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Filière : Sciences économiques et gestion

Cours d’économie monétaire et financière 1 (semestre 3)

Pr. KABAK Saad

Année universitaire : 2023 - 2024

FPE- Université Moulay Ismaïl- Filière : Sciences économiques et gestion – Economie monétaire et financière 1 - (S3) - Pr. KABAK Saad 1
Plan du cours
Introduction
Chapitre 1 : Les actifs monétaires
Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
Chapitre 5 : La politique monétaire

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Objectif du cours

Acquérir les connaissances fondamentales dans le domaine de la monnaie, du


système bancaire et de la politique monétaire dans l’économie

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Introduction
I- Actualité du cours de l’économie monétaire et financière
- Les éléments du cours de l’économie monétaire et financière 1 (monnaie,
agrégats monétaires, taux d’intérêts, politique monétaire, inflation ...)
sont en relation avec l’actualité de la scène nationale et internationale
- L’intervention de l’autorité monétaire pour contrôler les effets négatifs
des crises (crise 2007, crise du COVID-19, sécheresse, inflation,
tremblement de terre) illustre les concepts et les principes enseignés
dans ce cours

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Introduction

II- Le concept de monnaie : un concept difficile à définir

1- Définition de la monnaie orientée vers sa forme

- Penser à la monnaie nous amène généralement à penser aux objets qui lui
servent de support : Pièces métalliques, billets de banques

- Il est vrai que le métal et le papier objectivent la monnaie. Mais, ils la réduisent
à ses formes c’est-à-dire à son « COMMENT ». Il ne s’agit là que des formes de
la monnaie et pas de la monnaie en elle-même

- En définissant la monnaie comme l’ensemble des pièces métalliques et des billets


de banque, on révèle notre incapacité à appréhender sa véritable nature. En
réalité, la monnaie se manifeste en dehors de ces deux supports tangibles comme
c’est le cas des comptes bancaires (monnaie scripturale), où seules les écritures
comptables sont nécessaires pour échanger cette monnaie

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Introduction
II- Le concept de monnaie : un concept difficile à définir
2- Définition de la monnaie orientée vers ses fonctions
- Penser à la monnaie nous amène aussi à penser à ses fonctions. Dans ce sens, la monnaie
s’avère être un moyen de paiement, une unité de compte et une réserve de valeur
- En définissant la monnaie à partir de ses fonctions, nous répondons à la question
« POURQUOI », alors que la question portant sur la définition de la monnaie porte sur
son « QUOI »

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Introduction

En gardant ces deux conceptions de définition de la monnaie (formes + fonctions),


nous pouvons dire que :

Dans toutes ses formes, la monnaie n’est que les fonctions qu’elle peut remplir

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Introduction
Remarques
- En se basant sur ces deux approches, il s’avère que la définition de la monnaie est abstraite et difficile à
contourner dans sa globalité
- La question qui se pose donc est la suivante :
« Pourquoi les agents, supposés rationnels, échangent leurs biens économiques, rares et utiles, contre
des objets abstraits et sans valeur intrinsèque. Est-il rationnel d’agir ainsi ? »
- La réponse est oui. Les agents sont rationnels et échangent leurs biens économiques en contrepartie de ces
objets abstraits qu’ils détiennent car, et avec certitude tout le monde désire les détenir et continuera de le
désirer. C'est ainsi que la monnaie circule aisément et sans coûts de transaction, ce qui la qualifie de liquide.
En effet, la monnaie n’est pas désirée parce qu’elle a de la valeur, mais c’est parce qu’elle est désirée
qu’elle a de la valeur

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Introduction
Exemple : Instaurer une propre monnaie et créer un propre un système monétaire dans
notre amphi
Propositions Tensions et consensus Choix final
Chaque étudiant propose un bien À mesure que les négociations Les modalités exactes pour arriver
pour qu'il soit utilisé comme entre les étudiants avancent, une au consensus peuvent varier, mais
monnaie au sein du groupe et tension se développe l'objectif principal demeure le
essaie de convaincre les autres Pour réduire cette tension, un même : sélectionner un bien
que son bien est le meilleur consensus doit être atteint sous commun comme monnaie du
peine de ne pas aboutir à un bien groupe
qui servira de monnaie

Remarques :
- L’objet choisi est un objet-monnaie ou un objet-symbole (de confiance). Néanmoins, des questions quant à la durabilité à
long terme de cette confiance mutuelle vis-à-vis de l’objet choisi restent posées. Est-ce que la confiance partagée va
continuer dans le temps ? Est-ce que tous les étudiants vont accepter cet objet comme monnaie ?
- La méfiance des étudiants pourrait fragiliser la confiance liée à l'utilisation de cette monnaie. Le groupe devrait désigner
une institution pour assurer la pérennité de la confiance envers la monnaie. Cette institution, ayant une portée sur
l'ensemble de l’amphi, établira un cours légal de la monnaie et l'acceptation de cette monnaie sera garantie

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Filière : Sciences économiques et gestion

Cours d’économie monétaire et financière 1 (semestre 3)

Pr. KABAK Saad

Année universitaire : 2023 - 2024

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Plan du chapitre 1
Chapitre 1 : Les actifs monétaires
Introduction
I- Définition de la monnaie à partir de ses fonctions
1- Moyen de paiement
2- Mesure de valeur
3- Réserve de valeur (ou moyen de thésaurisation)
II- Définition de la monnaie à partir de ses formes
1- Les pièces métalliques (monnaie en métal)
2- La monnaie papier
3- La monnaie scripturale
3-1 Définition et généralités
3-2 Moyens de transfert de la monnaie scripturale
Conclusion

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires
Introduction
Le premier chapitre définit la monnaie dans son sens strict. Cette définition
englobe les actifs monétaires. Il s’agit des actifs qui répondent strictement
aux critères de la définition fonctionnelle de la monnaie, c’est-à-dire des
actifs qui remplissent les trois fonctions (moyen de paiement, mesure de
valeur, réserve de valeur ou moyen de thésaurisation) et qui peuvent
prendre la forme de la monnaie fiduciaire (pièces métalliques + billets de
banque) ou de la monnaie scripturale (dépôts à vue)

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires
I- Définition de la monnaie à partir de ses fonctions
1- Moyen de paiement
- Pour bien comprendre cette fonction, il suffit d’imaginer un monde sans monnaie où les agents économiques sont obligés de passer par le
troc (échange de bien contre bien, ou bien contre service ou service contre service) pour effectuer leurs transactions commerciales
Le troc nécessite :

En plus de l’entente sur les prix des biens à


Une double coïncidence Une entente entre les agents en
échanger, les quantités doivent également faire
termes de valeurs relatives.
des besoins des agents l’objet d’une entente entre les agents. Cette
Cette entente devient plus difficile différence entre les quantités désirées et
dans l’espace et dans le en l’absence d’un système de prix échangées est plus contraignante lorsque les
biens en question ne sont pas divisibles ou
temps communément reconnu et admis
lorsqu’ils sont difficilement stockables

- Ces trois conditions qui touchent à la fois les prix et les quantités doivent être réunies pour que deux agents puissent échanger leurs biens.
Sinon, aucune transaction ne pourra avoir lieu

- Les conditions du troc sont difficiles à réunir. Il est normal de voir les ménages se tourner vers l’autarcie en l’absence d’un système monétaire
solide. A cet effet, les échanges diminuent et deviennent même quasi-impossibles. Pour éviter le troc, l’agent économique tente de produire
tous les biens dont il a besoin. Il passe d’un système d’échange à un système d’autarcie où il est à la fois consommateur et producteur avec
un système de paiement quasi absent ou inexistant

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires

I- Définition de la monnaie à partir de ses fonctions

1- Moyen de paiement

- En admettant que la monnaie est l’actif le plus liquide et l’objet qui bénéficie d’une acceptation collective, la seule condition
pour la réalisation des transactions commerciales devient la liquidité

La monnaie vient donc :

Éliminer le besoin d’échanger un Stimuler la croissance économique,


produit contre un autre. Elle met car la monnaie et la croissance
fin à l’échange relatif et économique vont de pair et il est
contraignant. La monnaie devient difficile d’envisager une économie
la contrepartie dans chacune des à grande échelle sans système de
transactions et permet de paiement sain et solide
contrecarrer les limites du troc. Elle
permet d’instaurer pour chaque
bien un marché sur lequel il peut
être évalué et liquidé en monnaie

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires
I- Définition de la monnaie à partir de ses fonctions
2- Mesure de valeur
- En situation de troc, les agents économiques se trouvent obligés d’attribuer une valeur à chaque bien économique pour qu’ils
puissent faire des comparaisons et des transactions
- En l’absence d’une valeur de référence, chaque bien ne peut être exprimé qu’en fonction des biens en contrepartie desquels il est
échangé (valeur relative)
- Supposons un contexte de troc où circulent six biens économiques. Chacun des six biens est exprimé en fonction des cinq autres
biens. Ainsi, le nombre total des prix obtenus s’élève à 20 : 6 x (6-1) = 30
- Le total des valeurs est divisé par deux pour ne pas faire un double calcul des valeurs déjà établies. Ainsi, la réalisation du troc
avec six biens économiques offre un nombre total de prix qui s’élève à 15

!(!#$)
Avec :
&
n : nombre de biens

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires

I- Définition de la monnaie à partir de ses fonctions

2- Mesure de valeur

- L’introduction de la monnaie, en tant que valeur de référence, permet de réduire le nombre de prix et d’améliorer la
qualité des prix

- L’agent économique est en mesure de choisir le panier optimal parmi les milliers de propositions, tenant compte des prix
absolus, en menant des comparaisons des prix absolus des différents biens exprimés par la même unité de mesure

- La rationalité va de pair avec les choix d’optimum et est intimement lié à l’usage de la monnaie en tant que mesure de
valeur

Optimisation des
Monnaie
Choix optimal ressources et
Mesure de valeur
avec comparaison maximisation de
et système de prix
multilatérale l’utilité =
absolus
Rationalité

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires
I- Définition de la monnaie à partir de ses fonctions
3- Réserve de valeur (ou moyen de thésaurisation)
- Dans le cadre de cette fonction, la monnaie cesse de remplir sa fonction de moyen de paiement et devient une épargne (report de la
consommation au futur). Il s’agit d’une fonction liée à la préservation du pouvoir d’achat. La monnaie épargnée permet de faire face à des
dépenses futures et constitue une réserve de valeur. Elle est détenue et désirée parce qu’elle est liquide et facilement échangeable au futur
- Néanmoins, il convient de faire une distinction entre valeur nominale et valeur réelle

Valeur nominale (VN) Valeur réelle (VR)


Exprimée en unités monétaires, la VN d’un montant Mo est : Exprimée en unités de biens et services, la VR du même montant
est :

Avec :
- Yo : quantités de biens et services
- Pto : les prix observés en to Avec Yo : la quantité des biens et services que la VR permet
d’acquérir (pouvoir d’achat)

