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Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université d’Alger
Faculté de Médecine
Département de Médecine Dentaire

Les lésions interradiculaires:


Diagnostic - Classification

Cours de 4ème année Parodontologie. Présenté par Dr. S.HAMDI.


Année universitaire 2022 - 2023.
Plan

Introduction.

1. Aspects anatomiques.

2. Etiologies.

2.1. Facteurs locaux.

2.1.1. Inflammation.

2.1.2. Facteur occlusal.

2.1.3. Facteurs anatomiques et morphologiques.

2.1.4. Facteurs histologiques.

2.1.5. Pathologies d’origine dentaire.

2.1.6. Facteurs iatrogènes.

2.1.7. Tabagisme.

3. Classification des lésions interradiculaires.

3.1. Classification de Glickman (1958).

3.2. Classification de Hamp et al 1975.

3.3. Classification de Tarnow et Fletcher (1984).

3.4. Classification de Hou et al.

4. Diagnostic.

4.1. Examen clinique.

4.2. Examen radiologique.

5. Diagnostic différentiel.

6. Pronostic.

Conclusion.

Bibliographie.

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Introduction

La maladie parodontale cause la destruction des tissus durs et mous de soutien de la dent. Au niveau des
dents pluriradiculées, cela peut se traduire par une exposition de la furcation.

Cette zone a une anatomie complexe et est difficile d’accès pour le patient comme pour le praticien.

Cela se traduit par un contrôle de plaque souvent médiocre qui alimente l’inflammation et la progression
de la maladie.

1. Aspects anatomiques

Les lésions intéressant l’espace interradiculaire (furcation) des dents pluri-radiculées sont appelées :
lésions interradiculaires.

La connaissance de l'anatomie des dents pluriradiculées est essentielle afin d'identifier correctement la
présence de lésion interradiculaire.

- Le complexe radiculaire de la dent est défini comme étant la partie localisée apicalement par rapport à
la jonction émail-cément, il comprend le tronc cervical dentaire ou radiculaire, la furcation et la région
interradiculaire.

- Le tronc cervical dentaire est défini comme la partie de la dent située entre le collet anatomique et la
région interradiculaire.

- La furcation d'une dent pluriradiculée correspond au point de divergence de ses racines, elle est limitée
en haut par le tronc cervical dentaire et en bas par les racines dentaires.

- La région interradiculaire est délimitée latéralement par les parois radiculaires, son sommet est le point
de séparation des racines (farcation) et sa base, le septum osseux interradiculaire.

Les lésions interradiculaires sont considérées comme une évolution de la maladie parodontale. La
formation d'une poche parodontale apicalement à la furcation entraine une destruction osseuse qui se fait
principalement au centre du septum osseux interradiculaire et le long du ligament desmodontal.

2. Etiologies

2.1. Facteurs locaux

2.1.1. Inflammation

La plaque bactérienne est le facteur principal des lésions parodontales, conduisant dans certains cas à la
formation d'une poche et à une lyse osseuse.

Les molaires, par leur anatomie, sont de véritables niches écologiques ou les bactéries pathogènes peuvent
se développer.

2.1.2. Facteur occlusal

Bien que controversé, il ne peut être ignoré. Les molaires, en effet, sont parfois soumises à des forces
latérales exercées lors des mouvements non travaillants, auxquelles elles ne peuvent échapper, au contraire
des incisives, par exemple, qui migrent sous l'effet des forces occlusales. Ces forces de va-et-vient sont

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connues pour être destructrices pour le parodonte lorsqu'une parodontite d'origine bactérienne est présente.
La correction des éventuelles prématurités et interférences est un préalable nécessaire.

2.1.3. Facteurs anatomiques et morphologiques

Plusieurs particularités morphologiques liées à la furcation ou aux racines des molaires contribuent à
l'étiologie des lésions interradiculaires.

