de croissance.
ENTRE SOBRIÉTÉ ET AGRESSIVITÉ
www.etilabel.com
Comment se positionne Etilabel ?
Issu d’une famille d’imprimeur, j’ai
COMMENT
TROUVER
toujours été passionné par mon métier
qui est une niche des arts graphiques
– je veux d’ailleurs dédier cet article à
mon père, mon épouse, mes enfants
et à tous les salariés d’Etilabel ! De
fait, nos étiquettes sont des éléments
essentiels pour l’identification,
LA BONNE
le positionnement et l’image des
produits de nos clients. Je partage cette passion avec l’ensemble des
collaborateurs de l’entreprise, tous extrêmement qualifiés dans leur
IMAGE ?
domaine d’expertise. Chez Etilabel, ils bénéficient d’un environnement
de travail harmonieux, propice à la qualité de leur travail et, in fine, à
l’équilibre de leur vie personnelle. Ce dynamisme, cette expertise interne
et ce goût partagé pour le travail bien fait font d’Etilabel une entreprise
performante, reconnue pour son excellence opérationnelle mise au
service de ses clients. Comme l’indique notre slogan, le service est en
effet au cœur de notre ADN. Grâce à l’homogénéité et la polyvalence de
notre parc machines nous leur offrons une réactivité de tous les instants,
même en cas de besoins ponctuels.
Comment fonctionnez-vous ?
La société compte aujourd’hui 34 salariés avec 6 lignes d’impression,
4 machines de conditionnement dont 3 équipées de camera de contrôle.
Deux équipes se relaient du matin au soir. Elles permettent de répondre
dans les délais les plus serrés aux cahiers des charges qui nous sont
confiés pour réaliser tous les projets, des plus simples aux plus complexes.
Nous travaillons principalement pour des industriels du secteur de
l’agroalimentaire, du secteur pharmaceutique et de la cosmétique.
Etilabel imprime en mode flexographie, une technique industrielle qui
offre la possibilité de réaliser des impressions en quadrichromie et
jusqu’à 10 couleurs sur tous les complexes adhésifs. En outre, les encres
utilisées en flexographie ne contiennent pas de solvants organiques.
Elles ont donc un impact réduit sur l’environnement, conformément à la
philosophie de l’entreprise qui déploie une politique globale de qualité.
En tant qu’imprimeur responsable, nous fabriquons des étiquettes
sûres, conformes à la législation, avec un contrôle à chaque étape de
la fabrication et une traçabilité tout au long du processus. La qualité est

?
notre moteur, elle nous conduit à être meilleur.
Quelles sont vos perspectives ?
Avec un chiffre d’affaires de 7,5 millions d’euros sur notre bilan 2019-
2020, la pérennité et la rentabilité de l’entreprise sont assurées. Nous
améliorons ainsi régulièrement la qualité de notre parc machines et
pouvons envisager sereinement une croissance maîtrisée. Nous
allons réaliser cette année une extension de 1200 m2 pour disposer
de capacités de stockage plus importantes et d’un nouvel atelier de
production pour investir dans une 7e ligne d’impression. Cette dernière
augmentera sensiblement notre productivité et nos flux. Nous allons
également créer au moins deux nouveaux postes, dont un poste de
responsable des expéditions afin d’optimiser le suivi des transports.
A terme, nous voulons poursuivre la modernisation de notre parc
machines, en développant notamment la
robotisation pour la sécurité et la santé de nos
salariés. Les perspectives sont donc bonnes
dans un secteur en perpétuelle évolution et
qui s’ouvre de plus en plus à de nouveaux
marchés. © Photo by Agenlaku Indonesia on Unsplash
À LA FRANÇAISE
ESA
Créateur de solutions d’étiquetage
adaptées à tous les besoins
Développeur d’étiqueteuses automatiques ainsi que de tout autre
système de traçabilité répondant aux besoins spécifiques de ses
clients, la société ESA se démarque par son adaptabilité, la fiabilité
de ses équipements et son accompagnement sur mesure. Un souci
d’excellence que nous décrit Martine Dupré, gérante de cette société
établie à Aubagne.

www.esa-constructeur.eu
Pouvez-vous présenter ESA ?
Créée en 1995, ESA est une
société familiale spécialisée
dans la conception, l’intégration
et la fabrication de systèmes
d’étiquetages standards et
complexes. Notre gamme
couvre une large palette
d’étiqueteuses automatiques
sur mesure, de systèmes
de traçabilité associés et de
consommables, afin de proposer
une solution complète à nos clients. Grâce au suivi et à l’amélioration
continue de nos processus internes, nous sommes en mesure de répondre
à tout type de projets de pose et d’impression-pose d’étiquettes adhésives.
J’ajoute que nos équipements sont conçues, fabriquées et contrôlées en
France dans notre atelier d’Aubagne, dans les Bouches-du-Rhône. En
trente ans, ESA s’est forgée une solide réputation fondée sur une expertise
reconnue, des solutions clé en main, des prix attractifs et un suivi après-
vente extrêmement réactif. Elle compte aujourd’hui de nombreux clients
fidèles dans des secteurs variés tels que l’agro-alimentaire, la cosmétique,
la pharmaceutique et l’industrie.
Quels sont vos points forts ?
La satisfaction de nos clients est notre priorité. Nous leur offrons un service
sur mesure et un accompagnement personnalisé, allant du conseil pour
une solution adaptée à leurs besoins jusqu’au suivi de leurs matériels en
production. Flexibles, nos systèmes s’adaptent à leur environnement. Nous
garantissons d’ailleurs une obligation de résultat en fonction des cahiers
des charges et des spécifications qui nous sont fournis. Ainsi, chaque
étiqueteuse est mise en situation de production et validée techniquement
avec le client avant de leur être livrée.
Mais ESA est plus qu’un fournisseur de solutions industrielles. Nous
accompagnons individuellement chacun de nos clients dans son projet
grâce à notre bureau d’études intégré et à nos interventions sur site. Nous
proposons par exemple des prestations de rénovation qui prolongent la
longévité des équipements à moindre coût. Le cas échéant, nous les
équipons également des dernières innovations afin de satisfaire aux
nouvelles exigences du conditionnement. En outre, nous proposons des

