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THEORIE DE LA FIRME MUTLTINATIONALE

Eléments de cours préparés Dr. NDIKEU NJOYA Nabil aman

CHAPITRE 2 : L’INTERNATIONALISATION DES FIRMES : DEFINITIONS ET


DETERMINANTS
Les évaluations récentes sur le commerce international montrent que les 200 plus
grandes entreprises qui représentent un quart des échanges mondiaux, exercent leurs activités
à l’échelle internationale (Kotler et Keller, 2009). Ces firmes globales cherchent à tirer parti
des opportunités de recherche, de production, de logistique et de commercialisation à l’échelle
de la planète, suivant un processus dit d’internationalisation. L’internationalisation se traduit
dans les faits par les investissements directs étrangers (IDE) des entreprises, dans le but de
créer ou de prendre contrôle de filiales, et devenir de facto, une firme multinationale. Dans
son édition 2018 du Rapport mondial sur l’investissement, la CNUCED recensait 85 000
FMN s’appuyant sur plus de 800 000 filiales étrangères, et employant 80 millions de
personnes, représentant 23% du PIB mondial. Au regard de l’actualité et de l’ampleur de ce
phénomène, deux questions peuvent se poser quant à la compréhension de base du processus
d’internationalisation des entreprises, à savoir, qu’est-ce qu’une firme multinationale d’une
part ? et pourquoi les firmes s’internationalisent-elles d’autre part ?

SECTION 1 : DEFINITIONS DE LA FIRME MUTLTINATIONALE

1.1. Précision terminologique sur les Firmes multinationales.

En ce 21e siècle, force est d’admettre que la majeure partie des sociétés est de près ou
de loin influencée par le processus d’internationalisation des firmes. Ce processus donne lieu
à la formation d’un type d’entreprise, connue sous plusieurs appellations. En effet, ces
entreprises sont qualifiée suivant les ouvrages, les médias, et les divers observateurs, de
multinationales, internationales, plurinationales, supranationales, transnationales, ou même
interterritoriales.

L’adjectif multinationale suggère que les firmes pourraient avoir plusieurs


nationalités. Or malgré leur étalement dans le monde, on constate que ces firmes conservent
une nationalité, celle du pays d’origine de la maison mère. Cela se traduit dans de nombreux
par l’implication de l’Etat de la maison mère dans la sécurisation des investissements, et les
appuis multiformes à son extension1.
1
Les cas d’entreprises binationales sont rarissimes (Unilever, Royal Dutch Shell, ABB)
Ainsi, d’après Sandretto (1991), le terme de firme transnationale est préférable car
plus précis et mieux adapté à la réalité. Le préfixe trans signifie que l’implantation de la firme
va au-delà des frontières du territoire national d’origine. Dans ces conditions, mieux vaudrait
parler de firmes transnationales américaines, britanniques, japonaises, etc. Cependant, la
terminologie de firme multinationale s’est progressivement imposée dans toutes les sphères de
la société.

1.2. Définition de la FMN

Le terme firme, désigne une entreprise industrielle ou commerciale. En économie,


notamment d’inspiration anglo-saxonne, la firme renvoi tout simplement à l’entreprise. Dans
l’entendement commun, la firme prend un caractère multinational lorsque ses stratégies et ses
actions vont au-delà des frontières de son territoire d’origine. Cependant, la littérature
spécialisée fait constater que plusieurs définitions sont proposées à la FMN. (Andreff, 1996 ;
Hugonier,1997 Desreumaux,1999).

Cependant, de manière majoritaire, un consensus semble s’établir autour des


Investissements Directs Etrangers (IDE) comme éléments principal de caractérisation d’une
FMN. Ainsi, une firme est dite multinationale, lorsqu’elle réalise un investissement direct à
l’étranger, c’est-à-dire une prise de participation significative dans le capital d’une entreprise
étrangère, lui donnant un certain contrôle sur les décisions de l’entreprise étrangère.
L’entreprise étrangère devient par ce biais, la filiale de l’entreprise qui réalise l’IDE.

En principe, la filiale est une société dont le capital social appartient au moins 50% à
une autre société dite société mère. Pour autant, toutes les prises de participation dans le
capital d’une firme étrangère ne répondent pas à une volonté d’exercer un contrôle véritable
de la gestion de cette firme. Il s’agit le plus souvent d’investissement de portefeuille, suivant
une logique de diversification des placements. Il n’est donc pas toujours aisé de distinguer ces
deux types d’investissements2.

