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Complications du Lasik : étiologie,


prise en charge et prévention
A. Saad, D. Azar, S. Melki, D. Gatinel

Le Lasik est une technique chirurgicale ophtalmologique en constante évolution. Diverses complications
anatomiques et réfractives ont été recensées. Les complications anatomiques comprennent les anomalies
du capot cornéen, l’invasion épithéliale et l’ectasie cornéenne. Les complications réfractives
correspondent aux erreurs réfractives, à l’astigmatisme irrégulier, aux décentrements, aux aberrations
optiques et à la diminution de la qualité de vision. Le Lasik expose également à la survenue d’une kératite
infectieuse, d’une sécheresse oculaire, et d’une kératite lamellaire diffuse. L’amélioration des résultats
visuels et la prévention des complications pouvant menacer la vision reposent sur la connaissance des
causes, la prise en charge adaptée, et la prévention de ces complications par le chirurgien. Cette
démarche pourrait permettre d’améliorer la prise en charge des incidents et complications liés au Lasik.
© 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Chirurgie cornéenne ; Kératomileusis ; Lasers ; Lasik ; Microkératome ;


Photokératectomie réfractive ; Chirurgie réfractive

Plan ■ Introduction
¶ Introduction 1 Le laser in situ kératomileusis (Lasik) est une procédure
chirurgicale relativement récente qui correspond à la combinai-
¶ Complications anatomiques du microkératome mécanique 2
son de certaines techniques précédemment utilisées en chirurgie
Capots fins, irréguliers, perforés (« buttonhole flap ») 2
réfractive. Il repose sur l’utilisation d’un microkératome et plus
Capots incomplets 4
Capots déplacés 5
récemment d’un laser femtoseconde destiné à la création d’un
Capot libre 5
capot cornéen, et la délivrance d’une photoablation au laser
Plis de capot 6 excimer sur le stroma cornéen avant repositionnement du
capot. La technique de dissection lamellaire cornéenne a été
¶ Colonisation épithéliale de l’interface 7 décrite pour la première fois en 1949 par Barraquer dans le
Invasion épithéliale 7 cadre de la chirurgie du kératomileusis, avant d’être modifiée
Débris de l’interface 7 pour s’intégrer à la technique de la kératoplastie lamellaire
Defects épithéliaux 8 automatisée (automated lamellar keratoplasty [ALK]). La photoa-
Perforation cornéenne 8 blation cornéenne au laser excimer fait partie intégrante de la
Ectasie cornéenne 8
technique de photokératectomie à visée réfractive (PKR) depuis
Complications spécifiques du laser femtoseconde 9
1983. Les progrès réalisés dans la technologie des lasers exci-
Complications liées au capot 9
mers, la réalisation de microkératomes de plus en plus fiables et
Lâchage de succion 10
le développement des lasers femtosecondes destinés à la
Syndrome de sensibilité transitoire à la lumière 10
réalisation de capot ont permis à la chirurgie réfractive lamel-
Couche opaque gazeuse 10
laire de ne plus être une chirurgie réservée à quelques sous-
¶ Complications réfractives 11 spécialistes, mais de devenir une procédure couramment réalisée
Îlots centraux 11 par un nombre croissant d’ophtalmologistes. Le Lasik est
Décentrements 11 aujourd’hui une procédure chirurgicale à visée réfractive
Sur- et sous-correction 12 largement diffusée dans le monde, où l’on estime à 1 500 000 le
Astigmatisme induit/résiduel 12 nombre d’actes réalisés par an. L’augmentation du nombre
Régression 13 absolu de procédures Lasik favorise l’émergence de nouvelles
Halos et éblouissements 13 complications, en particulier quand des patients présentant des
Diminution de la sensibilité au contraste 14 contre-indications non dépistées subissent cette chirurgie [1]. La
Perte de la meilleure acuité visuelle corrigée 14 découpe du capot par un laser femtoseconde repose sur une
Sécheresse oculaire 14 technologie nouvelle et a sans doute diminué l’incidence des
Kératites infectieuses et infiltrats stériles 15 complications liées à la réalisation du capot. Différentes
Kératite lamellaire diffuse 15 attitudes thérapeutiques ont été proposées pour la prise en
Syndrome de fluide dans l’interface 15 charge des complications du Lasik, dont certaines sont toujours
Autres complications 16 en attente de validation. Une bonne connaissance des compli-
¶ Conclusion 16 cations potentielles du Lasik et des différentes approches
Remarques 16 concernant leurs préventions et leurs prises en charge est
essentielle pour les chirurgiens qui pratiquent cette technique.

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Ceci doit permettre d’améliorer les résultats de la chirurgie et de


fournir une meilleure information aux patients sur les risques
encourus. Cet article est consacré à l’étude des complications
actuellement recensées du Lasik et à leur traitement.

■ Complications anatomiques
du microkératome mécanique
Capots fins, irréguliers, perforés
(« buttonhole flap »)
Figure 1. Capot perforé secondaire à une tentative de découpe sur
L’incidence des capots fins après Lasik est comprise entre bouton de kératoplastie transfixiante dont le méridien le plus cambré
0,3 % et 0,82 % [2-7] (Tableau 1). Le plan de dissection du capot possédait une courbure de 49 D.
en Lasik doit être situé sous la membrane de Bowman, afin
d’épargner celle-ci lors de la photoablation. Un capot est
considéré comme fin quand la découpe pratiquée par le micro-
kératome est située au sein ou au-dessus de la membrane de chirurgie tels que les greffes transfixiantes [11, 12]. Le mécanisme
Bowman, dont l’épaisseur est de 12 µm ; ceci se traduit en proposé par Gimbel et al. [3] pour expliquer la survenue des
général par l’apparition d’un reflet brillant sur la surface perforations de capot pour les cornées cambrées est l’apparition
stromale ; étant donné que l’épaisseur de l’épithélium est d’une invagination centrale ou paracentrale du dôme cornéen
d’environ 50 µm, une mesure d’épaisseur de capot inférieure à lors de l’aplanation. La zone invaginée échappe à la découpe, et
60 µm permet d’étayer le diagnostic de capot fin. La définition provoque ainsi l’apparition d’une perforation du capot. D’autres
du capot irrégulier est variable selon les études. Il peut s’agir théories ont été proposées : les cornées présentant des valeurs
d’un capot partiellement dédoublé ou fendu, ou encore présen- kératométriques élevées offriraient une résistance accrue à la
tant une encoche. L’incidence du capot irrégulier est inférieure découpe en cas d’aplanation, et provoqueraient alors une
à celle des capots fins tout en sachant que certaines études ne ascension de la lame lors de la découpe. Néanmoins, plusieurs
distinguent pas ces deux complications. Les capots irréguliers séries ont décrit la survenue de perforation de capot sur des
peuvent se compliquer de cicatrisation anormale, avec induc- cornées qui présentaient des kératométries moyennes inférieures
tion d’un astigmatisme irrégulier. Un capot perforé (buttonhole à 45 dioptries [2, 13]. Les auteurs ont spéculé qu’un défaut de
flap) survient quand la lame du microkératome pratique une synchronisation entre le mouvement de translation rectiligne
découpe plus superficielle que programmée et pénètre le plan de du kératome et les oscillations transverses de la lame pourrait
la membrane de Bowman, voire perfore la surface épithéliale provoquer le refoulement vers l’avant du tissu cornéen, pouvant
(Fig. 1). Ceci crée un espace de migration pour les cellules conduire à la réalisation d’un capot présentant différents
épithéliales cornéennes qui peuvent alors s’infiltrer au niveau de niveaux de découpe, trop fin, voire perforé. Lors de la réalisa-
l’interface stromale. En fonction de leur épaisseur, les capots tion d’un Lasik bilatéral, les yeux opérés en second ont plus de
perforés sont dits partiels s’ils intéressent la membrane de risque de présenter un capot perforé et plusieurs études ont
Bowman, ou complets en cas de perforation de la couche montré que les capots des yeux opérés en deuxième étaient plus
épithéliale. L’incidence des capots perforés varie entre 0,070 % fins si la même lame de microkératome est utilisée pour les
et 0,56 % [2-7] (Tableau 1). Le taux des complications du capot deux yeux [2, 13]. Des études récentes portant respectivement sur
semble être lié au type de microkératome utilisé. Ainsi le 34 099 et 7 672 yeux n’ont pas montré que la kératométrie
Hansatome® et le MK-2000® sont associés à un taux plus faible représentait un facteur de risque indépendant de capot per-
de complications (0,63 %) par rapport à l’Automated Corneal foré [2, 13].
Shaper® (1,26 %) [6].
Les cornées plates peuvent également donner lieu à la
découpe de capots fins ou de petit diamètre, car le tissu cornéen
Étiologie se situe dans un plan inférieur au plan de découpe adéquat lors
Les facteurs connus prédisposant à l’obtention d’un capot de l’aplanation [3] (Tableau 2). Les capots de forme ou diamètre
perforé sont les cornées cambrées, les globes enfoncés (énophal- irréguliers, perforés, avec ou sans variation excessive de leur
mie), la sécheresse épithéliale causée par l’exposition cornéenne épaisseur, peuvent résulter de l’utilisation d’une lame endom-
avant le passage du microkératome et les antécédents de magée, d’une vitesse d’oscillation irrégulière ou d’un défaut de

Tableau 1.
Incidence des complications liées à la découpe du capot en Lasik.
perforé/déchiré

infectieuse
épithéliale
incomplet
Capot fin

irrégulier

≥ 2 lignes

Invasion
du capot

Kératite
déplacé

PMAVC
(femto)
N yeux

Capot

Capot

Capot

Capot

Capot
Étude

TLSS
libre

DLK
Plis

Gimbel [8] (1998) 1 000 0,3 % NR 0,3 % 1,2 % 0,1 % 1,2 % 1,5 % 1,6 % NR (1,0 %)(a) NR NR NR
Lin [5] (1999) 1 019 0,49 % 0,9 % 0,2 % 2,0 % 1% 0,3 % 1,1 % 0% NR (2,2 %)(a) 3,2 % 0,1 % NR
Stutling [7] (1999) 1 062 0,09 % 0,09 % 0,56 % 1,1 % 0,94 % 0,75 % 0,2 % 4,7 % 9,1% (1,3 %)(a) 0,2 % 0,2 % NR
[4] (b) (b)
Jacobs (2002) 84 711 0,087 % 0,087 % 0,070 % NR 0,012 % 0,099 % NR NR NR NR NR NR
Nakano [6] (2004) 47 094 0,08 % NR 0,13 % NR 0,08 % 0,23 % NR NR NR NR NR NR
Binder [9] (2006) 1 000 NR 0% 0 %/NR 2% 0% 0,8 % 0,4 % NR 0,3 % 0% 0% 0,5 %
(Femto)
Chang [10] (2008) 3 009 NR NR 0 %/0,19 % NR 0,03 % NR 0,03 % 0,03 % 0,13 % 0,16 % NR NR
(Femto)
NR : non rapporté ; PMAVC : perte de la meilleure acuité visuelle corrigée ; DLK : kératite lamellaire diffuse ; TLSS : transient light sensitivity syndrome (a) Pourcentage d’yeux
ayant nécessité une intervention chirurgicale. (b) Capots fins et capots irréguliers ont été comptés comme une même complication.

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Tableau 2.
Facteurs prédisposant à l’obtention d’un capot perforé/fin/irrégulier en Lasik.
Facteur Mécanisme possible
Cornées cambrées Bombement central de la cornée
Résistance accrue du tissu cornéen
Cornées plates Insuffisance de quantité de tissu cornéen exposé à la découpe
Orbite profonde, chémosis conjonctival, mauvais placement de l’anneau de succion Mauvaise succion
Défaut de synchronisation entre la translation du microkératome et les mouvements Refoulement antérieur du tissu cornéen
d’oscillation de la lame
Lame endommagée Défaut de fabrication, mauvaise utilisation du microkératome

succion. Ce dernier est généralement causé par le choix ina- Tableau 3.


Stade de capot perforé [11].
dapté d’un anneau de succion sur des yeux avec mauvaise
exposition en raison d’une conformation orbitaire particulière Stade I Stade II Stade III
ou présentant une cornée de petit diamètre. La position de la
lame dans son réceptacle situé dans la tête du microkératome Capot perforé total ou Capot perforé total ou Capot perforé total ou
peut avoir une influence sur l’épaisseur du capot. Le défaut partiel sans invasion partiel avec invasion partiel avec invasion
épithéliale épithéliale épithéliale ayant
présent sur une lame peut être le fruit d’un mauvais usinage ou
entraîné une fonte
d’une détérioration au moment de l’utilisation.
stromale ou une
élévation du capot
Traitement
La présence d’un capot fin, irrégulier ou perforé, implique
son repositionnement et l’interruption de la procédure Lasik. Il risque de haze sous-épithélial. Harissi-Dagher et al. [11] ont
est nécessaire de bien vérifier à la lampe à fente le bon posi- différencié les capots perforés en trois stades (Tableau 3) et
tionnement des marges du capot perforé [11]. Une découpe plus proposé l’algorithme le plus approprié pour la prise en charge
profonde de 20 à 60 µm d’un nouveau capot 10 à 12 semaines (Fig. 2) basé sur la présence ou l’absence d’invasion épithéliale.
plus tard, a longtemps été le moyen de prise en charge de ces Au stade 1, une surveillance rapprochée est recommandée.
complications mais des études plus récentes ne recommandent L’interruption épithéliale au niveau des limites de la perforation
pas cette approche à cause du risque accru de double capot, augmente le risque de kératite lamellaire diffuse (DLK) et
perte tissulaire et astigmatisme résiduel conséquent [14]. De d’invasion épithéliale. Pour cela, une corticothérapie locale
nouvelles recommandations vont en faveur de la conversion à horaire est préconisée les premières 72 heures. Il est essentiel de
distance de la procédure en PKR [11] ; cette approche n’étant prévenir un stade 2 de DLK car le soulèvement du capot pour
cependant pas réalisable chez les forts myopes en raison du le lavage des cellules inflammatoires peut entraîner le retard de

Capot perforé

Invasion épithéliale

Non : stade 1 Oui

Surveillance 3 mois Fonte


stromale/astigmatisme
irrégulier
Épithélium lisse ?

