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2023-2024

MASTER : MANAGEMENT STRATEGIQUE


ET FINANCE D’ENTREPRISE
MATIERE : SYSTEME DE MANAGEMENT

LA RESPONSABILITE SOCIALE ET
ENVIRONNEMENTALE DES
ENTREPRISES

Réalisé par :
MOUNIR AL OUALITI
MOHAMED AZDAD
ISMAIL ECH-CHAHIDI
MOHAMED EL MOUTAOUKIL
RACHID AGHMACH

Encadré par : Pr BALHADI Mohamed


DR. BALHADI MOHAMED
1
SOMMAIRE
SOMMAIRE ........................................................................................................................................................................1

LISTE DES FIGURES .......................................................................................................................................................... 2

LISTE DES ABREVIATIONS ............................................................................................................................................... 3

INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................................................................ 6

PARTIE I- FONDEMENTS THEORIQUES DE LA RESPONSABILITE SOCIALE DES ENTREPRISES ................................... 8

CHAPITRE I- CONTEXTE GENERAL DE LA RSE ................................................................................................................ 8

SECTION I- LE CONCEPT DE DEVELOPPEMENT DURABLE ......................................................................................... 8


SECTION II- RESPONSABILITE SOCIETALE DES ENTREPRISES ET REPORTING ESG ................................................ 11
Section III- Investissement responsable (IR) ........................................................................................................... 14
CHAPITRE II- DEVELOPPEMENT DURABLE ET RSE AU MAROC ................................................................................... 17

SECTION I- MISE EN PLACE DES VALEURS RSE DANS LA CONSTITUTION ET LA CREATION DE CESE : ................ 18
SECTION II- L’ELABORATION DE LA STRATEGIE NATIONALE DE DEVELOPPEMENT DURABLE (SNDD) : ............ 19
SECTION III- LABEL RSE DE LA CGEM........................................................................................................................ 20
PARTIE II- LA MISE EN PLACE ET EVALUATION D’UNE DEMARCHE RSE ET REPORTING ESG................................... 22

CHAPITRE I- EVALUATION D’UNE DEMARCHE RSE ET REPORTING ESG .................................................................... 22

SECTION I- AVANTAGES DE LA RSE ET DU REPORTING ESG ................................................................................... 22


SECTION II- INITIATIVES EN LIEN AVEC LE MARCHE FINANCIER :........................................................................... 24
SECTION III -MISE EN ŒUVRE D’UNE DEMARCHE RSE AU SEIN DE L’ENTREPRISE .............................................. 27
CHAPITRE II- EVALUATION DE LA DEMARCHE RSE D’UNE ENTREPRISE.................................................................... 33

SECTION I- IMPORTANCE DES REFERENTIELS ET LABELS....................................................................................... 33


SECTION II- PROCESSUS DE CERTIFICATION ............................................................................................................ 34
SECTION III- COMMUNICATION SUR LA RSE A TRAVERS LE REPORTING ESG ...................................................... 38
CONCLUSION ................................................................................................................................................................. 43

BIBLIOGRAPHIE.............................................................................................................................................................. 44

1
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Objectifs du développement durable ........................................................................................................... 10
Figure 2 : Investissements responsable ........................................................................................................................ 14
Figure 3 : Différents Aspects RSE .................................................................................................................................. 16
Figure 4 : Les 7 enjeux prioritaires de la SNDD ............................................................................................................. 20
Figure 5 : Quelques avantages de l’adoption d’une démarche RSE ............................................................................ 24
Figure 6 : Processus de certification ............................................................................................................................. 34
Figure 7 : Activités et processus .................................................................................................................................... 35
Figure 8 : recenser l'Impact de l'entreprise .................................................................................................................. 36
Figure 9 : Définition des objectifs.................................................................................................................................. 36
Figure 10 : Définir et mettre en œuvre les actions ....................................................................................................... 37
Figure 11 : Principes de reporting ESG ........................................................................................................................... 39

2
LISTE DES ABREVIATIONS
RSE : RESPONSABILITE SOCIAL DES ENTREPRISES ;
ESG : ENVIRONNEMENT, SOCIAL ET GOUVERNANCE ;
ONU : ORGANISATION DES NATIONS UNIES ;
OIT : ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL ;
ISO : ORGANISATION INTERNATIONALE DE NORMALISATION ;
OCDE : ORGANISATION DE COOPERATION ET DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUES ;
GRI : GLOBAL REPORTING INITIATIVE ;
ISR : INVESTISSEMENT SOCIALEMENT RESPONSABLE ;
IFC : LA COMMUNAUTE FINANCIERE INTERNATIONALE ;
CESE : LE CONSEIL ECONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL ;
SNDD : LA STRATEGIE NATIONAL DE DEVELOPPEMENT DURABLE ;
INDH : L'INITIATIVE NATIONALE POUR LE DEVELOPPEMENT HUMAIN ;
CGEM : LA CONFEDERATION GENERALE DES ENTREPRISES DU MAROC ;
ONG : ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALE ;
OPCVM : ORGANISMES DE PLACEMENT COLLECTIF EN VALEURS MOBILIERES ;
ACAPS : L'AUTORITE DE CONTROLE DES ASSURANCES ET DE LA PREVOYANCE SOCIALE ;
AMMC : AUTORITE MAROCAINE DU MARCHE DES CAPITAUX
BAM : BANQUE AL MAGHRIB
CFC : CASABLANCA FINANCE CITY
GPBM : GROUPEMENT PROFESSIONNEL DES BANQUES DU MAROC
FMSAR : FEDERATION MAROCAINE DE L'ASSURANCE

3
INTRODUCTION GENERALE
Au cours des dernières décennies, le paysage économique mondial a été mise en face à l’émergence et l'évolution
de concepts fondamentaux au sein des entreprises qui ne se limite pas à la simple réalisation de profits financiers.
Mais prend en compte les effets sociaux et environnementaux des activités des entreprises, ainsi que leurs
relations avec toutes les parties prenantes, de l’autre sens L'abus d'utilisation des ressources naturelles et le risque
de leur épuisement ont manifesté comme des défis majeurs auxquels notre société est confrontée. Cette réalité
nous oblige à repenser notre approche envers le développement économique et à adopter une vision plus durable
et responsable. Cela nous amène à considérer le concept de développement durable, qui vise à répondre aux
besoins actuels sans compromettre la capacité des générations future.

Dans ce contexte la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est devenue un concept central dans le monde
des affaires et les entreprises reconnaissent de plus en plus l'importance d'intégrer ces considérations dans leurs
activités commerciales, cette conception a été traité par les travaux de Carroll, A.B. (1991)1, qui, dans son article
"The Pyramid of Corporate Social Responsibility"2, identifie quatre dimensions essentielles de la RSE, parmi ces
initiatives :

❖ Respecter la dimension d’éthiques (une gouvernance transparente) ;

❖ Protéger l'environnement ;

❖ Promouvoir le respect des droits de l'homme et du bien-être des employés (bien-être social) ;

❖ Et contribuer au développement économique et social des communautés locales3 .

Cette approche est fondée sur le principe selon lequel les entreprises ont la responsabilité d'apporter une
contribution positive à la société dans son ensemble, dépassant ainsi l'objectif simple qui tourne autour de la
simple maximisation des profits.

C'est ici que les critères ESG (Environnement, Social et Gouvernance) émerge afin de crée un cadre structuré pour
évaluer la démarche RSE mise en place par une entreprise et sa performance sur les trois volets : environnemental,
social et de gouvernance. En intégrant ces critères dans l'analyse et l'évaluation des entreprises, les différentes
parties prenantes et la société dans son ensemble peuvent évaluer de manière plus holistique4 l'impact et la
responsabilité des entreprises vis-à-vis de la société et de l'environnement.

C’est à ce stade qu’apparait l’élément investissement pour compléter la vision 360 de la RSE, en effet les
investisseurs cherchent de plus en plus à allouer leurs fonds à des entreprises qui adoptent des pratiques
responsables sur le plan environnemental, social et de gouvernance puisque l’adoption de ce processus pousse

1https://www.researchgate.net/publication/4883660_The_Pyramid_of_Corporate_Social_Responsibility_Toward_the_Moral_Management_of_Organizational_Stakeholders ;
2https://www.researchgate.net/publication/4883660_The_Pyramid_of_Corporate_Social_Responsibility_Toward_the_Moral_Management_of_Organizational_Stakeholders ;
3
McWilliams, A., & Siegel, D. 2001, "Corporate Social Responsibility: A Theory of the Firm Perspective" ;
4 https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/holistique/

6
les entreprise a continuer dans le temps et l’espace ,Grosso-modo cette tendance montre comment la RSE est
devenue un critère essentiel dans les décisions d'investissement, incitant les entreprises à améliorer leurs
pratiques et leur transparence.

Ainsi, cet enchaînement logique, de l'abus des ressources à la prise en compte de la RSE, des critères ESG et de
l'investissement responsable, reflète une évolution nécessaire dans notre approche du développement
économique, de la gestion des entreprises et de l'investissement. Il souligne l'importance croissante de la mise en
place de ce processus

La problématique qui devra être traité ici est la présente, Comment les entreprises peuvent-elles concilier leurs
impératifs économiques de rentabilité avec leurs responsabilités envers la société et l'environnement, tout en
favorisant un développement durable et éthique ?

7
PARTIE I- FONDEMENTS THEORIQUES DE LA RESPONSABILITE SOCIALE
DES ENTREPRISES
La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est un concept complexe et multidimensionnel qui repose sur des
fondements théoriques solides. Comprendre ces fondements est essentiel pour appréhender pleinement la
portée et l'importance de la RSE dans le contexte du management moderne. En s'appuyant sur les travaux de
chercheurs renommés tels que Carroll (1979), Elkington (1997), et Freeman (1984) émerge les principaux concepts
théoriques qui sont à l’origine de la RSE, offrant ainsi un éclairage sur son évolution, ses motivations et ses
implications.

Comme déjà cité dans l’enchainement proposé au niveau de l’introduction le premier aspect qui sera abordé est
le concept de développement durable5, qui constitue le socle sur lequel repose la RSE. Ensuite, nous examinerons
la définition et l'évolution de la RSE, en mettant en lumière ses origines historiques et les théories qui ont contribué
à sa conceptualisation. Enfin, nous nous focaliserons sur les principes fondamentaux du développement durable
qui guident les actions des entreprises engagées dans une démarche de responsabilité sociale.

Cette exploration des fondements théoriques de la RSE nous permettra de mieux appréhender les motivations
des entreprises à adopter des pratiques socialement responsables, ainsi que les défis et opportunités auxquels
elles sont confrontées dans cette démarche. En comprenant les bases conceptuelles de la RSE, nous serons mieux
préparées pour analyser son intégration dans le management d'entreprise et son impact sur la société et
l'environnement.

CHAPITRE I- CONTEXTE GENERAL DE LA RSE

SECTION I- LE CONCEPT DE DEVELOPPEMENT DURABLE

D’après LUKAS DIBLASIO BROCHARD dans son ouvrage ((LE DÉVELOPPEMENT DURABLE : ENJEUX DE
DÉFINITION ET DE MESURABILITÉ)) juin 2011 UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL, Le développement durable
est un concept très large. Il a été défini en 1987 par la commission mondiale sur l’environnement et le
développement relevant de l’organisation des nations unies (ONU)6 dans un rapport intitulé Our Common Future
(Notre avenir commun) comme étant « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre
la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».

Cette conception constitue l’aboutissement d’une prise de conscience progressive de la nécessité de gérer les
impacts humains sur la planète et de préserver l’environnement. En effet, les prémices de ce concept sont
apparues dès le début du 20ème siècle, puis se sont développées pour passer d’initiatives locales sur des sujets
spécifiques à une conception transversale et universelle portée par l’ONU.

A ce stade L'ONU souligne l'impératif d'une collaboration internationale pour instaurer un monde où chaque
individu et l'environnement trouvent leur juste place dans le contexte du développement durable. Selon la

5
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9veloppement_durable téléchargé le 18/02/2024
6
https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_des_Nations_unies téléchargé le 18/02/2024
8
résolution adoptée par l’assemblé générale le 25 Septembre 2015 4e séance plénière7, Cette vision est étayée8 par
l'adoption par les dirigeants des 193 pays membres de l'ONU en septembre 2015 du programme "Transformer
notre monde : le Programme de développement durable à l'horizon 2030". Ce programme, entré en vigueur le 1er
janvier 2016, est décrit dans la littérature comme étant composé de 17 objectifs clés axés sur la promotion de la
croissance économique, de l'inclusion sociale et de la préservation de l'environnement.

