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FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

ÉQUIPE PÉDAGOGIQUE DE FINANCES PUBLIQUES


2023

MODULE : BUDGET PROGRAMME


NIVEAU : LICENCE 2
SEMESTRE : 3

PLAN DU COURS :

INTRODUCTION

CHAPITRE 1 : BRÈVES HISTOIRES DE LA PERFORMANCE

1. BRÈVE HISTOIRE DE LA PERFORMANCE DANS LES PAYS


OCCIDENTAUX
2. BRÈVE HISTOIRE DE LA PERFORMANCE DANS L’ESPACE UEMOA
2. BRÈVE HISTOIRE DE LA PERFORMANCE AU MALI
CHAPITRE 2: LES INNOVATIONS DU NOUVEAU CADRE
HARMONISÉ DES FINANCES PUBLIQUES DE L’UEMOA

1. LE PRINCIPE DE SINCÉRITÉ BUDGÉTAIRE


2.LE PROGRAMME
3. LE RESPONSABLE DE PROGRAMME
4. LES NOUVELLES MÉTHODES DE BUDGÉTISATION
5. LA MÉTHODE DE BUDGÉTISATION DES INVESTISSEMENTS
6. LA DÉCONCENTRATION DE L’ORDONNANCEMENT DES DÉPENSES
7. LA FONGIBILITÉ DES CRÉDITS
8. LES PLAFONDS D’EMPLOIS
9. LE RENFORCEMENT DES CONTRÔLES
10. INNOVATIONS COMPTABLES

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CHAPITRE 3. PROCESSUS BUDGETAIRE EN MODE PROGRAMME
AU MALI
I. DEFINITION DU BUDGET PROGRAMME
II. PROCESSUS BUDGETAIRE EN MODE PROGRAMME

BIBLIOGRAPHIE
✓ CABRI. (Initiative africaine concertée sur la réforme budgétaire) (2014).
Élaboration du budget-programme : expériences et enseignements tirés du
Mali. Étude conjointe de cas pays.
✓ LuxDev (2019). Défis de la réforme des finances publiques en Afrique de
l’Ouest.
Bouvier, M. (2012). « Gestion financière publique », dans L. Côté et J.-F. Savard
(dir.), Le Dictionnaire encyclopédique de l’administration publique, [en ligne],
www.dictionnaire.enap.ca

✓ DGB/Mali. (2020). Recueil des textes relatifs au cadre harmonisé des


finances publiques. 2ème Edition

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INTRODUCTION

POURQUOI UNE TELLE REFORME ?


Suite à des fortes attentes sociales liées :

✓ À la crise de confiance des citoyens à l’égard de l’État,

✓ L’augmentation de la dette publique,

✓ La pression des usagers qui attendent un service public rapide et efficace


etc.,

Pour toutes ces raisons, les Etats du monde ont entamé des réformes de finances
publiques, dont celles qui se traduisaient par le budget de « moyens » auquel se
substituera ensuite le « budget de programme » (voir tableau 1).

Tableau 1 : Les principales différences entre le budget de moyens et le budget


programme

Budgétisation traditionnelle Budgétisation orientée performance


(budget de moyens) (budget programme)
Orienté inputs (moyens) Orienté résultats et performance

L’approche comptable est Les choix politiques sont mis en avant,


privilégiée. Le contrôle en est même si la réalité comptable est
facilité. respectée.
Contrôle centralisé au MEF Contrôle décentralisé à discrétion des
unités de gestion
Absence d’indicateurs de mesure Existence d’indicateurs de performance
quant aux résultats atteints par définis avant l’intervention publique (ex
l’utilisation des ressources ante)
Bilan de l’action publique après la
dépense (constat ex post)
Facile, compréhensible Complexe et sophistiqué
Faible lien entre la stratégie du gouvernement et les allocations budgétaires
Existence d’un lien entre les priorités nationales, les objectifs sectoriels et les
allocations budgétaires
Perspective annuelle Perspective pluriannuelle