- Projections, nodules et perles d’émail

Les formations ectopiques d’émail sont considérées comme le résultat d’une activité localisée des cellules
de la gaine épithéliale de Hertwig (GEH) qui, en présence de conditions inconnues, se différencieraient en
améloblastes, produisant des anomalies de développement.

Les projections d’émail correspondent à une extension, de forme plus ou moins fuselée, de l’émail
coronaire vers l’espace interradiculaire.

Les nodules plus ou moins sphériques, appelés parfois perles d’émail, sont essentiellement observés au
niveau de la zone de furcation des deuxièmes et troisièmes molaires entre les racines distovestibulaire et
palatine.

Ces anomalies, en raison de l’absence d’une attache conjonctive à leur niveau, semblent favoriser une
progression rapide et profonde de l’alvéolyse.

- Hauteur du tronc cervical dentaire : plus le tronc radiculaire est long, plus la destruction de l’os
alvéolaire est tardive.

- Variations de la situation et de la morphologie de l'espace interradiculaire : lorsque l'espace inter-


radiculaire est étroit, le contrôle de plaque est difficile et les thérapeutiques conservatrices ou chirurgicales
présente un mauvais pronostic.

- Malpositions dentaires, proximités radiculaires et les concavités radiculaires favorisent la rétention


du biofilm bactérien.

2.1.4. Facteurs histologiques

Le desmodonte de cette zone est lâche, et les fibres s'insèrent de cément à cément et non d'os à cément.

2.1.5. Pathologies d’origine dentaire

- Lésions carieuses : situées dans les zones de furcation rendent le pronostic très défavorable.

- Lésion pulpaire : la présence de canaux pulpo-parodontaux au niveau de la zone de furcation peut


donner accès aux produits issus de la nécrose ou de l’infection pulpaire.

- Lésion traumatique : les fêlures, les fractures, les perforations, s’observent souvent au niveau des
pluriradiculées, en raison de l’anatomie radiculaire (forme, largeur, dimension du tronc cervical…).

2.1.6. Facteurs iatrogènes

Surcontours, limites sous gingivales des restaurations, perforation du plancher pulpaire (traitement
endodontique).

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2.1.7. Tabagisme

Mullay et Linden (1996) constatent que les fumeurs consommant en moyenne 18 cigarettes par jour
présentent 4,6 fois plus de chance d’atteinte des furcations que les non-fumeurs.

3. Classification des lésions interradiculaires

De nombreux auteurs ont proposé des classifications des lésions interradiculaires d'origine parodontale.

3.1. Classification de Glickman (1958)

Glickman a établi une classification distinguant 4 classes :

- lésion de classe I : désigne une perte osseuse horizontale modérée, qui n’est pas visible
radiologiquement avec une lésion des tissus mous et une gencive qui peut être fibreuse;

- lésion de classe II : l’os est détruit partiellement dans un sens horizontal et vertical. Une partie
du parodonte est encore intacte ne permet qu’une pénétration partielle de la sonde;

- lésion de classe III : la destruction est totale mais obstruée par la gencive;

- lésion de classe IV: lésion ouverte.

3.2. Classification de Hamp et al 1975

Cette classification est la plus employée, elle a l'avantage d'être très simple, elle tient compte de
l'importance de la destruction osseuse horizontale :

- classe I (initiale) : lyse osseuse horizontale inferieur à 03 mm ;

- classe II (partielle) : lyse osseuse horizontale supérieure à 3 mm non transfixante ;

- classe III (totale) : l'atteinte est de part en part, et la sonde peut entièrement passer entre les racines ( lyse
osseuse transfixiante).

3.3. Classification de Tarnow et Fletcher (1984)

Pour chaque degré d’atteinte furcatoire, il existe une subdivision basée sur la quantité de destruction
tissulaire verticale :

- degré A : perte osseuse verticale inférieure à 3mm;

- degré B : perte osseuse verticale comprise entre 3 et 6mm;

- degré C : perte osseuse verticale supérieure à 6mm.