Toutefois, les conventions internationales considèrent que lorsqu’une firme possède au


moins 10% du capital d’une entreprise étrangère, cette dernière peut être considérée comme
une filiale de la première. C’est notamment le seuil retenu par CNUCED. Dans le cas où

2
Le statut de FMN est en fait une question de degré il n’y a pas deux situations extrêmes : être ou ne pas être

FMN il existe un continuum le long duquel l’entreprise est de plus en plus multinationale.
plusieurs entreprises détiennent des participations dans une même filiale à l’étranger, la filiale
est comptabilisée pour l’entreprise qui détient la plus forte participation.

L’internationalisation des firmes est donc consubstantiellement liée à celle des IDE.
L’IDE est un capital investi dans la propriété d’actifs réels pour implanter une filiale à
l’étranger ou pour prendre le contrôle d’une entreprise étrangère existante (Andreff,2003). Il y
a donc volonté de contrôle et pérennité de l’engagement3. L’IDE entraîne non seulement un
transfert de ressources mais aussi l’acquisition du contrôle car la filiale fait partie de la même
structure organisationnelle que la société mère. En plus du capital physique, l’IDE implique
très souvent un transfert à l’étranger de technologie et de capital humain. Le seuil de 10% du
capital est retenu par le FMI et l’OCDE pour distinguer les investissements de portefeuille
(moins de 10% du capital), des IDE (plus de 10% du capital). Dans les faits, la plupart des
IDE concernent des prises de participation largement supérieures à 10%. En exemple, plus de
84% FMN américaines détiennent au moins 50% du capital de leurs filiales.

SECTION 2 : LES DETERMINANTS DE L’INTERNATIONALISATION DES


FIRMES

2.1. La détermination classique de l’internationalisation des firmes : la localisation


et l’internationalisation

La mise en exergue des principes déterminants à l’internationalisation d’une firme


peut se faire au regard des échanges entre différentes nations. Ainsi, partons de l’exemple
fourni par les Etats-Unis et le Mexique sur le marché des automobiles. Le Mexique abrite sur
son sol, plusieurs entreprises d’assemblage de véhicules. La production de véhicules y est
donc élevée. Cependant, les entreprises qui produisent des voitures sont presque toutes des
filiales des firmes américaines. Cette situation, courante de nos jours sur plusieurs marchés,
semble primer sur d’autres alternatives toutes aussi pertinentes.

Premièrement, les firmes américaines pourraient produire les véhicules aux Etats-Unis
et exporter au Mexique plutôt que de produire au Mexique ; Deuxièmement, les firmes
auraient pu investir dans le capital des entreprises mexicaines existantes et laisser ces
dernières approvisionner le marché mexicain. Troisièmement, les firmes américaines auraient
pu faire produire ses modèles par des entreprises mexicaines, sous licence. Ces alternatives

3
Pour le FMI, un IDE est « un engagement de capitaux effectué en vue d’acquérir un intérêt durable, voire une
prise de contrôle, dans une entreprise exerçant ses activités à l’étranger ».
fondent la théorie moderne de la firme multinationale et nous amène à s’interroger suivant
deux axes majeurs.

1- Pourquoi un même bien est–il produit simultanément dans plusieurs pays plutôt que
dans un seul ? C’est la question de la localisation.

2- Pourquoi l’entreprise préfère elle-même réaliser l’ensemble des éléments de sa


production dans les différents pays plutôt que de laisser des entreprises tierces, notamment
les entreprises locales, s’en charger pour elle ? C’est la question de l’internalisation.

2.1.1. La localisation

La théorie de la localisation découle globalement de la théorie du commerce


internationale et notamment de l’explication des avantages comparatifs. En effet, la
localisation de la production est bien souvent déterminée par les dotations en facteurs. Ainsi,
pendant que les grands chocolatiers se rapprocheront des pays producteurs de cacao, les
firmes produisant des ordinateurs portables implanteront leurs centres de recherche et de
développement dans les régions abondantes en travail qualifié comme la Silicon Valey aux
Etas-Unis. Les coûts de transport et plus généralement, toutes les barrières au commerce,
peuvent également déterminer le choix de la localisation. Globalement, en s’implantant à
l’étranger, l’entreprise cherche de meilleures conditions d’offre et de demande, et une
meilleure position concurrentielle.

En ce qui concerne les conditions d’offre, il s’agit principalement des déterminants qui
suivent :

 la recherche du rapport coût salarial/productivité le plus faible : en effet, suivant


la théorie du cycle de vie de Vernon, lorsqu’un produit se banalise, la concurrence
s’effectue principalement en termes de prix et l’avantage technologique absolu de la
firme à l’origine du produit est remplacé par un avantage relatif de coût et de
différenciation. A la fin du cycle, la production est transférée dans des pays moins
développés, où les coût salariaux sont généralement moindres 4. Exemple : Lancel
exporte ses peaux découpées à l’île Maurice pour les y faire coudre et les réimporte
vers l’Europe. Ce phénomène explique le développement des IDE en « cascade » des
pays asiatiques5.

