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Physiologie Digestive et Nutrition

L3 BCGS-SVT – UE SVT363 – EC2 SVT363

THERMOREGULATION

Pr Nicole IDOHOU-DOSSOU

OBJECTIFS DU COURS

Comprendre les mécanismes du maintien de l’équilibre thermique chez l’homme


Objectifs spécifiques
- Expliquer l’utilisation de l’énergie provenant des nutriments par l’organisme
- Définir la thermorégulation
- Expliquer les mécanismes d’échange de chaleur
- Expliquer les réponses thermorégulatrices
- Expliquer le système de contrôle
- Expliquer les variations physiologiques et pathologiques

RAPPEL DES NOTIONS SUR LE METABOLISME ENERGETIQUE

A quoi servent les nutriments ?


Les nutriments sont utilisés par l’organisme pour produire de l’énergie, fabriquer les
constituants de base de nos cellules et maintenir les équilibres chimiques de notre corps
Toutes les fonctions de l’organisme utilisent de l’énergie.
Pour couvrir ses besoins, l’homme puise l’énergie dans le milieu extérieur ou dans ses
réserves à partir des nutriments et la transforme en une autre énergie chimique utilisable,
l’ATP
L’énergie provient donc de l’oxydation des aliments et est transformée en énergie
métabolique sous forme d’ATP

Énergie et Équilibre énergétique


L’organisme vivant peut transformer l’énergie reçue des aliments en d’autres formes comme :
énergie mécanique (travail) chimique (synthèse des molécules) ou transport des molécules de
part et d’autre de la membrane (phénomène osmotique
On définit l’équilibre énergétique comme une balance entre :
‒ Les ingesta (apports alimentaires) la dépense énergétique totale (energy
expended) lorsque les réserves sont stables.

• l’énergie ingérée (I) = dépense énergétique totale (DET)

*Un bilan énergétique est positif (I > DET) quand les ingesta augmentent par rapport aux
dépenses ou quand celles-ci diminuent. Les réserves augmentent, ce qui entraîne un gain de
poids.
*Un bilan énergétique est dit négatif (DET > I) quand les ingesta diminuent par rapport aux
dépenses ou quand les besoins énergétiques augmentent. Les réserves diminuent, ce qui entraîne
une perte de poids

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La dépense énergétique totale (DET)

Les composantes de la DET sont les suivantes :


Dépense de base ou Métabolisme de base
Aliments +Oxygène Energie Dépense liée à l’acte alimentaire
Dépense liée à l’activité Physique
Dépense de Thermorégulation

THERMOREGULATION

La thermorégulation comprend l’ensemble des fonctions qui règlent la production et le transport


de la chaleur en fonction des conditions thermiques de l’environnement de sorte que la
température centrale reste constante proche de 37°C

A - Définitions

Nomenclature

Classique Actuelle Spécificité

Animaux à sang chaud endothermes source de chaleur située


(Homéotherme) dans l’animal

Animaux à sang froid ectothermes utilise un apport


(Poïkilotherme) extérieur de chaleur

Parmi les ectothermes, on trouve :


-les poissons soumis à la température des eaux
-les amphibiens, les reptiles qui modulent leur température corporelle par un comportement
(exposition au soleil, à l’ombre).

Parmi les endothermes, on peut citer :


-les oiseaux
-l’homme

Chez l’homme, le « noyau central » représente 80 % de la masse corporelle et maintient une


température constante. Le reste 20 % est constitué de l’« écorce » d’une épaisseur ~ 2,5 cm
dont la température fluctue suivant les diverses régions du corps et selon les températures
ambiantes.
On a donc un échange de chaleur entre :

- Le noyau et l’écorce (échange par convection sanguine). Le sang est le principal


véhicule du transfert de chaleur entre noyau et écorce
- L’écorce et le milieu ambiant (environnement)
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Le noyau central (température constante) est le siège de la thermogenèse
L’écorce (température variable) est le siège de la thermolyse

B - Les échanges thermiques

1) Les échanges thermiques entre l’organisme et l’environnement

On distingue 3 types d’échanges :


- La convection (ex. : le vent)
- L’évaporation (ex. : peau, poumon)
- La radiation (ex. : photons du soleil, parois radiantes)