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3.4. Classification de Hou et al

Hou et al ont développé une classification fondée sur la hauteur du tronc dentaire cervical par rapport à la
hauteur radiculaire. Trois types sont ainsi définis:

• type A: tronc radiculaire ≤ 1/ 3 de la hauteur radiculaire;

• type B: tronc radiculaire > 1/2 de la hauteur radiculaire mais < 2/3;

• type C: tronc radiculaire > 2/3 de la hauteur radiculaire.

4. Diagnostic

Le diagnostic des lésions interradiculaires est délicat. Il doit être le plus précis possible car le pronostic et
les décisions thérapeutiques en dépendent. Il est réalisé en combinant l’évaluation clinique et
radiographique.

4.1. Examen clinique

Le sondage est l'élément principal de l'examen clinique. Le sondage " vertical ", à l'aide d'une sonde
parodontale, met en évidence la présence d'une poche parodontale et la relation entre la perte d'attache et
la zone inter-radiculaire.

Le sondage " horizontal ", à l'aide d'une sonde courbe (sonde de Nabers n° 2), qui par sa forme et sa
graduation permet un accès à la région furcatoire et une quantification de la perte osseuse horizontale.

Pour les molaires inférieures l’abord est vestibulaire et lingual alors que pour les molaires supérieures
l’abord est vestibulaire, mésial et distal. Pour la division vestibulaire des molaires supérieures, la sonde
peut buter sur la racine palatine.

L’exploration chirurgicale par l’élévation d’un lambeau permet aussi de juger l’atteinte furcatoire et de
visualiser le niveau osseux.

4.2. Examen radiologique

L'examen radiologique est un complément indispensable à l'élaboration du diagnostic.

Pour mieux visualiser l’atteinte interradiculaire, l’examen radiologique doit être pratiqué avec un appareil
long cône et des clichés rétro-alvéolaires pris à l'aide d'un angulateur de Rinn, et des clichés de type Bite-
wing. Les radiographies peuvent être prises avec des sondes ou cônes de gutta en place pour objectiver
l'étendue des lésions. La prise de plusieurs clichés rétro-alvéolaires, sous différentes incidences, permet
d'évaluer : la divergence radiculaire, la proximité radiculaire, la configuration radiculaire, la hauteur du
tronc dentaire cervical et la hauteur et la largeur de l'espace inter-radiculaire en relation avec l'os
alvéolaire. La radiographie peut donner des indications incomplètes, surtout pour les molaires maxillaires
dont les trois racines se superposent.

L’examen par cone beam permet de visualiser les atteintes osseuses sous différentes coupes et avec une
reconstitution en 3D.

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L'observation d'un grand nombre de molaires de patients présentant une parodontite a conduit Ross et
Thompson aux conclusions suivantes : les lésions inter-radiculaires sont fréquentes et atteignent trois fois
plus fréquemment les molaires maxillaires que mandibulaires. Pour Larato , sur les molaires maxillaires,
la furcation vestibulaire est la plus souvent atteinte, suivie respectivement de la furcation mésiale et de la
furcation distale.

5. Diagnostic différentiel

Il est nécessaire avant d’entreprendre le traitement de réaliser un diagnostic différentiel afin de déceler la
ou les origines de la lésion furcatoire.

- Pathologies pulpaires

La nécrose pulpaire peut engendrer une destruction tissulaire au niveau des apex, mais aussi dans la zone
furcatoire, notamment lors de la présence de canaux accessoires à cet endroit. Il est nécessaire de
déterminer l’origine de la lésion qui peut être endodontique, parodontale ou mixte afin d’adapter les
traitements.

Les tests de vitalité pulpaire, les moyens adjuvants comme le cône de gutta en radiographie, l’analyse
occlusale sont des examens complémentaires indisponsables dans l’établissement du diagnostic.

6. Pronostic

Le pronostic des dents multiradiculées, lorsqu’elles présentent une lésion interradiculaire, est beaucoup
plus mauvais que celui de toutes les autres dents. Il est lié aux différentes techniques de traitement et
surtout à la compétence du praticien à poser les bonnes indications thérapeutiques.