- La distinction entre la valeur nominale et la valeur réelle renvoie au pouvoir d’achat (quantités de biens et de services qu’un revenu permet
d’acheter) et à l’inflation (une hausse générale et durable des prix, c’est aussi une dégradation du pouvoir d’achat de la monnaie ou aussi une
baisse de sa valeur réelle)
- Si le contexte macroéconomique est marqué par l’inflation, la monnaie est uniquement une réserve de valeur nominale et non pas une réserve de
valeur réelle. Toutefois, dans un contexte de déflation, ou d’absence d’inflation, la monnaie peut être à la fois réserve de valeur réelle et nominale
- La monnaie est donc une réserve de valeur imparfaite à cause de l’inflation : prix ↑ ⇒ pouvoir d’achat ↓

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires
I- Définition de la monnaie à partir de ses fonctions
3- Réserve de valeur
Remarque
Une autre fonction peut être assignée à la monnaie. En effet, il est possible de considérer
les pièces et les billets rares ou historiques comme des objets de collection ou des objets
commémoratifs. Toutefois, il ne s’agit pas d’une fonction qui distingue la monnaie des
autres actifs

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires
II- Définition de la monnaie à partir de ses formes
- Il s’agit d’étudier les formes à travers lesquelles la monnaie se manifeste dans une
économie
- La monnaie peut revêtir plusieurs formes et tend de plus en plus à se dématérialiser
- Il convient de distinguer trois principales formes :
vLes pièces métalliques (monnaie en métal)
Monnaie fiduciaire
vLes billets de banque (monnaie en papier)
vLes dépôts à vue chez les institutions financières Monnaie scripturale

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires

II- Définition de la monnaie à partir de ses formes

1- Les pièces métalliques (monnaie en métal)

- L’émission des pièces métalliques se fait par la Banque Centrale, Bank Al-Maghrib, à travers son institut d’émission, Dar As-Sikkah

- La mise en circulation des pièces métalliques et leur retrait de circulation sont des décisions prises à l’issue des délibérations du conseil de la banque centrale, Bank Al-Maghrib. Cette
décision doit être approuvée par un décret du chef du gouvernement, sur proposition du ministre de l’économie et des finances. Ce décret attribue aux pièces mises en circulation un
cours légal (article 2) et un pouvoir libératoire (article 4). Ce dernier demeure limité à un plafond déterminé selon la valeur de chaque pièce
Le pouvoir libératoire des nouvelles pièces de monnaie est limité
Décret n°2-11-254 du 10 rejeb 1432 (13 juin 2011) approuvant la entre particuliers comme suit :
décision de Bank AL-Maghrib relative à la mise en circulation de nouvelles - Pièce de 10 dirhams : cinq cents dirhams
Article 4 pièces de monnaie de 10, 5 et 1 dirhams, de ½ dirham et de 20 et 10 - Pièce de 5 dirhams : deux cents cinquante dirhams
centimes - Pièce de 1 dirham : cinquante dirhams
- Pièce de 1/2 dirham : vingt cinq dirhams
- Pièce de 20 centimes : dix dirhams
- Pièce de 10 centimes : cinq dirhams

- Au Maroc, les pièces métalliques mises en circulation sont des pièces rondes et font partie de quatre séries, comme le montre le tableau ci-dessous

Tableau : Série des pièces métalliques mises en circulation au Maroc : Source : bkam.ma
Série 1974 Série 1987 Série 2002 Série 2011
1 centime 1 centime 5 centimes 10 centimes
5 centimes 5 centimes 10 centimes 20 centimes
10 centimes 10 centimes 20 centimes ½ dirham
20 centimes 20 centimes ½ dirham 1 dirham
50 centimes ½ dirham 1 dirham 5 dirham
1 dirham 1 dirham 2 dirham 10 dirham
5 dirhams 5 dirhams
10 dirhams

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires

II- Définition de la monnaie à partir de ses formes

2- La monnaie papier

- Les billets de banque sont émis par la banque centrale et ont un cours légal (article 3 du 10 août 2012) et un pouvoir libératoire
illimité –contrairement aux pièces métalliques- (article 4) sur l’ensemble du territoire nationale

- Au Maroc, la mise en circulation des billets de banque et leur retrait de circulation sont des décisions prises à l’issue des
délibérations du conseil de Bank Al-Maghrib. Cette décision doit être approuvée par un décret du chef du gouvernement, sur
proposition du ministre des finances. Ce décret précise les dimensions, les formats, les couleurs et toute autre caractéristique des
billets. Le cours légal et le pouvoir libératoire des billets en circulation figurent dans le même décret

- La série de billets émise en 2012 comporte quatre coupures, à savoir 20 Dh, 50 Dh, 100 Dh et 200 Dh

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires

II- Définition de la monnaie à partir de ses formes

3- La monnaie scripturale

3-1- Définition et généralités

- La monnaie scripturale se défini comme étant la somme des soldes créditeurs des dépôts à vue, ouverts sur les livrets des banques
commerciales, de la banque centrale et du Trésor

- Le dépôt à vue (contrairement au dépôt à terme) est un dépôt de monnaie fiduciaire dans un compte courant qui peut faire l’objet de
retrait à tout moment et sans aucune restriction

- Le dépôt à vue avec un solde nul n’est pas considéré comme de la monnaie scripturale et les instruments de gestion (virement, chèque
bancaire, etc.) qui lui sont associés cessent d’être des moyens de paiement

- L’ouverture de compte à vue doit faire l’objet d’une convention écrite entre l’établissement bancaire et le client déposant. La dite
convention doit comporter des clauses minimales conformément à la convention type fixée par la circulaire de Bank Al-Maghrib
(N°15/W/16)

- Les dépôts à vue sont transférables d’un compte à l’autre grâce aux instruments de gestion des dépôts à vue qui permettent de faire
circuler la monnaie entre plusieurs détenteurs. Les opérations réalisées moyennant ces instruments donnent lieu à l’enregistrement des
écritures comptables afférentes, en distinguant entre la date d’opération et la date de valeur

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires

II- Définition de la monnaie à partir de ses formes

3- La monnaie scripturale

3-2 Moyens de transfert de la monnaie scripturale

Les moyens de transfert de la monnaie scripturale sont régis par le Code de Commerce et la convention de compte courant entre la banque
et le client. Les moyens de transfert de la monnaie scripturale sont nombreux, nous citons :

1- Le virement

- Le virement est défini comme un ordre par lequel un déposant ordonne à sa banque de débiter son compte et de créditer le compte d’un
bénéficiaire. Le virement permet au déposant de transférer un montant déterminé et donne lieu à des flux monétaires en contrepartie de
flux réels ou financiers

- Il existe plusieurs types de virements : le virement interne (réalisé au sein de la même banque) et le virement externe (réalisé entre deux
banques différentes), le virement ponctuel (paiement d’une transaction, se libérer d’une dette, etc.) et le virement permanent (paiement
des salaires)

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires

II- Définition de la monnaie à partir de ses formes

3- La monnaie scripturale

3-2 Moyens de transfert de la monnaie scripturale

2- Le chèque

- Le chèque est un second moyen de transfert de la monnaie scripturale. Il s’agit d’un document écrit par lequel le tireur (déposant)
ordonne au tiré (banque) de payer un bénéficiaire (qui peut être le tireur lui-même ou une tierce personne, nommée ou anonyme dans le
cas d’un chèque au porteur)

- Le chèque doit respecter des conditions de forme et de fonds. Etant donné que les chèques sont émis par les banques, ils sont établis
selon les caractéristiques exigées. Notons que la condition essentielle de l’émission du chèque n’est autre que l’existence de la provision,
c’est-à-dire l’existence d’un solde créditeur du dépôt à vue supérieur au montant du chèque tiré

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires

II- Définition de la monnaie à partir de ses formes

3- La monnaie scripturale

3-2 Moyens de transfert de la monnaie scripturale

3- La carte bancaire

- A côté du chèque et du virement, la carte bancaire est un autre moyen de transfert de la monnaie scripturale. En effet, la carte bancaire
peut être un moyen de paiement scriptural ou un moyen de retrait de la monnaie fiduciaire (lorsqu’elle est utilisée via un guichet
automatique bancaire : GAB)

- La carte bancaire est un support en plastique, de forme rectangulaire, avec une puce et une piste à bande magnétique contenant des
renseignements sur son détenteur et sur le compte qui sert de support

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Chapitre 1 : Les actifs monétaires
Conclusion
L’approche institutionnelle (autre approche de la monnaie) reconnaît que la
monnaie ne se limite pas à des pièces et des billets (objets), mais qu'elle est
également un système institutionnel qui comporte des règles, des
réglementations, des politiques monétaires et un impact sur la société dans son
ensemble. Elle peut influencer l'économie, la politique, la stabilité financière, et
d'autres aspects de la vie quotidienne. Traiter la monnaie comme une institution
signifie donc considérer l'ensemble du système monétaire et financier et
reconnaître son rôle plus large et ses implications

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Travaux dirigés 1

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Filière : Sciences économiques et gestion

Cours d’économie monétaire et financière 1 (semestre 3)

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Année universitaire : 2023 - 2024

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Plan du chapitre 2
Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
Introduction
I- Les dépôts sur livrets
II- Les dépôts à terme
III- Les bons de caisse
IV- Les certificats de dépôts
V- Les valeurs en pension
VI- Les titres des OPCVM monétaires
VII- Les dépôts en devises
Conclusion
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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
Introduction
- Définir la monnaie au sens étroit est une tâche relativement facile. Néanmoins, définir la monnaie au
sens large est complexe. En effet, pour définir cette dernière, il est nécessaire d’ajouter à la
définition de la monnaie au sens strict d’autres actifs dits quasi-monétaires
- La monnaie au sens large peut s’étendre à tout actif qui est facilement transformable en liquidité
dans un délai relativement court et sans risque de perte en capital et sans prélèvement sur la
liquidité des autres détenteurs de la monnaie
- La monnaie est un moyen de paiement immédiat et présentant une disponibilité entière comme il peut
être indirecte. Ceci engendre donc la distinction entre monnaie et quasi-monnaie
- Les actifs de mobilisation de l’épargne peuvent être considérés comme des actifs quasi-monétaires
qui connaissent un essor et une innovation grâce au développement des marchés financiers. Il convient
à cet effet, de tracer une frontière entre les actifs financiers quasi-monétaires, c’est-à-dire ceux qui
remplissent les trois conditions précitées, et les actifs financiers non monétaires

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires

Introduction
- La « quasi-monnaie » rend compte du comportement du public quant au report d’une consommation présente dans le futur

- La quasi-monnaie est définie comme « l’ensemble des actifs financiers liquides des agents qui ne sont pas utilisés, dans l’immédiat, pour l’acquisition des biens
et des services sans coûts de transaction »

- Un actif financier est un titre (de propriété ou de créance) qui peut être acheté ou vendu sur un marché financier ou auprès d’un établissement financier. Il peut
produire des revenus ou des gains en capital en contrepartie d’une certaine prise de risque. On distingue :

Actifs financiers quasi-monétaires Actifs financiers non quasi-monétaires


- Actifs très liquides que la monnaie elle-même - Moins liquides que les actifs financiers quasi-monétaires
- Actifs rapidement convertis en monnaie - Pas rapidement et facilement convertis en monnaie
- Sans risque de perte significative de valeur - Avec risque de perte en valeur
- Exemples : Dépôts à terme, certificats de dépôts, etc. - Exemples : Actions, obligations, etc.
- Utilisés pour générer un rendement modéré - Moins adaptés à la gestion de trésorerie à court terme
- Utilisés aussi comme refuge pour la trésorerie à court terme - Utilisés dans le but de générer du rendement à long terme