Non : stade 2 Oui : stade 3


Oui Non
Traitement
Invasion épithéliale Invasion épithéliale
PKT 50 µm 20 % alcool pour 60 s individualisé
limitée non progressive progressive et/ou
PKR PKR risque de fonte
MMC 0,02 % × 60 s MMC 0,02 % × 60 s stromale
Faire comme
un stade 1
PKT jusqu’à l’ablation
de l’invasion épithéliale

Si PKT < 50 µm, faire : Si PKT > 50 µm,


- PKR ajourner la PKR
- MMC 0,02 % × 60 s jusqu’à la stabilisation réfractive

Figure 2. Arbre décisionnel. Algorithme de prise en charge des capots perforés [11]. PKT : photokératectomie thérapeutique ; PKR ; photokératectomie à
visée réfractive ; MMC : mitomycine.

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cicatrisation du capot perforé. Tant que les bords du capot


perforé sont marqués par la fluorescéine, il existe un haut risque
d’invasion épithéliale et/ou de DLK. Une période de surveillance
de 3 mois est préconisée avant une reprise chirurgicale. Si
l’épithélium paraît lisse à la lampe à fente, une photokératecto-
mie thérapeutique (PKT) de profondeur égale à 50 µm est
recommandée, suivie dans le même temps opératoire d’une PKR
avec application de 0,02 % de mitomycine pendant 60 secon-
des. Si après 3 mois de surveillance, la surface épithéliale est
irrégulière, il est préférable d’y appliquer de l’alcool à 20 %
pendant 60 secondes pour l’enlever. Une durée prolongée
d’application de l’alcool est essentielle pour empêcher une
adhérence épithéliale au bord de la perforation. Il est important
Figure 3. Cicatrice stromale sur capot incomplet après procédure avor-
d’empêcher le contact de l’alcool avec les bords périphériques
tée de Lasik.
du capot en choisissant un anneau de taille approprié. Même si
la réalisation de PKR sur des capots de Lasik présente un risque
élevé de haze, l’utilisation de la mitomycine appliquée pendant
60 secondes a permis de généraliser cette pratique en diminuant suffisante). Malgré l’absence de données concrètes de la
le risque. Le stade 2 est caractérisé par une invasion épithéliale littérature, la plupart des chirurgiens réfractifs respectent cette
sous les berges de la perforation. Si celle-ci est autolimitée, le recommandation pour les cornées présentant une kératomé-
même schéma thérapeutique que pour le stade 1 peut être trie au-delà de 46-48 dioptries ;
initié. Si l’invasion épithéliale est évolutive, le principal but est • en cas de cornée plate, il faut utiliser un anneau de succion
d’empêcher l’aggravation vers un stade 3. Pour cela, une PKT de de large diamètre. Il faut inspecter la lame du microkératome
6,5 mm de diamètre et 50 µm de profondeur est réalisée. S’il sous le microscope avant de l’insérer dans la tête du micro-
persiste à la lampe à fente des débris épithéliaux dans l’inter- kératome, puis avant d’engager le microkératome sur l’anneau
face, la profondeur de la PKT peut être augmentée par paliers de de succion, afin d’éliminer la présence de défaut de fabrica-
10 µm. Un traitement par PKR est ensuite réalisé et associé à tion ou de dégât peropératoire du tranchant de la lame. Lors
l’application de mitomycine 0,02 % pendant 60 secondes. Le de l’assemblage du microkératome, il faut ainsi éviter les
stade 3 de capot perforé est le plus difficile à traiter et peut contacts de celui-ci avec des instruments présentant des
entraîner une baisse significative de la meilleure acuité visuelle. surfaces dures, dans le but d’éviter d’endommager le tran-
Il survient si l’invasion épithéliale est d’une importance telle chant de la lame ;
qu’elle entraîne un astigmatisme irrégulier ou une fonte • pour la correction des erreurs réfractives post-kératotomie
(melting) stromale. La conduite à tenir est fonction des risques radiaire (KR), la PKR avec application de mitomycine semble
et bénéfices de chaque approche. Le soulèvement du capot pour être la procédure de choix à proposer [15] et il est prudent de
effectuer un lavage du lit stromal peut se compliquer de ne pas tenter la réalisation d’un capot qui risque de se
déchirure du capot à cause d’adhésion importante et un déchirer au niveau des incisions de KR.
traitement par PKT/PKR peut être insuffisant pour régulariser la
surface stromale. Les capots perforés survenant dans des Capots incomplets
traitements d’hypermétropie doivent être pris en charge diffé-
Les capots incomplets sont causés par l’arrêt de la découpe de
remment. L’ablation par laser excimer est délivrée en périphérie
la lame avant que celle-ci n’ait atteint le niveau souhaité de la
cornéenne et peut donc ne pas traiter la cicatrice stromale plus
charnière. La survenue d’aberrations visuelles est favorisée par la
centrale induite par la perforation du capot. Aussi est-il est
survenue d’une charnière et d’une réaction cicatricielle situées
parfois nécessaire de réaliser une approche en deux temps avec
à proximité de l’axe visuel (Fig. 3). L’incidence de cette compli-
un premier traitement par PKT pour nettoyer la cicatrice
cation est comprise entre 0,099 % et 1,2 % dans les larges séries
stromale si elle induit une baisse d’acuité visuelle, puis un
publiées (Tableau 1).
second traitement par PKR après stabilisation de la réfraction.

Prévention Étiologie
L’incidence des découpes fines, irrégulières ou perforées La cause la plus fréquente de capot incomplet est la panne de
pourrait être réduite si le chirurgien pratiquait une inspection microkératome (défaut d’alimentation électrique, survenue d’un
des lames avant utilisation, ajustait le nomogramme de découpe obstacle mécanique, etc.). Les cils, les champs opératoires, des
à la courbure cornéenne, et vérifiait la présence d’une succion fragments épithéliaux ou encore des cristaux de sel provenant
de bonne qualité. Les règles suivantes doivent être respectées : de la solution d’irrigation, ont été identifiés comme des causes
• éviter de découper un capot si la pression intraoculaire est possibles d’obstacles à la progression de la tête du microkéra-
basse (mauvaise succion). Une pression supérieure à tome. Les capots incomplets surviennent également quand le
80 mmHg est essentielle à la réalisation sans incident d’un mécanisme permettant l’avancée de la tête du microkératome
capot stromal. L’utilisation d’un pneumotonomètre en est grippé ou présente un défaut [4]. En cas de perte de succion,
peropératoire garantit certainement l’obtention des mesures certains microkératomes s’arrêtent automatiquement. Parfois, le
les plus fiables, car les autres méthodes proposées sont moins chirurgien est conduit à interrompre volontairement la procé-
précises ; dure en cas de lâchage de succion ou de blépharospasme sévère.
• éviter les pseudosuccions, qui sont souvent provoquées par
l’incarcération de tissu conjonctival dans l’orifice d’aspiration
Traitement
de l’anneau de succion, qui peut alors induire une différence Quand la zone découpée ne permet pas de dégager la place
entre la pression mesurée par la console du microkératome nécessaire à la réalisation de la photoablation, il est préférable
dans la tubulure, et la pression intraoculaire réelle ; de repositionner le capot et de reporter la procédure. Une
• utiliser une lame de microkératome neuve pour chaque œil nouvelle tentative immédiate de découpe expose au risque
et si cela n’est pas possible, changer la lame lorsque le capot d’induction d’une surface stromale irrégulière et d’un astigma-
cornéen du premier œil opéré semble fin ; tisme irrégulier. En cas de retraitement différé 3 mois après la
• penser à humidifier la surface cornéenne lorsqu’un laps de première chirurgie, il faut tenter d’obtenir un capot plus épais
temps important se passe entre la pose de l’anneau de et plus périphérique [16]. Quand la charnière est située au-delà
succion et le début de la découpe ; de l’axe visuel, il peut s’avérer tentant de continuer la dissection
• en cas de kératométrie élevée, il faut tenter d’obtenir un du capot manuellement en utilisant une lame spatulée ou un
capot épais, à condition que le degré de myopie à corriger le dissecteur de cornée. Une telle manœuvre risque également
permette (respect d’un mur postérieur stromal d’épaisseur d’induire une irrégularité du lit stromal, voire la survenue d’une

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dislocation d’un capot de Lasik au cours d’une chirurgie


rétinienne (vitrectomie) ont été rapportés. Les capots de Lasik
peuvent être resoulevés pour pratiquer un retraitement au-delà
de 1 an [19] après le geste initial. Certaines études histologiques
révélant une absence ou des phénomènes minimes de cicatrisa-
tion au niveau de l’interface stromale après Lasik accréditent ces
constatations [20]. Le mécanisme exact d’adhésion du capot reste
peu clair. Dans un modèle animal, Maurice et Monroe [21] ont
démontré que la force d’adhésion d’un capot était équivalente
au quart ou à la moitié de la force d’adhésion du stroma intact.
Dawson et al. [22] ont décrit deux localisations de cicatrisation :
une zone cicatricielle fibrotique hypercellulaire périphérique
Figure 4. Déplacement d’un capot cornéen 3 semaines après Lasik, visible cliniquement et dont la fonction est de maintenir le
consécutif à un traumatisme oculaire (doigt). capot en place, et une zone centrale hypocellulaire, invisible
cliniquement et permettant un soulèvement aisé du capot
même plusieurs années après la chirurgie. Schmack et al. [23] ont
montré que la cicatrisation de la zone hypocellulaire centrale
perforation. Quand on décide de réaliser la photoablation, la
représentait 2,4 % de la force d’adhésion d’une cornée normale
surface stromale du capot doit être protégée du laser, ceci étant
alors que la zone hypercellulaire périphérique représentait
particulièrement important en cas de traitement hypermétropi-
28,1 % de la force d’adhésion d’une cornée normale.
que étant donné le large diamètre de l’ablation.
Traitement
Prévention
Le capot doit toujours être resoulevé et l’interface (le lit
Les pannes de microkératome peuvent être prévenues par un
stromal et la face stromale du capot) examinée avec précaution,
nettoyage méticuleux de ses composants, et par une vérification
afin de nettoyer tout débris ou amas de cellules épithéliales. La
des connexions électriques. Les recommandations du fabricant
face postérieure du capot doit être particulièrement bien
concernant les procédures d’entretien et l’utilisation de certaines
nettoyée avant le repositionnement. Une lentille de contact
solutions de nettoyage peuvent varier dans le temps, en
peut ensuite être posée afin de prévenir tout déplacement
fonction des informations recueillies auprès des utilisateurs
secondaire et protéger le capot des clignements palpébraux et
d’une machine donnée. Il faut également dégager le trajet
un traitement à base d’antibiotique et de corticoïdes locaux est
emprunté par la tête du microkératome par la réalisation d’une
initié [18]. Les techniques décrites plus loin pour lisser d’éven-
installation adéquate : en empêchant les cils de s’interposer
tuels plis associés doivent être pratiquées. Il est en effet
dans le trajet de la découpe, en ajustant le positionnement du
particulièrement important d’empêcher toute migration vers
blépharostat afin d’obtenir une exposition non palpébrale
l’interface du capot de cellules épithéliales en provenance de
optimale de la part du patient, et en tirant légèrement vers le
l’anneau limitant et empruntant l’auvent formé par ces plis.
haut le globe après la mise en route du vide. Il est également
Une prise en charge adéquate et rapide permet de limiter la
possible d’orienter légèrement l’anneau de succion une fois
perte de la meilleure acuité visuelle et d’avoir un pronostic
solidarisé au limbe, afin de dégager au mieux les rails du
favorable [17].
microkératome. Avant de procéder à la découpe, il convient de
vérifier la pression intraoculaire, afin de vérifier que ces
Prévention
manœuvres n’ont pas provoqué un lâchage de succion. Les
yeux situés dans des orbites étroites constituent une difficulté Les mesures préventives associent le positionnement supé-
chirurgicale et certains microkératomes ne peuvent, en raison de rieur de la charnière proposé afin de réduire le risque de
leur encombrement, franchir l’écartement maximal permis par déplacement secondaire aux clignements, et l’application d’une
les lunes du blépharostat. La réalisation d’une injection rétro- lentille de contact après Lasik. Nous recommandons également
bulbaire de sérum physiologique ou la réalisation d’une cantho- à nos patients de ne pas instiller de collyre immédiatement
tomie latérale externe, destinées à améliorer l’exposition après la chirurgie, afin d’éviter tout risque de déplacement du
oculaire, ne semblent pas être des mesures adaptées dans le capot. Une coque protectrice peut être portée durant la nuit,
cadre d’une chirurgie de confort. La survenue d’une succion de pour une durée comprise entre 1 et 3 semaines après la chirur-
mauvaise qualité peut être prévenue par les mesures énumérées gie. Les patients qui pratiquent des sports de contact ou des
plus haut. activités à risque traumatique doivent être prévenus des risques
de déplacement tardif des capots avec le Lasik. La PKR doit être
Capots déplacés proposée comme une alternative dans ce type de situation, si
toutefois la réalisation de cette technique est possible.
Le déplacement secondaire du capot représente une urgence
chirurgicale. Le capot doit être repositionné au plus vite pour Capot libre
prévenir les risques infectieux, l’apparition de plis figés et
l’invasion épithéliale [17] . Cette complication peut survenir La survenue d’un capot libre est le résultat de la découpe
plusieurs mois à plusieurs années après la procédure Lasik [18]. complète du capot cornéen. Les cornées plates (K inférieure à
Son incidence varie entre 1,1 % et 2 % dans les grandes séries 42 dioptries) sont particulièrement impliquées dans la survenue
(Tableau 1). de ce type de complication [2, 24]. L’incidence cumulée moyenne
émanant des études initiales est d’environ 4,9 % [25]. Des études
Étiologie plus récentes rapportent une incidence comprise entre 0,012 %
et 1,67 % (Tableau 1). Quand le capot libre ne peut pas être
Au cours de la période postopératoire précoce, le clignement
repositionné, l’épithélium recouvre le lit stromal de façon
palpébral représente la cause la plus fréquente de déplacement
centripète similaire à celle observée au cours des kératectomies
de capot, en particulier s’il existe un syndrome sec oculaire
superficielles. Un shift hypermétropique résulte généralement de
concomitant. Le déplacement peut aussi survenir après un
l’absence de repositionnement d’un capot cornéen.
frottement des paupières. Les capots larges et fins sont plus
instables, en particulier si leur charnière est courte. Le capot
Étiologie
demeure vulnérable aux déplacements d’origine traumatique
plusieurs mois après la chirurgie (Fig. 4). Les accidents domes- Le capot libre est également souvent un capot plus fin que
tiques et les accidents de la voie publique (ouverture d’airbag) prévu. En général, les facteurs peropératoires qui conduisent à
représentent les causes les plus fréquentes de déplacement du l’obtention d’un capot libre sont identiques à ceux qui condui-
capot dans la plus grande série rapportée [18] . Deux cas de sent à l’obtention d’un capot fin : cornées plates [2], erreur de