-Les échanges par convection : 2 systèmes peuvent s’échanger de la chaleur par l’intermédiaire
d’un fluide vecteur qui se réchauffe dans un système et se refroidit dans l’autre. Les échanges
par convection s’effectuent en fonction de la différence de température.
Le mouvement du fluide vecteur (l’air) peut être lié aux variations de densité provoquées par
les échanges de chaleur (l’air au contact de la peau se réchauffe, sa masse volumique diminue,
il s’élève balayant toute la surface cutanée et est remplacé localement par de l’air plus froid,
etc…) ou par une énergie extérieure (le vent).
-Les échanges par radiation
En milieu transparent comme l’air, la propagation de la chaleur se fait sous forme d’émission
électromagnétique infra rouge. La peau, quelle que soit sa couleur se comporte comme « un
corps noir » c’est-à-dire un corps qui absorbe et transforme en chaleur toute l’énergie
rayonnante (soleil, feu) qu’il reçoit.
-Les échanges par évaporation
La quantité de chaleur perdue par évaporation dépend du débit d’eau sécrétée et de
l’environnement.
Si l’air est sec et en mouvement, toute eau sécrétée est évaporée. Si l’air est stagnant et humide,
l’évaporation est limitée.
L’air expiré est saturé d’eau provenant des échanges gazeux pulmonaires. Pour une ventilation
normale, la quantité d’eau évaporée est 15 ml/heure.

2) Les échanges thermiques à l’intérieur de l’organisme

A l’intérieur du corps, la chaleur se propage de proche en proche des points chauds vers les
points froids. Les échanges se font par convection sanguine
Le modèle physiologique consiste à considérer comme température centrale celle de
l’hypothalamus. Cette température correspond en clinique à une température intra-rectale de
36,7°C au réveil, 37,2°C au coucher.
Le transport de la chaleur produite par tous les tissus se fait par convection sanguine.
La conductance tissulaire étant très faible, les échanges par conduction ne se font
qu’accessoirement.

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3) Equation de l’homéothermie
Les sources de chaleur (thermogenèse) sont essentiellement liées à l’activité des muscles
squelettiques (20 %), aux métabolismes hépatique (20 %), cérébral (18 %) et myocardique (13
%). La capacité calorifique du noyau central change peu. Par conséquent, pour maintenir une
température constante, le bilan des échanges caloriques du noyau doit être nul. Ce qui se traduit
par la chaleur produite M = la chaleur perdue. Donc, M = C + R + S + E.
M = chaleur produite d’origine métabolique
C = transferts thermiques par conduction ou convection
R = échanges thermiques par radiation ou rayonnement
S = stock de chaleur (par l’écorce)
E = évaporation (est toujours (-) car correspond à une perte de chaleur)

C - Les réponses thermorégulatrices

La thermorégulation se subdivise donc en :


-Thermorégulation chimique : c’est-à-dire l’ensemble des fonctions qui régulent la
production de chaleur (thermogenèse). Cette thermorégulation chimique ne fonctionne que
dans le sens d’une augmentation de la consommation d’O2.
-Thermorégulation physique : c’est-à-dire le transport de la chaleur en fonction des
conditions thermiques environnantes (thermolyse).

Remarque : Il ne faut pas confondre thermorégulation et comportement adapté ou acclimatation


même si les réactions de thermogénèse qui permettent de maintenir l’homéotherme en ambiance
froide ne sont efficaces qu’accompagnées d’un comportement adapté (ex. : se vêtir).
L’homéothermie ne concerne que le noyau central.
Il ne faut pas confondre aussi chaleur et température. La chaleur est un transfert d’énergie qui
est dit désordonné alors que la température caractérise l’état d’un corps et peut être mesurée en
°C ou en Kelvin (°K).