4
La firme innovatrice exporte vers les marchés extérieurs puis s’y délocalise en espérant réduire ses coûts
5
le Japon commence par délocaliser vers des pays à bas coûts de main d’œuvre les chaînons les moins
stratégiques de la production. S’opère peu à peu vers ces pays un transfert de savoir-faire qui leur permettra
 la sécurité des approvisionnements en matières premières : en illustration, la
Compagnie anglaise des Indes possède ses propres plantations de thé en Inde,
Michelin possède des plantations d’hévéa en Malaisie pour se fournir en caoutchouc.
 L’accès à la technologie : A la fin des années 1980, la firme coréenne Samsung a
installée en Californie, dans la Silicon Valley, une unité de recherche pour apprendre
les technologies modernes des ordinateurs à une époque où elle fabriquait des postes
de radio. Elle a ainsi pu embaucher des ingénieurs sortant des universités et rattraper
son retard technologique.
 L’appréciation de la monnaie nationale : la montée du taux de change franc/dollar a
poussé des entreprises françaises à s’installer aux USA de 1985 à 1991 pour
sauvegarder leur compétitivité.
 La recherche de faibles impôts peut aussi être un critère de localisation : ce motif
de localisation est précisément le but recherché par la création des zones franches.
 La qualité de la production : la qualification et flexibilité de la main d’œuvre, la
qualité des infrastructures, la réputation du pays en matière de qualité des produits et
la réactivité de l’outil de production comptent dans la décision des FMN. Ainsi,
Meccano a décidé en 2010 de relocaliser en France une partie de sa production
chinoise, pour gagner en flexibilité, en réactivité et en cout de transport, et en misant
sur le « made in France ».

Pour ce qui est de la recherche des meilleures conditions de demande, la localisation d’une
firme est généralement sensible à :

 L’accès à un marché plus large : permettant ainsi d’accroitre les perspectives de


développement, et de bénéficier des économies d’échelle dans le cas des branches à
rendement croissant6. Cela explique le constat actuel d’une migration majoritaire des
IDE vers des marchés larges tels que l’U.E, l’ALENA ou la Chine.
 Le contournement des barrières protectionnistes : Afin de contourner la
recrudescence des mesures protectionnistes dans les pays développés à la fin du
19ème siècle, de nombreuses entreprises qui se voyaient excluent du commerce
extéreirures, décidèrent d’établirent des usines dans le pays d’accueil, les tariff

d’augmenter la maîtrise des technologies et des processus. Plus tard, la montée des coûts dans ces pays
déclenche à nouveau un mouvement de délocalisation vers des pays moins avancés.
6
d’amortir les dépenses élevées de R&D (pharmacie, biotechnologies) ou des investissements physiques massifs
(pétrochimie, automobile).
factories. En exemple, face à la politique américaine des quotas sur les téléviseurs
japonais en 1977, les entreprises japonaises (Sony, Matsushita, Sanyo, Mitsubishi,
Toshiba, Sharp, Hitachi) s’installèrent aux Etats-Unis. Cela favorisa l’expansion des
exportations japonaises vers les EU de pièces détachées de téléviseurs (multiplication
par 3 de 1976 à 1979).
 La recherche d’une plus grande proximité au consommateurs : cela permet de
mieux connaître les besoins du consommateur, sentir et contrôler l’évolution de la
demande, et s’adapter aux goûts locaux. Cette proximité confère également l’image de
producteur local, appréciée des consommateurs. Ce processus de localisation rentre
dans le cadre des stratégie d’IDE horizontaux, qui visent pour le producteur à
implanter des filiales sur les lieux de consommation.
 La diversification internationale : l’implantation à l’étranger est un prolongement de
la croissance interne face à un marché national saturé et permet une diversification des
risques liés aux évolutions des marchés7.