?
formations pour rendre les opérateurs autonomes sur le réglage des
étiqueteuses, ce qui permet à nos clients de travailler dans les meilleures
conditions et d’assurer l’efficacité et la pérennité de leur matériel.
Quelles sont vos perspectives ?
Face aux besoins en traçabilité, aux nouvelles normes sanitaires et aux
réglementations environnementales de plus en plus exigeantes, nous
misons sur l’innovation qui est au cœur de notre ADN. Nous développons
actuellement des étiqueteuses « ATEX » afin de répondre aux normes
sécuritaires des sites Seveso ou classé à risque. Nous avons également
développé en 2019 une étiqueteuse avec système d’impression pose en y
intégrant un dépileur de sachet, adaptable à plusieurs formats de sachets,
spécialement conçu pour répondre à l’émergence des Doypack dans
l’industrie agroalimentaire.
Notre objectif est de construire des
matériels simples d’utilisation avec des
réglages suffisamment flexibles pour
étiqueter différents formats de produits
avec le même équipement et faire gagner
un maximum de temps à nos clients.
 BIEN-ÊTRE & SANTÉ
COMMUNIQUÉ

OBJECTIF PHARMA
Ses enseignes wellpharma et Anton LA FORC
CHAÎNE PHA
PHARMAC
& Willem, partenaires de la pharmacie
du futur
Objectif Pharma est un mouvement de pharmaciens, tous Citoyens de
la santé, qui permet à chaque officine d’anticiper les défis du futur et
d’inscrire son action dans le progrès sociétal. Au cœur de toutes les
mutations de l’officine, Objectif Pharma fait le pari de l’intelligence Près de 75000 pharmaciens son
collective. Entretien avec Régine Martin, docteure en pharmacie et La complémentarité des métiers d
directrice marketing et communication.
la gestion de l’épid
www.objectif-pharma.com
A l’origine d’Objectif Pharma,
La Coopérative Welcoop, un
Depuis dix ans, la profession ne cesse d’évo-
groupe visionnaire ?
Assurément. Née en 1935 à luer, et le rôle des pharmaciens auprès de la
Nancy, La Coopérative Welcoop population s’en voit renforcé. L’existence d’une
est avant tout une coopérative
de pharmaciens qui fédère 3800 chaîne pharmaceutique solide, regroupant
coopérateurs ; elle est au cœur
tous les métiers, déployée harmonieusement
de tous les enjeux de santé et
de l’efficience du modèle de sur le territoire, contribue à garantir un bon
santé français et européen. À la pointe des technologies, elle fait des
pharmacies le pilier de la relation patient. Objectif Pharma a été créé pour fonctionnement du système de santé et un
permettre aux coopérateurs qui le souhaitaient de bénéficier de bien plus accès aux soins de qualité pour le plus grand
de services que dans un groupement traditionnel grâce aux innovations
et aux produits développés par les différentes entités de la coopérative. nombre.

