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Tan Vo-Thanh
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Management hôtelier :
stratégie de portefeuille de marques
Tan Vo Thanh
Dans ce chapitre, nous proposons une revue de la littérature sur les principaux
concepts et stratégies liés au management hôtelier. Dans un premier temps, nous
définissions les différentes catégories d’hôtel, en analysant les caractéristiques dis-
tinctives de chacune. Dans un deuxième temps, nous présentons les différents sta-
tuts des hôtels. Dans un troisième temps, nous évoquons l’évolution des concepts
hôteliers et la distribution hôtelière. Enfin, nous détaillons les dimensions d’une
stratégie de portefeuille de marques spécifiques au secteur hôtelier, étant donné
que cette stratégie est à ce jour méconnue dans la littérature francophone sur le
management hôtelier. Dans un contexte mondialisé, la stratégie de portefeuille de
marques apparaît comme celle bien adaptée à l’internationalisation des entreprises
hôtelières. En guise de conclusion, les éléments critiques de la réussite d’une stra-
tégie de portefeuille de marques hôtelières sont discutés.
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apportant ainsi une garantie officielle de qualité de service et de confort aux clien-
tèles. Les deux autres types de classement reposent davantage sur l’identification
des clientèles, affichant ainsi un positionnement plus clair en matière de presta-
tions offertes dont certaines sont plus ou moins intangibles. Une orientation client
est plus nette. Particulièrement, sur le plan de la communication, le classement
par le prix offre, en matière de prestations offertes, une information plus claire
aux clientèles. Privilégiant l’orientation client, nous faisons le choix de présenter le
classement par le prix. Classés par le prix, les hôtels peuvent aller de ceux à service
limité à ceux à service choisi et jusqu’à ceux de luxe en passant par ceux à service
complet.
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Hôtels de luxe
Dotés d’une décoration et d’un mobilier luxueux, les hôtels de luxe offrent une
gamme complète de services et de commodités. Ces hôtels disposent générale-
ment d’un service de conciergerie, de plusieurs services de restauration compre-
nant un restaurant gastronomique, des installations de banquet, et d’un service
d’étage complet (disponible 24h/24 ou quasiment 24h/24). En outre, des instal-
lations de loisirs sont normalement disponibles (Barrows et al., 2012). Le nombre
d’employés par chambre est élevé et le prix des chambres est bien supérieur à
la moyenne du marché (Tomasevic, 2018). Les chercheurs reconnaissent que les
hôtels de luxe sont généralement de grande qualité (Tomasevic, 2018). Par rap-
port à la consommation régulière, les clients cherchent à satisfaire un ensemble
de valeurs différent lorsqu’ils se lancent dans la consommation de luxe (Tynan,
McKechnie, & Chhuon, 2010). Ils achètent des produits de luxe principale-
ment pour se montrer. Le statut est une des principales motivations de ce type de
consommation (Tomasevic, 2018). Les clients des hôtels de luxe, très dépensiers,
recherchent habituellement de la qualité et du prestige (Tomasevic, 2018).
Bien qu’il existe un brouillage de frontière entre luxe et haut de gamme, certains
font la différence entre ces deux catégories. Pour distinguer le luxe du haut de
gamme, la littérature du management hôtelier fait appel au niveau de personna-
lisation des prestations (Sherman, 2007). D’autre part, en matière de services de
luxe, Veblen (1970) fait valoir la consommation ostentatoire qui s’accompagne
d’une certaine division du travail de l’accueil et de l’accompagnement des clients.
L’essence du luxe repose sur les formes des prestations (Bourdieu, 1979) : attitudes
du personnel très cérémonielles et codes de conduite et d’expressions très stricts.
Dans les hôtels de luxe, l’accueil est organisé de manière à libérer les clients de
toute tâche physique. Les salariés sont chargés par exemple d’ouvrir la porte aux
passages des clients, de garer leurs voitures ou de prendre en charge leurs bagages.
Il s’agit d’actes symboliques qui célèbrent le pouvoir pécuniaire du consomma-
teur (Veblen, 1970). Généralement, les hôtels de luxe font référence à un service
d’exception. Consommer de l’hôtellerie de luxe ne se résume pas à réserver une
chambre dans un cadre de prestige. Le luxe se trouve dans d’autres éléments :
un service personnalisé, une expérience inoubliable, un caractère exclusif… Par
ailleurs, les hôtels de luxe ne constituent pas un univers homogène : certains sont
indépendants, d’autres appartiennent à des chaînes. Ils se différencient aussi pour
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Distribution hôtelière
L’efficacité de la distribution est déterminante dans l’industrie hôtelière, du fait de
sa nature. Une chambre d’hôtel invendue ne peut être stockée. Les hôtels utilisent
les différents canaux de distribution, non électroniques et électroniques. À part
leur distribution directe, ils peuvent s’appuyer sur un réseau de nombreux distri-
buteurs de produits touristiques : agences de voyages (online et offline), grande
distribution, associations et comités d’entreprises, offices de tourisme, comités du
tourisme, infomédiaires (exemple, TripAdvisor), comparateurs de prix, GDS, sites
Internet de réservation d’hôtel (exemple, Booking, Hotels), réseaux sociaux…
Compte tenu d’un nombre important de canaux possibles de distribution, les
hôtels doivent mobiliser une réflexion stratégique sur le choix de ces canaux, dont
les arguments sont le coût, le contrôle, la possibilité de gérer la relation client et
l’adaptation du canal ou des canaux aux besoins de la cible (Clergeau et al., 2014).
Toutefois, le multicanal semble être privilégié par les hôtels, qu’ils soient indépen-
dants ou des groupes.