Enfin, dans le cadre de la recherche d’une meilleure position concurrentielle la


localisation des FMN est influencée par :

 La défense de leurs parts de marché à l’international : sur un marché d’oligopole,


quand une firme s’installe à l’étranger, cela accroît sa part de marché dans ce secteur.
Du fait de coûts irréversibles engendrés par l’implantation, elle peut écarter l’entrée de
concurrents potentiels. Face à cette menace, les concurrents délocalisent à leur tour
afin de tenter de rétablir leur part de marché antérieure. Plus le secteur est
oligopolistique, plus ce comportement de mimétisme est fort.
 La recherche des effets d’agglomération : l’implantation d’une entreprise dans le
même lieu que ses concurrents, lui permet de profiter d’un environnement
technologique, d’une infrastructure favorable, d’une large main d’œuvre spécialisée,
d’un accès plus facile aux inputs. Au Brésil en 1995, l’attractivité du marché intérieur
a engendré une véritable course aux IDE de la part de Renault, Mercedes, General
Motors et Ford. De même, Peugeot imite Wolskwagen en s’implantant en Chine.
 La riposte à l’intrusion sur son marché : lorsqu’une firme est attaquée sur son
marché, elle peut adopter une stratégie de riposte consistant à investir sur le territoire

7
Rossignol, qui produit des équipements de sports d’hiver, a compensé la récession sur le marché européen à la
fin des années 1980 par l’expansion du marché japonais.
de son concurrent, afin d’affaiblir sa position de leader chez lui, dans son principal
centre de profit, et ainsi diminuer ses ambitions à l’étranger. Ainsi, Michelin répondra
à l’investissement de Firestone en France par l’achat d’Uniroyal-Goodrich aux Etats-
Unis en 1989.

2.2. L’internalisation

L’internalisation pose la question pour une entreprise de savoir pourquoi faire soi-
même au lieu de faire faire par d’autres entreprises ? La théorie de l’internalisation cherche
donc à démontrer l’intérêt que peut avoir une firme à produire elle-même les consommations
intermédiaires dont elle a besoin pour élaborer son produit, au lieu de recourir au marché. Une
partie de l’explication de l’internalisation se rapporte au fait qu’au sein d’une FMN, la
création de filiales génère des volumes d’échange importants et potentiellement profitables,
en terme de biens (la production d’une filiale peut servir de bien intermédiaire à la production
d’une autre), d’informations, de technologies. Toutefois, au-delà de ces échanges,
l’explication la plus avancée à l’internalisation, s’appuie sur deux arguments principaux

Le premier argument se rapporte à la minimisation des coûts. En effet, Coase


(1937)8, la firme a pour raison d’être la diminution des couts de transaction ( les coûts de
coordination, les coûts de négociation, les coûts de réparation, coûts de justice…). Quand les
coûts de transaction sur les marchés sont plus élevés que les coûts de l’organisation de la
firme, les marchés seront internalisés.

Deuxièmement, l’internalisation permet de contrôler les transferts technologiques.


En effet, afin de produire un bien innovant, une firme doit investir dans l’acquisition d’un
avantage spécifique, généralement lié à l’exploitation d’une avancée technologique. Afin,
d’exploiter la technologie acquise sur un marché étranger, une entreprise peut se décider à la
vendre à des producteurs locaux. Toutefois, du fait de l’asymétrie d’informations (sélection
adverse), et notamment de la difficulté des acheteurs à pouvoir évaluer la technologie à sa
juste valeur, cette transaction s’avère complexe et décourage tant l’acheteur que le vendeur de
technologie. Aussi, l’entreprise peut au lieu de vendre sa technologie, la faire répliquer sous
licence. Cette alternative n’est pas sans risque car la société innovante peut à terme, voire sa
technologie être imiter par des concurrents locaux et perdre ainsi son avantage stratégique.

8
Ronald Coase, La nature de la firme, 1937
Ainsi, afin de limiter les risques liés au transfert de technologie et s’assurer la
récupération des rendements liés à l’effort d’innovation, les FMN préfèreront implanter des
filiales à l’étranger pour réaliser elles-mêmes leur production. Les FMN peuvent donc faire
le choix de l’intégration verticale, en internalisant les activités en amont et en aval du
processus de production, c’est-à-dire assurant la réalisation de tous les étapes du processus de
production.

Dans cette approche prenant la firme comme élément central d’analyse,


l’investissement à l’étranger apparaît comme la conséquence de son processus de croissance.
Plus la firme croît, plus elle pourra envisager d’intégrer au sein de son organisation des
activités nécessaires à sa production, qu’elle se procurait auparavant sur les marchés. Elle
effectue alors un calcul coût / avantages des différentes méthodes d’expansion.

Cependant la théorie de l’internalisation, n’explique pas pourquoi une firme doit


internaliser à l’extérieur de son pays d’origine plutôt qu’à l’intérieur. Bien que les arguments
de la localisation fournissent certaines explications à l’expatriation du processus productif, la
théorie éclectique des FMN fournit un éclairage original à ce sujet.