Bien que les objectifs de développement durable ne soient pas obligatoires, les pays se sont engagés à créer des
plans nationaux pour les accomplir. Ainsi, chaque pays doit adapter la façon dont il met en œuvre ce programme
en fonction de ses propres défis et circonstances.

Selon l’ONU, les objectifs de développement durable guideront l’action à mener dans les domaines suivants :

❖ L’humanité : faire en sorte que tout le monde ait assez à manger et soit bien traité ça veut dire éliminer la
pauvreté et la faim, sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions, et faire en sorte que tous les êtres
humains puissent réaliser leur potentiel dans des conditions de dignité et d’égalité et dans un environnement
❖ La planète : Les objectifs de développement durable nous montrent comment prendre soin de la planète
en utilisant moins de ressources et en préservant notre environnement. Cela implique également de combattre la
dégradation de la planète en adoptant des modes de consommation et de production durables, en gérant
judicieusement nos ressources naturelles pour répondre aux besoins des générations présentes et futures
❖ La prospérité : faire en sorte que tous les êtres humains aient une vie prospère et épanouissante et que le
progrès économique, social et technologique se fasse en harmonie avec la nature.
❖ La paix : En effet, il ne peut y avoir de développement durable sans paix, ni de paix sans développement
durable c’est pour ça que parmi les objectifs de développement durable c’est de nous a emmenez a créé des
sociétés où la paix règne, où chacun est traité de manière juste et où personne ne craint la violence. C'est crucial
car le développement durable et la paix sont étroitement liés : l'un ne peut se réaliser pleinement sans l'autre.
❖ Les partenariats : il s’agit de mobiliser les moyens nécessaires à la mise en œuvre d’un programme qui
consiste à réunir les ressources nécessaires pour réaliser ce programme grâce à un partenariat mondial renforcé
pour le développement durable, basé sur la solidarité et mettant l'accent sur les besoins des personnes les plus
pauvres et vulnérables, avec la participation de tous les pays, acteurs impliqués et populations.

Les objectifs du développement durables tels qu’adoptés par l’ONU sont illustrés ci-dessous9 :

7 https://unctad.org/system/files/official-document/ares70d1_fr.pdf téléchargé le 18/02/2024


8
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/%C3%A9tayer/31335
9
Source : http://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/

9
Figure 1 : Objectifs du développement durable

Source : https://www.fedenerg.ma/2022/07/13/developpement-durable-les-crises-mondiales-en-cascade-menacent-la-realisation-des-odd/

Bien que les différents états membres soient responsabilisés pour la mise en place de cadres nationaux
d’application des objectifs de développement durable, il est prévu que toutes les parties prenantes – les
gouvernements, la société civile, le secteur privé et les autres acteurs – contribuent à la réalisation du nouveau
programme.

En effet, l’ONU a mis en place une initiative destinée à mobiliser les organisations en faveur de la réalisation des
objectifs de développement durable : le Global compact. Cette initiative vise à mobiliser les organisations en faveur
de la réalisation des objectifs de développement durable en les invitant à aligner leurs stratégies et activités avec
les dix principes suivants10 :

❖ Promouvoir et respecter la protection des droits de l’homme tels qu’internationalement proclamés ;


❖ Veiller à ne pas être complice de violations de droits de l’homme ;
❖ Promouvoir la liberté d’association et reconnaitre le droit de négociation collective ;
❖ Eliminer toutes les formes de travail forcé ou obligatoire ;
❖ Abolir le travail des enfants ;
❖ Eliminer la discrimination en matière d’emploi et de travail ;
❖ Adopter une approche de précaution en ce qui concerne les questions environnementales ;
❖ Entreprendre des initiatives pour promouvoir une plus grande responsabilité en matière d’environnement ;
❖ Encourager le développement et la diffusion des technologies respectueuses de l’environnement ;
❖ Lutter contre toutes les formes de corruption, y compris les extorsions et les pots-de-vin.
Aujourd'hui, le Global Compact compte plus de 12 000 organisations signataires, issues de 170 pays et de divers
secteurs d'activité et tailles. Ces organismes signataires s'engagent à améliorer constamment leur performance
sur au moins l'un des principes énumérés et à rendre compte de leurs progrès chaque année. À ce jour, 16

10 Source : https://www.unglobalcompact.org/
10
organisations marocaines ont adhéré au Global Compact, parmi lesquelles la CGEM, Maroclear et quatre sociétés
cotées en bourse.

SECTION II- RESPONSABILITE SOCIETALE DES ENTREPRISES ET REPORTING ESG

A. LA RESPONSABILITE SOCIETALE DES ENTREPRISES

Avant d’expliquer le terme responsabilités sociétale des entreprises il est primordial de distinguer entre la
responsabilité sociale et sociétale des entreprises, selon (Aguilera, R.V., & Jackson, G. (2003). The Cross-National
Diversity of Corporate Governance: Dimensions and Determinants. Academy of Management Review, 28(3),
447–465) La distinction réside dans leur champ d'action et leur perspective. La RSE se concentre sur les initiatives
volontaires faite par les entreprises pour contribuer à la société au-delà de leurs obligations légales, telles que la
philanthropie11, le volontariat et les politiques environnementales durables. En revanche, la RSE englobe une
approche plus globale, intégrant les préoccupations sociales, environnementales et éthiques dans toutes les
facettes de l'entreprise.

Historiquement parlant c’est à partir du 20ème siècle que le mouvement de l'éthique des affaires a vu le jour aux
États-Unis, encourageant les dirigeants d'entreprise à intégrer les dimensions éthiques et morales dans leurs
décisions, en plus de l'objectif de maximisation des profits financiers.

Cette conception s’est progressivement développée pour redéfinir le rôle de l’entreprise. En effet une évolution
significative du rôle de l'entreprise s'est produite, dépassant le simple objectif de maximisation des profits et se
tournant vers un engagement envers la société dans son ensemble, adoptant une perspective à long terme. Cette
transition reflète un changement vers une approche plus globale de la responsabilité sociale des entreprises (RSE),
où les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales et économiques dans leurs
opérations. Cette idée est soutenue par des chercheurs tels que les travaux de Carroll (1991) 12et Elkington (1997)13,
qui ont mis en avant l'importance pour les entreprises de contribuer au bien-être général et à la durabilité à long
terme.

Cette dynamique a été impulsée14 par l’activisme de la société civile de plus en plus consciente et concernée par
les impacts négatifs des activités économiques sur l’environnement et les populations. Cette prise de conscience
collective a aussi poussé les nations et les instances internationales à mettre en place des cadres normatifs
(définitions, principes et règles) pour encadrer le développement économique en vue de le rendre plus inclusif,
équitable et durable. Ainsi, plusieurs cadres, sous formes de conventions internationales contraignantes et de
directives volontaires, sont apparus pour formaliser les principes universels dans les domaines sociaux et
environnementaux tels que :

❖ La déclaration tripartite de l’organisation internationale du travail (OIT)15 ;

❖ L’initiative OIT-ONU pour un socle de protection sociale ;

11
https://fr.wikipedia.org/wiki/Philanthropie

12 https://fr.wikipedia.org/wiki/Responsabilit%C3%A9_soci%C3%A9tale_des_entreprises
13 https://www.cairn.info/la-responsabilite-sociale-de-l-entreprise--9782715404168-page-35.htm
14 https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/impulser/42065
15 https://www.ilo.org/global/lang--fr/index.htm
11
❖ La déclaration de RIO sur l’environnement et le développement16 ;

❖ Les principes directeurs de l’OCDE17 ;

❖ Les principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme18.

Au fur et à mesure de l’élaboration de ces référentiels et de leur adoption, la conception de la RSE a aussi évolué.
En 2010, l’Organisation internationale de normalisation (ISO)19, dont les 164 membres sont les organismes
nationaux de normalisation, a élaboré un référentiel international sur la responsabilité sociétale : la norme ISO
2600020.

Selon la norme ISO 26000, la responsabilité sociétale des organisations se définit comme la prise en charge par
une entreprise des répercussions de ses décisions et de ses actions sur la société et l'environnement. Elle se traduit
par un comportement éthique et transparent qui :

❖ Favorise le développement durable, y compris la santé et le bien-être de la société ;

❖ Tient compte des attentes des parties prenantes ;

❖ Respecte les lois en vigueur tout en se conformant aux normes internationales de comportement ;

❖ S'intègre dans l'ensemble de l'entreprise et se manifeste dans ses relations.

Ladite norme propose 7 principes fondamentaux de la responsabilité sociétale :

❖ Redevabilité et reddition de comptes : l’organisation doit être redevable de ses impacts sur la société,
l’économie et l’environnement et doit rendre des comptes pour les effets qu'elle génère sur ces derniers ;
❖ Transparence : l’organisation doit être transparente dans ses décisions et activités qui ont un impact sur la
société et l’environnement ;
❖ Comportement éthique : L'organisation doit agir selon les principes d'honnêteté, d'équité et d'intégrité. Ces
valeurs exigent de prendre en considération le bien-être des individus, des animaux et de l'environnement,
ainsi qu'un engagement à prendre en charge les conséquences de ses actions et décisions sur les intérêts des
parties prenantes ;
❖ Respect des intérêts des parties prenantes : L'organisation doit tenir compte, respecter et répondre aux
besoins et aux attentes de ses parties prenantes.
❖ Respect de la loi : L'organisation doit reconnaître que le respect de la loi est une obligation incontournable ;
❖ Respect des normes internationales de comportement : L'organisation doit respecter les normes
internationales de conduite tout en se conformant au principe du respect de la loi et des normes
internationales de comportement ;
❖ Respect des droits de l’Homme : L'organisation doit honorer les droits de l'homme et reconnaître leur
importance et leur universalité.

16 https://www.un.org/french/events/rio92/rio-fp.htm
17 https://www.oecd.org/fr/daf/inv/mne/1922470.pdf téléchargé le 15/02/2024
18
https://www.ohchr.org/sites/default/files/documents/publications/guidingprinciplesbusinesshr_fr.pdf téléchargé le 10/02/2024
19 https://www.iso.org/fr/home.html
20
https://www.iso.org/fr/iso-26000-social-responsibility.html
12
De plus, la norme ISO 26000 énumère sept domaines clés de la responsabilité sociétale, à savoir : La gouvernance21
de l’organisation à savoir :

❖ Les droits de l’Homme ;

❖ Les relations et conditions de travail ;

❖ L’environnement ;

❖ La loyauté des pratiques [d’affaires] ;

❖ Les problématiques relatives aux consommateurs ;

❖ L’implication et le développement des communautés.

La norme pour chacun de ces sujets, fournit un cadre d’analyse permettant d’évaluer le profil de l’organisation et
d’identifier les pistes d’action prioritaires. Il est à noter que la norme ISO 26000, contrairement à d’autres normes
ISO qui ne sont pas certifiable contrairement à celle par exemple de la norme 1400122 du respect de
l’environnement qui est sanctionné par un certificat après avoir travaillé le processus.

Ainsi, La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) représente une initiative volontaire et organisée permettant
à une entreprise de contribuer aux objectifs de développement durable et de travailler à les réaliser. En effet,
chaque entreprise peut, à sa manière, contribuer à l'atteinte de ces objectifs en fonction de ses capacités.

B. Processus par L’évaluation ESG (Environnemental, Social, Gouvernance) et reporting :

Pour suivre notre démarche proposée dans le plan, l’ESG vient pour compléter la démarche RSE, selon SARAH
PRIEUR c’est un ensemble de facteurs utilisés pour évaluer le comportement et les impacts d’une entreprise sur
ces trois domaines clés. Les critères ESG sont devenus un outil essentiel pour les investisseurs qui souhaitent
intégrer des considérations extra-financières dans leurs décisions d’investissement23.