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Comparés avec les canaux non électroniques, ceux électroniques peuvent tou-
cher la quasi-totalité des publics. Ils permettent de faire des réservations en rédui-
sant le temps, les prix et l’inconfort liés aux méthodes traditionnelles (O’Connor,
2002). De tels avantages ont conduit à un boom de l’utilisation des moyens
électroniques pour la distribution des produits touristiques. Par ailleurs, Internet
permet à des hôteliers indépendants de se hisser au niveau des chaînes les plus
puissantes et de s’ouvrir sur le monde entier pour un coût relativement minime
(Panayotis, 2002). En plus, il y a de plus en plus de touristes qui privilégient les
réservations d’hôtel en ligne. Tout ceci explique la réussite des sites Internet de
réservation d’hôtel tels que Booking.com, Hotels.com…
Outre les ordinateurs de bureau, les touristes utilisent aussi les appareils mobiles
pour réserver des produits et services de voyage. Compte tenu de la popularité
croissante des applications mobiles, il y a de plus en plus de touristes qui les uti-
lisent pour rechercher des informations et effectuer des achats en ligne.
Généralement, les canaux électroniques gagnent de l’importance pour la distri-
bution hôtelière. Toutefois, à ce jour, ils n’ont pas totalement remplacé le contact
direct personnalisé. Les agences de voyages traditionnelles, bien que leur rôle soit
moins important qu’avant, sont encore nécessaires pour servir certains groupes de
clients (Law, Leung, Lo, Leung, & Fong, 2015). Améliorer l’efficacité des réseaux
de distribution reste un grand défi des hôtels indépendants et des chaînes inter-
nationales. On observe qu’ils prêtent plus d’attention à la distribution en ligne.
Cependant, jusqu’à aujourd’hui, les intermédiaires en ligne tels que Booking.com,
Hotels.com… gardent toujours leur contrôle de la distribution. D’autre part, une
nouvelle tendance gagnerait du terrain : distribution sur les réseaux sociaux.
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Nombre de segments
Bien que les chercheurs s’accordent pour dire qu’un segment est une mesure utili-
sée pour évaluer la similarité des besoins des consommateurs et des bénéfices des
produits, il n’existe cependant pas de définition cohérente parmi les entreprises du
secteur hôtelier (Wang & Chung, 2015). Le nombre de segments peut refléter les
marchés de niche dans lesquels une entreprise entre. Un portefeuille de marques
disposant de plusieurs segments indique généralement la capacité accrue de l’en-
treprise à répartir les risques entre les différents marchés et à obtenir des retours sur
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investissement sur une longue période (Aaker, 2004). Cependant, un trop grand
nombre de segments peut également poser des problèmes quant à la perception
par les clients des marques (Sichtmann & Diamantopoulos, 2013).
Concurrence intra-portefeuille
Marques au sein d’un segment
Les marques d’un même segment proposent aux clients des offres présentant des
caractéristiques, fonctions et qualité similaires. Ainsi, pour satisfaire les deman-
deurs de nouveautés, les entreprises hôtelières proposent plusieurs marques à un
segment donné. Ces marques ciblent les clients dont le profil est plus ou moins
similaire, tout en élargissant leur part de marché (Morgan & Rego, 2009). La
concurrence interne qui en résulte crée un marché interne permettant de dis-
suader les concurrents potentiels de rejoindre ce marché de niche. Les marques
d’une entreprise appartenant au même segment peuvent également partager des
ressources et expériences. Pour les segments où les clients préfèrent expérimenter
quelque chose de nouveau, les entreprises peuvent proposer davantage de marques
afin de réduire leur comportement de commutation. À ce sujet, Wang et Chung
(2015) citent un très bon exemple concernant le groupe hôtelier Morgans, qui se
concentre sur le segment du style de vie de luxe, propose de ce fait huit marques :
Mondrian, Hudson, Morgans, Royalton, Clift, Delano, Sanderson et St Martins
Lane. Bien que plusieurs marques au sein d’un même segment attirent des clients
en quête de variété et génèrent des économies d’échelle en matière de publicité, de
vente et de gestion (Cobena, Gallego, & Casanueva, 2019), la firme doit garantir
une concurrence interne saine entre les marques et prendre en compte la taille et
la croissance du marché cible.
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2011). De plus, un autre risque apparent est le potentiel effet de contagion d’une
image négative de l’endosseur sur ses marques endossées (Erdem & Sun, 2002).
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Nombre de pays
Même si nous pensons souvent que les pays d’un continent sont unifiés par une
culture similaire, il existe encore des différences évidentes et importantes entre ces
pays. De plus, les taux de change, les lois, les réglementations, le coût des ingré-
dients et la main-d’œuvre ne sont pas les mêmes lors du franchissement des fron-
tières nationales (Dev, Thomas, Buschman, & Anderson, 2010). Par ailleurs, des
images et cultures des destinations variées incitent les entreprises du secteur hôte-
lier à développer une stratégie de portefeuille de marques à travers les différents
pays. Kang et Lee (2014) soulignent que la diversification géographique et celle
des maques peuvent influencer positivement la performance de la firme. Ainsi, la
stratégie de portefeuille de marques basée sur les différences géographiques peut
aider une firme à atteindre ses objectifs de performance.
Conclusion
Dans un contexte mondialisé caractérisé à la fois par une forte mobilité géogra-
phique et une diversité de la clientèle potentielle, la stratégie de portefeuille de
marques apparaît comme étant celle adaptée au développement international
des firmes hôtelières. Bien que les dimensions d’une stratégie de portefeuille de
marques soient déjà identifiées dans la littérature, celles-ci ne mesurent pas parfai-
tement les caractéristiques spécifiques du secteur hôtelier. Ainsi, Wang et Chung
(2015) proposent quatre dimensions d’une stratégie de portefeuille de marques
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