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
I- Les dépôts sur livrets
1- Définition et généralités
- Le dépôt sur livret est un dépôt à vue rémunéré qui peut faire l’objet à tout moment et sans obligation de
préavis de retrait ou de versement
- Le dépôt sur livret offre à son détenteur la possibilité de constituer une épargne du fait qu’il peut être alimenté
par des versements
- Le dépôt sur livret n’est pas une monnaie scripturale et ne peut nullement donner droit aux instruments de
transfert de la monnaie scripturale, à l’instar du chèque ou de la carte bancaire, sauf une carte privative de
retrait
- Les dépôts sur livrets sont ouverts auprès des banques commerciales
- Une personne physique ne peut avoir plus d’un dépôt sur livret
- Le dépôt sur livret doit afficher un solde créditeur inférieur ou égal à 400 000 DH
- Les conditions de fonctionnement du dépôt sur livret sont fixées dans la convention du compte, dont une copie
est remise au déposant

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
I- Les dépôts sur livrets
1- Définition et généralités
- Un dépôt sur livret peut être débité ou crédité lors des opérations suivantes :
Débit Crédit
Le dépôt sur livret peut être débité par une opération de retrait Le dépôt sur livret peut être crédité par des versements de
de monnaie fiduciaire ou par un virement vers le dépôt à vue du monnaie fiduciaire ou par des ordres de virement qui émanent du
détenteur dépôt à vue, ou par le règlement des intérêts créditeurs calculés
par la banque

- Les opérations de retrait et de versement effectuées sur un dépôt sur livret sont comptabilisées par la banque à des dates
de valeur qui diffèrent des dates d’opération
- La date de valeur de toute opération effectuée sur un dépôt sur livret est le premier jour de chaque quinzaine
- Les opérations de versement effectuées lors d'une quinzaine sont comptabilisées au premier jour de la quinzaine suivante, alors
que les opérations de retrait sont comptabilisées au premier jour de la même quinzaine
- La prise en compte des dates de valeur des entrées et des sorties de flux est importante pour une gestion optimale du dépôt sur
livret

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
I- Les dépôts sur livrets
2- Rémunération des dépôts sur livrets
- La rémunération des dépôts sur livret se fait sur la base d’un taux d’intérêt annuel qui varie chaque semestre
- Il est égal à un plancher (taux minimal) égal à la moyenne semestrielle des taux d’intérêt des bons du Trésor à terme de 52
semaines, émis au cours du semestre qui précède le semestre en question
- Les intérêts créditeurs sont calculés par rapport à la valeur finale du solde du dépôt sur livret et sont capitalisés à la fin de chaque
trimestre. Ainsi, le taux d’intérêt annuel, servant de base au calcul des intérêts, doit être converti en taux trimestriel I/4
Exemple : Supposons les deux situations suivantes
1- Un dépôt sur livret est constitué par un versement de 2000 DH, effectué le 9 octobre N. Les intérêts sont calculés sur la base d’un
taux d’intérêt minimum annuel en vigueur de 1,5%
2- Un dépôt sur livret est constitué par un versement de 1000 DH, effectué le 20 octobre N, suivi d’un retrait de 500 DH effectué le
20 novembre N. Les intérêts sont calculés selon le taux minimum annuel en vigueur de 1,5%
Travail à faire
Calculer le solde créditeur pour le quatrième trimestre

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
II- Les dépôts à terme
A- Définition et généralités
- Le dépôt à terme est un engagement à bloquer, auprès d’une banque ou auprès du Trésor public, un montant déterminé de
monnaie, pour un terme prédéterminé et à ne demander son déblocage qu’à sa maturité

- L’ouverture d’un compte à terme doit faire l’objet d’une convention écrite entre l’établissement dépositaire et le déposant
(comportant les clauses minimales du contrat de dépôt à terme) et préciser le montant du dépôt à terme, sa durée, la date
de la remise et la date de clôture et le taux d’intérêt créditeur y afférent
- La durée du blocage du dépôt à terme ne doit en aucun cas être inférieure à un mois et chaque opération de dépôt à
terme doit faire l’objet d’un compte distinct

- Chaque compte à terme, ouvert sur les livrets d’une banque au nom de son client, est associé à un numéro et son ouverture
est conditionnée par la détention d’un dépôt à vue ouvert auprès de la même banque. Ce dernier sert d’outil du blocage et
du déblocage du dépôt à terme

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
II- Les dépôts à terme
A- Définition et généralités
- Aucun retrait de fonds d’un compte à terme ne peut être autorisé avant l’échéance. Toutefois, le déposant qui éprouve un besoin
de liquidité et dont les fonds sont bloqués à terme, peut demander à sa banque de mettre à sa disposition un montant qui ne
devrait pas dépasser le montant bloqué. Il bénéficie d’une avance en compte garantie par les fonds déposés à terme, et ce avant
la date de maturité
- Le remboursement de ce prêt peut se faire avant l’échéance du dépôt à terme, par débit du dépôt à vue du dépositaire, ou par
soustraction du montant de l’avance et des intérêts y afférents du montant final du dépôt à terme. Dans les deux cas, aucune
opération de débit n’est enregistrée sur le compte à terme faisant l’objet de l’avance, car toute avance est comptabilisée dans un
compte distinct
- Le dépôt à terme est donc un actif financier représentatif d’un droit de créance sur la banque dépositaire. Toutefois, il s’agit d’un
droit de créance qui peut être transformé en liquidité à tout moment via des avances sur dépôt. Ainsi, le dépôt à terme est
convertible en monnaie scripturale, sans délai et sans perte conséquente en capital
- La transformation d’un dépôt à terme en monnaie se fait auprès de la banque dépositaire qui crédite le dépôt à vue du détenteur
de compte. De ce fait, le jeu d’écriture via lequel s’exécute cette opération de crédit, n’implique aucun flux monétaire avec un
autre agent économique privé non financier. Le dépôt à terme est donc un actif financier quasi-monétaire

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
II- Les dépôts à terme
B- Rémunération
B-1 Rémunération des dépôts à terme
- Le dépôt à terme est rémunéré selon un taux d’intérêt créditeur, affiché sur le site de la Banque centrale
- Les intérêts ainsi calculés sont servis aux déposants au terme du blocage, et sont payables annuellement lorsque le terme est
supérieur à un an
B-2 Rémunération des avances sur dépôts à terme
Les avances sur dépôts à terme impliquent des intérêts débiteurs calculés sur la base d’un taux débiteur exprimé en pourcentage qui
est égal au taux créditeur appliqué au dépôt à terme en question, majoré de deux points de pourcentage
Iad = Idat + 2%
Exemple
Un dépôt à terme de 12 mois est constitué le 01/09/N par virement de 24 000 DH. Le 01/03/N+1, une demande d’avance sur
dépôt est formulée et porte sur un montant de 12 000 DH. Les intérêts sont calculés sur la base d’un taux d’intérêt de 2,52%
Travail à faire
Calculer le solde final du dépôt à terme

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
III- Les bons de caisse
1- Définition et généralités
- Il s’agit d’un papier représentatif d’un droit de créance sur la banque émettrice, auquel peut souscrire toute personne
désirant faire un investissement financier de son épargne. Il s’agit d’un dépôt à terme, matérialisé par un bon
obligatoirement détaché d’un carnet à souches
- Le bon de caisse et la souche du carnet dont il est détaché doivent contenir un ensemble de renseignements (numéro
du bon de caisse, dénomination du détenteur, numéro de CIN, le montant, le taux d’intérêt, modalités de règlement
des intérêts, date de souscription au bon de caisse, date d’échéance)
- Le bon de caisse est d’une durée supérieure ou égale à un mois, avec un montant unitaire fixé au préalable
- Alors que le remboursement anticipé des bons de caisse n’est pas autorisé, les détenteurs peuvent bénéficier
d’avances en compte garanties par ces bons. Ces avances supportent des intérêts débiteurs décomptés sur la base
du taux d’intérêt créditeur appliqué au bon correspondant, majoré de deux points de pourcentage. L’escompte et le
rachat des bons de caisse sont autorisés dans les mêmes conditions de taux
- La transformation d’un bon de caisse en monnaie fiduciaire se fait sans risque de perte en capital, en dépit d’une
perte relativement faible en intérêt, à l’occasion d’une éventuelle demande d’avance. De ce fait, le bon de caisse est
considéré comme étant un actif financier quasi-monétaire
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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
III- Les bons de caisse
2- Rémunération
- Le calcul des intérêts se fait sur la base des taux créditeurs servant de référence à la rémunération des dépôts
à terme, lequel varie en fonction de la maturité. Ainsi, les taux créditeurs moyens applicables aux dépôts à
terme s’appliquent aux bons de caisse. Ces taux d’intérêt sont publiés mensuellement par Bank Al-Maghrib et
son publiés sur son site web
- Le taux créditeur des bons de caisse à moyen terme est plus élevé que le taux créditeur des bons de caisse à
court terme
Exemple
Un bon de caisse à terme de 6 mois est constitué le 01/09/N par virement de 30 000 DH. Les intérêts sont
calculés selon le taux de 2,52%
Travail à faire : Calculer le solde final de ce bon

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
IV- Les certificats de dépôt
1- Définition et généralités
- Un certificat de dépôt est un actif financier générateur d’intérêts et représentatif d’un droit de créance sur
son émetteur (banque commerciale). Il s’agit d’un titre de créance émis sur le marché primaire et négociable
sur le marché secondaire (fait partie des titres de créances négociables)
- Le certificat de dépôt est émis à une valeur nominale unitaire de 100 000 DH, et peut être revendu à une
valeur de marché négociée sur le marché secondaire
- La maturité d’un certificat de dépôt est prédéterminée et son terme varie entre 10 jours et 7 ans
- Bank Al-Maghrib et les banques commerciales sont les seules à pouvoir tenir des comptes de certificats de
dépôt
- Les certificats de dépôts sont inscrits en compte tenu par les banques. La cession et la transmission des
certificats de dépôts se font par virement, en débitant le compte de l’ancien détenteur et en créditant le
compte du nouveau détenteur

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
IV- Les certificats de dépôt
1- Définition et généralités
- La valeur de marché d’un certificat de dépôt est déterminée en fonction du taux d’actualisation servant de
base au calcul. Il peut s’agir du taux d’intérêt actuellement observé sur le marché. Une baisse de ce taux induit
une hausse de la valeur de marché de cet actif financier, alors que la hausse de ce taux d’intérêt se traduit par
une baisse de la valeur de marché

Avec
𝑉𝐹 𝑐𝑑 - VM : valeur de marché
VM cd = - VF : valeur finale
1+𝑖 - i : taux de rendement exigé pour la durée
résiduelle du certificat de dépôt

- Vu leurs caractéristiques et les modalités de leur vente sur le marché secondaire, les certificats de dépôt d’une
durée résiduelle inférieure ou égale à 2 ans sont assimilés aux actifs financiers quasi-monétaires