Conclusion

La progression de la parodontite, peut atteindre la zone interradiculaire des dents pluriradiculées.


L'anatomie complexe de la région furcatoire facilite l'adhésion et la croissance du biofilm bactérien.

Les problèmes d'accessibilité de la furcation, la présence de concavités, de sillons, de perles d'email ou de


tout autre élément tourmentant l'architecture de cette zone, constituent autant de facteurs limitant le
pronostic à moyen et à long terme de ces dents. Elles doivent donc faire l'objet d'une prise en charge
particulière.

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Classe I Classe II Classe III

Classification de Hamp et al 1975

Classification de Hou et al

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Bibliographie

1. Borghetti, A., Monnet-Corti, V. Amputation radiculaire. EMC-Odontologie. 1994; 23-061-A-10.

2. Bouchard, P. Parodontologie Dentisterie implantaire : Volume 1 : Médecine parodontale. Lavoisier


Médecine. Paris 2015.

3. Campard, G., Verner, C. Les atteintes de furcations : quelles stratégies pour quel résultat ? Journal de
Parodontologie et d’Implantologie Orale. Vol. 32 N°3.

4. Glickman, I. Parodontologie clinique. Edition PRELAT 1983.


5. Herbert, F., Wolf, Edith, M., Rateitschk. Parodontologie. Edition Masson 2004.

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Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Université d’Alger
Faculté de Médecine
Département de Chirurgie Dentaire

Les lésions interradiculaires :


thérapeutiques

Cours de 4ème année Parodontologie. Présenté par Dr. S.HAMDI.


Année universitaire 2017 - 2018.

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Plan

Introduction.

1. Objectifs du traitement des lésions interradiculaires.

2. Aspects thérapeutiques.

2.1. Thérapeutique étiologique non chirurgicale.

2.2. Thérapeutiques correctives.

2.2.1. Thérapeutiques chirurgicales soustractives.

2.2.1.1. Muqueuses (gingivale, alvéolaire).

2.2.1.2. Osseuse

2.2.1.3. Dentaires.

2.2.1.3.1. Odontoplastie.
2.2.1.3.2. Tunnellisation.

2.2.1.3.3. Séparations et amputations des racines.

2.2.2. Thérapeutiques chirurgicales additives

2.2.2.1. Techniques de comblement osseux

2.2.2.2. Régénération tissulaire guidée (RTG).

2.3. Extraction.

2.4. Thérapeutique parodontale de soutien.

3. Possibilités thérapeutiques des lésions interradiculaires.

Conclusion.

Bibliographie.

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Introduction

Le diagnostic des lésions interradiculaires (LIR) est une étape importante pour déterminer le pronostic et
le traitement des dents pluriradiculées. Ces lésions constituent un critère de complexité dans la mise en
place du plan de traitement. La conservation des dents ainsi atteintes est même parfois remise en question
à l’heure où l’implantologie apporte des solutions efficaces et esthétiques. Pourtant, une atteinte de
furcation ne mène pas nécessairement à la perte de la dent, si une stratégie thérapeutique adéquate est mise
en œuvre.

Le choix de la technique thérapeutique sera donc essentiellement fondé sur une analyse des conditions
cliniques, à la lumière de l’expérience du praticien.

1. Objectifs du traitement des lésions interradiculaires

- Éliminer la réaction inflammatoire et infectieuse générant la destruction parodontale.

- Rétablir des conditions favorables au contrôle de la plaque bactérienne pour prévenir les récidives.

- Obtenir la satisfaction esthétique et fonctionnelle du patient.

2. Aspects thérapeutiques

La logique du traitement des lésions interradiculaires est la même que celle de la thérapeutique
parodontale en générale.