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Analyse par rapport aux trois Analyse par rapport aux trois objectifs de
objectifs de GFP : GFP :
• faible discipline budgétaire • meilleure discipline budgétaire parce
puisque l’équilibre macro- que la modélisation macro-économique
économique est à court terme ; est à moyen terme ;
• faible efficacité d’allocation des • bonne efficacité d’allocation parce que
ressources parce que les choix les ressources disponibles encadrent les
politiques sont indépendants des politiques publiques et les dépenses
ressources disponibles ; reflètent les priorités ;
• faible performance des services • meilleure performance attendue des
publics parce que l’attention est services publics parce que l’attention est
mise sur les intrants et non les mise sur la performance et sur la
extrants. responsabilité des gestionnaires publics.

QUELS OBJECTIFS DE LA REFORME ?

Les objectifs de la réforme sont :

✓ Améliorer la performance et rationaliser la gestion publique,

✓ Centrer l’organisation de l’administration sur les besoins des

bénéficiaires ;

✓ Améliorer l’information et la transparence à l’égard du Parlement

et du citoyen.

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CHAPITRE 1 : BRÈVES HISTOIRES DE LA PERFORMANCE

1. BRÈVE HISTOIRE DE LA PERFORMANCE DANS LES PAYS OCCIDENTAUX


◼ Un mouvement engagé depuis plusieurs dizaines d’années
◼ Né dans les pays anglo-saxons
✓ Commission Hoover aux USA à la fin des années 40
✓ PPBS aux USA à partir de 1961
✓ Nouvelle-Zélande et Australie au début des années 80
✓ Puis le Canada, le Royaume-Uni, les Pays-Bas
◼ Mais qui a gagné une très grande majorité d’administrations
✓ La RCB en France au début des années 70
✓ La LOLF en 2001(France)
✓ Mais aussi le Chili, le Maroc, la Hongrie, la Turquie, Singapour, la Tunisie, la
CEMAC
◼ On a pu parler ainsi de « New Public Management » ou « Nouvelle gestion
publique »
2. BRÈVE HISTOIRE DE LA PERFORMANCE DANS L’ESPACE UEMOA
Les Etats membres de l’UEMOA dans un souci de modernisation :

-, visant à intégrer les nouvelles normes et les meilleures pratiques internationales ;

- d’introduire davantage de transparence et de rigueur dans le dispositif normatif ;

- assurer une meilleure comparabilité des données, dans le cadre du Pacte de convergence ;

Ont adopté dans un premier temps, six directives en 1997, 1998 et 2000 conçues selon les
principes fondamentaux du droit budgétaire et comptable.

Toutefois, ces directives de première génération ont été considérées comme insuffisances,
conduisant en 2009, à l’adoption des nouvelles directives par le conseil des ministres de
l’UEMOA.

Par la suite, l’UEMOA a adopté, les six nouvelles directives en 2009 dans les domaines
juridiques, comptables et statistiques formant ainsi le nouveau cadre harmonisé des finances

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publiques au sein de l’UEMOA. L’architecture du nouveau cadre harmonisé se présente
comme suit :

Directive n° 01/CM/UEMOA du 27 mars 2009 portant Code de


transparence dans la gestion des finances publiques

Directive n° 06/CM/UEMOA du 26 juin 2009 relative aux lois de


finances

Directive n° 07/CM/UEMOA du 26 juin 2009 portant règlement


général sur la comptabilité publique

Directive n°08/CM/UEMOA Directive n°09/CM/UEMOA Directive n° 10/CM/UEMOA


du 26 juin 2009 portant du 26 juin 2009 portant Plan du 26 juin 2009 portant
Nomenclature budgétaire de comptable de l’État (PCE) Tableau des opérations
l’État financières de l’État (TOFE)

✓ La directive n° 1 portant Code de transparence dans la gestion des finances


publiques

La directive n° 1 portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques définit
les principes et obligations que les Etats membres respectent, dans leur législation comme
dans leurs pratiques, aussi bien pour la gestion des fonds de l’Etat que celle des autres
administrations publiques.