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
IV- Les certificats de dépôt
2- Rémunération
- Les intérêts calculés sur les certificats de dépôts sont payables annuellement, ou à l’échéance pour une durée
résiduelle inférieure à un an
- La révision du taux de rémunération se fait à la fin de chaque année et s’effectue en application de disposition
librement convenues entre les parties

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
V- Les valeurs en pensions
1- Définition et généralités
- La pension est le montant reçu en contrepartie d’un actif financier vendu à une date donnée, avec un
engagement de rachat à une date ultérieure (un jour ou quelques jours après) sachant que les actifs sont vendus
à un prix unitaire donné et leur rachat se ferait à un prix différent
- La mise en pension désigne la vente d’actifs financiers et la réception de la contrepartie en actifs monétaires
- L’opération de mise en pension est effectuée de gré à gré entre les deux parties. S’agissant de la gamme
d’actifs financiers qui peut faire l’objet de mise en pension, elle englobe exclusivement les titres de créances
négociables, en l’occurrence les certificats de dépôt
- Bien que l’acquéreur du titre en est le détenteur au sens juridique, tout au long du terme de la mise en pension,
le vendeur demeure le détenteur au sens économique car il continue d’assumer le risque de défaut. Il s’agit
donc, pour l’acheteur du titre, d’une détention temporaire avec engagement de revente. Les mises en pension
répondent à un besoin de liquidité ressenti par le cédant des titres, et servent donc à emprunter des fonds à
très court terme
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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
V- Les valeurs en pensions
1- Définition et généralités
- Les titres de créances négociables mis en pension sont valorisés en actualisant l’ensemble des montants à percevoir
sur la durée résiduelle desdits titres. Cette valeur de marché servira de prix de vente lors de la mise en pension
- Le prix de rachat à terme de la mise en pension est calculé comme suit :
Avec :
P= VM cd + (VM cd x Repos x j/365) - Repo : taux d’intérêt servant de taux de référence
aux opérations de mise en pension

- j : la durée en nombre de jours entre la date de la


mise en pension et la date de rachat, exprimée par
rapport au total des jours de l’année

- Du point de vue du vendeur des titres, les mises en pension sont considérées comme des crédits garantis par les actifs
mis en pension. Du côté de l’acheteur, ils constituent des titres de créances détenus temporairement avec un engagement
de revente, donc convertibles en monnaie dans un délai très court et sans perte conséquente en capital. Par voie de
conséquence, les valeurs données en pensions sont inclues dans la définition de la monnaie au sens large

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
VI- Les titres des OPCVM monétaires
- Les organismes de placement collectif des valeurs mobilières sont des institutions financières
qui regroupent l’épargne collectée auprès de plusieurs agents économiques et la mette en
commun afin de procéder à des opérations d’investissement financier à grande échelle
- Les OPCVM placent les montants collectés dans des portefeuilles d’actifs financiers, allant
des actions aux obligations, passant par les titres de créances négociables, en l’occurrence
les certificats de dépôt. Ce faisant, les OPCVM émettent des titres qui sont détenus par les
agents qui ont confié leurs fonds. Ces titres sont considérés comme des fractions du capital
de ces organismes. Cette façon de faire permet la diversification du portefeuille d’actifs
financiers détenus, certes indirectement, par l’épargnant et permet d’atténuer les pertes en
cas de crise touchant le marché d’un titre donné. Une diversification est assurée par le
recours aux OPCVM

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
VI- Les titres des OPCVM monétaires
- Les titres émis par les OPCVM qui investissent en actions ou en obligations, affichent des valeurs de marché
volatiles et leur revente nécessite un délai important et engendre forcément des pertes en capital, liées
essentiellement à des coûts de transaction. D’où leur exclusion du périmètre de la monnaie au sens large
- Néanmoins, les titres représentatifs de parts dans le capital des OPCVM qui acquièrent des titres de créances
négociables, dits OPCVM monétaires, font partie des actifs financiers quasi-monétaires car ils sont adossés
principalement à des actifs de court terme comme les certificats de dépôts. Les OPCVM monétaires achètent
des actifs financiers quasi-monétaires émis par les banques commerciales et qui font partie de la quasi-
monnaie. Ceci, en contrepartie de l’émission de titres qui sont convertibles à tout moment et sans perte en
capital
- Les titres des OPCVM monétaires sont liquides et leur transformation en monnaie se fait dans un délai
relativement court et sans perte conséquente en capital. Ils sont aisément transférables et sont assimilables à
des dépôts. Ce qui justifie leur inclusion dans le périmètre de la monnaie au sens large

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
VII- Les dépôts en devises
- Les banques peuvent ouvrir des comptes à vue ou à terme soit en dirhams, soit en monnaie
étrangère, et ce en conformité avec la réglementation de change au Maroc
- Les dépôts libellés en monnaie étrangère, sont moins liquides que les dépôts en monnaie
nationale, car leur contre-valeur en monnaie nationale peut varier selon les fluctuations du
taux de change
- Les dépôts en monnaie étrangère sont généralement inclus dans le périmètre des actifs
financiers quasi-monétaires et font partie de la monnaie au sens large à l’exception des
dépôts en devises dont le retrait est interdit pendant des périodes prolongées

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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires
VII- Les dépôts en devises
- Les banques sont autorisées à effectuer des opérations d’achat et de vente de devise contre devise avec les
titulaires de comptes en devises
Débit Crédit
les retraits effectués en devises donnent lieu au Les versements effectués en devises donnent
débit du compte sur la base de la valeur lieu au crédit du compte
faciale des billets de banque étrangers

- Les banques sont autorisés à ouvrir des comptes en devises pour des personnes physiques, ayant bénéficié
d’une dotation de voyage et qui peuvent avoir des comptes en devises dont le solde créditeur est limité au
montant de la dite dotation qui concerne les voyages effectués en dehors du territoire national à des fins
touristiques ou religieuses, ainsi que les voyages d’affaires effectués à l’étranger. Les banques sont également
autorisées à ouvrir des comptes en devises au nom des sociétés d’assurance et de réassurance, dédiés aux
opérations d’investissement à l’étranger ou au règlements des contrats en devises. Elles sont aussi autorisées à
ouvrir des comptes en devises au nom des exportateurs de biens et de services, en vue d’assurer la bonne
gestion de leurs opérations à l’international
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Chapitre 2 : Les actifs quasi-monétaires

Conclusion

Comme le montre la figure, la monnaie au sens large se compose de la monnaie au sens strict et de la quasi-monnaie

Monnaie au sens large

Monnaie au sens strict Quasi-monnaie

Monnaie fiduciaire Monnaie scripturale Actifs quasi-monétaires

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Travaux dirigés 2

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Filière : Sciences économiques et gestion

Cours d’économie monétaire et financière 1 (semestre 3)

Pr. KABAK Saad

Année universitaire : 2023 - 2024

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Plan du chapitre 3
Introduction
I- Définition et généralités
II- Agrégats monétaires
1- L’agrégat M1
2- L’agrégat M2
3- L’agrégat M3
Conclusion

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Objectif du chapitre

Identifier la composition des trois agrégats monétaires au Maroc

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
Introduction
- Après avoir défini le concept de la monnaie, nous allons à présent nous intéresser aux
agrégats monétaires
- Un agrégat monétaire permet de
v Mesurer la capacité de dépense des agents économiques détenteurs de la monnaie
v Quantifier la quantité de monnaie en circulation (la masse monétaire)

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
Introduction
- La problématique qui se pose pour quantifier la masse monétaire en question est la suivante :
Quels sont les éléments à intégrer dans le périmètre de la masse monétaire ?
- La décision quant aux éléments à inclure dans le périmètre de la masse monétaire ne fait pas le
consensus. D’où le choix de la classification des agrégats monétaires selon le critère de la
liquidité
- Ainsi, les agrégats monétaires recensent les actifs monétaires ainsi que les actifs financiers
rapidement transformables en liquidité, sans risque de perte en capital, c’est-à-dire les actifs
monétaires et les actifs quasi-monétaires
- Au Maroc, la publication des agrégats monétaires est effectuée par Bank Al-Maghrib

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
I- Définition et généralités
- Les agrégats monétaires regroupent les moyens de paiement (monnaie au sens strict) et les
actifs financiers qui peuvent être rapidement et facilement transformés en liquidité sans
risque important de perte en capital (quasi-monnaie)
- Les agrégats monétaires (au nombre de trois : M1, M2 e M3) sont désignés par la lettre
« M » avec des chiffres allant de 1 à 3, selon un ordre de liquidité décroissant (M1 étant le
plus liquide, suivi de M2 puis M3)
- Ce classement fait référence aux différents degrés de liquidité des actifs retenus dans la
définition de la masse monétaire
- Les actifs les plus liquides sont les actifs monétaires (M1). La liquidité des autres actifs
dépend de leur convertibilité en actifs monétaires

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
II- Agrégats monétaires
1- L’agrégat M1
- L’agrégat monétaire M1 regroupe la monnaie au sens étroit, c’est-à-dire les actifs purement
monétaires. Il est égal à la somme de la circulation fiduciaire et de la monnaie scripturale

M1 = CF + MS

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
II- Agrégats monétaires
1- L’agrégat M1
Remarque
Il ne faut pas confondre la monnaie fiduciaire et la circulation fiduciaire. Il s’agit de deux
concepts différents
vLa monnaie fiduciaire désigne le total des unités de billets de banque et les pièces
métalliques émises et mises en circulation par la Banque centrale
vLa circulation fiduciaire désigne la monnaie fiduciaire détenue par les agents
économiques déduction faite des encaisses des banques commerciales. D’où la formule
suivante :
CF = MF – Encaisses auprès des banques commerciales

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
II- Agrégats monétaires
1- L’agrégat M1
Remarque
- Une partie de la monnaie fiduciaire est détenue par les banques commerciales grâce aux dépôts
collectés auprès des clients ou à l’occasion d’opérations avec la Banque centrale. C’est donc une
erreur de les comptabiliser dans la circulation fiduciaire
- Un billet déposé auprès d’une banque en contrepartie d’un enregistrement comptable, cesse d’être
une monnaie fiduciaire en circulation car, d’abord il est déjà comptabilisé comme de la monnaie
scripturale, ensuite sa détention par la banque n’implique aucun pouvoir d’achat direct. Quant à la
monnaie scripturale, il s’agit des dépôts à vue collectés par la Banque centrale, et les dépôts à vue
chez les banques, ainsi que les comptes courants auprès du Trésor

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
II- Agrégats monétaires
1- L’agrégat M1
- Ainsi, l’agrégat M1 est la somme de la circulation fiduciaire et la monnaie scripturale
M1 = CF + MS
- L’agrégat M1 indique le pouvoir d’achat explicite et immédiat dont disposent les
agents économiques résidents d’une économie donnée et détenteurs de sa monnaie
- Sa structure et son évolution reflètent l’architecture du système bancaire et les
habitudes de consommation des ménages