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réglage de la butée ou un mauvais montage de celle-ci lors de stromal résiduel (photoablation) qui présente alors une incon-
l’assemblage du microkératome, etc. Parfois, la survenue d’un gruence avec la face postérieure du capot. Cette particularité est
capot libre peut se rencontrer au décours d’une procédure où le appelée effet de « voûte » (tenting effect). Une corrélation a été
microkératome se grippe en fin de découpe, la tête ne revenant mise en évidence entre la quantité de tissu photoablaté et la
pas en arrière vers sa position de départ, empêchant ainsi le présence de plis du capot [27] . Les plis du capot peuvent
chirurgien de retirer le microkératome. Ceci conduit en général également être la conséquence d’un traumatisme, d’un frotte-
le chirurgien à relâcher la succion et enlever l’instrument, ment excessif des yeux ou de manipulations prolongées du
arrachant ainsi le capot incarcéré. Dans la période postopéra- capot lors de la chirurgie [28]. La DLK semble être un facteur de
toire, un traumatisme externe pourrait théoriquement conduire risque majeur d’apparition de plis du capot selon Ashrafza-
à l’obtention d’un capot libre, mais nous n’avons pas retrouvé deh [29]. Les patients ayant un défaut de fonctionnement de la
ce type de cas rapporté dans la littérature. pompe endothéliale doivent être suivis de près du fait d’une
adhésion du capot au lit stromal sous-jacent moins forte, d’où
Traitement un risque accru de plis du capot [28].
La réalisation de marques épithéliales avant la découpe Traitement
permettant l’orientation et le bon repositionnement du capot,
ainsi qu’un retrait précautionneux de la tête du microkératome, Il n’existe pas d’algorithme précis pour la prise en charge des
permettent en général une bonne gestion de ce type d’inci- plis du capot. Les plis périphériques n’entraînant pas de
dent [16]. L’absence de marque épithéliale peut favoriser un symptomatologie ni de baisse d’acuité visuelle (BAV) ne doivent
mauvais repositionnement du capot, exposant à la survenue pas être traités. Il n’existe pas de régression spontanée des plis
d’un astigmatisme irrégulier et d’un risque de plis du capot et des capots, et tout pli entraînant une BAV doit être traité au
d’invasion épithéliale. Si le diamètre du lit stromal exposé est plus tôt [28]. Plusieurs approches sont proposées, allant de la
égal ou supérieur à celui de la zone optique programmée, il est simple tentative de relissage à la lampe à fente avec une éponge
possible de réaliser la photoablation en conservant le capot dans humide au resoulèvement, réirrigation du lit stromal et reposi-
une chambre humide. Le repositionnement est effectué en se tionnement d’un capot récalcitrant avec des sutures [26] .
basant sur les marques réalisées avant la découpe. Une lentille Solomon a montré des résultats similaires entre le relissage du
de contact permet de protéger le capot d’un déplacement capot à la lampe à fente immédiatement après la chirurgie et la
secondaire lié à un frottement des paupières. Il n’est pas réirrigation du lit stromal [28]. Les tentatives de lissage doivent
nécessaire de suturer le capot libre. Quand le capot libre n’est tendre à égaliser la distribution des forces appliquées au
pas retrouvé, il faut alors interrompre la procédure et attendre capot [30]. Dans ce but, l’utilisation d’éponges de méthylcellu-
que la cicatrisation épithéliale recouvre le lit stromal. L’ablation lose ou autre matériel non pelucheux est indiquée. Les plis
du capot provoque en règle un aplatissement central plus récalcitrants du capot peuvent être traités par le placement
important que souhaité. Tout traitement secondaire doit d’une suture antitorsion au niveau du bord du capot. Sur une
toutefois être considéré une fois la stabilité de la réfraction petite série récente, la pose d’un point de suture a permis une
obtenue. récupération de la MACV à 10/10 dans 6 des 7 yeux traités [31].
Cependant, cette méthode peut aboutir à l’induction d’un
Prévention astigmatisme prononcé et les plis peuvent récidiver à l’ablation
du point de suture. D’autres stratégies consistent à pratiquer des
Les mesures destinées à prévenir l’apparition d’un capot libre incisions épithéliales superficielles, une PKT, ou un débridement
sont identiques à celles destinées à prévenir l’apparition de épithélial massif au-dessus des plis. Cette dernière méthode
capots fins et de petit diamètre. La réalisation de marques permet parfois de diminuer les forces de contraction liées à
épithéliales avant la découpe permet de replacer correctement le l’hyperplasie épithéliale pour les plis anciens et figés. Ashrafza-
capot, et d’éviter l’induction d’un astigmatisme irrégulier. deh et al. [29] ont établi un protocole standardisé de PKT pour
la prise en charge des plis du capot. Les résultats sur 47 yeux
Plis de capot sont satisfaisants avec amélioration notable de la MAVC. Le
shift hypermétropique résultant est limité (+0,80 dioptries en
La microscopie confocale révèle la présence de microplis dans moyenne) grâce à la standardisation de la méthode (200 à
la membrane de Bowman dans 97 % des chirurgies de Lasik 300 impacts au maximum et une zone optique de 6,5 mm).
mais l’incidence des plis nécessitant une réintervention varie Dans certains cas extrêmes, l’exérèse en bloc du capot cornéen
entre 0,2 % et 1,5 % [26] (Tableau 1). Les plis de capots peuvent a permis d’améliorer la situation [32].
induire un astigmatisme irrégulier, ainsi que des aberrations
optiques avec perte de la meilleure acuité visuelle corrigée Prévention
(MAVC), surtout s’ils intéressent l’axe visuel [26]. Les macroplis
L’examen à la lampe à fente pratiqué 20 minutes après une
sont bien vus à l’examen biomicroscopique et correspondent à
procédure de Lasik permet de contrôler le positionnement
des plis de pleine épaisseur, organisés de façon linéaire (Fig. 4).
adéquat du capot et l’absence de plis. Il faut en particulier
Inversement, les microplis du capot correspondent à des plis
vérifier que la gouttière située entre le bord du capot et l’anneau
situés dans la membrane de Bowman ou dans la membrane
épithélial limitant possède une largeur constante. Plusieurs
basale de l’épithélium. Ils sont mis en évidence par une
étapes peuvent prévenir et permettre une bonne prise en charge
empreinte fluonégative ou en rétro-illumination. Les plis
de plis du capot. Une surveillance rapprochée des patients ayant
peuvent être détectés en postopératoire immédiat mais ils sont
un problème épithélial est importante. Ces patients sont à risque
généralement visibles 30 minutes après la chirurgie ou à la visite
de développer des plis du capot à cause d’une moins bonne
du lendemain, après la diminution de l’œdème du capot. L’effet
adhérence du capot au lit stromal. Pour cela, le diagnostic
des plis de capot sur la vision est variable, et n’est pas toujours
préopératoire de dystrophie de Cogan, connue pour fragiliser
corrélé à l’aspect et à l’importance des plis.
l’épithélium, est déterminant. La réduction de l’utilisation de
collyres toxiques pour l’épithélium permet également de limiter
Étiologie
les risques. L’usage des fluoroquinolones est ainsi conseillé en
Les plis de capot sont induits par un mauvais alignement postopératoire à la place des aminoglycosides plus toxiques. De
entre les bords du capot et l’anneau limitant épithélial. Les même, la prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens
capots fins et de large diamètre sont plus sujets à un déplace- (AINS) sans conservateur est recommandée pour limiter le retard
ment et donc à l’apparition de plis. Le lissage irrégulier à la de cicatrisation que peuvent engendrer les produit de conserva-
microéponge en fin de procédure peut induire la présence de tion [28]. En peropératoire, la manipulation minutieuse du capot
plis radiaires (mouvements centrifuges) ou circonférentiels et l’humidification épithéliale avant le passage du microkéra-
(mouvements centripètes). L’incidence des plis du capot est tome sont préconisés. En postopératoire, certains recommandent
généralement plus élevée chez les forts myopes ; elle est parfois au patient de garder les yeux fermés pendant 2 heures après la
inévitable en raison des modifications de la convexité du lit chirurgie pour éviter le frottement palpébral contre le capot.

6 Ophtalmologie

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Complications du Lasik : étiologie, prise en charge et prévention ¶ 21-206-A-35

Nous recommandons l’examen des patients en postopératoire incluent l’implantation de cellules épithéliales au niveau de
immédiat (20 à 30 minutes après la chirurgie) pour le diagnostic l’interface par le biais d’instruments ayant été en contact avec
et la prise en charge immédiate des plis du capot. l’épithélium adjacent ou à partir des berges d’une perforation
du capot ou de plis du capot.
Les facteurs de risque connus de l’invasion épithéliale sont
■ Colonisation épithéliale une pathologie de la membrane basale, un defect épithélial
peropératoire, les capots décentrés, un traumatisme, la courbe
de l’interface d’apprentissage du chirurgien et le diabète [35].

Invasion épithéliale Traitement


La colonisation de cellules épithéliales au niveau de l’inter- Le traitement de l’invasion épithéliale sous capot doit être
face peut être secondaire à un ensemencement peropératoire ou effectué dès que les cellules progressent vers l’axe visuel, ou
à une migration cellulaire sous le capot. Les cellules épithéliales qu’un début de fonte stromale est noté. Il est nécessaire de
sont visibles à la lampe à fente et prennent un aspect perlé, ou différencier l’invasion épithéliale cliniquement significative de
de traînée blanchâtre, effilée (Fig. 5). La connexion de ces celle qui ne progresse pas et qui ne risque pas d’entraîner une
cellules avec celles de l’épithélium extérieur au capot peut BAV. Dès qu’une invasion épithéliale progressive est diagnosti-
parfois être indétectable ou difficile à l’examen biomicroscopi- quée, il faut la traiter en soulevant le capot et en irriguant
que. Les amas isolés de cellules peuvent disparaître sans l’interface stromale et la partie stromale du capot. Il est aussi
conséquence. En revanche, une invasion épithéliale contiguë au nécessaire de gratter et d’enlever les cellules par un débridement
bord du capot peut progresser et envahir l’axe visuel avec risque mécanique effectué avec une lune de type sabot ou avec des
d’astigmatisme irrégulier et fonte stromale du capot. Les cellules instruments adaptés comme le Yaghouti Lasik Polisher, ou en
épithéliales présentes au niveau de l’interface peuvent égale- utilisant une photoablation délivrée par spots en mode PKT.
ment gêner la circulation de l’humeur aqueuse dans les lamelles Haw et al. [36] ont traité efficacement l’invasion épithéliale chez
stromales, et compromettre ainsi la nutrition du capot. Elles quatre patients en utilisant de l’éthanol à 50 %. Quand les
peuvent également produire des enzymes protéolytiques et cellules épithéliales se présentent en amas isolés non confluents,
accélérer la fonte stromale du capot. Le risque d’invasion une surveillance doit être instaurée. Une variation réfractive de
épithéliale est accru en cas de procédure secondaire avec type shift hypermétropique doit faire évoquer la possibilité
resoulèvement du capot, les abrasions épithéliales adjacentes à d’une nécrose stromale débutante. Celle-ci peut induire l’appa-
l’anneau limitant favorisant la prolifération cellulaire [33]. rition d’un astigmatisme irrégulier et une perte de la MAVC.