Les aspects thérapeutiques sont groupés en fonction du degré de l’atteinte de furcation. En effet, les
alternatives de traitement sont nombreuses :

- thérapeutique étiologique ;

- thérapeutique corrective (Thérapeutiques chirurgicales soustractives et thérapeutique régénérative).

2.1. Thérapeutique étiologique non chirurgicale

Le traitement visera à la suppression des facteurs favorisant la rétention du biofilm bactérien. Il comprend
le détartrage et le surfaçage radiculaire suivis d’un polissage des surfaces dentaires. Les facteurs
iatrogènes tels que les restaurations et les couronnes débordantes doivent aussi être corrigées, ainsi que les
facteurs occlusaux. Différents adjuvants ont été proposés pour compléter le débridement mécanique. Les
irrigations sous-gingivales d’antiseptiques ou mieux l’application de substances antiseptiques ou
antibiotiques à libération lente ont été préconisées.

2.2. Thérapeutiques correctives

2.2.1. Thérapeutiques chirurgicales soustractives

2.2.2. Muqueuse (gingivale, et alvéolaire)

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- Gingivectomie

Une gingivectomie et/ou une gingivoplastie peuvent rendre possible l’élimination de la poche parodontale
et faciliter le contrôle de plaque par le patient au niveau de la furcation.

- Débridement par lambeau

Les lambeaux d’assainissement permettent de visualiser la région interradiculaire et d’obtenir un accès


direct des instruments pour un détartrage et surfaçage radiculaire plus aisé et plus efficace.

2.2.2.2. Osseuse

L’ostéoplastie, qui consiste en une retouche du bord osseux, permet une modification de la morphologie
du défaut osseux afin d’en faciliter l’accès et le contrôle de plaque au niveau de la furcation.

2.2.2.3. Dentaires

2.2.2.3.1. Odontoplastie

- Définition

L’odontoplastie est le modelage par instrument rotatif de la substance dentaire au niveau de la couronne
et/ ou de la racine dans le but d’élargir l’entrée d’une furcation ou d’éliminer une couronne débordante.
Elle peut être associée à une plastie osseuse.

- Technique

Après débridement chirurgical de la lésion (lambeau d’épaisseur total, dégranulation, détartrage-surfaçage


radiculaire), on réalise à l’aide d’une fraise diamantée grain fin une réduction horizontale progressive, et
un élargissement en pente douce, de la dent dans la zone de furcation pour en réduire la profondeur. Une
ostéoplastie en regard est souvent nécessaire pour obtenir un meilleur placage du lambeau qui est
repositionné.

2.2.2.3.2. Tunnellisation

Le but de la tunnellisation est d’aménager les tissus parodontaux pour permettre un accès au contrôle de
plaque dans la furcation en autorisant le passage d’une brossette interdentaire de part en part.

Elle est indiquée pour les LIR modérées à sévères, essentiellement mandibulaires, en présence de tronc
radiculaire court et de racines divergentes et longues.

Elle présente l’inconvénient du risque de carie au niveau du toit et de l’entrée de la furcation.

- Technique

Après débridement chirurgical de la lésion, une ostéoplastie souvent importante en linguale est réalisée
dans la zone de furcation pour ménager un espace suffisant pour le passage d’une brossette interdentaire le
lambeau est ensuite repositionné apicalement pour permettre un meilleur accès. Un pansement chirurgical
peut être employé pour maintenir la zone de furcation accessible après cicatrisation. Dans les semaines
suivantes, le passage régulier de la brossette interdentaire permettra de guider la cicatrisation.

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2.2.2.3.3. Séparations et amputations des racines

L’hémisection et l’amputation radiculaire sont des techniques soustractives indiquées en dernier recourt,
avant l’extraction dentaire.

a). Définition

Hémisection : Consiste en la séparation des racines d'une molaire en les conservant pour les utiliser
comme des éléments monoradiculés indépendants.

Amputation corono-radiculaire : avultion d’une ou de deux racines avec la partie coronaire attenante.