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
II- Agrégats monétaires
1- L’agrégat M1
- Au Maroc, les récentes statistiques montrent la prépondérance de la monnaie scripturale
dans l’agrégat M1, qui occupe plus de 70% du total des actifs monétaires. Par
conséquent, le ratio de la circulation fiduciaire rapporté à M1 demeure faible par
rapport à la monnaie scripturale. En effet, Il existe une trajectoire haussière des dépôts
à vue détenus par les résidents au Maroc. Plusieurs facteurs expliquent ce fait, tels que
l’augmentation du taux de bancarisation, l’amélioration de l’infrastructure financière
ainsi que le changement des modes et des modalités de paiements au Maroc

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
II- Agrégats monétaires
1- L’agrégat M1
- Le ratio de la circulation fiduciaire rapporté au PIB (CF/PIB) s’est établi à 30% contre une
moyenne de 22% constatée lors des années précédentes. Cette hausse a été observée au
niveau de plusieurs pays. Cet appétit pour le cash n’est pas l’apanage de l’économie
marocaine. En effet, l’examen de l’évolution récente de la circulation fiduciaire dans de
nombreux pays confirme qu’il y a une préférence pour le cash en temps de crise
- Plusieurs facteurs peuvent expliquer le penchant pour l’utilisation de la monnaie fiduciaire : le
retard accusé dans le développement des moyens de paiement, la réticence des commerçants
pour l’acceptation des chèques et le nombre encore insuffisant des usagers du TPE, etc. Il s’agit
aussi d’une situation intimement liée à au secteur informel et à l’invasion fiscale qui en découle

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
II- Agrégats monétaires
2- L’agrégat M2
- L’agrégat M2 est composé de l’agrégat M1, auquel s’ajoute l’ensemble des actifs financiers
liquides, non transférables et générateurs d’intérêts. Il s’agit principalement des comptes
d’épargne ouverts auprès des banques, notamment les dépôts sur livrets
- Les dépôts sur livrets constituent les actifs quasi-monétaires les plus liquides. En effet, les dépôts
sur livrets sont moins liquides que les dépôts à vue et plus liquides que les dépôts à terme. De ce
fait, ils sont rémunérés moyennant des intérêts versés par les banques dépositaires, sachant que
leur rémunération est généralement inférieure à celles des dépôts à terme
- Le calcul de M2 se fait en ajoutant le total des dépôts sur livrets à l’agrégat M1. Il se calcule
comme suit :
M2 = M1 + Dépôts sur livrets

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
II- Agrégats monétaires
2- L’agrégat M2
- L’agrégat M2 est moins liquide que M1
- L’agrégat M2 est aussi liquide que l’agrégat M1, sauf qu’il englobe un actif quasi-monétaire
(dépôt sur livret), l’actif quasi-monétaire le plus liquide
- Au Maroc, l’agrégat M2 se constitue d’environ 15% des dépôts sur livrets et 85% de M1
- Il existe une augmentation des dépôts sur livrets, illustrant l'engouement des épargnants pour
ce type de placement financier, caractérisé par la combinaison de liquidité et de
rémunération

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
II- Agrégats monétaires
3- L’agrégat M3
- Pour délimiter le périmètre de définition de la monnaie au sens large, tous les actifs monétaires et quasi-
monétaires mis en circulation sur le territoire du pays sont agrégés en un seul indicateur dit M3
- L’agrégat M3 capte le pouvoir d’achat explicite et implicite des détenteurs de la monnaie en un instant
donné. Il englobe, en plus de l’agrégat M1, tous les actifs qui répondent aux critères de la définition de la
quasi-monnaie
- L’agrégat M3 comporte donc la monnaie au sens strict, captée par l’agrégat M1, en plus de la quasi-monnaie.
Ainsi : M3 = M1 + QM (ou QM = M3 - M1)
- Il est vrai que l’agrégat M3 est l’agrégat monétaire le plus large, sauf qu’il est le moins liquide compte tenu de
ses composantes qui, bien que transférables, le sont relativement mois que la monnaie fiduciaire et scripturale
- M3 peut être représenté par la somme des actifs monétaires et les actifs quasi-monétaires : M3 = AM + AQM

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires

II- Agrégats monétaires

3- L’agrégat M3 : Décomposition de l’agrégat M3 (éléments constitutifs)

1. Le premier élément constitutif de M3 est : M2 = actifs monétaires (M1) + dépôts sur livrets

2. Sachant que les banques et le Trésor peuvent collectés des dépôts à terme, ces derniers sont donc éclatés en deux : DAT auprès des banques + DAT auprès du Trésor

3. Les bons de caisse sont également inclus dans le périmètre de définition de la monnaie au sens large et sont assimilés aux dépôts à terme collectés par les banques (N.B : les statistiques
monétaires et financières publiées par Bank Al-Maghrib agrègent en un seul poste les dépôts à terme collectés par les banques et les bons de caisse émis par les banques)

4. Les certificats de dépôt d’une durée résiduelle inférieure ou égale à 2 ans sont assimilés aux actifs financiers quasi-monétaires et font donc partie de M3

5. Les titres émis par les organismes de placement collectif en valeurs mobilières et dont le portefeuille contient exclusivement des TCN, et particulièrement les certificats de dépôts.
Ces titres sont considérés comme liquides, en ce sens que leur transformation en actifs monétaires n’engendre aucune perte en capital, peut se faire dans un délai relativement court et ne
se traduit aucunement par une baisse des actifs monétaires des autres agents non financiers

6. Les dépôts en devises sont également à inclure dans l’agrégat M3. Ils demeurent aisément convertibles en monnaie nationale et sont inclus dans l’agrégat M3. Nonobstant, les dépôts en
devises dont le retarit est conditionné par un terme ou la contre-valeur en monnaie nationale fluctue au gré des fluctuations du taux de change nominal, sont généralement exclus de la
définition de la monnaie au sens large

7. La mise en pension d’un actif financier, en l’occurrence un certificat de dépôt, implique un engagement de rachat du titre et ce dans un délai relativement court. Somme toute, les
valeurs données en pension peuvent être considérées comme des prêts de très court terme dont la finalité est la gestion de trésorerie des parties prenantes de l’opération de mise en
pension. Les valeurs données en pension sont des actifs quasi-monétaires, car facilement transformables en liquidité. Les montants affichés sont à inclure dans les composantes de M3

8. Un autre élément constitutif de l’agrégat M3 fait référence aux emprunts contractés par les banques auprès des sociétés de financement autre que la Banque centrale et les
OPCVM monétaires. Ces emprunts font partie de la quasi-monnaie car les sociétés financières qui les ont accordés sont identifiées comme étant des agents économiques détenteurs de
la monnaie

En somme, les actifs financiers quasi-monétaires sont à inclure dans le périmètre de définition de la monnaie au sens large. Ce faisant, les éléments constitutifs de M3 sont repris par l’égalité
suivante : M3 = M2 + DAT + BC + CD + DED + OPCVM cd + VP + E sf
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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
II- Agrégats monétaires
3- L’agrégat M3
- Au Maroc, il existe une prépondérance des dépôts à terme et des bons de caisse, avec une part qui s’élève à
48% des AQM. Dans cette part, les banques s’accaparent l’essentiel de ces bons et dépôts (données 2021)
Avec :
+ DAT (48%) (46% DAT auprès des banques + 2% Bons de caisse)
+ OPCVM (22%)
+ Dépôts en devises (13%)
+ Certificats de dépôt (10%)
+ Valeurs en pension (4%)
+ Emprunts contractés par les banques auprès des sociétés de financement (3%)

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
II- Agrégats monétaires
3- L’agrégat M3
- L’agrégat M3 recense donc la masse monétaire. Il s’agit d’une variable de stock
mesurée mensuellement et publiée par la Banque centrale qui en assure le suivi
- Au Maroc, l’agrégat M3 est dominé par M1
- Le taux de croissance de M3 (appelé taux de croissance en glissement annuel) est un
indicateur de la création monétaire. Pour l’obtenir, on déduit de M3 la valeur affichée
d’une année donnée, la valeur affiché au même mois de l’année précédente puis on
divise le résultat par le niveau de M3 de l'année précédente, puis on multiplie le tout
par 100 pour obtenir le pourcentage de croissance

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Chapitre 3 : Les agrégats monétaires
Conclusion
- En définissant la monnaie et en quantifiant sa circulation à travers les agrégats
monétaires, il est possible d'évaluer la capacité de dépense des agents économiques et
d'appréhender la dynamique monétaire globale
- Les agrégats monétaires jouent un rôle fondamental dans la mise en œuvre de la
politique monétaire. Les autorités monétaires peuvent ajuster la masse monétaire pour
influencer les conditions économiques, stimuler la croissance économique ou contenir
l'inflation, et maintenir la stabilité financière

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Filière : Sciences économiques et gestion

Cours d’économie monétaire et financière 1 (semestre 3)

Pr. KABAK Saad

Année universitaire : 2023 - 2024

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Plan du chapitre 4
Introduction
I- Taux d’intérêt : définition et généralités
1- Définition du taux d’intérêt
2- Diversité des taux d’intérêt
II- Les déterminants du taux d’intérêt réel
1- Au niveau micro-économique
2- Au niveau macro-économique
III- Les déterminants du taux d’intérêt nominal
Conclusion

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Objectif du chapitre 4

Comprendre le taux d’intérêt et ses déterminants

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Introduction
- Les taux intérêts sont des variables économiques les plus attentivement
surveillées par les autorités monétaires
- Nous entendons fréquemment parler des taux d’intérêt, que ce soit pour
exprimer des préoccupations sur leur niveau excessif ou insuffisant, ou encore
pour annoncer des ajustements de la part des autorités monétaires. Cependant,
la définition précise de ce terme n’est pas toujours clairement saisie
- Les variations des taux d’intérêt affectent aujourd’hui, de façon immédiate et
directe, les revenus des agents financiers et leurs comportements. L’analyse et la
compréhension de leurs déterminants sont de fait indispensables