Étiologie Prévention
La retouche chirurgicale est sans doute l’étiologie la plus Il faut soigneusement rechercher une invasion épithéliale
fréquente des invasions épithéliales. Helena et al. [34] ont décrit chez les patients qui présentent des defects épithéliaux, en
quatre mécanismes pour expliquer l’invasion de l’interface particulier quand ces defects concernent les bords du capot. Il
stromale par les cellules épithéliales. Ces mécanismes incluent faut préférer la PKR au Lasik chez les patients qui présentent
l’ensemencement épithélial par la lame du kératome au cours de une pathologie de la membrane basale épithéliale ou des
la découpe, l’ensemencement épithélial causé par les manœu- antécédents d’érosion récurrente. Une autre mesure préventive
vres d’irrigation après la photoablation, la colonisation prove- consiste à utiliser des instruments qui n’ont pas été en contact
nant de bouchons épithéliaux pour les cornées qui présentent avec l’épithélium adjacent pour la manipulation de l’interface.
des cicatrices anciennes de kératotomie radiaire, et l’invasion à De même, il est possible de disséquer la gouttière périphérique
partir des berges du capot. Cette dernière cause est certainement avec un crochet de Sinskey avant de pratiquer la séparation des
la plus fréquente et est favorisée par l’apparition de defects lamelles stromales au niveau de l’interface. Cette manœuvre est
épithéliaux au niveau des bords du capot, qui augmentent destinée à empêcher la survenue de déchirures épithéliales et
l’activité mitotique cellulaire ; les autres mécanismes invoqués l’apparition de lambeaux périphériques.

Débris de l’interface
Les débris de l’interface doivent être distingués des réactions
infectieuses ou inflammatoires pouvant siéger à son niveau.
Cette distinction est parfois difficile. Une étude en microscopie
confocale a révélé la présence de débris au niveau de l’interface
dans 100 % des cas, sur une série de 62 yeux ayant bénéficié
d’une procédure Lasik pour myopie [37]. Leur densité diminue
progressivement avec le temps entre le 8e jour et le 3e mois
postopératoire. En général, les débris sont inertes et ne provo-
quent pas d’effet délétère sur la vision, du moins quand ils sont
rares. Néanmoins, il faut garder à l’esprit que certains patients
peuvent être plus susceptibles que d’autres au déclenchement
d’une réponse inflammatoire à un type particulier de débris de
l’interface.

Étiologie
Les débris présents en Lasik au niveau de l’interface peuvent
avoir diverses origines [37] : fragments métalliques issus de la
lame, huile utilisée pour lubrifier le moteur du microkératome,
sécrétions des glandes melbomiennes, talc (gants), bulles d’air,
opacités centrales d’étiologie inconnue, ou encore fibres textiles
généralement présentes sur le lit stromal avant le repositionne-
ment du capot. Elles peuvent provenir des vêtements, des
pansements oculaires utilisés pour recouvrir l’œil non opéré, ou
Figure 5.
du champ opératoire lui-même quand il s’agit d’un champ tissé.
A. Invasion épithéliale stabilisée de l’interface.
Hirst et al. [38] ont rapporté la présence de dépôts marron de
B. Même invasion épithéliale vue en rétro-illumination.
l’interface à l’utilisation d’éponges de méthylcellulose pour

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protéger la charnière durant la photoablation. Quand on cornéen à la lampe à fente avec une microéponge, chez les
suspecte l’induction par un ou plusieurs débris d’une réaction patients chez qui on suspecte un défaut d’adhérence épithéliale.
inflammatoire de l’interface, il faut soulever le capot et irriguer Si un mouvement ou un détachement de l’épithélium survient,
largement le lit stromal. L’examen des patients 20 minutes après il peut être préférable d’envisager la réalisation d’une PKR.
le Lasik permet en règle de déceler la présence de débris
importants qui peuvent conduire à effectuer un resoulèvement Perforation cornéenne
et une irrigation de l’interface.
Cette complication dévastatrice survient généralement à la
Prévention suite d’une erreur d’assemblage du microkératome. Quelques
rares études dans la littérature rapportent l’existence de perfo-
Le risque de dépôt de fibres textiles peut être minimisé par
ration survenant au cours de la découpe lamellaire [42] ou
l’utilisation par le personnel soignant de vêtements non tissés,
durant la photoablation [43]. Le microkératome ACS® nécessite
et en recouvrant les vêtements du patient par une tunique
la mise en place d’une cale qui permet de contrôler l’épaisseur
adaptée. L’humidification préalable de matériel tissé (compres-
de la dissection lamellaire. Son oubli peut aboutir à une plaie
ses, gaze) est également une mesure appropriée. Il faut utiliser
cornéenne de pleine épaisseur, voire à des dommages impor-
des gants sans talc, couvrir les cils, et utiliser un anneau en
tants au niveau des structures du segment antérieur. La prise en
fibrocellulose (drain de Chayet) qui joue le rôle de barrière pour
charge de ce type de complication correspond à celle de tout
les sécrétions oculaires adjacentes. Après le repositionnement du
traumatisme oculaire. Il faut respecter méticuleusement les
capot, une illumination diffuse oblique de l’interface sous le
procédures recommandées pour l’assemblage des microkérato-
microscope opératoire peut révéler la présence de petites fibres
mes, afin de prévenir cette complication catastrophique. Dans
et autres débris dans l’interface qui peuvent être, si besoin,
un cas publié, la finesse excessive d’une cornée suspecte de
enlevés par une irrigation généreuse de l’interface.
kératocône semble être la cause de la perforation survenue
durant la photoablation.
Defects épithéliaux
Le premier jour postopératoire, une solution de fluorescéine Ectasie cornéenne
diluée permet la détection des defects épithéliaux qui sont
survenus pendant ou au décours de la procédure. On peut L’ectasie cornéenne est une complication redoutable, qui
observer chez la plupart des patients une prise de la fluores- induit un tableau similaire à celui d’un kératocône et son
cence modérée au niveau du bord du capot. Les larges defects cortège de complications. Elle est définie par une cambrure
épithéliaux sont plus préoccupants, surtout s’ils se situent au progressive de la cornée qui survient quelques semaines à
niveau du bord du capot. L’incidence des defects épithéliaux quelques mois après la chirurgie. Selon Randleman, 50 % des
après Lasik varie entre 1,6 % et 14 % [39, 40] . Les cellules cas d’ectasies sont survenus dans les 12 mois postopératoires.
épithéliales, en proliférant, peuvent migrer sous le bord du Néanmoins, des cas d’ectasie ont été décrits jusqu’à 4 ans post-
capot. En cas d’inflammation associée, il existe une possibilité Lasik [44]. L’incidence de l’ectasie varie dans les études entre
de fonte tissulaire du capot adjacent. Nous avons, ainsi que 0,01 % à 0,9 % [45] . Histologiquement, la cornée ectatique
d’autres auteurs, observé un risque plus élevé de kératite présente une diminution et un amincissement des lamelles
lamellaire diffuse chez les patients présentant des defects stromales entraînant une perte de rigidité du mur stromal
épithéliaux [41]. résiduel [46] . Ce defect biomécanique chronique peut être
expliqué par un glissement interlamellaire et interfibrillaire
Étiologie (fracture interlamellaire et interfibrillaire). Un processus similaire
cause la faiblesse biomécanique trouvée dans les yeux atteints
Les patients présentant des antécédents d’érosion récurrente de kératocône [46]. Le diagnostic d’ectasie est posé suite à une
ou de dystrophie de la membrane basale antérieure (DMBA) baisse de la MAVC post-Lasik. La topographie spéculaire ou
présentent un risque plus élevé d’abrasion épithéliale, et d’élévation retrouve une cambrure inférieure caractéristique.
représentent certainement des candidats à orienter vers la PKR.
De fait, la photoablation au laser excimer de surface est un Étiologie
traitement efficace des érosions récurrentes. Dans une étude
portant sur 6 984 yeux opérés de Lasik, Randleman [40] a Randleman et al. [45] ont répertorié tous les cas d’ectasie
retrouvé l’âge au-dessus de 40 ans, l’hypermétropie et le port de survenus après chirurgie réfractive et publiés dans la littérature
lentille de contact prolongé comme facteurs de risque des anglaise jusqu’en décembre 2005 (171 cas) pour tenter de
defects épithéliaux. mettre en évidence les principaux facteurs de risque. Par une
méthode de régression logistique, ils en ont établi un Risk Score
Traitement System (Tableau 4) capable selon eux de détecter les cas à risque
d’ectasie avec une sensibilité de 96 % et une spécificité de 91 %.
Quand un defect épithélial est noté en peropératoire, il faut Les facteurs de risque les plus puissants étaient, par ordre
prévenir le développement d’une invasion épithéliale. Il faut décroissant, une topographie cornéenne anormale, une faible
ainsi tenter de repositionner au mieux l’épithélium détaché. Si épaisseur du mur résiduel, l’âge jeune, et la faible pachymétrie
cette manœuvre échoue, l’épithélium non réappliqué doit être préopératoire. Binder [47] a suivi 9 700 yeux opérés de Lasik et
débridé avec précaution, et il faut poser une lentille de contact. présentant au moins un des facteurs de risque suspecté d’ecta-
Ce geste permet de contrôler la douleur, d’améliorer l’adhérence sie : une pachymétrie préopératoire de 500 µm ou moins, une
du capot, et de prévenir l’invasion épithéliale. Les AINS en kératométrie centrale de plus de 47 dioptries, un âge inférieur à
application topique peuvent également être utilisés pour 25 ans, une correction prévue au-delà de -8 dioptries, un
diminuer la sensation d’inconfort, mais leur utilisation a été astigmatisme inverse de 2 dioptries et un mur résiduel de moins
associée à l’observation d’infiltrats stériles. de 250 µm. Aucun de ces yeux n’a développé d’ectasie après
2 ans de suivi. Binder [47] en conclut que les facteurs de risque
Prévention suspectés n’entraînaient pas à eux seuls une ectasie post-
Les patients candidats à une chirurgie au Lasik doivent chirurgie réfractive. D’autres facteurs indéterminés affectant la
systématiquement être interrogés quant à l’existence d’antécé- stabilité biomécanique cornéenne s’additionneraient avec des
dents ou de symptômes d’érosions récurrentes. À la lampe à facteurs de risque suspectés.
fente, il faut examiner soigneusement la surface épithéliale afin Il est admis qu’une majeure partie des ectasies rapportées
de rechercher des signes de DMBA. En l’absence d’anomalie de proviennent de cas de kératocônes frustes non diagnostiqués
la surface cornéenne, une prise asymétrique ou des zones de avant la chirurgie. Même si plusieurs indices topographiques
fluorescence négative au niveau de la surface cornéenne doivent existent pour dépister le kératocône fruste, il n’y a pas à ce jour
faire suspecter l’existence d’une anomalie de celle-ci. Certains de critères cliniques et paracliniques reconnus par tous pour le
auteurs recommandent d’indenter légèrement l’épithélium diagnostic de ces kératocônes infracliniques [48]. Les appareils de

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Complications du Lasik : étiologie, prise en charge et prévention ¶ 21-206-A-35

Tableau 4.
Ectasia Risk Score [45] . Si la somme des points du patient est entre 0 et 2 : risque d’ectasie faible ; égale à 3 : risque modéré ; 4 ou plus : risque élevé.
Paramètre Points
4 3 2 1 0
Aspect topographique Forme fruste Bombement inférieur Asymétrie de courbure Normal
de kératocône > 1 D/ asymétrie axiale de moins que 1D
Mur postérieur résiduel (µm) < 240 240-259 260-279 280-299 > 300
Âge 18-21 22-25 26-29 > 30
Pachymétrie (µm) < 450 451-480 481-510 > 510
Correction prévue (dioptries) >-4 Entre -12 et -14 Entre -10 et -12 Entre -10 et -8 <-8

mesure d’indices biomécaniques cornéens (viscoélasticité) tels Tableau 5.