✓ La directive n° 6 portant lois de finances

La directive n° 6 portant lois de finances présente de nouvelles règles relatives à l’élaboration,


l’exécution et l’évaluation des budgets nationaux, recommandant une plus grande efficacité
des dépenses publiques et de la politique publique connexe. Elle présente donc un modèle de
loi organique relative aux lois de finances qui implique l’adoption d’un système de budget-
programme où les crédits budgétaires annuels figurent sous forme de programme et où les
cibles de performance annuelles et à moyen terme et les rapports annuels de performance

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sont élaborés. Elle prescrit l’évaluation des programmes budgétaires au regard de l’efficacité,
de l’efficience et de l’économie.

✓ La directive n° 7 portant règlement général sur la comptabilité publique

La directive n° 7 portant règlement général sur la comptabilité publique via ses articles 1,2,
et 3 fixe les règles fondamentales régissant l’exécution des budgets publics, la comptabilité,
le contrôle des opérations financières, la gestion des deniers, valeurs et biens appartenant ou
confiés à l’Etat et à ses établissements publics à caractère administratif, des collectivités
locales et leurs établissements, ainsi que les organismes de sécurité sociale, les règles
particulières concernant la passation des marchés publics, la comptabilité des deniers, des
valeurs et celle des matières, les ressources et les charges de l’Etat, etc. Elle expose via son
article 84 l’expression « gestion budgétaire axée sur les résultats »

✓ La directive n° 8 portant Nomenclature budgétaire de l’État


La directive n° 8 portant Nomenclature budgétaire de l’État présente les principes
fondamentaux de présentation des opérations du budget général, des budgets annexes et des
comptes spéciaux du trésor définis dans la loi relative aux lois de finances.

✓ La directive n° 9 portant Plan comptable de l’État (PCE)


La directive n° 9 portant Plan comptable de l’État (PCE) fixe les normes, règles et
procédures relatives à sa tenue et à la production des comptes et états financiers de l’Etat.

✓ La directive n° 10 portant Tableau des opérations financières de l’État (TOFE)

La directive n° 10 portant Tableau des opérations financières de l’État (TOFE) fixe les
principes généraux relatifs à l’élaboration et à la présentation du TOFE. Le TOFE retrace
pour une période donnée, les flux des transactions en recettes, charges, acquisitions et
cessions actifs non financiers et financiers, augmentations et diminutions de passifs aux fins
d’analyse des opérations des administrations publiques.

Les directives de 2009 sont la deuxième génération formant le cadre harmonisé des finances
publiques au sein de l’UEMOA, et qui doivent être transposées dans les législations

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nationales des Etats membres. A ce jour, l’Etat du Mali a transposé toutes les six directives
(voir tableau 2).

Tableau 2 : Directives de l’UEMOA transposées dans la législation du Mali


Directives de l’UEMOA Transposition dans la législation
malienne
01/2009/CM/UEMOA du 27 mars Loi n°2013-031 du 23 juillet 2013 portant
2009 portant Code de transparence code de transparence dans la gestion des
dans la gestion des finances Finances
publiques
06/CM/UEMOA du 26 juin 2009 Loi n°2013-028 du 11 juillet 2013 relative
relative aux lois de finances aux lois de Finances
07/CM/UEMOA du 26 juin 2009 Décret n°2018-0009/P-RM du 10 janvier
portant règlement général sur la 2018 portant règlement général sur la
comptabilité publique comptabilité publique
08/CM/UEMOA du 26 juin 2009 Décret n°2014-0694/P-RM du 12
portant Nomenclature budgétaire de septembre 2014 portant nomenclature
l’État budgétaire de l’Etat
09/CM/UEMOA du 26 juin 2009 Décret n°2014-0774/P-RM du 14 octobre
portant Plan comptable de l’État 2014 fixant le Plan Comptable de l’Etat
(PCE) (PCE)
10/CM/UEMOA du 26 juin 2009 Décret n°2014-0350/ P-RM du 22 mai
portant Tableau des opérations 2014 portant tableau des opérations
financières de l’État (TOFE) financières de l’Etat
(TOFE)

Il convient de noter que sur l’ensemble des directives de l’UEMOA, deux sont transposées
et appliquées à 100%. Il s’agit des :

✓ Directive n°08/2009/CM/UEMOA portant nomenclature budgétaire de l'Etat au sein


de l'UEMOA ; et
✓ Directive n°06/2009/CM/UEMOA portant loi organique relative aux lois de finances
au sein de l'UEMOA).

