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La chaine d’asepsie au cabinet dentaire

Cours destiné aux auxiliaires dentaires de première année

Dr Ayoune.S- Dr Khreifiya.C-Pr Lattafi.R

Service de Pathologie et chirurgie buccale-CHU de Béni Messous


Année universitaire : 2018/2019
Introduction :

 Protéger les patients est un devoir du chirurgien-dentiste et des assistants dentaires .

 L’acte bucco-dentaire est pourvoyeur d’un risque infectieux important car réalisé dans
une cavité orale fortement septique

 Prévention demeure la meilleure solution pour endiguer l’infection au cabinet dentaire


; toutes ces mesures préventives sont connus sous l’appellation « d’asepsie au cabinet
dentaire »

I -Risque infectieux :

 Conditionné par

 Existence de microorganismes pathogènes en quantité suffisante;

 Durée de vie suffisamment longue des microorganismes dans le milieu


extérieur;

 Contact entre les microorganismes et l'Homme par une voie de


pénétration.

I-A : Risque infectieux au cabinet dentaire :

 Par contact direct ou indirect les dispositifs médicaux dentaires


insuffisamment désinfectés ou non stérilisés entre deux patients

 Par les gouttelettes (corpuscules de PFLÜGGE) émises en respirant, toussant,


parlant.

 Par l’air dans lequel sont présentes des poussières d’origine cutanée qui font
perdurer la contamination.

 Par les produits biologiques d’origine humaine ( sang , salive…..)


I-B Agents pathogènes
Les principaux agents pathogènes que l’on risque de transmettre au patient si la
stérilisation n’est pas correctement effectuée sont

o Les bactéries : principaux microorganismes responsables de plus de 90% des


infections liées aux soins dont le premier à se fixer sur site est le staphylococus
aureus, surtout chez les patients immunodéprimés. De plus les streptococus
viridans sont responsables de 35% des endocardites d’OSLER.

o Les virus comme celui de l’Hépatite C, du VIH ou de l’Hépatite B transmis


par accident d’exposition au sang sur peau lésée ou muqueuse lors de piqures
ou coupures mais aussi par la salive qui est fréquemment teintée de sang.

o Les agents transmissibles non conventionnels (ATNC). Les Prions sont


responsables des encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles
comme la maladie de Creutzfeld Jacob. Ils sont très résistants aux moyens de
désinfections conventionnels.

II- Asepsie au cabinet dentaire :

 Ensemble des mesures préventives visant à empêcher l’introduction des micro-


organismes dans le corps obtenue par :

 Antisepsie ; ensemble des mesures permettant d’éliminer les micro-organismes au


niveau des tissus vivants

 Désinfection : ensemble des mesures visant à éliminer les micro-organismes sur les
surfaces inertes

 Stérilisation : opération technique visant à détruire tout les micro-organismes


présents sur les dispositifs médicaux

II-A Vaccination:

 Les vaccinations obligatoires :

 DTP (diphtérie- tétanos-poliomyélite); Hépatite B; BCG (vaccin antituberculeux).

 Les vaccinations recommandées :

 Grippe; ROR (rubéole, oreillons, rougeole); Coqueluche; Varicelle.

II-B Protection physique


 La tenue de soins:

 Tunique doit comporter des manches courtes, pour faciliter le lavage des
mains, des poignets et des avant-bras.

 Les gants:

 Protéger non seulement le praticien et son personnel; mais, aussi, le patient,


des infections croisées.

