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Année 2015-2016
Faculté de Médecine de SOUSSE (Année 2014-2015)
Pr MOSBAH A. F.
Objectifs éducationnels
Définir une hypertrophie bénigne de la prostate
Décrire les mécanismes physiopathologiques
Identifier les troubles urinaires du bas appareil urinaire évoquant une HBP
Etablir le diagnostic d’une hypertrophie bénigne de la prostate en se basant sur les
données cliniques et paracliniques
Citer les complications évolutives de l’HBP
Planifier le traitement d’une HBP en fonction du stade évolutif
Organiser le suivi d’un patient traité d’une HBP
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
I. INTRODUCTION
L’Hypertrophie Bénigne de la Prostate (HBP), appelée aussi adénome de la prostate, est une prolifération bénigne à
la fois épithéliale et stromale du tissu prostatique à l’origine d’une augmentation de son volume
L’OMS a défini l’HBP en 2001 : « Augmentation du volume prostatique sans signe clinique de malignité, entrainant
des degrés variables d’obstruction à la vidange vésicale, constituant la principale pathologie parmi les nombreuses
causes des troubles mictionnels chez l’homme âge. Cette audition clinique continue à être appelée de façon
simplifiée HBP».
C’est la pathologie la plus fréquente de l’homme vieillissant
Responsable de la majorité des troubles mictionnelles chez l’homme de plus de 50 ans
Son diagnostic est clinique basé sur les données du TR
Les examens complémentaires permettent d’apprécier le retentissement de l’HBP sur l’appareil urinaire et de
rechercher des lésions associés
C’est une pathologie bénigne mais grave par ses complications obstructives et infectieuses pouvant mettre en jeu le
pronostic vital du patient
Prise en charge thérapeutique doit être adaptée au stade évolutif de la maladie, à la gêne ressentie par le patient et
au terrain
Problème de santé publique : fréquence, morbidité et le coût élevé des différentes explorations répétitives qu’elle
engage et des traitements qu’elle suscite
II. EPIDEMIOLOGIE
Concerne essentiellement les hommes > à 50 ans
TRES fréquent
C’est la première cause d’hospitalisation en urologie
Affection très fréquente : 80% des hommes développent une HBP au cours de leur vie, 10% devront être
opérés
La prévalence de l’HBP varie en fonction des définitions utilisées :
HBP histologique : Hyperplasie glandulaire sur pièce histologique ou adéno-myo-fibrome
o Elle n’est pas retrouvée avant 30 ans
o Prévalence augmente progressivement avec l’âge
o Atteint : 90% chez homme > 80 ans
HBP macroscopique : palpable ou évidente, moins fréquente que l’HBP microscopique mais touche tout de
même 50% des hommes de plus de 50 ans
HBP clinique : Présence de signes cliniques en rapport avec l’HBP :
o Elle survient chez 40% âgés de plus de 60 ans
o Prévalence : Maximale entre 60 et 70 ans
III. ETHIOPATHOGENIE
A. Facteurs impliqués
Sont mal connus
Deux facteurs majeurs dans la pathogénie de l’HBP : Age et les Androgènes
Autres facteurs : œstrogènes, facteurs de croissance, génétiques, alimentaires
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
1. ANDROGENES
Sources : les androgènes ont 2 origines principales: les cellules de Leydig du testicule, source principale (95%) et
la surrénale (5%)
Hormone active :la testostérone (pro hormone) est convertie en dihydrotestostérone (DHT) (hormone active) sous
l’action d’une enzyme intracellulaire (5-α-réductase)
Rôle dans la prostate : les stimulations androgéniques sont à la base du développement de la prostate
Elles entraînent la croissance de l'épithélium prostatique
Rôle majeur dans la régulation génétique des facteurs de croissance et la stimulation du stroma
Les énuques ne développent pas d’HBP
La castration chez l’homme provoque une régression de l’HBP
2. OESTROGENE
Rôle important dans le maintien et la croissance de certaines composantes cellulaires types (cellules souches), la
régulation de l'apoptose cellulaire, la régulation de certaines fonctions sécrétoires de l'épithélium prostatique
(transport de l'eau et électrolytes), et la régulation de la synthèse et de la sécrétion des macromolécules
collagéniques par la composante cellulaire stromale prostatique
Il semblerait que les œstrogènes jouent un rôle en synergie avec les androgènes. Ainsi une HBP serait la
conséquence d’un déséquilibre entre DHT et Œstradiol observé à la sénescence (DHT ↓, œstradiol↑) (fig. 1)
3. FACTEURS DE CROISSANCE
Rôle incomplètement connu
Intervenant dans les processus de prolifération/division cellulaire par le biais des signaux de transduction paracrine
Stimulants :
KGF : keratinocyt 6 Growth Factor
IGF1 : Insuline Growth Factor de type I
EGF : Epidermal Growth Factor
Inhibant :
TGFβ : Transforming Growth Factor type β
L’interaction entre les facteurs de croissance et les androgènes altère l’équilibre entre prolifération cellulaire et
apoptose
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3
L’hypertrophie bénigne de la prostate
4. AUTRES
Facteurs génétiques : caractère héréditaire de certaines HBP (Hérédité autosomique dominante)
Tabac, sédentarité
Actuellement : syndrome métabolique / obésité sont de plus en plus incriminés
Figure 2: régulation de la croissance prostatique : théorie de l’équilibre entre réplication et mort cellulaire
Vessie
Symphyse pubienne
Rectum
Sphincter strié
B. Anatomie zonale
Classification de Mac Neal : 5 zones (fig.4)
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4
L’hypertrophie bénigne de la prostate
1- Zone périphérique (ZP)
70 % du volume glandulaire
2- Zone de transition (ZT)
5% de la masse glandulaire
Zones glandulaires
ZONE DE L’HBP
3- Zone centrale (ZC)
25% de la masse glandulaire
4- Stroma fibro-musculaire antérieur (ZFMA) : fibres musculaires lisses
5- Glandes péri-urétrales (GPU)
Figure 4 : anatomie zonale de la prostate selon Mac Neal (coupe transversale et sagittale)
V. ANATOMO-PATHOLOGIE
A. Macroscopie
HBP : tumeur faite de deux lobes latéraux de part et d’autre de l’urètre proximal et/ou d’un lobe médian (inconstant
mais particulièrement dysectasiant et mal perçu au TR) (fig. 5). Le volume de ces lobes est variable.
Il existe toujours un plan de clivage entre l’HBP et le reste du parenchyme prostatique (fig. 6).
A la coupe : AP : Couleur blanc grisâtre, multi-nodulaire, parfois zone d’hémorragie au Ca++
Poids : 20 300 grammes
Figure 5 : Aspect macroscopique de l’HBP obstruant l’urètre prostatique. (A) hypertrophie d’un lobe médian isolé. (B)
hypertrophie isolée des lobes latéraux. (C) hypertrophie des lobes latéraux et du lobe médian. (D) hypertrophie de la commissure
postérieure.
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
Figure 6 : plan de clivage anatomique entre HBP et le reste de la prostate (trait noir)
B. Microscopie
Il s’agit d’un adéno-myo-fibrome :
Tissu glandulaire adénome
Tissu musculaire myome
Tissu conjonctif fibrome
Cette prolifération nodulaire n’apparait pas uniformément au sein de la glande prostatique et peut toucher de façon
variable le tissu glandulaire et /ou musculaire et / ou fibreux
Ce n’est PAS une Hypertrophie (bénigne) de la prostate mais une hyperplasie bénigne de la prostate
VI. PHYSIOPATHOLOGIE
B. Facteurs d’obstruction
1. COMPOSANTE MECANIQUE : Modification du volume de la prostate
Lobes latéraux qui compriment et allongent l’urètre sur toute sa circonférence, et/ou lobe médian qui constitue au
moment de la miction une sorte de clapet au niveau du col vésical peuvent perturber la synergie entrainant des
modifications anatomiques et urodynamiques du bas fond vésical et de l’urètre
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
Défaut d’infundibulisation du col : par conséquent les forces d’expulsion ne sont plus dirigées dans l’axe de l’urètre
entrainant une perte de charge et formation de turbulences (fig.8)
C. Conséquences de l’obstruction
4 phases vont schématiquement se succéder (fig. 10):
ère
1 phase : Phase de vessie de lutte : dysurie compensée :
er
o Dans un 1 temps la vessie va s’adapter à l’effort supplémentaire qui est nécessaire pour vaincre
l’obstacle : hypertrophie du muscle vésical
o A ce stade la vessie continue à bien se vider : RPM = 00
o La vessie devient hypertonique avec contractions désinhibés expliquant l’augmentation de la pression
intra-vésicale et l’apparition d’une PK et des besoins urgents
o L’aspect endoscopique de la vessie à ce stade est décrit comme à cellules et à colonnes : vessie de lutte
ème
2 phase : Rétention vésicale incomplète : Vessie décompensée :
o A la longue, l’effort demandé au muscle vésical en épuise la contraction, une fibrose musculaire s’installe
progressivement et un RPM commence à apparaitre et se majore au fil du temps, peut s’infecter et peut
faire le lit de la formation de lithiase vésicale par la stase qu’il engendre
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
o Cet RPM diminue la capacité vésicale fonctionnelle ce qui contribue à l’aggravation de la PK. Le patient
essai de compenser ce déficit par des poussées abdominale ce qui contribue à l’apparition de hernies.
ème
3 phase : Distension vésicale
o Le RPM augmente progressivement jusqu’à ce que le RPM>CVF. La sensation de besoin s’altère avec
perte du tonus vésical. Au maximum, la vessie peut devenir acontractile (claquée) pouvant donner lieu à
une miction par regorgement (miction de trop plein)
ème
4 phase : Distension urinaire chronique : Suite à la distension vésicale : reflux VR à travers des méats
béants ou un engaînement des deux uretères dans leur trajet intra-mural par l’hypertrophie détrusorienne
entrainant une dilatation urétéro-pyélo-calicielle, typiquement bilatérale et symétrique au début réversible puis
définitive avec répercussion sur la fonction rénale
A. Circonstances de découverte
1. DECOUVERTE FORTUITE
A l’occasion
Examen clinique (TR)
Examen d’imagerie : échographie ou UIV
réalisés pour d’autre pathologie
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
2. HBP SYMPTOMATIQUE
Recherchée systématiquement par l’interrogatoire
Aucun parallélisme entre la taille de l’HBP et le retentissement éventuel organique ou fonctionnel. Il existe de petits
adénomes très dysectasiants comme le lobe médian et de volumineux adénomes sans retentissement mictionnel.
On distingue deux groupes de symptômes : les signes imitatifs et les signes obstructifs
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
3. HBP COMPLIQUEE
Rétention aigue d’urine : Incapacité de vider la vessie pleine, avec une douleur sus pubienne violente avec
envie impérieuse et globe vésicale
Rétention vésicale chronique avec fuite d’urine par regorgement (fausse incontinence)
Hématurie : typiquement initiale
Infection urinaire ou génitale : Prostatite, orchiépididymite
Distension urinaire avec signes d’I.R
B. Examen clinique
1. INTERROGATOIRE
Etape capitale
Rechercher
Les TUBA
Ancienneté des TUBA
Intensité des symptômes cliniques et le retentissement sur la qualité de vie des patients sont évolués
objectivement par des scores symptomatiques et de qualité de vie.
Le score symptomatique IPSS : un auto-questionnaire, particulièrement utile pour le suivi des patients et
l’évaluation de l’efficacité des différents traitements (voir annexe)
L’interrogatoire doit rechercher systématiquement aussi :
Etat général, morbidités
Antécédents urologiques : prostatite, SV, urétérite
Antécédents médicaux : diabète, neurologique
Prise médicamenteuse qui peut interférer avec le système vésico-sphinctérien (anti cholinergique /
neuroleptique)
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
2. EXAMEN PHYSIQUE
Doit être méthodique et complet
Repose sur TR +++ :
Etape fondamentale du diagnostic de l’HBP (confirme l’augmentation du volume de la prostate)
Réalisé chez un patient informé, généralement en position gynécologique, vessie vide
Au mieux : toucher bi manuel (fig. 11)
o Caractéristique de l’HBP : consistance souple élastique, disparition du sillon élastique, lisse régulière
indolore (fig.12)
o Le TR estime le poids de la prostate approximativement
Limite : Patient obèse, HBP lobe médian, Surestimation en cas de GV
Le reste de l’examen
Palpation abdominale : Recherche :
o Gros rein donnant le contact lombaire
o Globe vésicale : masse hypo-gastrique matte et rénitente convexe vers le haut
o Hernie inguinale : à la poussée abdominale
Examen des OGE : Orchite, sténose du méat urétral
Examen neurologique surtout périnéal
Regarder le patient uriner (si envie au moment de l’examen)
o Constater la dysurie
o Hématurie
o Urines troubles
C. Examens paracliniques
1. BIOLOGIE
ECBU : recommandé lors de l’évaluation initiale
Fonction rénale : non systématique au bilan initiale (recommandé si suspicion de retentissement sue le haut
appareil)
PSA : n’a pas d’intérêt pour le diagnostic et la suivie d’une HBP en routine. Demandé pour le dépistage du KP
parfois associé à l’HBP. Marqueur du tissu prostatique. Taux normal : < 4 mg/ml.
2. IMAGERIE
a. Echographie réno-vésico-prostatique
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
N’est pas réalisée de façon systématique
Examen morphologique non invasif et peu coûteux
A totalement supplanté l’UIV (autre fois examen de référence pour l’HBP)
Intérêts :
Retentissement de l’obstacle prostatique : Donnée essentielle de l’échographie
o Au niveau vésical
Présence
résence et l’importance de l’RPM
Calculs vésicaux
Vessie de lutte : épaississement
épaississemen pariétale, diverticules vésicaux (fig. 13)
o Au niveau rénal : dilatation des CPC
Caractéristiques morphologiques :
o Volume de l’HBP : Utile
tile pour définir la technique opératoire
o La présence d’un lobe médian (fig. 14)
Souvent
ouvent associée à une résistance
r au traitement médical
oupes sagittale sont les plus adaptées pour apprécier un lobe médian
Coupes
Figure 13 : échographie vésicale : Épaississement pariétal Figure 14 : échographie vésicale : Lobe médian
b. Echographie endorectale
Donne une mesure plus précise de la taille de la prostate, et étudie,, au mieux, son échogé
échogénicité, et la présence de
calcifications prostatiques (fig. 15 et 16)
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L’analyse de l’écho n’est ni spécifique ni sensible pour identifier un cancer associé non palpable
c. UIV
N’a plus de place dans le bilan d’une HBP.
Peut être indiquée en cas d’hématurie
Si HBP : Clichés du cystogramme :
Surélévation du plancher
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
Empreinte prostatique sur le bas fond vésical
Uretères en hameçon (fig.17)
Clichés mictionnels : urètre prostatique allongé et aplati en lame de sabre
4. URETHRO-CYSTOSCOPIE
CYSTOSCOPIE
N'est pas obligatoire
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
Recommandée en cas d'hématurie ou de signes irritatifs marqués pouvant faire craindre une tumeur vésicale
associée soit un RU (ou maladie du col)
Réalisée à la consultation sous anesthésie locale, à l'aide d'un fibroscope souple, soit en préopératoire ou comme
premier temps de l’intervention
Voir l'aspect du sphincter strie, l'urètre prostatique, l'importance de l'obstacle adénomateux et son caractère bi ou
trilobé et rechercher des lésions vésicales associées
D. Stratégie diagnostique
Interrogatoire précis
IPSS
Examen physique + TR
Bandelettes urinaires ou ECBU
Débitmètrie
Mesurer du RPM par échographie
PSA si le diagnostic cancer prostate modifierait la prise en charge de l’HBP
Catalogue mictionnel : Si symptôme de la phase de remplissage prédominante
2. EXAMENS OPTIONNELS
Echographie rénale sus pubienne et/ou endorectale
Créatinémie
BUD
Uréthro-cystoscopie
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
Syndrome infectieux sévère
Vessie neurologique
Contexte : trauma rachidien
Signes neurologiques associés aux TUBA
Examen neurologique + BUD
B. Formes associées
HBP et cancer prostatique
HBP et autre pathologie tumorale de l’appareil urinaire (tumeur rénale, tumeur de la voie excrétrice supérieure)
HBP et affection neurologique
X. EVOLUTION
Tumeur bénigne qui ne dégénère jamais mais peut être associé à un C.P
Retentissement de l’HBP sur l’appareil urinaire n’est ni obligatoire, ni progressivement croissant
Aucun parallélisme entre la taille de l’HBP et la gêne fonctionnelle ou le retentissement organique
L’évolution naturelle d’une HBP :
Latence totale A.P. peut rester longtemps bien toléré
Gène fonctionnelle sans retentissement organique
Peut-être émaillée de complications
A. Complications mécaniques
1. RETENTION AIGUE D’URINE
Complication la plus fréquente
Survenant après un long passé de dysurie ou même inaugurale (30%)
Impossibilité totale d’uriner, envie pressante brutale, extrêmement douloureuse
Peut-être causée par : froid intense, médicaments, alcool, repas copieux, émotions…
Examen clinique : patient agité, globe vésical douloureux
CAT : drainage vésical en urgence
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
3. INSUFFISANCE RENALE
Clinique, biologie (+++), échographie rénale (petits reins, séquelles de pyélonéphrite, distension des CPC
bilatérales)
L’insuffisance rénale peut devenir chronique lorsque la rétention chronique installée à bas bruit depuis
suffisamment longtemps.
Il n’y aura pas ou peu de récupération après drainage vésical
B. Complications infectieuses
Peuvent prendre toutes les formes allant de l’infection asymptomatique à la prostatite aigue
C. Calcul vésical
Due à une stase vésicale et /ou à l’infection
Clinique : hématuries et infections urinaires à répétition
Intérêt : AUSP et de l’échographie réno-vésicale
D. Hématurie
N'est pas rare
Classiquement de faible abondance, mais peut être de grande abondance
Souvent initiale secondaire a une rupture de varices du col vésical
Doit rester un diagnostic d'élimination : particulièrement d’une tumeur vésicale, d'un calcul, d'une infection, ou plus
rarement d'un cancer prostatique (intérêt de la cystoscopie et de l’uro-scanner)
La figure suivante résume les complications de l’HBP (fig. 20)
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
XI. TRAITEMENT
A. Buts du traitement
Le diagnostic d’une HBP ne justifie pas en lui-même un traitement systématique
Traiter les TUBA liées à l’HBP
Améliorer la qualité de vie
Prévenir et traiter les complications
B. Moyens thérapeutiques
1. REGLES HYGIENO-DIEDETIQUES
Visant à réduire les facteurs de congestion pelvienne
Eviter la sédentarité et maintenir une action physique régulière
Eviter les épices et l’alcool
Lutter contre la constipation
Réduire les boissons après 17 heures permet de diminuer la PKN
Eviter les médicaments qui interfèrent avec le système sympathique (Anticholinergiques)
Equilibrer un diabète
a. α bloquants
Classe médicamenteuse la plus utilisée
Ils agissent sur la composante dynamique de l’obstruction par blocage des récepteurs α1 adrénergiques présents
en grande quantité au niveau du col vésical, de l'urètre prostatique de la glande et la capsule prostatique, ce qui
entraine une relaxation des FML de la prostate
Les molécules sont de plus en plus sélectives α1 et α2
Ne modifient pas le poids de la prostate et n’interfèrent pas avec les taux de PSA
Effets secondaires
Hypotension orthostatique
Céphalées
Vertiges
Troubles de l’accommodation
Trouble de l’éjaculation (anéjaculation)
Efficacité : chez les patients avec des symptômes « moyennement » gênants sans complications
Leur efficacité sur les TUBA est rapide (24 h), significative et stable sur une période de plusieurs années.
Ils augmentent les chances de sevrage de la sonde chez les patients ayant présenté un épisode de RAU
Médicaments disponibles
Alfuzosine : xatral®
Doxazosine :Zoxan®
Terazosine : Hytrine®
Tamsulosine : Josir®, Mecir®
Silodosine
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
2 molécules disponibles
Finasteride : Chibro-proscar® : inhibiteur sélectif de l’I5αR type I
Dutastéride : Avodart® : inhibiteur sélectif del’I5αR type I et II
c. Phytothérapie
Traitement à base d’extrait naturel (plante)
Mécanisme d’action est mal connu : effet anti-ostrogénique, anti-androgénique, (-) 5αR, (-) facteurs de croissance,
agit sur la congestion prostatique ?
2 médicaments disponibles
Pygéumafricanum : Tadénan®
Sérénos Repens : Permixon®
Ils n’ont pas d’effet secondaire d’où leur intérêt chez les patients poly-médicamentés
d. Anticholinergiques
Sont classiquement une contre indiction en cas de troubles obstructifs majeurs, trouvent une place en association
avec les α bloquant pour diminuer les TUBA irritatifs, sans augmentation significatives du taux de rétention urinaire
f. Association thérapeutique
Phytothérapie aux α bloquant et I 5αR
Association α bloquant et I 5αR
Amélioration du score symptôme
Diminution du risque de progression de l’HBP (aggravation de la symptomatologie urinaire, rétention, infection,
chirurgie)
Intérêt contre balancé par le prix double et au cumul des effets secondaires
Association α bloquant et IPDE 5 : bénéfice clinique sur les TUBA liés à l’HBP sans majorer le risque
d’hypotension orthostatique, amélioration parallèle de la fonction érectile
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
3. TRAITEMENT CHIRURGICAL
Consiste en l’exérèse du tissu adénomateux en laissant en place la prostate périphérique (capsule ou coque
prostatique) et une loge prostatique communiquant librement avec la vessie
b. Incision cervico-trigono-prostatique
Incision du col vésical menée juste au-dessous du méat urétéral jusqu’au veru-montanum
permettant d’obtenir une ouverture du col vésical (fig.22)
Donne les mêmes résultats fonctionnels que la RTUP chez les patients ayant une petite
prostate (< à 30 ml) et sans lobe médian
Risque d’éjaculation rétrograde est moindre que la RTUP et l’adénomectomie
Figure 22 : ICP
c. Adénomectomie chirurgicale
Elle repose sur le principe de l’énucléation digital (au doigt) de l’adénome en raison de l’existence d’un plan de
clivage entre l’adénome et le reste de la prostate
Indiquée pour les gros A.P.
2 voies :
Adénoméctomie Trans-Vésicale(ATV) : technique de Hrynchak (fig.23) en chirurgie ouverte
Adénoméctomie Trans-Capsulaire (ATC) ou rétro-pubienne : technique de Millin en chirurgie ouverte (fig. 24)
ou laparoscopique
Complications
Hémorragie
Fistule vésico-cutanée
Ejaculation rétrograde
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
a. Traitements thermiques
Thermothérapie par radio-fréquence : Transuretral needle
ablation(TUNA)
Principe : appliquer dans la zone de transition prostatique des ondes de radiofréquence de basse énergie (465KHz)
par l’intermédiaire d’aiguilles-électrodes positionnées par voie endoscopique
Température tissulaire atteint 110°C, ce qui entraîne une destruction de tissu prostatique par nécrose de
coagulation
Résultat : encourageants
Avantage : Peut se faire sous simple sédation, anesthésie locale
HIFU
Principe : utilise des ultrasons focalisés à haute intensité délivrée par une source endo-rectale
Entrainer une nécrose de coagulation sans contact direct
Limites : A.G., RVC à long terme élevé, ne traite pas un lobe médian
Lasers
Principe : photovaprisation, énucléation ou résection
Procédés en plein développement
Avantages : patient sans anticoagulation, moins d’hémorragie, durée de sondage diminué, pas d’irrigation
b. Traitements mécaniques
Dilatation par ballonnet, prothèse intra-prostatique , STU à demeure
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20
L’hypertrophie bénigne de la prostate
Indications : malades trop fragiles inopérables, geste chirurgical devant être différé (phlébite, IDM)
C. INDICATIONS
Dépendent
1. ABSTENTION SURVEILLANCE
Gène minime : score IPSS : 0 à 7
2. TRAITEMENT MEDICAMENTEUX
Indications
Gène modérée : score IPSS : 8 à 19
Gène minime : score IPSS : 20 à 35
Choix du traitement
AP < 40 gr : α bloquant
AP >40 gr : I5αR
3. TRAITEMENT CHIRURGICAL
Indications
HBP compliquée
Echec du traitement médicamenteux
Préférence du patient
Poids de la prostate : NON
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
b. Distension urinaire
Véritable urgence médico-chirurgicale : pronostic vital mis en jeux
Drainage vésicale en urgence
Avec insuffisance rénale : attention au syndrome de levée d’obstacle
Traitement de l’adénome : chirurgie après au moins 3 SA de drainage vésical
c. Prostatite aigue
Véritable urgence médico-chirurgicale
Drainage vésicale par ponction sus pubienne
Double antibiothérapie par voie intraveineuse puis relais voie orale pendant 3 SA
Traitement de l’adénome : chirurgie après au moins 3 SA de traitement médical
d. Lithiase de vessie
Dépend de la taille
Gros calcul : taille vésicale
Petits calculs : lithotritie
Traitement chirurgical de l’adénome en même temps opératoire
e. Hématurie
Sondage vésical double courant avec irrigation
Pas toujours une indication chirurgicale : si de grande abondance et récidivante
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
D. RESULTATS
1. TRAITEMENT MEDICAL
α bloquant : Amélioration 60 - 80 %
I5 α Réductase : Amélioration 60 - 70 %
Extraits de plantes : Amélioration < 60 %
2. CHIRURGIE
Bon résultats est sup. à 90 %
Complications peropératoire
Mortalité inf. 0,5 %
Hémorragie : per op.
