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Cas clinique

Isabelle est une patiente de 41 ans, suivie par l’équipe de pneumologie dans le cadre d’un cancer du
poumon.

Histoire de la maladie et suivi


Diagnostic de cancer du poumon métastatique au mois de février révélé par une tamponnade
cardiaque en unité de soins intensifs cardiologique
Patiente non fumeuse, mise en évidence du gène EGFR (médiane de survie 3 ans versus 1 an dans le
cancer pulmonaire métastatique du fumeur)
Traitement par thérapie ciblée à partir du mois de février (traitement per os quotidien)
Régression de l’ensemble des lésions présentes au départ sous traitement par thérapie ciblée
A chaque bilan de réévaluation sous traitement, tous les 3 mois, mise en évidence d’une progression
sur un seul site, accessible à un traitement local radical (chirurgie ou radiothérapie stéréotaxique) et
réalisé. Le bilan de réévaluation du mois de novembre est encourageant.

Situation socio-professionnelle
Fille unique, ses 2 parents sont encore en vie et présents
Mariée depuis 15 ans, le mari est infirmier à domicile (réalise les soins de sa femme)
1 fille de 14 ans et 2 fils de 11 et 7 ans
Auparavant insérée dans la vie professionnelle, en arrêt depuis le diagnostic de la maladie

Situation psychologique
L’annonce du diagnostic a été réalisée par l’équipe de cardiologie lors de la tamponnade (« cancer
du poumon métastatique »), avant d’avoir les résultats de la mutation, très mal vécu par la patiente
(« soufflez votre dernière bougie d’anniversaire », « vous ne verrez pas Noël cette année »)
Malgré le suivi par le pneumologue et la psychologue du service, cette annonce reste présente dans
le suivi de la patiente (difficulté de réinsertion dans une vie active, dans un projet personnel)
Lors des consultations de suivi, le mari est au départ présent à quasiment toutes les consultations et
monopolise le temps de parole sur son vécu, son ressenti et ses inquiétudes. Il annonce notamment
en présence de son épouse : « Dans ma tête, elle est déjà morte », « Comment je vais faire pour
élever 3 enfants ».
Suite à ces constatations, les consultations sont réalisées en l’absence du mari, ce qui permet de
nouer un lien avec la patiente, de permettre une réinsertion très progressive (reprise d’une activité
physique, temps personnel à l’extérieur du domicile)
Concernant les enfants, le plus jeune ne présente pas de modification de ses activités mais ne
sollicite plus sa mère. Le puîné présente des troubles anxieux très importants pour lequel un suivi
pédopsychiatrique est préconisé (le suivi est interrompu par le père après 2 consultations). L’ainée
garde un lien avec sa mère durant toute la maladie.

Problème actuel
Au mois de décembre de la même année, la patiente est hospitalisée pendant plusieurs semaines
dans le service de pneumologie pour troubles du comportement, altération de l’état général, aphasie
et maintien au domicile difficile.
Lors de l’hospitalisation, le diagnostic de méningite carcinomateuse est posé avec présence d’une
mutation de résistance au traitement par thérapie ciblée. Un nouveau traitement par thérapie ciblée
peut être proposé à la patiente (médiane de survie 14 mois), avec des effets secondaires minimes au
regard de sa qualité de vie actuelle.
Les troubles du comportement, l’aphasie et l’état général s’améliore partiellement au cours de
l’hospitalisation sans changement du traitement spécifique oncologique. Elle nécessite cependant
une aide à la toilette, une aide au transfert. Elle ne marche plus spontanément. Elle reprend de
l’appétit.
Au cours de l’hospitalisation, la patiente s’ouvre plus auprès de la psychologue et fait état de
violences verbales ou de propos non adaptés de la part du mari envers son épouse, depuis plusieurs
années et accentués sur les derniers mois, secondairement à sa maladie. Elle n’avait jamais évoquée
cette situation auprès de quelqu’un auparavant.
Lors des visites de son mari à l’hôpital, le comportement de la patiente change pendant plusieurs
heures après son départ, puis récupère. Le mari nous annonce après 4 semaines d’hospitalisation
qu’il a prévenu ses enfants que leur mère ne reviendrait jamais au domicile.
Il a été proposé à la patiente d’être hébergée chez ses parents, qui sont prêt à la prendre en charge.
Lors de la discussion pour un nouveau traitement oncologique, la patiente ne donne pas de réponse
en faveur ou en défaveur de l’initiation d’un nouveau traitement. Une rencontre avec l’équipe de
soins palliatifs a aussi été proposée à la patiente sans réponse claire.

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