que l’Ocular Response Analyser pourraient permettre de mieux Comparaison des caractéristiques des procédures Lasik mécaniques et
accomplir le diagnostic précoce des kératocônes frustes et la femtolaser [54].
reconnaissance des cornées à risque d’ectasie [49]. Ainsi, en cas
Caractéristiques Mécanique Femtoseconde
de doute diagnostique topographique sur des cornées d’épais-
seur centrale supérieure à 500 µm, une hystérèse cornéenne Taux de complications liées 0,4 % à 12,5 % selon les 0,63 % à 1 %
(CH) inférieure à 10, un facteur de résistance cornéenne (CRF) à la découpe séries
inférieur à 9 et un CH supérieur au CRF sont des éléments Anxiété périopératoire Plus grande qu’en PKR Diminuée
supplémentaires en faveur d’un kératocône suspect. Même si les Influence kératométrie et Importante Nulle
valeurs absolues de CH et CRF ne permettent pas à elles seules diamètre cornéen
de catégoriser des yeux comme étant suspects [50], l’analyse de Durée découpe + succion < 10 à 20 s 20 s (60 kHz)
l’aspect des courbes pourrait fournir des informations supplé- Durée du Lasik 10 à 15 min 20 min à 25 min
mentaires et augmenter la sensibilité et la spécificité des
Visualisation pendant la Faible ou nulle Permanente
méthodes de détection des cornées à risque [51].
découpe
Traitement Précision de l’épaisseur de la 30 à 60 µm 10 à 20 µm
découpe
Les similitudes entre ectasie cornéenne et kératocône font que
PKR : photokératectomie à visée réfractive.
les traitements proposés sont superposables à ceux proposés
pour le kératocône. Les patients peuvent être pris en charge en
contactologie en vue de l’adaptation d’une lentille de contact
prédéterminé et laissent un arc non découpé pour la réalisation
rigide, mais l’évolution est souvent délétère et requiert la
de la charnière. Le processus est réalisé sous applanation, l’œil
réalisation d’une greffe de cornée. Plus récemment, l’insertion
et la cornée étant fixés par un anneau de succion à faible
dans le stroma d’anneaux intracornéens associés ou non à un
pression.
cross linking a été décrite. Un suivi de 5 ans sur une série de
Le Tableau 5 établit une comparaison entre les microkérato-
huit yeux a prouvé une stabilisation de la réfraction après la
mes mécaniques et le laser femtoseconde pour la réalisation du
pose d’implants intracornéens [52].
capot cornéen [54]. Selon toutes les études récentes, les compli-
Prévention cations mécaniques liées au capot telles que les capots perforés,
incomplets ou libres sont plus rares avec le laser femtose-
Une topographie anormale étant reconnue par tous comme conde [55]. De même, la prédictibilité de la profondeur du capot
un facteur de risque majeur d’ectasie cornéenne, cet examen est plus respectée [9]. Cela diminue le risque d’une ablation plus
doit être considéré avec précaution dans le but d’éliminer toute profonde que prévue et par conséquent le risque d’ectasie. À
cornée suspecte. Ainsi, un cambrement inférieur asymétrique, l’inverse des microkératomes mécaniques qui réalisent selon
un décentrement du point le plus fin, une perte de l’énantio- certaines études des capots plus épais sur les cornées épaisses et
morphisme ou un bombement de la face postérieure de la plus fins pour les cornées cambrées (plus de 46D), la profondeur
cornée doivent remettre en question l’indication de Lasik. Pour du capot semble indépendante de la pachymétrie et de la
les patients présentant des erreurs réfractives de magnitude kératométrie préopératoire avec le laser femtoseconde [9].
élevée, une pachymétrie peropératoire est préconisée après
soulèvement du capot [32]. En soustrayant à cette valeur l’épais-
seur de tissu retiré par le laser pour la correction de portée
Complications liées au capot
réfractive, une meilleure estimation du mur résiduel postérieur Les plus grandes séries décrites portent sur un effectif de
peut être obtenue. Cette méthode doit également être prônée en 1 000 à et 3 009 yeux. Elles retrouvent respectivement un taux
cas de retraitement. Au vu de la gravité de cette complication, de complications de 1 % et de 0,63 % [9, 10]. Les complications
il est sans doute préférable de récuser les cornées suspectes, retrouvées sont citées dans le Tableau 1. Sur les 1 000 yeux
quitte à leur refaire les examens topographiques 6 mois puis décrits par Binder [9], six ont subi un lâchage de succion en
1 an après pour confirmer ou infirmer la suspicion initiale. peropératoire ayant nécessité le report de la chirurgie. Deux
autres ont eu également un lâchage de succion mais ont pu être
Complications spécifiques du laser opérés le même jour et deux yeux ont eu une déchirure du
capot. Sur les 3 009 yeux décrits par Chang [10], six ont présenté
femtoseconde une déchirure du capot. Cette complication spécifique au laser
Le laser femtoseconde et le microkératome constituent deux femtoseconde est liée à la courbe d’apprentissage et à la plus
techniques pour la création du capot cornéen en Lasik. Le laser grande difficulté de dissection du capot. Elle survient principa-
femtoseconde (longueur d’onde située dans l’infrarouge) réalise lement sur les charnières nasales lorsque la dissection se fait
la découpe du capot par photodisruption à une profondeur perpendiculairement à la charnière. Une dissection supéro-
déterminée dans le stroma cornéen. L’ionisation de la matière inférieure est à conseiller dans ces cas pour diminuer le risque
par des spots espacés de 3 µm entraîne la libération d’un plasma de déchirure. Dans la série de Binder [9], 20 yeux ont eu un
gazeux (eau et gaz carbonique) dont l’expansion produit une déplacement du capot en postopératoire. Tous avaient reçu des
onde de choc et l’effet de cavitation [53] . Les systèmes de instillations de phényléphrine en préopératoire, cette molécule
délivrance produisent un plan de clivage circulaire qui démarre a donc été incriminée pour expliquer les déplacements du
d’un côté de la cornée et progresse en suivant un schéma raster capot, car aucun cas n’a été décrit à l’arrêt des instillations
ou spiralé. Ils réalisent enfin les bords du capot selon un angle préopératoires.

Ophtalmologie 9
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21-206-A-35 ¶ Complications du Lasik : étiologie, prise en charge et prévention

Lâchage de succion
En cas de lâchage de succion, principalement causé par
l’incarcération de la conjonctive sous l’anneau de succion, ou
un blépharospasme incontrôlé, il faut immédiatement arrêter la
découpe. Certains auteurs reprennent la découpe durant le
même temps opératoire, et avec la même profondeur de capot,
en utilisant un autre anneau de succion, à condition que la
découpe du bord du capot ne soit pas débutée [9, 56]. D’autres
auteurs ont une autre approche dépendante du stade d’arrêt de
la découpe. Si la découpe est arrêtée au niveau de l’axe visuel,
ils ne recommandent pas de poursuivre la découpe le même
jour en raison du risque d’irrégularité du lit stromal à la
jonction entre la découpe initiale et de la seconde découpe. Une
reprise à distance avec une découpe de 40 µm plus profonde est
préconisée. Si l’arrêt de la découpe a lieu avant ou après le
passage au niveau de l’axe optique, la reprise de la découpe le
même jour est envisageable. Un nouvel anneau de succion est Figure 6. Couche opaque gazeuse lors d’un capot réalisé au
utilisé et la même profondeur de découpe est programmée. Si la femtoseconde.
perte de succion a lieu durant la découpe des bords du capot, il
est important de ne pas essayer de soulever le capot puisque
par une corticothérapie agressive (prednisolone acétate 1 %,
cela risque d’entraîner la déchirure de celui-ci. Il est possible de
1 goutte 6 à 12 fois/j) et réduire progressivement sur 1 à
rétablir la succion avec un nouvel anneau de succion et de
4 semaines.
continuer le traitement en choisissant l’option « découpe des
Les nouveaux lasers femtoseconde de 60 kHz ont réduit
bords du capot » et en réduisant le diamètre du capot de
l’énergie utilisée pour la découpe du capot, réduisant également
0,5 mm.
la durée de découpe et l’inflammation de l’interface. Les
avancées technologiques futures avec le femto LDV ® et la
Syndrome de sensibilité transitoire cinquième génération d’Intralase ® de 150 kHz vont dans le
même sens.
à la lumière
Le transient light sensitivity syndrome (TLSS) entraîne une Couche opaque gazeuse
photophobie sévère 2 à 8 semaines après un Lasik femtoseconde
La couche opaque gazeuse ou opaque bubble layer (OBL) est le
mais une acuité visuelle conservée et un examen à la lampe à
résultat de la découpe photodisruptive du laser (Fig. 6). Chaque
fente sans particularité. Le film lacrymal est normal, la chambre
spot laser entraîne une vaporisation tissulaire dont le produit est
antérieure calme, l’interface du capot claire et il n’existe aucun
une bulle gazeuse formée de vapeur d’eau et de dioxyde de
signe clinique décelable qui puisse expliquer la photophobie [55].
carbone [58]. Cette bulle gazeuse est sous haute pression
Une inflammation serait à l’origine de ce syndrome et son
puisqu’elle s’expand avant de refroidir. Souvent, elle s’accumule
incidence était de 1 % dans les premiers cas [55]. Elle serait dans l’interface mais elle peut également passer à travers les
causée par les débris cellulaires nécrotiques ou par les sous- tissus de moindre résistance comme l’espace interlamellaire
produits des bulles de gaz, la migration de cytokines de l’inter- cornéen ou l’espace sous-épithélial, ou même la chambre
face du capot au limbe et à la base de l’iris, ou à l’activation des antérieure. Lorsque cette bulle gazeuse pénètre l’espace interla-
kératocytes au niveau du capot. Stonecipher et al. [55] ont mellaire cornéen, elle peut constituer avec d’autres la couche
retrouvé une réduction par cinq de l’incidence de TLSS (de 1 % opaque gazeuse qui peut dérégler le tracker du laser excimer,
à 0,2 %) quand l’énergie du laser était diminuée de 20 %. De empêcher la reconnaissance irienne et gêner le bon centrage du
même, Munoz et al. [57] ont montré la diminution significative traitement. Dans l’étude de Kaiserman [59], 56,1 % des yeux
de l’incidence de TLSS lorsque le traitement postopératoire opérés avec un laser femtoseconde de 15 kHz ont développé des
incluait une corticothérapie locale agressive, même avec une OBL plus ou moins sévères. La durée et la surface de l’OBL est
énergie de laser inchangée (de 2,8 % à 0,4 %). La diminution réduite avec la diminution de l’énergie laser et la réalisation
de l’incidence du TLSS après la diminution de l’énergie laser systématique d’une poche à air. L’utilisation des lasers de
utilisée souligne le rôle de l’onde de choc de l’énergie laser sur 60 kHz a permis d’accélérer de façon notable la réalisation de
les kératocytes ou sur les terminaisons nerveuses dans la la découpe et semble avoir diminué la fréquence de l’OBL [59].
physiopathologie du TLSS. La migration des bulles gazeuses Il n’existe pas de différence significative en termes d’acuité
émises vers la cornée périphérique et l’épisclère peut irriter le visuelle à 3 mois entre les yeux ayant eu une OBL et les
corps ciliaire et avoir également un rôle favorisant dans la autres [59]. Lorsque les bulles de gaz s’échappent vers l’épithé-
survenue du TLSS [55]. Le TLSS peut se compliquer de DLK et le lium cornéen, elles peuvent, surtout en cas de capot très fin
taux de DLK retrouvé dans l’étude de Munoz était significative- entraîner une perforation du capot. En cas d’échappée anté-
ment lié au taux de TLSS. Trente pour cent des yeux ayant eu rieure, les bulles de gaz peuvent également se retrouver coincées
un TLSS ont développé une DLK pour seulement 3 % de ceux entre le cône d’applanation et la surface cornéenne, et entraver
qui n’avait pas eu de TLSS [57]. Ceci confirmerait le rôle de la découpe d’une zone déterminée de l’interface [56] . Des
l’inflammation dans la survenue des TLSS. Le diagnostic incisions de kératotomies radiaires représentent le risque majeur
différentiel du TLSS inclut le syndrome sec et la DLK. Le de cette complication. Ceci entraîne la persistance de ponts de
syndrome sec est fréquent après Lasik et révélé à l’examen stroma épais non découpés dans l’interface. Il est préférable
biomicroscopique par un film lacrymal instable et une kératite dans ce cas de ne pas tenter de soulever le capot, pour éviter le
ponctuée superficielle. Il peut néanmoins être associé au TLSS. risque de déchirure du capot. Une seconde découpe plus
La DLK est mise en évidence par la présence de cellules dans profonde de 40 µm réalisée quelques semaines plus tard est
l’interface du capot et par une baisse d’acuité visuelle associée, recommandée [56].
qui n’est pas présente dans le TLSS. Plusieurs stratégies théra- Le passage de bulle de gaz dans la chambre antérieure est
peutiques sont recommandées [55] : extrêmement rare et semble être causé par le passage du gaz à
• diminution suffisante de l’énergie du laser associée à une travers les mailles trabéculaires [60]. Même si le gaz est réabsorbé
diminution de l’espacement des spots pour permettre une en quelques heures, il peut dérégler le tracker et rendre plus
dissection facile du capot et un taux réduit de TLSS ; difficile le bon centrage du traitement. Il est donc préférable de
• devant toute photophobie sévère survenant au décours d’un retarder le traitement excimer de quelques heures dans cette
Lasik, éliminer d’abord tout signe clinique de DLK puis traiter éventualité.