TURP syndrome
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
Score d’IPSS
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L’hypertrophie bénigne de la prostate
XII. CONCLUSION
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Le cancer de la prostate
Année 2015-2016
Faculté de Médecine de Sousse (Année 2014-2015)
Pr MOSBAH A.F
LE CANCER DE LA PROSTATE
Objectifs éducationnels
Définir le cancer de la prostate
Citer les principaux facteurs de risques
Décrire les particularités histologiques et les modalités d’extension
Poser le diagnostic de cancer de la prostate en se basant sur les données cliniques et
paracliniques
Citer les indications et les examens demandés pour le bilan d’extension
Classer le cancer de la prostate
Planifier la prise en charge thérapeutique aux stades localisé, localement avancé et
métastatique
Planifier le suivi des patients traités pour cancer de la prostate
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Le cancer de la prostate
I. INTRODUCTION
Le cancer de la prostate (CP) est un cancer :
er er ème
Fréquent : 1 cancer chez l’homme > 50 ans, 1 cancer urogénital dans le monde, 2 en Tunisie (après
cancer de la vessie)
ème
Grave : 2 cause de mortalité par cancer (après cancer poumon)
A évolution lente avec une grande latence clinique
Lymphophile
Ostéophile
Hormonosensible (androgèno-dépendant)
Accessible au dépistage (diagnostic à un stade précoce,infra clinique, permettant un traitement curatif)
Il s’agit d’un adénocarcinome dans 98% des cas
Présomption diagnostic : TR et le dosage de l’antigène spécifique de la prostate (PSA)
Certitude diagnostique est histologique : biopsie prostate ou pièces opératoire
Traitement dépend : stade, de l’espérance de vie
Aux stades localisés : le traitement est curatif dont la prostatectomie radicale est le chef de fil
Aux stades métastatiques : le traitement est palliatif, basé sur l’hormonothérapie qui n’est, néanmoins,
transitoire relayée par une phase d’hormono-résistance
II. EPIDEMIOLOGIE
A. Descriptive
ème
2 cancer urologique en Tunisie (après le cancer de la vessie)
er
1 cancer dans les pays développés
ème
2 cause de mortalité par cancer (après le cancer broncho-pulmonaire)
Incidence est variable entre les pays :
USA : 129/100.000 h/an
Pays Scandinaves : 89/100.000 h/an
Europe : 70/100.000 h/an
Rare en Chine-Japon-Inde
Tunisie : selon les registres nationaux de cancer : 9 à 11.8/100.000 h/an
Son incidence augmente avec l’âge : rare avant 50 ans pour atteindre son maximum vers l’âge de 80 ans
30% : 50 à 59 ans
40% : 60 à 79 ans
67 % : 80 à 89 ans
100% : 100 ans
2
27
Le cancer de la prostate
D’une façon général, il se rencontre à partir de 50 ans, âge à partir duquel peut être proposé un dépistage
individuel
b. Facteurs hormonaux
CP est hormono-dépendant (androgéno-dépendant)
Les énuques ne développent jamais de CP
Le déficit congénital en 5 α-réductase prévient le CP
En revanche, le taux des androgènes n’est pas plus élevé chez les patients atteints de CP
d. Alimentation-Environnement
Les asiatiques immigrés aux Etats-Unis ont un risque de CP plus élevé que leurs homologues vivant en Asie
Facteurs protecteurs : Thévat, soja, Lycopène (tomates), Sélénium, Vit E, Vit D (rôle inhibiteur de la prolifération
tumorale prostatique)
Aliments à risque : alimentation riche en graisses animales
e. Facteurs raciaux
Race noire est plus exposée que la race blanche (âge de survenu est précoce et les cancers sont plus agressifs)
2. FACTEURS POTENTIELS
Cadmium : industrie de batterie, fumée de cigarettes
Infection par le Virus HSV2
A. Anatomie
1. ANATOMIE CHIRURGICALE
a. Rapports anatomiques
Latéralement : lames sacro-recto-génito-pelviens (SRGP)
En bas : aponévrose moyenne du périnée, sphincter strié
Figure 1 : rapports anatomiques de la prostate
En haut : la vessie
En arrière : fascias de Denonvillier, le rectum
3
28
Le cancer de la prostate
En avant la symphyse pubienne (fig.1)
b. Vascularisation
o Artérielle
A destinée centrale : a. vésico-génitale
A destinée périphérique : a. génitale principale
o Drainage veineux
Plexus veineux prostatique : de Santorini dans l’espace péri prostatique
Problème de saignement en per et post opératoire (prostatectomie radicale)
c. Innervation
Nerfs issus du plexus hypogastrique inférieur
Nerfs caverneux : Nerfs érecteurs
Longent le bord postérolatéral de la prostate et pénètrent dans la région bulbaire
Cheminent dans les bandelettes neuro-vasculaires (BNV)
Problème de dysfonction érectile
2. ZONALE
Classification de Mac Neal : 5 zones (fig. 2)
1- Zone périphérique (ZP)
70 % du volume glandulaire
LE SITE DU CANCER 75% (accessible au TR)
2- Zone de transition (ZT)
5% de la masse glandulaire
20% de CP
3- Zone centrale (ZC)
25% de la masse glandulaire Figure 2 : anatomie Zonale selon Mac Neal
5% de CP
4- Stroma fibro-musculaire antérieur (ZFMA) : fibres musculaires lisses
5- Glandes péri-urétrales (GPU)
B. Physiologie
Les androgènes (la testostérone) ont 2 origines principales: les cellules de Leydig du testicule, qui sont la source
principale (95%) et la surrénale (5%)
Dans la prostate, la testostérone (pro hormone) est convertie en dihydrotestostérone (DHT) (hormone active)
dont l’affinité pour le récepteur aux androgènes est supérieure à celle de la testostérone (fig. 3)
L’action des androgènes passe par une fixation à des récepteurs spécifiques qui contrôlent l’expression de
gènes: soit stimulationde facteurs de croissance, soit inhibition etrégulation de facteurs inhibiteurs
Le rôle de la DHT dans la prostate :
Au niveau des cellules normales de la prostate, les androgènes agissent comme agents de différenciation,
induisant la production de protéines spécifiques comme le PSA
Il en va différemment pour les cellules tumorales, chez lesquelles la liaison entraîne une prolifération
cellulaire
4
29
Le cancer de la prostate
IV. ANATOMOPATHOLOGIE
98% des CP sont des adénocarcinomes (ADK)
L’examen histologique occupe une place essentielle pour le diagnostic, la stadification, le pronostic et le choix
thérapeutique
A. Macroscopie
Il s’agit d’un nodule dur, unique ou multiple irrégulier d’aspect blanchâtre ou grisâtre à la coupe
La taille varie de quelques millimètres à un cancer occupant toute la glande et peut la dépasser
B. Microscopie
Dans 98% des cas, il s’agit d’un ADK : se développe à partir des acini (cellules glandulaires prostatiques)
Analyse histologique : basée sur 3 critères :
1. Anaplasie ou atypie nucléaire :Augmentation de la taille du noyau et la présence d’un gros nucléole
2. Invasion du stroma : formation de glandes néoplasiques à revêtement uni-stratifié sous une couche
basale cellulaire
3. Désorganisation architecturale et prolifération anarchique des glandes
L’ADK prostatique se caractérise par une grande hétérogénéité architecturale
Autres cancers sont exceptionnels (<3%) : sarcomes, lymphomes, métastases secondaires d’autres cancers
5
30
Le cancer de la prostate
On distingue :
≤ 6 : bon pronostic
= 7 : pronostic intermédiaire
≥ 8 : mauvais pronostic
D. Lésions précancéreuses
Figure 5: Score de Gleason
Lésions de Néoplasie Intra-épithéliales Prostatiques (PIN) : caractérisées par une prolifération des cellules
épithéliales bordant les canaux et les acini prostatiques. Seules les PIN de haut grade (HG-PIN) doivent être
signalés sur les comptes rendus histologiques des prélèvements biopsiques
E. Extension
La progression du CP est très lente mais continue
1. EXTENSION LOCALE
Franchissement capsulaire : dépend du lieu d’origine du cancer (fig. 6)
Cancer de la ZP envahit rapidement la capsule
Contrairement à celui de la ZT où la zone fibro-musculaire ralentit la progression
3. EXTENSION LYMPHATIQUE
Cancer très lymphophile
L’extension ganglionnaire est d’abord
Pelvienne (obturateur, iliaque interne, puis iliaque externe)
Puis latéro-aortique et latéro-cave (fig. 7)
Peut être responsable d’un OMI, thrombophlébite ou compression urétérale
Figure 7: extension ganglionnaire
4. EXTENSION A DISTANCE
a. Métastases osseuses
Cancer très ostéophile
2 principales caractéristiques
Localisation quasi exclusive sur le squelette axial (crâne, vertèbres, côtes, sternum bassin,
humérus et fémurs proximaux) (fig. 8)
Aspect radiologique ostéocondensant (lié à la stimulation de l’ostéoblastose)
6
31
Le cancer de la prostate
V. ETUDE CLINIQUE
Type de description : ADK P localisé chez un homme de 60 ans
A. Circonstances de découverte
1. DEPISTAGE
Principale CDD découverte du cancer de la prostate
Permet un diagnostic précoce à un stade accessible à un traitement curatif réduisant la morbidité et améliorant
la qualité de vie
Modalités :
Dépistage individuel et non pas de masse
Recommandé chez les patients de 50 à 70 ans, si l’espérance de vie estimée est ≥10ans (à partir de 45 ans
chez la population à risque)
Repose sur 2 éléments : TR et PSA total sérique (meilleure rentabilité clinique)
Annuel
Information préalable sur les risques et les bénéfiques du dépistage et sur les conséquences des
traitements induits est indispensable
2. SIGNES UROLOGIQUES
Ils témoignent généralement d’un cancer localement avancé
Installation progressive mais qui évoluent rapidement vers l’aggravation
Troubles mictionnels : dysurie, PKU, impériosités mictionnelles, rétentionvésicale complète ou incomplète
Autres symptômes urologiques
o Hématurie typiquement initiale mais parfois totale
o Hémospermie
o Insuffisance rénale obstructive (obstruction urétérale bilatérale et/ou urétrale)
3. SIGNES EXTRA-UROLOGIQUES
Témoignentde la diffusion de la maladie
Métastases osseuses :douleurs osseuses, fractures pathologiques, compression médullaire, paralysie par
tassement vertébral
OMI : par compression lymphatique et veineuse
Thrombophlébite
AEG : anorexie, amaigrissement et asthénie
Troubles du transit, ténesmes
Douleurs lombaires avec une obstruction urétérale par envahissement du trigone
4. DECOUVERTE FORTUITE
Devant :
Anomalies du TR fait pour une cause
Anomalies biologiques : VS accéléré, CIVD
Anomalies radiologiques : lésions ostéolytiques, zones hypo-échogene à l’EER
Découverte histologique sur des coupeaux de résection de la prostate ou sur une pièce d’andénomectomie
7
32
Le cancer de la prostate
B. Examen clinique
1. INTERROGATOIRE
Recherche des facteurs de risque (ATCD familiaux …)
Tares, comorbidité et évaluation de l’espérance de vie
Nature et ancienneté des troubles
2. EXAMEN PHYSIQUE
Il doit être complet et systémique centré sur la sphère urogénitale
Toucher rectal :
Temps capital de l’examen physique
Typiquement, il montre une lésion nodulaire indurée irrégulière et indolore
Il peut s’agir :
o Nodule isolé ou atteinte de tout un lobe prostatique ou de toute la prostate
Figure 9: TR normal n’élimine
o Pelvis gelé ou blindé témoignant d’une prolifération tumorale importante
pas le diagnostic
TR normal n’élimine pas le diagnostic (fig. 9)
Reste de l’examen
Etude de la miction
Aspect des urines : rechercher unehématurie
Ex. des fosses lombaires : rechercher un gros rein
Ex. hypogastre : rechercher un globe vésical
Ex. des membres inférieurs : rechercher un OMI, des signes de compression médullaire
8
33
Le cancer de la prostate
Dérivés du PSA
Rapport PSA libre / PSAtotal
Permet d’augmenter la spécificité du PSA T
CP produit peu de PSA libre et la fraction liée augmente : Rapport PSA L / PSA T : diminue
ère
Dosage de PSA L n’est pas recommandé en 1 intention (si PSA T entre 4 et 10 ng/ml)
Valeur seuil = 15% (en dessus de laquelle il n’est pas nécessaire de refaire des biopsies prostatiques)
PSA densité
C’est le rapport entre le PSA et le volume prostatique mesuré par échographie endorectale
Vélocité du PSA - temps de dédoublement du PSA
Contrairement à l’HBP, la majorité des CP ont une vélocité du PSA > à 0.75 mg/ml/an
Ces 2 paramètres (vélocité et temps de dédoublement) ont surtout un rôle pronostic)
Ils ont un usage limité pour le diagnostic
2. IMAGERIE
Peu d’intérêt pour le diagnostic positif du cancer de la prostate
Permet de guider les biopsies prostatiques
9
34
Le cancer de la prostate
b. IRM prostatique
ère
Pas de 1 intension
Principal indication : Orienter les biopsies (mieux localiser la tumeur avant biopsies ciblée
ciblée)
IRM multiparamétrique, combine T2 et autres
autre séquences
Séquences T2 = Critères
res standard
Zone périphérique : toute
e plage nodulaire en hyposignal
Compartiment
nt interne : plage en hyposignal
hyposigna homogène
Vésicules séminales : épaississement des parois ou élément hypointenseintraluminal
IRM fonctionnelle : améliore la spécificité de l’imagerie T2
IRM dynamique (perfusion) : rehaussement plus intense et plus rapide dans le tissu néoplasique que dans
le tissu prostatique normal (wash-in)
(wash et une décroissance du contraste
ste plus rapide (wash
(wash-out)
Imagerie de diffusion
o Le calcul du coefficient apparent de diffusion augmente la fiabilité de l’imagerie T2 pour localiser un
cancer de la zone périphérique
Spectroscopie (Spectro-RMN)
RMN)
o Recueille
ecueille une information métabolique qui reflète les concentrations relatives de divers métabolites
prostatiques (citrate, choline, créatine)
o On peut observer typiquement un taux élevé choline + créatine et/ou un taux réduit de citrate dans
le cancer prostatique
Une IRM négative n’élimine pas le diagnostic
Détection et localisation des cancers après une
un première série de biopsies négative
1. INDICATIONS
Suspicion
uspicion clinique et/ou biologique du
d CP
Anomalie suspecte au TR et/ou
Elévation du PSA
10
35
Le cancer de la prostate
Antibioprophylaxie est recommandée avant les biopsies pour limiter le risque infectieux (fluoroquinolones
miques (ofloxacine 400 mg ou ciprofloxacine 500 mg) en une prise unique par voie orale, une à deux
systémiques
acte)
heures avant la réalisation de l’acte
3. MODALITÈS
En ambulatoire (en externe)
Matériel : sonde d’échographie
chographie endorectale, guide de ponction, aiguille de ponction de 18 Gauge
Voie d’abord : La voie transrectale et le guidage échographique
chographique sont recommand
recommandés pour la réalisation des
biopsies prostatiques (fig.12)
Installation : décubitus latéral gauche ou position de la taille
Analgésie : locale (lidocaïne 1% injectable) par voie endorectale échoguidée dans l’espace peri-prostatique ou
une anesthésie générale
rale ou locor
locorégionale dans certains cas particuliers
Les carottes biopsiques doivent être conditionnées de façon à pouvoir être
tre clairement identifi
identifiées
4. PROTOCOLE
vements d
Le nombre et le site des prélèvements dépendent des données
es du TR, du volume prostatique et du caract
caractère
initial ou répété des biopsies
a. Schéma
ma en cas de première
premi série de biopsies
Nombre de prélèvements
Biopsies systématisées : chaque lobe est biopsié au niveau de la base, de la prostate moyenne et de l’apex, en
périphérie et en zone plus centrale(fig.
centrale 13)
Schéma en sextant n’est
est plus approprié
appropri (taux de détection < 30%)
En absence d’anomalies clinique (TR) ou à l’imagerie (EER ou IRM), le schéma étendu
tendu de 12
prélèvements
vements est recommandé comme schéma standard
En cas d’anomalie clinique(TR) ou à l’imagerie (EER ou IRM), des biopsies dirigées
complémentaires sont recommandé
ecommandées
Lorsque le TR et le PSA sont très évocateurs d’un cancer localement très avancé, un seu
seul
prélèvement dans chaque lobe est suffisant
Figure 13: biopsies
b. Schéma en cas de deuxième
deuxi série de biopsies systématisées : 12 carottes
Indications
Lésions atypiques ou pré néoplasiques dans la 1ère biopsie
Elévation persistante des PSA T
Nombre de prélèvements :
rie de biopsies devrait inclure quatre à six biopsies additionnelles, au niveau de ll’apex
La deuxième série
antérieur
rieur et de la zone de transition en plus du schéma
sch ma standard des 12 biopsies
Biopsie de saturation (20 à 24 biopsies)
Evolution de l’imagerie moderne
Echographie 3D
IRM avant une 2ème biopsie
o IRM multiparamétrique : permet d’identifier
identifier une zone suspecte et de diriger les biopsies additionnelles qui sont
réalisées sous guidage ééchographique en utilisant les repères de l’anatomie
anatomie zonale (repérage mental) ou les
techniques de fusion d’images
images (avec échographie)
o Rôle intéressant et croissant
o ntérêt dans la détection et la caractérisation des foyers tumoraux de plus de 0,2 cm3
Intérêt
11
36
Le cancer de la prostate
5. COMPLICATIONS
Risque infectieux : prostatite aigue (2%), accidents graves (bactériémie, septicémie sont exceptionnelles)
Hémorragie : hématurie (50%), hémospermie (30%) ou rectorragies (20%), sont habituels, la disparition en
quelques jours est la règle
2. EER
N’a pas de place dans le bilan d’extension
Elle peut montrer des signes de présomption de franchissement capsulaire dans les tumeurs de gros volume ou
d’atteinte des VS, en cas de tumeur localisée à la base de la prostate mais la fiabilité est insuffisante.
L’EER doit donc être utilisée pour détecter les bombements capsulaires et les tumeurs de la base pour guider
les biopsies de stadification lors de la première série de prélèvement.
3. BIOPSIE PROSTATIQUES
Peut mettre en évidence un franchissement de la capsule à l’examen anatomopathologique
Le score de Gleason, le nombre de biopsies positives et la longueur du tissu tumoral, le pourcentage de cancer
sur les biopsies, l’existence d’un engainementpéri nerveux sont de bons paramètres prédictifs de l’extension
extra-capsulaire
Si la biopsie des VS est + envahissement ganglionnaire dans 50% des cas et dépassent de la capsule dans
100% des cas
4. TDM abdominopelvienne
N’a plus de place : elle manque de spécificité et de sensibilité
Largement supplantée par l’IRM
5. IRM
Elle est le seul examen morphologique qui peut détecter un envahissement extra-prostatique
12
37
Le cancer de la prostate
La meilleure fiabilité est obtenue par l’utilisation d’une antenneendorectale : ou en couplant une antenne
pelvienne à une antenne de surfacequi augmente de façon substantielle la résolution spatiale
Sensibilité de 70% et spécificité de 95%
Les signes d’envahissement des VS ont une spécificité de pratiquement 100%
B. Extension ganglionnaire
1. Extension clinique
Recherche des adénopathies palpables : ganglion de Troisier
2. IRM ou TDM
Elles utilisent les mêmes critères morphologiques, fondés sur le grand axe du ganglion pour distinguer les
ganglions normaux des ganglions métastasiques (8 mm dans les pelviens et 10 mm dans larétro péritoine)
Ces examens manquent de sensibilité et de spécificité avec des données variables selon les séries sensibilité
de l’IRM était de 39 % avec une spécificité de 82 %
5. CURAGE GANGLIONNAIRE
C’est le meilleur moyen pour affirmer le diagnostic de métastases ganglionnaires
Il s’agit d’un curage ilio-obturateur soit par chirurgie ouverte ou par laparoscopie (à distance ou dans un premier
temps de la chirurgie)
C. Extension métastasiques
1. METASTASES OSSEUSES
a. Scintigraphie osseuse
Examen de référence
Examen peu sensible (46 % à 70 %) et peu spécifique avec risque de faux positifs
Elle ne détecte les métastases que quand l’ostéoblastose est prononcée, c’est-à-dire à un stade avancé
Elle est indiquée en cas de signes d’appel
2. Autres localisations
Rx thorax / sacnner thoracique : recherche de métastases pulmonaires
13
38
Le cancer de la prostate
E. En pratique
Le bilan d’extension permet d’apprécier l’envahissement local, ganglionnaire et à distance
Il ne doit pas être réalisé à titre systématique ; il est réservé aux patients considérés les plus à risque
d’extension (CF classification TNM et Amico)
Peuvent alors être discutées :
IRM pelvi-prostatique et/ou
TDM abdomino-pelvienne pour les tumeurs localement évoluées et/ou
scintigraphie osseuse, ou plus rarement une IRM du corps entier pour les explorations osseuses
TEP-TDM à la choline est en cours d’évaluation
VIII. CLASSIFICATION
A. Classification TNM 2009
La prise en charge thérapeutique du cancer de prostate dépend essentiellement du stade d’extension tumorale
La classification clinique TNM est basée sur l’examen clinique (TR) et paraclinique (CF annexe)
B. Classification d’Amico
Distingue 3 niveaux de risque de récidive biochimique à 10 ans après un traitement local (Tableau 1).
Ce score est défini selon les données suivantes :
Toucher rectal
Valeur du PSA
Score de Gleason
14
39
Le cancer de la prostate
B. Augmentation du PSA
Manœuvres endoscopiques transurétrales
Prostatites
Rétention aigue d’urine
Sondage trans-urétral
TR ne modifie pas le Taux de PSA
X. Facteurs pronostiques
Certains critères cliniques, biologiques et anatomopathologiques pré thérapeutiques permettent d’estimer et/ou
d’orienter la décision thérapeutique initiale
Critères pré thérapeutiques :
Clinique : âge, EDV, obésité, stade clinique, tares
Biologique : taux de PSA
Anapath : Gleason
Stade pathologique
Franchissement capsulaire
Extension ganglionnaire
Envahissement des vésicules séminales
XI. TRAITEMENT
Le traitement du CP est diversifié et souvent combiné et multidisciplinaire
Réunion de concertation pluridisciplinaire
Il dépend essentiellement du stade clinique et de l’espérance de vie
A. Buts
Traitement curatif : pour les formes localisées du CP
Améliorer la qualité de vie pour les formes métastasées par un traitement palliatif
B. Moyens thérapeutiques
1. TRAITEMENTS CURATIFS
a. Prostatectomie radicale
Traitement de référence du CP localisé chez les patients dont l’espérance de vie est ≥ 10 ans
15
40
Le cancer de la prostate
Principes
Exérèse la prostate avec sa capsule, associée à l’exérèse des 2 VS
Anastomose vésico-urétrale entre le col de la vessie et l’urétre juste au-dessus du sphincter strié sur
une sonde tutrice
Voies d’abord : ouverte (rétropubienne ou périnéale), laparoscopiqueourobot-assistée
Curage ganglionnaire ilio-obturateur optionnel : groupe à faible risque, un curage ganglionnaire étendu
associe un curage ilio-obturateur un curage iliaque interne et iliaque externe jusqu’à la bifurcation iliaque :
groupe à risque intermédiaire et élevé
Préservation des bandelettes neuro-vasculaires(uni ou bilatérale) est un facteur de récupération des
érections des cancers localisés de risque faible ou intermédiaire
Indications : CP localisée ou localement avancé, risque faible ou intermédiaire
Complications per et postopératoires
Mortalité < 1%.
Hémorragies : transfusion nécessaire dans < 5% des cas.
Plaies rectales (0 à 3.6%)
Plaie urétérale, exceptionnelle (0 à 1.6%)
Fistules anastomotiques : 2.7% elle se tarit avec un drainage vésical prolongé de quelques jours
Résultats fonctionnels : (séquelles)
Incontinence urinaire : 0.3 à 65% des patients.
o En moyenne 50% des patients sont continents à 3 mois et 10% ont une incontinence invalidante à 12
mois.
o Prévention rééducation pré et post opératoire si non bandelettes sous urétrales ou sphincter artificiel
Dysfonction érectile : 60 à 90%
o Tous malades confondus l’érection spontanée est inférieure à 20%
o La préservation des BVN permet de réserver 75%
o Traitement : IPDE, injections intraveineuses.
Sténose de l’anastomose urétrovésicale : 0.5 à 14%
o Le traitement est endoscopique : section à la lame froide ou dilatation
b. Radiothérapie externe
Principe : Doit utiliser une technique conformationnelle, tridimensionnelle avec ou sans modulation d’intensité
(RCMI). Le repérage du volume cible et des organes critiques par un scanner préalable et la technique de
modulation d’intensité permet une augmentation de dose sur la prostate tout en protégeant les tissus
environnants permettent
Augmenter la dose délivrée à la tumeur sans augmenter significativement la toxicité
Dose : de 74 à 80 GY sur 6 à 8 semaines
Indications :CP localisée ou localement avancé, risque faible ou intermédiaire
Effets secondaire et complications
Idem à la chirurgie
Rectite, cystite radique, sténose urétrale
c. Curiethérapie interstitielle
Principe : Implantation intra prostatiquepermanented’un radioélément(plus souvent d’Iode125)
Indications : CP à faible risque, EDV > 10ans et en absence de troubles mictionnels
Effets secondaires
toxicité urinaire avec urétro-prostatite l’incontinence est exceptionnelle.
Dysfonction sexuelle moins marquée avec efficacité des traitements oraux (IPDE5)
16
41
Le cancer de la prostate
Résultats carcinologiques
Comparables à la radiothérapie externe avec survie à 5 ans de 76 à 79%.
e. Cryothérapie
Principe : destructiondes cellules cancéreuses par congélation intense, brutale et répétée de la prostate. Elle
est réalisée à l’aide d’aiguilles (insérées par voie périnéale sous contrôle échographique) refroidies avec du gaz
argon pendant quelques minutes
Indication : CP à risque faible ou intermédiaire et prostate <40 cc, EDV >10 ans
Complications :
Résultats : Recul est insuffisant pour juger de bénéficier de la technique à long terme.
f. Surveillance active
Principe : ne pas traiter immédiatement un CP cliniquement localisé et ne débuter un traitement (curatif) qu’en
cas de signe d’évolution de la maladie : Elle permet de retarder le traitement local par chirurgie ou radiothérapie
Critères de sélection : cancers à faibles risque de progression avec critères biopsiques : 1 à 2 carottes
biopsiques positives(sur une séries minimum de 10 biopsie), longueur tumorale < 3 mm)
Surveillance régulière et rigoureuse : toucher rectal, PSA et biopsies prostatiques
2. TRAITEMENTS PALLIATIFS
a. Hormonothérapie : suppression androgénique
Principes
Pierre angulaire du traitement palliatif
Hormonodependance : la base du traitement hormonal
Vise à supprimer l’action des androgènes (impliqués dans la croissance des cellules tumorales) soit en
supprimant leur production, soit en bloquant leur effet au niveau des récepteur androgéniques périphériques
Seuil de la castration testostérone totale doit être <0.5mg/l
Hormonosensibilité : n’est ni absolue, ni constante, ni définitive
La phase d’hormonosensibilité est suivie d’un échappement hormonal
Outils de SA
Castration chirurgicale
Orchidectomie bilatérale ou pulpectomie bilatérale (albuginée laissée en place)
Avantages : Simple, efficace, rapide (en 12 heures), rentable et peu coûteuse
Inconvénients : irréversible, difficilement acceptée
Effets secondaires
o Baisse de la libido
o Insuffisance érectile
o Bouffées de chaleur
o Gynécomastie
o Ostéoporose
17
42
Le cancer de la prostate
Castration chimique
Analogues LH-RH
o Mécanisme :blocage de la production hypophysaire de LH. En effet, l'hypophyse hyper stimuléeva
finir par ne plus répondre et donc arrêter de stimuler à son tour les testicules
o Produits : Sous forme d’implants sous cutanés ou injection intramusculaire ou sous cutanée:
Ttryptoréline (Decapeptyl®),Goséréline (Zoladex®),leuproréline (Enantone®)
o Injection tous les 1 mois/ 3 mois / 6 mois selon dosage
o Efficacité = castration chirurgicale
o Avantages :réversible et mieux tolérée psychologiquement
o Inconvénients : coût élevé
o Effets secondaires :idem castration chirurgicale
o « Flare up » : entrainent dans un premier temps une augmentation du taux sérique de LH et de
testostérone pendant 2 à 4 semaines puis effondrement du taux de ces deux hormones par effet
d’épuisement. doit être prévenu par l’association provisoire à un anti androgène immédiatement
avant ou simultanément à la 1ère injection, afin de ne pas risquer d’aggraver les symptômes ou
d’entrainer des complications graves
Antagonistes de la LH-RH
o Mécanisme : se fixent sur les récepteurs LH-RH, effet immédiat avec diminution des taux de LH et
de la testostéronémie
o Produits : Abarelix, Dégarelix
o Efficacité =analogues LH-RH
o Avantages : Castration biologique rapide (en 3 jours) et durable
o Effets secondaires = agonistes de la LH-RH
o Pas de « flare up »
Anti androgènes stéroïdien (AAS)
Mécanisme : double action périphérique et centrale. action directe sur les récepteurs aux androgènes
Elle antagonise les effets de la dihydrotestostérone en entrant en compétition avec elle pour se fixer sur
le récepteur cytoplasmique.Elle diminue la biosynthèse de testostérone en freinant la libération des
stimulines hypophysaires
Produit : Acétate de cyprotéraone (Androcur®)
Peuvent être utilisés seuls (200 à 300mg) ou en association à la castration
Effets secondaires spécifiques : cardiovasculaires
Anti androgènes non stéroïdiens (AANS)
Mécanisme : action strictement périphérique. inhibe la fixation de testostérone aux récepteurs
cytoplasmiques ou même nucléaires. Il bloque également l'effet freinateur de la testostérone sur la
production de LH; la sécrétion de celle-ci s'accroît considérablement, ainsi que celle de testostérone.