Par contre, quatre sont transposées et partiellement appliquées. Il s’agit des :

✓ Directive n°07/2009/CM/UEMOA portant règlement général sur la comptabilité


publique au sein de l'UEMOA appliquée à 98,5%. (1 compte de gestion sur 13 n’est
pas déposé au 30 Juin 2019 à la juridiction des comptes).

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✓ Directive n°01/2009/CM/UEMOA portant code de transparence dans la gestion des
finances publiques au sein de l'UEMOA appliquée à 67,5%. (La cour des comptes n’est
pas toujours créée).
✓ Directive n°09/2009/CM/UEMOA portant plan comptable de l'Etat au sein de
l'UEMOA appliquée à 71% (les états financiers ne sont pas élaborés).
✓ Directive n°10/2009/CM/UEMOA portant tableau des opérations financières de l’Etat
(TOFE) au sein de l'UEMOA appliquée à 69,5% (le champ du TOFE partiellement
élargi).

3. BRÈVE HISTOIRE DE LA PERFORMANCE AU MALI

La réforme du budget-programmes au Mali a été impulsée par l’Assemblée Nationale bien


avant les Directives communautaires de l’UEMOA.
En effet, sur recommandation de l’Assemblée nationale du Mali, le Gouvernement s’est
engagé depuis 1994 dans un processus de réforme du budget en mode programmes.
Ce processus a été piloté par le Ministère de l’Économie et des Finances.

Les premiers documents de budget-programmes au Mali ont été produits en 1998, mais c’est
à travers la Loi n°2013-028 du 11 juillet 2013 modifiée relative aux lois de finances que le
budget-programmes a été juridiquement institué.
L’Etat malien a élaboré le projet de budget 2016 en mode « blanc » des budgets-
programmes et annexé à la loi de finance 2016 a titre d’informations pour les députés.

Le 1er janvier 2018, le Mali a basculé son mode de gestion en budget programmes à travers
la loi n°2013-028 du 11 juillet 2013, modifiée, portant lois de finances au Mali.

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CHAPITRE 2 : LES INNOVATIONS DU NOUVEAU CADRE HARMONISÉ DES
FINANCES PUBLIQUES DE L’UEMOA

1. Le principe de sincérité budgétaire

Les prévisions des ressources et des charges de l’État doivent être sincères. Ce principe oblige
à présenter des comptes ou budgets reflétant une image sincère et fidèle. Les charges ne
doivent pas être sous-estimées, les ressources ne doivent pas être surestimées et les éléments
financiers ou patrimoniaux ne doivent pas être dissimulés. Le contrôle de la sincérité
budgétaire se fait par le Parlement à l’occasion de discussion et vote de la loi de finances et
ex post par la Cour des comptes lors de l’examen de la loi de règlement.

2.Le programme

Le programme est la nouvelle méthode de présentation, de spécialisation et de vote des


crédits budgétaires ; le périmètre du programme est ministériel. À ces programmes sont
associés des objectifs précis, arrêtés en fonction de finalités d’intérêt général et des résultats
attendus.

3. Le responsable de programme

Les responsables de programme sont nommés par ou sur proposition du ministre sectoriel
dont ils relèvent. Tous les programmes ont à leur tête un responsable clairement identifié. Le
responsable de programme (RPROG) a trois missions principales : (1) l’élaboration de la
stratégie et du budget du programme ; (2) le pilotage de son programme ; (3) le compte-rendu
et la responsabilité.