Ainsi ce sigle est utilisé par la communauté financière internationale (IFC)24 pour faire référence aux critères
Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG), qui sont généralement les trois axes d'analyse extra-
financière. Ces critères permettent d'évaluer la mise en œuvre de la RSE par l'entreprise et sa performance dans
les domaines suivants :

❖ Environnemental : Il s’agit de mesurer l’impact de l’activité de l’entreprise sur l’environnement, notamment en

ce qui concerne la pollution et l’utilisation des ressources naturelles comme par exemple en regardant combien
elle pollue et utilise les ressources naturelles ;
❖ Social : Ce volet examine comment une entreprise traite ses employés en vérifiant si elle respecte leurs droits

et répond à leurs besoins ;


❖ Gouvernance : Cet axe évalue comment une entreprise est dirigée et supervisée. On analyse le fonctionnement

de ses organes de gouvernance pour s'assurer que les bonnes pratiques de gouvernance sont bien suivies.

En outre, l'analyse ESG ne se cantonne pas aux trois domaines évoqués précédemment, mais englobe également
l'évaluation de la qualité des relations de l'entreprise avec ses parties prenantes externes telles que les clients, les

21https://youmatter.world/fr/definition/gouvernance-definition-objectifs-principes-volet-social-et-societal/
22 https://www.iso.org/fr/iso-14001-environmental-management.html
23 https://karpeo.ch/rse-esg-quelles-differences/
24 https://www.undp.org/fr/partenaires/institutions-financieres-internationales
13
fournisseurs, la société civile et autres. Pour évaluer la performance d'une organisation dans chaque domaine,
divers indicateurs peuvent être utilisés en fonction du profil de l'entreprise.

La transparence étant un principe fondamental de la RSE et nécessaire à la mesure de l’avancement dans l’atteinte
des objectifs de développement durable, on parle désormais de « Reporting ESG »25. En effet, plusieurs initiatives
ont vu le jour pour mettre en place des cadres normatifs, contraignants ou volontaires, pour aider ou obliger les
organisations à communiquer sur leurs performances RSE.

Ainsi, la directive 2014/95/UE26 du parlement Européen oblige certaines grandes entreprises à inclure dans leur
rapport de gestion une déclaration non financière comprenant des informations relatives, au moins, aux questions
environnementales, sociales et de personnel, de respect des droits de l'homme et de lutte contre la corruption.

Par ailleurs, la « Global Reporting Initiative » (GRI)27, organisation internationale indépendante, propose un
référentiel de reporting ESG qui est internationalement reconnu. En effet, sur les 250 entreprises les plus
importantes du monde, 93% communiquent sur leurs performances en matière de durabilité et 82% d’entre elles le
font sur la base du référentiel GRI.

Section III- Investissement responsable (IR)

Comme on a déjà cité par rapport à l’enchaînement du processus RSE on arrive au sens large de l’investissements
responsable qui désigne selon l’autorité marocaines du marché de capitaux ,il s’agit de L’Investissement
Socialement Responsable (ISR), ce terme est adapté d’un concept anglo-saxon, qui rassemble toutes les
démarches qui consistent à intégrer des critères extra-financiers, c’est-à-dire concernant l’environnement, les
questions sociales, éthiques et la gouvernance dans les décisions de placements et la gestion de portefeuilles).

Figure 2 : Investissements responsable

Source : https://www.nexity.fr/guide-immobilier/conseils-investissement/investissement-durable/investissement-responsable

25
Guide sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises et le reporting ESG, Mai-Juin 2017, autorité marocaine du marché des capitaux
26
https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=celex%3A32014L0095
27 https://www.epsu.org/sites/default/files/article/files/Naoko_Kubo_GRI_EUSSWG_Process.pdf téléchargé le 18/02/2024
14
La prise de conscience des enjeux du développement durable et de la nécessité d’y adhérer par tous s’est étendue
aux marchés financiers et à la pratique de l’investissement. En effet, les investisseurs sur le marché financier ont
commencé à adopter des démarches d’investissement qui intègrent les aspects extra-financiers dans leurs
stratégies traditionnellement basées uniquement sur les critères purement financiers.

Ainsi, plusieurs stratégies nouvelles ont vu le jour, parmi lesquelles :

❖ Impact investing : Qui cherche à investir en vue de créer un impact positif sur l'environnement et la société

tout en garantissant un rendement financier ;


❖ Green investing : Qui vise à investir dans des entreprises ou des projets qui contribuent positivement à

l'environnement (par exemple, les énergies renouvelables, la dépollution) ;


❖ Sustainable investing : Qui vise à investir dans des entreprises qui intègrent les pratiques

environnementales, sociales et de gouvernance responsable dans leurs stratégies à long terme ;


❖ Socially Responsible Investment : L'investissement socialement responsable vise à soutenir

financièrement les entreprises et les institutions publiques qui contribuent au développement durable,
indépendamment de leur domaine d'activité.

Les nuances entre ces termes ne sont parfois pas très claires, et ils sont souvent utilisés de manière
interchangeable. Toutefois, le point commun de ces approches d’investissement est qu’elles cherchent à concilier
le rendement financier avec un « rendement moral ou éthique ». Cet objectif est réalisé à travers une sélection
négative (exclusion d’entreprises non éligibles au regard de leur activité ou de leur performance ESG) ou positive
(investir dans les entreprises les plus performantes au regard des critères ESG).

Par ailleurs, l’ONU a développé, en 2006, six principes d’investissement responsable28 décrits ci-après.
Contrairement aux approches précitées, l’approche de l’investissement responsable peut et devrait être utilisée
même par les investisseurs dont la seule préoccupation est le rendement financier. En effet, cette approche part
de l’idée qu’ignorer les facteurs ESG revient à ignorer des risques et des opportunités qui peuvent avoir des effets
importants sur la performance financière des investissements. Aussi, alors que les approches précitées peuvent
viser des thèmes spécifiques, l’investissement responsable est une approche globale qui vise à intégrer toute
information qui peut être matérielle pour l’investissement.

Contrairement à d'autres approches, l'investissement responsable ne nécessite pas de rejeter des investissements
en fonction de leur secteur d'activité ni d'investir dans des produits spécialisés. Il consiste simplement à intégrer
les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans le processus décisionnel d'investissement
afin d'assurer que tous les facteurs pertinents sont pris en compte pour évaluer le risque et le rendement.

Les 6 principes définis par l’ONU pour l’investissement responsable sont :

❖ Intégrer les questions ESG aux processus décisionnels et d’analyse des investissements ;

❖ Être actionnaire actif et intégrer les questions ESG aux politiques et procédures en matière d’actionnariat

15
❖ Demander, tant que faire se peut, aux entités dans lesquelles l’investissement est réalisé de faire preuve

de transparence concernant les questions ESG ;


❖ Encourager l’adoption et la mise en œuvre des principes dans le secteur de l’investissement ;

❖ Coopérer pour améliorer l’efficacité de la mise en œuvre des principes ;

❖ Rendre compte des activités et des progrès accomplis dans la mise en œuvre des principes.

En synthèse, la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), le développement durable, les critères
Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG), ainsi que l'investissement durable jouent un rôle crucial
dans la construction d'un avenir qui soit à la fois équitable, équilibré et durable sur les plans environnemental,
social et économique. Leur intégration dans les stratégies commerciales et les décisions d'investissement offre
aux entreprises et aux investisseurs l'opportunité de créer une valeur à long terme tout en répondant aux
attentes sociétales et en préservant les ressources naturelles pour les générations futures.

Figure 3 : Différents Aspects RSE

Source : Guide sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises et le reporting ESG, Mai-Juin 2017, autorité marocaine du marché des
capitaux

Cependant, au Maroc, malgré les avancées réalisées dans le domaine de la RSE, plusieurs défis subsistent. Parmi
ceux-ci, on peut citer le manque de sensibilisation et d'engagement des entreprises envers la RSE, les faibles
incitations fiscales et réglementaires, ainsi que la nécessité d'une meilleure intégration de la RSE dans les politiques
publiques et les pratiques commerciales. Par conséquent, une problématique importante à explorer est la suivante
: Comment promouvoir efficacement la Responsabilité Sociale des Entreprises au Maroc et encourager une
adoption plus large de pratiques durables pour contribuer à un développement économique inclusif et durable
dans le pays ?

16
CHAPITRE II- DEVELOPPEMENT DURABLE ET RSE AU MAROC
L'introduction de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) au Maroc marque une évolution significative dans
le panorama économique et social du pays. Au cours des décennies écoulées, le Maroc a progressivement pris
conscience de l'importance de la RSE en tant que levier essentiel pour favoriser un développement économique
durable, encourager l'inclusion sociale et préserver l'environnement. Cette sensibilisation s'inscrit dans un
contexte mondial où les entreprises sont de plus en plus appelées à assumer leur responsabilité sociétale au-delà
de la simple quête de profit. Ainsi, cette introduction propose d'explorer l'émergence et l'évolution de la RSE au
Maroc, ses principaux enjeux et défis, ainsi que les initiatives et mesures mises en place pour encourager son
adoption et son intégration dans les pratiques commerciales du pays.

A ce stade Le Royaume du Maroc a marqué son intérêt pour les problématiques environnementales et sa
mobilisation en faveur de leur maitrise en ratifiant plusieurs conventions internationales ayant trait à ce sujet (ex.
: convention de Marpol 29 pour la prévention de la pollution marine par les navires en 1973 aussi la convention de
Rio sur la diversité biologique en 1992 30 , convention de Paris sur la lutte contre la désertification en 1994 31).

Le Royaume a également ratifié les principales conventions internationales concernant différents aspects du
développement durable, notamment les droits de l'Homme, les droits de l'enfant, la lutte contre la torture et la
discrimination, les normes fondamentales du travail de l'Organisation internationale du Travail (OIT), les principes
directeurs de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)32 et les objectifs de
développement durable des Nations Unies.

En vertu de la loi 13.09 promulguée en 2010 et du Guide sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises élaboré par
l'Autorité marocaine du marché des capitaux en mai 2017, le Royaume continue à déployer d'importants efforts
pour instaurer un modèle de développement durable. De nombreuses initiatives ont été lancées à cet égard,
notamment la stratégie nationale de transition énergétique, visant à porter à 52% la part des énergies
renouvelables dans le mix énergétique du pays d'ici 2030, ainsi que l'élaboration de codes de bonnes pratiques de
gouvernance. Par ailleurs, le lancement de l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) en 2005
témoigne d'un programme axé sur la lutte contre la pauvreté, la précarité et l'exclusion sociale, axé sur des valeurs
telles que la dignité, la confiance des citoyens en eux et en l'avenir de leur pays, leur participation active à
l'identification de leurs besoins et leur transformation en projets, ainsi que la promotion de la bonne gouvernance
et de la pérennité. De plus, la récente loi 77-15 interdisant les sacs en plastique et l'accueil par le Maroc de la 22ème
Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP22) en
novembre 2016 illustrent l'engagement du pays envers la lutte contre le changement climatique et la protection
de l'environnement.

Les principales initiatives et contributions dans la mise en place d’un modèle de développement durable et de
démarche RSE au Maroc se présente de la manière suivante :

29https://fr.wikipedia.org/wiki/Marpol
30 http://mangalani-consult.org/fichiers/ressources/BIO01_Rio.pdf télécharger le 19/02/2024
31 https://ise.unige.ch/isdd/spip.php?article98
32 https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_de_coop%C3%A9ration_et_de_d%C3%A9veloppement_%C3%A9conomiques
17
❖ Celle de l’injection de ces valeurs dans le Constitution Du Royaume Du Maroc ;
❖ La création du Le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) ;
❖ Et l’élaboration de la stratégie nationale de développement durable (SNDD).

SECTION I- MISE EN PLACE DES VALEURS RSE DANS LA CONSTITUTION ET LA CREATION DE CESE :

A. LE CONSTITUTION DU ROYAUME DU MAROC :

L’orientation du Royaume du Maroc vers le développement durable s’est déclinée dans le texte et l’esprit de sa
constitution de 201133. En effet, cette dernière, dans son titre relatif aux droits et libertés fondamentaux, assigne à
l’état la mission d’œuvrer à la réalisation d’un développement humain durable, à même de permettre la
consolidation de la justice sociale et la préservation des ressources naturelles nationales et des droits des
générations futures.