Chez les malades traités par le flutamide, il y a donc une augmentation de la LH et de la testostérone
qui a perdu une grande partie de son efficacité
Produits :nilutamide (Anandron®), flutamide (Eulexine®, Flutamide®), bicalutamide (Casodex®)
Généralement, ils ne sont pas utilisé seuls
Effets secondaires : toxicité hépatique, gynécomastie
Anti androgènes de nouvelle génération
Mécanisme : bloquer (en inhibant le complexe enzymatique CYP17) la synthèse d'androgènes au
niveau des trois sources d'androgènes (testicules, glandes surrénales et tissu tumoral)
Produit : Acétate d'abiratérone (Zytiga®), Enzalutamide (Xtandi®)
18
43
Le cancer de la prostate
Indication actuelle : cancer métastatique de la prostate résistant à la castration, chez les hommes dont
la maladie a progressé pendant ou après une chimiothérapie à base de docétaxel" (Taxotere®)
Indications
Les analogues de la LHRH et les anti-androgènes demeurent la pierre angulaire dans la prise en
charge du cancer de la prostate pour les stades localement évolués, métastatiques ou en cas de
récidive de la maladie
Modalités
Blocage androgénique complet (BAC)
o Association : analogue LH-RH et un anti androgène
o Ne parait pas justifié systématiquement en pratique courante, en dehors du premier mois de
traitement (prévenir le « flare up »)
Traitement intermittent vs continu
o Le traitement hormonal intermittent : retarderait l’apparition des clones hormono-résistants,
préserverait la qualité de vie pendant les périodes sans traitement et constituerait une option
thérapeutique moins coûteuse
o Tolérance (notamment sexuelle) meilleure
o Modalité validée
Traitement immédiat vs différé
o Instauration immédiate d’un traitement hormonal dès lors que l’extension métastasique est
prouvée, est recommandée réduit les complications liés à la progression de la maladie, augmente
la survie globale
b. Chimiothérapie
A une place actuellement dans les cancers résistant à la castration
Docétaxe l(Taxotère®) : chimiothérapie de première ligne
ème ème
En 2 ligne : 2 cure de docetaxel ou cabozitaxel
Symptômes urinaires
19
44
Le cancer de la prostate
Obstruction du haut appareil : drainage de la cavité excrétrice (néphrectomie percutanée, sonde double J ou
urétérostomie cutanée, réimplantation urétéro-vésicale)
Rétention vésicale : drainage par STU ou KTsus-pubien,résection endoscopique de la prostate à visée
mictionnelle (forage)
Hématurie : électrocoagulation
Symptômes métaboliques
Anémie : transfusion, prescription d’EPO
CIVD : complication terminale de la maladie, pronostic redoutable
Calcémie
C. Indications thérapeutiques
Dépend : stade tumorale, espérance du vie du patient, préférences du pateint
Les indications sont résumées dans le tableau suivant
TUMEURS HORMONORESISTANTES
Manipulations hormonales
CHIMIOTHERAPIE
ème
Anti androgène 2 génération
20
45
Le cancer de la prostate
D. Résultats
Après prostatectomie totale
PSA indétectable (<0.1mg/ml) à 3 mois
Seuil de PSA > 0.2 mg/ml est actuellement retenu pour définir l’échec biologique
Suivie à 5 ans : T1a : 90%, T2a : 85%, T2b : 78% T2c : 71%
Après radiothérapie
Diminution progressive du PSA (jusqu’à 36 mois) : PSA nadir
Critères de Phenix (Nadir + 2mg/ml) sont utilisés pour définir la récidive biologique
Résultats carcinologique=prostatectomie radicale : Suivie à 5 ans 87%, à 10 ans 63%
Après hormonothérapie
Résistance à la castration = hormono-résistance = échappement hormonal : inéluctable après le stade
d’hormonosensibilté (lune de miel), elle survient au bout de 18 à 24 mois
Survie après résistance à la castration : < 1 an
E. Surveillance
Elle a pour objectifs
Mettre en évidence les effets secondaires ou complications
Diagnostic des récidives locale ou à distance
Mettre en évidence une progression de la maladie
Moyens
PSA T
Examen clinique (TR)
Imagerie si suspicion de récidive
Surveillance active
+ biopsie prostatique
XII. Conclusion
Le CP est un cancer fréquent
Il s’agit d’un cancer androgèno-dépendant.
Actuellement avec l’utilisation du dosage de PSA, dans près de 70% des cas un CP est découvert à un
stade localisé
Le dépistage est individuel et repose sur le TR et dosage de PSA annuellement
Le diagnostic repose sur l’examen anatomopathologique par biopsie prostatique
Le traitement est adapté pour chaque patient et dépend du potentiel évolutif de la tumeur
Les tumeurs de stade localisé peuvent être traitées de manière curative par chirurgie (prostatectomie
totale) ou radiothérapie (externe ou curithérapie)
Les tumeurs aux stades localement avancés sont traitées par une associationradio-hormonothérapie
.Les tumeurs de stade ou métastasique peuvent être traités par traitement hormonal
La chimiothérapieest le traitement des formes résistantes à la castration
21
46
Le cancer de la prostate
T :Tumeur primitive.
Tx : Tumeur primitive non évoluée.
T0 : Tumeur primitive non retrouvée.
T1 : Tumeur ni palpable au TR ni visible en imagerie.
- T1a : Découverte histologique : mois de 5% du tissu résèque.
- T1b : Découverte histologique : plus de 5% du tissu résèque.
- T1c : Tumeur découverte sur des biopsies prostatiques en raison d’une augmentation Tx PSA.
- T1a : <5% des tissus réséqués avec un score de Gleason<7 ou absence de grade 4 ou 5.
- T1b : >5% du tissu réséqué avec un score de Gleason>7 ou présence de grade 4 ou 5.
T2 : Tumeur limitée à la prostate.
- T2a : tumeur atteignent la moitié d’un lobe ou moins.
- T2b : tumeur atteignent plus que la moitié d’un lobe mais sans atteindre les 2 lobes.
- T2c : tumeur atteignent les 2 lobes.
T3 : Extension au-delà de la capsule.
- T3a : Extension extracapsulaire uni ou bilatérale y compris l’envahissement du col vésical.
- T3b : Extension aux VS uni ou bilatérale.
T4 : Tumeur fixée ou atteignant d’autres structures que les VS : sphincter externe, rectum, muscle releveur de
l’anus, paroi pelvienne.
N : ganglions régionaux
Nx : ganglions régionaux non évoluées.
N0 : absence de métastases ganglionnaire régionale.
N1 : atteinte ganglionnaire régionale.
PN1mi : atteinte ganglionnaire régionale.
M : Métastases à distance
Mx : Métastases à distance no évoluées.
M0 : Absence de métastase à distance.
M1 : Métastase à distance.
- M1a : atteinte des ganglions non régionaux.
- M1b : atteinte osseuse.
- M1c : autres sites.
22
47
Le cancer du rein de l’adulte
Année 2015-2016
Faculté de Médecine de SOUSSE (Année 2013-2014)
Objectifs éducationnels :
48
Le cancer du rein de l’adulte
I. INTRODUCTION
Définition : Tumeur primitive maligne du parenchyme rénal, se développe à partir des cellules épithéliales des
tubes rénaux (exclus : TVES, métastases, capsule rénale).
L’adénocarcinome rénal (ou carcinome à cellule claires ou tumeur de Grawitz) est la forme anatomopathologique
prédominante : 85 %.
La découverte fortuite est la circonstance de découverte la plus fréquente (60%). Ceci est rendu possible grâce
aux progrès réalisés en matière d’imagerie médicale ainsi de leur accessibilité
Les symptômes cliniques sont dominés par l’hématurie totale. La triade classique de Guyan (associant hématurie,
douleurs et masse lombaires) n’est retrouvée actuellement que dans 10% des cas.
L’Uro-scanner constitue la pierre angulaire du diagnostic.
L’extension veineuse est caractéristique et prédominante.
Il s’agit d’un cancer radio-chimio résistant.
La Néphrectomie élargie a longtemps constitué le traitement de référence du cancer du rein aux stades localisés.
Les bons résultats carcinologiques obtenus par la chirurgie conservatrice ont permis d’élargir leurs indications aux
patients avec un rein controlatéral sain.
L’immunothérapie a longtemps constitué le seul traitement proposé aux formes métastatiques.
La thérapie ciblée par les anti-angiogéniques est la principale avancée et a profondément changé la prise en
charge au stade métastatique.
II. EPIDEMIOLOGIE
A. Descriptive
2 à 3% de l’ensemble des cancers de l’adulte
ème
3 tumeur urologique (après cancer vessie et cancer prostate)
Plus fréquent en Amérique du nord, pays scandinaves, Europe occidentale : 5 à 12 cas /100.000 habitants
Incidence en Tunisie ?
Age moyen de survenu : 60 – 70 ans
Prédominance masculine (2 hommes / 1 femme)
B. Facteurs de risque
1. FACTEURS PERSONNELS
Hémodialysés avec dysplasie multi kystique acquise(fig. 1)
Transplantés (risque accru de cancer sur les reins natifs)
Certaines maladies génétiques : maladie de Von-Hippel-Lindau, maladie de Sturge Weber,
sclérose tubéreuse de Bourneville
Obésité
HTA Figure 1 : dysplasie multi kystique
Diabète acquise
2. FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX
Tabac
Exposition professionnelle : cadmium, hauts fourneaux, sidérurgie, solvants, produits pétrolifères, amiante
49
Le cancer du rein de l’adulte
Facteurs alimentaires :
Consommation accru de viandes rouges
Semblent protecteurs : fruits et légumes, poissons gras, vit antioxydants, carotène
III. ANATOMOPATHOLOGIE
A. Classification histologique
La dernière classification des tumeurs rénales(bénignes
rénales et malignes) et celle de l’OMS 2004
2004. Elle est basée sur les
critères histologiques et cytogénétiques (fig. 2).
50
Le cancer du rein de l’adulte
a. Macroscopie
Masse tumorale
Isolée
Périphérique (polaire)
Volume variable (fig. 4)
A la coupe :
Jaunâtre (jaune chamois) : caractéristique Figure 4 : Aspect macroscopique le plus
Hémorragie, nécrose calcifications fréquent d’un carcinome à cellules claires
Peut être de nature kystique avec un contenu clair ou hémorragique
b. Microscopie
Prolifération acineuse de cellules au cytoplasme clair, optiquement vide
La cellule claire qui constitue la prolifération est de grande taille, de forme
polygonale, avec un noyau central et un cytoplasme chargé de glycogène et surtout
de lipides (à l’origine de la coloration jaune chamois). Ce contenu lipidique sera
dissout en cours de technique histologique et sera à l’origine de l’aspect
optiquement vide et claire des cellules (fig. 5).
Figure 5 : Aspect histologique des carcinomes
à cellules claires (flèche)
51
Le cancer du rein de l’adulte
5. CARCINOME SARCOMATOIDE
Ils représentent moins de 5% des cancers du rein
Se développent à partir des cellules des tubes contournés ou des tubes collecteurs
Groupe non homogène de tumeurs
Peut se développer à partir de chacune des catégories
Critère péjoratif, pronostic effroyable
D. Extension
1. LOCALE
D’abord intra-rénale, la tumeur croît à un rythme lent (environ 1 cm par an) et peut atteindre la voie excrétrice
urinaire et/ou franchir la capsule rénale, graisse péri-rénale, le fascia de Gérota para-rénale et envahissement de la
surrénale et les organes de voisinage.
52
Le cancer du rein de l’adulte
1 REGIONALE (DIRECTE)
a. Veineuse (thrombus)
Caractéristiques : l’extension tumorale dans le réseau veineux est une particularité des cancers du rein.
Le thrombus veineux tumoral progresse dans le sens du flux sanguin (veine rénale, veine cave et oreillette droite)
droite).
Un thrombus est retrouvé dans 10 à 15 % des cas dans la veine rénale et dans 5 % des cas dans la veine cave
cave.
b. Lymphatique
Le premier relais ganglionnaire est au niveau du hile rénal (ganglion sus-pédiculaire),
pédiculaire), puis l’envahissement
concerne les relais lymphatiques caves et aortiques.
aortiques
Lors du diagnostic, 12 % des patients ont une atteinte ganglionnaire.
2 A DISTANCE
Le cancer du rein métastase
tastase le plus souvent aux poumons (75 %) puis, par fr
fréquence
eddécroissant, foie (20 %), os
(18 %) et cerveau (7 %).
10 % des cancers du rein sont diagnostiqu
diagnostiqués à un stade d’emblée métastatique.
La figurent suivante résume les modes d’extension du cancer du rein (fig. 7)
53
Le cancer du rein de l’adulte
54
Le cancer du rein de l’adulte
Cancer métastatique
B. Examen clinique
Le plus souvent pauvre.
Il est centré sur
Les fosses lombaires à la recherche d’un gros rein donnant le contact lombaire.
Les aires ganglionnaires surtout sus claviculaire gauches.
Signes de compression veineuse en : varicocèle droite et OMI.
Il apprécie l’état général du patient.
V. EXAMEN PARACLINIQUE
A. Imagerie
1. ECHOGRAPHIE
Performante pour l’étude des tumeurs du rein
Souvent à l’origine du diagnostic des petites tumeurs
Sa sensibilité est de plus de 85% pour les tumeurs de plus de 3 cm
Sa spécificité est faible
Le cancer du rein est visualisé sous la forme d’une masse tissulaire, déformant
l’architecture du rein iso échogène, généralement corticale (hyperéchogène), souvent
homogène (fig.9). Grosse tumeur (>5cm) : hétérogene (zone hypoéchogène
correspondant à des zones de nécrose)
Apprécie l’extension :
Figure 9 : Echographie rénale : cancer du
Loco régionale : graisse péri rénale rein droit masse tissulaire, isoéchogène,
Veineuse : thrombose néoplasique de la veine rénale, veine cave inférieure déformant les contours du rein
55
Le cancer du rein de l’adulte
2. TOMODENSITOMETRIE
C’est l’examen de référence pour le diagnostic et pour l’extension locorégional
Sa sensibilité est de 98%, sa spécificité est de 90%
Intérêt diagnostic :
Permet de détecter des lésions de 1 cm (sensibilité de 90%), de faire la différence avec les tumeurs
bénignes et des tumeurs kystiques
Sur les clichés sans injection : la densité du cancer du rein est voisine de celle du parenchyme rénal (30 à
50 UH). Les calcifications sont mieux étudier par TDM
Apres injection du produit de contraste : il existe au temps artériel, un rehaussement de la densité
intéressant les zones vascularisée de la tumeur (de plus de 20 UH). La phase corticale permet un
rehaussement maximal de la veine rénale à la recherche d’un thrombus (fig. 10 et 11).
Au temps tardif : le cancer du rein devient hypodense par rapport au reste du parenchyme rénal
La présence de zone nécrotique hypodense notamment pour les lésions de gros volume est caractéristique
Intérêt pronostic : bilan d’extension locorégional et général, veine rénale cave inférieure, ganglion, foie
Permet d’étudier le rein controlatéral
Figure 10 et 11 : Uro-scanner : Masse rénale solide se rehaussant fortement après injection de produit de
contraste : cancer du rein jusqu’à preuve du contraire
56
Le cancer du rein de l’adulte
4. AUTRES
a. Artériographie
A perdu son intérêt diagnostic l’angiographie numérisée – SCANNER HELICOIDAL
Indications : embolisation palliative ou préopératoire, cartographie artérielle avant chirurgie conservatrice (fig. 14).
b. UIV
A perdu sa place au profil de l’uro-scanner qui permet d’obtenir un cliché urographique en fin de l’examen
Signes urographiques en rapport avec un syndrome de masse non spécifique parfois évocateur (refoulement,
étirement ou désorganisation des cavités pyélo-calicielle
Peut-être normal notamment en cas de petites tumeurs périphériques
10
57
Le cancer du rein de l’adulte
B. Biologie
Important à doser
Signification pronostic « syndrome paranéoplasique »
o NFS
o Anémie : (paranéoplasique ou conséquence d’une hématurie)
o Polyglobulie (par sécrétion d’EPO paranéoplasique)
o VS, CRP : syndrome inflammatoire, sécrétion d’IL-2/6
o Calcémie : hypercalcémie paranéoplasique
o Bilan rénale : créatinémie indispensable pour envisager la stratégie thérapeutique
o Bilan hépatique : Phosphatase alcaline et GGT (atteinte hépatique)
Bilan préopératoire
D. Formes kystiques
Le diagnostic radiologique d’une masse rénale kystique est souvent difficile : 5% des tumeurs kystiques rénales sont
atypiques et moins de 1% des tumeurs kystiques sont malignes.
L’existence de cloisons épaisses ou de calcifications, l’épaisseur de la paroi, la présence de la paroi, la présence
d’échos endokystiques ou de végétations endokystiques rend les tumeurs plus suspectes.
11
58
Le cancer du rein de l’adulte
E. Cancers héréditaires
Le chef de file de ces tumeurs est la maladie de Von Hippel Lindau
o Maladie génétique rare à transmission autosomique dominante
o Se caractérise par le développement de multiples tumeurs affectant :
Le cervelet et la rétine (hémangioblastome)
Les reins, CCR dans 30% des cas
Les surrénales : phéochromocytome
Le pancréas : kystes et tumeurs
o C’est l’atteinte rénale qui fait toute la gravité de la maladie par le caractère multifocal et bilatéral des lésions et
l’âge jeune au moment du diagnostic
D’autres affections prédisposent aux cancers du rein :
o Le cancer du rein héréditaire commun familial
o Les carcinomes héréditaires tubulo-papillaires
o STB (AML, hamartromes multiples, retard mental, parfois adénocarcinome du rein)
o Syndrome de Birt-Hogg-Dube (oncocytomes, CCR chromophobes, tumeurs bénignes cutanées type
fibrofolliculomes, pneumothorax spontanés, parfois adénocarcinome du rein).
F. Tumeurs hypo-vasculaires
Le caractère hypo vasculaire de certains carcinomes du rein se traduit par un rehaussement de densité faible et
souvent tardif voire non détectable en TDM après injection de PC. La réalisation des coupes tardives (au moins à la
phase excrétoire au-delà de 3 mn) contribue à démontrer le caractère solide et vascularisé de ces tumeurs
La majorité : CCR TP
IRM : peut jouer un rôle décisif car elle permet avec une sensibilité supérieure à la TDM de détecter la prise de
contraste faible et retardée d’un CCR TP de diagnostic difficile
12
59
Le cancer du rein de l’adulte
D. Lésions pseudo-tumorales
Hypertrophie compensatrice localisée
Hypertrophie d’une colonne de Bertin
Hypertrophie d’une lèvre d’un sinus
Lobulation rénale
Ces lésions, trompeuses à l’UIV et à l’écho, sont facilement reconnues par la TDM devant leur caractère
isodense du parenchyme rénal avant et après IPC.
E. Masses inflammatoires
Abcès du rein
Pyélonéphrite xanthogranulomateuse
Infarctus localisé
Dans ce contexte c’est le tableau clinique et la TDM qui orientent le diagnostic
13
60
Le cancer du rein de l’adulte
A. Extension locorégionale
Basée sur la TDM
En fonction des résultats de la TTDM, d’autres techniques d’exploration sont indiquées notamment pour étudier
l’extension veineuse (échographie doppler, IRM, échographie trans-oesophagienne).
B. Extension lymphatique
Sensibilité comparable en TDM et en IRM
L’analyse structurale des ganglions lymphatiques en TDM ou en IRM ne permet pas de préjuger de leur atteinte
métastatique.
Seuls des critères de taille permettent de suspecter leur envahissement : les adénopathies sont considérées comme
significatives quand leur diamètre atteint ou dépasse 1 cm.
C. Extension veineuse
Elle se traduit à la TDM par une augmentation du diamètre ou une modification de la forme de la VR et de la VCI
dans son segment intra-rénal ou sus rénal.
L’absence de prise de contraste ou un rehaussement hétérogène évoquent la présence de thrombus.
Pour des raisons anatomiques, l’étude de la VRG est plus facile, celle de la VRD est plus aléatoire en raison de son
trajet court et vertical.
L’IRM est l’examen de choix pour préciser la limite supérieure d’un thrombus cave.
D. Métastases à distance
A rechercher par ordre de fréquence au niveau du poumon, du foie, de l’os, de la surrénale, du cerveau et du rein
controlatéral.
TDM thoracique (ou radiographie standard) : systématique : Métastases pulmonaires
Echographie abdominale + TDM abdominale : métastases hépatiques
Scintigraphie osseuse : Métastases osseuses (si signes d’appel)
TDM cérébrale si signes d’appel
14
61
Le cancer du rein de l’adulte
La prise en charge thérapeutique du cancer de prostate dépend essentiellement du stade d’extension tumorale
La classification TNM est basée sur l’imagerie (tableau 2).
15
62
Le cancer du rein de l’adulte
X. TRAITEMENT
A. Buts
Exérèses complète de la tumeur si le but est la guérison
Sinon : augmenter la survie et améliorer la qualité de vie
B. Moyens
1. TRAITEMENT CHIRURGICAL A VISEE CURATIF
a. Néphrectomie élargie (totale) (NE)
Principe :
Exérèse en monobloc du rein, de la graisse péri rénale après ligature première du pédicule vasculaire
Elle peut associer :
o Surrénalectomie homolatérale si tumeur polaire supérieure ou >à 7 cm présence d’un thrombus
veineux ou lésion surrénalienne au scanner
o Curage étendu : stadification précise mais aucun bénéfice sur la survie
ère
o Embolisation 1 si tumeur de grosse taille
Voies d’abord :
Chirurgie à ciel ouvert : sous-costale, lombotomie
Laparoscopique
Robotique
Mortalité< à 3 %
Complications
Saignement
Plaie digestive
Survie à 5 ans après NE dépend du stade
T1.N0.M0. survie de 80 %
T3.N0.M0. survie de 45 %
Taux de récidive locale après NE de 3 %
b. Chirurgie conservatrice
But : Conserver le capital néphronique
Techniques chirurgicales (fig.16)
Néphrectomie partielle (A)
Résection cunéiforme (B)
Tumorectomie, énucléation (C)
Impératifs
Figure 16 : Techniques chirurgicales conservatrice des cancers du rein
Contrôle du pédicule
Respecter le minimum de marge
Parfaire l’hémostase
Bien fermer la voie excrétrice
Voies d’abord
Chirurgie à ciel ouvert
Chirurgie laparoscopique (Robôt-assistée)
Mortalité périopératoire 1,5 %
16
63
Le cancer du rein de l’adulte
Complications
Saignement
Fistule urinaire 10 %
Taux de survie sont proches de ceux de la NE
Taux de récidive locale : 5 à 10 %
3. EMBOLISATION
L'embolisation artérielle est une intervention qui permet de bloquer l'apport en sang à la tumeur au rein afin de la
rendre plus petite.
On peut avoir recours à l'embolisation artérielle :
17
64
Le cancer du rein de l’adulte
tténuer la douleur ou maîtriser les symptômes causés par un cancer du rein avancé chez les
Palliative : atténuer
personnes qui ne sont pas assez bien pour subir une chirurgie (traitement palliatif)
Avant
vant la chirurgie, pour atténuer les saignements lorsqu'on enlève une grosse tumeur
4. SURVEILLANCE ACTIVE
Peut constituer une option de prise en charge des petites tumeurs solides de moins de 4 cm
cm.
Chez les patients âgés de plus de 75 ans bien sélectionnés présentant des comorbidités élevées
élevées.
Biopsie percutanée nécessaire.
5. TRAITEMENT MEDICAL
a. Immunothérapie
Stimuler les défenses immunitaires de l’hôte pour lutter contre les cellules néoplasiques
2 médicaments sont utilisés : INF alpha et IL 2
De bonnes réponses étaient obtenues pour des patients jeunes et avec faible dissémination métastatique
métastatique.
Perd du terrain devant l’avènement des anti-antigéniques.
anti
C. Indications
Dépendent surtout du stade tumoral (fig. 18 et 19)
18
65
Le cancer du rein de l’adulte
D. Résultats
Les facteurs pronostiques sont liés essentiellement aux caractéristiques de la tumeur et à des facteurs propres au
patient.
On peut retenir comme facteurs de mauvais pronostic
Tumeurs sarcomatoîdes
des et sarcome de Bellini
Grade nucléaire élevé (Führman
Führman III et IV)
Stade tumoral élevé
Extension métastatique ganglionnaire
Age avancé du patient
AEG
Existence de tares associées
Facteurs biologiques perturbés : anémie, hypercalcémie, VS élevée
La survie globale à 5 ans du cancer du rein est représentée dans le tableau suivant.
T1 N0 M0 95
T2 N0 M0 80
T3 N0 M0 60
T4 N0 M0 20 à 30
M+ <3
19
66
Le cancer du rein de l’adulte
XI. SURVEILLANCE
Suivi au moins 15 ans : récidives tardives possibles
Objectif : détecter des récidives locales ou métastatiques
Le bilan doit être adapté à la situation clinique de chaque patient.
Il comportera :
Un examen clinique
Une créatinémie
Bilan biologique (évolution du syndrome paranéoplasique)
Une TDM thoraco-abdominale (sans et après injection de produit de contraste)
Les modalités de suivi selon le stade sont représentées dans le tableau suivant.
XII. CONCLUSION
20
67
Les tumeurs du rein de l’enfant
Année 2015-2016
Faculté de Médecine de SOUSSE (Année 2013-2014)
Pr Ag.
Dr. HmidaWissem
Hmida Wissem
Objectifs éducationnels
Décrire les caractéristiques épidémiologiques des tumeurs de
WILMS(Néphroblastome) chez l'enfant.
Décrire les différents aspects anatomopathologiques des tumeurs de
WILMS(Néphroblastome) chez l'enfant.
Confirmer, par des éléments cliniques et para cliniques, le diagnostic de tumeur
deWILMS (Néphroblastome) chez l'enfant.
Organiser le bilan d'extension locorégional et général d'une tumeur de WILMS
(Néphroblastome) chez l'enfant.
Organiser la prise en charge thérapeutique d'une tumeur de WILMS(Néphroblastome)
chez l'enfant.
Programmer la surveillance clinique et para clinique d'une tumeur de
WILMS(Néphroblastome) chez l'enfant.
68
Les tumeurs du rein de l’enfant
I. INTRODUCTION
Les tumeurs du rein constituent un des groupes les plus fréquents de tumeurs solides de l'enfant.
Les tumeurs rénales chez l'enfant sont nombreuses et variables. Il existe environ une quinzaine d'entités tumorales,
essentiellement malignes.
Les formes histologiques sont très diverses, expliquant en partie l'hétérogénéité pronostique observée.
Le néphroblastome ou tumeur de Wilms est la tumeur la plus fréquente de l'enfant entre 18 mois et 5 ans.
Le néphrome mésoblastique congénital, encore appelé tumeur de Bolande, est la tumeur rénale solide la plus
fréquente avant l'âge de 3 mois. Il s'agit d'une tumeur bénigne congénitale du rein.
Les tumeurs de la voie excrétrice sont exceptionnelles.
La prise en charge des tumeurs du rein de l'enfant est multidisciplinaire.
Le néphroblastome est le premier cancer de l'enfant qui a pu être guéri en raison de sa grande sensibilité à la
chimiothérapie.
Les progrès thérapeutiques ont été rapides grâce à des essais multicentriques contrôlés dans le cadre de la SIOP
(Société Internationale d'Oncologie Pédiatrique)en Europe et de la NWTS (National Wilms TumorStudy) en
Amérique du nord.
II. ÉPIDEMIOLOGIE
La tumeur de WILMS, ou néphroblastome, est la tumeur rénale la plus fréquente chez l'enfant (87 à 90%)
Elle représente environ 5 à 10% de l'ensemble des cancers chez l'enfant
Sa prévalence varie de 3 à 10 cas/an/millions d'habitants (1 cas pour 10 000naissances)
L’âge de survenue se situe entre 1 et 5 ans avec un maximum de fréquence à 3 ans et demi
Les formes du nourrisson de moins d'un an et du grand enfant de plus de 7ans sont rares, respectivement de 15%
et de 2%.
Les formes congénitales à découverte néonatale sont très rares et les découvertes anténatales sont
exceptionnelles.
L'atteinte de l'adulte peut se voir mais exceptionnelle
Le sex-ratio masculin/féminin révèle un léger excès chez les filles : 0.89/1
Les tumeurs unilatérales représentent 93% des cas, parmi lesquelles 89%sont uniques, alors que 11% sont
multicentriques.
Les tumeurs bilatérales représentent 4 à 7% des cas.
Ces tumeurs sont fréquemment associées à un syndrome malformatif.
69
Les tumeurs du rein de l’enfant
A. Macroscopie
Le développement de la tumeur est très rapide. Elle est en règle très volumineuse, faisant environ 8 a 10 cm, au
moment de la découverte.
Elle est habituellement solide, ferme, et bien limitée.