Comment Objectif Pharma répond-il aux enjeux du pharmacien du Quelle est la démographie de la profession ?
21e siècle ? Le nombre d’inscriptions en section A, repré-
Avec chaque adhérent, nous signons plus qu’un contrat, un véritable
sentant les pharmaciens titulaires d’officine,
PACTE de progrès qui s’articule autour des trois intelligences de la
pharmacie : l’intelligence économique, sociétale et marketing. Nous poursuit sa baisse, en lien avec la diminution
sommes un mouvement de Pharmaciens Citoyens de la Santé, unique en
France, garant de la liberté entrepreneuriale des pharmaciens en faisant du nombre d’officines sur le territoire du fait de
de chaque pharmacie un lieu de progrès et d’innovations pour la santé la restructuration du réseau, qui observe une
de tous. Nous croyons à l’intelligence collective et développons des liens
humains puissants avec chaque pharmacie, c’est notre force. Nous avons tendance aux regroupements et au développe-
créé deux enseignes fortes, wellpharma et Anton & Willem pour répondre ment des maisons de santé pluridisciplinaires.
à des attentes spécifiques : wellpharma a développé une identité de
pharmacie solidaire en impliquant ses patients comme acteurs de leur Selon les chiffres 2019 et par comparaison avec
santé, Anton & Willem est engagée dans les médecines naturelles et la
santé autrement, des enseignes tournées vers toujours plus d’humain. 2018, le nombre de pharmaciens travaillant en
officine et relevant de la section D continue
Avec wellpharma et Anton & Willem, Objectif Pharma couvre la
diversité des modèles de pharmacie ? quant à lui d’augmenter (+1,6 %), conséquence
Oui ! Que l’on soit indépendant ou sous enseigne, le pharmacien trouve de la prise en compte des nouvelles missions
dans notre mouvement et dans notre culture coopérative, différents
modèles pour se réaliser et avancer dans son projet professionnel. En et de la nécessité d’une présence pharmaceu-
France c’est aujourd’hui plus de 240 000 patients, 100 pharmacies et tique suffisante pour les assumer.
demain 40 nouvelles officines prévues. Un réseau fort et actif qui s’ouvre
aux nouveaux usages des consommateurs. L’ancrage local de chaque
pharmacie est développé par des initiatives telle « L’armoire à pharmacie
Solidaire® » qui depuis février 2020 permet de récolter des dons de
produits de soin et d’hygiène, redistribués par les associations locales de
soutien aux plus démunis. Anton & Willem est un réseau de pharmacies
dédié aux médecines naturelles et alternatives. En plus des produits de
pharmacie classiques, il répond aux nombreux patients convaincus par la
médecine douce. Ce sont 15 000 produits de médecine complémentaire,
un conseil rigoureux, de la prévention et une prise en charge au long cours.
Nous comptons 40 officines en 2020 et sommes fiers de l’ouverture de
20 nouvelles cette année. Un pharmacien Anton & Willem est un acteur
d’une santé « engagée », « une santé autrement ».
Le métier de pharmacien va connaître dans les années à venir des
mutations inédites, elles sont au cœur de
La Coopérative Welcoop. Notre talent est
d’anticiper et d’accompagner les évolutions
de la profession avec un état d’esprit engagé,
ouvert et porté sur l’avenir de l’humain.
 À LA FRANÇAISE
CERP BRETAGNE ATLANTIQUE
CE DE LA Acteur clé de la santé publique
ARMACEUTIQUE
CEUTIQUE
Leader de la distribution de médicaments auprès des officines de la
zone Grand Arc Atlantique, CERP Bretagne Atlantique est en ce début
d’année en première ligne des acteurs au service de la santé publique.
Outre la pandémie de Covid 19 s’ajoute la nécessaire mutation du
métier de pharmacien que CERP Bretagne Atlantique accompagne au
quotidien. La proximité, la transparence et l’indépendance de cette
coopérative bretonne, qui compte 1.400 collaborateurs dans le monde
nt au service de la population ! et réalise 1,250 milliard d’euros de chiffre d’affaires, sont les clés de sa
réussite. Entretien avec Dominique Lerouvillois, président.
e la pharmacie s’est illustrée dans
démie de Covid-19. www.cerpba.com
Comment s’explique le
succès de CERP Bretagne
Atlantique ?
Par ailleurs, les 769 établissements pharmaceu-
L’histoire a commencé
tiques de l’industrie et les 530 établissements en 1938 quand huit
pharmaciens de Saint-Brieuc
de la distribution en gros et leurs pharmaciens se sont regroupés afin de
(sections B et C), présents sur l’ensemble du négocier au mieux leurs
achats de médicaments.
territoire, permettent un approvisionnement Ce sont les prémices d’une
sécurisé en produits de santé de qualité des coopérative de pharmaciens
qui compte aujourd’hui 2.500
autres professionnels de la chaîne pharmaceu- actionnaires en France
tique. L’accès aux médicaments, aux produits et dont les valeurs sont
encore notre fer de lance :
de santé et aux examens de biologie médicale, proximité, transparence et
indépendance. C’est une
en tout point du territoire, est donc assuré. fierté pour tous d’être un
Carine Wolf-Thal, Présidente du Conseil natio- acteur indépendant de cette
envergure en Bretagne.
nal de l’Ordre des pharmaciens, le confirme : «
Les premières agences de répartition, espaces de stockage d’où sont
Les données démographiques de l’année 2019 livrés bi-quotidiennement 62 millions de boîtes par an, se développent dès
la fin des années 40. Aujourd’hui, nous avons 12 agences de répartition
ont confirmé des tendances déjà observées et 15 bâtiments de stockage autour d’un arc Atlantique basé de Brest
ces deux dernières années. Le maillage équili- à La Ferté-Bernard, en passant par Châteauroux et Saintes. Dans un
marché très réglementé, nous sommes garants de la livraison de produits
bré favorise la proximité avec la population et de qualité, non falsifiés et tracés. La force de notre groupe repose aussi
l’accès aux soins de premier recours. Il consti- dans son agilité, son adaptabilité et son circuit de décision très court.

tue une véritable force pour faire face aux en- Que représente la coopérative à l’international ?
jeux de demain : coopération interprofession- Le premier métier de CERP Bretagne Atlantique reste la répartition et la
distribution de médicaments, en France et à l’international. Depuis Saint-
nelle, déploiement du numérique ou encore Brieuc, siège de la coopérative, nous livrons plus de 60 destinations dans
le monde. Dans un souci de proximité vis-à-vis des pharmaciens et de
approvisionnement continu en médicaments
leur patientèle, nous comptons aujourd’hui une vingtaine d’agences de
et produits de santé pour un exercice pharma- répartition, notamment en Afrique et dans les DROM COM, à La Réunion,
Mayotte, Tahiti et en Guadeloupe. Si le développement à l’international
ceutique au service des usagers du système de date de 1992, le véritable virage a été pris au début des années 2000
santé ». avec la volonté d’ouvrir encore davantage l’accès aux soins et à la santé.
Au cours de ces années, notre société a poursuivi sa stratégie de
développement de services et d’offres commerciales. Notre filiale Mad
Ouest gère des activités de vente, de location de matériel médical et
Source : Ordre des pharmaciens de services à la personne qui accompagnent le pharmacien auprès des
© Photo by Sharon McCutcheon on Unsplash