Amputation radiculaire : avulsion d’une racine en conservant la totalité de la couronne.

b) Indications

- LIR de classe II ou III.

- Lyse osseuse sévère touchant une racine ou plus.

- Fracture radiculaire, résorption, perforation, caries radiculaires profondes.

- Proximité radiculaire avec une dent adjacente.

- Echec du traitement endodontique ou canaux calcifiés / non instrumentables.

c). Contre-indications

- Facteurs anatomiques défavorables : hauteur importante du tronc radiculaire, racines fusionnées.

- Manque de gencive kératinisée (contre-indication relative).

- Support parodontal insuffisant : c’est le cas en particulier de racines courtes et coniques.

- Mobilité excessive des racines après séparation.

- Racines restantes ne pouvant être restaurées (traitées endodontiquement et/ou prothétiquement).

- Prémolaire maxillaire : le support parodontal et l’anatomie radiculaire des prémolaires pluriradiculées


sont en général trop défavorables pour envisager des techniques de séparation/amputation.

Le choix de la racine à réséquer repose sur l’anatomie radiculaire, la stabilité des racines, l’état du support
parodontal, en particulier osseux (position de chaque racine dans l'os alvéolaire) et des conséquences
endodontiques et prothétiques de l’amputation.

d) Technique

Les protocoles d’amputation comprennent plusieurs phases chronologiquement distinctes qu’il convient
de respecter.

* Séparation radiculaire

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Le protocole est semblable à celui de l’amputation corono-radiculaire, à l’exception du fait qu’aucune
racine n’est extraite.

* Amputation corono-radiculaire

1). Traitement dentaire préalable.

- Traitement endodontique.

- Reconstitution coronaire étanche.

- Prothèse provisoire si nécéssaire.

2). Traitement chirurgical.

- Anesthésie.

- Séparation et /ou amputation radiculaire à l’aide d’une fraise carbure de tungstène (Zekrya 28 mm).
- Évaluation de la mobilité individuelle des racines résiduelles : décision de conservation ou d’avulsion de
la dent.
- Incision intrasulculaires.
- Élévation d’un lambeau d’épaisseur totale.
- Avulsion de la (des) racines(s) sélectionnée(s).
- Préparation périphérique des racines conservées : finition douce à l’aide d’une fraise diamantée.
- Ostéoplastie.
- Rebasage de la prothèse provisoire supragingivale.
- Apicalisation du lambeau.
- Suture.

3. traitement prothétique
6 à 8 semaines post- opératoire : finition des préparations supragingivales.
- Empreinte.
- Pose des prothèses d’usage.

*Amputation radiculaire
1). Traitement dentaire préalable.

- Traitement endodontique.

- Reconstitution coronaire étanche.

2). Traitement chirurgical

- Anesthésie.

- Incision intrasulculaire.
- Élévation d’un lambeau d’épaisseur totale.
- Amputation radiculaire à l’aide d’une fraise carbure de tungstène (Zekrya 28 mm).
- Avulsion de la (des) racine(s) séléctionnée(s)
- Évaluation de la mobilité de la dent amputée : décision de conservation ou d’avulsion de celle-ci.

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- Ostéoplastie.
-Adoucissement à la fraise diamantée grain fin des angles vifs ou becs laissés par le trait de section au
tungstène.
- Obturation de l’orifice canalaire au niveau de la chambre à l’aide d’un verre–ionomère, si la
reconstitution coronaire n’est pas étendue à ce niveau.
- Apicalisation du LB
- Suture.

2.2.3. Thérapeutiques chirurgicales additive

Ces thérapeutiques visent à modifier la morphologie de la région interradiculaire, soit par comblement soit
par régénération des tissus détruits.

2.2.3.1. Techniques de comblement osseux

Ces technique consiste à combler le défaut osseux interradiculaire dans l’espoir que le produit utilisé,
résorbable ou non, s’intègre à l’environnement osseux.