Elle peut présenter des zones centrales de nécrose et d'hémorragie d'allure pseudo-kystique ou des contingents
réellement kystiques
Des calcifications sont découvertes dans 15% des spécimens anatomiques
Cette tumeur est fragile, et peut saigner et se rompre dans le rétro-péritoine voire dans la cavité péritonéale
B. Aspect microscopique
L'aspect microscopique du néphroblastome est très polymorphe
Dans cette tumeur, reproduisant la néphrogenèse, les 3 composantes du métanephros en différenciation peuvent
être observées :
Blastème indifférencié
Structures épithéliales (tubes et ébauches de glomérules)
et Contingent mésenchymateux (tissu conjonctif, dérives mésodermiques divers)
Le degré de malignité du néphroblastome est variable en fonction du type histologique :
le néphroblastome a prédominance blastémateuse serait de stade d'extension plus élevé au diagnostic
le néphroblastome a prédominance épithéliale serait moins agressif (plus de 80% sont découverts au stade I
et seulement 5,7% aux stades III et IV).
C. Extension
Le néphroblastome franchit souvent la capsule rénale, mais reste bien limité dans la plupart des cas par une
pseudo-capsule. Il refoule les structures de voisinage, en particulier les structures artérielles sans les englober.
Il peut envahir la veine rénale puis la veine cave inférieure et réaliser ainsi un thrombus néoplasique qui peut
s'étendre jusqu'aux cavités cardiaques droites.
Une atteinte ganglionnaire locorégionale est possible.
Les métastases a distance sont essentiellement pulmonaires (85% de l'ensemble des métastases), beaucoup plus
rarement hépatiques, osseuses ou cérébrales.
L'atteinte rénale bilatérale existe dans 5 à 13% des cas. Dans 2/3 des cas, ces tumeurs surviennent de façon
synchrone, et dans 1/3 des cas de façon différée dans le temps.
3
70
Les tumeurs du rein de l’enfant
En fonction de l'extension, la classification comporte 5 stades. Cette classification est établie sur le plan local lors
de l'intervention chirurgicale, après chimiothérapie, et sur le plan général, au moment du bilan initial.
V. CLINIQUE
Le tableau le plus typique, retrouvé dans plus de 80% des cas, est représenté par la découverte fortuite par les
parents, souvent lors du bain, ou systématique par le médecin d'une masse abdominale asymptomatique, chez un
enfant en bonne santé (fig. 1).
Du fait d'une croissance progressive et très rapide (3 semaines en moyenne), l'augmentation du volume abdominal
peut passer inaperçue et le diagnostic n'est posé que devant une importante protubérance abdominale.
Dans 20 a 30% des cas, d'autres signes peuvent être associés ou révélateurs de la tumeur, a savoir :
o Une hématurie présente dans 20% des cas, en rapport avec une effraction des cavités excrétrices.
o Des vomissements et des douleurs abdominales par compression digestive.
o Une hypertension artérielle (25% des cas) due a une augmentation du taux de rénine plasmatique, secondaire
à une compression de l'artère rénale par la tumeur.
o Très rarement, un syndrome abdominal aigu, secondaire a une hémorragie intra tumorale importante ou a une
rupture intrapéritonéale spontanée, ou à la suite d'un traumatisme abdominal, souvent minime. Il peut alors s'y
associer une pâleur intense et une hyperthermie
A l'examen, cette masse est indolore, ferme, lisse, volumineuse, à développement antérieur, dans l'hypochondre.
un Néphroblastome
71
Les tumeurs du rein de l’enfant
VI. IMAGERIE
A. Cliché d'abdomen sans préparation (ASP)
Il montre :
Un syndrome de masse tumoral (sous forme d'une opacité homogène refoulant les images aériques du tube
digestif)
Parfois des calcifications
B. Échographie abdominale
L'exploration d'une masse abdominale de l'enfant doit toujours débuter par une échographie abdominale. Elle est
réalisée a la phase diagnostique et au cours de la surveillance.
Elle met en évidence :
o Une masse intra-rénale volumineuse, de diamètre supérieur à 10 cm, et bien limitée
o La structure est en général hétérogène, écho gène avec des plages transsonores correspondant à des zones
nécrotiques ou kystiques.
o Le parenchyme rénal sain est le plus souvent refoulé la périphérie, moulé sur la masse.
Elle permet également de rechercher des signes de fissuration ou de rupture (épanchement péri-tumoral ou intra-
péritonéal abondant).
Le doppler permet de rechercher les thromboses vasculaires.
L'examen se termine par la recherche d'une éventuelle extension hépatique, d'adénomégalies rétro péritonéales et
l'étude du rein controlatéral à la recherche d'une tumeur bilatérale.
C. Tomodensitométrie abdominale
Un examen TDM est essentiel pour l'évaluation initiale. Il permet d'explorer rapidement l'ensemble de l'abdomen.
Il permet également une évaluation volumétrique plus reproductible qu'en échographie et servira, ainsi, de base à
la surveillance du volume tumoral.
Aspect de la masse
Sur les coupes sans injection intraveineuse de produit de contraste :
La masse apparait solide et hétérogène, le plus souvent hypodense par rapport au parenchyme sain
avoisinant.
Elle peut être parfois hyperdense (hémorragie).
Des calcifications et des ilots graisseux intra-tumoraux sont parfois visibles
Apres injection :
Un rehaussement moins intense que celui du tissu sain est noté.
L'hétérogénéité se renforce avec des plages solides et kystiques
La masse est bien limitée par une capsule dense
L'existence d'un épanchement sanguin intracapsulaire ou perirénal est facilement reconnue
La TDM permet, avec plus de précision que l'échographie, de répondre à certaines questions : extension vers les
voies excrétrices, atteinte ganglionnaire, franchissement capsulaire avec envahissement de la graisse périrénale, et
surtout atteinte du rein controlatéral (figure 2).
72
Les tumeurs du rein de l’enfant
73
Les tumeurs du rein de l’enfant
B. Echographie et le scanner
Ces deux examens permettent de préciser l'existence de :
Franchissement capsulaire
Rupture tumorale
Extension vers la veine rénale et la veine cave inferieure
Adénomegalies rétro péritonéales
Métastases hépatiques
Métastases pulmonaires (TDM thoracique)
Atteinte du rein controlatéral
Extension vers les voies excrétrices
C. Scintigraphie osseuse
La réalisation d'une scintigraphie osseuse n'est pas systématique vu que les métastases osseuses sont très rares
(l0.8% des cas)
Elle n'est indiquée que devant des signes cliniques évocateurs, une forme atypique pouvant évoquer une histologie
défavorable telle que le sarcome a cellules claires ou la tumeur rhabdoide.
74
Les tumeurs du rein de l’enfant
IX. TRAITEMENT
Le traitement du néphroblastome est actuellement multidisciplinaire
Il est fondé sur l'association de :
chimiothérapie préopératoire suivie
d'une chirurgie de la tumeur primitive et éventuellement des métastases puis d'une chimiothérapie
éventuellement associée a une radiothérapie locorégionale
A. Chimiothérapie
Le néphroblastome est une tumeur particulièrement chimio sensible. C'est la raison pour laquelle la chimiothérapie
est utilisée de première intention dans la stratégie de la SIOP afin de diminuer :
o Le volume tumoral (pouvant atteindre la moitie) facilitant ainsi l'exérèse,
o le stade local de la tumeur,
o et le risque de rupture préopératoire
La chimiothérapie permet enfin la destruction des métastases (micro-métastases ou avérées) et des cellules
résiduelles post-opératoires.
Les médicaments les plus utilisés sont :
o L'actinomycine D (a la dose de 1.5 mg/m2/cure)
o La vincristine (1.5 mg/m2/cure)
o L'epuribicine qui a récemment remplace la doxorubicine dans le but de diminuer la cardiotoxicité
D'autres médicaments sont utilisés en cas d'histologie défavorable et/ou de stade avancé : ifosfamide, etoposide,
carboplatine, cyclophosphamide
B. Traitement chirurgical
Le traitement d'une tumeur rénale de l'enfant comporte, dans tous les cas, une étape chirurgicale.
L'exérèse de la tumeur primitive est toujours nécessaire à sa cure radicale, et l'exérèse d'éventuelles métastases
l'est parfois, en fonction de leur réponse à la chimiothérapie.
75
Les tumeurs du rein de l’enfant
C. Radiothérapie
Le néphroblastome est l'une des tumeurs malignes les plus radiosensibles
L'utilisation de la radiothérapie est limitée aux stades avances (stade >= II, histologie défavorable, et/ou atteinte
ganglionnaire), et ceci a cause des séquelles importantes.
Champs d'irradiation : tout le lit tumoral (repère au préalable par le chirurgien), parfois tout l'abdomen, Dose :
dépend du stade, de l'histologie et de la qualité de l'exérèse
X. FACTEURS PRONOSTIQUES
Les principaux facteurs de mauvais pronostic sont :
o Le stade d'extension :
La survie passe de 96% pour les stades I a 83% pour les stades IV.
Pour les tumeurs bilatérales métachrones : la survie a 2 ans est de 35%.
o La présence d'envahissement ganglionnaire (N+)
o La présence de métastases a distance
o Le type histologique : les formes anaplasiques ont le plus mauvais pronostic (54% de survie à 2 ans)
XI. SURVEILLANCE
La guérison est obtenue globalement dans 90% des cas et peut être quasi confirmée après 2 ans
La surveillance doit être prolongée jusqu'a l'âge adulte, et doit comporter :
o Un examen clinique
o Dosage de la créatinémie
o Une radio du thorax et une échographie rénale
o Une TDM au besoin
o Les autres examens sont réalisés selon les signes d'appel
Les rechutes sont devenues rares, de l'ordre de 20%, localisées aux poumons dans 70% des cas.
76
Les tumeurs du rein de l’enfant
XII. CONCLUSION
Les progrès thérapeutiques réalisés par la chimiothérapie et la prise en charge multidisciplinaire des
tumeurs de Wilms ont nettement amélioré son pronostic.
Les recherches sont actuellement axées sur l'oncogenèse et l'identification de nouveaux paramètres
pronostiques permettant d'alléger le traitement et de diminuer davantage les séquelles thérapeutiques.
10
77
Tumeurs urothéliales
Année 2015-2016
Faculté de Médecine de SOUSSE (Année 2014-2015)
Pr MOSBAH A. F.
OBJECTIFS
1. Définir les tumeurs urothéliales
2. Énumérer les caractéristiques épidémiologiques des tumeurs vésicales et des TVES
3. Citer les principaux facteurs de risque
4. Décrire les caractéristiques anatomo-pathologiques des tumeurs urothéliales
5. Poser le diagnostic des tumeurs urothéliales en se basant sur les donnés cliniques et
paracliniques
6. Planifier le bilan d’extension
7. Citer les différents moyens thérapeutiques
8. planifier le suivi d’un patient traité pour tumeur urothéliale
78
Tumeurs urothéliales
Les tumeurs du bassinet sont relativement rares ; les tumeurs primitives de l’uretère sont encore plus rares. Les
tumeurs de la vessie sont extrêmement fréquentes.
Toutes ces tumeurs sont classées ensemble car elles correspondent à une maladie de l’urothélium. Il n’est pas rare
de trouver des localisations multiples de ces tumeurs au niveau des voies urinaires, depuis le bassinet jusqu’à la vessie,
soit qu’il s’agisse d’un repiquage de tumeurs d’origine pyélique au niveau de l’urètre et ensuite de la vessie, en suivant
le cours de l’urine, soit beaucoup plus fréquemment qu’il s’agisse de tumeurs multifocales d’emblée, correspondant à
une véritable maladie et l’urothélium.
I-Incidence
Les tumeurs du bassinet sont relativement rares, cinq fois moins fréquentes que les tumeurs du parenchyme rénal.
Les tumeurs de l’uretère sont encore plus rares ; primitives, elles représentent moins de 5% de toutes les tumeurs.
Les tumeurs de la vessie sont extrêmement fréquentes puisqu’elles constituent une des causes de morbidité par
cancer, très fréquente chez les hommes de plus de 60 ans.
Les tumeurs de vessie sont rares avant 50 ans ; leur incidence augmente de façon exponentielle avec l’âge par
après. Cependant, l’incidence maximale relative est observée entre 65 et 75 ans, ceci étant dû à une diminution
signification de la population vivante dans les tranches d’âge les plus élevées.
79
Tumeurs urothéliales
TUMEUR DE VESSIE
I. INTRODUCTION
Les tumeurs vésicales (TV) occupent le 1er rang des tumeurs de l’appareil génito-urinaire en Tunisie
Tumeurs urothéliales : 90%
Au moment du diagnostic
60 à 80% tumeurs superficielles : n’infiltrant pas le muscle (TVNIM)
2 problèmes majeurs
Récidive (40 à 80%)
Progression (1 à 30%) : vers une tumeur vésicale infiltrante avec possibilité d’extension
locorégionale et métastatique et de décès
20 % tumeurs infiltrantes : infiltrant le muscle (TMIM) : véritable cancer
Diagnostic souvent facile : évoqué devant une hématurie terminale, d’autant plus que le patient soit tabagique.
La cystoscopie permet la confirmation diagnostique. Elle permet lors de la résection endoscopique d’obtenir un du
matériel pour confirmation histologique et constitue, dans certains cas, la 1ère étape thérapeutique.
Le traitement des TVNIM est conservateur reposant sur la résection endoscopique complète et un traitement
adjuvant visant à réduire les taux de récidives et de progression
La prise en charge thérapeutique des TVIM est basée sur le traitement radical (cystectomie)
II. EPIDEMIOLOGIE
A. Descriptive
TV : 3à 4% de l’ensemble des cancers
1er cancer urogénital en Tunisie, 2èmecancer urogénital en Europe
20% des tumeurs vésicales sont infiltrantes au moment du diagnostic
Age moyen : 65 ans (rare avant 40 ans)
Nette prédominance masculine 8H/1F en Tunisie (4H/1F dans le monde)
B. Facteurs de risques
1. TABAC
er
1 facteur de risque
Risque multiplié par 4
30 à 50 % des TV sont dus au tabac
Nombre de cigarette et durée de consommation
En Tunisie : 61 % des TV avec un nombre de PA moyen=35
Substances carcinogènes : inhalées par les poumons et excrétées dans les urines : Aniline, toluidine, naphtylamine
Il faut 10 ans de sevrage pour qui une personne fumeuse rejoigne le risque d’une personne non fumeuse
2. CARCINOGENES INDUSTRIELS
Le premier cancer professionnel reconnu (1895)
2ème facteur de risque
5 à 20% des TV
Plus de 200 substances carcinogènes sont décrites
Les principaux produits incriminés sont : les amines aromatiques dérivés de l’aniline, les nitrozamines, et les
hydrocarbures aromatiques
80
Tumeurs urothéliales
Les professions les plus exposées sont l’industrie de : Gomme, caoutchouc, teinture, textile, cuir colorants,
métallurgie, imprimerie, pétrochimie
La tumeur peut apparaître 5 à 20 ans après l’exposition et l’absorption de faite surtout par voie transdermique
3. AUTRES
a. Irritations vésicales chroniques
Bilharziose
Maladie parasitaire endémique en Afrique et au proche et moyen orient (Egypte).
Prédisposent au cancer épidermoïde de la vessie
Bactérienne : l’infection et l’irritation vésicale chronique et récidivante expose au cancer de la vessie (épidermoïde)
Sondage vésical à demeure : favorise le cancer épidermoïde
Extrophie vésicale favoriserait l’adénocarcinome vésical.
III. ANATOMOPATHOLOGIE
A. Macroscopie
Deux grands types macroscopiques
1. Tumeurs papillaires de développement exophytique
Elles s’extériorisent dans la lumière vésicale et comportent
Tumeurs papillaires pédiculées : la tumeur vésicale est rattachée à la muqueuse vésicale par un pédicule +/-
long et +/- large. De ce pédicule s’épanouit un bouquet de végétation de couleur rose ou orange violacé parfois
sphacélique
Tumeurs papillaires sessiles : sans pédicule
Tumeur non papillaire infiltrante
Papillomatose diffuse (rare : 1%) : prolifération papillaire extensive intéressant la quasi-totalité de la muqueuse
vésicale.
81
Tumeurs urothéliales
B. Microscopie
1. Types des lésions
82
Tumeurs urothéliales
IV. CLINIQUE
A. Circonstances de découverte
83
Tumeurs urothéliales
1. HEMATURIE
Fig.2 : hématurie macroscopique
Maître symptôme, le plus fréquent (80%).
Classiquement
Terminale (ou totale à renforcement terminal)
Intermittente, capricieuse, indolore, isolée, spontanée
Macroscopique ou microscopique (fig.2)
Peut-être totale si de grande abondance et entraîner une rétention sur caillot
Toute hématurie doit faire suspecter une tumeur vésicale
3. AUTRES
Découverte fortuite (Echo)
Surveillance d’une tumeur connue et traitée (récidive) vésicale ou de la voie excrétrice supérieure
Dépistage systématique : cytologie urinaire chez les populations à risque
Signes en rapport avec un envahissement locorégional
Douleur rénale, poussées fébriles, anurie= obstacle urétéral uni ou bilatérale
Signes de compression pelvienne :
o Veineuse = œdème des membres inférieurs
o Nerveuse = cruralgies
Métastases à distance
AEG
B. Examen clinique
1. INTERROGATOIRE
Facteurs de risque : tabagisme, profession
Antécédents
Rechercher les symptômes
L’ancienneté des troubles Fig.4 : toucher bi-manuel
2. EXAMEN PHYSIQUE
Complet centré sur la sphère uro-génitale.
Basé sur les touchers pelviens (TR et T+Vaginal) (fig.4)
En cas de TVNIM : l’examen est normal
En cas de TVIM :
Touchers : Au mieux Toucher bimanuel sous anesthésie générale
o Malade en DD, jambes fléchies, vessie vide avant et après une RETV
o Permettent d’estimer l’importance et l’étendue locale de la tumeur ainsi que d’évaluer la mobilité ou la
fixité de la tumeur.
7
84
Tumeurs urothéliales
o Ainsi l’infiltration varie de la légère disparition de la souplesse du plancher vésical jusqu’au blindage
pelvien.
o Quelques tumeurs vésicales volumineuses du dôme sont palpées par une palpation hypogastrique appuyée.
o Chez la femme, les tumeurs pelviennes recherchent en plus un envahissement de la paroi vaginale.
o L’appréciation de l’infiltration par les touchers pelviens n’est possible que lorsque la tumeur est de siège
trigonal ou du plancher vésical, ailleurs l’infiltration est latérale ou antérieure et le plancher parait souple.
Examen abdominal
o Recherche d’un contact lombaire
o Palpation hypogastrique : GV/ masse hypogastrique
Le reste de l’examen clinique
o Signes indirects de retentissement de la tumeur
- Signes d’extension locale : OMI
- Ganglion de Troisier
- Gros foie métastatique
C. Examens paracliniques
1. IMAGERIE
a. Echographie
1er examen devant hématurie
Sus-pubienne, vessie pleine
Etude de la vessie, recherche des masses endo-luminales (dgc différentiel, lithiase vésicale et caillots sanguins).
Caractéristiques (fig.5)
Formation tissulaire, unique ou multiple
Echogène ou parfois hyperéchogène
Au dépend de la paroi, faisant saillie dans la lumière vésicale
Immobile
Vascularisée au doppler
Limites
Petites tumeurs (sensibilité faible 60% pour masse polyploïde > 5mm) Fig.5 : masse hyperéchogéne à
l’echo évoquant une tumeur
Tumeurs planes vésicale
écho normale n’élimine pas le diagnostic
Diagnostic différentiel :
Caillot sanguin (mobile)
Lithiase vésicale (cône d’ombre post)
Les critères échographiques de présomption d’infiltration sont :
Dilatation du haut appareil urinaire (fig.6)
Envahissement péri vésical massif
Fig.6 : dilatation du haut
appareil
85
Tumeurs urothéliales
Son intérêt principal : recherche d’une TVES associée et la surveillance du haut appareil urinaire
c. Tomodensitométrie
Aucun apport dans le diagnostic.
Indiquée uniquement dans l’étude de bilan d’extension : (donc après la confirmation histologique de l’infiltration
tumorale).
Etudie la tumeur, sa base, son degré d’infiltration pariétable, la graisse périvésicale avoisinante, son infiltration, les
organes avoisinants (rectum, vagin, vésicules séminales) et leur infiltration.
Montre typiquement en cas de tumeur vésicale : une formation tissulaire appendue à la muqueuse vésicale
prenant le contraste de façon modérée après IPC
Recherche des métastases ganglionnaires (premier relais obturateur) et des métastases à distance surtout hématique
(poumon, os, foie, adénopathies).
Le scanner permet également de rechercher une TVES associée
2. CYTOLOGIE URINAIRE
Détecte les cellules tumorales dans les urines : faite au décours d’une miction ou d’un lavage vésical (cystoscopie)
Il s’agit d’une observation microscopique (examen anapath) du sédiment urinaire
Elle a une grande stabilité (96%) pour les tumeurs de haut grade (y compris CIS). Cependant, elle reste peu
sensible pour les tumeurs de bas grade
Une CU négative n’élimine pas le diagnostic d’une tumeur vésicale
Intérêt :
Dépistage d’une population à risque professionnellement exposée
Surveillance post thérapeutique
3. ENDOSCOPIE
a. Cystoscopie en lumière blanche « standard »
Examen de référence pour la confirmation du diagnostic d’une tumeur vésicale
La cystoscopie peut-être réalisée sous A.G. ou ALR ou la fibroscopie vésicale (sous AL)
Permet outre de visualise et localise la lésion
Déterminer sa taille
De dénombrer les tumeurs
Décrire son aspect
Rechercher un aspect de CIS
Explorer les éventuels diverticules
Permet la BIOPSIE +++ par la résection endoscopique (anesthésie générale ou locorégionale) de la tumeur
emportant la base (la musculeuse doit être vue et analysée à l’examen anatomopathologique)
Le diagnostic des tumeurs vésicales dépend principalement de l’examen endoscopique et de l’examen
histologique de la totalité de la lésion réséquée
Cystoscopie en lumière blanche : « limites »
86
Tumeurs urothéliales
Fig.10 : cystoscopie
Buts
De rendre « visible » les imperfections de la cystoscopie standard.
La détection des petites tumeurs superficielles, et tout particulièrement du CIS
De diminuer significativement le taux de tumeurs résiduelles et le taux de récidive après RE/TV
Indications
Lésions vésicales multi-focales
Diamètre tumoral > 3 cm
Récidive tumorale précoce
Cytologie de haut grade
Surveillance de lésions à haut risque (T1G3 et Cis)
10
87
Tumeurs urothéliales
V. EVOLUTION
A. TVNIM« bénignes »
L’évolution des TVNIM est caractérisée par leur tendance à la récidive et le risque de progression
Risque de récidive (40 à 80%) sans aggravation du stade et du grade tumoral : peut survenir très tardivement
(20 ans) d’où l’intérêt d’une surveillance à long
lo terme.
Risque de progression (1 à 30%) : l’aggravation du stade et ou du grade par rapport à celui ou à ceux de la
tumeur initiale
Le risque majeur de la progression reste l’invasion
l’inva du muscle vésical exposant alors à des métastases et au
décès
Les facteurs de risque de récidive et et de progression sont multiples, les principales sont : Stade, grade, taille,
multifocalité et présence de CIS
B. TVIM« malignes »
1. Extension locorégionale
En surface : trigone, méats urétéraux
En profondeur : différents couches : graisse, organes de voisinage : prostate chez l’homme, utérus et vagin chez la
femme, rectum et paroi abdominale antérieure chez les deux sexes
2. Lymphatique précoce
Ganglions ilio-obturateur, latéro-aortique
aortique et latéro-cave
latéro
3. Métastases à distance
Poumon> foie >os
11
88
Tumeurs urothéliales
VI. TRAITEMENT
A. TVNIM« bénignes »
1. BUTS
Exérèse complète de la tumeur
Prévention de la récidive et de la progression
a. Traitement endoscopique
Résection endoscopique (fig.12)
C’est le traitement de référence des TVNIM
Intervention sous A.G. ou ALR après vérification de la stérilité des urines
Résection doit emporter la tumeur avec son épithélium et suffisamment profonde pour prélever un échantillon
musculaire à fin que la stadification soit fiable, puis hémostase du lit tumoral. La résection doit être complète
Complications
Hémorragie : 1 à 13%
Perforation vésicale
Traumatisme des orifices urétéraux
Syndrome de réabsorption (relativement rare)
Explosion vésicale, rare, impose la laparotomie
Electro-coagulation
S’adresse aux petites tumeurs vésicales, souvent récidivées
Abord endoscopique et électrocoagulation
Légère sédation
Inconvénient : pas matériel pour examen histologique
b. Instillations endovésicales
Immunothérapie intra-vésicale (BCG)
Buts : développer les moyens de défense propre de la muqueuse vésicale entraînant ainsi une diminution de la
fréquence des récidives, une diminution du nombre de tumeur récidivante et une diminution du potentiel agressif de
la tumeur
Modalités : Instillation de BCG dans la vessie : 1 fois par semaine pendant 6 semaines = 75 mg que le patient doit
garder pendant 2 H
Résultats : La BCG thérapie entraine une réduction de 40% du risque de récidive tumorale.
Par ailleurs, la BCG thérapie est le seule thérapeutique à avoir un bénéfice prouvé sur la progression
La BCG donne de bons résultats en cas de CIS (70% de réponse complète sans récidive)
Effets secondaires fréquents parfois (cystites, hématurie, fièvre…) grave (BCGite)
Chimiothérapie endovésicale
Buts : Traitement adjuvant qui permet de réduire le taux de récidive mais qui n’a pas d’effet sur le taux de
progression.
12
89
Tumeurs urothéliales
Principe : consiste à l’application au contact de la muqueuse vésicale d’un agent directement cytotoxique sur les
cellules tumorales. Ceci permet de prévenir l’implantation de cellules tumorales libérées au cours de la résection
ainsi que d’éliminer la maladie résiduelle.
Plusieurs produits sont utilisés, le plus utilisé et le plus efficace étant la MMC
3. INDICATIONS
(Ta, T1) sont habituellement traitées par voie endoscopique ; résection trans-urétrale ou biopsie et coagulation pour
les petites localisations associées à une chimiothérapie ou BCG thérapie endo-vésicale.
Pour les tumeurs superficielles uniques Ta, G1, après résection ou électrocoagulation, aucun traitement
complémentaire n’est requis.
Pour les tumeurs multiples, les tumeurs récidivantes, les tumeurs peu différenciées, il est justifié d’instaurer une
chimio-prophylaxie endo-vésicale par instillation d’antimitotiques : les agents les plus utilisés et les plus efficaces
sont l’Adriamycine, la Mitomycine, le Thiotepa ou une immunothérapie à base de BCG (meilleurs résultats mais
tolérance moins importante).
Ces traitements dont les schémas sont variables sont habituellement très bien tolérés sur le plan général (à
l’exception du BCG et du Thiotepa qui peuvent parfois entraîner des effets systématiques) et ils permettent de
réduire la fréquence de récidives ou de progression d’une manière statistiquement significative. Ils n’ont cependant
pas de vertu curative formelle.
B. TVIM« malignes »
1. BUTS
Obtenir un contrôle carcinologique de la tumeur
Empêcher l’émergence ultérieure de tumeur urothéliale
Améliorer la qualité de survie en cas de traitement palliatif
13
90
Tumeurs urothéliales
2. MOYENS
a. Chirurgie
Cystectomie totale
Traitement de référence des TVIM
Il s’agit d’une chirurgie lourde, assez longue nécessitant une préparation préopératoire digestive avec des
réserves de sang et une consultation du médecin anesthésiste
Curage ganglionnaire ilio-obturateur étendu
Vésiculo-prostato-cystectomie chez l’homme
Cysto-colpo-hystérectomie (pelvectomie antérieure emportant vessie + utérus + paroi antérieure du vagin) chez
la femme
Après cystectomie : la dérivation des urines se fera selon plusieurs modalités (fig.14)
Dérivation interne
o Entéro-cystoplastie de remplacement : la vessie native est remplacée par une néovessie
confectionnée à partir de l’intestin avec anastomose aux 2 uretères en haut et à l’urètre en
bas (Camey, Hautman, Studer)
o Anastomose urétéro-sigmoïdienne (COFFEY) : Place très limitée, quasiment délaissée
Dérivation externe :
o Non continente :
- Urétérostomie cutanée bilatérale : uretères à la peau (délaissée par risque de sténose)
- Urétéostomie cutanée transiléale : Bricker : de référence
Greffon iléale de bonne qualité
Anastomose des uretères ou greffon
Stomie cutanée
o Continente : Confection d’un réservoir (poche) à partir du tube digestive qui sera vidé par
auto-sondage (poche de kock)
14
91
Tumeurs urothéliales
b. Radiothérapie : externe
Rarement seule (si CI chimio)
Conformationnelle : 66 à 78 Gy
Complication : cystite post radique
Résultats : < chirurgie et < ARC
c. Chimiothérapie
Polychimiothérapie
Protocole comprenant la cisplatine : M. VAC, CG, Gencitabine – toxane en cour d’évaluation
Néo-adjuvante
Adjuvante
En association avec la radiothérapie : ARC
3. INDICATIONS
T2, T3, T4 : exigent habituellement une chirurgie d’exérèse : cysto-prostatectomie totale avec dérivation des urines
Ces traitements ne sont justifiés que s’il n’existe pas d’extension à distance de la tumeur.