Un système vivant ne peut maintenir sa structure qu’au prix d’une transformation constante
d’énergie libre en chaleur. Cette production de chaleur ou thermogénèse de repos correspond
au métabolisme de repos.
L’équilibre dynamique entre la production de chaleur et sa déperdition pour maintenir une
température centrale (celle du noyau et en particulier celle de l’hypothalamus) constante, se
maintient grâce à un certain nombre de réponses de l’organisme. Ces réponses, dites
thermorégulatrices, compensent le déséquilibre que peuvent provoquer des perturbations liées
aux conditions ambiantes et/ou aux changements de l’activité métabolique.
-A la neutralité thermique, pour un travail effectué en période post-prandiale, la
thermolyse se déclenche.
-Pour une température ambiante supérieure à la neutralité thermique, même au repos, la
thermolyse se déclenche (sudation, évaporation).
-Pour une température ambiante inférieure à la neutralité thermique, la part de chaleur
liée au travail et à l’ADS peut être utilisé pour maintenir l’homéostasie thermique. Cette

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thermogenèse de régulation se décompose en deux parties : la thermogénèse sans frisson et la
thermogénèse frisson dépendante.

1) Réponses thermorégulatrices chimiques ou thermogénèse


Pour lutter contre le froid, il faut : soit limiter la perte de chaleur qui peut se faire par
vasomotricité cutanée (vasoconstriction), soit accroître la production de chaleur interne.
-La vasoconstriction. Dans la zone de confort thermique (entre 18°C et 32°C),
au repos, la réponse physiologique de l’endotherme est la vasoconstriction des artérioles
cutanées qui diminue la température de la peau et des tissus sous-jacents et limite ainsi les
échanges de chaleur. Cette régulation se fait au détriment de l’irrigation des tissus, d’où le risque
d’hypoxie tissulaire.
-Accroissement de la production de chaleur
a) Le frisson thermique
C’est un tremblement des muscles striés squelettiques. C’est un mouvement involontaire
rythmique qui commence par les masséters (claquement des dents) s’intensifie pendant
l’inspiration, s’étend et se généralise par la suite. Chez l’homme adulte, c’est la principale
source de thermogénèse.
La production de chaleur peut atteindre 5 fois le métabolisme de repos mais on ne peut pas
frissonner plus de 3 à 5 heures car le sujet s’épuise rapidement. C’est donc un mécanisme
d’urgence, impossible à soutenir indéfiniment et qui apparaît lors de l’exposition à un froid
intense.

b) La thermogénèse sans frisson


Chez le nouveau-né, la défense contre le froid est assurée principalement par une augmentation
de la vitesse des cycles énergétiques du tissu adipeux brun (mêlés aux adipocytes blancs).
Chez l’adulte, ce tissu spécialisé paraît peu fonctionnel. Il ne subsiste qu’à l’état de traces.
Chez l’adulte, lorsque la température extérieure diminue, cette baisse déclenche, par
l’intermédiaire des thermorécepteurs cutanés et centraux (notamment hypothalamiques), le
système de régulation thermique. A partir du centre hypothalamique, il y a activation successive
de la sécrétion de catécholamines (quelques minutes), d’hormones thyroïdiennes et de
glucocorticoïdes (quelques heures) qui accroissent la dépense énergétique. Le maintien de la
chaleur ainsi générée se fait par vasoconstriction, celle-ci induisant une diminution des pertes
thermiques de radiation et de convection.

2) Réponses thermorégulatrices physiques ou thermolyse


L’homme peut résister à des températures ambiantes de l’ordre de 100°c en ambiance sèche et
ventilée à condition de pouvoir évacuer la chaleur produite. 2 types de mécanismes permettent
de réaliser cette évacuation.
- La vasodilatation cutanée modifie le débit sanguin des artérioles cutanées. Elle
intervient chez le sujet au repos et permet de lutter contre la chaleur en augmentant la
température cutanée qui entraîne une diminution de la différence de température entre les
organes et la peau. Mais, il peut y avoir risque d’hyperthermie.
- La sudation. La thermolyse réalisée par la sudation thermique est déclenchée
par l’augmentation de la température centrale (et/ou cutanée). La sudation apparaît à partir
d’une température ambiante de 25°C chez le sujet au repos et modérément vêtu. Le sujet dévêtu
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transpire à partir de 32°C. C’est le seul processus de thermorégulation efficace au-delà de 35°C.
En effet, lorsque la température ambiante atteint 35°C, les échanges par radiation et convection
s’inversent et l’équation de l’homéothermie devient M + R + C = E, la sudation s’étend de la
face à la presque totalité de la peau.
La sudation dépend des structures spécialisées effectrices : les glandes sudoripares. Ces glandes
sont de deux types : apocrines et eccrines.
Seules les glandes sudoripares eccrines participent à la sécrétion sudorale thermorégulatrice.
Ces glandes sont présentes sur l’ensemble de la surface du corps, la masse totale étant d’environ
100 g (celle d’un rein).
Le débit sudoral maximum chez l’homme est de 2 litres par heure pendant 30 minutes.
L’évaporation d’un tel débit permet d’éliminer une quantité de chaleur égale à plusieurs fois le
métabolisme de base. La sudation est donc très efficace. Un sujet peut perdre plus de 20 000
KJ/jour à condition de compenser les pertes hydriques.
Seule la sueur évaporée intervient dans les échanges thermiques. La sueur qui ruisselle ne rentre
pas en compte. Ceci souligne l’importance de l’humidité de l’air. En climat tropical humide où
l’air est saturé en vapeur d’eau, l’inconfort est plus grand.