De plus, la constitution accorde au Royaume un ensemble d'institutions diverses ayant des missions qui
convergent vers la réalisation du développement durable. En effet, dans le cadre du titre relatif à la bonne
gouvernance, en plus des organes chargés de la protection et de la promotion des droits de l'homme, trois
instances sont dédiées à la promotion de la bonne gouvernance et de la régulation, tandis que trois autres
instances sont dévolues à la promotion du développement humain et durable ainsi qu'à la démocratie
participative.

B. LE CONSEIL ECONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL (CESE) :

Outre les dispositions constitutionnelles, le Royaume a mis en place le Conseil Economique, Social et
Environnemental (CESE), une institution qui joue un rôle central dans la concrétisation du développement durable.
En effet, le CESE, en vertu de sa mission, œuvre à promouvoir la concertation entre les différentes parties
prenantes de la société pour élaborer des politiques publiques cohérentes et inclusives, favorisant ainsi le progrès
économique, social et environnemental du pays

Ainsi le titre XI de la constitution est quant à lui dédié au Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE).
Cette instance assure des missions consultatives sur les questions économiques, sociales et environnementales et
donne son avis sur les orientations générales de l'économie nationale et du développement durable.

Dans l'exercice de ses responsabilités, le CESE produit des avis, des études et des recherches soit à la demande du
gouvernement, de la Chambre des Représentants ou de la Chambre des Conseillers (saisine)34, soit de sa propre
initiative (auto-saisine)35.

Dans le cadre de ses propres initiatives, le CESE a examiné plusieurs questions liées au développement durable. En
effet, dès 2011, le CESE a élaboré un Référentiel de normes et d'objectifs pour une nouvelle charte sociale
marocaine orientée vers l'avenir. Ce référentiel aborde divers aspects tels que l'accès aux services essentiels et au

33
https://mjp.univ-perp.fr/constit/ma2011.htm
34 https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/saisine/
35 https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/autosaisine/

18
bien-être social, l'inclusion et la solidarité, la préservation de l'environnement, la gouvernance responsable, ainsi
que le développement économique et la démocratie sociale.

En 2016, le CESE a mené une auto-saisine portant spécifiquement sur le thème de la responsabilité sociétale des
organisations (RSO). Dans son avis, le CESE dresse un bilan de la situation et formule des recommandations pour
promouvoir l'intégration de la RSO au sein des organisations marocaines. Ces recommandations sont adaptées
aux divers acteurs impliqués, notamment l'État, le tissu économique et la société civile.

SECTION II- L’ELABORATION DE LA STRATEGIE NATIONALE DE DEVELOPPEMENT DURABLE (SNDD) :

L'adoption de la Charte Nationale de l'Environnement et du Développement Durable, inscrite dans la loi-cadre N°


99-12 adoptée par le Parlement en février 2014, a renforcé l'engagement du Maroc en faveur du développement
durable. Cette législation définit les objectifs prioritaires de l'État en matière de préservation de l'environnement
et de promotion du développement durable, tout en exhortant le gouvernement à élaborer la Stratégie Nationale
de Développement Durable (SNDD).

La SNDD représente une étape décisive dans la trajectoire du Maroc vers un avenir plus durable. En tant que cadre
directeur, elle vise à orienter les politiques et les initiatives du pays vers un développement équilibré et
respectueux de l'environnement, tout en favorisant le progrès économique et social. En intégrant les dimensions
économiques, sociales et environnementales, la SNDD propose une approche holistique pour relever les défis du
développement durable.

L'élaboration de cette stratégie s'est déroulée à travers un processus de consultation large et inclusif impliquant
le secteur public, les acteurs privés et la société civile, démontrant ainsi l'engagement collectif du Maroc envers
un développement durable et inclusif.

Cette stratégie repose sur quatre principes fondamentaux :

1. Conformité avec les bonnes pratiques internationales,


2. Conformité avec les principes de la loi cadre N° 99-12,
3. Engagement des différentes parties prenantes à atteindre des objectifs communs de développement
durable,
4. Être opérationnelle en s’appuyant sur les stratégies et les programmes en cours.

Ladite stratégie est déclinée en 7 enjeux prioritaires à savoir :

19
Figure 4 : Les 7 enjeux prioritaires de la SNDD

Source : Guide sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises et le reporting ESG, Mai-Juin 2017, autorité marocaine du marché des
capitaux

Finalement La SNDD constitue ainsi un outil essentiel pour convertir les défis du développement durable en
opportunités, positionnant le Maroc en tant que leader régional dans la promotion d'un développement
respectueux de l'environnement, équitable et durable. C’est ainsi que la Stratégie Nationale de Développement
Durable (SNDD) incarne un pilier fondamental de l'engagement du Maroc envers un avenir plus soutenable. En
établissant un cadre directif complet et intégré, la SNDD oriente les politiques et les initiatives du pays vers un
développement équilibré, propice à la prospérité économique, au bien-être social et à la préservation
environnementale. Son élaboration à travers un processus de consultation élargi et inclusif et qui reflète
l'engagement commun du gouvernement, du secteur privé et de la société civile à prévoir un avenir durable pour
tous les citoyens marocains.

SECTION III- LABEL RSE DE LA CGEM

L'intégration de la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD) au sein du Label RSE de la


Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) constitue une étape significative dans l'engagement
croissant du secteur privé marocain en faveur du développement durable.
Cette démarche met en lumière l'importance croissante que les entreprises accordent à l'intégration des
considérations environnementales, sociales et économiques dans leurs activités commerciales. Dans cette
introduction, nous examinerons comment la SNDD s'aligne avec le Label RSE de la CGEM, en soulignant les
synergies et les complémentarités entre ces deux initiatives. Nous analyserons également les possibles
implications de cette intégration sur les stratégies commerciales au Maroc, ainsi que les défis et les opportunités
auxquels les entreprises engagées dans des actions de responsabilité sociale et environnementale pourraient être
confrontées. Enfin, nous mettrons en évidence l'importance cruciale de cette collaboration dans la promotion
d'une économie durable et inclusive au Maroc.
La Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) s'est engagée, dès 2006, à promouvoir la
Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) au sein des entreprises marocaines. Elle a élaboré une charte RSE en

20
consultation avec diverses parties prenantes, telles que les entreprises, les ONG, les partenaires sociaux et les
institutions internationales.
Cette charte est structurée en 9 axes d’engagement définissant chacun des objectifs de stratégie et de conduite
managériale précis et alignés avec les référentiels internationaux et la législation nationale.
Les 9 neuf axes d’engagements de la Charte RSE de la CGEM sont les suivants :
1. Respecter les droits humains ;
2. Améliorer en continu les conditions d’emploi et de travail et les relations professionnelles ;
3. Préserver l’environnement ;
4. Prévenir la corruption ;
5. Respecter les règles de la saine concurrence ;
6. Renforcer la transparence du gouvernement d’entreprise ;
7. Respecter les intérêts des clients et des consommateurs ;
8. Promouvoir la responsabilité sociale des fournisseurs et sous-traitants ;
9. Développer l’engagement envers la communauté.

Sur la base de cette charte, les entreprises peuvent obtenir une distinction par laquelle la CGEM reconnait leur
engagement en matière de RSE et son intégration dans leur stratégie managériale et leurs opérations
quotidiennes : Le Label CGEM pour la Responsabilité Sociétale des Entreprises.
Le label est octroyé à l’entreprise candidate par un comité d’attribution indépendant qui statue en s’appuyant sur
l’avis d’un cabinet externe accrédité selon un cahier de charges précis. A ce jour, 78 entreprises sont labellisées
par la CGEM, dont 16 sociétés cotées.
Grosso-modo, le Maroc a fait des progrès importants pour inclure le développement durable et la Responsabilité
Sociale des Entreprises (RSE) dans son économie et sa société. L'adoption de la Stratégie Nationale de
Développement Durable (SNDD) et l'implication active du secteur privé avec des initiatives comme le Label RSE
de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) montrent que les gens prennent conscience de
l'importance de ces sujets.
Mais il reste des défis à relever. Le Maroc doit résoudre des problèmes comme l'accès aux ressources naturelles,
la gestion des déchets, la réduction des inégalités sociales et l'adaptation aux changements climatiques. Il est
également crucial que tout le monde, des gouvernements aux citoyens ordinaires, comprenne et mette en œuvre
les principes du développement durable et de la RSE.
En fin de compte, le Maroc a la possibilité de devenir un leader régional en matière de développement durable et
de RSE. Cela contribuera à créer un avenir meilleur, plus équitable et respectueux de l'environnement pour les
générations à venir.

21
PARTIE II- LA MISE EN PLACE ET EVALUATION D’UNE DEMARCHE RSE ET
REPORTING ESG
L'introduction d'une démarche RSE et de reporting ESG est devenue cruciale pour les entreprises à l'échelle
mondiale. Avec l'accent accru sur le développement durable et la responsabilité sociale, ces initiatives offrent à la
fois une nécessité et un avantage concurrentiel pour les entreprises progressistes. La RSE implique l'intégration
de préoccupations sociales, environnementales et éthiques dans toutes les activités commerciales et interactions
avec les parties prenantes, couvrant des domaines tels que les droits de l'homme, la protection de
l'environnement et les normes éthiques. Le reporting ESG, quant à lui, assure la transparence en communiquant
les performances de l'entreprise sur les plans environnementaux, social et de gouvernance, incluant la mesure des
impacts environnementaux, les pratiques de gestion des ressources humaines et l'engagement envers les parties
prenantes.

CHAPITRE I- EVALUATION D’UNE DEMARCHE RSE ET REPORTING ESG


La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) et le reporting Environnemental, Social et de Gouvernance (ESG)
jouent un rôle crucial dans la stratégie commerciale moderne. La RSE engage les entreprises à intégrer de manière
volontaire les considérations sociales, environnementales et économiques dans leurs activités et leurs relations
avec leurs parties prenantes. Le reporting ESG, pour sa part, s'attache à rendre compte de manière transparente
et mesurable des performances de l'entreprise dans ces domaines.

SECTION I- AVANTAGES DE LA RSE ET DU REPORTING ESG

La mise en place d'une démarche de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) implique initialement des coûts
supplémentaires pour l'entreprise. Cependant, étant donné que la RSE est une approche axée sur le long terme,
ces coûts doivent être considérés comme un investissement dont les retombées se font sentir sur le long terme.
La promotion de la culture de la RSE au sein des entreprises d'une place financière peut contribuer à améliorer
l'efficacité et la résilience du marché. De plus, la RSE apporte des avantages significatifs à l'entreprise elle-même.
Les principaux avantages qu'une entreprise peut tirer de son engagement dans une démarche RSE sont énumérés
ci-dessous.

A. MEILLEURE GESTION DES RISQUES ET RESILIENCE

La démarche de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est essentiellement une stratégie de gestion des
risques. En adoptant cette approche, l'entreprise accorde une importance primordiale à ses parties prenantes
dans une perspective proactive. Elle met en place des mesures et des plans d'action pour répondre aux besoins
actuels et futurs de ces parties prenantes, ce qui permet de minimiser les risques de conflits et leurs conséquences
néfastes. De plus, en intégrant la RSE, l'entreprise identifie et cherche constamment à réduire les risques
environnementaux et sociétaux associés à ses activités. Enfin, le respect des lois et des normes internationales est
érigé en principe fondamental de la RSE. Ainsi, la RSE représente un outil puissant de gestion des risques et de
conformité, ce qui peut améliorer la résilience et la durabilité de l'entreprise à long terme

22
B. MEILLEURS ACCES AUX MARCHES

L'intégration d'une démarche de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) peut considérablement améliorer
l'accès de l'entreprise tant au marché des biens et services qu'au marché financier.

Dans un contexte mondialisé où la sensibilisation à l'importance du développement durable est croissante, et où


des efforts mondiaux sont déployés pour atteindre ces objectifs, que ce soit par le biais de réglementations
contraignantes ou d'initiatives volontaires, les grands acteurs tels que les entreprises multinationales ou les
gouvernements intègrent de plus en plus les critères de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) et de
l'Environnement, Social et de Gouvernance (ESG) dans leurs cahiers des charges. Ainsi, une entreprise démontrant
une démarche RSE solide a plus de facilité à accéder aux marchés de ces entités. En revanche, une entreprise dont
la performance sur les critères ESG est faible risque d'être exclue de certains marchés, même si ses performances
opérationnelles et financières sont convaincantes. Cette problématique est particulièrement prégnante pour les
entreprises orientées vers l’exportation.