Pour cette raison, une lymphadénectomie de staging (et éventuellement curative si par chance il n’existe qu’une
extension microscopique dans un ganglion de voisinage) sera réalisée.
La chimiothérapie par voie. I.V ou par voie intra-artérielle peut également être conseillé soit de façon systématique
avant la chirurgie (chimiothérapie néo-adjuvante) soit, à titre palliatif, devant des tumeurs très étendues ou avec
métastases à distance. Les agents les plus utiles sont le Cis-Platine, le méthotrexate, l’Adriamycine. Les schémas de
chimiothérapie et leurs indications dépassent le cadre de ce cours.
Les carcinomes in situ : Le traitement repose, en première intention, sur les instillations endovésicale de BCG. Les
schémas habituels comportent 6 instillations endovésicale de BCG à raison d’une par semaine, avec contrôle
endoscopique (et biopsique) un mois après le terme de la cure. Ce traitement parvient à éradiquer 80% des cas. Si
l’immunothérapie endovésicale échoue, la seule solution reste la cystectomie totale (avec prostatectomie chez
l’homme) avec idéalement urétrectomie.
VII- Pronostic
Il a déjà été évoqué pour les TVNIM
Pour les TVIM de stade T2 la survie à 5 ans est de l’ordre de 60 %
Pour les tumeurs de stade T3 et T4, où l’envahissement ganglionnaire est très fréquent, la survie devient beaucoup
plus sombre de l’ordre de 10 à 30 % à 5 ans.
Dans les tumeurs métastatiques, traitées par chimiothérapie et radiothérapie, la survie à 5 ans est inférieure à 10%
VIII- Surveillance
Etant donné le caractère hautement récidivant de ces tumeurs, une surveillance régulière est indispensable.
Pour les TVNIM, des cystoscopies avec cytologie urinaire sont régulièrement indiquées (tous les trois à six mois
pendant les cinq années suivantes).
Pour les TVIM, des surveillances endoscopiques, cytologiques, radiologiques sont également justifiées selon le
même schéma.
Pour les CIS, une surveillance très étroite est également indiquée avec cystoscopie régulière, biopsie régulières et
cytologie urinaire régulière. On observe en effet une récidive de CIS dans 40% des cas dans les 5 ans chez les
patients ayant répondu au BCG.
15
92
Tumeurs urothéliales
Signes cliniques
Hématurie
Signes d’irritation vésicale (T.V.I souvent)
Signes en rapport avec l’évolution d’une T.V.I
Examen clinique- T.R. sous A.G
Diagnostic
Echographie
UIV : lacune
o Amputation
o Rigidité
o Retentissement sur le rein
Cytologie urinaire : surveillance
U. Cystoscopie : + Biopsie- confirmation Histologique
Facteurs pronostiques
16
93
Tumeurs urothéliales
Type histologique :
- Grade
- Stade
- Présence de CIS associé
Nombre de tumeurs
Taille des tumeurs
Réponse à la BCG thérapie endo-vésicale
Traitement
T.V.S :
- Résection endoscopique
- BCG immunothérapie endovésicale ou chimio endovésicale
T.V.I :
- Bilan d’extension TDM- IRM
Ganglionnaire
Métastatique – osseux ++
C.P.T ; Pelvectomie antérieur pour les femmes ; Dérivation +++
Surveillance :
T.V.S
Cytologie/Echo Endoscopie
Risque de récidive
Risque d’évolutive
T.V.I
Métastases ++
17
94
Tumeurs urothéliales
I. DEFINITION –GENERALITES
II. ETIOPATHOGENIE
A-Pathologie
Ces tumeurs se développent le plus souvent comme des tumeurs exophytiques, papillomateuses
qui infiltrent secondairement les couches plus profondes et peuvent envahir les organes avoisinants,
dans la grande majorité des cas, elles se manifestent heureusement par une hématurie alors qu’elles
sont encore superficielles et curables. Lorsqu’elles ont infiltré les couches musculaires, elles
donnent rapidement des métastases ganglionnaires au niveau des chaînes ganglionnaires para-
aortiques ou iliaques pour les tumeurs de l’uretère. Les métastases par voie sanguine se font
préférentiellement dans les poumons, le foie et les os.
Histologiquement, il s’agit d’épithélioma à cellules transitionnelles dans environ 90% des cas.
Plus rarement, il peut s’agir d’épithélioma à globes corné épidermoïdes et très exceptionnellement
d’adénocarcinome. Ces tumeurs sont 2 à 3 fois plus fréquentes chez l’homme que chez la femme.
B- Classification
T-Tumeur primaire
TO : Pas d’évidence de tumeur
TX : les examens réalisés sont insuffisants pour déterminer l’extension de la tumeur
primaire.
Tis : carcinome in situ (c'est-à-dire tumeur non papillaire, non exophytiques,’’plate’’)
Ta : carcinome papillaire non invasif, essentiellement limité à la lamina propria et
n’atteigne pas le muscle.
18
95
Tumeurs urothéliales
T3 : tumeur s’étendant jusque dans le tissu péri-urétéral pour l’uretère ou dans les
structures péri-pyélique et le rein pour les tumeurs du bassinet
T4 : tumeur infiltrant les organes de voisinage
N. (ganglions régionaux) et M. (métastases à distance)
C- Extension
Urothéliale +++ atteinte simultanée de la voie excrétrice
Locorégionale : envahissement rapide des différentes couches
Lymphatique : fréquente, précoce
Métastases : sanguines et lymphatiques : osseuses, pulmonaires hématique
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96
Tumeurs urothéliales
III. CLINIQUE
A-Hématurie (65-80%) : signe le plus fréquent +++
Totale
Abondante
Précoce (mais peut être tardive, on manque)
Permanente ou intermittente
Souvent indolore (caillotdouleur) lombalgies sondes CN
B- Douleur
Secondaire : à l’obstruction urétérale ou à l’extension locorégionale ou métastatique
Modéré, intermittente,
C- Masse palpable :
Gros rein tumoral, rarement T. urétérale palpable
D- Autre signes
Infection urinaire
Atteinte état général
Métastases
E- Examen clinique
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97
Tumeurs urothéliales
Souvent
ouvent normal, rarement gros rein
Le rétrécissement : rare
Irrégulier, excentré, de langueur variable avec une stase en amont. Le rétrécissement peut
être isolé
Ou accompagné d’une lacune polycyclique. Il traduit souvent une tumeur infiltrante et peut
entraîner une mutité rénale
La lacune, fréquente
Implantation urétérale, arrondie, polycyclique
Frangée
C’est une lacune au sein d’une lumière dilatée++ (entourée de produit
de contraste)
Le scanner est également utile, pouvant montrer l’extension de la tumeur au au-delà de la paroi
urétérale et pouvant faire le diagnostic différentiel avec une lithiase radio transparente de densité
différente. En cas de petite tumeur endo-liminale,
liminale, surtout urétérale, l’intérêt de ces examens est
cependant limité.
21
98
Tumeurs urothéliales
B- L’urétéroscopie+++ :
Procédée d’une cystoscopie pour vérifier l’intégrité de la muqueuse vésicale (multifocalité des
lésions) association avec une tumeur de la voie excrétrice supérieure.
F- ECHO
Les ultrasons peuvent aussi confirmer la tumeur en montrant une prolifération endopyélique
ayant des caractéristiques différentes d’un calcul urique (pas de cône d’ombre aux ultrasons).
22
99
Tumeurs urothéliales
G- Néphropyéloscopie :
Explore de visu
Permet une biopsie voire même la cure (résection endoscopique, électro vaporisation laser)
V. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
Le diagnostic différentiel doit se faire avec une lithiase radio-transparente, un caillot
éventuellement un choléstéatome du bassinet, une papille ectopique ou anomale se projetant dans le
bassinet, un cancer du rein ayant envahi les voies excrétrices voire une tuberculose rénale : intérêt
des examens complémentaire : UROSCAN- URO IRM- ENDO
VII. Pronostic
Si la tumeur est non infiltrante et bien différenciée histologiquement, le pronostic est très bon : 85%
de survie à 5 ans. S’il s’agit par contre d’une tumeur infiltrante et peu différenciée, le pronostic
devient beaucoup plus sombre (25% de survie pour les tumeurs sans métastase à distance) à 5 ans.
VIII. TRAITEMENT
A- Moyens
1- Chirurgie
Néphro-urétérectomie totale : T. pyélique, T. urétérale haute
Résection partielle (T. urétérale, basse) (rein unique)
2- Traitement endoscopique
3- Traitement adjuvant
Systématique quand métastase
o Radiothérapie
o Traitement adjuvant
o Stérilise le lit tumoral
23
100
Tumeurs urothéliales
4- Chimiothérapie
Traitement adjuvant
Systématique quand métastases
B-Indication
Le traitement idéal est la néphro-urétérectomie c'est-à-dire l’ablation en masse du rein et de tout
l’uretère jusqu’à la vessie étant donné la possibilité de ces tumeur à donner des localisations
secondaires dans tout l’arbre urinaire. Cette technique exige deux incisions (lombaire et incision
pelvienne quand le streeping urétral n’est pas possible)
De plus en plus cependant, on estime que pour les tumeurs limitées superficielles (Ta,
éventuellement T1), un traitement conservateur est justifié consistant en une pyélotomie et
extraction de la tumeur y compris de son pédicule d’implantation pour les tumeurs pyélotomie et
résection segmentaire de l’uretère avec anastomose bout à bout pour les tumeurs urétérales.
101
Tumeurs urothéliales
25
102
TRAUMATISMES FERME DU REIN
Année 2015-2016
Faculté de Médecine de SOUSSE (Année 2014-2015)
103
TRAUMATISMES FERME DU REIN
I. INTRODUCTION
Définition : Ensemble des lésions du parenchyme rénal et/ou de la voie excrétrice et/ou du pédicule
vasculaire secondaire à un trauma respectant l’intégrité de la paroi abdominale.
Il s’agit le plus souvent de traumatismes fermés (90%). Les traumatismes ouverts sont plus rares (10%)
C’est une urgence médico-chirurgicale, ils peuvent mettre en jeu le pronostic vital et le pronostic fonctionnel
néphrologique.
Ils surviennent souvent dans un contexte de poly-trauma dont la principale cause est l’AVP.
Grace aux progrès de l’imagerie, de l’endo-urologie et de la radiologie interventionnelle, l’approche traitement
qui est devenu de plus en plus conservative.
Ces rapports osseux (dernières côtes flottantes, apophyses transverses des vertèbres…) l’expose à
certaines lésions par embrochage par esquilles osseuses.( fig.3)
Ça capsule est inextensible et son parenchyme, gorgé de sang et sous tension, ce qui l’expose à
l’éclatement en cas de traumatismes directes.
fig.1et 2 : loge rénale : rein avec sa capsule inextensible fig.3 : rapports osseux du rein
III. EPIDEMIOLOGIE
Les contusions rénales représentent 10% de l’ensemble des traumatismes viscéraux.
Elles représentent également 3% de l’ensemble des hospitalisations en unités de traumatologie
Les accidents de la voie publique (AVP) représentent l’étiologie prédominante +++ : environ 50% des
causes. (fig.4)
Il s’agit ensuite de chutes, accidents domestiques, accidents sportifs, accidents de travail, ou de plaies
pénétrantes par arme blanche (rares)
Le Sex ratio est de 3H/1F
Il s’agit le plus souvent d’hommes jeunes âgés entre 15 et 35 ans (80%)
Les deux reins sont atteints avec les mêmes proportions
Les lésions bilatérales sont rares : 2 % uniquement
104
TRAUMATISMES FERME DU REIN
IV. ETHIOPATHOGENIE
A. ETHIOLOGIE
Etiologie principale =
Accidents de la voie publique : 52%
Accidents de travail : 15%
Accidents sportifs = 11%
Autres : rixe, iatrogène (LEC)
B. MECANISMES LESIONNELS
1. Choc direct
C’est le mécanisme le plus fréquent ; il s’agit le plus souvent d’un choc direct appuyé antéro-postérieur
Le rien est écrasé contre les muscles de la paroi lombaire et le squelette costo-vertébral
Plus rarement, le rein est lacéré par une esquille osseuse lors d’une fracture costale
2. Choc indirect
Plus rare (3 à 9%), s’observe lors d’une décélération brulante
Cette décélération brutale provoque des mouvements antéro-post et verticaux du rein et de son pédicule
alors que le rachis et les gros vaisseaux restent fixes, ces mouvements contrariés constituent des forces de
cisaillement entrainant un étirement à l’origine des ruptures ou d’arrachement pédiculaires.
Facteurs de prédisposition anatomique : le rein droit est plus bas situé donc moins protégé par le gril
costal, il est exposé aux traumatismes directs en revanche son pédicule est moins vulnérable du fait d’une
protection par le duodénum et la VCI
Le rein gauche est plus exposé aux traumatismes indirects ce qui explique que les 2/3 siègent à gauche
(fig.5)
105
TRAUMATISMES FERME DU REIN
V. ANATOMO-PATHOLOGIE :
Classification des traumatismes fermés du rein
Le développement de l’imagerie médicale a permis une meilleure connaissance des lésions anatomo-
cliniques du rein post-traumatiques. Plusieurs classifications ont été proposées, certains purement
anatomiques, d’autres selon la gravité des lésions.
Ia : le parenchyme est fissuré et la voie excrétrice est ouverte, mais la l’hématurie macroscopique est
constante
Ib : le parenchyme est fissuré mais la voie excrétrice est intacte. Il existe seulement un hématome pur
sous-capsulaire et l’hématurie est absente ou plus souvent microscopique
Ic : contusion rénale simple sans fissuration pranchymateuse ni capsulaire, simple hématome intra-rénal
Stade II :
La capsule rénale est rompue. On décrit deux sous-groupes :
106
TRAUMATISMES FERME DU REIN
IIa : la fissure parenchymateuse est associée à une ouverture de la voie excrétrice. Toutefois, les
fragments rénaux ne sont pas séparés, avec conservation de la silhouette rénale. L’urohématome rétro-
péritonéal est constant
IIb : l’effraction capsulaire et la fissure parenchymateuse ne sont pas associées à une ouverture des voies
excrétrices. L’hématome est pur et intéresse la loge rénale et le rétro péritoine. Ces lésions sont plus rares
que celles du stade IIa.
Stade III :
Fracture complexe avec déchirement ou éclatement parenchymateux associé à une ouverture de la voie
excrétrice (urohématome). Les lésions vasculaires avec des zones ischémique parenchymateuses sont
fréquentes (Fig.6) il existe déformation de la silhouette rénale globale. Ces lésions sont généralement
considérées comme graves.
Stade IV :
Il regroupe les lésions du pédicule rénal :
Les lésions artérielles sont les plus fréquentes (70% des cas). On décrit 2 sortes de ruptures :
La rupture artérielle complète : responsable d’une ischémie rénale chaude et grave, qui aboutit
généralement à une nécrose rapide associée à une hémorragie souvent importante
La rupture artérielle incomplète est plus fréquente. La lésion intéresse principalement l’intima. Rupture
transversale avec thrombose extensive (ischémie++)
Les lésions veineuses isolées sont moins fréquentes (20%), et sont responsable d’hémorragie
souvent massive
Enfin, 10% des lésions intéressent la totalité du pédicule
Stade Ia
Stade Ib
Stade Ic
Classification de Chatelain
Stade IIb Stade
Stade IIa Stade III
IV
107
TRAUMATISMES FERME DU REIN
VI. CLINIQUE
Circonstances :
Il s’agit souvent d’un adulte jeune victime d’un AVP ou d’un accident de travail violents+++
L’examen initial doit éliminer et si nécessaire corriger en urgence une défaillance respiratoire ou circulatoire avec
mise en place d’une bonne voie veineuse et un bilan sanguin en urgence (groupage sanguin, NFS, hématocrite,
hémoglobine, ionogramme, créatinémie), et monitorage cardiovasculaire
Dés lors, on peut procéder à un interrogatoire (du patient si conscient ou des témoins, accompagnants) précisant
le terrain (âgé, tares, antécédents urogénitaux), et les circonstances de l’accident (heure, lieu, mécanisme)
Recherche des signes urinaires (hématurie, douleur lombaire, anurie, TUBA, urétrorragie….)
Examen du reste des appareils urogénitaux : vessie, urètres, organes génitaux externes
Eliminer une lésion associée : abdomen, toucher pelviens, squelette osseux, crâne, rachis bassin
Classiquement, dans un contexte traumatique, 3 éléments peuvent orienter vers une lésion rénale :
Son absence n’élimine pas le diagnostic, y compris les lésions graves puisque ce symptôme est absent dans ¼
des atteintes pédiculaires
108
TRAUMATISMES FERME DU REIN
La présence de lésions cutanées, des ecchymoses, des signes de fractures de côte doit faire, dans ce cas,
évoquer le diagnostic de lésion rénale.
Ce tableau doit être réalisé en urgence, voir même parfois en salle d’opération si l’état du patient impose
un geste chirurgical urgent (hémopéritoine par exemple).
Il permet de choisir avec plus de sécurité l’attitude conservatrice ou au contraire de décider du moment de
l’intervention
109
TRAUMATISMES FERME DU REIN
C. UIV
Largement supplantée par le scanner
Etudie la sécrétion rénale homolatérale
Si absence de sécrétion suspicion d’atteinte pédiculaire (si non caillotage dans la voie excrétrice)
Elle n’affirme le traumatisme rénal que si elle objective une extravasation du produit de contraste (rupture
voie excrétrice + uro –hématome)
D. Autres examens
Echo doppler de l’artère rénale : en l’absence de TDM pour un diagnostic précis d’une lésion
pédiculaire
IRM : non pas de pratique courante dans le bilan de traumatisme rénal, n’ayant pas encore montré
d’avantage majeur sur la (utilisée en cas de contre-indication au produit de contraste, rein pathologique,
ou une TDM non inforamative)
110
TRAUMATISMES FERME DU REIN
Après injection, la rupture des voies excrétrices se traduit par une extravasation de produit de contraste
c) La fracture du rein
A l’échographie on trouve une bande hypoéchogène associée à un hématome.
Au scanner ou à l’UIV, la sécrétion rénale est nulle ou très perturbée avec extravasation de produit de
contraste
e) L’hématome sous –capsulaire :
A l’échographie : initialement l’hématome est hypoéchogène, il devient iso ou hypoéchogène quelques
heures après le traumatisme. Il se présente sous forme d’une collection lenticulaire périphérique souvent
associées à un hématome intra parenchymateux
f) Epanchement péri-rénal :
Il est bien identifié par l’échographie ou la tomodensitométrie.
111
TRAUMATISMES FERME DU REIN
IX. TRAITEMENT
A l’admission :
10
112
TRAUMATISMES FERME DU REIN
Voies d’abord
Bilan (GS, NFS, Hte, Iono, créatinémie)
Surveillance hémodynamique et biologique
Le principe général est de ne pas intervenir chirurgicalement en urgence en dehors d’une nécessité
vitale ou d’un traumatisme pédiculaire++
ème
Un nouveau bilan lésionnel 3 jour (Uro TDM++) pour établir une classification précise (qualité
fonctionnelle du rein, évolution de l’hématome, fragments dévascularisés, persistance d’une fuite
urinaire)
A. Méthodes
Abstention chirurgicale ++ : c’est la règle dans la majorité des cas, même en cas de fissurations
parenchymateuses majeurs avec un état hémodynamique stable.
ème
Chirurgie précoce différée (3-7 j) : elle offre la meilleure possibilité de sauver le maximum de
parenchyme rénal.
Elle est indiquée généralement dans les lésions de stade III. Elle vise à réparer le parenchyme contus :
évacuer l’hémostase, faire l’hémostase élective, réparer les lésions des voies excrétrices, rénorrarphie.
L’importance des tissus dévitalisés peut conduire à une néphrectomie partielle. La néphrectomie totale
ne doit être pratiquée qu’en dernier recours.
Chirurgie immédiate d’urgence : 2 cas
Polytraumatisé viscéral (laparotomie, hématome expansif)
Lésion pédiculaire : tenter une revascularisation rénale
Chirurgie tardive : en cas de complications tardives (fistules artério- veineuse, sténose de l’artère rénal)
Embolisation angiographique (supra sélective)
X. RISQUE EVOLUTIF
1. Immédiat :
Hémorragie, choc hypovolémique, décès (atteinte pédiculaire)
Surinfection d’urohématome
11
113
TRAUMATISMES FERME DU REIN
2. A distance :
Résorption des collections ou faux kystes uro- hématiques (ponction)
Fibrose : péri rénale (HTA), péri-pédiculaire (HTA), péri-urétérale (dilatation, infection, calcul)
Anévrisme artériel et fistule AV
HTA : rare (<1%), tardive (15 ans) : Néphrectomie
Atrophie rénale : rare
XI. SURVEILLANCE
1. Indictions de suivi :
Traumatismes graves
Traumatismes pédiculaires
Collections importantes
2. Surveillance :
Tous les 3 mois : EC, TA, protéinurie 24 h
UIV ou TDM : J0, J4, 1 mois, 3 mois, 1 an
Scintigraphie DMSA : 3 mois et 1 an
Echo doppler : tous les 3 mois
XII. CONCLUSION
12
114
TRAUMATISMES DE L’APPAREIL URO
URO-GENITAL
Année 2015-2016
Faculté de Médecine de SOUSSE (Année 2014-2015)
Objectifs éducationnels
Décrire les mécanismes lésionnels des différents traumatismes de l’appareil urogénital
Enumérer les étiologies des différents traumatismes de l’appareil urogénital
Décrire les différentes lésions anatomo-pathologiques
anatomo pathologiques survenant lors des des différents traumatismes
de l’appareil urogénital
Décrire les étapespes de déroulement de l’examen clinique d’un patient ayant un traumatisme de
l’appareil urogénital
Enumérer les examens complémentaires indiqués devant les différents traumatismes de l’appareil
urogénital
Evaluer,, sur des éléments cliniques et para cliniques,
cliniques, la gravité d’un traumatisme de l’appareil
urogénital
Citer les différents moyens thérapeutiques des différents traumatismes de l’appareil urogénital
Enumérer les complications des différents traumatismes de l’appareil urogénital
Décrire les moyens de suivi
uivi des différents traumatismes de l’appareil urogénital
115
TRAUMATISMES DE L’APPAREIL URO-GENITAL
TAUMATISMES DE L’URETÈRE
I. ETIOLOGIES :
Le plus souvent iatrogène par lésion chirurgicale, surtout lors de la chirurgie du petit bassin (hystérectomie
élargie, amputation du rectum) ou chirurgie endoscopique de la lithiase. Le traumatisme par plaie ouverte (balle,
arme blanche) est assez exceptionnel chez nous.
Le traumatisme fermé peut survenir lors de certains accidents, principalement chez l’enfant avec fracture de
l’apophyse transverse des vertèbres lombaires.
II. SYMPTOMATOLOGIE :
Colique néphrétique si ligature, parfois difficile à diagnostiquer en post-opératoire immédiat
Hématurie souvent fugace
Collection liquidienne appelée :urinôme, elle entraîne du péritonisme, parfois des phénomènes
thermiques, avec signes d’intoxication en cas de surinfection. Cette collection pourra, après quelques
jours, entraîner une fistule, soit urétéro-vaginale, périnéale ou abdominale
L’anurie survient en cas de rein unique
III. DIAGNOSTIC
L’urographie I.V, parfois normale au début, montre souvent une stase, parfois un rein muet en cas de
ligature complète
L’échographie peut montrer un urinôme
L’UPR permet de localiser l’obstacle et de préciser son importance l’épreuve du bleu de méthylène
permet le diagnostic différentiel des fistules vésico-vaginales et urétéro-vaginales : en cas de fistule
urétéro-vaginale, le liquide coloré introduit dans la vessie n’apparaît pas dans le vagin.
116
TRAUMATISMES DE L’APPAREIL URO-GENITAL
IV. TRAITEMENT :
Réparation immédiate de l’uretère si la lésion est constatée en per-opératoire : suture bout à bout sous
couvert d’une sonde intubant l’uretère (sonde autostatique à double J), parfois anastomose urétéro-
vésicale
Réparation différée si le diagnostic est posé plus tardivement. La réparation sera conservatrice si
possible ; elle utilise parfois une corne vésicale pour remplacer le segment urétéral distal (vessie
psoϊque ou opération de Boari qui utilise un lambeau vésical pour remplacer l’uretère)
Parfois néphrectomie si le rein opposé sain, surtout chez les personnes âgées (la chirurgie d’exérèse
est plus simple que la chirurgie reconstruction)
RUPTURES DE LA VESSIE
I. GENERALITES
Age : adulte jeune
Etiologie : AVP
Mécanisme
Choc direct sur vessie pleine (rupture au point le plus faible soit la calotte vésicale), entraîne une
rupture intra péritonéale
Embrochage par esquille osseuse à vessie vide (fracture de l’arc antérieur du bassin) souvent
vessie vide
A/Les contusions : elles entraînent des hématomes péri-vésicaux, soulevant la vessie et la déformant
(vessie pyriforme). L’hématome est fréquent, la cystographie ne montre aucune fuite. Abstention est la règle
117
TRAUMATISMES DE L’APPAREIL URO-GENITAL
les signes cliniques sont très évocateurs : choc, douleur, défense abdominale ténesme, signes d’une
péritonite chimique, miction impossible ; le sondage ne ramène que quelques l’hypogastre est
empâté+++
L’échographie objective un épanchement liquidien intra-péritonéal
L’U.I.V montre une extravasation du produit opaque in intra-péritonéal
(Gouttières para-coliques, espaces sous diaphragmatiques et en inter-anses)
Rupture sous-péritonéale :
Généralement suite à une fracture du bassin, la vessie est embrochée par une esquille osseuse ou les
ligaments pubo-vésicaux arrachent une partie de la paroi antérieure de la vessie
Clinique : douleur pelvienne- empâtement sus pubien – absence d’envie mictionnelle
Le sondage ramène quelques gouttes d’urines hématiques
Rx :UIV/ scanner : montrent une extravasation floue du P.C au dessous et à côté de l’ombre vésicale avec
une vessie comprimé et déplacée (par l’hématome péri-vésical) possibilité de fracture de bassin associée+++
Traitement la réparation doit être immédiate : suture en deux plans sous couverture d’une sonde + drainage
péritonéal quand la rupture est franche et importante. Si la fuite est discrète le drainage vésical seul peut
guérir la plaie, si non intervention et réparations secondaire.
118
TRAUMATISMES DE L’APPAREIL URO-GENITAL
RUPTURES DE L’URÈTHRE
Fig.1: les différents segments de l’urètre Fig.2 : mécanismes des lésions de l’urètre
119
TRAUMATISMES DE L’APPAREIL URO-GENITAL
I. GÉNÉRALITÉS :
Les plus fréquentes
Toujours associées à une fracture du bassin (arc antérieur, branches iléo-ischio-pubienne, disjonction
symphyse pubienne)
Siège : Urètre membraneux : seule portion urétrale non protégée (urètre prostatique par la prostate,
urètre antérieur par les corps spongieux) (fig. 1)
Mécanismes :
Cisaillement au niveau de l’aponévrose périnéale moyenne
Arrachement du bloc prostato-vésical
Plaie par esquille osseuse
Lésions :
Rupture complète ou incomplète
Hématome pelvi-périnéal
Arrachement du bloc prostato-vésical avec rupture de l’urètre. Aponévrose moyenne du périnée
intacte.