patients. Enfin, pour être toujours plus proche de nos coopérateurs,

nous avons créé en 2010 un réseau de pharmaciens. AELIA apporte à
ses affiliés une offre de services plus riche et adaptée aux besoins de
chacun : centrale d’achats, audits, agencement, merchandising, outils
marketing, formations multi-domaines et demain toutes les solutions
d’e-santé et de digital.
Quels sont les enjeux d’avenir du groupe ?
Les années qui viennent vont être marquées par une mutation du réseau
officinal et de son modèle économique vers une pharmacie de service.
Le pharmacien est un acteur majeur de notre
système de santé publique. Nous sommes là
pour accompagner cette transformation dans
une logique de proximité et d’indépendance.
 COMMUNIQUÉ
COMMUNIQUÉ
ANGAGE FINANCES
Les solutions sur-mesure
en gestion de patrimoine
Après 7 années d’expérience dans la gestion de patrimoine,
Lissa Wilms a fondé son propre cabinet indépendant à
Paris en 2020. Angage Finances vous apporte un conseil
personnalisé et des prestations adaptées à vos besoins.
Les 4 associés accompagnent déjà plus de 150 familles,
particuliers comme chefs d’entreprise, sur les questions
d’investissements, de retraite, de fiscalité et de transmission.
Explications de Lissa Wilms, directrice du cabinet.
Comment définissez-vous votre
métier ?
Le conseiller en gestion de patrimoine évalue
avec ses clients la situation globale de leur
patrimoine, pour proposer des stratégies
d’aménagement optimales. Contrairement
aux idées reçues, l’accompagnement n’est
pas réservé aux personnes disposant d’un
patrimoine élevé. Dans le suivi, toutes
les thématiques peuvent s’imbriquer :
investissements financiers (assurance vie,
placement immobilier, épargne retraite…),
aménagement global du patrimoine
www.angage-finances.com (transmission, donations, prévoyance) et
fiscalité.
Notre rôle est de bien connaître l’ensemble de la structure patrimoniale des clients, pour
répondre à leurs problématiques et anticiper leurs futurs besoins, à plus ou moins long
terme. Les entrepreneurs sont particulièrement concernés, car leur capital est leur outil de
travail. Avec un conseiller, ils peuvent optimiser la gestion de leur patrimoine personnel et
professionnel, grâce à la mise en place de solutions comme des placements de la trésorerie, la
cession de la société ou l’optimisation de la revente.
Quel type d’accompagnement propose votre cabinet ?
Chez Angage Finances, nous voulons créer des relations durables avec nos clients et leur
apporter des prestations complètes et personnalisées. C’est pourquoi notre offre comprend
un premier rendez-vous gratuit durant lequel nous évaluons l’ensemble de leur patrimoine et
leurs objectifs. C’est l’occasion de définir les axes de travail : un client rencontré en novembre
me demandait conseil pour placer son argent, mais en échangeant, nous avons réalisé que
sa problématique dépassait la simple question de l’investissement et concernait la gestion
globale du patrimoine familial.
Une fois l’audit réalisé, nous identifions les différentes stratégies possibles, puis nous
accompagnons le client dans leur mise en place. Nous faisons appel à notre réseau de
partenaires si le dossier nécessite une expertise spécifique, dans le domaine juridique
ou bancaire par exemple. De son côté, notre clientèle a accès à un espace en ligne dédié
pour visualiser ses comptes. Le cabinet propose également des solutions d’abonnement
patrimonial à l’année, incluant une assistance régulière dans certaines tâches (déclaration
d’impôts, démarches administratives).
Quel est votre positionnement dans le contexte actuel ?
La crise sanitaire en 2020 a permis aux ménages d’épargner et de repenser leur rapport
au patrimoine. Mais notre clientèle s’inquiète pour le futur de son capital, d’autant que
nous ne pouvons prévoir ce qu’il va se passer. Il faut savoir que les émotions influencent
considérablement les décisions des investisseurs : notre mission, en tant que conseiller, est
de les accompagner vers des stratégies bénéfiques sur le long terme. Pour déterminer les
bonnes solutions, nous nous appuyons sur notre expérience et sur des outils informatiques
performants qui permettent de visualiser l’impact des crises précédentes. Par exemple, faire
des placements aujourd’hui peut paraître risqué, mais c’est au contraire un bon moyen
d’obtenir des potentiels de revalorisation plus élevés par la suite.
En 2021, Angage Finances projette de se développer et de poursuivre ses accompagnements
en toute indépendance, dans une démarche
socialement responsable. Pour être accessible
au plus grand nombre et apporter des
informations complètes, nous développons
des projets de conférences, dont la dernière,
tenue en ligne fin 2020, concernait les SCPI
face au contexte actuel et l’intérêt du Plan cabinet@angagefinances.com
d’Epargne Retraite. 01 85 01 12 16
PATRIMOINE &
COTUNA REAL ESTATE
Une offre novatrice sur le
marché de la surélévation
Cotuna Real Estate innove et bouscule le marché de
la surélévation. Son concept ? Proposer une nouvelle
opportunité de financement pour les propriétaires d’Île-de-
France et reverser 20% des bénéfices à la copropriété après la
vente des lots créés. Entretien avec Claudiu Dragus, Directeur
Général et Noé Caruso, Directeur du développement.
www.cotunarealestate.fr
Pourquoi s’engager dans des travaux de surélévation et pourquoi
choisir Cotuna Real Estate ?
Dans des environnements urbains où le manque d’espace est de plus en plus criant, la surélévation
est la solution la plus simple et la moins onéreuse pour créer des surfaces habitables rapidement.
Copropriétés, mono-propriétaires ou particuliers y voient le moyen de valoriser leur patrimoine
immobilier et d’accéder à un meilleur confort de vie dans une démarche éco-responsable. Les
acteurs publics y voient également le moyen d’agrandir leur parc locatif.
Forts de ce constat, nous avons créé Cotuna Real Estate, une entreprise qui propose aux copro-
priétaires un partenariat gagnant-gagnant : nous organisons et finançons la rénovation complète
de leur immeuble en échange de la cession des droits à surélever et de la gestion des lots nouvelle-
ment créés. Nous reversons par ailleurs à la copropriété 20% des bénéfices réalisés lors de la vente
des nouveaux lots. C’est une offre commerciale novatrice dans ce secteur. A ce jour, aucun acteur
ne propose une offre aussi riche et complète sur le marché de la surélévation.
Comment procédez-vous ?
Composée d’entrepreneurs, d’experts en immobilier et d’architectes, notre équipe pluridiscipli-
naire prend en charge toutes les démarches inhérentes à ce type d’opération, de l’organisation de
l’assemblée générale extraordinaire aux démarches administratives et au suivi des travaux. Pour nos
clients, cela signifie aucun frais et aucune charge mentale. En contrepartie du droit à surélever,
nous finançons la totalité des travaux de réaménagement et de rénovation de la copropriété - rava-
lement de façade, pose ou rénovation d’un ascenseur, remplacement des fenêtres, réfection des
parties communes… Les occupants économisent ainsi les coûts des travaux futurs de la copropriété