4. Les nouvelles méthodes de budgétisation

Le document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) est


élaboré par le ministère des Finances. Le DPBEP, étant établi sur une période minimale de
trois ans, sert d’instrument central du débat d’orientation budgétaire (DOB) et de cadre de
référence pour l’élaboration de la loi de finances. Il fixe les objectifs d’équilibre budgétaire
et financier, et permet le calcul de l’allocation des ressources aux différents ministères
sectoriels.
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Les documents de programmation pluriannuelle des dépenses (DPPD) sont préparés par
les ministères sectoriels. Le DPPD est le support de présentation pour les crédits des
programmes du ministère sur une période minimale de trois ans. Il précise les objectifs et les
indicateurs retenus pour chacune des politiques publiques selon trois dimensions : efficacité
socio-économique, qualité du service rendu, l’efficience de la gestion.

Les PAP (Projet Annuel de Performance) et DPPD sont complémentaires :


✓ Les PAP comprennent de l’information financière qui complète celle des DPPD,
✓ Tandis que les DPPD doivent faire référence aux objectifs des programmes définis
dans les PAP.
Pour garantir une bonne cohérence des documents et éviter des duplications, le DPPD et les
PAP d’un ministère seront consolidés dans un document unique.
5. La méthode de budgétisation des investissements
Les crédits ouverts par les lois de finances sont constitués de crédits de paiement (CP)
applicables à toutes les catégories de dépenses et d’autorisation d’engagement (AE)
applicable uniquement aux dépenses en capital et aux contrats de partenariats publics privés
(PPP).

6. La déconcentration de l’ordonnancement des dépenses


La déconcentration vise notamment à mieux responsabiliser et motiver les ministères
sectoriels dans la gestion de leur budget, leur donner plus de flexibilité et de pouvoir de
décision et également améliorer l’efficience de la chaîne de la dépense. La loi organique
relative aux lois de finances (LOLF) prévoit de déconcentrer l’ordonnancement des dépenses
au profit des ministères sectoriels qui deviendront ordonnateurs principaux et pourront
déléguer leurs responsabilités d’ordonnateurs aux responsables de programme (RPROG) ou
à un autre agent. Le ministre des Finances pour sa part demeure ordonnateur unique des
recettes, ordonnateur des crédits de son ministère et en charge de l’élaboration de la loi de
finances.

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7. La fongibilité des crédits
A l’intérieur d’un même programme, les crédits sont redéployables sur décision de
l’ordonnateur. Ils sont « fongibles » : leur affectation dans le cadre d’un programme n’est pas
prédéterminée de manière rigide, mais simplement prévisionnelle. La fongibilité donne aux
responsables de programme une autonomie de gestion accrue au sein des programmes dans
le respect de certaines contraintes :

✓ Les crédits de personnels peuvent abonder les crédits de biens et services, de transfert
et d’investissement
✓ Les crédits de biens et services ainsi que les crédits de transfert peuvent abonder les
crédits d’investissement
✓ Les crédits d’investissements ne peuvent abonder aucune des autres natures de
dépense ;
✓ Les crédits de personnel ne peuvent être abondés à partir des autres natures de
dépense.

Figure : Fongibilité doublement asymétrique

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8. Les plafonds d’emplois
Les crédits de personnel sont assortis, par ministère, de plafonds d’autorisation d’emplois
rémunérés par l’État. Les gestionnaires peuvent désormais procéder, dans le cadre des règles
propres à la fonction publique de chaque pays, des recrutements et des transformations
d’emplois en fonction des besoins qu’ils identifient pour leurs secteurs dès lors qu’ils
respectent deux limites : (1) le montant annuel de crédits alloués au ministère pour les
dépenses de personnel ; et (2) le respect du plafond d’emploi ministériel.

9. Le renforcement des contrôles


La loi organique renforce le pouvoir de contrôle parlementaire et vise à l’amélioration de la
transparence à travers le renforcement du contrôle effectué par le Parlement et la Cour des
comptes. La loi organique met l’accent sur l’amélioration de l’information des parlementaires
et de la Cour des comptes, et leur implication dans la formulation et le suivi de l’exécution
de la loi de finances. La Cour des comptes devra notamment émettre un avis sur le RAP.