Rupture de l’urétre par cisaillement de l’aponévrose moyenne du périnée
L’hématome et sa diffusion (l’aponévrose moyenne n’a pas été figurée : sans déchirure permet la
diffusion de l’hématome
Evolution : si urines infectées : décalage urétrale + le callus (fibrose) sténose urétrale.
120
TRAUMATISMES DE L’APPAREIL URO-GENITAL
II. CLINIQUE :
Rétention vésicale complète avec globe vésical visible et envie mictionnelle ++
Uréthrorragie +++ parfois minime : 1 goutte doit attirer l’attention +++ et faire suspecter le diagnostic
Hématome périnéal en aile de papillon
Toucher rectal : douleur au bec de la prostate qui est anormalement mobile
Après un bilan lésionnel complet (contexte de polytraumatisme), remplissage du patient et traitement de tout ce
qui est urgent.
III. CAT
Attendre le remplissage vésical et mettre un drainage sus-pubien
Faire une uretrocystographie au cinquième jour
Examen normal : simple contusion
Miction possible + extravasation = lésion partielle, laisser le drainage sus-pubien quinze jours
Miction impossible : la lésion est totale, il faut opérer : rapprochement et suture des deux bouts sur
sonde en urgence différée (uréthroplastie)
121
TRAUMATISMES DE L’APPAREIL URO-GENITAL
IV. COMPLICATIONS :
Les sténose tardives peuvent survenir et se traitent par urétrotomie endoscopique ou urétroplastie
(rétrécissement uréthrale post traumatique)
La dysfonction érectile est fréquente, elle peut relever de lésions vasculaires, nerveuses ou par
atteinte des corps caverneux
L’infertilité masculine par atteinte du carrefour uro-génital. Sténose et fibrose autour du veru
montanum est possible
Anatomie : l’urètre antérieur est entouré du corps spongieux : véritable gaine vasculaire d’où l’importance de
l’hémorragie : URETHRORRAGIE
Mécanismes
Fracture de verge
Choc direct sur la verge (rupture=U. pénien)
Chute à califourchon (rupture de l’uréthre périnéal)
Lésions
Totale ou partielle
Complète ou incomplète
Evolution
Risque de sténose uréthrale (rétrécissement post-traumatique)
Dysfonction érectile
Hypofertilité
II. Clinique
o Urétrorragie +++
o Hématome
o Ecchymose tardive
o Rétention inconstante sauf si rupture totale
III. Diagnostic :
Devant toute urétrorragie post-traumatique, le sondage est strictement contre-indiqué.
Le diagnostic sera fait par l’urètrocystographie rétrograde (UCR) qui montre le non alignement des 2 bouts
urétraux avec extravasation et absence d’opacification de l’uréthre en amont.si la rupture est totale, un passage
partiel du produit opacifiant l’uréthre d’amont témoignant d’une rupture partielle.
IV. CAT
o Chirurgie en urgence, si rupture totale
o Chirurgie trans-uréthrale si rupture partielle
Dans tous les cas, la surveillance est nécessaire vu le risque de sténose uréthrale.
122
TRAUMATISMES DE L’APPAREIL URO-GENITAL
1- Mécanisme :
Souvent coup de pied sur les bourses- traumatisme direct
2- Clinique :
Examen difficile : gêné par la douleur et l’épanchement, peut être refait sous anesthésie générale avant
l’exploration chirurgicale
Douleur scrotale ++ : maître symptôme
Epanchement hématique d’abondance variable
Hématocèle : bourse augmentée de volume et de coloration normale
Hématome scrotal : bourse augmentée de volume ecchymotique (fig.1)
3- Examen radiologique :
Echo+/- doppler testiculaire : s’assurer surtout de l’intégrité de l’albuginée testiculaire –difficile parfois à
affirmer vu l’hématome et la douleur
123
TRAUMATISMES DE L’APPAREIL URO-GENITAL
Clinique :
Sensation de craquement au moment de l’acte sexuel avec apparition d’un hématome de la verge
d’abondance variable et disparition immédiate de l’érection (fig.1)
Le diagnostic est clinique. Il est inutile de pratiquer des examens complémentaires (Echo. Pénienne)
Urétrorragie si rupture urétrale associée (à rechercher systématiquement)
Traitement :
Réparation en urgence de la plaie des corps caverneux et de l’urètre s’il est lésé
Complications :
Sclérose de l’albuginée des corps caverneux et déviation de la verge
Conséquences sur l’érection : qualité + déviation de la verge
Sténose urétrale si la lésion uréthrale n’est pas diagnostiquée en per-opératoire ++
10
124
Urgences urologiques non traumatiques
PrDR
Ag.HmiDa
Hmida Wissem
WissEm
HEMATURIE
I- INTRODUCTION
• C’est un symptôme fréquent en Urologie
• C’est un symptôme alarmant aussi bien pour le patient que pour le médecin
II-DEFINITION
• L’hématurie est définie comme étant la présence de sang en quantité anormale dans les urines
III-Diagnostic différentiel
Uretrorragies
Médicaments
• rifampicine, laxatifs
Aliments
Pigments
125
Urgences urologiques non traumatiques
Tabac, exposition professionnelle
Contexte particulier (chirurgie urologique, cystoscopie, sondage récent)
Signes associés (lombalgies, fièvre)
Doit rechercher
Caractéristiques de l’hématurie
Présence de caillots ou non
Chronologie de l’hématurie :
Initiale: en début de miction
Terminale: en fin de miction
Totale: tout au long de la miction
B .Examen clinique
Evaluer Constants hémodynamiques
Examen des fosses lombaires
Examen des OGE
Toucher rectal+++
Examen gynécologique
Palpation de l’hypogastre (globe)
Epreuve de 3 verres
Hématurie initiale
Hématurie terminale
Hématurie totale
B-Examens complémentaires
1-Biologie
NFS/GS/TP-TCK/Iono/créatinine
ECBU/Cytologie urinaire
2-Imagerie
a-Echographie rénale /vésico-prostatique
126
Urgences urologiques non traumatiques
Pratiqué de première intention
Permet de rechercher
• Lithiase /kystes rénaux
• Tumeurs rénales / VES/vessie
• AKP/AP
Sensibilité limitée pour les lésions de petite taille.
b-Uroscanner
Examen de référence
Le plus sensible et le plus spécifique
Permet la détection de lithiases, Tumeurs, malformations vasculaires
Figure 2 : Scanner APC montrant une Figure 3:Scanner APC montrant une lithiase
tumeur rénale droite urétérale lombaire gauche
3-Cystocopie
Examen important
Facile, Sous Anesthésie locale
Etat de vessie et de la prostate
A lequel peut être associé un geste thérapeutique
127
Urgences urologiques non traumatiques
IV-ETIOLOGIES
1-Tumeurs Urothéliales
Tumeurs de Vessie: les plus fréquentes
Facteurs de risque souvent associés
Le diagnostic est porté par la cystoscopie
2-Tumeurs rénales
Souvent asymptomatiques
Hématurie totale
Le diagnostic est porté par l’Uroscanner
3-Lithiases
L’hématurie est souvent concomitante à des CN
Elle est due à l’élimination ou à la migration d’un calcul
Le diagnostic est porté par l’arbre urinaire sans préparation, l’échographie ou le scanner
4-Origine prostatique
L’hématurie est initiale
Adénome de prostate
Cancer de prostate
Prostatite aigue ou chronique
Chute d’escarre post résection transurétrale de prostate
5-Infections urinaires
Clinique évocatrice : fièvre, dysurie, BM, lombalgies
Cystite/pyélonéphrite
Dg: ECBU ou bandelettes urinaires
Germes : banals, TBC, bilharziose
6-Post traumatique
Contexte évident
Dg: Uroscanner
V-CONDUITE A TENIR
Évaluer le retentissement hémodynamique
Rechercher les signes de gravité
Faire un bilan sanguin (NFS/GS/TP-TCK, Ionogramme sanguin et créatinine sanguine
Faire un examen cytobactériologique
Hospitalisation si
Anémie avec retentissement hémodynamique
Hématurie avec caillots
Rétention vésicale complète
128
Urgences urologiques non traumatiques
Transfusion
Mise en place d’une sonde double courant
Décaillotage vésical
Lavage/irrigation continue
Traitement étiologique
Dans les autres cas
Traitement ambulatoire
Boissons abondantes
Arrêt anticoagulant puis relais HBPM
Bilan étiologique en externe
A RETENIR
Cathéter sus-pubien contre-indiqué
Tumeur vésicale potentielle
Hématurie sous anticoagulant peut cacher une lésion sous-jacente
Toute hématurie doit être explorée
PYELONEPHRITE AIGUË
I -Diagnostic positif
Fièvre = 38,5°
Douleur de la fosse lombaire (spontanée ou provoquée)
Symptômes de cystite aiguë souvent inauguraux
Signes digestifs (nausée, vomissements…)
Syndrome inflammatoire biologique
129
Urgences urologiques non traumatiques
III. Traitement
Hospitalisation sauf si PNA simple ET sans retentissement digestif et conditions médico-
sociales favorables)
Pyélonéphrite aiguë simple
Antibiothérapie de 1ère intention probabiliste per os puis adaptation à l’antibiogramme
Fluoroquinolones
En cas de contre-indication : Céphalosporine de 3ème génération
Durée de 15 jours
chez l’homme (toute infection doit être considérée comme une prostatite et traitée 4
semaines)
Pyélonéphrite aiguë compliquée
Hospitalisation
Drainage en urgence des voies excrétrices si présence d’un obstacle sur les voies urinaires
Bi-antibiothérapie associant un aminoside (1 à 3 jours) à une C3G ou une fluoroquinolone
injectable, relais per os guidé par l’antibiogramme après 48 heures d’apyrexie
Durée de 3 à 6 semaines
Hospitalisation
C3G injectable associée à un aminoside si l’infection est grave, relais per os en fonction de
l’antibiogramme (14 à 21 jours)
Fluoroquinolones et tétracyclines à proscrire
PROSTATITE AIGUE
I. Diagnostic positif
130
Urgences urologiques non traumatiques
III. Traitement
Drainage vésical en urgence par cathéter sus-pubien en cas de rétention vésicale (sonde
vésicale urétrale autorisée si anticoagulation ou anti-aggrégation ou tumeur de vessie
connue)
Hospitalisation
Bi-antibiothérapie associant un aminoside (1à 3 jours) à une C3G ou une fluoroquinolone
injectable, relais per os guidé par l’antibiogramme après 48 heures d’apyrexie
Durée de 3 à 6 semaines
131
Urgences urologiques non traumatiques
Recommandations de suivi
Réévaluation à 48 heures pour adapter le traitement à l’antibiogramme
Si persistance du syndrome infectieux, prévoir une échographie prostatique (recherche d’un
abcès)
ECBU 4 à 6 semaines après l’arrêt du traitement
Consultation spécialisée d’Urologie à distance de l’infection pour évaluer la filière urétro-
vésico-prostatique. (Interrogatoire, toucher rectal, débimétrie, fibroscopie).
ORCHI-EPIDIDIMITES AIGUES
I. Diagnostic positif
132
Urgences urologiques non traumatiques
III. Traitement
Orchi-épididymite aiguë simple
Antibiothérapie de 1ère intention probabiliste (fluoroquinolones) per os puis adaptation à
l’antibiogramme
Durée de 4 à 6 semaines
GANGRENE DE FOURNIER
133
Urgences urologiques non traumatiques
Traitement
Triple antibiothérapie (ß-lactamine + aminoglycoside + métronidazole).
Débridement extensif au bloc opératoire sous AG
Mesures de réanimation médicale
Colostomie si atteinte rectale et sphinctérienne, cathéter sus-pubien pour
améliorer les soins de plaies
COLIQUES NEPHRETIQUES
I- INTRODUCTION
Syndrome douloureux lombo-abdominal aigu résultant de la mise en tension brutale de la voie excrétrice
du haut appareil urinaire en amont d’une obstruction qu’elle qu’en soit le cause
Douleur brutale et intense, unilatérale lombaire ou lombo-abdominale et
d’irradiation le plus souvent antérieure et descendante. Pas de position
antalgique.
Signes digestifs (nausées, vomissements)
Signes urinaires (dysurie, pollakiurie, impériosité)
Signes généraux (agitation, anxiété).
Bandelette urinaire : Leucocyturie sans nitrite, hématurie, pH +++
134
Urgences urologiques non traumatiques
Urologiques : pyélonéphrite aigue, tumeur rénale et des voies urinaires, infarctus rénaux
Imagerie
Colique néphrétique simple: ASP + échographie dans les 48 heures ou TDM non injecté
Colique néphrétique compliquée: TDM sans et/ou avec injection
Femme enceinte: échographie seule
Insuffisant rénal TDM sans injection
Doute diagnostique: TDM avec injection de produit de contraste
135
Urgences urologiques non traumatiques
une grossesse
une insuffisance rénale et uropathies préexistantes
un rein unique fonctionnel ou anatomique
un rein transplanté
patient sous anti-coagulants
présence de facteurs de gravité liés au calcul
VII. Hospitalisation
CN compliquée : service d’urologie
136
Urgences urologiques non traumatiques
Surveillance
pouls tension artérielle, température
diurèse avec filtration des urines, syndrome de levée d’obstacle.
Antalgiques palier I ou II
Tamsulosine 0,4 mg/j pendant 28 jours (calculs distaux de moins de 10mm) hors
AMM.
ANURIE OBSTRUCTIVE
I- INTRODUCTION
L’anurie par obstacle de la voie excrétrice est définie comme un arrêt total ou presque total
de la diurèse due à une obstruction située à un niveau quelconque de la voie excrétrice
supérieure, orifices urétéraux compris
Il s’agit d’une urgence médicale car le pronostic vital est engagé (insuffisance rénale aiguë).
Le diagnostic précis de la nature obstructive est nécessaire avant d’envisager un traitement
qui pourra conduire à une guérison définitive ou qui ne pourra malheureusement empêcher
une évolution fatale dans 20 % des cas
137
Urgences urologiques non traumatiques
IV-ETIOLOGIES
A. Cancer pelvien (50 % des cas)
L’uretère ou les uretères sont bloqués par un processus tumoral d’origine prostatique,
vésical, gynécologique ou digestive
Le diagnostic est essentiellement clinique et échographique
La pyélographie descendante précisera au mieux la hauteur de l’obstacle. Le scanner pelvien
complétera le bilan préopératoire
139
Urgences urologiques non traumatiques
D. Hydronéphrose aiguë
Dans ce cas, l’anurie survient par aggravation d’une anomalie de la jonction pyélo-urétérale
soit uni- soit quelquefois bilatérale
Le diagnostic est posé par l’échographie éventuellement suivie par une ponction des cavités
rénales avec opacification pyélocalicielle
F. Causes exceptionnelles
Tumeur rétropéritonéale, tumeur primitive ou secondaire de l’uretère, malakoplakie,
bilharziose, endométriose, périartérite noueuse, tuberculose
Citons chez la femme enceinte dans l’hydramnios aigu la compression directe des uretères
pelviens par l’utérus gravide
V- TRAITEMENT DE L’OBSTACLE
Le premier objectif est de corriger les troubles métaboliques. Il existe quelques fois une
indication à réaliser une épuration extra-rénale en urgence lors d’hyperkaliémie à 7,5
mmoles /l, d’acidose métabolique avec pH < 7,15, d’hyperhydratation entraînant un OAP et
parfois lorsque le taux d’urée est > 4 g/l
Le deuxième objectif est de libérer les urines par la reperméabilisation des voies excrétrices
140
Urgences urologiques non traumatiques
Dans le cas idéal, le traitement de la cause sera possible lors d’étiologies lithiasique,
iatrogène post-opératoire, voire même lors d’anurie par hydronéphrose aiguë
Le plus souvent il faut se contenter d’une simple montée de sonde urétérale sous
endoscopie. Ce sera alors une bonne solution d’attente avant l’intervention pour permettre
aux réanimateurs de corriger les troubles métaboliques et de traiter une éventuelle infection
Lorsque ce type de dérivation s’avère impossible, il faut réaliser une néphrostomie
percutanée sous échographie avec un trajet transparenchymateux plutôt que transpyélique.
Exceptionnellement, on a recours à une chirurgie conventionnelle en urgence pour
réalisation d’une urétérostomie cutanée bilatérale en cas de cancer pelvien
VI. CONCLUSION
L’anurie par obstacle de la voie excrétrice est de diagnostic relativement aisé, obtenu dans la
plupart des cas par l’interrogatoire et l’examen clinique
Elle est confirmée par l’échographie
Ses étiologies sont multiples mais dominés par cancer pelvien et lithiase.
Le traitement comporte trois étapes : la correction des troubles métaboliques, la libération
des urines et le traitement étiologique à proprement parler
I-Diagnostic positif
141
Urgences urologiques non traumatiques
Anurie : absence d’émission d’urines par défaut de production ou par obstruction des voies
excrétrices supérieures. Vessie vide et absence d’envie d’uriner.
Rétention chronique : mictions incomplètes dites « par regorgement » faisant suite à une
rétention ancienne d’installation progressive avec le plus souvent distension vésicale. Globe
vésical présent mais non douloureux.
Rupture vésicale post-traumatique (contexte particulier de traumatismes à cinétique élevée,
souvent post AVP)
III. MECANISMES
Sur urines claires : défaut de contractilité vésicale (myogène ou neurogène), obstacle sous
vésical (prostatique ou urétral)
Sur hématurie : caillotage vésical
IV. ETIOLOGIES
142
Urgences urologiques non traumatiques
V. TRAITEMENT
A. Sonde Trans-urétrale
Contre-indications
Traumatisme urétral
chirurgie urétrale récente
sténose urétrale
prostatite aiguë (relative)
B. Cathéter sus-pubien
Contre-indications
143
Urgences urologiques non traumatiques
Torsion testiculaire
I. INTRODUCTION
La torsion du cordon spermatique est l’une des urgences chirurgicales les plus fréquentes chez l’adolescent.
La torsion du cordon spermatique est responsable d’une ischémie aiguë du testicule conduisant à la perte de
sa vitalité en l’absence de rétablissement urgent de la circulation vasculaire, et aussi d’altérations du testicule
controlatéral compromettant la fertilité du patient
Risque pour la viabilité testiculaire à partir de 6H
La torsion survient essentiellement aux deux âges extrêmes de l’enfance : chez le nouveau-né et chez
l’adolescent
Sa présentation clinique classique est celle d’une « grosse bourse aiguë douloureuse »
Son diagnostic est clinique et sa seule suspicion doit conduire à une intervention chirurgicale urgente. Celle-ci
est éventuellement précédée d’une tentative de détorsion externe, mais ne doit pas être retardée par des
explorations complémentaires.
La fixation du testicule controlatéral doit être systématiquement envisagée en cas de confirmation diagnostique
Le pronostic trophique du testicule intéressé par la torsion est incertain, de même que la fertilité du patient à
long terme
Toujours prévenir le patient et sa famille du risque d’orchidectomie
II. PHYSIOPATHOLOGIE
A. Rappel sur les systèmes de fixation testiculaire
Le testicule est normalement fixé par trois points, sur lesquels vient se réfléchir la vaginale (Fig. 1)
le gubernaculum testis s’insère au pôle inférieur du testicule, qu’il maintient au fond de la bourse
le cordon spermatique arrive au pôle supérieur du bloc épididymotesticulaire à la suspension duquel il
participe ; il contient dans cette zone tous les vaisseaux, crémastériens, spermatiques et déférentiels
le mésorchium ou hile du testicule s’insère au bord postérieur du testicule qu’il fixe à la paroi scrotale
144
Urgences urologiques non traumatiques
La torsion intravaginale du cordon spermatique est la forme la plus fréquemment rencontrée en dehors de la
période néonatale. Elle résulte d’un défaut de fixation du testicule dans la vaginale. Deux conditions
principales prédisposent à la torsion intra vaginale du cordon spermatique
une anomalie du système de fixation du testicule, c’est-à-dire une absence de gubernaculum testis ou de
mésorchium ; le testicule n’est plus fixé que par son pôle supérieur, réalisant une disposition dite en «
battant de cloche » ; à la moindre sollicitation, le testicule peut se vriller autour de son cordon dans la
vaginale
une disproportion entre le volume du testicule et ses systèmes de fixation
il s’agit de l’inversion testiculaire qui correspond à une horizontalisation du testicule à la suite de
l’augmentation rapide de son volume au cours de la puberté ; son pôle supérieur est déporté vers l’avant et
ses points de fixation tendent à se confondre (Fig.3)
145
Urgences urologiques non traumatiques
b. Torsion supravaginale
Ce type de torsion est l’apanage du nouveau-né
Rencontrée de façon exceptionnelle chez l’adulte
Elle résulte d’un défaut d’accolement de la vaginale aux enveloppes scrotales. Le bloc épididymotesticulaire et
la vaginale se vrillent alors en masse dans la bourse
c. Torsion inter-épididymo-testiculaire
Ce type de torsion, exceptionnel, ne concerne pas le cordon spermatique, mais le méso entre l’épididyme et le
testicule
Elle s’observe en cas de dissociation épididymotesticulaire
D. Diagnostic positif+++
Douleur scrotale brutale, intense (moins importante si la torsion est vue tardivement.), aigue ou subaiguë,
Testicule ascensionné et douloureux
Grosse bourse douloureuse, Cordon douloureux
Pas de diminution de la douleur à l’ascension du testicule
L’échographie-doppler testiculaire ne peut éliminer le diagnostic si elle est normale.
E. Traitement
Exploration testiculaire en URGENCE, par voie inguinale ou scrotale
Détorsion du testicule et vérification de la vitalité
En fonction de la récupération, Orchidectomie ou Orchidopexie
Prévention de la torsion controlatérale par orchidopexie controlatérale
Prescription postopératoire : AINS, antalgiques, suspensoir scrotal
Surveillance douleur testiculaire et état scrotal (hématome)
146
Urgences urologiques non traumatiques
pRiapismE
I-DEFINITION
Le priapisme désigne un état d’érection prolongé, dépassant 4 heures, parfois douloureux, en dehors de toute
stimulation sexuelle. Il existe deux sortes de priapisme
Priapisme à bas débit, ou veineux ou ischémique, manifestement le plus urgent et le plus courant. C’est la
conséquence directe d’une anomalie du retour veineux
Priapisme à haut débit, ou artériel ou non ischémique
II- DIAGNOSTIC
ATCD, durée et qualité de l’érection, présence ou absence de douleurs
Facteurs favorisant les érections
L’horaire du début, surtout si supérieur à 6 heures, risque important de nécrose des corps caverneux.
A l’examen
Haut débit : semi-érection non douloureuse
Bas débit : érection rigide, douloureuse, gland mou
Examen Biologique : gazométrie des corps caverneux
Bas débit : hypoxie et acidose ((pH <7.25, PO2 <30, PCO2 >60)
Haut débit : taux semblable au sang artériel (pH >7.3, PO2 >50, PCO2 <40)
Bilan d’hémostase, NFS, à la recherche d’une cause hématologique
III. ETIOLOGIES
A. Non Ischémiques ou Haut Débit
Traumatismes du pénis, du périnée, du pelvis
IV-TRAITEMENT
Priapisme bas débit
Ponction des CC en URGENCE (simple et rapide)
Injection Intra-Caverneuse d’une drogue alpha-stimulante (étiléfrine = Effortil°)
Si échec: chirurgie = ponction-lavage des CC ou anastomose caverno-spongieuse
Priapisme haut débit
Embolisation par artériographie
147
MALFORMATIONS CONGENITALES DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT
Année 2015-2016
Faculté de Médecine de SOUSSE (Année 2014-2015)
Pr MOSBAH A. F.
Objectifs éducationnels
148
MALFORMATIONS CONGENITALES DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT
I. INTRODUCTION
Appelés aussi : uropathies malformatives (UM)
Anomalies du développement embryologique
Fréquentes : 1% des enfants
ème
3 rang : après les malformations cardio-vasculaires et orthopédiques
Extrêmement variées : rénale, pyélo-urétérale, vésicale, et urétrale
Largement bénéficié de l’apport de l’échographie anténatale : diagnostic et prise en charge précoce
Graves car :
Très souvent latentes et apparemment bien tolérées –signes généraux- non spécifiques
Obstructives = leur évolution est fréquemment redoutable pour le rein dont elles provoquent plus ou moins
rapidement la déchéance fonctionnelle. Retentissement possible sur les 2 reins ++
Perturbation par des traitements à l’aveugle (ex : Antibiothérapie)
II. ÉPIDEMIOLOGIE
Malformations fréquentes
0,25 à 0,59 % des fœtus
1 nouveau né sur 150 à 400
Fréquence sous-estimée
Interruptions médicales de grossesse
Morts fœtales in utero, dont 13 à 20 % sont associées à des malformations de l’appareil urinaire
Formes asymptomatiques des UM de découverte autoptique
En Tunisie
Prévalence exacte : inconnue
Fréquence hospitalière de 4 ‰
149
MALFORMATIONS CONGENITALES DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT
1. Symptomatologie spécifique
a. Douleur rénale
Rarement révélatrice
Difficile à apprécier chez l’enfant :
Soit sourde
Soit paroxystique à type de colique néphrétique
Soit per mictionnelle (reflux vésico-rénal)
b. Hématurie
Rare
Souvent mal interprétée (diagnostic de néphrite hématurique)
Souvent hématurie de complication = ex : lithiase – souvent peu opaque en début (répétez les recherches)
c. Tumeur du flanc :
Avec ses caractères : contact lombaire, ballonnement, sonorité colique pré-tumorale
Faisant discuter : le cancer du rein, l’hydronéphrose congénitale, la polykystose (bilatérale)
d. Troubles de la miction
Dysurie : l’enfant pousse en urinant ou s’aide en s’appuyant les mains sur le bas-ventre.
Rétention : complète (très rare) ; incomplète (miction par rengorgement liée à une distension vésicale : pollakiurie
+ fausse incontinence).
Incontinence urinaire : vraie permanente, diurne et nocturne, par abouchement ectopique d’un uretère.
Remarque : l’énurésie, strictement nocturne, n’a aucune signification pathologique (problèmes psychoaffectifs)
e. Autres signes
Lithiase urinaire découverte à l’occasion d’une radio d’abdomen
H.T.A, Signes de déshydratation
Malformations associées
Anémie normochrome et normocytaire
150
MALFORMATIONS CONGENITALES DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT
IV. DIAGNOSTIC
A. Examen clinique
Pauvre le plus souvent, sauf en cas de malformaltions évidentes (hypospadias, extrophie vésicale)(phimosis
exceptionnellement chirurgical)
Examen des F.L., hypogastre, appareil génital
B. Biologie
1) ECBU +++ (urines fraiches, prélèvement aseptique)
Pyurie (par stase urinaire), bactériurie supérieure à 10
Albuminurie
hématurie
2) Bilan sanguin
Azotémie
Créatininémie
Clairances rénales
C. Bilan radiologique
1. UIV
Non dangereuse même chez l’enfant très jeune
Il faut une technique précise et de nombreux clichés.
Infection urinaire + fièvre---> U.I.V.
Résultats :
Fonction rénale
Morphologie de la voie excrétrice, du calice au méat uréthral
151
MALFORMATIONS CONGENITALES DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT
V. DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE
2. Anomalies de volume
Rein hypoplasique ou petit rein congénital (1cas sur 1.000)
Il s’agit d’un rein miniaturisé, de 20 à 40 gr de poids : il fonctionne normalement : le rein controlatéral est en
hypertrophie compensatrice
Ces petits reins sont le plus souvent asymptomatiques : ils doivent être respectés sauf s’ils entrainent une
hypertension
3. Anomalies de rotation
Au cours de la migration du métanephros vers la région lombaire, le rein subit une rotation de sorte que le hile,
antérieur au départ, devient interne.
L’absence de rotation est appelée mal rotation rénale ou rotation incomplète
Tous les stades sont possibles
Cette anomalie n’a habituellement pas de répercussion ; elle se découvre par hasard en urographie I.V. (calices
dirigés vers las ligne médiane).