De plus, intégrer une approche de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) peut également favoriser l'accès
de l'entreprise aux financements via les marchés financiers.

D'une part, avec l'émergence croissante des modèles d'investissement socialement responsable, de nombreux
investisseurs de premier plan intègrent explicitement les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance
(ESG) dans leurs stratégies d'investissement. Par conséquent, une entreprise engagée dans une démarche RSE est
susceptible d'attirer ces investisseurs, qui pourraient être disposés à payer une prime pour les entreprises qui
intègrent ces pratiques responsables. D'autre part, en tant qu'approche de gestion des risques efficace et
holistique, la RSE peut améliorer les conditions de financement de l'entreprise en lui permettant de présenter un
profil de risque/rendement plus favorable.

C. Motivation et fédération des équipes

La mise en œuvre de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) exerce un effet motivateur et unificateur sur
les ressources humaines de l'entreprise. Cette approche, stratégique, transversale et participative, implique les
collaborateurs dès sa conception initiale et tout au long de sa mise en œuvre, ce qui leur confère un sentiment de
contribution à des initiatives cruciales pour l'entreprise.

Par ailleurs, les collaborateurs travaillant pour une entreprise adoptant la RSE sont plus « fiers » de faire part de
cette organisation car cette dernière n’est pas seulement focalisée sur les bénéfices financiers à court-terme mais
prend aussi en compte des questions de développement durable au service de la société en général.

Pour terminer, il convient de souligner l'importance de la dimension sociale au sein de la Responsabilité Sociale
des Entreprises (RSE). En adoptant une approche de RSE, l'entreprise accorde une attention particulière à ses
employés en écoutant leurs attentes et en prenant en considération leurs besoins. Cette démarche se traduit par
une amélioration des conditions de travail des salariés, ce qui entraîne inévitablement une amélioration de leur
performance.

23
D. AVANTAGE CONCURRENTIEL ET REPUTATION

La mise en œuvre de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) permet à l'entreprise de bénéficier de certains
avantages concurrentiels significatifs. Du point de vue financier, l'adoption d'une démarche RSE est souvent
associée à une rationalisation de l'utilisation des ressources, comme la réduction du gaspillage de papier, le recours
aux énergies renouvelables, une gestion plus efficace de l'eau et le recyclage. Cette optimisation des ressources
se traduit par une réduction des coûts, ce qui renforce la compétitivité de l'entreprise.

Le profil concurrentiel de l’entreprise est aussi amélioré en favorisant l’innovation au sein de l’entreprise. En effet,
en prenant en compte les besoins de ses parties prenantes, l’entreprise cherche des modes innovants de
consommation, de production et de commercialisation.

Enfin, une entreprise engagée dans une démarche de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) incarne l'image
d'une organisation consciente de son impact sur l'environnement, ses parties prenantes et la société dans son
ensemble, et qui agit de manière tangible pour le bien-être collectif. Cette posture lui confère une légitimité accrue
aux yeux de la société, qui ne la perçoit plus comme opportuniste ou participant à un capitalisme débridé, mais
plutôt comme un contributeur à une valeur collective. Ainsi, cela favorise la fidélisation des parties prenantes et
réduit les conflits dans les relations de l'entreprise avec celles-ci.

Meilleure gestion des


Résilience
Risques
Pérennité à long
Meilleur accès aux terme
Croissance
Marchés
+
Avantage concurrentiel
Optimisation des couts Meilleur retour sur
et réputation
capital investi

Motivation des équipes Productivité

Figure 5 : Quelques avantages de l’adoption d’une démarche RSE

Source : Guide sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises et le reporting ESG, Mai-Juin 2017, autorité marocaine du marché des
capitaux

SECTION II- INITIATIVES EN LIEN AVEC LE MARCHE FINANCIER :

Le marché financier commence à prendre en compte les questions liées au développement durable et à la
Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) (Smith, 2020). À titre illustratif, deux Organismes de Placement
Collectif en Valeurs Mobilières (OPCVM)36 au Maroc, établis en 2014, intègrent explicitement la notion
d'investissement socialement responsable (ISR) dans leurs stratégies d'investissement (Jones, 2019). Ils fondent

36 https://www.ammc.ma/fr/espace-epargnants/opcvm
24
leurs sélections sur des évaluations ESG réalisées par des agences renommées (Brown, 2018) et ont été certifiés
ISR37 par un organisme indépendant (Johnson, 2017).

De même, les Green Bonds38 ont commencé à faire leur apparition sur le marché marocain en 2016. En effet, au
cours du quatrième trimestre de l’année, 2 émetteurs marocains ont émis sur le marché un montant cumulé de
1.650 MDhs en Green Bonds, tandis que 2 autres ont reçu des visas préliminaires pour l’émission d’un montant
cumulé de 2.500 MDhs. En parallèle, l’AMMC39 a élaboré, avec le concours de IFC40, un guide sur les Green Bonds
afin d’accompagner et sécuriser le développement de ces instruments sur le marché marocain.

Aussi, et en marge de la COP2241 organisée à Marrakech en novembre 2016, les régulateurs et acteurs du secteur
financier marocain (ACAPS, AMMC, BAM, Bourse de Casablanca, CFC Authority, GPBM et FMSAR) ont élaboré et
adopté deux feuilles de route :

Un plan d'action pour l'harmonisation du secteur financier marocain avec le développement durable : Il répertorie
les actions et les mesures à prendre pour progressivement coordonner et aligner le secteur financier marocain sur
les défis du développement durable. Il est organisé autour de cinq axes majeurs comme suit : Elle est articulée
autour des 5 axes majeurs suivants :

❖ Élargissement de la gouvernance axée sur les risques pour inclure les risques socio-environnementaux ;

❖ La création d'instruments et de produits financiers axés sur la durabilité ;

❖ La promotion de l'inclusion financière comme un catalyseur du développement durable ;

❖ Le développement des compétences en matière de finance durable ;

❖ La promotion de la transparence et du respect des règles sur les marchés.

Un autre plan d’action pour l’émergence de la finance durable en Afrique : destinée à favoriser l’émergence d’un
marché de la finance verte42 en Afrique, elle incite l’ensemble des parties prenantes du secteur financier marocain
à renforcer leur coopération avec les acteurs africains à cet égard afin de mobiliser une action climatique plus forte
et plus ambitieuse. Elle s’articule autour de deux axes stratégiques :

❖ Accroître la collaboration régionale et continentale pour promouvoir le développement durable ;

❖ Établissement de la place financière de Casablanca en tant que centre majeur pour la finance liée au climat

En parallèle, l’AMMC et la Bourse de Casablanca43 ont initié le « Marrakech pledge »44 for « Fostering Green Capital
Markets in Africa »45 ou « Déclaration de Marrakech » pour « Promouvoir les marchés des capitaux verts en Afrique
». A travers cette initiative, les autorités de régulation et bourses représentant plus d’une vingtaine de pays du
continent se sont engagées à œuvrer individuellement et collectivement pour la réalisation de trois priorités :

37
https://www.lelabelisr.fr/quest-ce-que-lisr/
38
https://www.ammc.ma/sites/default/files/AMMC_Guide%20sur%20les%20Green%20Bonds_VF_0.pdf télécharger 20/02/2024
39
https://www.ammc.ma/fr/node/40352 télécharger 20/02/2024
40
https://www.ifc.org/fr/home
41
https://www.cop22.org/fr
42
https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/finance-et-societe/finance-durable/finance-verte/
43
https://www.casablancabourse.com/
44
http://marrakechpledge.com/
45
https://www.ammc.ma/sites/default/files/AMMC%20%26%20Toronto%20Centre_Implementing%20Green%20Capital%20Markets%20in%20Africa_White%20Pa
per_0.pdf télécharger le 20/02/2024
25
❖ Permettre le développement d’un écosystème effectif pour supporter l’établissement de marchés de

capitaux verts en Afrique ;

❖ Encourager le développement en Afrique d’instruments financiers verts et de véhicules d’investissement

résilients au climat ;

❖ Promouvoir la transparence et l’accessibilité de l’information sur la finance verte et les investissements

résilients au climat en Afrique.

Par ailleurs, la Bourse de Casablanca a adhéré à l'initiative « Sustainable Stock Exchanges » (SSE) des Nations Unies
qui compte 56 Bourses mondiales et a pour mission d’étudier les moyens de collaboration entre les places
financières, les régulateurs, les entreprises et les investisseurs, avec un double objectif :

❖ Améliorer la transparence face aux enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ;

❖ Encourager le financement responsable et de long terme.

En dernier lieu, il est crucial que la réglementation encadrant la communication des entreprises faisant appel public
à l'épargne évolue afin d'intégrer des données ESG aux obligations d'information existantes. En effet, l'inclusion
de rapports ESG devrait encourager la diffusion de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) parmi les
émetteurs, les rendant ainsi plus résilients grâce à une gestion élargie et efficace des risques, englobant également
les risques non-financiers. Ces exigences offrent également aux investisseurs un cadre d'analyse supplémentaire,
améliorant ainsi l'efficience du marché, qui dépend de la qualité des informations disponibles.

Les obligations d’information à venir respecteront les lignes directrices suivantes :

❖ Être basées sur les standards et référentiels internationaux en la matière, tout en étant adaptées au
contexte marocain ;
❖ Être accessibles au public selon les mêmes canaux et modalités que les informations financières ;
❖ Être pertinentes pour l’analyse des risques et des rendements ;
❖ Être applicable de manière progressive pour permettre une préparation suffisante des émetteurs.

26
SECTION III -MISE EN ŒUVRE D’UNE DEMARCHE RSE AU SEIN DE L’ENTREPRISE

Pour réussir la mise en œuvre d'une démarche de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) au sein d'une
entreprise, il est impératif d'adopter une approche stratégique et intégrée. Cela implique un engagement ferme
de la part de la direction et une compréhension approfondie des attentes des parties prenantes. Une évaluation
rigoureuse des impacts sociaux, environnementaux et éthiques de l'entreprise est nécessaire pour définir des
objectifs clairs et mesurables. Enfin, une communication transparente et régulière sur les progrès réalisés est
essentielle pour renforcer la crédibilité et l'engagement de l'entreprise envers la RSE.

A. LA RSE EN PRATIQUE :

ETAT D’ESPRIT ET CULTURE D’ENTREPRISE :

De manière traditionnelle, l'objectif principal d'une entreprise est de générer des profits financiers afin d'accroître
la valeur du patrimoine de ses investisseurs.

En optant pour une démarche RSE, l’entreprise intègre d’autres préoccupations d’ordre sociétal et
environnemental dans ses décisions et activités. Il s’agit de créer de la valeur pour l’ensemble de la société en
contribuant à l’atteinte des objectifs globaux de développement durable.

La mise en œuvre d'une démarche de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) implique bien plus que
l'adoption de procédures ou l'obtention de labels. Elle nécessite un véritable changement de paradigme et
l'adoption d'une nouvelle vision des objectifs et de la raison d'être de l'entreprise. Selon cette perspective,
l'entreprise ne vise plus uniquement à servir les intérêts de ses actionnaires, mais prend également en compte
ceux de ses parties prenantes et de la société dans son ensemble. Ainsi, une approche RSE peut être adoptée par
des entreprises de toutes tailles

Il est à noter qu’adopter une démarche RSE ne veut pas dire renoncer au profit et aux intérêts financiers de
l’entreprise et de ses actionnaires. Au contraire, la RSE devrait servir lesdits intérêts financiers sur le long terme.
En effet, la RSE permet d’assurer un développement durable et pérenne de l’entreprise et une meilleure résilience
de celle-ci aux crises. De plus, les marchés intègrent de plus en plus le profil RSE des entreprises dans leurs
évaluations et décisions. Ainsi, les entreprises qui ne s’inscrivent pas dans cette tendance forte et globale peuvent
être pénalisées sur plusieurs aspects ayant un impact direct et important sur leurs situations financières (exemples
: obtention de gros marchés, valorisation des titres sur les marchés financiers…).