 Le masque à usage unique:

 Constitue une barrière physique efficace et permet de réduire la quantité de


micro-organismes inspirés

 Les lunettes:

 Protègent des traumatismes oculaires provoqués par la projection de débris


organiques (dentine, émail, tartre), ou inorganiques (résine, amalgame)

II-C Protection chimique

 Procédure: Le temps minimum à respecter, pendant l’opération, est de 30


secondes:

 Mouiller les mains et les poignets (mains et avant-bras nus);

 Déposer une dose de savon dans le creux de la main. Le distributeur doit être
actionné par le coude et non à l’aide de la main;

 Appliquer, pendant 30 secondes, le savon sur chaque main, en insistant sur les
espaces interdigitaux, souvent négligés au cours de cette opération;

 Rincer soigneusement les deux mains et les avant-bras, sous l’eau courante;

 Sécher soigneusement les mains et les avant-bras, par tamponnement, à l’aide


d’une serviette de papier à usage unique;

II-D Protection du patient

 Les tabliers de protection à usage unique ou Les champs opératoires stériles:

 La digue

 La protection chimique: L’utilisation d’un bain de bouche, contenant de la


chloréxidine, ou de l’hexétidine

II-E Gestion des déchets


 Déchets Assimilables aux Ordures Ménagères (DAOM):

 Papiers, emballages, ou déchets mous : compresses, gants, gobelets non


contaminés.

 Déchets d’Activité de Soins A Risque Infectieux (DASRI):

 Tout dispositif médical et déchets mous contaminés, dents extraites, déchets


spécifiques contaminés (aiguilles, capsules, bistouris, instruments
endodontiques, tout dispositif, ou instrument coupant, perforant…).

 Déchets d’Activité de Soins à Risque chimique et toxique (DASRCT):

 Matériaux périmés, médicaments, produits cosmétiques, divers produits


chimiques, bains radiologiques, amalgame.
III-Chaine de stérilisation au cabinet dentaire

III –A Définition de la stérilisation


 Elle se définit comme un « Procédé validé utilisé pour obtenir un produit exempt de
micro- organismes viables » selon la norme NF EN ISO 17665-1 (2006).
 Le niveau d’assurance de la stérilité (NSA) est défini par lanorme EN 556 impliquant
l’élimination de 99,9999% des germes.

III-B Tri des instruments


Par rapport au risuqe infectieux :
 DM « non critiques » (corps de la lampe à photopolymériser, composant
externe…) : sont en contact, ou non, avec la peau intacte du patient. Ils
nécessiteront uniquement une désinfection.
 DM « semi-critiques » (miroirs, précelles, fouloirs, pièce à main, contre-
angle,turbine….).
o entrent en contact avec les muqueuses sans pénétration de celles-ci.
o Ils doivent être stérilisés /désinfection intermédiaire pour DM
thermosensibles
 DM « critiques » ; instruments invasifs ( les sondes, instruments chirurgicaux
…) , doivent donc être stérilisés

III-C Le prétraitement ou pré-désinfection

 Cette étape est caractérisée par l’AFNOR comme une « opération au résultat
momentané, permettant d’éliminer, de tuer ou d’inhiber les micro-organismes
indésirables, en fonction des objectifs fixés.
 Le résultat de cette opération est limité aux micro- organismes présents au moment de
l’opération ».
 Il facilite le nettoyage, abaisse le niveau de contamination en diminuant le nombre de
germes présents, protège le personnel et l’environnement en désagrégeant le sang, la
salive et les souillures.
 En fonction du dispositif médical il consiste en une immersion totale après démontage
dans un bain détergent- désinfectant ne contenant pas d’aldéhyde (dont l’usage est
maintenant interdit) en respectant les doses et le temps de trempage préconisés par le
fabricant.