10 Ophtalmologie

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Complications du Lasik : étiologie, prise en charge et prévention ¶ 21-206-A-35

■ Complications réfractives
Îlots centraux
L’îlot central correspond à une zone cornéenne antérieure
centrale de forte courbure entourée d’une zone plus plate [61]. Sa
définition est dépendante du diamètre et de l’importance de la
courbure centrale et ces paramètres varient selon les auteurs
entre 1 et 3 mm pour le diamètre et 1 à 3 dioptries de courbure.
Son incidence peut atteindre 70 % une semaine après PKR [61]
mais une résolution spontanée se fait avec le temps et l’inci-
dence chute à 2 % à 6 mois. En contrepartie, les îlots centraux
sont retrouvés dans 5 % à 12 % des cas une semaine après
Lasik [61], et à 6 mois seulement le quart de ceux-ci régresse
spontanément. Les patients qui présentent un îlot central
topographique (Fig. 7) rapportent des symptômes visuels à type Figure 8. Carte topographique axiale d’une photoablation à visée
de fluctuations de la vision, de halos lumineux, d’images démyopisante décentrée en nasal supérieur.
fantômes et de diplopie monoculaire. Cette complication affecte
la vision sans et avec correction.
complication, il faut d’abord pouvoir définir le centre du
Étiologie système optique réfractif oculaire et, malgré les controverses, un
consensus se dessine pour que toutes les chirurgies cornéennes
L’étiologie des îlots centraux après PKR ou Lasik reste incer- réfractives soient centrées sur la pupille [64]. Les décentrements
taine [61]. Ils furent décrits à l’époque où la majorité des lasers conduisent à l’apparition d’une surface d’ablation inégale, la
excimer était à plein faisceau (broad beam). Leur survenue est zone la plus plate du traitement étant déplacée en périphérie,
beaucoup plus rare depuis l’avènement des systèmes de balayage avec une zone centrale ayant un pouvoir optique résiduel plus
par fente ou de flying spot [62]. élevé (Fig. 8). Si la zone où la courbure tangentielle cornéenne
est la plus plate est située en dehors du centre de la zone
Traitement
d’ablation, la surface cornéenne correspondant à la pupille
Le traitement est difficile et fait appel à un traitement en d’entrée présente en général une sous-correction et une asymé-
mode thérapeutique (PKT) sous le volet ou à une PKR myopique trie. Quand le décentrement aboutit à une photoablation de la
en utilisant la formule de Munnerlyn. Un nouvel algorithme face stromale du capot, il survient alors un aplatissement
topoguidé décrit par Hafezi et Seiler [63] donne selon les auteurs asymétrique. La traduction optique de cette asymétrie est
de meilleurs résultats et permet de prendre en considération le l’apparition d’un astigmatisme irrégulier qui provoque des
shift sphérique induit par le retraitement. Dans les cas récalci- éblouissements, une diplopie monoculaire, des halos et une
trants, la pose d’une lentille de contact rigide reste parfois le fluctuation de la vision selon la luminosité. Les décentrements
seul moyen permettant aux patients de regagner des lignes sont mieux appréciés en topographie en mode tangentiel. Les
d’acuité visuelle et de diminuer les aberrations optiques décentrements qui n’excèdent pas 0,3 mm n’ont généralement
induites. pas de traduction visuelle significative. Il faut toujours éliminer
la possibilité d’une ectasie, qui peut donner un tableau topogra-
Prévention phique similaire (aspect de décentrement supérieur).
L’incidence des îlots centraux a largement diminué depuis la
généralisation des systèmes à balayage par fente ou par spot. En
Étiologie
se fondant sur l’hypothèse d’une accumulation de liquide Les décentrements peuvent survenir en raison soit d’un
cornéen sous la surface du stroma central pendant la photo- mauvais centrage initial du traitement (shift), soit d’un déplace-
ablation, certains chirurgiens suggèrent de sécher le lit stromal ment peropératoire de la cornée par rapport à sa position
avec une éponge ou une spatule tous les 40 à 50 balayages laser. initiale lors du début de la photoablation (drift). Le shift
D’autres auteurs conseillent de ne pratiquer cet assèchement constitue ainsi un décentrement constant au cours de la
central qu’en cas de signes francs d’hydratation centrale en photoablation, qui peut être lié à une erreur d’alignement ou à
peropératoire. une mauvaise fixation du patient. Le drift survient quand l’œil
bouge involontairement ou quand le chirurgien essaie de
Décentrements corriger un apparent décentrement pendant le traitement. Azar
et Yeh [65] ont montré que les résultats visuels étaient significa-
Le décentrement induit une morphologie asymétrique de la tivement moins bons en cas de drift qu’en cas de shift. L’hydra-
cornée, entraînant des aberrations de haut degré et un astigma- tation non homogène de la surface à ablater, la projection de
tisme irrégulier. Pour pouvoir comprendre et analyser cette gouttelettes d’eau sur l’optique du laser ou la présence de
cicatrices stromales peuvent également être responsables d’un
décentrement.
Traitement médical
Les symptômes d’un décentrement peuvent être soulagés
médicalement. Si la gêne est légère, la correction réfractive par
des lunettes ou des lentilles de contact peut éliminer ou réduire
les images fantômes et les halos qui surviennent en vision
mésopique. Les agents miotiques comme l’Alphagan® entraî-
nent un myosis de 1 à 2 mm d’une durée d’action de 3 heures,
souvent suffisant pour éliminer les halos lumineux en conduite
de nuit. Leur durée d’action diminue toutefois avec l’usage
fréquent (tachyphylaxie). Les symptômes plus importants
peuvent être traités par la pilocarpine (0,5 ou 1 %) mais certains
patients se plaignent alors d’une BAV lorsque la pupille se
rétrécit à plus de 2 mm, ce qui limite l’utilisation de cet agent.
De plus, l’utilisation prolongée de ce traitement peut entraîner
Figure 7. Carte topographique axiale d’un îlot central après Lasik.
des réactions allergiques, des kystes iriens ou des décollements

Ophtalmologie 11
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21-206-A-35 ¶ Complications du Lasik : étiologie, prise en charge et prévention

de rétine. Quand le décentrement est important (supérieur à d’une reproductibilité de la réfraction préopératoire chez les
1 mm du centre de la pupille) des lentilles rigides peuvent être patients porteurs de lentilles de contact. L’obtention de cette
proposées pour éviter le retraitement laser ou la greffe de stabilité peut nécessiter environ 5 semaines chez les porteurs de
cornée. lentilles rigides ou perméables à l’oxygène. Les corrections
cylindriques négatives pures sont associées à une incidence plus
Traitement chirurgical élevée de surcorrections sphériques. Ceci est probablement lié
Le traitement personnalisé guidé par le recueil du front au fait que l’aplatissement voulu du méridien le plus cambré
d’onde est le traitement de choix pour les décentrements accompagne un aplatissement non intentionnel du méridien
sévères (supérieur à 1 mm) [66]. Pour garantir leur réussite, il est plat, à un moindre degré.
nécessaire d’avoir une mesure du front d’onde fiable et repro-
ductible afin de permettre le calcul correct du traitement. Il est Traitement
également conseillé de tester l’amélioration visuelle après la Les sur- et les sous-corrections peuvent être gérées en resou-
pose d’une lentille rigide pour s’assurer de l’étiologie cornéenne levant le capot (même plusieurs mois après la chirurgie) et en
des troubles ressentis. Enfin, il faut s’assurer de l’épaisseur du appliquant un traitement laser complémentaire après avoir
mur résiduel postérieur en tenant compte du fait que l’ablation vérifié par optical coherence tomography (OCT) l’épaisseur du mur
guidée par le front d’onde est plus consommatrice de tissu. postérieur résiduel. De récentes études ont montré l’efficacité et
Lorsque le recueil du front d’onde n’est pas possible, le traite- la prédictibilité d’une reprise par un traitement standard ou par
ment guidé par la topographie cornéenne est une bonne un traitement guidé par le front d’onde de traitements initiaux
alternative et donne des résultats satisfaisants [66]. également standards, ou guidés par le front d’onde [68]. Après
retraitement, 75 % des patients atteignent une AVNC de
Prévention
20/20 ou mieux et plus de 87 % sont à ± 0,50 dioptries de
Le risque de décentrement doit être prévenu en réalisant la l’emmétropie [68]. Plus de 90 % des patients décrits par Jin et
photoablation dans une ambiance lumineuse aussi réduite que al. [71] étaient satisfaits de leur retraitement. Il est très important
possible, afin d’améliorer la fixation du patient. Il faut être de distinguer la régression myopique de l’instauration d’une
particulièrement attentif à l’établissement du centrage au début ectasie cornéenne, en particulier chez les patients présentant un
de l’ablation. Afin d’éviter les effets délétères du drift, il faut traitement initial de forte magnitude.
éviter de pratiquer des mouvements de recentrage itératifs
pendant la procédure. Ceci est particulièrement vrai en cas de Prévention
recentrage tardif [65]. En cas d’ablations profondes et prolongées,
Des mesures précises de la réfraction manifeste et cycloplégi-
il faut encourager verbalement le patient, afin de l’aider à
que sont essentielles pour établir avec précision l’erreur réfrac-
maintenir sa fixation. Les systèmes d’asservissement à la pupille
tive du patient. En cas de fluctuations ou de réfractions
ainsi que la reconnaissance biométrique de l’iris qui équipent
instables, il faut réexaminer les patients, afin d’éviter la
certains lasers ont été conçus afin de prévenir ce type de
survenue de résultats réfractifs inattendus. Le traitement de
décentrement [65]. Les effets des microsaccades oculaires peuvent
l’astigmatisme myopique simple doit être programmé en évitant
ainsi être en principe abolis. Il faut éviter d’utiliser des agents
d’induire une surcorrection.
myotiques ou une trop forte illumination. En effet, ces métho-
des peuvent aboutir à déplacer le centre de la pupille en
supéronasal, et induire ainsi un décentrement qui ne sera révélé Astigmatisme induit/résiduel
qu’au décours de la chirurgie, après disparition du myosis. Pour La correction d’un astigmatisme préopératoire peut aboutir à
le traitement d’un astigmatisme important, il est nécessaire une sous-correction, une accentuation et/ou un changement
d’effectuer un centrage en respectant la cyclotorsion en position d’axe. Les corrections sphériques pures peuvent également
debout, en marquant le méridien horizontal à la lampe à fente induire l’apparition d’une erreur réfractive cylindrique en
car l’alignement de l’œil avec l’axe horizontal peut être modifié postopératoire. Vajpayee et al. [72] ont montré qu’une zone
en position allongée (cyclotorsion). La calibration régulière du optique de moins de 5,5 mm et qu’un astigmatisme préopéra-
laser est également nécessaire au bon centrage du traitement. toire de plus de 0,75 dioptries étaient les facteurs de risque d’un
astigmatisme postopératoire résiduel.
Sur- et sous-correction
Étiologie
Parmi les différents facteurs qui peuvent contribuer à la
relative imprécision du résultat des procédures chirurgicales à Les erreurs de mesures de la réfraction ainsi que le corneal
visée réfractive des variations de la cicatrisation cornéenne, la warpage (syndrome de déformation cornéenne) induit par le
pression atmosphérique, l’humidité et la température ambiante port prolongé de lentilles de contact peuvent conduire à
sont particulièrement importantes à considérer. Certains l’apparition d’une réfraction cylindrique après chirurgie. Celle-ci
patients présentent une sur- ou sous-correction non intention- peut être également induite par une cyclotorsion négligée lors
nelle après Lasik, qui retentit souvent sur l’acuité visuelle non du traitement, ou une photoablation décentrée. Une cyclotor-
corrigée (AVNC). À la différence de la régression, la sur- ou sous- sion de 15° induit théoriquement une perte de 50 % de l’effet
correction est une erreur réfractive qui apparaît rapidement aux de la correction cylindrique, et une erreur de 30° aboutit à
premières visites de contrôle. Les patients initialement myopes l’absence de modification de la magnitude cylindrique (accom-
et qui présentent une réfraction hypermétropique au décours du pagnée toutefois d’une rotation de l’axe de l’astigmatisme). La
Lasik peuvent être gênés par une mauvaise AVNC en vision de survenue d’une cyclotorsion entre la position assise et allongée
loin et de près, et ce particulièrement quand ils sont presbytes. ou après la découpe lamellaire joue donc un rôle important
L’incidence des sur- ou sous-corrections varie dans la littérature dans la diminution de la précision du traitement de
entre 5,5 % et 8,3 % pour les corrections myopiques [67, 68] et l’astigmatisme.
6 % à 20,8 % pour les corrections hypermétropiques [69, 70].
Traitement
Étiologie En fonction de l’importance de l’erreur réfractive induite, un
Les traitements basés sur une erreur de mesure de la réfrac- retraitement peut être envisagé. Il faut bénéficier d’un logiciel
tion préopératoire peuvent conduire à la persistance ou à qui permet le traitement des erreurs cylindriques pures, afin
l’induction d’une erreur réfractive en postopératoire. Ce tableau d’éviter la survenue d’une surcorrection. Les traitements
inclut les erreurs de mesures de la réfraction basées sur une standards et les traitements guidés par le front d’onde semblent
réfraction subjective non cycloplégique chez un patient qui efficaces pour la prise en charge de l’astigmatisme résiduel [68,
accommode, et les erreurs dues à une erreur humaine de 71]. Les résultats des études détaillées dans la prise en charge des

programmation du laser. Un résultat réfractif médiocre peut être sur- et sous-correction incluent la correction de l’astigmatisme
également secondaire à la non-obtention d’une stabilité et résiduel ou induit.

12 Ophtalmologie

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Complications du Lasik : étiologie, prise en charge et prévention ¶ 21-206-A-35

Tableau 6.
Résultats des études sur le Lasik pour les myopies légères, moyennes et fortes.
Auteur Nombre Homme/Femme Âge moyen Années Équivalent sphérique AVNC Équivalent Perte de 2 lignes Régression
(année) d’yeux (%) (range) de suivi préopératoire 5/10 ou sphérique à ou plus de myopique
(dioptries) mieux (%) +/- 1.0 D (%) MAVC (%) moyenne
(dioptries)
Lyle [74] 208 40/60 39,9 (21-68) 2 10,00 - 11,90 89,9 85,50 1,0 - 0,31
(2001) 94 12,00 - 14,00 89,4 86,10 2,1 - 0,42
30 14,10 - 18,00 86,7 70 6,7 - 0,67
Sekundo [75] 33 NA 39,9 (28-59) 6 13,65 (moyenne) 33 46 15,2 - 0,88
(2003)
O’Doherty [76] 23 NA 39,0 5 1,50 - 3,00 91 96 0 - 0,36
(2006) 49 3,12 - 6,00 93 91 0 - 0,41
22 6,10 - 13,00 72 50 0 -1,06
Bahar [77] 172 NA 30,2 (19-50) 3 1,50 - 6,00 99 97 0 + 0,20
(2007) 144 6,25 - 16,00 95 90 0 - 0,30
Kymionis [78] 11 29/71 41,7 (34-50) 11 10,00 - 19,00 46 55 27 - 1,14
(2007)
Kato [79] 779 55/45 34,6 5 0,75 - 14,50 > 90 % et 89 1,3 < -0,5
(2008) Moyenne = -6,40 ± 2,58 < 94 %
AVNC : acuité visuelle non corrigée ; MAVC : meilleure acuité visuelle corrigée.