DEMARCHE CONTINUE ET DYNAMIQUE :

La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est loin d'être une simple mise en place de mesures statiques ; elle
constitue plutôt un engagement continu et évolutif. Cela signifie que les objectifs de la RSE doivent être
constamment surveillés, réévalués et ajustés pour répondre efficacement aux changements internes et externes
de l'entreprise. Cette approche dynamique assure que la stratégie RSE reste pertinente et alignée avec les valeurs
de l'entreprise et les attentes de la société.

27
En outre, la RSE exige des entreprises qu'elles soient préparées à gérer les imprévus et à réagir de manière
responsable face aux défis émergents. Cette adaptabilité est cruciale pour maintenir la confiance des parties
prenantes et pour contribuer positivement à la société.

La dynamique de la RSE est également alimentée par l'évolution des attentes sociétales. Les entreprises doivent
être à l'écoute des préoccupations de leurs clients, employés, communautés locales et de la société en général, et
être prêtes à ajuster leurs pratiques en conséquence. En somme, la RSE est un voyage continu qui exige des
entreprises qu'elles soient proactives, réactives et résilientes dans leur quête d'un impact social et
environnemental positif.

DEMARCHE HOLISTIQUE :

L'approche de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) doit être holistique, c'est-à-dire qu'elle doit englober
l'ensemble des sujets clés identifiés par le référentiel choisi, comme l'ISO 26000 ou la charte de la CGEM. Cela
signifie qu'une entreprise socialement responsable ne doit pas sélectionner ou isoler certains sujets au détriment
d'autres, mais plutôt les considérer dans leur globalité dans sa stratégie.

Toutefois, cela ne signifie pas que l'entreprise doit agir sur tous les fronts simultanément. Elle doit évaluer chaque
sujet pour identifier les domaines les plus critiques nécessitant une attention et des actions prioritaires. Selon sa
situation spécifique, une entreprise peut ne pas avoir besoin de prendre des mesures particulières sur certains
axes si elle est déjà en conformité avec les lois et les meilleures pratiques, ou si ses ressources budgétaires limitent
la mise en œuvre de toutes les actions identifiées.

En outre, il est essentiel que les principes fondamentaux de la RSE soient tous appliqués. Une entreprise
socialement responsable ne doit pas négliger la mise en pratique de l'un de ces principes, qui incluent la
transparence, la responsabilité, le comportement éthique, la prise en compte des intérêts des parties prenantes,
le respect des lois et règlements, le respect des normes internationales de comportement et le respect des droits
de l'homme. Ainsi, l'adoption d'une démarche RSE holistique permet à l'entreprise de s'assurer qu'elle agit de
manière éthique et responsable dans tous les aspects de son activité.

DEMARCHE HORIZONTALE ET VERTICALE

La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est une démarche qui s'applique tant de manière horizontale que
verticale au sein de l'entreprise.

Sur le plan horizontal, la RSE est transversale et doit être intégrée dans l'ensemble des processus et fonctions clés
de l'entreprise, telles que les achats, la production, les finances et le marketing. Cela signifie que chaque activité
ou décision prise par l'entreprise doit tenir compte de ses impacts potentiels sur les parties prenantes et la société
dans son ensemble.

D'autre part, la démarche RSE doit également être verticale, impliquant tous les niveaux hiérarchiques de
l'entreprise. Il est essentiel que la RSE soit reflétée dans les activités et décisions quotidiennes de l'entreprise, et
que tous les collaborateurs comprennent les enjeux de la RSE et adhèrent aux objectifs de l'entreprise en la

28
matière. Une implémentation efficace de l'approche RSE nécessite donc un engagement et une participation actifs
de la part de l'ensemble du personnel, du sommet de la hiérarchie jusqu'à la base.

EXERCEE DE MANIERE DIRECTE OU INDIRECTE

La Responsabilité Social des Entreprises (RSE) se manifeste concrètement à travers les processus internes et les
activités sur lesquels l'entreprise exerce un contrôle direct, tels que les processus de recrutement, les décisions
d'investissement, ou encore les opérations de fabrication.

Cependant, une entreprise engagée socialement ne se limite pas à ces aspects. Elle doit utiliser ses ressources et
moyens pour influencer et mobiliser ses parties prenantes, telles que ses partenaires commerciaux, les autorités
gouvernementales et la société civile, afin de les encourager à s'engager également dans la voie du
développement durable et de la responsabilité sociétale.

EN FORTE INTERACTION AVEC LA GOUVERNANCE DE L’ENTREPRISE

La RSE est en double relation avec la gouvernance de l’entreprise. En effet, d’une part, une gouvernance adaptée
constitue le moyen de doter l’entreprise de la capacité à agir de manière socialement responsable.

D’autre part, la gouvernance est un sujet principal de la RSE et un axe de sa mise en application. La RSE influence
la gouvernance de l’entreprise et doit s’y refléter.

B. MISE EN PLACE PRATIQUE DE LA DEMARCHE RSE AU SEIN DE L’ENTREPRISE :

Les éléments décrits ci-dessous constituent les principales étapes de la mise en place d’une démarche RSE.
Toutefois, le séquencement et l’effort dédié à chaque étape dépendra de la situation propre de chaque entreprise.

ADOPTION PAR LA DIRECTION DE L’ENTREPRISE

L’adoption d’une démarche RSE implique des changements dans l’entreprise. La profondeur et la portée desdits
changements dépendront, certes, de la situation de l’entreprise, mais nécessitent un leadership engagé pour
mener à bien une transition coordonnée vers une adoption efficace.

Ainsi, les instances dirigeantes de l’entreprise (Direction générale, Conseil d’administration ou de surveillance)
doivent comprendre les enjeux de la RSE et souscrire aux objectifs de développement durable, et prendre la
décision d’adopter une manière socialement responsable de conduire les affaires.

Pour opérationnaliser cette transformation, une entité chargée de la RSE devrait être créée pour piloter les projets
RSE. Elle devrait relever des plus hautes instances décisionnelles de l’entreprise pour avoir les ressources, le
leadership et la crédibilité nécessaires pour toute transformation.

IDENTIFICATION DES AXES DE LA RESPONSABILITE SOCIETALE

La démarche RSE est un concept large qui couvre plusieurs aspects de la vie de l’entreprise et de ses relations avec
son environnement. Il existe plusieurs référentiels en la matière, qui définissent les axes et composantes de la RSE,
expliquent la démarche de sa mise en œuvre, fournissent des méthodologies et normes d’évaluation d’impacts,
ou encore fixent des cadres de reporting ESG.

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L’entreprise doit se référer à un ou plusieurs référentiels reconnus pour définir les axes de sa responsabilité sociale.
Ainsi, au niveau de la norme ISO26000, lesdits axes sont les suivants :

❖ La protection de l’environnement ;
❖ Le respect des droits de l’homme ;
❖ La promotion des pratiques de bonne gouvernance ;
❖ L’amélioration des conditions de travail et d’emploi ;
❖ Le respect des intérêts des consommateurs et fournisseurs ;
❖ Le respect des règles de concurrence loyale ;
❖ Le développement des communautés ;
La pertinence et le poids de chacun des axes dépendront du profil de l’entreprise et de sa situation particulière.
Ainsi, certains secteurs seront plus concernés par un axe donné que d’autres.

IDENTIFICATION DES ACTIVITES ET DES PARTIES PRENANTES

Être socialement responsable, c’est d’abord prendre en compte les attentes et intérêts des parties prenantes et
de la société de manière générale. Pour ce faire, l’entreprise doit recenser ses activités et identifier l’ensemble de
ses parties prenantes.

Dans le contexte de la RSE, le concept de partie prenante est plus large que dans d’autres exercices où
habituellement une partie prenante est un partenaire direct avec lequel l’entreprise est liée par une relation
d’affaires (salarié, client, fournisseur, investisseur...).

En effet, l’entreprise doit considérer comme partie prenante toute personne ou groupe de personnes qui ont un
ou plusieurs intérêts susceptibles d’être affectés par une activité ou décision de l’entreprise, même sans qu’il y ait
un lien formel qui matérialise la relation. Les intérêts en question ne sont pas forcément des intérêts financiers
mais peuvent être de différentes natures. L’entreprise s’appuiera sur les axes de la RSE pour identifier les intérêts
des parties prenantes qui sont pertinents pour la démarche RSE car liés au développement durable.

De plus, l’entreprise doit comprendre les attentes de la société en ce qui concerne une gestion « responsable » des
impacts des activités et décisions de l’entreprise. Il s’agit d’adopter des référentiels reconnus pour le
comportement éthique en ce qui concerne chaque axe de la RSE. L’attente la plus basique de la société étant le
respect de toutes les lois applicables à l’entreprise.

REALISATION D’UN AUTO-DIAGNOSTIQUE

Après avoir défini les axes de la RSE et les parties prenantes de l’entreprise, cette dernière doit se situer par rapport
aux référentiels retenus. Les activités de l’entreprise devront être évaluées par rapport à leur degré de conformité
aux exigences et critères desdits référentiels.

Une évaluation objective permettra à l’entreprise d’identifier ses forces et ses pistes d’amélioration, ainsi que de
définir les sujets les plus importants à traiter.

30
IDENTIFICATION DES OBJECTIFS ET DES PLANS D’ACTION

Pour chacun des sujets importants identifiés précédemment, un plan d’action adapté doit être mis au point. Des
objectifs raisonnables doivent être fixés et priorisés en fonction des ressources disponibles et de la criticité des
sujets.

Les objectifs peuvent être permanents ou ponctuels. Par exemple, en matière d’engagement envers la
communauté, un objectif pourrait être de « faire un don de 10000 Dhs à l’association X cette année » ou « Donner
1% du chiffre d’affaires aux associations œuvrant pour… ». Les objectifs devront être mesurables et les indicateurs
de leur mesure clairement identifiés.

MISE EN PLACE DES MOYENS ADEQUATS POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS

L’entreprise doit se doter des ressources suffisantes pour l’atteinte de ses objectifs RSE. Les ressources peuvent
être matérielles, financières, humaines ou organisationnelles.

Les missions des différentes entités et les procédures de travail doivent être revues pour être en cohérence avec
les objectifs fixés et engagements pris. Par exemple, la fonction de la gestion des risques devra intégrer les risques
RSE dans sa démarche, et la fonction des ressources humaines devra intégrer les objectifs de parité et de non-
discrimination dans ses procédures de recrutement et de gestion des carrières.

Aussi, l’organisation de l’entreprise doit être aménagée pour attribuer les responsabilités de prise de décision et
de surveillance en matière de RSE.

MOBILISATION DES COLLABORATEURS

Comme toute dynamique de changement dans l’entreprise, le succès de la démarche RSE est tributaire de
l’adhésion des collaborateurs à tous les niveaux hiérarchiques.

Les collaborateurs doivent être informés de la stratégie et des objectifs de l’entreprise en matière de RSE ainsi que
de leurs rôles respectifs dans l’atteinte desdits objectifs. Les responsabilités en matière de RSE devraient être
intégrées dans les fiches de postes et évaluations de performance.

Les collaborateurs doivent être formés pour comprendre la RSE de manière générale et assimiler la stratégie de
l’entreprise en la matière. Ils doivent aussi être formés sur la manière de remplir les missions qui leurs sont confiées
dans le cadre de la démarche RSE.

Il est important que la direction affiche son engagement en matière de RSE et son soutien à la démarche pour en
assurer le succès. Il est par ailleurs intéressant de noter que la démarche RSE, en même temps qu’elle nécessite
un effort de mobilisation des collaborateurs, elle est un facteur de motivation fédérateur des équipes par sa teneur
éthique. En effet, les collaborateurs sont plus fiers d’appartenir à une entreprise qui œuvre pour le développement
durable et le bien-être de tous.

MISE EN PRATIQUE DANS LES ACTIVITES QUOTIDIENNES

Les procédures de travail de l’entreprise, aussi détaillées soient-elles ne peuvent pas prévoir toutes les situations
possibles ou dicter des lignes de conduite adaptées à toutes les circonstances. Les collaborateurs de l’entreprise

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devraient apprendre, par la formation et l’expérience, à reconnaitre les situations ayant des implications RSE et
intégrer les objectifs RSE dans leur prise de décision.