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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
I- Taux d’intérêt : définition et généralités
1- Définitions du taux d’intérêt
- Le taux d’intérêt est une notion qui est liée aux différents placements et emprunts
- Le taux d’intérêt représente la rémunération ou la contrepartie qui récompense le
risque encouru par le prêteur, mais aussi le prix à payer de la location des fonds par
l’emprunteur. C’est la rémunération exigée par le prêteur pour se déposséder de ses
liquidités pendant une période donnée
- Le taux d’intérêt est la rémunération attendue pour la renonciation à une
consommation immédiate. En effet, si on ne dépense pas instantanément l’argent qu’on
possède mais, que on choisit de le placer, la renonciation à cette utilisation immédiate
se traduit par un intérêt que l’on sert sur ce placement. Plus cette renonciation est
longue, plus le taux d’intérêt servi est important
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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
I- Taux d’intérêt : définition et généralités
2- Diversité des taux d’intérêt
- Les taux d’intérêt sont cotés sur différents marchés. En effet, Il existe plusieurs
taux d’intérêt dans l’économie, le taux d’intérêt du marché monétaire (auquel
les banques se prêtent entre elles des fonds à court terme), le taux d’emprunt
hypothécaire (pour le logement), le taux de crédit à la consommation (pour
l’achat d’une voiture) et le taux sur les différents types d’obligations, etc.
- Les taux d’intérêt sont structurés selon la maturité des transactions et la qualité
des opérateurs
- L’écart entre les taux d’intérêt de différents emprunteurs, sur une même
maturité, est appelé spread de crédit
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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
I- Taux d’intérêt : définition et généralités
2- Diversité des taux d’intérêt
A- Taux d’intérêt au comptant et taux d’intérêt à terme
- Le taux d’intérêt au comptant, également appelés taux cash, s'applique à des prêts ou emprunts démarrant
immédiatement, avec une cotation indiquant le taux d'intérêt en vigueur pour la transaction. Ce taux est
déterminé par les conditions actuelles du marché et est immédiatement appliqué à la transaction
Les intérêts sont calculés en fonction du taux d'intérêt au comptant
- Le taux d’intérêt à terme, applicable à des prêts ou emprunts prévus dans le futur. Cette démarche vise à se
prémunir contre le risque de hausse des taux d’intérêt. Contrairement aux taux au comptant, les taux à terme
sont fixés à l'avance au moment de la conclusion de l'accord.
Les intérêts sont calculés en fonction du taux d’intérêt à terme. Par exemple, si le taux à terme est
fixé à 4,5%, les intérêts seront calculés en fonction de ce taux, indépendamment du taux
d'intérêt au comptant
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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
I- Taux d’intérêt : définition et généralités
2- Diversité des taux d’intérêt
B- Taux d’intérêt longs et taux d’intérêt courts
- Il s’agit de taux d'intérêt sur des échéances différentes. La principale différence réside dans la durée des
instruments financiers associés à ces taux
- Les taux d’intérêt courts : concernent les instruments financiers à court terme (généralement avec des échéances
inférieures à un an). Il s’agit d’un ensemble des taux d’emprunts qui se forment sur le marché monétaire : taux
monétaires à trois mois, taux des titres de créances négociables (marché monétaire), taux des prises en pension,
taux des contrats de prêts bancaires. Les taux d'intérêt courts ont tendance à être plus sensibles aux changements
économiques à court terme, aux politiques monétaires et aux ajustements de la banque centrale
• Les taux d’intérêt longs : concernent les instruments financiers à plus long terme (généralement avec des échéances
supérieures à un an tels que les obligations à long terme). Les taux d'intérêt longs sont influencés par des facteurs à
plus long terme tels que les perspectives économiques à long terme et les autres variables macroéconomiques
structurelles

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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
I- Taux d’intérêt : définition et généralités
2- Diversité des taux d’intérêt
C- Taux d’intérêt réel et taux d’intérêt nominal
- La mise en évidence de la relation entre le taux d’intérêt et l’inflation permet de distinguer le
taux d’intérêt réel et le taux d’intérêt nominal
- Le taux d'intérêt réel tient compte de l'inflation ou de la déflation. Il représente le rendement réel
d'un investissement ou le coût réel d'un emprunt après avoir ajusté les effets de l'inflation
- Le taux d'intérêt nominal est le taux annoncé ou observé sur un instrument financier, comme un prêt
ou un dépôt
- La distinction entre le taux d’intérêt réel et le taux d’intérêt nominal est importante pour évaluer
l'impact réel des taux d'intérêt sur les rendements financiers. Par exemple, un taux d’intérêt
nominal élevé peut sembler attrayant, mais s'il est accompagné d'une inflation élevée, le taux
d’intérêt réel peut être beaucoup plus faible en termes de pouvoir d'achat réel
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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
I- Taux d’intérêt : définition et généralités
2- Diversité des taux d’intérêt
C- Taux d’intérêt réel et taux d’intérêt nominal
Qu’est ce que l’inflation ?
L’inflation désigne une hausse durable des prix de l’ensemble des biens et services
N.B
Remarque 1 : Il n’y a donc pas d’inflation lorsque
- Tous les prix augmentent ponctuellement et restent et stables par la suite
- Certains prix augmentent, tandis que d’autres stagnent ou diminuent
Remarque 2 : Ne pas confondre l’inflation et
- La déflation qui désigne la baisse continue du niveau général des prix
- La désinflation qui signifie le ralentissement durable de la hausse des prix, c’est-à-dire la baisse du taux d’inflation
- La stagflation : c’est une conjoncture économique caractérisée par la coexistence du chômage et d’inflation

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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
II- Déterminants du taux d’intérêt réel
1- Au niveau micro-économique
- Au niveau microéconomique, le taux effectif général (TEG) comprend le taux d’intérêt de base, des frais de
dossier, la prime d’assurance, les frais de garantie, etc.
- Le taux d’intérêt de base est fonction de plusieurs paramètres
vLe taux de référence = taux de base bancaire
vLe taux de base bancaire correspond au seuil de rentabilité des capitaux engagés par la banque. Il est
révisé périodiquement pour tenir compte de l’évolution du taux de marché monétaire
vLe taux de base bancaire est établi compte tenu des conditions de refinancement spécifiques à chacune des
banques (coût du capital) intégrant le coût de la collecte

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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
II- Déterminants du taux d’intérêt réel
1- Au niveau micro-économique

Taux d’intérêt = Taux de base bancaire + prime de risque

- La prime de risque se compose de deux éléments


v Majoration propre au risque client : Ces majorations catégorielles sont définies par chaque banque à partir
de sa propre expérience. Une méthode de cotation ou de notation (scoring) permet de hiérarchiser le risque
de signature pour chaque client selon une échelle de valeur
v Majoration propre au risque produit : C’est une majoration spécifique qui est établie en fonction de la
nature du crédit utilisé pour couvrir le risque pris par la banque, par défaut de garanties offertes suffisantes

N.B : Les majorations sont définies en fonction de plusieurs critères


- Les ratios financiers (exemple : ratio d’endettement)
- Le nombre d’incidents de paiement
- La taille d’entreprise en terme de chiffre d’affaires

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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
II- Déterminants du taux d’intérêt réel
2- Au niveau macro-économique
- Au niveau macro-économique, le taux d’intérêt constaté sur le marché (taux d’intérêt nominal défini
au moment du contrat d’emprunt) dépend du taux d’intérêt réel qui est le reflet des caractéristiques
structurelles de l’économie (risque) et de l’inflation anticipée qui mesure la perte de pouvoir
d’achat. Sa détermination selon l’équation de Fisher se fait comme suit :
(1+i) = (1+R) × (1+Π)
Où :
i : taux d'intérêt nominal
R : taux d'intérêt réel
Π : taux d'inflation anticipé
Le taux d’intérêt nominal est égale au taux d’intérêt réel plus le taux d’inflation anticipée

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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
II- Déterminants du taux d’intérêt réel
2- Au niveau macro-économique
Exemple
Supposons qu'une banque propose un prêt avec un taux d'intérêt nominal de 7%. Pendant la même période, on s'attend à ce que l'inflation
soit de 3%
Travail à faire
Calculer le taux d’intérêt réel. Commenter le résultat
Réponse : La formule qui relie ces trois éléments est la suivante : (1+i)=(1+r)×(1+π)
Ainsi : (1+0.07)=(1+r)×(1+0.03)
1.07=(1+r)×1.03
1.07/1.03=1+r
R = 1.07/1.03−1 ≈ 0.0388 ou 3.88%
Commentaire
Le rendement réel (ajusté par l’inflation) est 3.88%. C’est le taux que l'emprunteur percevrait ou le coût réel que le prêteur supporterait.
Bien que le taux d'intérêt nominal soit de 7%, le rendement réel est plus bas après avoir pris en compte l'inflation anticipée

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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
II- Déterminants du taux d’intérêt réel
2- Au niveau macro-économique
- Le taux d’intérêt réel est expliqué à l’aide de trois théories :
vLa théorie classique qui insiste sur l’interprétation réelle de la détermination du taux
d’intérêt
vLes théories d’inspiration keynésienne pour lesquelles le taux d’intérêt a une nature
monétaire
vLa théorie des fonds prêtables qui tente d’effectuer une synthèse des deux théories
classique et keynésienne

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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
II- Déterminants du taux d’intérêt réel
2- Au niveau macro-économique
A- Pour les classiques

- Dans l’analyse classique, le taux d’intérêt est déterminé par la confrontation de l’offre d’épargne des agents et la
demande d’emprunt
v Pour les ménages épargnants (en tant qu’offreur d’épargne), le taux d’intérêt représente le prix de la
renonciation à la consommation présente et détermine l’affectation du revenu entre consommation et épargne.
Autrement dit, c’est le prix du temps, la récompense de l’attente pour épargner
v Pour les entreprises (en tant que demandeur d’emprunt), le besoin d’emprunt est déterminé par le besoin
d’investissement. Les entreprises comparent le taux de rendement marginal du capital au coût de leur emprunt
(appelé aussi taux d’intérêt monétaire). Ce dernier résulte de la confrontation de l’offre de fonds (des ménages
et des banques) et de la demande de fonds par les entreprises. Le taux monétaire détermine le coût de l’emprunt
pour les entreprises
v La condition d’équilibre d’un tel système est l’égalité entre les deux taux, à savoir le taux de rendement
marginal et le taux monétaire

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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt

I- Déterminants du taux d’intérêt

1- Déterminants du taux d’intérêt réel

A- L’interprétation du taux d’intérêt réel dans l’analyse classique

Exemple : Supposons que le taux de rendement marginal du capital est de 5%. En même temps, le taux d'intérêt monétaire,
déterminé sur le marché financier, est de 4%. Les entreprises, lorsqu'elles envisagent des investissements, comparent le taux
de rendement marginal du capital avec le coût de leur emprunt (taux d'intérêt monétaire)

• Si le taux d'intérêt monétaire est inférieur au taux de rendement marginal du capital : les entreprises trouveront
l'emprunt attrayant, car elles peuvent emprunter à un coût inférieur au rendement attendu de leurs investissements. Ce qui
stimule l'investissement

• Si le taux d'intérêt monétaire est supérieur au taux de rendement marginal du capital, les entreprises pourraient être
moins encouragées à emprunter, car le coût de l'emprunt serait plus élevé que le rendement attendu de leurs
investissements. Ce qui ralentit l'investissement

L'équilibre se produit lorsque le taux d'intérêt monétaire est égal au taux de rendement marginal du capital. L’égalité entre
ces deux taux implique que l'économie fonctionne à son niveau optimal, sans incitations excessives à l'emprunt ou à l'épargne