Prévention éventail des facteurs pouvant influencer le résultat (âge,


hydratation cornéenne, température ambiante) rend difficile
Elle repose sur la réalisation d’un examen soigneux de la
l’obtention de résultats précis pour ces fortes corrections.
réfraction, en s’assurant de sa stabilité. Le marquage préalable à
la lampe à fente d’un des méridiens principaux permet de
faciliter l’orientation correcte du globe sous le microscope
Halos et éblouissements
opératoire, et de prévenir les effets de la cyclotorsion. Les facteurs optiques qui affectent les performances visuelles
sont la diffraction, les amétropies sphérocylindriques et les
Régression aberrations de haut degré. Ces facteurs sont directement liés au
diamètre pupillaire et persistent après correction de l’erreur
La régression de l’effet réfractif est plus fréquemment rappor- réfractive sphérocylindrique. La gêne visuelle nocturne et les
tée après la correction de la myopie forte ou de l’hypermétropie halos lumineux ont été rapportés à une incidence de 10 % à
en Lasik [73]. L’épaisseur du lit stromal résiduel ne permet pas 60 % après les premières chirurgies réfractives, lorsque le
toujours de réaliser une photoablation complémentaire. Il faut diamètre de l’ablation était de 3,5 mm sans zone de transition.
authentifier la régression en réalisant des cartes topographiques Plus récemment, Pop et Payete [80] ont retrouvé 5 % de gêne
différentielles entre les différents examens successifs, afin de la visuelle nocturne persistant 1 an après Lasik dans une popula-
différencier d’une progression naturelle de l’erreur réfractive. Les tion de près de 1 500 yeux. L’augmentation du diamètre
traitements hypermétropiques sont sujets à la régression, en pupillaire joue un rôle certain dans la genèse des éblouissements
raison de l’hyperplasie épithéliale périphérique qui compense et des halos. En général, ces symptômes diminuent avec le
partiellement la cambrure cornéenne centrale induite par le laser. temps, sans qu’il soit facile d’attribuer cette évolution spontanée
Il faut noter qu’en principe, la prise en charge d’une surcorrec- à la diminution de l’irrégularité anatomique sous-jacente ou à
tion après traitement myopique nécessite une moindre ablation une adaptation cérébrale du patient. Une faible proportion de
hypermétropique. Ceci est lié à l’amélioration des caractéristi- patients ne signale aucune amélioration avec le temps. Ces
ques de la jonction entre la zone centrale cambrée et la zone patients peuvent être handicapés pour la conduite nocturne,
périphérique dans ce contexte. Le Tableau 6 rapporte l’incidence malgré l’obtention d’une bonne acuité visuelle sans correction
de la régression selon les principales études des 10 dernières pour les forts contrastes. En effet, une diminution de la
années avec un recul allant jusqu’à 11 ans [74, 75, 79]. sensibilité au contraste peut entraver la conduite de nuit ou en
Étiologie accroître le risque.

Elle implique l’hyperplasie épithéliale ou sous-épithéliale et Étiologie


l’hyperplasie stromale, qui aboutissent à l’augmentation de la La transformation de la géométrie prolate cornéenne en
cambrure cornéenne centrale. Toutefois, il est difficile d’attri- géométrie oblate après chirurgie réfractive démyopisante
buer un rôle prédominant à ces différents mécanismes pour explique l’apparition d’aberrations de haut degré. Ainsi, quand
expliquer la survenue de cette complication postopératoire. la pupille se dilate et atteint un diamètre plus large que celui de
Parfois, des patients dont l’erreur réfractive semble être stabilisée la zone optique, les rayons lumineux réfractés par la périphérie
avant la chirurgie, peuvent en fait présenter une progression de cornéenne ne sont pas focalisés au même endroit que les rayons
celle-ci des mois après la procédure. Ceci est particulièrement centraux, ce qui induit l’apparition d’un flou concentrique. Les
l’apanage des patients jeunes. petites zones optiques, les diamètres pupillaires larges ainsi que
la correction des fortes erreurs réfractives sont associés à un
Traitement
risque accru d’aberrations. Pour les fortes myopies, la différence
Aucune donnée publiée ne confirme l’intérêt de l’application importante de courbure entre les zones traitées et non traitées
topique de corticoïdes afin de réduire la réponse cicatricielle et explique ces aberrations. Les astigmatismes importants génèrent
la cambrure cornéenne induite. La réalisation d’un retraite- également des aberrations de haut degré en raison du périmètre
ment [68, 71] doit être prudente, et prendre en compte la mesure ovale de la photoablation qui comporte un diamètre de zone
par OCT du mur résiduel stromal postérieur. optique généralement plus réduit dans l’axe du méridien
cambré. De plus, certaines causes importantes d’aberrations
Prévention optiques de haut degré, génératrices de halos et d’éblouisse-
L’utilisation de nomogrammes spécifiques par les chirurgiens ments, sont les décentrements infracliniques (inférieurs à 1 mm)
peut permettre de mieux cerner les indications des photoabla- et/ou les traitements uniquement basés sur la loi de Munnerlyn.
tions pour les corrections importantes. Toutefois, le large Les plis de capot, une simple myopie résiduelle ou la sécheresse

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21-206-A-35 ¶ Complications du Lasik : étiologie, prise en charge et prévention

oculaire et l’irrégularité de la surface épithéliale peuvent traitement par Lasik guidé par le front d’onde. En raison des
également contribuer à l’apparition de symptômes à type de différentes méthodes utilisées, il est difficile de comparer ces
halos ou d’éblouissement nocturnes. études portant sur l’appréciation de la sensibilité au contraste.
Il est également difficile de relier directement à la perte de la
Traitement sensibilité au contraste, les plaintes des patients comme les
Pour pouvoir bien traiter les symptômes liés aux aberrations éblouissements et les halos.
de haut degré, il est important d’en retrouver l’étiologie. S’ils
sont provoqués par un décentrement, des plis de capot ou une Perte de la meilleure acuité visuelle
sécheresse oculaire, leur prise en charge est spécifique et corrigée
détaillée dans d’autres paragraphes de ce document. Par exem-
L’incidence des pertes supérieures ou égales à deux lignes de
ple, la lubrification de la surface oculaire avec des larmes
MAVC après Lasik varie entre 0 % et 27 % (Tableaux 1 et 6).
artificielles ou la pose de bouchons lacrymaux, peut parfois
Elle est plus importante pour la correction des grandes erreurs
aboutir à une amélioration franche des symptômes visuels liés
réfractives, et pour la correction des astigmatismes composés.
à une sécheresse de la surface oculaire. Si la topographie
Les études de O’Doherty et al. et de Bahar et al. trouvent une
cornéenne et l’aberrométrie mettent en évidence une petite
incidence de 0 % de perte de deux lignes ou plus de MAVC
zone optique ou une pupille de grand diamètre, un traitement
pour les faibles amétropies [76, 77]. Le taux de 27 % rapporté par
médical consistant en l’administration de myotiques légers peut
Kymionis et al. se rapporte à la correction d’amétropie entre
améliorer la performance au cours de certaines activités noctur-
10 et 19 dioptries, 11 ans après Lasik [78]. La comparaison entre
nes comme la conduite. Il est également possible de conseiller
les différentes études publiées peut s’avérer difficile, car certaines
aux patients de maintenir allumé l’éclairage intérieur pendant
prennent en compte la MAVC (lunettes ou lentilles) alors que
la conduite de nuit, afin d’induire une constriction de la pupille
d’autres mesurent uniquement la MAVC en lunettes. Lin et
et d’améliorer les symptômes visuels. Quelques arguments
al. [5] ont rapporté une perte de MAVC inférieure à deux lignes
plaident en faveur de l’obtention d’une réduction du diamètre
secondaire à des complications de la découpe du capot, sans
mésopique pupillaire par la brimonidine en collyre (Alphagan®).
mentionner d’autres types de complications. Davidorf et al. [84]
Les lentilles de contact colorées avec des pupilles artificielles,
ont rapporté un taux plus élevé de perte de MAVC avec les
ainsi que les verres de lunettes teintés en jaune sont également
traitements hypermétropiques. L’ensemble des complications
à même de procurer la réduction de ce type de symptômes. La
décrites dans cet article peut être source d’une diminution de la
pose d’une lentille de contact rigide correctement centrée peut
MAVC, qu’elle soit temporaire ou permanente. La constatation
aussi aboutir à un élargissement de la zone optique utile, et être
d’une perte de la MAVC peut permettre ainsi le dépistage
une solution adaptée dans certains cas. Enfin, les aberrations
précoce de certaines complications, et prévenir l’installation de
optiques post-chirurgie réfractive peuvent être réduites en
séquelles définitives.
élargissant les zones d’ablation, en utilisant les profils d’ablation
guidés par le recueil du front d’onde ou la topographie cor-
néenne [81]. Il n’existe pas de consensus sur la supériorité d’une
Sécheresse oculaire
des deux techniques de « guidage » pour la prise en charge de Une majorité de patients se plaint de sécheresse oculaire après
ces complications, les deux ayant leurs limites, essentiellement Lasik et la plupart d’entre eux présentent une kératite ponctuée
liées à la difficulté d’une mesure topographique ou aberromé- superficielle [84] (KPS). Dans une étude récente [85] portant sur
trique fiable sur des surfaces cornéennes fortement irrégulières. 83 yeux, 35 (42,2 %) présentaient un dépôt circulaire cornéen
marron, de densité variable, situé à la lisière de la zone d’abla-
Prévention tion au niveau de l’épithélium cornéen du capot après Lasik.
Le diamètre de la pupille peut être évalué grâce à l’utilisation L’aspect de cette ligne ferrique était corrélé de façon positive
d’une échelle Rosenbaum, à l’aide du pupillomètre à infrarouge avec le délai post-chirurgie (supérieur à 3 mois) et l’équivalent
Colvard ou par mesure aberrométrique. Il faut réduire sphérique préopératoire [85] (supérieur à -4,5 dioptries). Ce signe
l’ambiance lumineuse de la pièce où on mesure le diamètre de reflète probablement une altération de la répartition des larmes
la pupille, pour mimer des conditions d’éclairage mésopique. en surface de la cornée, causée par l’aplatissement cornéen
Les patients qui présentent un diamètre pupillaire de plus de central. Il peut également être associé à la formation d’un îlot
6 mm dans ces conditions doivent être particulièrement central. De même, un anneau aux caractéristiques similaires est
informés des risques de dégradation de la vision nocturne après habituellement rencontré après les ablations hypermétropiques.
Lasik. Les profils d’ablation comportant de larges zones optiques Étiologie
et la réalisation d’une zone de transition adaptée ont permis de
réduire l’incidence des éblouissements nocturnes. Plus récem- La sécheresse oculaire après Lasik peut être induite par une
ment, les algorithmes de traitement permettant de préserver un diminution de la sensibilité cornéenne liée à la section des nerfs
profil cornéen prolate en postopératoire semblent permettre une cornéens, avec diminution consécutive du taux de clignement.
diminution des aberrations de haut degré induites par la Une lésion de la surface limbique provoquée par l’anneau de
chirurgie (Holladay, El Danasoury, communication personnelle, succion avec altération des cellules caliciformes, constitue une
European Society of Cataract and Refractive Surgery [ESCRS] autre étiologie possible. Le sexe féminin, la race asiatique, un
2009). Les mesures préventives précédemment citées dans le but syndrome sec préexistant et le port prolongé de lentille de
de prévenir les décentrements et les îlots centraux s’appliquent contact sont les facteurs de risque de sécheresse post-Lasik [86]. Le
également afin d’optimiser la qualité visuelle en postopératoire. rôle joué par la localisation et la taille de la charnière dans
Certains chirurgiens incitent leurs patients à rechercher et l’obtention d’un syndrome sec postopératoire est controversé [87].
identifier des symptômes d’éblouissement, de halo ou de Traitement
scintillement nocturne avant l’opération. Ceci peut permettre
d’éviter à certains d’attribuer à la chirurgie des aberrations La plupart des patients rapportent une diminution des
optiques préexistantes. symptômes quelques semaines après la chirurgie. La prescription
de collyres lubrifiants diminue la sensation d’irritation oculaire
dans l’intervalle. L’utilisation de larmes artificielles contenant de
Diminution de la sensibilité au contraste la carmellose, la ciclosporine 0,05 % (Restasis®) ou la pose de
Une diminution de la qualité de la vision proportionnelle à bouchons lacrymaux sont des alternatives thérapeutiques au
la diminution des contrastes et à la taille de la pupille, a été syndrome sec post-chirurgie réfractive. La nécessité d’utilisation
récemment mise en évidence par Holladay et al. [82]. De même, de sérum autologue post-Lasik est exceptionnelle puisque la
Yamane et al. ont montré une diminution de la sensibilité au majorité des cas relevant de ce type de traitement doivent être
contraste post-Lasik pour toutes les fréquences spatiales entre détectés en préopératoire. Lorsque nécessaire, un traitement par
3 et 18 cycles par degré [83]. Plus récemment, des études ont sérum autologue à 20 % stabilise le film lacrymal et diminue le
montré une amélioration de la sensibilité au contraste après taux de kératite ponctuée superficielle 6 mois après Lasik [88].