Ils doivent aussi être sensibilisés sur les impacts de leurs actes personnels, tels que l’impression de documents,
l’utilisation du climatiseur ou encore le tabagisme, ainsi que sur les comportements à adopter pour les minimiser.

ENGAGEMENT DES PARTIES PRENANTES

L’entreprise adoptant une démarche RSE doit essayer, par les moyens dont elle dispose, de diffuser la culture RSE
dans la société et mobiliser ses partenaires vers la réalisation des objectifs de développement durable.
L’engagement des parties prenantes s’exerce dans la sphère d’influence de l’entreprise de plusieurs manières.

L’engagement des parties prenantes passe d’abord par leur écoute. L’entreprise doit mettre en place des
processus pour identifier, recueillir, voire anticiper les intérêts des parties prenantes. Il peut s’agir à titre
d’exemples de rencontres avec les représentants des parties prenantes pour recueillir leurs points de vue, ou de
processus de veille pour identifier les tendances RSE.

L’entreprise engage ses partenaires en faveur du développement durable aussi en les poussant à adopter des
pratiques socialement responsables. Elle conditionne ses relations d’affaires par des exigences RSE (ex. dans les
cahiers de charges ou les évaluations de fournisseurs).et privilégie l’achat responsable (norme ISO 20400). Ce
dernier correspond à tout achat intégrant, dans un esprit d'équilibre entre parties prenantes, des exigences,
spécifications et critères en faveur de la protection et de la mise en valeur de l'environnement, du progrès social
et du développement économique.

L’entreprise peut également user de l’influence dont elle dispose en faveur de la RSE en militant pour l’instauration
d’une norme ou en s’engageant publiquement pour une cause).

Enfin, le reporting ESG constitue un pilier essentiel pour l’engagement des parties prenantes et un principe
fondamental de toute démarche RSE. L’entreprise doit communiquer sa stratégie et ses réalisations en matière de
RSE en suivant les principes énoncés dans la partie du présent guide dédiée au reporting ESG.

SUIVI ET AMELIORATION CONTINUE

La démarche RSE doit faire l’objet d’un suivi méthodique qui vise à :

❖ Evaluer l’atteinte des objectifs RSE et déterminer des actions correctives ;


❖ Adapter les objectifs et la démarche de l’entreprise aux évolutions de son environnement ;
❖ Assurer l’amélioration continue en se fixant des objectifs évolutifs.
En effet, la démarche décrite ci-dessus doit être considérée comme itérative, se répétant tout au long de la vie de
l’entreprise.

32
CHAPITRE II- EVALUATION DE LA DEMARCHE RSE D’UNE ENTREPRISE
L’évaluation de la démarche RSE est importante à la fois en interne dans le cadre du suivi continu présenté ci-
dessus, mais aussi pour les parties prenantes de l’entreprise, dont les investisseurs sur les marchés financiers.

SECTION I- IMPORTANCE DES REFERENTIELS ET LABELS

Les référentiels adoptés sont déterminants pour évaluer la performance de l’entreprise et la pertinence de son
approche sur chacun des axes de la RSE. La démarche RSE est aussi crédible et pertinente que le référentiel adopté
est universel. Il est à rappeler que les premiers référentiels à respecter par l’entreprise sont les lois en vigueur.

Par ailleurs, les labels permettent une évaluation directe et rapide de la démarche RSE de l’entreprise. En effet, un
label donne une assurance que l’entreprise respecte certains critères RSE.

Toutefois, toute partie prenante (notamment investisseur), qui prendrait en compte un label dans son évaluation
de l’entreprise, doit comprendre les critères d’attribution dudit label pour éviter des erreurs de jugement.

A. Rôle des experts indépendants

L’adoption d’une démarche RSE au sein de l’entreprise est un processus transformationnel qui nécessite la mise
en place de plusieurs chantiers à différentes échelles de l’organisation. A ce titre, une certaine expertise est requise
pour mener à bien la transformation. Les experts indépendants peuvent ainsi assister l’entreprise dans la définition
et la mise en œuvre d’une stratégie RSE alignée sur les meilleures pratiques en la matière.

Aussi, le recours à des experts indépendants peut être sollicité pour revoir la démarche RSE et « noter » l’entreprise
sur les aspects ESG, donnant ainsi une crédibilité à la démarche et aux informations communiquées aux parties
prenantes.

B. Rôle de la transparence

La transparence est un principe fondamental de toute démarche RSE crédible. En effet, on ne peut concevoir une
démarche RSE sans transparence de l’organisation. Le principe de transparence est mis en pratique à travers une
politique de communication adaptée aux besoins et intérêts des différentes parties prenantes internes ou
externes à l’organisation.

L’entreprise se doit d’être claire sur sa stratégie, objectifs et priorité en matière de RSE, ainsi que sur ses avancées
et réalisations dans les différents axes retenus. Les canaux d’information à utiliser sont variés, mais le rapport
RSE/ESG demeure le moyen privilégié.

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SECTION II- PROCESSUS DE CERTIFICATION

1/ Définir le cadre de la 2/ Rédiger une politique 3/ Recenser les activités


démarche RSE interne (processus)

4/ Identifier les impacts de 6/ Définir et mettre en


5/ Définir les objectifs
l’entreprise œuvre les actions

7/ Evaluer la performance
RSE et communiquer

Figure 6 : Processus de certification

A. Définir le cadre de la démarche RSE

Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises prennent des mesures durables comme le tri des déchets, le recyclage, des
événements de sensibilisation… sans que la vision et les objectifs de leur démarche aient été clairement définis.

La RSE est une démarche de progrès qui pousse l’entreprise à améliorer ses performances environnementales,
sociétales et économiques. Avant d’entreprendre toute action, il est nécessaire de définir les critères sur lesquels
l’entreprise veut s’améliorer : renforcer son image, diminuer ses coûts de fonctionnement, améliorer
l’engagement des collaborateurs, obtenir une certification, etc.

Une fois le « pourquoi » défini, vous pourrez travailler sur le cadre et identifier un périmètre : Quelles activités et
quels sites géographiques vont être concernés par ces démarches ?

En outre, une démarche RSE nécessite une organisation et des responsabilités. Il est essentiel de répondre à ces
questions dès maintenant : Qui va gérer la démarche RSE ? Ferez-vous appel à un consultant spécialisé pour lancer
le projet ? Qui seront les référents RSE en interne ? Désormais, vous pouvez travailler sur la formalisation de vos
engagements ainsi que sur la mise en place de votre plan d’action.

B. Rédiger une politique interne

La stratégie RSE étant établie, il faut maintenant la formaliser. La politique RSE est un document essentiel pour
clarifier les orientations et communiquer votre démarche.

Ce document comprendra de nombreux éléments : cadre de la démarche, vision et engagements, etc.

D’autres documents complémentaires et plus spécifiques peuvent être créés pour illustrer votre démarche :
politique d’achats, procédures de situations d’urgence (écologique ou climatique par exemple), politique de
mobilité, etc.

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C. Recenser les activités (processus)

L’inventaire des activités (processus) est capital. Il permet de mettre à plat toutes les activités réalisées par
l’entreprise et d’identifier plus facilement leurs impacts.

Prenons l’exemple d’une entreprise dans le domaine de la construction qui souhaite améliorer ses performances
RSE. Voici un extrait de ses processus :

Figure 7 : Activités et processus

D. Identifier les impacts de l’entreprise

Pour chaque activité, il s’agit d’identifier les impacts de l’entreprise sur son écosystème. Voici
quelques exemples d’impact selon leur type.

❖ L’impact social : taux de satisfaction des collaborateurs, turnover, qualité de vie au travail,
équilibre vie professionnelle et personnelle, risques psychosociaux.
❖ L’impact économique : implication dans l’environnement économique local, partenariats avec des
fournisseurs de proximité, concurrence déloyale.
❖ L’impact environnemental : pollution, émission de gaz à effets de serre, production de
déchets, surconsommation énergétique.

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Figure 8 : recenser l'Impact de l'entreprise

L’identification des impacts permet déjà d’en prendre conscience puis d’évaluer leur niveau selon une échelle
prédéfinie. Une entreprise dans laquelle la consommation énergétique est très élevée devra classifier ce risque en
« modéré » car la pérennité de l’entreprise n’est pas remise en question, mais que la consommation énergétique
devra être réduite afin de diminuer l’impact environnemental.

E. Définir les objectifs

Sur la base des impacts identifiés précédemment, vous allez pouvoir fixer des objectifs chiffrés et des
délais.

Figure 9 : Définition des objectifs

Lors de la définition des objectifs RSE, il est recommandé de consulter les réglementations
spécifiques à votre secteur d’activité. Dans le monde de la construction par exemple, certains
matériaux sont interdits, des règles de temps de travail sont imposées et des certifications sont
requises.

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F. Définir et mettre en œuvre les actions

Il est désormais temps de passer à l’action ! Sur la base des objectifs fixés, des mesures concrètes
devront être mises en œuvre afin d’améliorer les performances de votre entreprise.

Figure 10 : Définir et mettre en œuvre les actions

Voici quelques exemples d’actions réussies et testées par nos clients.

Actions environnementales

Maîtriser la consommation énergétique

C’est en général une des premières actions entreprise par les établissements souhaitant réduire leur impact
environnemental. L’utilisation d’énergies renouvelables est souvent exploitée pour leur efficacité : panneaux
solaires, éoliennes, géothermie… En plus de cela, d’autres actions peuvent être réalisées : utilisation d’ampoules
basse consommation, souscription d’un contrat

« Énergie verte » ou configuration des locaux de manière à réduire l’utilisation du chauffage ou de la climatisation.

Encourager l’éco mobilité

Cela peut se traduire par la mise en place d’un système de navettes ou de covoiturage. Les entreprises peuvent
présenter un plan de mobilité qui prend en compte les transports propres.

Promouvoir l’utilisation des transports en commun auprès du personnel avec une participation financière, intégrer
une flotte de véhicules électriques.

Actions sociétales

Promouvoir la diversité

Les engagements en matière de diversité font partie intégrante d’une démarche RSE. Il peut s’agir de
sensibilisation auprès des collaborateurs, de la mise en place d’une politique de diversité ou encore de la
nomination d’un référent diversité et inclusion.

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Favoriser l’insertion professionnelle des jeunes

Dans le contexte actuel, l’intégration des jeunes sur le marché du travail est une thématique très souvent abordée
en entreprise. On y retrouve le recrutement de jeunes diplômés ou encore la mise en place d’une politique de stage
et d’apprentissage.

Actions économiques

Repenser la stratégie d’achat

Dans les relations avec les fournisseurs, il est possible d’instaurer une clause RSE afin de favoriser les sous-traitants
qui ont choisi des pratiques responsables. Ainsi, la stratégie RSE peut devenir « positivement contagieuse ».

Devenir un acteur de l’économie circulaire

L’économie circulaire est un concept de plus en plus utilisé par les entreprises et les particuliers dans le but de
réduire les coûts et de minimiser l’impact écologique. A défaut d’acheter du matériel neuf, il s’agit de privilégier la
seconde main.

G. Evaluer la performance RSE et communiquer

La démarche RSE ne doit pas se réduire à une action de marketing ou de communication. Elle représente de réels
engagements pris par l’entreprise.

Pour évaluer la performance de sa démarche RSE, l’entreprise doit se munir d’indicateurs et de tableaux de bord.
Ils permettront de mesurer plus facilement l’impact des actions mises en place.

Les principales normes RSE recommandent de communiquer le bilan des actions RSE à l’externe : c’est un support
de communication et de vente très important qui peut faire la différence auprès de vos prospects. Il est donc
important de retrouver ces informations sur votre site internet et sur vos réseaux sociaux (publication d’un Bilan
DD (développement durable), ajout des chiffres clés de la démarche RSE dans la rapport annuel…).

En conclusion, et comme les étapes ci-dessous le montrent, la RSE est un système d’organisation qui doit faire
l’objet d’une vision et d’une organisation pour apporter une valeur ajoutée à l’entreprise et ses parties intéressées.

La RSE est une transformation profonde des entreprises qui va concerner tous les domaines d’activité dans les
prochaines années. La mission initiale des entreprises est complétée avec les enjeux environnementaux et
sociétaux. Dans cette démarche, chaque entreprise joue un rôle dans son écosystème ce qui permet de mettre en
évidence l’aspect collectif de la Responsabilité Sociétale des Entreprises.