mais bénéficient également d’une hausse de la valeur patrimoniale de leur appartement. En nous
faisant confiance, ils jouissent également de la parfaite isolation de leur nouvelle toiture, construite
en conformité avec les normes énergétiques et environnementales en vigueur. Là encore, en
plus d’une démarche écologique, c’est une économie substantielle qu’ils réalisent sur leurs fac-
tures d’énergie. Autre avantage : l’augmentation des millièmes dûe à la création de nouveaux lots
entraîne une diminution significative des frais de copropriété.
Où intervenez-vous ?
Nous avons réalisé des programmes ou sommes en phase de projet dans plusieurs copropriétés
parisiennes et de l’Île-de-France. Respectueux de l’architecture locale, nous sommes également
conscients de notre rôle sociétal. Nos projets de rénovation et de construction de surélévation ont
un fort impact écologique puisqu’ils permettent de réduire les déplacements des habitants et d’ac-
croître très fortement la performance énergétique des bâtiments… Quant aux matériaux utilisés,
innovants et durables, ils assurent une meilleure isolation thermique et fortifient la structure de
base de l’immeuble. Bien qu’elle soit une pratique ancienne, la surélévation a été assouplie par la loi
Alur en 2014, pour faire face à la pénurie des surfaces habitables et pour freiner la hausse des prix
locatifs, en particulier dans les grandes villes. Notre offre est donc à la fois sociale, éco-responsable
et profitable pour les copropriétaires. Après avoir étudié l’éligibilité à la surélévation des immeubles
de nos clients, nous sommes heureux d’entreprendre pour eux
toutes les démarches pour en révéler tout le potentiel et les
bénéfices qui vont en découler.
INVESTISSEMENT
INVEST AM
Spotlight
Spotlight La gestion d’actifs résiliente
SUR L’IMMOBILIER et performante
Cette année 2020 restera gravée dans le souvenir Avec ses solutions diversifiées, mondiales et multi-
de la plupart d’entre nous. Dans ce contexte écono- sectorielles, Invest AM inscrit sa gestion dans une approche
mique et sanitaire sans précédent, comment
s’est comporté l’immobilier ?
globale qui a fait ses preuves au fur et à mesure des années
Il a été remarquablement résilient !
et en particulier pendant la crise sanitaire. Nous avons
rencontré Constantin Paoli, directeur du développement
de cette filiale du groupe Cyrus.
Le volume de transactions est resté proche
du million, à 980 000 opérations. Ce niveau Pouvez-vous présenter Invest AM ?
élevé peut surprendre. Ce n’est pas un ressen- Créée en 2010, Invest AM est une société de gestion
ti évident, à cause de l’effet loupe de Paris, dont l’expertise est l’allocation d’actifs mondiale.
où les transactions ont chuté de 17%. L’Île-de- Notre objectif est de proposer à nos clients des solu-
France aussi a reculé. Il n’empêche, malgré la tions d’investissements diversifiées « cœur de porte-
baisse générale de 8% sur un an, que le niveau feuille » leur permettant de traverser les cycles sereine-
national est resté supérieur à ceux de 2017 et ment et d’améliorer leur potentiel de performance à
de 2018. En outre, ces chiffres s’inscrivaient moyen et long terme. Toute notre offre est construite
dans un mouvement de hausse ininterrompue autour de cet objectif. Nous mettons à la disposition
depuis cinq ans.
des investisseurs une gamme de fonds diversifiés, la
gamme Latitude, et des solutions dédiées de gestion
En valeur, les prix se sont non seulement
maintenus, mais ils ont poursuivi leur pro-
www.investam.fr pilotée et gestion sous mandat.
gression, à +4%, alors que, parallèlement, l’in-
flation est restée contenue à 0,2%. Au niveau Portés par une vision macroéconomique déployée à l’ensemble de notre offre, nous privilégions
national, le prix moyen du mètre carré s’éta- une approche de gestion diversifiée déployées sur toutes les zones géographiques, toutes les classes
blit à 2 807 euros. Plus précisément, à 3844 € d’actifs, tous les secteurs et toutes les devises. Notre gestion est réellement agnostique et nous
pour les appartements (+5,3%) ; et à 2276 € avons pour but de construire des solutions tout terrain, adaptées aux cycles économiques et suf-
pour les maisons (+ 2,4%). Comme toujours, fisamment diversifiées pour contrôler le risque, tout en restant toujours bien positionnées pour
la synthèse occulte de fortes disparités, en rester performantes quel que soit le contexte. Cette approche globale apporte de la sérénité à nos
particulier entre la capitale et le reste du ter- investisseurs avec une volatilité souvent inférieure à celles de nos concurrents
ritoire.
Quel est l’impact de la pandémie du Coronavirus sur vos activités de
A Paris, les prix continuent de grimper, de gestion ?
3,4%, pour atteindre, dans les appartements, Nos solutions ont très bien résisté à la crise sanitaire, notamment lors du premier confinement.
les 10 534 euros du mètre carré. En Île-de- Invest Latitude patrimoine, notre fonds emblématique au profil de risque modéré, termine l’an-
France, la progression est de 5,4%, à 6 270 née avec une performance positive et n’a passé que seulement 20 jours en négatif. C’est une per-
euros le mètre carré pour les appartements, formance étant donné la violence de la correction qui a eu lieu au cœur de la crise. Nous n’avions
et 3 416 € pour les maisons. En province, les évidemment pas prévu la crise liée au Covid-19 mais avions en revanche anticipé une entrée en
prix progressent plus modérément, de 3,3%. récession au cours du premier trimestre 2020. Nous avions donc adopté un positionnement
2020 avait apparemment été l’année de la re- défensif dès la fin de l’année 2019 ce qui nous a permis de particulièrement bien résister et réaliser
vanche pour les communes rurales, devenues de bonnes performances malgré le contexte. C’est cette vision de la macroéconomie mondiale
les coqueluches des ménages urbains cher- et la capacité que nous avons à la mettre en œuvre dans nos portefeuilles qui nous caractérise
chant à fuir le confinement. Cette attractivi- et fait notre force.
té tarde à se traduire en termes de prix. Ces
Avoir la capacité de s’adapter en permanence au contexte nous semble particulièrement impor-
localités ont simplement freiné leur érosion,
tant en ce moment car nous vivons une période particulière. Pour la première depuis 60 ans, on
après avoir dégringolé de 10,3% sur la décen-
observe une corrélation négative entre les fondamentaux de l’économie et les marchés, en phase
nie.
d’euphorie depuis l’été. Nous accompagnons cette tendance haussière nourrie par la perspective
Les métropoles régionales paraissent por- d’un arrêt de la pandémie, en particulier avec l’arrivée du vaccin, tout en restant conscients de
tées par la tendance, en revanche. Rennes, l’extrême fragilité de la situation.
Nîmes, Nantes et Montpellier ont ainsi vu leurs Quelles sont vos perspectives ?
prix bondir, respectivement de 7,4%, 6,2%, 5% Nous avons connu une belle année 2020 avec une collecte de près de 150 millions d’euros. Nos
et 4,5%. Bordeaux reste le Numéro 2, à 4 658 actifs sous gestion atteignent désormais près de 800 millions d’euros. Notre équipe a plus que
© Photo by Clay LeConey on Unsplash