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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
II- Déterminants du taux d’intérêt réel
2- Au niveau macro-économique
B- Pour Keynes
- Dans l’analyse keynésienne, le taux d’intérêt ne détermine pas la répartition du revenu entre
consommation et épargne, celle-ci étant fonction de la propension marginale à consommer (pmc) des
agents
- Pour Keynes, le taux d’intérêt détermine la confrontation de la demande de monnaie (besoin de financement)
et l’offre de monnaie
- Le taux d’intérêt est le prix de la renonciation à la liquidité. Il détermine la répartition de l’épargne entre
une encaisse monétaire et les titres. Autrement dit, c’est la récompense de la renonciation à la liquidité,
c’est le prix de l’arbitrage entre les actifs liquides et les actifs placés contre rémunération
- Le taux d’intérêt est déterminé dans cette analyse sur le marché monétaire par confrontation de la demande
de monnaie (selon les trois motifs keynésiens de transaction, précaution et spéculation) et de l’offre de
monnaie, contrôlée par les autorités monétaires
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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
II- Déterminants du taux d’intérêt réel
2- Au niveau macro-économique
B- Pour Keynes
Le taux d’intérêt est le prix de renonciation à la liquidité (vision keynésienne)
Keynes divise la demande de monnaie (la détention de l’encaisse monétaire) en deux composantes :
v M1 : représente la monnaie détenue par les agents économiques pour motifs de transaction et de précaution. Elle est
déterminée par une fonction de liquidité L1 qui dépend principalement du revenu Y. Le taux d’intérêt (r) ne joue aucun rôle
à ce niveau. Ainsi, la demande de monnaie M1 (pour motifs de transaction et de précaution) dépend positivement et
uniquement du revenu Y

v M2 : représente la demande de monnaie détenue par les agents économiques pour motif de spéculation. Elle
est déterminée par une fonction de liquidité L2 qui dépend principalement du taux d’intérêt r. Ainsi, la demande
de monnaie M2 (pour motif de spéculation) dépend négativement de r
v En tenant compte d’un taux d’intérêt min et max, nous pouvons déduire deux cas de figures :
- r= r min : lorsque le taux d’intérêt baisse à un niveau plancher (r min), la préférence pour la liquidité est infinie
(puisque le rendement des titres acquis sera très faible). Cet excès de liquidité est appelé la trappe monétaire
ou la trappe à liquidité (c’est-à-dire une préférence infinie pour la liquidité)
- r= r max : lorsque le taux d’intérêt arrive à un max, les agents vont préférer l’acquisition des titres au lieu de
garder leurs liquidités

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M2
Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
I- Déterminants du taux d’intérêt
1- Déterminants du taux d’intérêt réel
C- Théorie des fonds prêtables
- La théorie des fonds prêtables tente d’effectuer une synthèse des théories d’inspiration classique et keynésienne sur la détermination du taux
d’intérêt
- Pour cette théorie, le taux d’intérêt est déterminé par confrontation de l’offre et de la demande de fonds prêtables
v L’offre de fonds prêtables se compose d’actifs monétaires (à l’instar des crédits bancaires) et non monétaires (épargne sous forme d’actifs
financiers)
v La demande de fonds prêtables comporte les liquidités souhaitées par les agents, ainsi que la demande d’investissement
- Pour la théorie des fonds prêtables, il existe en réalité une multitude de taux d’intérêt car, pour l’épargnant, en plus du prix d’une renonciation
(à la consommation présente ou à la liquidité), le taux d’intérêt va rémunérer le risque pris par le prêteur (prime de risque). Parmi ces risques,
l’agent subit :
v Un risque de contrepartie appelé aussi risque de non-remboursement
v Un risque de taux liée à une variation non anticipée des taux d’intérêt dans le futur
v Un risque de perte de pouvoir d’achat si l’inflation existe
- Le taux d’intérêt du marché va ainsi intégrer des primes de risques (fonction de la qualité de l’emprunteur, de l’échéance, du degré d’aversion au
risque des agents ou de la volatilité observée des taux) ainsi que les anticipations d’inflation des agents

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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
III- Déterminants du taux d’intérêt nominal
- D’après la théorie keynésienne, une augmentation de l’offre de monnaie par les autorités monétaires doit, par le
jeu de l’offre et de la demande, provoquer une baisse du taux d’intérêt
- Pour les classiques, la création monétaire entraîne une hausse des prix. Les taux d’intérêt bas devraient donc être
associés à des périodes d’inflation élevée
- Gibson (paradoxe de Gibson) a montré empiriquement que les périodes d’inflation élevée correspondaient, au
contraire, à des taux d’intérêt nominaux également élevés. Pour résoudre ce paradoxe, Fisher propose l'idée que les
agents raisonnent à pouvoir d'achat constant. Cela signifie que les individus ajustent leurs décisions en tenant compte
de l'inflation. Fisher distingue entre le taux d'intérêt nominal, observé sur le marché, et le taux d'intérêt réel
d'équilibre, qui tient compte du taux d'inflation anticipé par les agents économiques. Selon Fisher, les agents prennent
en considération l'inflation lorsqu'ils prennent des décisions financières
Rappel de la formule de Fisher : (1+i) = (1+R) × (1+Π)
Où :
i : taux d'intérêt nominal
R : taux d'intérêt réel
Π : taux d'inflation anticipé

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Chapitre 4 : Le cadre analytique du taux d’intérêt
III- Déterminants du taux d’intérêt nominal
- Les agents prennent ainsi leurs décisions de prêt et d’emprunt sur la base de leurs anticipations. On distingue
plusieurs processus de formation des anticipations
vLes anticipations régressives : l’anticipation de la valeur d’une variable sur une période t dépend de l’histoire de
cette variable, c’est-à-dire de la chronique de ses valeurs passées.
Exemple : Si l'inflation a été élevée au cours des dernières années, les agents économiques peuvent s'attendre à ce
qu'elle reste élevée dans le futur, basant leurs prévisions sur la tendance passée
Parmi ces anticipations, nous retrouvons :
- Les anticipations extrapolatives qui ne tiennent compte que de l’inflation passée. Le taux d’inflation anticipé est une
moyenne unique pondérée pour tenir compte de la tendance d’évolution des prix, des taux d’inflation passés
- Les anticipations adaptatives qui considèrent l’inflation anticipé comme variable dépendante toujours de ses valeurs
passées, mais en tenant également comptes des erreurs de prévisions passées des agents
vLes anticipations rationnelles. Il est supposé dans ce cas que les agents intègrent parfaitement toute l’information
disponible (présente et passée) pertinente dans leur processus d’anticipation. Les agents sont supposés connaître
parfaitement le modèle de détermination des prix et ils l’utilisent en conséquence

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Conclusion

L’influence des variations du taux d’intérêt sur la quantité de monnaie


demandée constitue l’une des préoccupations centrales de la théorie
monétaire. Elle détermine l’importance des effets de la monnaie sur
l’activité économique globale. D’où son importance dans le cadre de la
politique monétaire, objet du chapitre 5

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Filière : Sciences économiques et gestion

Cours d’économie monétaire et financière 1 (semestre 3)

Pr. KABAK Saad

Année universitaire : 2023 - 2024

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Plan du chapitre 5
Introduction
I- La politique monétaire comme une politique économique conjoncturelle
1- Politique économique : définition et généralités
2- Types de politique économique : politique économique structurelle et politique conjoncturelle
3- Objectifs de la politique économique conjoncturelle : le carré magique de Kaldor

II- Politique monétaire : définition et généralités


1- Politique monétaire : définition et apports théoriques
2- Contreparties de la masse monétaire
3- Objectifs de la politique monétaire
4- Types de la politique monétaire : politique de relance et politique de rigueur
5- Actions de la politique monétaire

Conclusion

FPE- Université Moulay Ismaïl- Filière : Sciences économiques et gestion – Economie monétaire et financière 1- (S3) - Pr. KABAK Saad 2
Objectifs du chapitre 5

Comprendre la politique monétaire, ses types, ses objectifs

FPE- Université Moulay Ismaïl- Filière : Sciences économiques et gestion – Economie monétaire et financière 1- (S3) - Pr. KABAK Saad 3
Introduction
- La Banque centrale (banque des banques), en tant que producteur de monnaie fiduciaire et à l'instar de tout autre
producteur, doit veiller à garantir la qualité de son produit en préservant son pouvoir d'achat et en assurant la
stabilité de sa valeur réelle, notamment en veillant à la stabilité des prix

- La construction des agrégats monétaires traduit la préoccupation des Banques centrales de comprendre la
composition et le montant total de la masse monétaire détenue par les agents économiques non-financiers. Cette
masse monétaire est susceptible de se traduire immédiatement ou dans un certain délai, en un pouvoir d’achat le
marché des biens et services
- La stabilité des prix est l’essence de la politique monétaire mise en œuvre par la Banque centrale. Dans ce
cadre :
vLa Banque centrale est abordée comme un agent qui doit préserver la valeur de la monnaie fiduciaire dont il
détient le monopole de production
vLa politique monétaire est analysée comme un mécanisme d’allocation optimale de la quantité de monnaie
- A la lumière de ces éléments, un certain nombre de questions s’imposent :
Qu’est ce que la politique monétaire ? Quels sont ses types ? Quels sont ses objectifs ?
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Chapitre 5 : La politique monétaire

I- Politique monétaire comme politique économique conjoncturelle

1- Politique économique : définition et généralités

- La régulation par l’Etat désigne l’intervention de l’Etat pour corriger les dysfonctionnements du marché et remédier aux limites de la régulation par le marché (loi de
l’offre et de la demande). Cette fonction d’inspiration keynésienne (régulation par l’Etat), se traduit par la mise en place des politiques économiques

- L’intervention de l’Etat dans la sphère économique se fait à partir de la politique économique qui désigne un ensemble de décisions prises par les pouvoirs
publics afin d’atteindre, grâce à l’utilisation de divers instruments (monnaie ou/et budget), certains objectifs concernant la situation économique

- La politique économique d’un pays est conduite par les pouvoirs publics : le gouvernement

- L’intervention dans l’Etat est un sujet de controverse. En effet, il existe à cet effet deux visions à propos de ce sujet :

Etat-minimal ou Etat gendarme (vision économistes Etat – providence (vision keynésienne)


libéraux)
Selon les libéraux, L’Etat doit se limiter aux fonctions Au sens large : l’Etat-providence désigne l’ensemble des
régaliennes (défense, sécurité et justice) : notion de l’Etat interventions économiques et sociales de l’Etat
gendarme ou Etat minimal Au sens strict : intervention de l’Etat dans le domaine social
par l’intermédiaire du système de la sécurité sociale
Dans ce cas, l’Etat prend éventuellement en charge quelques -Les fonctions de l’Etat – providence
fonctions annexes (entretien du réseau routier, électrique, · Allocation des ressources (avec la politique structurelle et la
ferroviaire, etc.) prise en compte des externalités) ;
· Redistribution des revenus (prélèvements et ré-affectations)
· Stabilisation de la conjoncture (croissance équilibrée et
lutte contre l'inflation et le chômage par la politique
conjoncturelle). C’est une fonction de régulation

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Chapitre 5 : La politique monétaire
I- Politique monétaire comme politique économique conjoncturelle
2- Types de politique économique : politique économique structurelle et politique économique conjoncturelle
- Deux types de politiques économiques
v La politique économique structurelle (à long terme) porte sur les composantes fondamentales du système économique qui sont plus
longues à mettre en œuvre mais agissent durablement sur les équilibres à long terme (politique industrielle)

v La politique économique conjoncturelle (à court terme) est ensemble des actions de l’Etat visant à modifier les fluctuations de l’activité
économique à court terme (à partir de la politique budgétaire et monétaire)
- Il existe deux grands types de politique conjoncturelle : une politique de relance et une politique de rigueur
v La politique de relance (Go), d'inspiration keynésienne, privilégie les objectifs de stimulation de la croissance et de lutte contre le chômage
v La politique de rigueur (Stop) privilégie quant à elle la lutte contre l'inflation, l'assainissement financier et la réduction du déficit extérieur