Les matériaux de comblement peuvent être d’origines diverses: os autogène intra oral ou extra oral (os
iliaque), os allogène, ou os xénogène lyophilisé et décalcifié, des produits synthétiques (des
hydroxyapatites, des biocéramiques…).

2.2.3.2. Régénération tissulaire guidée (RTG)

La régénération tissulaire guidée par membrane résorbable ou non résorbable, a démontré son efficacité
pour les lésions de classe II mandibulaires.

Elle est basée sur le concept de la compétition cellulaire. Elle vise à isoler la lésion osseuse des tissus
gingivaux épithéliaux et conjonctifs à l’aide d’une barrière physique (membrane parodontale), afin de
ménager un espace et de favoriser, le long de la surface radiculaire concernée, la prolifération des cellules
desmodontales résiduelles. Cette technique a largement démontré cliniquement son efficacité et
histologiquement son aptitude à provoquer, contrairement aux techniques de comblement, la formation
d’une nouvelle attache conjonctive, c’est-à-dire une véritable régénération du système d’attache avec une
néoformation de cément, du desmodonte et d’os alvéolaire.

2.2.4. Extraction

Une dent au pronostic mauvais, doit être extraite au début du traitement; afin que sa présence ne vienne
pas compliquer le traitement des dents adjacente.

2.2.5. Thérapeutique parodontale de soutien

Des contrôles réguliers sont nécessaires pour évaluer l’état du parodonte après le traitement des lésions
interradiculaires. Les paramètres à examiner sont le contrôle de plaque, la présence de saignement,
l’atteinte interradiculaire, la profondeur de poche et le niveau d’attache. Leur analyse permet de conclure à
une stabilisation de la lésion ou à une orientation différente du traitement.

La fréquence des visites est à évaluer au cas par cas.

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3. Possibilités thérapeutiques des lésions interradiculaires

Classe I Classe II Classe III

- Détartrage/surfaçage -Détartrage/surfaçage radiculaire. -Détartrage/surfaçage radiculaire,


radiculaire. - Odontoplastie.
- Odontoplastie.
- Odontoplastie. - Résection radiculaire.
- Opération à lambeau.
Gingivectomie/ gingivoplastie. - Tunnellisation.
- Tunnelisation
Opération à lambeau. - Chirurgie de RTG.
- Résection radiculaire.
- Extraction.
- Chirurgie de comblement.

- Chirurgie de RTG.

- Extraction.

Conclusion

Les possibilités thérapeutiques existantes peuvent traiter avec succès les lésions interradiculaires. Les
alternatives vont du traitement antimicrobien aux techniques chirurgicales avancées. Les solutions
conventionnelles de résection nécessitent une dentisterie de haut niveau, tandis que les méthodes
régénératrices s’avèrent insuffisantes pour le traitement des lésions interradiculaires de classe III.

Le rôle clé des mesures d’hygiène rigoureuse et des visites régulières de contrôle a démontré avec une
constante régularité les bons résultats obtenus.

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Différents types de résection de racine. a) Séparation radiculaire (hémisection à la mandibule). b)
Amputation corono-radiculaire. c) Amputation radiculaire.

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Bibliographie

1. Borghetti, A., Monnet-Corti, V. Amputation radiculaire. EMC-Odontologie. 1994; 23-061-A-

2. Bouchard, P. Parodontologie Dentisterie implantaire : Volume 1 : Médecine parodontale. Lavoisier


Médecine. Paris 2015.

2. Bouchard, P. Parodontologie Dentisterie implantaire : Volume 2 : Médecine parodontale. Lavoisier


Médecine. Paris 2015.

4. Campard, G., Verner, C. Les atteintes de furcations : quelles stratégies pour quel résultat ? Journal de
Parodontologie et d’Implantologie Orale. Vol. 32 N°3.

5. Glickman, I. Parodontologie clinique. Edition PRELAT 1983.

6. Herbert, F., Wolf, Edith, M., Rateitschk. Parodontologie. Edition Masson 2004.

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