euros, devant Lyon (4 293 euros).

doublé de taille, passant de cinq à onze collaborateurs, dont cinq gestionnaires. 2020 a aussi été
l’année du lancement de notre activité de distribution externe. Malgré la pandémie et les confine-
En 2021, les inconnues demeurent nom-
ments qui ne nous ont pas facilité la tâche, Invest AM, qui proposait historiquement son savoir-
breuses. Ce qui paraît probable, c’est que les
taux d’intérêt pour emprunter demeureront
faire uniquement aux clients du groupe Cyrus, a en effet ouvert son offre au B2B - CGP, family
bas. Il est également possible de tabler sur offices et banquiers privés. C’est un véritable tournant stratégique pour notre société que nous
des durées des crédits autour d’une moyenne entendons accélérer en 2021 ! De manière générale plus générale, nous souhaitons rester fidèles à
de 21 ans. Pour le reste, notamment le moral notre gestion de conviction, fondée sur une vision macroéconomique et des modèles développés
des ménages, tout dépendra de l’ampleur de sur les valorisations, le momentum et
la crise économique. la finance comportementale qui sont
les piliers de notre approche.
© Source : FNAIM
 COMMUNIQUÉ
COMMUNIQUÉ

PATRIMOINE &
EHPAD INVEST
Investir pour l’avenir : Judicieusement et Solidairement !
La COVID 19 a confirmé la résilience des placements à moyen et long terme
décorrélés de l’économie marchande. Parmi ceux-ci, le secteur de l’immobilier de
santé et résidentiel a même permis aux investisseurs de « tirer profit » de la crise :
en premier lieu, les EHPAD. C’est la confirmation d’un choix de placement qui réconcilie
rentabilité, sécurisation et éthique, avec une dimension sociétale de solidarité avec nos anciens.
Analyse avec Alexandra Holguin et Pierre Errera, directeurs associés de Ehpad Invest.
www.ehpad-invest.com
L’investissement en EHPAD est-il rentable et sûr ? 01 83 77 72 27
Le rendement net annuel se situe au-delà de 4%/an, pouvant aller jusqu’à 6%/an.
Concrètement, nous proposons à nos clients de devenir propriétaires d’une chambre
médicalisée, et de conclure un bail commercial avec le gestionnaire de l’EHPAD, qui garantit
le versement trimestriel des loyers, que la chambre soit louée ou non. Il prend également
en charge tous les travaux d’entretien du bien : donc pas d’aléa au niveau du revenu locatif.
Enfin, le statut LMNP permet de récupérer la TVA, sur l’immobilier comme sur le mobilier.
Aucun autre secteur de l’immobilier en France n’affiche de telles performances avec un
niveau de sécurité comparable !
© Photo by Reddragonfly

Au-delà de tous ces critères objectifs, nous portons une appréciation qualitative, dans une
optique d’investissement durable et de responsabilité sociale. L’EHPAD remplit-il toutes les
conditions voulues, notamment en termes d’éthique, sans aucun historique de maltraitance
ni de défaillance sanitaire ? Nous sommes particulièrement vigilants sur ces points, dont la
crise de la COVID 19 a montré l’importance.

