Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Présentation de l’entreprise :
Fondée en 2016 par Jérémy Carini, Autocito s'est donnée pour mission
d'accompagner les entrepreneurs dans leur mobilité, en leur proposant des véhicules
et des solutions de financement adaptées, dès la création de leur entreprise. Dès le
départ, la vision était claire : faciliter l'accès à la mobilité aux nouveaux entrants.
Conscient des défis auxquels sont confrontés les entrepreneurs, notamment dans
des secteurs tels que le BTP et le transport, dans lesquels l'obtention de prêts
bancaires peut être difficile en l’absence de bilans financiers, Jérémy a mis en place
un modèle qui privilégie l'accessibilité, la simplicité et la souplesse.
Laurent (Gestionnaire de parc) : avec trois ans d'expérience chez Autocito, Laurent
s'occupe de la gestion du parc de véhicules, gère les situations de non-paiement et
assure la récupération des véhicules si nécessaire.
Claire (Responsable administrative) : Claire est chargée de la facturation, du
prélèvement des paiements et de la surveillance de l'administration, y compris la
gestion des amendes et autres tâches administratives.
Alexandra (Customer Success) : Alexandra traite les demandes des clients et des
prospects, elle place les véhicules et assure un suivi régulier avec les clients pour
garantir leur satisfaction et leur fidélité.
Choix du terrain :
Aussi, le fait que cette entreprise ait fait le choix d’accompagner les clients
présentant une potentielle fragilité financière, ou un risque perçu comme trop
important pour les établissements “traditionnels”, a aiguisé davantage notre
curiosité.
Sandra ayant été alternante au sein de cette entreprise il y a de cela 2 ans, elle nous
a permis d’établir rapidement un contact avec le gérant, Jérémy. Celui-ci a d’ailleurs
tout de suite été très enthousiasmé par le projet et nous a ouvert volontiers les portes
de son entreprise, conscient des apports potentiels d’une telle démarche.
I. Méthodologie
La visite d’Autocito :
Pour la journée d’observation chez Autocito, nous avons fait le choix de nous répartir
en binômes. En effet, l’entreprise dispose d’un espace de travail relativement petit
(environ 25m2), situé dans un complexe de bureaux à Champs-sur-Marne. Nous ne
voulions pas que notre présence vienne perturber les activités de l’entreprise, et ainsi
biaiser les données que nous nous apprêtions à recueillir. Nous avons alors articulé
notre démarche d’observation autour de plusieurs étapes clés, nous permettant ainsi
de saisir les dynamiques internes de l'entreprise et ses enjeux.
Tout d'abord, nous avons réalisé des observations informelles, en participant à des
moments-clés de la vie de l’entreprise. Fiona et Lucas ont pu partager le café du
matin et assister aux échanges qui permettent de donner le ton de la journée. Nous
avons également pu partager le déjeuner tous ensembles, au cours duquel nous
avons pu célébrer les anniversaires de Clément et de Laurent, témoignant de
l’équipe soudée décrite par Jeremy et Sandra lors des entretiens préalables. Enfin,
Marine et Sandra ont pu assister à la pause de milieu d’après-midi, moment de
détente pour l’équipe, en l’absence de Jeremy.
Au cours de ces observations informelles, tant pendant les moments de détente que
de travail, nous avons pu constater une cohésion d'équipe remarquable, où l'équipe
semblait fonctionner comme une véritable famille, avec une communication ouverte
et des échanges fréquents entre les membres. Nous avons également procédé à des
entretiens semi-directifs avec plusieurs personnes de l’équipe. Clément et Laurent
ont pu être interrogés par Fiona et Lucas ; Clara et Alexandra ont pu être
interrogées. Les données récoltées au cours de ces entretiens nous ont permis d’en
apprendre davantage sur l’entreprise et sur les moments clés de sa RdS.
Enfin, nous avons conclu cette journée par un compte-rendu avec Jérémy pour
revenir sur les moments essentiels et ainsi recueillir son point de vue, son ressenti.
Les entretiens formels et informels nous ont notamment permis de recueillir de
nombreux verbatims, soulignant une fois de plus l'entraide au sein de l'équipe mais
pointant également des lacunes dans les processus. Ces lacunes, en accord avec
les discours de Jeremy et de Sandra, concernent surtout les risques liés aux
impayés, le choix des clients, mais également la gestion de la relation client dans la
durée. La diversité des données récoltées au cours de cette journée ont constitué
pour nous une base de travail solide, venue appuyer les recommandations sur
lesquelles nous avons travaillé ensuite.
B) Collecte de données
À partir des données collectées lors de notre observation chez Autocito, plusieurs
éléments sont ressortis, nous permettant de dresser un bilan approfondi de notre
analyse. Comme évoqué ci-dessus, nos observations ont mis en lumière une équipe
très soudée, où la bienveillance et l'entraide sont des valeurs prédominantes. Bien
que chacun travaille sur ses missions individuelles, la collaboration est présente,
avec des échanges fréquents et la volonté de se soutenir mutuellement. Nous avons
pu être témoin de cela lorsque Clément a présenté le logiciel de suivi des véhicules,
illustrant cette dynamique de partage et d'interaction au sein de l'équipe.