10. Innovations comptables


Les innovations comptables concernent la comptabilité générale en droits et obligations
constatés (incluant la comptabilité patrimoniale) et la comptabilité analytique. La
comptabilité générale de l’État passe d’une comptabilité de caisse à une comptabilité en
droits et obligations constatés. Elle s’appuie sur la comptabilité matières et intègrera
désormais le patrimoine de l’État, son évolution ainsi que la notion d’amortissement.

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CHAPITRE 3. PROCESSUS BUDGETAIRE EN MODE PROGRAMME AU MALI
I. DEFINITION DU BUDGET PROGRAMME

◼ Les « budgets de programme »


◼ Une approche contemporaine de la gestion des dépenses publiques
✓ Centrée sur les objectifs et les résultats
✓ Plutôt que sur les ressources et les moyens
◼ On parle aussi :
✓ De budgets orientés vers les résultats
✓ De gestion axée sur les résultats
✓ De nouvelle approche budgétaire
✓ De budgets d’objectifs
✓ De budgets de performance
◼ Tous ces termes sont équivalents
Ils s’appuient tous sur le concept de « performance »

Le Budget-programmes est une approche de gestion budgétaire….


✓ Qui permet d’accroitre l’imputabilité des Responsables de Programmes ;
✓ Qui lie les crédits et les résultats attendus mesurables ;
Qui assure une gestion optimale des ressources financières et humaines

II. PROCESSUS BUDGETAIRE EN MODE PROGRAMME

LE PROCESSUS BUDGETAIRE SE DECLINE EN 3 PHASES :


✓ Phase de préparation et de vote du budget
✓ Phase d’exécution du budget
✓ Phase des contrôles de l’exécution du budget

1. Phase de préparation et de vote du budget


1.1 Phase de détermination d’une stratégie budgétaire :

Les activités à réaliser sont :

1.1.1 Elaboration du cadrage macroéconomique et budgétaire à moyen terme


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Sous la responsabilité du comité de prévision et de modélisation (CPM) et aussi de la
Direction Générale du Budget (DGB). Le CPM élabore le cadrage macroéconomique sur
trois ans. Cette période s’étend de janvier-mars de l’année N-1

La DGB sur la base du cadrage macroéconomique, élabore le Document de Programmation


Budgétaire et Economique Pluriannuelle (DPBEP). Cette période s’étend en mois d’Avril

1.1.2 Définition des allocations intersectorielles triennales :

Elle est conduite sous la responsabilité de la Direction Générale du Budget DGB et du


Ministère de l’Economie des Finances (MEF). La DGB élabore les projets
d’enveloppes ministériels sur la base du DPBEP. Cette période s’étend en mois d’Avril.

Le MEF soumet la stratégie budgétaire DPBEP et enveloppes budgétaires à l’approbation du


Conseil des ministres. Cette période s’étend du mois d’Avril-Mai

1.1.3 Communication des enveloppes budgétaires aux départements sectoriels :

Elle est conduite sous la responsabilité de trois structures : la DGB, la Direction Nationale de
la Planification du Développement (DNPD) et le MEF. La DGB et le DNPD préparent les
éléments de la lettre circulaire de préparation du budget. Cette période s’étend avant le 15
Mai.

Le MEF à travers une circulaire budgétaire notifie aux départements ministériels les
enveloppes. Cette période s’étend au plus le 15 Mai.

1.1.4 Organisation du Débat d’Orientation Budgétaire DOB :

Elle est conduite sous la responsabilité du MEF et des Députés. Le MEF présente le DPBEP
devant les députés réunis en plénière. Cette période s’étend avant le 30 juin.

Les Députés ouvrent les débats sur les orientations des finances publiques, les priorités et les
évolutions de la situation financière à moyen terme contenues dans le DPBEP.