4. Anomalies de position
Le rein ectopique est un rein situé à un endroit anormal, recevant une vascularisation des gros vaisseaux situés
dans le voisinage
L’ectopie peut être lombaire, iliaque, pelvienne : dans ce cas, le rein se trouve dans la concavité du sacrum et peut
être perçu au toucher pelvien. En cas de grossesse, ce dernier peut être la cause d’une dystocie, ce qui implique
parfois une césarienne. L’ectopie thoracique est exceptionnelle : le rein est situé au dessus du diaphragme (fig.3,
4))
5
152
MALFORMATIONS CONGENITALES DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT
Dans l’ectopie croisée, le rein est passé de l’autre côté de la ligne médiane mais reste
reste séparé du rein controlatéral
Diagnostic différentiel avec la néphroptose : elle est fréquente chez la femme, le pédicule vasculaire est en positio
position
normale.
Dans le cas de ptose, le rein est palpé et se mobilise en position debout.
Le diagnostic est
st confirmé par l’urographie IV.
IV Parfois,, en position debout, la survenue d’une stase peut expliquer
la douleur.
Les épreuves isotopiques peuvent être utiles. Les indications de néphropexie sont rarissimes, la prudence
s’impose chez les névropathes. La seule complication de la néphroptose est la néphropexie (COUVELAIRE).
5. Anomalies de fusion
Le rein en fer à cheval :
nomalie la plus fréquemment retrouvée. Les deux pôles inférieurs des reins sont soudés entre eux et réunis par
Anomalie
un isthme ; les uretères passent devant ce dernier et peuvent être comprimés. La vascularisation est assurée par
de nombreuses artères naissant de l’aorte et parfois des iliaques.
Symptomatologie : souvent asymptomatique, simple découverte fortuite. Les douleurs à l’hyperextension de la
colonne sont classiques : signe de RAUSING. C ertaines formes sont pathologiques lorsqu’il y’a association avec
Certaines
une anomalie de la jonction qui est fréquente ou la présence de lithiases. Les reins en fer à cheval, comme la
plupart des autres anomalies rénales, sont plus vulnérables en cas de traumatisme.
Diagnostic : est radiologique : il y a inversion de l’axe du rein avec malrotation des calices. Le triangle de Gy
Gytierez
est inversé (normalement la prolongation des axes des deux reins se rejoint en haut, en cas de rein en fer à cheval,
en bas).
Traitement : est chirurgical en cas de pathologie. On ne coupe plus les isthmes systématiquement comme
auparavant mais on traite la jonction ou la lithiase sans tenir compte de la fusion.
153
MALFORMATIONS CONGENITALES DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT
b. Rein polykystique
Ethiopathogénie : Le point de départ est une obstruction des tubes rénaux : si un tube est frappé, il s’ensuit un
kyste solitaire ; si de nombreux tubes sont oblitérés, cela entraîne un rein polykystique. Cette dernière maladie
bilatérale est héréditaire : elle existe chez l’enfant, elle est plus rare et fatale à court terme. Chez l’adulte, elle se
manifeste souvent à l’âge moyen.
Physiopathologie : Les kystes augmentent en nombre et en taille et compriment le parenchyme ; il en résulte une
augmentation du volume rénal avec étirement caliciel et insuffisance rénale progressive. Les kystes peuvent saigner
par rupture de petits vaisseaux, se rompre ou s’infecter.
Symptomatologie : Parfois asymptomatiques, souvent le rein polykystique entraine une douleur due à la tension
interne du rein. Parfois, elle se manifeste par une crise de colique néphrétique, la lithiase urique est fréquemment
associée. Les douleurs aigues par rupture sont exceptionnelles : infection et hématurie sont peu fréquentes.
Diagnostic clinique : Il existe un contact lombaire bilatéral.
UIV : rein augmenté de taille, supérieur à 18 cm, avec étirement et élongation des calices.
L’échographie : confirme le diagnostic, les kystes sont écho-sonores.
Traitement : En cas d’insuffisance rénale, il faudra assurer une surveillance médicale. Les complications devront
être traitées : lithiases, infection… La résection des kystes trouve peu d’indication car les ennuis récidivent
rapidement. Dans les cas avancés, la bi-néphrectomie peut être indiquée avec épuration ou transplantation.
154
MALFORMATIONS CONGENITALES DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT
pas. L’échographie est l’examen de choix pour le diagnostic différentiel avec les tumeurs ; le scanner donne les
mêmes renseignements.
Traitement : Les petits kystes ne nécessitent aucune thérapeutique ; une surveillance espacée est justifiée. Les
gros kystes gênants peuvent être ponctionnés sous échographie, (le liquide sera analysé : cytologie, dosage des
liquides, des LDH). L’alcoolisation après ponction permet d’éviter la récidive (sinon, habituelle) dans plus de 50%
des cas. La ponction du kyste autorise également une kystographie. En cas de saignement ou d’anomalie
morphologique, l’exérèse chirurgicale est indiquée. Les kystes para-pyélique, entraînant une hypertension ou une
compression de la voie excrétrice, doivent être enlevés chirurgicalement.
B. Malformations de la voie excrétrice
1. Malformation calicielle
a. Diverticule caliciel
Il est formé par une petite poche annexée à un calice ou à une tige calicielle. Il est souvent asymptomatique, parfois
se complique d’infection ou de lithiase. La thérapeutique est la néphrectomie partielle en cas de complication
(lithiase, infection). (fig.6)
b. Hydrocalice
Il résulte de la compression des tiges calicielles par une artère intra parenchymateuse. Souvent asymptomatique,
parfois il entraîne des douleurs (syndrome de Fraley), l’infection, l’hématurie sont généralement dues à la présence
d’une lithiase qui peut se développer dans le calice.
Le diagnostic est urographique : on note une solution de continuité au niveau de la tige calicielle.
Le traitement est la néphrectomie partielle en cas de complication. (fig.7)
155
MALFORMATIONS CONGENITALES DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT
b. Uretère rétrocave
Dans cette anomalie de développement de la veine cave, l’uretère lombaire croise la veine cave par sa face
postérieure. Sa compression entraîne une dilatation d’amont avec douleurs possibles.
Le traitement est le décroisement de l’uretère.
c. Méga uretère
Il s’agit d’une dilatation de l’uretère avec accroissement de son calibre de sa longueur.
Méga uretère secondaire : le point de départ de cette pathologie est une obstruction du bas appareil qui force
la valve urétéro-vésicale. Celle-ci entraine une dilatation urétérale. L’obstacle siège sur l’uretère lui-même la
vessie, le col voire l’urètre. Les signes d’appel sont habituellement ceux de l’infection urinaire avec dysurie. Le
principe du traitement est la levée de l’obstacle avec correction ultérieur du méga-uretère en l’absence
d’amélioration après la levée de l’obstruction.
Méga uretère primaire (congénital) obstructif sans reflux : ++
L’uretère terminal, d’aspect normal, est responsable d’un obstacle à l’écoulement de l’urine ; il s’ensuit
généralement une urétéro-hydronéphrose avec atteinte parenchymateuse plus ou moins sévère. L’uretère
présente néanmoins des anomalies structurales soit hypertrophie du tissu conjonctif, du tissu musculaire ou
dysplasie tissulaire.
Symptomatologie : le plus souvent non spécifique. les signes révélateurs sont quasi toujours ceux de l’infection
urinaire, plus rarement l’albuminurie, une insuffisance rénale ou une hématurie sont des signes d’appel.
Diagnostic : Se fait par l’urographie I.V. : l’uretère est dilaté et tortueux ; plusieurs stades peuvent être décrits en
fonction de la distension du haut appareil. La cystographie est normale et ne monte aucun reflux.
Traitement : est généralement chirurgical : s’il existe des répercussions sur les reins, avec valeur fonctionnelle
rénale supérieure à 50%, on pratique une résection de l’uretère terminal avec modelage et réimplantation anti-
reflux. S’il n’existe aucune atteinte rénale, on pratique des tests dynamiques pour évalue l’obstacle, les indications
sont dès lors nuancées. Les résultats sont meilleurs chez l’enfant que chez l’adulte.
9
156
MALFORMATIONS CONGENITALES DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT
Méga uretère primaire avec reflux : le plus souvent, le méga-uretère est obstructif et s’accompagne d’un reflux.
d’autres fois, la dilatation urétérale est secondaire à un reflux massif primaire par béance méatique et absence de
trajet intra mural.
Plus rarement encore, le méga-uretère est refluant et s’accompagne d’une méga vessie.
Symptomatologie : identique
Diagnostic : la cystographie anti reflux permet le diagnostic différentiel du méga-uretère primaire obstructif et
refluant
Traitement : la correction chirurgicale est la règle d’autant que les atteintes rénales sont plus fréquentes.
f. Urétérocèle
Il s’agit de la dilatation kystique de la portion sous muqueuse de l’uretère terminal.
Il en résulte une urétéro-hydronéphrose avec risque d’infection accru. Il ya souvent association de troubles
mictionnels en raison du volume de l’urétérocèle qui vient obturer le col et peut même se prolaber au niveau de la
vulve chez la fille.
Diagnostic : L’urographie I.V. permet de déceler le dédoublement de l’arbre urinaire avec souvent rénicule
supérieur dilaté ou muet. Il existe une empreinte lacunaire.
3. Le diverticule vésical
10
157
MALFORMATIONS CONGENITALES DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT
Il est rarement congénital. Lorsqu’il est acquis, éventualité la plus fréquente, il s’agit d’une simple hernie
muqueuse à travers du muscle détrusor qui se développe dans le tissu adipeux péri-vésical.
Symptomatologie : le patient présente des mictions en deux temps ; en effet, la vessie se vide d’abord et
remplit partiellement le diverticule qui se vide secondairement. La stagnation des urines favorise l’infection
et la lithiase.
La cystographie est l’examen de choix pour préciser la lésion. Une uropathie obstructive cervicale ou
prostatique doit toujours être recherchée et l’obstacle doit être levé simultanément à l’ablation du
diverticule.
4. Sténoses de l’urétre
La sténose méatique est plus fréquente surtout chez la petite fille et provoquée par la persistance d’un anneau de
fibres collagènes entourant l’uréhre terminal. Cet anneau disparait généralement spontanément à la puberté. Ce
rétrécissement provoque des troubles mictionnels avec infection urinaire à répétition, dyssynergie vésico-
sphinctérienne et possibilité de reflux dans 30% des cas. La symptomatologie est faite de troubles mictionnels,
impériosités, énurésie, parfois des douleurs hypogastriques, des infections récidivantes. Le diagnostic peut être
posé au cabinet du médecin avec le simple explorateur à boule. La cysto-urétrographie mictionnelle confirme la
sténose avec dilatation de l’urètre en amont donnant l’aspect d’une toupie. Le traitement consiste à sectionner
l’anneau sur sa longueur et suturer la muqueuse transversalement.
5. Phimosis
Muselière en grec : il s’agit d’un rétrécissement de l’extrémité de prépuce rendant difficile, voire impossible le
décalottage du gland. Le phimosis est primaire ou secondaire et fait suite dans ce cas à des infections balaniques
répétées (diabète) ou une dégénérescence du prépuce (lichen plan). Le rétrécissement de l’orifice préputial
entraine rarement une rétention d’urine. Le plus souvent, il favorise la macération avec infection locale ; parfois, il
cache une tumeur (néo du gland).
11
158
MALFORMATIONS CONGENITALES DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT
Le traitement est chirurgical soit plastie d’agrandissement du prépuce, soit circoncision. Il est indiqué de ne pas
tenter de décalotter les enfants avant l’âge de 03 ans car on risque de créer des phimosis secondaires cicatriciels.
L’âge idéal pour intervenir se situe entre 3 et 4 ans, sauf complications.
Diagnostic différentiel : le para-phimosis est un étranglement du gland par un collet préputial trop étroit lorsque ce
dernier a été ramené en arrière de la couronne. Le sang artériel passe toujours, le sang veineux est emprisonné,
ce qui entraine un œdème important avec douleur.
Le traitement consiste en une réduction manuelle : le gland est recouvert abondamment de xylocaïne gel 2%.
L’index et le majeur de chaque main sont placés sous le bourrelet et les pouces exercent une poussée sur le
gland jusqu’à l’obtention de la réduction.
En cas d’échec, on est amené à procéder à une incision de l’anneau sur sa face dorsale. Laisser à lui-même, le
para-phimosis peut entrainer une nécrose préputiale.
6. Brièveté du frein
est isolée ou accompagne le phimosis ; le frein peut se déchirer à la faveur de relations sexuelles ; il s’ensuit une
hémorragie parfois importante (artère du frein). Le traitement est l’allongement chirurgical du frein, section
transversale avec suture longitudinale (réalisable sous anesthésie locale chez l’adolescent et l’adulte).
7. Hypospadias
Est un abouchement anormal de l’urètre sur la face inférieure de la verge. L’urétre trop court n’arrive pas au bout
du gland. Il existe plusieurs formes avec gravité différente. (fig.9)
Hypospade balanique : très fréquent, il est bénin et ne s’accompagne d’aucune courbure de la verge, il
ne pose qu’un problème esthétique, le traitement est facultatif.
Hypospade pénien : soit antérieur moyen ou postérieur, il s’accompagne habituellement d’une courbure
ventrale de la verge avec troubles mictionnels et érectiles. Il demande un traitement chirurgical en un ou
plusieurs temps : redressement de la verge et reconstruction d’un néo-uréthre.
Hypospade périnéal : est facilement confondu avec un pseudo-hermaphrodisme, l’uréthre est fendu sur
sa face inférieure jusqu’au périnée. Les réparations chirurgicales des hypospades doivent se faire avant
l’âge de l’école. Les réparations se soldent souvent par des fistulettes qui nécessitent des reprises
chirurgicales parfois itératives.
12
159
MALFORMATIONS CONGENITALES DE L’APPAREIL URINAIRE DE L’ENFANT
8. Epispade
Cette malformation est la réplique inverse de l’hypospade : le méat uréthral est à la face dorsale de la verge ; dans
ce cas, l’uréthre est largement ouvert sur sa face dorsale et les corps caverneux sont recourbés vers le haut. Cette
affection est beaucoup plus rare et s’accompagne souvent d’une insuffisance sphinctérienne. Le traitement est
chirurgical, doit consister en un redressement de la verge, une reconstruction de l’uréthre et la récréation d’un
système sphinctérien efficace.
VI. CONCLUSION
Fréquentes
Diagnostic anténatal
Souvent asymptomatiques
Traitement :
o Conservateur
o Chirurgical : si complications
13
160
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
Année 2015-2016
Faculté de Médecine de SOUSSE (Année 2014-2015)
Pr MOSBAH A. F.
Objectifs éducationnels
Définir le reflux vésico-rénal primitif (RVRP)
Connaitre l’anatomie normale de la jonction vésico-urétérale
Enumérer les mécanismes anti-reflux pendant la phase de remplissage et la miction
Expliquer la pathogénie des reflux vésico-urétéraux
Connaitre les manifestations cliniques du reflux et les principales circonstances de
découverte
Savoir quel bilan réaliser pour diagnostiquer le RVU et apprécier la néphropathie de
reflux
Connaitre l’histoire naturelle et l’évolution du RVU
Connaitre les complications du RVU
Citer les différents moyens thérapeutiques du RVU
Reconnaitre les résultats des principaux moyens thérapeutiques
161
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
I. INTRODUCTION / DEFINITION
RVR : passage rétrograde, à contre courant, des urines vésicales dans les cavités urétéro-pyélo-calicielles et le
parenchyme rénal
A l'état physiologique, ce reflux n'existe pas car il existe un mécanisme anti-reflux à la fois anatomique et
fonctionnel, efficace notamment lors de la miction
Primitif (congénital) : résultat d'une anomalie (incompétence) intrinsèque congénitale du système physiologique
anti-reflux (≠ secondaire)
La plus fréquente des anomalies congénitales
Grave :
Néphropathie de reflux
Cause fréquente d’insuffisance rénale chronique chez l’enfant en Tunisie
On distingue : les Reflux dans un uretère simplex ou uretère anormal (duplicité, méga uretère…)
Actuellement : diagnostic prénatal est la circonstance de découverte la plus fréquent
Le traitement est conservateur dans la majorité des cas et repose sur l’antibioprophylaxie
Le traitement chirurgical est indiqué dans certaines situations est repose sur les techniques de réimplantation
urétéro-vésicale
II. EPIDEMIOLOGIE
A. Incidence / fréquence
Difficile à connaître
Incidence évaluée à 1 à 18% chez l’enfant
Echographie anténatale : 40% de RVR de haut grade
Fréquence : fonction de 2 paramètres : âge et sexe
B. Age / sexe
Inversement corrélée à l’âge (diminue avec l’âge)
< 1 an : prédominance masculine
> 3 ans : prédominance féminine
C. Race
Blanche (population noire 10 X moins de reflux)
Caucasien
D. Hérédité
Polygénique
20 à 30% des frères ont un RVR
Autosomique dominant à pénétrance variable
III. ANATOMOPHYSIOLOGIE
A. Anatomie de la jonction vésico-urétérale (JUV)
ème
Apparaît dès la 7 semaine de vie intra-utérine
162
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
Se définit selon une architecture complexe, finement élaborée entre quatre éléments anatomiques distincts unis
de façon intime pour réaliser une véritable unité fonctionnelle (fig. 1 et 2) :
1. URETERE TERMINAL
A une direction oblique en bas et en dedans
Il traverse le muscle vésical entouré par la gaine de Waldeyer sur une longueur de 8 mm environ
Puis l'uretère présente un trajet sous-muqueux vésical reposant en arrière sur le muscle vésical. Ce trajet sous-
muqueux mesure environ 7 mm et se termine au niveau de l'orifice urétéral
Les deux orifices urétéraux sont séparés d'environ 25 mm chez l'adulte
4. LE TRIGONE
Selon la description de Tanagho, le trigone présente trois plans anatomiques distincts :
Le trigone superficiel, dont l'origine est presque exclusivement urétérale
Le trigone moyen : ce plan intermédiaire est formé par les éléments fibro-musculaires de la gaine de
Waldeyer qui vont se fixer au niveau du col vésical. Cet élément est renforcé par des fibres musculaires
d'origine vésicale
Le trigone profond : le muscle vésical, avec ses fibres musculaires longitudinales externe, circulaire interne,
constitue le plan profond.
163
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
B. Physiologie
Le reflux est prévenu par l’absence d’anomalie de disposition anatomique des différents constituants de la JUV et
celle de toutes perturbations physiologiques
En principe la JUV s’oppose à la remontée d’urines de la vessie vers les uretères et les reins par un système de
valve anti-reflux complexe sans que l’on puisse parler de sphincter anatomique
L'organisation anatomique précise de ces différents éléments destine la jonction urétéro-vésicale à sa fonction
anti-reflux. Cette fonction nécessite la mise en jeu simultanée de plusieurs mécanismes passifs ou actifs, ayant
pour but d'empêcher l'apparition du reflux
Intégrité des éléments anatomiques le l’unité
En temps normal, les urines vésicales ne remontent pas dans le bas-uretère, grâce à l’ensemble de ce système
complexe, l’unité fonctionnelle urétéro-vésicale anti-reflux. Le système fonctionnel de cette unité est double actif et
passif (fig. 3 et 4):
164
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
IV. ETHIOPATHOGENIE
Le reflux vésico-rénal primitif relève en fait de deux composantes
une anomalie anatomique de la JUV
une modification du dispositif anti-reflux par dysfonctionnement vésico-sphinctérien fonctionnel
L'anatomie de la JUV normale, précédemment décrite, peut être remaniée par 4types d'anomalies :
1. La brièveté du trajet sous-muqueux de l'uretère (fig. 5)
2. La laxité du trigone
3. La déficience des fibres inter-urétérales et de la gaine de Waldeyer
4. La déficience du soutènement musculaire de l'uretère terminal
V. ANATOMOPATHOLOGIE
A. Retentissement sur la voie excrétrice
Urétérite, pyélite : infection
Dilatation cavitaire : hyperpression
Figure 6 : RVR infecté : rôle nocif prépondérant pour créer les cicatrices pyélonéphritiques
165
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
1. MACROSCOPIQUEMENT
Le terme de néphropathie de reflux désigne des images morphologiques de 2 types (fig. 7) :
Amincissement focal du parenchyme
Amincissement homogène du parenchyme rénal
Il existe fréquemment des nodules de régénération entre les cicatrices
Diminution homogène du parenchyme avec dilatation calicielle généralisée est plus rare
cicatrice segmentaire
atrophie du cortex
amincissement de la papille
élargissement du calice
Prédominance aux pôles rénaux
Reflux intra-rénal (RIR)
Figure 7 : Néphropathie du reflux. A - normal. B - néphropathie de reflux : encoche corticale en regard de la déformation
calicielle
2. MICROSCOPIQUEMENT
Différentes lésions peuvent être révélée
Néphrite tubulo-interstitielle chronique
Dysplasie ou hypoplasie glomérulaire
Risque : Insuffisance rénale chronique Figure 9 : différentes lésions histologiques
retrouvées au cours du RVR
166
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
2. INFECTIONS URINAIRES
Maître symptôme : le plus fréquemment retrouvé : 90% des cas
30 à 50 % des infections urinaires sont dû à des reflux
Le plus souvent récidivantes
Elle peut prendre plusieurs aspects
Asymptomatique
Infection urinaire basse : cystite
Infection urinaire haute : PNA avec douleurs lombaire, fièvre et pyurie
Chez le nourrisson elle peut prendre plusieurs aspects cliniques trompeurs : convulsions, douleurs
abdominales non expliquées, septicémie, anomalies de croissance
3. SIGNES CARACTERISTIQUES
Douleurs lombaires ascendantes per ou post mictionnelles
Evocatrices mais rares
5. AUTRES
Bilan d’une autre uropathie
Dépistage de la fratrie (30%)
B. Examen clinique
Généralement pauvre
Interrogatoire : antécédents familiaux et personnels
Apprécie :
Etat général
Température
Sensibilité de la fosse lombaire, globe vésical, état du prépuce
Trouble neurologique, myélo-méningocèle
167
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
B. Imagerie
1. URETROCYSTOGRAPHIE RETROGRADE ET
MICTIONNELLE (UCR) RADIOLOGIQUE
Examen de référence
Technique
Doit être réalisée à distance d’un épisode infectieux (4 à 6 semaines) et la stérilité des urines est exigée (une
UCR positive en période infectée n’a qu’une valeur relative
Opacification peut se faire via un cathétérisme rétrograde de la vessie ou par ponction sus-pubienne (surtout
chez le petit garçon)
Règles d’asepsie rigoureuse
Le remplissage doit être progressif
Un cliché per-mictionnel est indispensable : dépistage des reflux actifs et vérifier l’intégrité du vecteur urétral
Permet de
Faire le diagnostic positif du reflux et on distinguera
o Reflux passif : observé lors de la phase de remplissage*
o Reflux actif : observé lors de la miction
Classification du reflux en 5 stades selon son importance (fig. )
Etude du bas appareil (VUP)
Détection d’autres anomalies associées : diverticules para-urétraux (Hutch), urétérocèle…)
Limites : sensibilité faible (45%) du fait de l’existence de reflux intermittent, 20% des RVR sont retrouvés
secondairement quand la cystographie initiale est normale
168
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
169
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
3. ECHOGRAPHIE RENALE
Recherche une anomalie morphologique du rein
Dilatation urétéro-pyélo-calicielle
Amincissement du parenchyme rénal
Qualité du parenchyme rénal
Diminution de la taille du rein
Anomalie topographique des méats urétéraux, par analyse du jet urétéral
Toute dilatation n’est pas synonyme de reflux
Une échographie rénale normale n’élimine pas un reflux même de haut grade
Cicatrice rénale
Diminution du parenchyme rénal en regard d’un calice déformé
Echo-structure parenchymateuse : diminution de la différenciation cortico-médullaire
Hyperéchogénécité corticale : pas de lésions histologiques spécifiques
Volume rénal
6. CYSTOSCOPIE
Place réduite actuellement
Appréciation des anomalies orificielles
Place des orifices urétéraux
o Par rapport à la ligne médiane
o Plus l’orifice et latéral, plus la chance d’avoir un reflux et grande
10
170
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
Figure 14 : Aspects endoscopiques du méat urétéral : plus le méat est latéralisé plus le trajet sous muqueux est court
7. SCINTIGRAPHIE DMSA
DMSA : Acide Di Mercapto Succinique : se fixe sur les cellules tubulaires
La quantité de traceur capté par chaque rein est donc reflet de la masse de cellules tubulaires fonctionnelles
Gold standard diagnostic des lésions rénales de reflux
Sensibilité de 100%, spécificité de 80%
Doit être réalisée 3 à 6 mois à distance d’une infection urinaire (80% des lésions retrouvées à la phase aigue
peuvent disparaitre
Aucun examen ne peut différencier entre une cicatrice rénale secondaire à un reflux intra-rénal à une dysplasie
rénale
11
171
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
C. Méga-uretère refluant
Traitement du méga-uretère
E. RVU P de l’adulte
Plus fréquent que les données statistiques
Prédominance féminine est classique
PNA maître symptôme révélateur
Cystographie pose le diagnostic dans la majorité des cas (reflux intermittent beaucoup plus rare que chez l’enfant)
La disparition spontanée n’existe pratiquement pas chez l’adulte
Indications opératoires plus larges
12
172
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
F. Secondaire
A un processus inflammatoire : toute inflammation vésicale d’origine bactérienne, virale, parasitaire chimique ou
physique peut entrainer un œdème de la muqueuse, une parésie des fibres musculaires lisses avec incompétence
de la valve. Le diagnostic différentiel entre reflux congénital primaire et reflux secondaire à une infection n’est pas
toujours évident. la cystographie doit se pratiquer idéalement en période de stérilité des urines.
A un obstacle : toute pathologie obstructive du bas appareil peut entrainer un reflux : il s’agit préférentiellement
chez l’enfant de valvules urétrales chez le petit garçon de sténose méatique chez la petite fille, de pathologie
prostatique ou cervicale chez l’adulte. L’obstruction entraine une vessie de lutte qui peut décompenser avec
apparition d’un petit saccule au niveau de l’hiatus urétéral. Si le processus évolue, un véritable diverticule apparaît
et extra-vésicale le méat.
Reflux iatrogènes : ils sont généralement secondairement à des interventions urologiques : extraction
endoscopique d’un calcul urétéral, résection d’une tumeur péri-méatique, adénomectomie prostatique,
réimplantation d’un uretère sans plastie anti-reflux
Reflux des vessies neurologiques : est extrêmement fréquent, en cas de vessie mal équilibrée, principalement
lorsqu’il existe une hyperpression intra vésicale avec obstacle au niveau des sphincters d’origine organique
(fibrose) ou fonctionnelle (dyssynergie).
IX. EVOLUTION
A. Histoire naturelle du reflux
La possibilité de disparition spontanée du reflux dit « primitif » est une notion essentielle pour établir le programme
thérapeutique.
Elle est due à la fois à la maturation du méat et à l’amélioration du régime de pression vésicale
Un RVR peut disparaître spontanément
Le grade du reflux est le principal facteur pronostique de son éventuelle disparition
A 5 ans : les chances de disparition sont de 80 à 90% pour les grades I et II, 40 à 50% pour le grade III et 20
à 40% pour le grade IV
Le taux annuel de disparition d’un reflux est d’environ 30% tous grades confondus
Les chances de disparition sont maximales au cours des 2 premières années après le diagnostic
La présence d’une néphropathie de reflux diminue les chances de disparition du reflux
Le caractère unilatéral du reflux augmente légèrement les chances de disparition
X. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
A. RVU secondaire
Anomalie acquise du système de valve anti-reflux est à l’origine du reflux dit secondaire.