III-D Rinçage, nettoyage, rinçage et séchage


 L’eau du réseau est utilisée afin de rincer les instruments.
 En association avec un nettoyage, les salissures sont éliminées par l’action de 4
facteurs (cycle de SINNER)
 Chimique (utilisation des détergents)
 Temps de contact
 Température
 Action mécanique :
 Il peut se faire dans un bac à ultrasons. Un générateur d’ultrasons va fabriquer
 de l’énergie électrique à haute fréquence et l’envoie aux transducteurs qui la
transforment en vibrations.
 Ces vibrations sont transférées au bain de nettoyage où elles déclenchent des phases de
compressions et de décompression appelées cavitation.
 La décompression va permettre la formation de bulles microscopiques qui viennent
imploser violemment pendant la phase de compression.
 Il peut aussi se faire dans une machine à laver (thermo désinfecteur) via un lavage
à basse température à l’aide d’un détergent puis une désinfection thermique par de
l’eau à 93°C et enfin un rinçage.
 La technique la plus ancienne reste le nettoyage manuel qui est de moins en moins
utilisé. Elle consiste en un brossage des instruments pour éliminer toutes salissures ou
souillures visibles à l’oeil nu avec des détergents désinfectants.
 Le manipulateur doit obligatoirement porter des gants type MAPA, des lunettes et un
masque. Le risque de contamination avec cette méthode est le plus élevé avec une
pollution de l’environnement et un risque augmenté d’accident d’exposition au sang
(AES).

III- D Conditionnement :
 Le conditionnement est une des étapes les plus importantes.
 Après une désinfection et un nettoyage des instruments, ils sont placés dans des
sachets spécifiques ou des cassettes appropriées. Ils sont disposés ensuite dans
l’autoclave afin d’y être stérilisés.
 L’emballage joue le rôle d’une barrière microbiologique pour maintenir la stérilité des
instruments jusqu’à son utilisation.
 Il doit permettre l’action de l’agent stérilisant. Leur ouverture doit être conçue pour ne
pas mettre en péril la qualité de la stérilisation et permettre une identification et une
traçabilité aisée.
 En ce qui concerne le conditionnement en sachet, procédé le plus utilisé en
 cabinet dentaire, il est impératif de les souder aux extrémités pour conserver le plus
longtemps possible l’état de stérilité des instruments

III- E Stérilisation :

 Contrairement aux instruments thermosensibles où seule la désinfection est possible


avant le rinçage,
 séchage et stockage, la stérilisation est faite pour le matériel thermo-résistant.
 C’est un procédé qui utilise la chaleur humide ou vapeur d’eau saturée et qui est
capable de réaliser le vide via un cycle de 134 degrés pendant 18 minutes.
 Le cycle comporte 3 vides fractionnés puis un séchage
 une temporisation de refroidissement est nécessaire avant tout retrait des
conditionnements.
 Les autoclaves sont appelés stérilisateur pour charge à protection perméable.
 C’est une cuve parallélépipédique avec double enveloppe pour le préchauffage
 de la chambre de stérilisation et pour éliminer les condensats. Elle est équipée d’une
simple ou double porte
 manuelle ou automatique avec des joints.
 Au cabinet dentaire on utilise des autoclaves de classe B ce qui signifie qu’ils peuvent
porter toute charge confondue de matériels prêts à être stérilisé

REPRESENTATION D’UN CYCLE DE STERILISATION

III-F Contrôle de la stérilisation :

 Test de Bowie-dick :

 C’est le contrôle de pénétration de la vapeur au coeur de la charge.


 Paquet test placé au point le plus froid de la cuve.

 Lecture du virage de couleur qui doit être homogène sur toute la surface du
papier.

 Indicateurs chimiques :

 Témoins de passage attestant que les articles ont été soumis au procédé

 Indicateurs physicochimiques classe 6 vérifiant la température, le temps et


la saturation de vapeur.
III-H Traçabilité :

Elle permet d’affecter à chaque instrument un cycle de stérilisation enregistré consultable.


Ainsi, sur chaque dossier patient et à chaque soin, on peut retrouver le cycle de stérilisation
utilisé. Inversement, un lot problématique permet de retrouver tous les patients affectés par ce
lot.
Après chaque cycle de stérilisation, il faut :
 Archiver le déroulement du cycle : date, heure, numéro du cycle, les différentes phases
 du cycle (vides fractionnés, montées en pression, phase de plateau, séchage, etc.).
 A l’heure actuelle, cette phase est informatisée.
 Archiver les tests qualitatifs (test Hélix).
 Sur les conditionnements : soit on place des étiquettes à coller avec date, numéro de
lot et péremption, soit un code à barres avec les mêmes renseignements que
précédemment.