Cependant, un grand nombre de verbatims que nous avons relevés soulignent
également des lacunes dans l'organisation de l'entreprise. Malgré la cohésion de
l'équipe, ces défis sont bien présents et ont un impact sur leur activité quotidienne.
Lors de nos entretiens individuels, nous avons approfondi ces différents aspects.
L'autonomie et la collaboration sont valorisées par chaque membre de l’équipe.
Chacun est libre d'exercer ses missions comme il le souhaite, tant que cela répond
aux besoins de l'entreprise et de ses clients. Cependant, ils soulignent l’importance
de la relation client, qui manque aujourd’hui d'attention, et qui est pourtant cruciale
dans la fidélisation du client. Ce manque de temps consacré au client s’explique,
selon eux, par la place trop importante que la gestion des impayés représente.
En effet, la clientèle spécifique de l'entreprise présente un fort risque d'impayés, ce
qui peut entraîner des situations délicates, voire dangereuses, comme en témoignent
les menaces physiques et de mort reçues par certains membres de l'équipe. Les
entrepreneurs sont prêts à tout pour préserver leur activité, leur véhicule étant leur
outil de travail principal. En réponse à ces risques, Autocito a mis en place une
stratégie de protection, en faisant croire à l’existence d’un faux service contentieux
par exemple. Néanmoins, cette stratégie mise en place semble insuffisante, comme
a pu le souligner Clara lors de son entretien.
Pour chacun des membres, la maîtrise du risque d’impayés se joue essentiellement
dans le choix du client, et donc dans l’identification du “bon” et du “mauvais” client. A
ce jour, cette identification est souvent basée sur des critères subjectifs, ce peut
entraîner des comportements discriminatoires non souhaités par l'entreprise. Sur le
plan financier, Autocito utilise des outils tels que Crédit Safe pour évaluer la fiabilité
des clients, mais ceux-ci peuvent présenter des limites puisque la majorité des
clients sont de jeunes entreprises sans bilan ni historique. Ces divers éléments
illustrent le manque de procédés à suivre dans l’identification du “bon” client, avec
lequel une relation durable et basée sur la confiance est envisageable.
Aussi, les problématiques de gestion du risque consommant énormément de temps
et d'énergie, cela affecte cruellement la relation client et la fidélité des clients.
L’entreprise n’a aujourd’hui pas suffisamment de temps à consacrer à la gestion de
la relation client. Les clients existants et honorant leurs dettes ne sont pas suivis, et
soutenus comme le souhaiterait l’entreprise. Aussi, les critères discriminatoires sur
lesquels se basent les salariés dans la sélection des clients fait certainement passer
l’entreprise à côté de clients potentiellement précieux. Pour assurer sa pérennité et
inscrire sa vision “d'entrepreneur à entrepreneur”, il sera essentiel pour Autocito de
revoir son approche de la relation client dans sa globalité. En effet, la gestion des
impayés monopolise une part significative du temps de travail, accaparant l'attention
et les ressources qui pourraient être consacrées au développement d’Autocito.
La découverte du prospect
La conversion du lead en client
Signature du devis et remise des clés : la durée de vie de la location
Fin du contrat : La cession
II. Diagnostic
2. Le risque de vol
Le risque de vol ou de détérioration n’est pas sans lien avec le risque de défaut de
paiement. Il intervient d’ailleurs généralement en conséquence de ce dernier. Dans
le cas où un client se retrouve dans l’incapacité de payer ses mensualités, celui-ci
fait face à un choix crucial. Il peut décider de communiquer avec l’entreprise afin de
parvenir à une résolution, incluant un potentiel retour du véhicule qu’il ne parvient
plus à payer, ce qui signe indirectement la fin de son activité. En revanche, il peut
également faire le choix de cesser toute communication avec l’entreprise, tout en
continuant à utiliser le véhicule dont il ne paie plus les mensualités. Dans ce cas,
l’entreprise choisit généralement de déclarer le véhicule comme étant volé auprès
des autorités, ce qui place le client dans une situation illégale de recel de vol.
La gestion du risque est un élément crucial et extrêmement chronophage pour
Autocito. Pour que son modèle économique s’avère rentable, l’entreprise se doit de
réussir à limiter celui-ci, mais surtout de réussir à le gérer le plus efficacement
possible dès lors que celui-ci se présente. Ainsi, que les véhicules soient déclarés
comme volés ou non, il est essentiel de parvenir à les récupérer dans les meilleurs
délais dès lors que les clients ne sont plus en mesure de les payer, afin de les
remettre dès que possible en circulation et d’éviter l’accumulation des dettes. Pour
ce faire, l’entreprise s’appuie principalement sur des balises GPS placées à l’intérieur
de ses véhicules.