© Photo by Georg Arthur Pflueger

Les EHPAD ont beaucoup fait parler d’eux, du fait de la crise sanitaire.
Comment les investisseurs savent-ils s’ils font le bon choix et comment
pouvez-vous les rassurer ?
Il faut savoir tout d’abord que la création et le fonctionnement de ces établissements de santé
est soumis à une réglementation très stricte, encadré par les services de l’Agence régionale de
santé (ARS). Le secteur dans son ensemble est soumis à des mécanismes de régulation : les
EHPAD sont évalués et notés par des sociétés d’audit indépendantes, sur une grande variété
de critères, tels que l’état des bâtiments ou le bien-être des pensionnaires. Ces évaluations
offrent une vision d’ensemble objective et constituent donc une aide à la décision.
Chez EHPAD INVEST, nous allons au-delà car nous disposons d’une connaissance unique
de chacune des résidences dans lesquelles nous proposons d’investir et nous réalisons pour
nos clients des études sur-mesure, gratuites. Nous « trions » les biens en fonction du projet
et du budget de chaque investisseur, sur un triple critère de rapport qualité/prix, de pérennité PRÈS DE 800 000 PERSONNES SONT LOGÉES EN EHPAD EN FRANCE
et d’éthique. 90% DES EHPAD ONT DES TAUX D’OCCUPATION SUPÉRIEURS À 95%

Concrètement, comment se fait ce « tri » et comment accompagnez-vous
vos clients ?
Notre métier consiste à accompagner nos clients dans leur choix d’investissement et à
les orienter exclusivement vers les meilleures opportunités du marché. Ce qui suppose
d’identifier le bon montage et surtout, le bon produit. C’est là que nous intervenons !
Le premier indice est celui du taux d’occupation, qui doit dépasser 90%/an en période
normale. Le second est celui du secteur et de l’emplacement, qui conditionnent la demande,
ainsi que la valeur du loyer. Ensuite vient celui de la qualité du gestionnaire, ce qui passe par
l’analyse de ses investissements et de ses budgets d’entretien. Nous ne travaillons qu’avec les
acteurs majeurs du secteur : Korian, Orpea, Domus Vi, Groupe Colisée, Le Noble Age, etc.,
avec lesquels nous avons tissé des relations de confiance et des partenariats solides.
Enfin, nous examinons la teneur et la durée des baux, en privilégiant ceux qui sont assortis
de clauses de tacite reconduction.
Depuis 2009, le nombre de demandes d’admission ne cesse d’augmenter, ce qui
s’explique notamment par un facteur démographique : la proportion de personnes
âgées très dépendantes (classées en GIR 1 et 2), qui nécessitent un accompagnement
médical plus conséquent, s’accroît tendanciellement au sein de la population hébergée
en institutions. Si les tendances démographiques et l’amélioration de l’état de santé
se poursuivaient, la France hors Mayotte compterait 4 millions de seniors en perte
d’autonomie en 2050, soit 16,4 % des personnes âgées de 60 ans ou plus (contre 15,3 %
en 2015). Les personnes très dépendantes représenteraient alors 4,3 % de la population
des 60 ans ou plus (contre 3,7 % en 2015).
Source : INSEE
INVESTISSEMENT
MEDIA IMMO : PLATEFORMES ERE.PRO
& NORA-RISQUES-URBA
Partenaire des professionnels de l’immobilier
Experte des domaines de la prévention des risques et de l’urbanisme, Media Immo a développé des solutions dématérialisées
uniques en France, permettant d’établir le diagnostic d’un bien immobilier en moins de 5 minutes. Présentation des
performances de cette structure innovante, par son fondateur Didier Iste.
L’ERP, élément clé d’une Mais nous sommes également fiers d’annoncer le lancement d’une nouvelle offre en ce début
transaction immobilière ? d’année. Nous avons conçu un processus de dématérialisation inédit des NRU (Note de
Depuis 2006, l’ERP (État des Risques Renseignement d’urbanisme).
et Pollutions) est un document Elément indispensable à une vente immobilière, l’obtention de ces informations par le notaire
obligatoire pour toute transaction auprès des mairies peut prendre entre 15 jours et 3 semaines. Grâce à notre base de données
ou location immobilière. Il informe nationale, nous pouvons désormais lui fournir un dossier complet en quelques minutes pour
un potentiel acquéreur ou locataire les villes-préfectures et sous-prefecture. Fin 2021, nous serons en capacité de couvrir 70% du
de l’ensemble des risques auxquels territoire français !
son bien est exposé : naturels,
miniers, technologiques, sismiques,
radon… Ayant exercé le métier
d’agent immobilier pendant plus de
20 ans, puis celui de diagnostiqueur
immobilier, j’ai constaté la difficulté
des acteurs du secteur à obtenir
un dossier complet et fiable. Les
procédures administratives peuvent
s’avérer complexes, chronophages et
une erreur de diagnostic peut avoir des
conséquences dramatiques, comme
www.nota-risques-urba.fr l’annulation d’une transaction ou
www.ere-pro.com d’un projet immobilier.

Parlez-nous de vos solutions pour les professionnels de l’immobilier !

