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Cours de Pharmacologie 2021 LES ANTIARYTHMIQUES

I- INTRODUCTION
Les antiarythmiques sont des médicaments qui modulent les propriétés d’excitabilité,
d’automaticité et de conduction du tissu cardiaque.
Ils sont destinés à prévenir ou à traiter les troubles du rythme cardiaque et à réduire la morbidité
et si possible la mortalité associées à ces troubles.
Classe thérapeutique très hétérogène du point de vue chimique, pharmacologique et
thérapeutique qui englobe des médicaments très difficiles à manier :
- Arythmies nombreuses et de physiopathologie complexe.
- Effets indésirables nombreux et importants (marge thérapeutique étroite, effet
arythmogène).
Physiologie du rythme et de l’activité électrique cardiaque
Le cœur normal bat de manière régulière et coordonnée à un rythme ou fréquence cardiaque
qui est normalement de l'ordre de 60 à 100 battement /minute au repos chez l'adulte.
Le rythme cardiaque physiologique est dit sinusal car il est déterminé par l'activité du nœud
sinusal (pacemaker naturel) situé à la partie haute de l'oreillette droite et qui génère
spontanément des potentiels d'action qui vont se propager à l’ensemble du cœur en
commençant par les oreillettes pour stimuler leur contraction puis vont atteindre les ventricules
en traversant le NAV, faisceau de HIS et réseau de Purkinje. La répartition de l'impulsion dans
ce système prend un certain temps et, au moment où les cellules du muscle ventriculaire sont
stimulées et se contractent, les oreillettes ont terminé leur contraction.

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 Automatisme : Capacité de se dépolariser lentement et spontanément à partir d'un état


polarisé au repos (au repos, l'intérieur des cellules est électriquement plus négatif que
l'extérieur). L’automatisme assure l’émergence d’un rythme cardiaque.
 Excitabilité : Capacité de se dépolariser brutalement à partir d'un potentiel électrique (dit
potentiel seuil) mettant fin à l'état de repos. L’excitabilité est nécessaire à la propagation
des influx électriques.
 Conduction : Capacité de propager aux cellules voisines l'influx électrique résultant de
la dépolarisation.
 Repolarisation : Capacité des cellules à se repolariser pour revenir à l'état (polarisé) de
repos.

Phase 0  Excitation / Conduction PDM : potentiel diastolique maximal


Phase 2 (plateau = ↑ et accumulation Ca2+ DDL : dépolarisation diastolique lente
intracellulaire)  inotropisme + PR : période réfractaire
DDL (prépotentiel : courant sodique lent)  Fc PS : potentiel seuil  Excitabilité
Vitesse de dépolarisation  conduction Fc : fréquence cardiaque
Sortie du K+ (courant principal) repolarisation PA : potentiel d’action

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Cellules à réponse lente : Cellules à réponse rapide :


- cellules automatiques (automatisme - propagation des influx électriques dans
spontané) le tissu de conduction et les
→ genèse du PA : genèse du rythme cardiomyocytes.
normal dans le nœud sinusal et - caractérisées par l'existence d'un
ralentissement des influx dans le nœud plateau (Phase 2 du PA) qui maintient
auriculo-ventriculaire. Elles ont un. la cellule dépolarisée pendant un certain
temps (sous l'effet de l'entrée d'ion
Ca++ par le courant calcique lent
voltage-dépendant).

PS

PS

Note : La durée du PA peut être prolongée par inhibition de la sortie de K+ mais aussi par
prolongation de l’entrée de Na+. Des anomalies portant sur ces deux mécanismes peuvent
être à l’origine d’un syndrome du QT long.
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La sommation de tous les PA génère un signal enregistrable sur l'électrocardiogramme (ECG)


de surface. Ce signal est le reflet des différentes activités électriques du cœur.

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Physiopathologie des arythmies

PDP : Post dépolarisation précoce


PDR : Post dépolarisation retardée

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Blocage d’autant plus important que le canal est souvent utilisé, c-à-d que la fréquence
cardiaque est élevée.

Ia Ib Ic
Exemples Quinidine, Disopyramide Lidocaïne, Mexilétine, Flécainide, Propafénone
Hydroquinidine, tocainide, phénytoïne Cibenzoline
Procainamide
indication Tachycardies / arythmies Troubles du rythme Tachycardies / arythmies
supraventriculaires ventriculaire / provoqués supraventriculaires et
Troubles du rythme par digitaliques ventriculaires
ventriculaires
EI Allergie Allergie Allergie
Troubles digestifs Troubles digestifs Troubles digestifs
E. Proarythmogène : E. Proarythmogène E. Proarythmogène
Bradycardie, bloc, torsades E. Neurologiques / E. Neurologiques /
de pointe psychiques psychiques
E. neurologiques
E. Atropiniques →
(Quinidine, Disopyramide)
Contre- Allergie Allergie Allergie
indication BAV BAV BAV
Insuffisance cardiaque Insuffisance cardiaque Insuffisance cardiaque
QT long / torsades de pointe QT long / torsades de IDM
Certaines associations pointe
médicamenteuses Certaines associations
+ CI lié aux Effets médicamenteuses
atropiniques (Quinidine, T hépatique grave
Disopyramide)

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Sur l’ECG : la fréquence cardiaque est ralentie, l’intervalle P-R est allongé, l’intervalle QT
n’est pas modifié voire diminué (sauf sotalol), la durée des complexes QRS est changée.

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Effet “fréquence-dépendance inverse” : Les effets des molécules de classe III sont
atténués par les fréquences élevées et amplifiés par les fréquences lentes.

 Amiodarone : propriétés α et β bloquantes  effet bradycardisant.


 Biodisponibilité variable.
 Inhibiteur enzymatique (CYP3A et CY2D6).
 Longue demi-vie (20 à 100 jours) / grande variabilité inter-individuelle.
 Métabolite actif : N- deséthylamiodarone.
 Elimination fécale ++++ / pas ou peu rénale.

 Sotalol : propriété β bloquante.


 Bêtabloquant non sélectif dépourvu d'activité sympathomimétique intrinsèque
et d'effet stabilisant de membrane

Indications : arythmies ventriculaires et supraventriculaires.

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 Vérapamil, diltiazem, amiodarone : inhibiteurs du CYP3A4.


 Médicaments bradycardisants : bêta bloquants, antagonistes Ca
 Médicaments hypokaliémiants : diurétiques de l’anse, thiazidiques, acétazolamide
(inhibiteur de l’anhydrase carbonique), aminosides (ATB), certains laxatifs
(stimulants), amphotéricine B (antifongique) voie IV.
 Médicaments induisant des torsades de pointe : hypokaliémiants,
bradycardisants, antiarythmiques de classe I et III, certains neuroleptiques
dompéridone inclus.

Abréviation :
SNA : système nerveux autonome AV : auriculoventriculaire
PDM : potentiel diastolique max NAV : nœud auriculoventriculaire
DDL : dépolarisation diastolique lente NSA : nœud sino-auriculaire ou nœud sinusal
PDP : post dépolarisation précoce IDM : infarctus du myocarde
PDR : post dépolarisation retardée CI : contre-indication
PA : potentiel d’action Chrono : effet chronotrope
DPA : durée du potentiel d’action Bathmo : effet bathmotrope
PR : période réfractaire Dromo : effet dromotrope
FC : fréquence cardiaque BAV : Bloc auriculoventriculaire
E : effet

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Résumé et Mémo

Solution :

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