Font les recommandations au gouvernement sur les priorités et les évolutions de la situation
financière à moyen terme. Cette période s’étend avant le 30 juin.

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1.2 La phase des conférences budgétaires :

Les activités à réaliser sont :

1.2.1 Les arbitrages techniques:

Ils sont sous la responsabilité des structures suivantes : les responsables des
programmes (RPROG), la DGB et la DNPD, les présidents d’institutions et les ministres
sectoriels, le MEF.

Les RPROG appuyés par les Directions des Finances et du Matériel DFM ou des Directions
Administratives et Financières DAF ou des Services Administratifs et Financiers SAF
présentent la stratégie, les objectifs et les indicateurs de performances de leur programme.
Cette période s’étend en juillet.

La DGB et la DNPD conduisent les arbitrages techniques concernant respectivement les


dépenses courantes et les dépenses d’investissement. Cette période s’étend en juillet.

Les présidents d’institutions et les ministres sectoriels présentent les objectifs globaux de leur
structure en lien avec les moyens dans le cadre des arbitrages ministériels. Cette période
s’étend en Aout.

Le MEF conduit les arbitrages techniques avec les présidents d’institutions et les ministres
sectoriels dans le cadre des arbitrages ministériels. Cette période s’étend en Aout.

1.2.2 L’arbitrage politique:

Conduit sous la responsabilité du Premier ministre et le Président de la République.

Le premier ministre approuve, en Conseil de Cabinet, les propositions budgétaires et arbitre


les divergences persistantes entre le MEF et les ministres sectoriels. Cette période s’étend en
Septembre.

Le président de la République approuve, en conseil des ministres le projet de budget.

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1.3 La phase d’adoption du budget par le parlement :

L’activité à réaliser est : adoption du Budget par le parlement :

Elle est conduite sous la responsabilité des Députés. Les commissions spécialisées de
l’Assemblée Nationale procèdent à l’écoute des responsables de programme, des DFM, DAF,
SAF, des ministres et des services techniques du MEF. Les députés votent la Loi de Finances.
Cette période s’étend d’octobre au 15 Décembre.

2. Phase d’exécution : ordonnateurs et comptables


Les différentes catégories d’ordonnateurs :

◼ Les ordonnateurs principaux (et leurs délégués)


◼ Les ordonnateurs secondaires (et leurs délégués)

Les ministres et présidents d’institutions constitutionnelles exercent leurs attributions


d’ordonnateur par le moyen :

◼ D’ordonnateurs délégués au niveau des administrations centrales et ;


◼ D’ordonnateurs secondaires au niveau des services déconcentrés de l’Etat.

Dans la pratique, la délégation de pouvoir d’ordonnateur s’opère ainsi qu’il suit :

◼ Au niveau central, au Responsables de Programme (RPROG) ou « DFM »


comme ordonnateur principal délégué par acte de l’ordonnateur principal dont
il relève ;
◼ Au niveau secondaire, au Gouverneur de région qui délègue ce pouvoir au
Responsable de Budget Opérationnel de Programme (RBOP) ou « DRB ».

Les différentes catégories de comptables publics : les comptables deniers et valeurs ; et


les comptables d'ordre.

2.1. Les opérations de recettes


Les opérations de réalisation des recettes de l’Etat se font en deux phases : phase
administrative et phase comptable (Art.39, Décret N° 2018-0009).

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2.1.1. La phase administrative
Elle se déroule exclusivement chez l’ordonnateur et suit les trois étapes suivantes :

✓ La constatation
Elle a pour objet d’identifier la matière imposable basée sur une autorisation légale de
création et une règlementation qui permet de calculer la recette.

✓ La liquidation
Elle a pour objet de déterminer le montant de la créance sur les redevables et d'indiquer les
bases sur lesquelles elle est effectuée. La liquidation des droits ne s’effectue pas de manière
aléatoire ; son calcul est précis et déterminé : les bases de calcul sont légales et
règlementaires.