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Chapitre 5 : La politique monétaire
I- Politique monétaire comme politique économique conjoncturelle
3- Objectifs de la politique économique conjoncturelle : le carré magique de Kaldor
3-1- Définition du carré magique
Le carré magique est une représentation graphique imaginée par l'économiste Kaldor résumant la situation conjoncturelle d'un pays à partir de
quatre indicateurs : le taux de croissance du PIB, le taux d'inflation, le solde de la balance des transactions courantes (en % du PIB)
3-2- Les quatre objectifs de la politique économique conjoncturelle
- La croissance économique : (évaluée par le taux de croissance du PIB) L’Etat cherche a promouvoir une croissance économique forte et
durable
- La situation de l’emploi : (mesurée par le taux de chômage en % de la population active) Le rôle de l’Etat est de favoriser la création
d’emploi directement ou indirectement
- La stabilité des prix : (mesurée par le taux d’inflation en %) L’Etat cherche à garantir le pouvoir d’achat des agents économiques en luttant
contre l’érosion monétaire liée à l’inflation
- L’équilibre des comptes extérieurs : (mesuré par le solde de la balance des paiements en % du PIB). Une croissance économique
déséquilibrée ne profite pas à une économie nationale puisqu’elle se traduit par une augmentation des importations au détriment de la
production nationale

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Chapitre 5 : La politique monétaire
I- Politique monétaire comme politique économique conjoncturelle
3- Les objectifs de la politique économique conjoncturelle : le carré magique de Kaldor
3-3- Les dilemmes (contradictions) de la politique économique
- La diminution des prix décourage les producteurs, réduit la croissance et donc augmente le chômage
- Un taux de croissance économique élevé entraîne une augmentation de la demande interne ; ce qui implique une augmentation des
importations et donc aggrave le déficit extérieur
- La baisse du chômage augmente la demande donc contribue à l’augmentation des prix (inflation)
Résumé : Les objectifs compatibles et incompatibles du Carré magique

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Chapitre 5 : La politique monétaire

II- La politique monétaire : définition et généralités

1- Politique monétaire : définition et apports théoriques

- La politique monétaire est un instrument de la politique économique conjoncturelle qui consiste à fournir les liquidités nécessaires au bon
fonctionnement et à la croissance de l’économie tout en veillant à la stabilité de la monnaie

- Une quantité de la monnaie en circulation ne doit pas être faible pour ne pas obliger les agents économiques à limiter leurs activités
économiques, ni trop élevée pour ne pas provoquer une hausse des prix (inflation)

- La politique monétaire dépend de la Banque centrale

- La politique monétaire a fait l’objet de l’analyse de différents courants théoriques, nous résumons leurs apports dans le tableau ci-dessous
Courant classique et monétariste Courant keynésien

- L’économie est en situation de plein-emploi - L’économie est en situation de sous-emploi


- Raisonnement sur le long terme - Le raisonnement sur le court terme
- La théorie quantitative de la monnaie : toute augmentation de - La monnaie n’est pas neutre : s’il existe des capacités de
la masse monétaire entraîne une augmentation des prix production non utilisées, l’accroissement de la masse monétaire
(inflation) conduira d’abord à un accroissement de la l’activité
- La monnaie est neutre : elle n’a pas, à long terme d’effet réel économique
sur l’activité économique - Keynes prône une politique monétaire expansive (priorité à la
- L’inflation est partout et toujours un phénomène monétaire lutte contre la chômage)
(Friedman)
- Les classiques et les monétaristes prônent pour une politique
monétaire restrictive ou de rigueur (priorité à la lutte contre
l’inflation)

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Chapitre 5 : La politique monétaire
II- La politique monétaire : définition et généralités

2- Contreparties de la masse monétaire


- La monnaie en circulation (masse monétaire mesurée par M3) dans une économie a toujours une contrepartie représentée par
une créance. Les économistes font généralement la distinction entre trois contreparties de la masse monétaire : les crédits à
l’économie, les créances sur l’Etat et les avoirs extérieurs nets
1- Crédit intérieur global
1-1 Concours à l’économie : correspondent aux financements consentis aux ménages et aux entreprises
1-2 Créances sur le trésor : résultent de l’endettement de l’Etat
2- Avoirs extérieurs nets : proviennent des opérations réalisées avec l’extérieur. Leur évolution est liée à la situation de la balance des
paiements : l’excédent de la balance par exemple va induire une création monétaire d’origine extérieure consécutive du nouvel apport
de devises
- Les créances détenues par le secteur bancaire en contrepartie de la monnaie créée s’appellent les contreparties de la masse
monétaire (au sens de M3)

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Chapitre 5 : La politique monétaire

II- Politique monétaire : définition et généralités

3- Objectifs de la politique monétaire

Objectifs intermédiaires Objectifs finaux (carré magique de Kaldor)


- La croissance de la masse monétaire : elle constitue l’objectif - Le taux de croissance de l’économie : la politique monétaire,
privilégié des monétaristes. La masse monétaire ne doit pas selon Friedman, assurera une croissance non inflationniste si la
excéder les besoins de l’économie croissance de la masse monétaire suit la croissance économique
- Le niveau des taux d’intérêt nominaux : il est l’objectif réelle
privilégié des keynésiens. Le niveau des taux d’intérêt conditionne - Le taux d’inflation : lors des périodes de croissance accélérée, la
le niveau des investissements ainsi que les mouvements de politique monétaire doit permettre de limiter les tensions
capitaux à court terme sur les places financières inflationnistes par la hausse des taux d’intérêt et la contraction de
- La stabilité du taux de change : la Banque centrale définit un l’activité qui en résulte
taux de change d’équilibre et s’efforce de défendre cette parité - Le taux de chômage : En situation de sous-emploi, une politique
monétaire expansive permet de réduire le chômage, par la
baisse des taux d’intérêt et la reprise de l’investissement qu’elle
induit, au détriment de la stabilité des prix
- L’équilibre de la balance des paiements. Si un pays est
confronté à un déséquilibre extérieur, une politique monétaire
restrictive permet d’attirer les capitaux et de limiter la
dépréciation de la monnaie.

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Chapitre 5 : La politique monétaire

II- Politique monétaire : définition et généralités

4- Types de la politique monétaire : politique de relance et politique de rigueur

Politique monétaire de relance (GO) Politique monétaire de rigueur (STOP)


Objectif Objectif
Relance de l'activité économique, de la consommation et de l'emploi Maîtrise de l'inflation et recherche de compétitivité
Moyen Moyen
Baisse des taux d'intérêt Hausse du taux d'intérêt
Effets Effets
- Hausse de la consommation - Baisse de la consommation
- Hausse de l'investissement - Baisse de l'investissement
- Baisse du chômage conjoncturel - Hausse du chômage conjoncturel
- Risque d'inflation - Maîtrise de l'inflation
- Baisse du taux de change - Hausse du taux de change
- Stimulation des exportations - Baisse des exportations

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Chapitre 5 : La politique monétaire

II- Politique monétaire : définition et généralités

5- Actions de la politique monétaire

5-1- Actions à objectifs internes

A- Action sur les liquidités bancaires (Réserve monétaire) : Les réserves obligatoires sont des dépôts non rémunérés que chaque banque doit
effectuer sur son compte à la Banque centrale (Bank Al Maghreb). C’est un compte bloqué d’avoirs en monnaie Banque centrale. Le taux de
Réserves Obligatoires peut augmenter et limiter la création monétaire. Ce taux peut aussi diminuer et entraîner l’augmentation de la masse
monétaire

B- Actions sur le marché monétaire

- Taux directeur : c’est le taux d'intérêt au jour le jour décidé par la banque centrale pour intervenir directement ou indirectement sur la portion
interbancaire du marché monétaire où les banques se refinancent ou replacent leurs excédents de liquidités

v Cas de la politique de rigueur (STOP)

Hausse du taux créditeur = Hausse du taux d’intérêt = Baisse de la demande de crédit = Baisse de la masse monétaire = maîtrise de l’inflation

v Cas de la politique de relance (GO)

Baisse du taux directeur = Baisse du taux d’intérêt = Hausse de la demande de crédit = Hausse de l’investissement = Augmentation de la
production et baisse du chômage

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II- Politique monétaire : définition et généralités

5- Actions de la politique monétaire

5-1- Actions à objectifs internes

- Open Market : intervention de la Banque centrale sur le marché monétaire pour vendre (cas d’excès de liquidités) ou
acheter des titres (cas d’insuffisance de liquidités) afin de réguler la quantité de monnaie en circulation

- Réescompte : c’est une opération qui consiste, pour une banque centrale, à acheter un effet de commerce avant son
échéance à une banque ou à un organisme financier qui l'a déjà escompté, en remettant le montant de la créance,
déduction faite du taux d'escompte officiel, appelé taux de réescompte et fixé par la banque centrale. Le réescompte
est utilisé par les banques pour se refournir en liquidité auprès de la banque centrale. Si le taux de réescompte est
élevé, les banques ne seront pas incitées à réescompter les effets de commerce auprès de la banque centrale, donc elles
limiteront l’escompte des effets de leurs clients. Cette mesure réduira la distribution du crédit et la masse monétaire

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Chapitre 5 : La politique monétaire

II- Politique monétaire : définition et généralités

5- Actions de la politique monétaire

5-2 Actions à objectifs externes

- En situation de change fixe : la Banque centrale peut décider une dévaluation (décision officielle des autorités
monétaires, dans un système de change fixe, à diminuer la valeur de la monnaie nationale par rapport à un étalon de
mesure : or, autre monnaie,…) ou une réévaluation (opération contraire : augmenter) de la monnaie nationale

- En situation de change flottant : la Banque centrale peut intervenir sur le marché de change pour soutenir la monnaie
nationale en cas de dépréciation (diminution de la valeur de la monnaie nationale, constatée sur le marché de change, par
rapport à une ou plusieurs autres devises) ou pour stabiliser le taux de change en cas d’appréciation (augmentation de la
valeur de la monnaie nationale par rapport à une ou plusieurs autres devises)

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Chapitre 5 : La politique monétaire

II- Politique monétaire : définition et généralités

5- Actions de la politique monétaire

Remarque : Autres instruments de la politique monétaire

v L’encadrement du crédit : C’est une mesure qui impose aux banques des quotas de crédit à ne pas dépasser. Il s’agit de
limiter le pouvoir de création de monnaie par les banques. Ce système a été supprimé en 1993 et remplacé par la
politique de désencadrement de crédit

v La sélectivité du crédit : Les autorités monétaires autorisent l’ouverture de crédit à des secteurs d’activité qu’elles
cherchent à promouvoir : grande industrie, tourisme, etc. Ce mécanisme a été aussi supprimé pendant le début des
années 90 raison de ses conséquences négatives sur le financement de l’économie

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Chapitre 5 : La politique monétaire
Conclusion
Dans ce chapitre sur la politique monétaire, nous avons exploré les
mécanismes et les outils utilisés par les autorités monétaires pour
influencer l'activité économique. La politique monétaire,
essentiellement mise en œuvre par les banques centrales, joue un rôle
crucial dans la gestion des objectifs macroéconomiques tels que la
stabilité des prix, l’emploi et la croissance économique

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