2.3. Avantage spécifique et théorie éclectique des FMN : le modèle OLI

Les marchés sur lesquels évoluent les FMN, en règle générale, ne remplissent pas les
conditions de concurrence pure et parfaite, et se caractérisent plus par leurs imperfections. Ce
sont des marchés dit imparfaits, et dans de nombreux cas relevant de l’oligopole. Dans ce
contexte d’oligopole international, les FMN apprennent à planifier, évaluer, coordonner leurs
activités internationales et celles de leurs filiales. Cette organisation qui lui permet d’évoluer
en environnement imparfait, devient en fin de compte, son avantage par rapport à d’autres
firmes n’ayant pas cette capacité, appelé avantage spécifique9.

Les avantages spécifiques des FMN reposent sur des facteurs appartenant où dont jouit
exclusivement la FMN, très souvent intangible, constituant des barrières à l’entrée pour les
nouveaux concurrents. Il peut s’agir suivant les cas, d’avantages absolus de coût, de
différenciation du produit et de publicité, d’économie d’échelle, de technique brevetée ou

9
La FMN possède des avantages spécifiques transférables internationalement qui lui permet d’obtenir des gains
supérieurs aux coûts d’implantation à l’étranger et, ainsi, de demeurer compétitives sur les territoires étrangers.
Ces différents avantages spécifiques sont liés à certaines « imperfections » des marchés dont va profiter la firme
en voie de se multi nationaliser. S. Hymer, The International Operations of National Firms : A Study of Direct
Foreign Investment, publié en 1976.
inaccessibles, d’un réseau de distribution ou d’approvisionnement, une marque, la qualité du
marketing.

La théorie éclectique des FMN, formalisée par le modèle OLI de Dunning (1981)
permet donc d’expliquer la décision d’internationalisation suivant la combinaison de trois
types d’avantage, à savoir l’avantage spécifique (O : organisation), l’avantage de la
localisation de la firme (L : localisation) et l’avantage à l’internalisation (I : internalisation).
Ainsi, en considérant trois stratégies possibles, notamment l’IDE, l’exportation ou la
production sous licence, la décision peut être prise à la lumière de la matrice suivante.

MODE D’EXPANSION TYPE D’AVANTAGE


A L’ETRANGER O L I
IDE + + +
Exportation + - +
Licence + - -

L’interprétation de la matrice ci-dessus, voudrait que la FMN choisisse l’IDE pour


pénétrer un marché extérieur, si peut bénéficier simultanément, d’un avantage spécifique (O),
d’un avantage à la localisation (L) et d’un avantage à l’internalisation (I). Si elle ne possède
que O et I, il sera plus indiqué d’exporter, et si elle ne possède que O, il sera plus bénéfique de
vendre des licences à des firmes locales.

Les trois type d’avantage sont influencés par les caractéristiques des pays, es secteurs
et de la firme elle-même. En effet, en prenant le cas l’avantage spécifique, de nombreuses
FMN tire avantage à le transférer à faible coût marginal, dans différentes unités de production
à l’étranger. Cependant, en prenant les secteurs utilisant une matière première unique tel que
le marché de l’eau de source, sa production sur un autre site est difficilement envisageable. Il
peut être partiellement transférable, notamment en ce qui concerne la qualité de la main
d’œuvre et l’organisation du travail. (cas des entreprises japonaises)10

L’avantage spécifique peut aussi être acquis en achetant une firme locale, il n’a donc
plus besoin d’être transféré.

10
l’expérience, si la productivité de la main d’oeuvre dans les filiales est souvent inférieure à celles des firmes
japonaises, elle est supérieure à celle des firmes concurrentes du pays d’accueil. Une partie de la culture et de
l’organisation du travail a pu être transférée, grâce notamment à un encadrement japonais et l’intégration de
certains principes de management japonais.
NOTE : La théorie du cycle international du produit nouveau de Vernon

La théorie du cycle international du produit nouveau de Vernon cherche à expliquer le


paradoxe de Léontief. Elle émet que le produit nouveau lancé par des firmes innovatrices aux
Etats-Unis, est exporté alors que sa nouveauté technique exige une production à fort contenu
en travail qualifié. Puis le produit parvient à maturité, les coûts baissent, la demande croît, y
compris à l’étranger notamment dans les PDEM, où les concurrents apparaissent et menacent
les exportations américaines. Pendant leur monopole technologique, les MN américaines ont
une réaction défensive pour conserver leur part de marché des PDEM : l’IDE. Dans une
troisième phase, le produit standardisé est fabriqué en masse, à faible coût, dans des unités de
production capitalistiques utilisant surtout du travail peu qualifié. L’IDE délocalise la
production vers les PVD où une demande existe et d’où le produit est aussi réexporté vers les
Etats-Unis et les PDEM.

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