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Second mouvement :

Une déclaration d’amour stratagème

PERDICAN, à haute voix, de manière que Camille l’entende.


Je t’aime, Rosette ! toi seule au monde, tu n’as rien oublié de nos beaux jours passés ; toi seule, tu te souviens de la vie qui n’est plus ; prends ta part de ma vie nouvelle ; donne-
moi ton coeur, chère enfant ; voilà le gage de notre amour. (Il lui pose sa chaîne sur le cou.)

ROSETTE
Vous me donnez votre chaîne d’or ?

Un stratagème très théâtral


• Didascalie « à haute voix » indique le jeu d’acteur exagéré : la déclaration est dite de manière peu naturelle.
• CC de manière « de manière que Camille l’entende » : Perdican prend le rôle d’un metteur en scène.
• Subjonctif « entende » souligne le jeu de double énonciation, mise en abyme : Camille est devenue la spectatrice.
• La tirade de Perdican est une longue phrase : il domine le dialogue. À la fois metteur en scène et dramaturge.
⇨ Nous allons aussi percevoir ce stratagème dans son jeu d’acteur.

Une déclaration d’amour exagérée


• Déclaration d’amour sans détour « Je t’aime, Rosette ! » Topos littéraire qu’il aborde sans précaution.
• L’apostrophe et l’exclamation « Rosette ! » il surjoue l’adresse qu’il ne fait pas à Camille. Le mensonge est un masque
théâtral.
• La deuxième personne est très présente : objet « je t’aime » puis sujet « tu n’as rien oublié ». Il insiste sur le fait que
c’est à elle qu’il adresse la déclaration.
⇨ Cette déclaration d’amour est faite pour rendre Camille jalouse.

Reproches indirects à Camille


• Anaphore rhétorique (répétition en tête de vers) « toi seule » il répond indirectement à Camille :
Je ne suis pas assez jeune pour m’amuser de mes poupées, ni assez vieille pour aimer le passé. [...] Les souvenirs
d’enfance ne sont pas de mon goût.
Acte I, scène 3
• Litote « tu n’as rien oublié » (la double négation renforce le propos) est repris à la forme a rmative « tu te souviens ».
• L’adjectif « nouvelle » sous-entend une renaissance, le fait qu’il tourne une page.
⇨ Perdican va évoquer des souvenirs de leur vie passée, leur enfance, pour mieux séduire Rosette.

Un échange inégal
• L’échange se traduit par 2 impératifs « prends ta part … donne moi ».
• Il la tutoie « donne-moi » elle le vouvoie « Vous me donnez ».
• Multiplication des possessifs « ta part … ma vie … ton cœur ».
• Il lui demande son « cœur » mais ne lui donne qu’une « part » de sa vie. Cela annonce la n tragique, le cœur brisé de
Rosette.
• Il emploie des termes a ectueux « chère enfant ».
⇨ Cette relation inégalitaire fait de Perdican un personnage manipulateur.

Il fait voir à Rosette la possibilité de leur couple.


• Les deux personnes à la forme tonique « toi » et « moi » deviennent ensuite « notre amour ».
• Le présentatif « voilà » accompagne le geste qui présente la chaîne.
• La didascalie précise qu’il lui met lui-même la « chaîne sur le cou ». Il prend l’initiative du geste.
• La question de Rosette « vous me donnez votre chaîne d’or ? » peut même laisser entendre qu’elle n’a pas eu le
temps de la voir.
• L’interrogation en suppose donc d’autres : pourquoi ce présent ?
⇨ On va en e et mieux comprendre les motifs de ce choix dans la réplique suivante de Perdican.
ff
ff
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