1. OBSTRUCTION INFRA-VESICALE
13
173
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
Organique
Rétrécissement urétral
Valves de l’urètre postérieur
Maladie du col
Fonctionnelle
Dysenergie vésico-sphinctérienne
2. HYPERPRESSION VESICALE
Immaturité vésicale
Neuro-vessie de type centrale
3. RVU POSTOPERATOIRE
Méatotomie endoscopique
Sections trigonales
B. Méga-uretère refluant
Problème plus complexe : parfois difficile de distinguer entre méga-uretère refluant massif et dilatation urétérale
importante
Le drainage vésical améliore la dilatation quand il ‘agit d’un RVU P
XI. TRAITEMENT
A. Buts
Traiter l’infection urinaire
Prévenir la récidive de l’infection
Protéger le haut appareil par correction chirurgicale ou endoscopique
B. Moyens
Le reflux vésico-rénal répondant à une incompétence anatomique du système anti-reflux de la jonction urétéro-
vésicale, peut être corrigé
par le temps qui apporte souvent la «maturation» du dispositif ant-ireflux,
par la chirurgie qui répare l’insuffisance de la longueur du trajet sous muqueux,
mais aussi par l’apport local endoscopique d’un “matériau” qui, en modifiant l’anatomie de la jonction urétéro-
vésicale, va faire disparaître le reflux
1. TRAITEMENT MEDICAL
a. Comporte trois aspects
1. Traiter l’infection inaugurale
(souvent une PNA, cystite) provoquées par le reflux
En pratique, on utilise une association d’antibiotique selon l’antibiogramme
2. Traitement des troubles fonctionnels mictionnels
174
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
Modalités
Antibioprophylaxie continue, utilisant soit le même produit, soit deux produits différents alternés tous les mois
ou les 15 jours
Double antibioprophylaxie En cas d’échec d’une antibioprophylaxie utilisant un seul produit, proposent une
associant nitrofurantoïne (2 mg/kg/jour) le matin et cotrimoxazole (2-10 mg/kg/jour le soir)
Durées
Est maintenue jusqu’à ce que le reflux disparaisse (ou soit opéré).
Si le reflux persiste au-delà d’un certain âge, se pose néanmoins la question de l’arrêt du traitement qu’il est
impossible de maintenir indéfiniment.
La date d’arrêt du traitement est d’ailleurs variable d’un auteur à l’autre. On retrouve en général l’âge de 5 ans
Cette antibioprophylaxie peut être arrêtée plus vite (à 1 an, 1 ans 1/2 chez le garçon, 2 ans chez la fille).
Pour d’autres, l’antibioprophylaxie est maintenue 18 mois à partir de la date du diagnostic du reflux
15
175
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
Résultats
L’efficacité est diversement appréciée
N’évite pas l’apparition d’une infection urinaire mais il en diminue la fréquence
Traitement prophylactique prolongé comporte au moins 3 risques
L’impact psychologique personnel ou familial
Apparition de souches résistantes
Modification de l’écosystème microbien intestinal entrainant un défaut de production de vit K qui doit être
prévenu
En cas de récidive à un germe sensible, il faut penser à une antibioprophylaxie non suivie.
En cas de récidive à un germe résistant, il peut s’agir :
soit d’un trouble fonctionnel initialement mal évalué et un résidu post-mictionnel,
soit une antibioprophylaxie à trop forte dose qui perturberait la flore intestinale
Compliance
Autre problème posé par cette antibioprophylaxie qui lorsqu’elle est mise en route va s’étaler sur de nombreux
mois, celui de l’acceptation du traitement aussi bien par les enfants que par leurs parents.
Cette compliance est diversement appréciée selon les auteurs
b. Traitement complémentaire
on insiste sur la grande importance d’associer à l’antibioprophylaxie des mesures diététiques et une véritable
éducation de l’enfant, de l’entourage familial et scolaire sur la miction normale et l’hygiène «péri-mictionnelle».
boissons en quantité normale pour l’âge,
mictions régulières, fréquentes et complètes,
pour certains double miction le soir au coucher pour évacuer un éventuel résidu post-mictionnel,
lutter contre une éventuelle constipation et obtenir une selle quotidienne.
Circoncision
2. TRAITEMENT CHIRURGICAL
a. Réimplantation urétéro-vésicale
1. Principe général
Refaire la jonction
Rétablir un système de valve compétent
Créer un trajet urétéral sous muqueux satisfaisant en zone fixe
2. Impératifs
Dissection suffisante de l’uretère à réimplanter tout en respectant sa vascularisation
Création d’un trajet sous muqueux suffisamment long (4 fois le diamètre de l’uretère)
Le trajet doit être sous muqueux pur sans interposition de fibre musculaire du détrusor
Amarrage d’un mur postérieur solide éviter toute coudure ou torsion
Le nouvel orifice doit être large et accessible, le plus proche du trigone
Anastomose large sans tension
3. Principales techniques utilisées
Technique extra-vésicale : Lich Gregoire
16
176
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
Dans ce cas, l'uretère est abordé par la voie rétrovésicale, sans ouvrir la vessie. La paroi séro-musculaire du
détrusor est incisé le long du trajet de l'uretère sur quelques centimètres jusqu'à les muqueux, puis disséquée sur
ses 2 bords latéraux. L'uretère est alors repoussé sur ce segment contre la muqueuse vésicale, à l'intérieur de la
vessie, et la paroi musculaire refermée par des sutures de fil résorbable
Ciel ouvert ou laparoscopique
Technique endo-vesicale
Technique de Cohen
Avancement transversal : tunnel sous muqueux est crée depuis l’orifice d’extraction de l’uretère jusqu'au dessus
de l’orifice urétéral controlatéral
Technique de Glenn-Anderson
Il s'agit d'un anti-reflux par avancement, le tunnel sous-muqueux étant réalisé entre l'orifice urétéral et le col, dans
l'axe de l'uretère. Le néo-orifice urétéral se trouve alors près du col, dans une zone trigonale fixe
17
177
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
a. Résultats
Excellents : taux de succès avoisine les 90%, toutes techniques confondues
b. Complications
Sténose de la jonction urétéro-vésicale : œdème postopératoire immédiat, dévascularisation puis fibrose de
l’uretère terminale
Persistance de reflux
Infection urinaire
Apparition d’un reflux controlatérale : une réimplantation bilatérale d’emblée et proposée par certains auteurs pour
ne pas déstabiliser le trigone
Cas particuliers
Uretère double : réimplanter les 2 uretères car ils sont accolés dans la même gaine
En présence de calcul de la voie urinaire : il faut traiter d’abord le calcul
En cas de jonction associée : traiter d’abord la jonction
Méga-uretère refluant : ou reflux avec grosse dilatation : réimplantation en pratiquant un modelage de l’uretère si
son calibre est important
Diverticules associés : souvent para-urétéraux sont disséqués et réséquer en même temps que l’uretère. La
réfaction du mur postérieur
3. TRAITEMENT ENDOSCOPIQUE
a. Principe / technique
Rétrécir l’orifice urétéral
Injecter par voie endoscopique d’un biomatériau sous le méat urétéral refluant à fin de modifier l’anatomie de la
jonction urétéro-vésicale et d’augmenter le trajet sous muqueux
b. Molécules utilisées
« Biomatériaux » : téflon, collagène, macroplastique
Matériaux autologues : graisses, alginates et chondrocytes, alginate et muscle vésical
c. Résultats
Technique mini-invasive : courte hospitalisation, AG ou AL
d. Complications
18
178
REFLUX VESICO-URETERAL PRIMITIF
Migration
Récidive
C. Indications thérapeutiques
1. Dépendent du :
Le grade de reflux
L’âge de découverte
Existence de néphropathie de reflux
Existence de malformations associées
Compliance de l’enfant et ses parents / état social
PNA sous traitement prophylactique
2. INDICATIONS
Chirurgie d’emblée
RVR de haut grade (IV et V) avec RIR associé
RVR avec récidive de l’infection sous traitement prophylactique bien conduit
RVR avec malformation associée : diverticule, duplicité, orifice béant (trou de golf)
Traitement médical
Tous les autres cas
Reflux grade I, II, III
Période (18 mois à 4 ans)
XII. CONCLUSION
19
179
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
Année 2015-2016
Faculté de Médecine de SOUSSE (Année 2014-2015)
Pr MOSBAH A. F.
Objectifs éducationnels
Définir l’anomalie de la jonction pyélo-urétérale
Expliquer les mécanismes physiopathologiques des AJPU
Enumérer les circonstances de découverte d’une AJPU
Décrire l’aspect urographique d’une AJPU
Identifier les indications des explorations isotopiques dans le diagnostic et le
suivi des AJPU
Citer les causes des AJPU
Enumérer les moyens thérapeutiques d’une AJPU
Planifier le suivi d’un patient traité pour AJPU
180
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
I. INTRODUCTION
Définition : l’anomalie de la jonction pyélo-urétérale (AJPU), appelée aussi hydronéphrose chez les anglo-
saxon est un défaut d’écoulement permanent ou (parfois) intermittent à l’écoulement du flux urinaire du
pyélon à l’uretère secondaire à un obstacle fonctionnel ou organique de la JPU ayant pour conséquence une
dilatation +/- importante de la JPU.
Cette anomalie peut être primitive (congénitale) ou secondaire
Nous traiterons seulement les AJPU congénitales ou primitives
La plus fréquente des uropathies malformatives
Diagnostic est fait de plus en plus en prénatal
L’infection urinaire est la principale circonstance de découverte
UIV : examen clé du diagnostic positif
Le traitement demeure chirurgical donnant d’excellent résultat fonctionnel durable dans le temps
A largement bénéficié des progrès considérable en matière d’endo-urologie et de coelio-chirurgie
II. EPIDEMIOLOGIE
III. PHYSIOPATHOLOGIE
A. Rappel physiologie
Pas de structure fonctionnelle ou anatomique de la JPU
La contractilité de la voie excrétrice supérieure obéit aux principes généraux de la physiologie
du muscle (figure1)
Une VES normale assure donc un transport actif de l'urine par une onde péristaltique qui
s'étend depuis les papilles rénales jusqu'à la vessie
Transmission : purement myogène
B. Ethiopathogénie
Mal connue
Fig 1: Physiologie de la contractilité des voies excrétrices
Plusieurs théories :
Intrinsèque
181
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
C. Conséquences de l’obstruction
Perturbations urodynamiques
Phase compensée
Phase intermédiaire
Phase décompensées : aperistaltisme /asystolie
Stas => infection => lithogenèse
Altération de la fonction rénale : diminution de la filtration glomérulaire
IV. ANATOMO-PATHOLOGIE
Les lésions histologiques intéressent toute l’unité excrétrice du rein
La jonction pyélo-urétérale : 3 formes
o Hypoplasique : absence totale ou partielle de fibres musculaires : Achalasie
o Hyperplasique : fibres circulaires
o Scléreuse : ou scléro-inflammatoire : œdème et infiltrat lympho-plasmocytaire dissociant les
différentes couches
Le rein : Résultent de l’hyperpression, de la réduction du débit sanguin et de l’infection
o Néphrite tubulo-interstitielle amenant progressivement à la destruction du rein
V. ETIOLOGIES
A. Fonctionnelles
La plus fréquente
Existence d’un segment apéristaltique de la région PU : anomalie de transmission des ondes péristaltiques
Etude histologique : plusieurs anomalies
Orientation atypique des fibres musculaires : longitudinales au lieu de « spiralée »
Excès de collagène dissociant les fibres musculaires
Présence anormale d’élastine dans l’adventice
Disparitions des connections entre les fibres musculaires
Jonction peut avoir un aspect normal
Sténose pouvant exister plus en aval sur l’uretère
B. Organiques
182
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
PYELO
Sténoses
Hypoplasie localisée
Sténose fibreuse
Valves urétérales
VI. Etude clinique
A. Circonstances de découverte
1. Diagnostic anténatal
La plus fréquente actuellement : 60 à 80%
ème
Echographie morphologique prénatale (5 mois de grossesse)
Prise en charge précoce
2. Douleurs lombaires
Signe le plus fréquent : 50 à 75%
Des douleurs intermittentes de l’abdomen, du flanc ou de la fosse lombaire
Associées ou non à des nausées ou des vomissements
Souvent
vent lombaires, sourdes, évoluant volontiers par poussées et exacerbées
par la prise de boissons abondantes.
Dans certains cas, il peut s’agir de véritables crises de colique néphrétique.
Parfois douleurs atypiques, abdominales avec vomissements chez les enfants
3. Infections urinaires
30% des cas
Infection urinaires à répétition chez l’enfant ou le nourrisson
Pyélonéphrite aigue plus rarement, tableau plus bruyant avec pyonéphrose
avec des signes de suppuration profonde et sepsis sévère
4. Hématurie
10 à 20% des cas
Totale récidivante
Spontanée ou après un traumatisme minime
183
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
B. Examen physique
Il est en règle normal
sauf en cas de dilatation PC très importante et il est possible dans ce cas d’avoir un contact
lombaire, surtout chez les sujets maigres et les enfants.
184
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
1 Scintigraphie rénale
L’exploration isotopique des reins utilise les radio-isotopes suivants :
Le DTPA (acide diéthylène triamine-pentacétate) marqué au 99mTc excrété par
filtration glomérulaire
Le DMSA (acide dimercapto-succinique) marqué au 99mTc filtré par les glomérules et
accumulé par les cellules tubulaires proximales, qui apporte une parenchymographie
fonctionnelle des reins ;
Le MAG3 marqué au 99mTc pour l’étude de la fonction tubulaire ; sa filtration
glomérulaire est négligeable. le plus couramment utilisé
Ces examens sont sensibilisés par une épreuve au furosémide (figure 5)
Rôle :
confirmation de l’obstruction :
T ½ : demi du traceur : si > 20 min :obstruction / si
< 10 à 15 min normale
suivi après traitement
évaluation de la fonction rénale résiduelle
dicte parfois l’acte chirurgical
185
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
2 Echographie
Trans-pariétale :
C’est l’examen de première intention devant une symptomatologie de la fosse lombaire
Mais il est aussi un mode de découverte relativement fréquent d’une dilatation PC
asymptomatique
L’AJPU se caractérise par la présence d’une dilatation anéchogène des cavités
pyélocalicielles avec un uretère non visible (un uretère normal n’est pas visible en
échographie).
L’analyse de la forme et du volume du bassinet et des calices, de l’épaisseur et de la
morphologie du parenchyme rénal permet de faire le diagnostic de dilatation PC et
d’évaluer le retentissement fonctionnel sur le parenchyme rénal. (figure 6)
Une exploration du rein controlatéral est indispensable afin d’y rechercher une
hydronéphrose bilatérale et/ou une hypertrophie compensatrice
186
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
3 Uroscanner
Hélicoïdal avec acquisition volumique et reconstruction (intérêt projection d’intensité
maximale PIM)
Cavité et uretère mieux exploré à la phase tardive
Cliché d’UIV en fin d’examen
Rechercher un vaisseau polaire (figure 8 et 9)
4 UroIRM
187
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
D. AJPU géante
Se traduit par une tuméfaction lombaire
Peut être douloureuse ou pas
Nécessité d’une appréciation de la valeur fonctionnelle du rein, parfois difficile
Un drainage préopératoire est généralement nécessaire
E. AJPU basse
Siégeant dans la région lombaire basse, iliaque voire même pelvienne
Justifie le même type de traitement que les autres AJPU
IX. Evolution / complication
Evolution imprévisible
Certaines restent stables pendant des années puis décompensent brutalement
D’autres détruisent le rein en quelques mois
Des complications peuvent exister et méritent d’être systématiquement recherchées.
C’est dire l’importance d’un diagnostic précoce et d’un traitement adapté.
188
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
A. Lithiase
Elle s’observe dans environ 10 % des cas.
Elle peut entraîner une augmentation des douleurs mais surtout entretenir une infection
urinaire.
Elle doit être traitée en même temps que la dilatation PC.
B. Infection urinaire
Elle est fréquemment asymptomatique
sous forme d’une pyélonéphrite aiguë, voire d’une pyonéphrose ou d’une septicémie
C. Destruction parenchymateuse rénale
La complication la plus grave
Elle doit être recherchée afin de pouvoir poser l’indication opératoire à temps (surtout en
cas de rein unique ou d’hydronéphrose bilatérale)
D. Rupture pyélique
Rare
Le plus souvent due à un traumatisme.
Elle se traduit cliniquement par une douleur violente
Le diagnostic repose sur la réalisation de clichés tardifs de TDM pour ne pas
méconnaître une fuite de produit de contraste
Le traitement chirurgical est urgent
X. Diagnostic différentiel
A. Secondaires
1. Compression extrinsèque
Engaînement fibreux après une intervention chirurgicale (deux éléments interviennent :
d’une part la fibrose pariétale urétérale, le plus souvent par dévascularisation, d’autre
part la fibrose périurétérale habituellement secondaire aux urinômes périrénaux et
péripyéliques)
Sténoses inflammatoires urétérales
2. Compression intrinsèque
Calcul enclavé dans une jonction au préalable saine
Urétérite tuberculeuse
Tumeurs urothéliales siégeant au niveau de la jonction pyélourétérale
Fibrose rétro-péritonéale, uretère rétro-cave Ganglionnaire
B. Association à un important reflux vésico-urétéral
C. Mégacalicose : pyélon non dilaté
D. Dysplasie multikystique du rein
XI. Traitement
A. principe
La base du traitement est chirurgicale consistant en une correction de l’anomalie
segmentaire qui touche la jonction pyélo-urétérale
Certaines formes mineures sont bien tolérées aussi bien par le patient que par le rein ne
nécessitent qu’une surveillance.
B. Méthodes
1. Traitement médical
Surveillance et veuillez à la stérilité des urines
2. Traitement chirurgical
a. A ciel ouvert
Pyéloplastie par résection anastomose selon la technique de
« ANDERSON-HYNES-KUSS »
Gold standard
10
189
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
11
190
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
3. Traitement endoscopique
N’est pas en fait un traitement physiopathologique
S’assurer de l’absence d’un vaisseau polaire croisant
Endopyélotomie antérograde
Technique
Directe : lame froide, électro-incision, laser
Invagination urétéro-pyélique (figure 16)
.
12
191
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
C. Résultats
1. Chirurgie classique ou laparoscopique
Très bon résultats en cas de RA type AH : 90%
20% de complications : infection, fistules urinaires, hémorragie, récidive
postopératoire
2. Traitement endoscopique
Endopyélotomie antérograde
Taux de succès : 60 à 85%
Complications : hémorragie, désinsertion pyélique
Endopyélotomie rétrograde
Taux de succès : 80%
13
192
SYNDROME DE LA JONCTION PYELO-URETERALE
XII. Conclusion
14
193
Lithiase réno-urétérale
(Année 2013-2014)
Faculté de Médecine de SOUSSE (Année 2015-2016)
Pr Ag.
Dr. HMIDA Wissem
Hmida Wissem
LA LITHIASE RENO-URETERALE
Objectifs éducationnels
194
Lithiase réno-urétérale
I.INTRODUCTION :
• Définition : maladie qui consiste en la formation de calcul dans la voie urinaire
• Lithos = pierre
• Calculus = petits cailloux utilisés comme monnaie d’échange
• Pathologie très fréquente et grave sous nos climats
• Récidives et complications fréquentes
• Problème de santé publique
• Fréquence:
II.EPIDEMIOLOGIE
• Fréquente +++ : 10% de la population générale!!!
• Homme>femme
• Récidives fréquentes +++
• 3% des IRC terminales : dues à la maladie lithiasique
• Facteurs prédisposant :
Alimentation riche en protéines et en sels
Boissons: faible quantité ou mal reparties sur le nycthémère
Climat chaud et sec
Incidence augmente avec le niveau de vie et la sédentarité
Certains métiers : exposés à la déshydratation: boulanger, minier…
III. PHYSIOPATHOLOGIE
• Les étapes de la lithogenèse sont
la sursaturation des urines
la germination cristalline
la croissance des cristaux
l’agrégation des cristaux
l’agglomération cristalline
la rétention des particules cristallisées
la croissance du calcul.
1) Facteurs favorisants la lithogénèse
Concentrations urinaires: calcium, oxalate, acide urique…
Anomalies anatomiques: AJPU, méga-uretère, rein en fer à cheval…
pH urinaire: pH acide favorise la formation de lithiase d’acide urique
Corps étrangers : sonde JJ…
Infection urinaire à germe uréasiques favorise la formation des lithiases coralliformes
2) Facteurs inhibant la lithogénèse
Ac citrique
Mg
pH
Dilution+++
3) Histoire naturelle
195
Lithiase réno-urétérale
> 90% des calculs seront éliminés spontanément
Peuvent se bloquer dans les voies excrétrices et causer les douleurs (coliques néphrétiques) ou
détruire le rein à bas bruit
Peuvent s’infecter PNA obstructivepyonéphrose
196
Lithiase réno-urétérale
Complications
o Anurie : en cas d’obstacle urétéral bilatéral ou d’obstruction unilatérale sur rein unique
o Complications infectieuses:
• PNA obstructive : urgence+++
• Pyonéphrose : fonte purulente du rein
• Destruction à bas bruit du rein et PN chronique
2. Interrogatoire
L’interrogatoire est fondamental : elle doit rechercher
a) Antécédents familiaux de calculs
La lithiase pour certains peut avoir un caractère familial : entre 3et 10% des malades ont des antécédents
familiaux, surtout les lithiases cystiniques et uriques pour lesquelles ces antécédents sont beaucoup plus
fréquentes.
a) Antécédents personnels
2. L’examen physique
Doit être complet
• Palpation des fosses lombaires à la recherche d’un gros rein
• Palpation abdominale
• Ex des orifices herniaires, des pouls fémoraux
• Ex des OGE, touchers pelviens
V. Examens complémentaires
1. Biologie:
• ECBU
197
Lithiase réno-urétérale
• FR: urée, créatinine
• Exploration approfondie
2. Imagerie:
2.1. AUSP :
C’est l’examen primordial tant pour établir le diagnostic que pour envisager le traitement. 90% des calculs sont
radio-opaques et visible sur la radiographie de l’abdomen sans préparation : ils peuvent être
Volumineux, ils peuvent reproduite plus ou moins complètement le dessin des voies excrétrices, ce
sont les calculs coralliformes.
Plus petits, sur les clichés de face, ils se projettent en dehors du rachis de D11 à L4 pour les calculs
rénaux, plus bas pour les calculs urétéraux ; sur les clichés de profil ils se projettent sur le Rachis ou
juste en avant de lui.
198
Lithiase réno-urétérale
Les calculs radio-opaques sont le plus souvent noyés dans le produit de contraste, tandis que
calculs radio-transparents apparaissent comme des lacunes entourées par le produit de contraste.
Retentissement du calcul sur la voie excrétrice et sur le parenchyme.
2.4. Uroscanner
• TDM hélicoïdal: tend à être l’ex de référence
• Permet d’explorer la totalité de l’appareil urinaire
• Images de reconstruction 3D
• Lithiase = image de densité calcique
• Signes indirects: dilatation, augmentation de la taille des reins. (fig6)
199
Lithiase réno-urétérale
VII. TRAITEMENT
1. But
o Enlever le calcul
o Traiter la cause
o Prévenir les récidives
2. Moyens
2.1. Surveillance : clinique et radiologique à des intervalles réguliers
2.2. Traitement médical
a) Traitement de la colique néphrétique
Il associe la restriction hydrique aux anti-spasmodiques (Spasfon*, Visceraligne Forte*, Avaforan*) et aux anti-
inflammatoires (Nifluril*, Voltarène*). Le plus souvent, le traitement antispasmodique per-os suffit. En cas de crise
hyperalgique ou récidivante, le traitement par voie parentérale est nécessaire.
La colique néphrétique fébrile est une urgence urologique nécessitant une hospitalisation. Une
antibiothérapie à large spectre est indispensable. Le drainage des urines infectées en stase est le seul moyen
d’éviter les gravissimes septicémies à germes gram - encore parfois mortelles.
b) Augmentation du débit urinaire
Il fait partie du traitement de fond de la lithiase urinaire. C’est une mesure simple et des plus efficaces à la fois
pour éliminer un calcul en place et pour éviter une récidive. Il faut un apport hydrique suffisant (2 à 3 litres par
jour) et réparti sur le nycthémère pour maintenir un débit urinaire supérieur à 2 litres par jour.
c) Traitement médical de la lithiase urique
Alcalinisation des urines : Les calculs d’acide urique ne se forment pas si le pH urinaire est égal à 6.5, l’objectif
est donc de maintenir un pH à 6,5 pour éviter la formation de calculs et d’arriver à un pH supérieur à 6,5 pour
dissoudre les calculs en place. Il existe différents agents alcalinisant à répéter dans le nycthémère :
Le bicarbonate de soude : en poudre ou mieux, sous forme de Vichy Célestin (3/4 litres par jour).
Le citrate de sodium ou de potassium : Foncitril* 4000 (3sachets par jour), Alcafor (3 cuillers à
soupe par jour), Pipérazine (3 cuillères à café par jour).
Le régime : C’est un traitement long cours. Il doit être hypocalorique, pauvre en purines et donc
hypoprotidique. Les aliments à éviter sont les charcuteries, les abats, les crustacés.
L’Allopurinol (Anurate*, Zyloric*). C’est un inhibiteur de la xanthine oxydase, indiqué lorsqu’il
existe une hyperuricémie avec hyperuricosurie.
Il ne permet pas la dissolution des calculs mais peut éviter leur récidive.
200
Lithiase réno-urétérale
La lithiase calcique avec hyperoxalurie
Le traitement repose sur la diurèse abondante, le régime excluant les aliments riches en oxalate (rhubarbe,
cacao, thé, oseille, betterave…) et certains médicaments : la vitamine B6 (Pyridoxine*) qui diminuent la synthèse
d’oxalate, le Succinimide (Succinimide*) augmente la solubilité de l’oxalate urinaire, l’Allopurinol (Anurate*,
Zyloric*) diminue l’élimination urinaire d’oxalate
e) Traitement médical de la lithiase cystinique
C’est la complication majeure de la cystinurie, maladie congénitale autosomique, récessive. Le régime pauvre en
méthionine précurseur de la cystéine, nécessite la suppression de la plupart des protides. Cette contrainte la rend
peu utilisable. La diurèse doit être d’au moins trois litres par jour avec alcalinisation à 7.5 de façon à maintenir
une cystinurie inférieure à 200 mg/l. la D Pénicilliamine (Trovol*, Métalcapase*) est réservée aux patients dont la
tolérance digestive aux alcalins est médiocre et ceux qui gardent une cystinurie supérieure à 200 mg/l. la D
ème
Pénicillamine est responsable dans 50% des cas d’une réaction d’hypersensibilité aigüe au 10 jour
d’utilisation (syndrome néphrotique, syndrome de Goodpasture, leucopénie…) rendant son utilisation délicate.
Elle doit toujours être associée à de la vitamine B6 (Pyridoxine*).
f) Traitement médical de la lithiase infectieuse (calculs phospho-amoniaco-magnésiens)
Ce sont des calculs qui se forment au cours des infections urinaires, en pH alcalin et en présence des germes
uréasiques (protéus). Le traitement repose sur l’interdiction des boissons alcalines et la stérilisation des urines
une antibiothérapie adaptée. L’acidification des urines est difficile à obtenir (Mandelamine*).
Urétéroscopie rigide
Fragmentation du calcul par énergie balistique ou au LASER
201
Lithiase réno
réno-urétérale
+/- drainage des voies excrétrices par sonde urétérale type JJ
Résultats :
Urétéroscopie souple:
Fragmentation des calculs à l’aide d’une fibre LASER
Contraintes : cout++
202
Lithiase réno
réno-urétérale
Fig.9
9. étapes de la NLPC
d) Associations thérapeutiques
Plusieurs associations thérapeutiques sont possibles
NLPC + LEC
203
Lithiase réno-urétérale
Chirurgie + LEC
LEC puis urétéroscopie souple
e) Traitement étiologique
Diurèse diminuée : augmenter les apports hydriques
Urée urinaire élevée : diminuer les apports de protéines animales
204
Lithiase réno-urétérale
VIII.SUIVI
• Doit être régulier et prolongé
• Examen clinique
• Radiologique : AUSP, échographie rénale
• Biologie : ECBU, bilan métabolique si récidive
205
Lithiase réno-urétérale
CONCLUSION
La lithiase urinaire est une pathologie fréquente et récidivante, pouvant évoluer de longues années à bas
bruit tout comme nécessiter un traitement en urgence et engager le pronostic vital
Plusieurs types de calculs existent. Les plus fréquents sont les calculs d’oxalate de calcium (70 %).
Le mode de révélation le plus fréquent de la lithiase urinaire est la crise de colique néphrétique aiguë
(CNA).
Le couple ASP/échographie ou le scanner abdomino-pelvien sans injection, sont les examens de choix
dans le diagnostic de la CNA.
Le bilan au long cours de la lithiase urinaire repose sur un bilan métabolique exhaustif et l’analyse spectro-
photométrique du calcul.
La lithiase urinaire est une pathologie nécessitant une surveillance régulière et à vie.
206