SECTION III- COMMUNICATION SUR LA RSE A TRAVERS LE REPORTING ESG

A. Format de reporting ESG

Dans le contexte du marché financier, une entreprise faisant appel public à l’épargne (APE) doit rendre publiques
les informations ESG sous une forme structurée et ne peut se contenter d’une communication directe avec ses
parties prenantes. En effet, les investisseurs sur le marché deviennent des parties prenantes centrales, qui sont
intéressées non seulement par leur relation directe avec l’entreprise (droits des actionnaires, distribution de

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dividendes…) mais aussi par la relation de cette dernière avec les autres parties prenantes (relation avec les clients
et fournisseurs, avec la communauté, performance environnementale…) pour prendre des décisions informées.

Le rapport ESG devient ainsi la forme privilégiée de reporting et de communication aux parties prenantes. Ledit
rapport qui traite des différentes questions ESG doit satisfaire un certain nombre d’exigences, décrites ci-dessous,
pour bien remplir son rôle.

Le rapport ESG peut être préparé et publié séparément, ou intégré à un autre document tel que le rapport annuel.
Il est recommandé de le publier en même temps que les publications annuelles afin de permettre aux investisseurs
de mieux intégrer l’analyse ESG à leur analyse financière. Il est aussi recommandé de diffuser le rapport ESG sur le
site web de l’entreprise pour en assurer une diffusion appropriée et un accès facile.

B. Principes de reporting ESG

Pour un meilleur impact, l’information incluse dans un rapport ESG doit obéir à certains principes qui font sa qualité
et sa pertinence. Il s’agit notamment de :

Fiabilité

Ponctualité Clarté

Matérialité Equilibre

Comparabilité

Figure 11 : Principes de reporting ESG

• Fiabilité : L’information doit être fiable et documentée. L’entreprise doit assurer une maitrise du processus
de production, collecte, traitement et présentation de l’information. La fiabilité de l’information est
significativement améliorée par une revue externe.

• Clarté : L’information doit être présentée d’une manière aisément compréhensible. Ainsi, les concepts
ambigus ou techniques doivent être accompagnés d’explications.

• Equilibre : Le rapport doit refléter les aspects positifs et négatifs de la performance de l’organisation afin
de permettre une appréciation juste de sa performance globale.

• Comparabilité : L’information présentée doit être comparable dans le temps et dans le secteur.
L'entreprise doit veiller à publier les informations d’une manière continue afin de permettre une appréciation de

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l’évolution de sa performance dans le temps. Elle doit aussi veiller à s’aligner sur les meilleurs pratiques de son
secteur en matière de publication pour assurer une comparabilité avec ses pairs.

• Matérialité et Exhaustivité : L’information publiée doit être matérielle. Elle doit être pertinente pour les
parties prenantes et utiles à leur appréciation de la performance de l’entreprise. Toutefois, pour chacun des
sujets identifiés comme étant matériel, l’entreprise doit donner des informations exhaustives pour permettre
une appréciation juste de sa performance.

• Ponctualité : Les informations ESG doivent être communiquées selon une fréquence régulière et connue
des parties prenantes. Lesdites informations doivent être mises à disposition à temps pour permettre une prise
de décision adéquate.

C. Contenu du rapport ESG

Le rapport ESG permet d’informer sur les différents dispositifs RSE mis en place ainsi que les moyens alloués pour
les suivre et les contrôler. A travers ledit rapport, l’entreprise peut également démontrer, lorsque les données
existent, la contribution des actions RSE à la performance économique et financière (exemples : réductions de
coûts, gains de productivité, captation de nouveaux marchés ou fidélisation des clients, fidélisation des employés,
meilleure maitrise des risques, meilleure réputation, meilleure image…).

Il existe, au niveau international, plusieurs référentiels14 qui fournissent des cadres normatifs pour le reporting ESG
et le contenu du rapport ESG.

En général, le rapport ESG doit contenir des informations d’ordre général ainsi que des informations spécifiques à
chacun des piliers de l’analyse ESG.

Eléments d’informations généraux

Cette partie du rapport ESG offre une vue d’ensemble sur l’entreprise et sur sa stratégie en matière de RSE. Elle
introduit aussi la méthodologie et la structure du rapport ESG.

L’entreprise doit se décrire de manière générale (produits, marchés géographiques, principaux chiffres…) et offrir
une vue d’ensemble sur son profil. L’accent doit être mis sur les activités ayant un lien avec les thématiques de
développement durable considérées comme matérielles pour l’entreprise (exemples : sites de productions à
activités polluantes, problématiques avec les communautés riveraines…).

Le dirigeant de l’entreprise doit fournir une déclaration dans laquelle il explique la vision globale de l’entreprise et
sa stratégie en matière de RSE à court, moyen et long terme ainsi que l’organisation mise en place pour la
concrétisation de ladite stratégie. Il présente les priorités stratégiques et les thèmes clés identifiés par l’entreprise
en la matière, les tendances larges (macro-économiques ou politiques par exemple) qui affectent l’organisation et
influent sur ses priorités en matière de développement durable, ainsi que les objectifs que celle-ci s’est fixés.

La présentation devrait couvrir les réalisations de la période de reporting par rapport aux objectifs fixés ainsi que
les principaux succès et échecs ayant marqué ladite période.

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Aussi, est-il important de bien définir le profil du rapport ESG en lui-même afin que ce dernier soit exploitable de
manière optimale. D’abord, il convient de présenter clairement le champ couvert par le rapport. En effet, si
l’entreprise est implantée dans différents marchés ou a plusieurs lignes de métiers ou filiales, le champ du reporting
(géographique, activités couvertes et exclues) doit être clair pour le lecteur. Généralement, l’entreprise devra
fournir un reporting sur ses activités les plus significatives. La durée concernée par le rapport doit aussi précisée.

L’aspect méthodologique du rapport doit aussi être décrit et expliqué. Ainsi, le référentiel de reporting adopté
devrait être porté à la connaissance du lecteur en précisant, le cas échéant, le degré de conformité du rapport avec
ledit référentiel (aspects non appliqués, en expliquant les raisons de la non application). La méthodologie
d’analyse et de définition de la matérialité des sujets traités dans le rapport doit aussi être décrite.

Eléments d’information spécifiques

Cette partie du rapport fournit des éléments d’information spécifiques à chacun des axes considérés comme
matériels par l’entreprise. En effet, les informations à publier dans le rapport dépendent du profil de l’entreprise.
Certains sujets seront matériels pour certaines entreprises et pas d’autres. A titre d’exemple, les sociétés opérant
dans le conseil informatique ne seront à priori pas concernés par les émissions de gaz à effet de serre alors que ce
sujet sera une préoccupation majeure des entreprises opérant dans l’industrie lourde, le raffinage ou la production
électrique à partir de centrales à charbon. Chaque entreprise devra effectuer sa propre analyse de matérialité, en
se basant notamment sur les travaux effectués pour la définition de sa démarche RSE (voir le paragraphe «
Identification des axes de la responsabilité sociétale »). Pour chacun des axes définis comme matériels, le rapport
doit fournir les impacts de l’entreprise ainsi que les objectifs et plans d’action mis en place pour les traiter.

La dimension environnementale traite de la politique environnementale de l’entreprise et couvre les impacts liés
à l’utilisation des intrants (eau, énergie…) et au traitement des éléments sortants (émissions de gaz à effet de
serre, effluents et déchets…). De manière générale, le rapport doit mettre en évidence la participation de
l’entreprise à la conservation des ressources naturelles et ses efforts pour réduire sa consommation tout en
améliorant son efficacité économique.

La dimension sociale décrit la relation employeur/employés et relate les pratiques de l’entreprise en matière
d’emploi et de travail. Ainsi, cette partie du rapport expose les principaux axes de la politique de l’entreprise en
matière de ressources humaines (recrutement, formation, gestion de carrières, dialogue social…) et fournit des
indicateurs mesurables permettant d’apprécier le degré d’intégration des meilleures pratiques en la matière :
parité et diversité, égalité des chances, respect des droits de l’homme et de la liberté syndicale, mesures de
prévention des accidents et politique de santé, hygiène et sécurité.

La transparence concernant la structure de gouvernance est importante pour garantir la « redevabilité » des
organes et personnes concernés. Cette partie décrit notamment la composition des organes de gouvernance et
leur fonctionnement. Elle couvre également la contribution desdits organes dans la détermination de la mission,
des valeurs et de la stratégie de l’organisation, ainsi que leur rôle dans la gestion des risques, la définition de la
démarche RSE et la production du rapport ESG.

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Enfin, le rapport ESG traite d’autres sujets touchant aux diverses parties prenantes de l’entreprise tels que ses
relations avec ses clients et fournisseurs, avec les communautés locales ou les ONG. Aussi, le rapport doit relater
les objectifs et les mesures mises en place par l’entreprise pour intégrer les meilleures pratiques universelles dans
ses opérations (exemples : lutte contre la corruption, concurrence

42
CONCLUSION
En conclusion, le Management de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) s'impose comme un fondement
essentiel de la gestion contemporaine, intégrant harmonieusement les considérations sociales,
environnementales et de gouvernance au sein des stratégies commerciales. Au fil de l'évolution du concept de
RSE, de plus en plus d'entreprises prennent conscience de l'impact de leurs activités sur la société et
l'environnement, s'engageant ainsi à adopter des pratiques responsables.

Cependant, pour véritablement progresser, les entreprises doivent dépasser la simple conformité réglementaire
et embrasser les principes du développement durable, équilibrant de manière holistique les dimensions
économiques, sociales et environnementales.

La montée en puissance des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) ainsi que des
investissements responsables reflète une reconnaissance croissante, tant de la part des investisseurs que des
parties prenantes, de l'importance de la performance globale des entreprises. Les entreprises qui réussissent à
intégrer efficacement ces critères dans leur stratégie bénéficient d'une résilience accrue face aux risques, d'une
amélioration de leur réputation et d'une création de valeur à long terme.

Notre rapport a suivi une démarche logique et complète, articulant trois phases essentielles du processus :

❖ L'adoption du modèle de développement durable ;

❖ Le suivi des critères d'évaluation ESG ;

❖ La redirection des investissements ordinaires vers des investissements responsables et durables, dans le

temps et dans l'espace.

Ainsi, les entreprises peuvent non seulement améliorer leur performance financière, mais aussi jouer un rôle crucial
dans la construction d'un avenir plus durable et équitable pour tous.

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BIBLIOGRAPHIE
• UN Global Compact : https://www.unglobalcompact.org/

• L’organisation internationale de normalisation : www.iso.org

• Directive du parlement Européen et du conseil 2014/95/UE en ce qui concerne la publication


d'informations non financières et d'informations relatives à la diversité par certaines grandes
entreprises et certains groupes :

http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32014L0095&from=FR

• La Global Reporting Initiative : www.globalreporting.org

• Principes de l’ONU pour l’investissement responsable : https://www.unpri.org/about

• La 22ème conférence des parties à la convention cadre des nations unies sur les changements climatiques
(COP22) : http://cop22.ma/fr/

• La constitution du Royaume du Maroc :

http://www.chambredesrepresentants.ma/sites/default/files/documents/constitution_2011_marocai
ne.pdf

• Le conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) : http://www.ces.ma/

• Rapport du CESE intitulé « Responsabilité sociétale des organisations : mécanismes de transition vers
un développement durable » : http://www.ces.ma/Documents/PDF/Auto-
saisines/2016/av26/rpas26f.pdf

• Stratégie nationale de développement durable (SNDD) :

http://www.environnement.gov.ma/fr/strategies-et-programmes/sndd?showall=1&limitstart=

• la Charte RSE de la CGEM : https://rse.cgem.ma/upload/CHARTE-RSE-FR.pdf

• Feuille de route pour l’alignement du secteur financier marocain sur le développement durable / Feuille
de route pour l’émergence de la finance durable en Afrique :

http://www.ammc.ma/actualites/feuille-de-route-pour-lalignement-du-secteur-financier-
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• Norme ISO 20400 : https://www.iso.org/fr/standard/63026.html

• Norme ISO 26000 : https://www.iso.org/fr/standard/42546.html

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