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Complications du Lasik : étiologie, prise en charge et prévention ¶ 21-206-A-35

Prévention
Le traitement en préopératoire de tout syndrome sec et de
toute pathologie de la surface oculaire (meibomite, blépharite,
keratite ponctuée superficielle, etc.) est essentiel dans la
prévention d’une sécheresse oculaire post-Lasik. Certains
chirurgiens ont préconisé à titre prophylactique la pose de
bouchons lacrymaux à la fin de chaque procédure Lasik, afin
d’augmenter le volume du ménisque lacrymal dans la phase
postopératoire précoce. Une réduction progressive des corticoï-
des locaux peut également améliorer les symptômes liés à la
sécheresse oculaire dans cette période.

Kératites infectieuses et infiltrats stériles


L’incidence des kératites infectieuses après Lasik varie entre
0 % et 0,2 % [3, 5, 7] . Ce faible risque infectieux a conduit
certains chirurgiens à ne plus s’astreindre à l’utilisation d’un
environnement stérile pour la réalisation du Lasik. S’il n’a pas
été prouvé que ce type de conduite a accru le taux d’infections,
il s’agit néanmoins d’une pratique risquée sur le plan médico-
légal. Étant donné que des infections bilatérales et des endoph-
talmies ont été rapportées dans ses suites, le Lasik devrait être
pratiqué avec les mêmes précautions que les autres procédures
chirurgicales ophtalmologiques. Des infections fongiques [89] et
des kératites à mycobactéries ont été décrites [90]. Une revue de Figure 9.
la littérature réalisée par Chang et al [91] en 2004 retrouve A. Kératite lamellaire diffuse, 2 jours après Lasik.
106 cas de kératite infectieuse chez 90 patients opérés par Lasik. B. Coalescence centrale d’une kératite lamellaire diffuse, avec cicatrice
Quarante neuf pour cent d’entre eux ont présenté une sympto- dense et fonte stromale, 5 jours après Lasik.
matologie 7 jours post-chirurgie et 96,2 % avaient un infiltrat
cornéen à l’examen. Dans 53,7 % des cas, une bactérie à Gram
positif a été mise en évidence par culture. Le reste des cas était
tissulaire, aggravée par des médiateurs de l’inflammation de la
essentiellement lié à des infections causées par des mycobacté-
surface oculaire [94]. L’examen du patient à j1 post-Lasik est
ries atypiques. L’acuité visuelle finale était détaillée chez 99 des
essentiel pour la détection précoce de la DLK. La présence d’une
106 yeux décrits. Une BAV non significative a été retrouvée
réaction granulaire fine blanchâtre indolore en périphérie
dans 55,6 % des cas ; 25,3 % avaient une BAV modérée et
cornéenne fait poser le diagnostic. Il est très rare de trouver une
24,7 % une BAV sévère. Parfois, la présence d’infiltrats stériles
DLK après 48 heures sans facteur ayant déclenché son appari-
peut être notée au niveau du bord du capot. Ces infiltrats
tion (trauma, conjonctivite virale, hypertonie cortisonique).
peuvent être favorisés par l’existence d’une blépharite liée à une
Quatre stades ont été décrits :
rosacée oculaire ou non, d’un œil sec, de l’utilisation d’AINS en
• stade 1 : réaction granulaire fine blanchâtre en périphérie
collyre, ainsi que de connectivites méconnues. Il est difficile de
cornéenne, épargnant l’axe visuel ;
distinguer par leur apparence ces infiltrats de ceux causés par les
• stade 2 : réaction granulaire fine blanchâtre touchant l’axe
infections, et la plus grande vigilance doit être de mise devant
visuel et la périphérie. Il est retrouvé usuellement 48 à
la survenue de ce type de complications.
72 heures après la chirurgie ;
Tout infiltrat inflammatoire apparu dans les suites d’un Lasik
• stade 3 : agrégation cellulaire plus dense, blanchâtre, au
doit être considéré comme infectieux jusqu’à preuve du
niveau de l’axe visuel avec éclaircissement de la périphérie. Il
contraire. Il faut instaurer le traitement rapidement, après mise
s’accompagne de BAV d’une ou deux lignes. Ce stade est
en culture bactérienne des prélèvements locaux. Parfois, il est
essentiel à identifier car il pose l’indication d’une reprise
nécessaire de resoulever le capot pour mettre en culture les
chirurgicale pour lavage de l’interface ;
prélèvements réalisés à ce niveau, et irriguer copieusement
• stade 4 : fonte stromale et cicatrice permanente. Agrégation
l’interface. Le traitement correspond à celui de l’abcès cornéen
de cellules inflammatoires et diffusion de collagénases
septique. Dans les cas extrêmes où l’absence de réponse au
entraînant une accumulation liquidienne entre les lamelles de
traitement a conduit à une nécrose sévère du capot, celui-ci
collagènes. Il n’y a pas d’indication à ce stade de faire un
peut être excisé.
lavage chirurgical, celui-ci pouvant entraîner une perte
tissulaire plus importante.
Kératite lamellaire diffuse Les stades 1 et 2 sont traités par l’instillation horaire de
La kératite lamellaire diffuse [92] (diffuse lamellar keratitis, corticoïdes et la résolution se fait en 7 à 10 jours habituelle-
DLK), est caractérisée par la prolifération de cellules inflamma- ment. Il est important à ce stade de bien contrôler la pression
toires au niveau de l’interface (Fig. 9). Une étude canadienne sur intraoculaire pour éliminer le risque d’hypertonie cortisonique
2 ans, et 72 000 procédures a retrouvé un taux de DLK de associée pouvant compliquer la DLK. Dès qu’un stade 3 est
0,67 % [93]. Parmi les hypothèses causales, l’introduction dans identifié (survenant en général 72 heures post-chirurgie) il est
l’interface de corps étrangers a été recherchée par microscopie recommandé de resoulever le capot pour effectuer un lavage de
confocale. Une réaction d’hypersensibilité à des protéines l’interface. Le grattage de l’interface doit être évité. La cortico-
bactériennes accumulées dans les autoclaves, la présence de thérapie topique horaire est progressivement diminuée parallè-
defects épithéliaux, un contact stromal avec des sécrétions lement à l’amélioration clinique. Le stade 4 est uniquement
meibomiennes ou de la bétadine, sont les autres possibles traité par corticothérapie, le soulèvement du capot semblant
étiologies. Les premiers lasers femtosecondes entraînaient plus aggraver la fonte stromale.
de DLK que les microkératomes mécaniques en raison probable-
ment d’une réponse inflammatoire plus intense au niveau de Syndrome de fluide dans l’interface
l’interface, mais l’incidence a considérablement été réduite avec
les systèmes de découpe plus rapide à faible énergie (60 kHz et Le syndrome de fluide de l’interface (interface fluid syndrome
plus) [56]. La DLK post-découpe au laser femtoseconde semble [IFS]), initialement décrit en 1999 [95], est une complication rare
différente de la DLK retrouvée après découpe mécanique et est du Lasik caractérisée par l’apparition d’une collection liqui-
causée par l’inflammation attribuée à la photodisruption dienne dans l’interface du capot (Fig. 10). Environ 80 cas (de

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antérieur pose le diagnostic par la mise en évidence de liquide


dans l’interface du capot. Des pressions intraoculaires (PIO)
faussement basses sont mesurées par le tonomètre de Gold-
mann, la pression mesurée étant en fait celle qui règne au
niveau du liquide de l’interface. La mesure de la PIO par
applanation en périphérie de la cornée est recommandée dans
ces cas pour poser le diagnostic.

Autres complications
Les autres complications rapportées incluent un risque accru
de formation de cataracte, un effet délétère au niveau du
comptage cellulaire endothélial, une hémorragie maculaire,
unilatérale [97] ou bilatérale, une difficulté d’adaptation aux
lentilles de contact et une difficulté pour le calcul de la
puissance des implants intraoculaires pour les patients devant
subir une intervention de cataracte [98]. Une large étude portant
sur 29 916 yeux [42] ayant subi un Lasik a montré une faible
incidence ultérieure des affections vitréorétiniennes (0,06 %),
confirmant ainsi les publications antérieures mentionnant le
faible risque de complication rétinienne sérieuse induite par le
Lasik [8].

■ Conclusion
La chirurgie réfractive au Lasik présente un taux de succès
très élevé. Toutefois, elle implique une exigence de sécurité très
élevée, car il existe un risque potentiel à chaque fois que cette
procédure est réalisée sur des yeux par ailleurs relativement
sains. Ces risques peuvent être réduits en tirant les leçons des
erreurs commises précédemment, en analysant les résultats de
cette chirurgie, et en utilisant les innovations avec prudence, de
Figure 10. Syndrome de fluide dans l’interface post-Lasik. 1. Accumu- façon sage et éthique. Les auteurs qui ont rapporté les compli-
lation de liquide dans l’interface ; 2. limite du capot. cations rencontrées ont, en partageant leur expérience avec le
reste de la communauté des chirurgiens réfractifs, permis de
compléter notre connaissance concernant cette procédure
chirurgicale relativement nouvelle. Ceci a permis d’améliorer de
53 patients) ont été rapportés durant ces 10 dernières
façon continuelle la technique du Lasik, et de jeter les bases
années [96]. Plusieurs causes sont incriminées dans la survenue
pour l’établissement de nouvelles stratégies plus efficaces et
de cette complication :
sûres pour la correction des futurs opérés.
• une augmentation de la pression intraoculaire suivant
l’instillation de corticoïdes ;
• une diminution de la fonction endothéliale ; Remarques
• toute cause d’œdème cornéen (uvéite, kératite, etc.).
Les sujets atteints se plaignent de baisse d’acuité visuelle Méthodes utilisées pour la recherche dans la littérature : dans
survenant 1 semaine à quelques mois après la réalisation du cette revue, nous avons sélectionné les articles pertinents
Lasik. Cliniquement, la cornée présente un aspect de haze concernant le Lasik publiés dans des revues à comité de lecture.
central et paracentral au niveau de l’interface qui peut être Une recherche dans la base de données PUBMED (National
facilement confondu avec l’aspect granulaire d’une kératite Library of Medicine) a été effectuée pour identifier tous les
diffuse lamellaire. Les cornées atteintes peuvent également articles publiés sur le Lasik jusqu’en septembre 2009. Le terme
présenter une accumulation liquidienne entre le capot et le laser in situ kératomileusis et le mot clé kératomileusis ont été
stroma résiduel. utilisés afin d’obtenir une enquête large et sensible. Tous les
La plupart des cas d’IFS sont dus à une hypertonie oculaire abstracts ont été revus avec attention pour sélectionner les
(HTO) corticodépendante ; l’HTO entraîne une transduction articles écrits en anglais et portant soit sur les complications du
liquidienne à travers l’endothélium cornéen et le lit stromal Lasik, soit sur les résultats de séries cliniques. Certains articles
résiduel avec accumulation au niveau de la zone hypocellulaire de langue non anglaise ont été inclus quand cela a été jugé
que représente l’interface. Ces patients ne répondent donc pas nécessaire. Des copies des articles in extenso ont été obtenues.
aux corticostéroïdes et s’améliorent à l’arrêt des corticoïdes et/ou Environ 305 articles ont ainsi été revus. À cause des limites de
à l’instauration d’un traitement hypotonisant [96]. Les autres l’édition à 100 références par texte, seuls les 100 articles qui
causes d’IFS telles que l’insuffisance endothéliale (Fuchs ou nous ont paru les plus pertinents ont été cités.
traumatique chez les pseudophaques) entraînent une atteinte .

persistante, nécessitant parfois la réalisation d’une greffe


endothéliale. ■ Références
Trois stades d’IFS ont été différenciés [96] :
[1] Holland SP, Srivannaboon S, Reinstein DZ. Avoiding serious corneal
• stade 1 : œdème de l’interface minime à modéré sans haze ; complications of laser assisted in situ keratomileusis and
• stade 2 : œdème de l’interface modéré à sévère associé à un photorefractive keratectomy. Ophthalmology 2000;107:640-52.
haze diffus non granulaire ; [2] Albelda-Vallés JC, Martin-Reyes C, Ramos F, Beltran J, Llovet F,
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un diagnostic précoce et la confusion avec une kératite lamel- ment of intraoperative and early postoperative complications in 1000
laire diffuse peuvent entraîner l’augmentation des doses de consecutive laser in situ keratomileusis cases. Ophthalmology 1998;
corticoïdes et l’aggravation de l’état clinique. L’OCT de segment 105:1839-47 discussion 47–8.

16 Ophtalmologie

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Complications du Lasik : étiologie, prise en charge et prévention ¶ 21-206-A-35

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A. Saad.
Fondation ophtalmologique Adolphe de Rothschild, 25, rue Manin, 75019 Paris, France.
Centre d’expertise et de recherche en optique clinique (CEROC), Paris, France.
D. Azar.
Department of Ophthalmology and Visual Sciences, University of Illinois at Chicago, Chicago, Illinois 60612, États-Unis.
S. Melki.
Massachusetts Eye and Ear Infirmary, Harvard Medical School, Boston, Massachusetts 02114, États-Unis.
D. Gatinel (gatinel@aol.com).
Fondation ophtalmologique Adolphe de Rothschild, 25, rue Manin, 75019 Paris, France.
Centre d’expertise et de recherche en optique clinique (CEROC), Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Saad A., Azar D., Melki S., Gatinel D. Complications du Lasik : étiologie, prise en charge et prévention.
EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Ophtalmologie, 21-206-A-35, 2010.

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