D - Le système de contrôle
L’hypothalamus antérieur est le siège des commandes thermorégulatrices s’opposant à
l’échauffement (vasodilatation, sudation) et l’hypothalamus postérieur, celui des réponses au
froid (vasoconstriction, frissons). L’activité d’un centre inhibe l’autre (fig 1).
Les effecteurs sont :
-les artérioles cutanées qui jouent sur les transports thermiques entre le noyau et la peau.
-les muscles squelettiques : augmentation de la production de chaleur (frissons).
-et les glandes sudoripares eccrines qui sécrètent la sueur dont l’évaporation augmente
les pertes de chaleur.
Les ordres moteurs et sécrétoires qui partent des centres gagnent les effecteurs par voie nerveuse
et humorale.
Les glandes sudoripares sont sous contrôle sympathique cholinergique mais peuvent également
libérer un polypeptide : la bradykinine.
Les muscles lisses des vaisseaux cutanés sont sous contrôle sympathique noradrénergique. Ils
sont également activés par l’adrénaline sécrétée par la médullosurrénale.
Les muscles squelettiques intervenant dans le frisson sont commandés par les voies motrices
extra pyramidales.

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Figure 1 : Mécanismes de contrôle de la thermorégulation

E - Variations physiologiques et pathologiques

La température centrale n’est pas parfaitement constante. Il existe des variations


physiologiques :
-elles sont liées au rythme circadien : 36,7°C au réveil, 37,2°C au coucher.
-elles surviennent pendant la phase progestative du cycle mensuel (+ 0,5°C). Ce
phénomène est utilisé pour situer l’ovulation.
-elles apparaissent également au cours de l’exercice musculaire prolongé et
intense (épreuves sportives). La température rectale peut atteindre 39°C à 40°C.

Les variations pathologiques sont :


-L’hyperthermie due à une exposition à une température ambiante chaude et humide
(travail dans certaines industries ou dans des mines). L’augmentation de la température centrale
jusqu’à 40° - 41°C est supportable. Au-delà, c’est la convulsion. Le système thermorégulateur
est bloqué et la mort peut survenir rapidement.
-L’hypothermie. L’homme est un endotherme imparfait dans la zone du froid. Quand la
température centrale baisse à 33°C, le sujet perd conscience. Vers 28°C, le myocarde fibrille et
le sujet meurt.
Remarque : On peut obtenir une hypothermie (25°C) sous anesthésie générale par blocage de
l’appareil thermorégulateur : intervention chirurgicale, à la fin de l’intervention, le cœur est
« défibrillé » par choc électrique.

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-La fièvre. Au cours de l’épisode fébrile, le système thermorégulateur fonctionne mais
les centres changent de point de référence ; au lieu de 37°C, la régulation se fait autour de 38-
39°C. Certains médicaments comme l’aspirine peuvent rétablir le niveau de contrôle en
inhibant la production de substances pyrogènes comme les prostaglandines E2. En effet les
prostaglandines, produites par des bactéries gram-, induisent à leur tour la réaction de fièvre
en augmentant la température de consigne de 37° à 38-39°C.

Sources : Benbernou Soumia, Troubles de la thermorégulation, Urgences Médicales CHU Oran

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