✓ L’ordonnancement
Il constitue l’ordre de mise en recouvrement de la recette. Il prend la forme d’un titre de
perception : c’est le document par lequel l’ordonnateur donne l’ordre au comptable public de
recouvrer une recette
2.1.2 La phase comptable
Elle se déroule chez le comptable public et suit les deux étapes suivantes :

✓ L’étape de la prise en charge de la recette


Elle consiste à l’enregistrer dans les écritures comptables. La conséquence de cet acte
d’enregistrement, de cette prise en charge, est la responsabilité personnelle et pécuniaire du
comptable public dans le recouvrement de cette recette.

✓ L’étape du recouvrement
Elle consiste à encaisser par un moyen légal ou règlementaire cette recette : par caisse,
virement bancaire ou postal, ou par compensation avec un titre de dépense de l’Etat.
2.2. Les opérations de dépenses
Les opérations d’exécution des dépenses publiques, elles se font aussi en deux phases : phase
administrative et phase comptable (Art. 46, 47, 48, 49 et 59, Décret N° 2018-0009).

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2.2.1. La phase administrative
Elle se déroule chez l’ordonnateur et comprend trois étapes : l’engagement, la liquidation et
l’ordonnancement ; cette phase a été en partie décrite dans les commentaires concernant
l’article 12 ci-dessus et sera précisée dans les articles 45 à 48 suivants.

✓ L’engagement
L’Art. 46, du Décret N° 2018-0009 met en évidence :
-L’engagement juridique de la dépense publique qui est l’acte par lequel l’Etat crée
ou constate à son encontre une obligation de laquelle résultera une charge ;
- Et l’engagement comptable de la dépense publique, qui consiste à affecter des
crédits au paiement de la dépense.
Le montant total des engagements ne doit pas dépasser le montant des autorisations
budgétaires, et doit demeurer subordonné aux lois et règlements nationaux.
✓ La liquidation
Elle a pour objet de vérifier la réalité de la dette et d’arrêter le montant exact de la dépense.
Elle est faite au vu des titres et pièces justifiant la preuve des droits acquis par les créanciers.
Sauf dans les cas d’avance ou de paiement préalable autorisés par les lois et règlements, les
services liquidateurs de l’Etat ne peuvent arrêter les droits des créanciers, y compris pour ce
qui concerne les acomptes sur marché de travaux, biens ou services, qu’après constatation du
service fait (Art.47, Décret N° 2018-0009).
✓ L’ordonnancement
Il constitue l’acte administratif par lequel, conformément aux résultats de la liquidation,
l’ordre est donné par l’ordonnateur au comptable assignataire de payer la dette de l’Etat. Les
ordres de paiement signés par les ordonnateurs sont assignés sur la caisse des comptables de
l’Etat (Art.48, Décret N° 2018-0009).
2.2.2. La phase comptable
Elle comprend le paiement des dépenses est assurée par le comptable public.
Ainsi, selon l’Art. 50 du Décret N° 2018-0009, le paiement est l’acte par lequel l’Etat se
libère de sa dette.

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3. Phase des contrôles de l’exécution du budget
Les opérations d’exécution du budget de l’Etat sont soumises à trois types de contrôles :
administratif, juridictionnel et parlementaire.

L’Art. 90, du Décret N° 2018-0009, institue un double contrôle administratif et juridictionnel


sur les opérations d’exécution du budget de l’Etat. Ainsi, selon ledit article :

✓ Le contrôle administratif est le contrôle de l’administration sur ses agents, incluant


le contrôle interne a priori, concomitant et a posteriori.

Le contrôle administratif s’exerce soit sous la forme de contrôle hiérarchique, soit sous la
forme de contrôle organique par l’intermédiaire de corps et organes de contrôle spécialisés.

✓ Le contrôle juridictionnel est exercé par la juridiction des comptes de l’Etat (cour
des comptes) ou, le cas échéant, par la Cour des comptes de l’Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine.
✓ Le contrôle parlementaire est exercé par le parlement ou l’assemblée nationale
(AN).

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