III-G Stockage :

 Les dispositifs médicaux doivent être stockés dans un endroit propre, sec et
ventilé.
 Le local devra être nettoyé une fois par semaine.
 La durée de validité de la stérilisation dépend du conditionnement mais aussi de la
 qualité du stockage du matériel

IV- Traitement du matériel dynamique et statique :

IV-A Traitement du matériel dynamique :

 Les portes instruments rotatifs ou PIR sont des instruments fragiles de par la
complexité et le nombre de leurs composants internes. Ils sont constitués de
différents alliages, matériaux composites, élastomères et même pour certains de
composants électroniques.
 Il est donc impossible de nettoyer efficacement les différentes parties internes des
rotatifs (griffes de serrage, boutons poussoirs, engrenages…) car ils ne sont pas
entièrement démontables. Par conséquent le traitement complet devient vite
contraignant. Il doit être précis et adapté

Protocole de nettoyage des PIR :

 Fonctionner à vide l’instrument avec son spray pendant une dizaine de


secondes afin de rincer les tuyaux de fluides ;

 Nettoyer la face externe, soit manuellement


 (avec une brosse et un détergent), soit mécaniquement à l’aide d’un
autolaveur ;

 Lubrifier l’instrument

 Passage à l’automate ou autoclave à défaut

IV-B Traitement du matériel statique :

 DM qui fonctionnent sans sources d’énergie

 Comprends DM dentaires d'examen, DM dentaires chirurgicaux Seringues


"multifonctions" Lampes à photopolymériser

 Passent par le cycle de stérilisation classique avec une stérilisation finale à


l’autoclave.

V- Traitements des instruments thermo-sensibles et thermo résistants :

V-A Instruments thermo-sensibles :

 DM ne pouvant pas supporter une chaleur de plus de 125 degrés

 Comprend : Plastiques thermosensibles, instruments à matériaux composites

 La Stérilisation avec la chaleur humide est impossible

 Stérilisation chimique à froid est donc fortement indiquée elle est appelée aussi
« désinfection finale»

 Immergés dans un bain de désinfection à base de Glutaraldéhyde , peroxyde


d'hydrogène.

 Temps de trempage d'une heure.


 Désinfection se fera sur du matériel propre.

 L'instrumentation aura donc été pré-désinfectée, rincée, nettoyée et rincée


de nouveau

V-B Instruments thermo-résistants :

 Procédé de référence en stérilisation hospitalière

 Autoclave fonctionne selon un cycle de stérilisation qui comporte

 Préchauffage –réalisation d’un pré-vide-montée de température et de


pression-stérilisation- réalisation d’un post –vide – Retour à la pression
atmosphérique

 Textiles , pansements, DM chirurgicaux, caoutchouc, plastiques thermorésistants

VI- Traitement des instruments rotatifs ( fraises, limes ) :

 Même cycle de stérilisation que les instruments thermo-résistants

 Quelques recommandations ;

 Solution désinfectante homologuée

 Solution à base de peroxyde d’hydrogène dégrade les fraises en


carbures de tungstène ou les supports en plastique

 Fraises en aluminium sont dégradés par le PH alcalin ou acide


ainsi que le soude caustique

 Eviter les laveurs désinfecteurs

Conclusion

 Les étapes de la chaîne de stérilisation sont bien définies dans leur enchainement et
leurs objectifs

 L’asepsie du cabinet dentaire est la responsabilité des assistants dentaires , elle


commence par les gestes barrières de protection et inclue toutes les mesures qui visent
à prévenir l’infection croisée au cabinet dentaire

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