Initialement, les positions de ces balises étaient directement contrôlées par Laurent
et Clément, qui se rendaient à l’adresse indiquée munis d’un double des clés, afin de
reprendre possession du véhicule. Ce faisant, ils mettaient en danger leur propre
sécurité et agissaient en dehors de tout cadre légal. Ils n’étaient donc théoriquement
pas dans leur droit et ne pouvaient alors pas se permettre de demander aux clients
les indemnités auxquelles ils auraient normalement pu prétendre.
Depuis peu, cette stratégie de reprise “sauvage” s’estompe doucement, au profit de
moyens plus légaux et plus sécurisants pour les membres de l’équipe, notamment à
travers le recours aux autorités. En effet, un agent de police du commissariat de
Champs-sur-Marne, particulièrement compréhensif, accepte désormais de prendre
les dépositions de l’entreprise dès lors qu’une situation devient périlleuse pour celle-
ci. En plus de cet aspect légal, un abonnement souscrit auprès de l’entreprise de
géolocalisation permet l’accès à un service de récupération des véhicules par des
prestataires, qui limite l’exposition directe des employés d’Autocito à des clients
potentiellement dangereux ou menaçants.
Malgré ces nouvelles mesures, la gestion du risque est encore largement perfectible
et représente toujours un enjeu important et extrêmement chronophage pour
l’entreprise, au détriment d'activités à forte valeur ajoutée telles que la fidélisation
des clients.
C) La santé mentale
Malgré le consensus au sein de l'équipe sur le fait qu'ils gèrent principalement
des clients à haut risque et font face à des situations majoritairement négatives, nous
avons observé un phénomène intéressant de déni collectif. Ce déni se manifeste par
une tendance à minimiser la gravité des situations rencontrées. Une des méthodes
employées par l'équipe pour y parvenir est l'humour : les membres de l'équipe ont
tendance à plaisanter sur les difficultés rencontrées avec certains clients,
transformant ainsi les défis professionnels en anecdotes légères. De plus, les
discussions autour de ces clients ou de situations particulières sont souvent teintées
d'irréalisme. Les membres adoptent une perspective détachée, traitant les scénarios
complexes comme s'ils étaient éloignés de leur réalité professionnelle immédiate.
Cette attitude peut servir de mécanisme de défense, aidant les membres de l'équipe
à maintenir leur équilibre émotionnel face à un flux constant de situations
stressantes. Toutefois, elle soulève également des questions sur la manière dont
cette distanciation affecte leur capacité à aborder de manière constructive les
problèmes inhérents à leur travail avec des clients à haut risque.
Néanmoins, il convient de noter que certains membres de l'équipe sont
pleinement conscients des risques associés à leur travail avec des clients à haut
risque comme le souligne Clara : “c’était inquiétant, on sait que certains clients ont
fait de la prison ou autre donc on sait de quoi ils sont capables.” Cette prise de
conscience entraîne chez eux une préoccupation profonde pour le bien-être de leurs
collègues. Conscients des défis et des situations potentiellement dangereuses
auxquels ils sont tous confrontés, ces membres ressentent une responsabilité accrue
non seulement envers leurs clients mais également envers leurs pairs. Cette
inquiétude pour la sécurité et le bien-être des collègues ajoute une couche
supplémentaire de charge mentale. Les efforts déployés pour maintenir un
environnement de travail sûr, tout en gérant les risques liés à leur clientèle, exigent
une vigilance constante et un soutien mutuel. La reconnaissance de cette charge
mentale est cruciale, car elle souligne l'importance de mettre en place des
mécanismes de soutien adéquats pour préserver la santé mentale et le bien-être de
l'équipe dans son ensemble. Des stratégies de soutien psychologique et des
espaces de dialogue ouverts sont essentiels pour permettre aux membres de
l'équipe de partager leurs préoccupations et de chercher ensemble des solutions
pour atténuer les risques et les pressions liés à leur environnement de travail
exigeant.
Ces critères sont actuellement basés sur le “feeling” et ne sont pas clairement définis
ce qui engendre le risque de passer à côté de potentiel bon clients ou encore de
prendre des clients qui seront problématiques. C’est pourquoi nous proposons
d’établir des critères objectifs et mesurables pour sélectionner des clients. Cela
permettra d'améliorer la gestion des situations délicates et de prévenir les conflits en
évaluant efficacement le potentiel de chaque client. La mise en place de ces critères
permettra aussi de faciliter l’intégration des nouveaux membres de l’équipe.
Un processus bien établi pour gérer les impayés est essentiel. Ce processus doit
inclure une communication efficace et des résolutions à l'amiable, tout en gardant le
recours aux autorités comme ultime recours pour éviter l’auto-justice. Le respect des
conditions générales de vente est également vital pour maintenir une défense
juridique solide, il faut donc former les équipes sur ces conditions.
3. Renforcement de la stratégie sur le client
Il est important pour Autocito d’être réellement présent tout au long du contrat que ce
soit des bons ou des mauvais clients pour maximiser la fidélité mais aussi pour
identifier de manière proactive les besoins et résoudre les problèmes dès leur
apparition.