Nous avons construit une base de données unique en France qui a été le fruit de plusieurs
années de travail. Nous avons référencé les sections cadastrales et leurs risques associés sur
l’intégralité des communes françaises, ainsi que des DROM COM. Ce travail considérable
réalisé en amont fait notre force ! Il nous permet en effet d’établir un ERP complet avec une
réactivité sans pareille. Nos solutions sont reconnues par les professionnels de l’immobilier et
s’adressent à tous les acteurs du secteur : agents et diagnostiqueurs immobilier, architectes,
avocats, géomètres, promoteurs…

Que contiennent vos dossiers ERP ?

Nous fournissons un dossier d’ERP exhaustif et particulièrement fiable, contenant tous les
éléments exigés lors d’une transaction immobilière. Les bases BASOL et BASIAS qui listent
les sites et sols pollués sur l’intégralité du territoire. Mais aussi L’ICPE, référençant les sites
UNE OFFRE INNOVANTE ET DEMATERIALISÉE
classés pour la protection de l’environnement. Par ailleurs, nous avons ajouté en 2020 les
données ENSA (État des Nuisances Sonores Aériennes), ainsi que les informations liées aux
Plateforme ERE-PRO.com :
mouvements de terrain argile (loi ELAN), afin de répondre aux nouvelles réglementations en Réalisation d’ERP en ligne pour tous les professionnels
vigueur. Enfin, pour encore plus de précision, nous complétons systématiquement nos dossiers de l’immobilier
par les extraits cadastraux.
Plateforme NOTA-RISQUES-URBA.fr :
Vous proposez une offre dématérialisée ? Réalisation d’ERP et de documents d’urbanisme en ligne
Nous avons la volonté depuis le début, d’offrir l’intégralité de nos services de manière pour les notaires
complètement dématérialisée. Nos clients cherchent à gagner du temps, dans des activités déjà Nouveauté 2021 - Obtention d’une NRU en ligne en
lourdes en tâches administratives. Notre plateforme ERE-PRO permet aux professionnels de quelques minutes
l’immobilier de réaliser leurs diagnostics en ligne en seulement quelques minutes. Ils peuvent
également être assistés par l’expertise d’un de nos conseillers, pour les requêtes les plus complexes.
Nous proposons différentes formules et nos clients peuvent nous solliciter pour une demande
ponctuelle, mais également souscrire à un abonnement, modulable en fonction de leurs
besoins.

Vous offrez également des services dédiés aux notaires ?

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LE CLIN
D’ŒIL
JUSTICE : VOILÀ OÙ VA
NOTRE ARGENT !
PHOTOS : WAVEBREAKMEDIAMICRO - STOCK.ADOBE.COM,
ANATOLII - STOCK.ADOBE.COM
Vous n’aimez
pas les
grenouilles
ou coa ?
N
ous allons aujourd’hui vous narrer
une histoire de mare assez marrante,
sauf pour ses propriétaires, les époux
Pécheras, et pour leurs voisins, les
époux Malfione. Cette mare, plutôt
charmante au demeurant, est située à
Puycherifels, un paisible hameau de Dordogne.
Elle a été creusée il y a une dizaine d’années
par les Pécheras dans leur propre jardin, à en-
viron 80 mètres de leur maison, mais à seule-
ment trois enjambées de celle des Malfione. Au
début, ça allait. Mais très vite elle s’est remplie
de grenouilles, et les coassements incessants
des batraciens ont rendu la vie impossible aux
malheureux voisins. Mettez-vous à leur place,
ils ont fini par en avoir marre.
Bien sûr, avec un peu de bonne volonté, l’af-
faire aurait pu se régler en trois jours. Il aurait
suffi que les Pécheras déplacent leur plan d’eau
de quelques dizaines de mètres, on aurait par-
tagé les frais, voilà tout. Seulement, chez les
Gascons, on a la tête dure. En 2012, les Malfione
ont donc préféré confier leur salut à l’Etat, et
la machine infernale de la Justice s’est mise en
branle, aux frais du contribuable.
Le 25 mars 2014, le tribunal de grande ins-
tance de Périgueux a débouté les plaignants de
leur demande. Le 2 juin 2016, après moult ex-
pertises, la cour d’appel de Bordeaux a infirmé
142 CAPITAL FÉVRIER 2021 Abonnez-vous sur capmag.club
PAR
PHILIPPE
BRUNO LEVY POUR CAPITAL
ELIAKIM
ce jugement, et condamné les époux Pécheras
à reboucher leur mare coassante. Le 14 dé-
cembre 2017, la Cour de cassation a confirmé
ce jugement. Le 17 décembre 2019, la cour
d’appel de Bordeaux, saisie en tierce opposi-
tion par une association écolo (au motif que la
mare abritait quatre espèces protégées de ba-
traciens), a de nouveau confirmé la condamna-
tion des Pécheras. Le 3 décembre 2020, le juge
de l’exécution du tribunal de Périgueux leur a
intimé l’ordre d’assécher leur trou d’eau dans
les trois mois sous astreinte de 150 euros par
jour de retard, et a exigé qu’ils versent illico les
10 000 euros de dommages-intérêts dus aux
plaignants. Au moment où nous écrivons ces
lignes, huit ans après le début de l’affaire, tout
le monde attend avec impatience la décision
de la Cour de cassation, de nouveau saisie par
l’association écologiste.
Si, comme c’est probable, les hauts magis-
trats parisiens confirment l’obligation de com-
bler le plan d’eau, l’affaire n’en sera pas pour
autant terminée. Car le Code de l’environne-
ment interdit formellement de détruire l’habi-
tat des espèces protégées, sous peine de deux
ans d’emprisonnement et de 150 000 euros
d’amende. En somme, si les Pécheras exécutent
leur peine, ils tomberont sous le coup de la loi.
Et de nouveaux procès seront intentés.
Hmmm… Et si on les assaisonnait avec une
petite persillade, ces grenouilles protégées ?
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