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En ce 21e siècle, force est d’admettre que la majeure partie des sociétés est de près ou
de loin influencée par le processus d’internationalisation des firmes. Ce processus donne lieu
à la formation d’un type d’entreprise, connue sous plusieurs appellations. En effet, ces
entreprises sont qualifiée suivant les ouvrages, les médias, et les divers observateurs, de
multinationales, internationales, plurinationales, supranationales, transnationales, ou même
interterritoriales.
En principe, la filiale est une société dont le capital social appartient au moins 50% à
une autre société dite société mère. Pour autant, toutes les prises de participation dans le
capital d’une firme étrangère ne répondent pas à une volonté d’exercer un contrôle véritable
de la gestion de cette firme. Il s’agit le plus souvent d’investissement de portefeuille, suivant
une logique de diversification des placements. Il n’est donc pas toujours aisé de distinguer ces
deux types d’investissements2.
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Le statut de FMN est en fait une question de degré il n’y a pas deux situations extrêmes : être ou ne pas être
FMN il existe un continuum le long duquel l’entreprise est de plus en plus multinationale.
plusieurs entreprises détiennent des participations dans une même filiale à l’étranger, la filiale
est comptabilisée pour l’entreprise qui détient la plus forte participation.
L’internationalisation des firmes est donc consubstantiellement liée à celle des IDE.
L’IDE est un capital investi dans la propriété d’actifs réels pour implanter une filiale à
l’étranger ou pour prendre le contrôle d’une entreprise étrangère existante (Andreff,2003). Il y
a donc volonté de contrôle et pérennité de l’engagement3. L’IDE entraîne non seulement un
transfert de ressources mais aussi l’acquisition du contrôle car la filiale fait partie de la même
structure organisationnelle que la société mère. En plus du capital physique, l’IDE implique
très souvent un transfert à l’étranger de technologie et de capital humain. Le seuil de 10% du
capital est retenu par le FMI et l’OCDE pour distinguer les investissements de portefeuille
(moins de 10% du capital), des IDE (plus de 10% du capital). Dans les faits, la plupart des
IDE concernent des prises de participation largement supérieures à 10%. En exemple, plus de
84% FMN américaines détiennent au moins 50% du capital de leurs filiales.
Premièrement, les firmes américaines pourraient produire les véhicules aux Etats-Unis
et exporter au Mexique plutôt que de produire au Mexique ; Deuxièmement, les firmes
auraient pu investir dans le capital des entreprises mexicaines existantes et laisser ces
dernières approvisionner le marché mexicain. Troisièmement, les firmes américaines auraient
pu faire produire ses modèles par des entreprises mexicaines, sous licence. Ces alternatives
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Pour le FMI, un IDE est « un engagement de capitaux effectué en vue d’acquérir un intérêt durable, voire une
prise de contrôle, dans une entreprise exerçant ses activités à l’étranger ».
fondent la théorie moderne de la firme multinationale et nous amène à s’interroger suivant
deux axes majeurs.
1- Pourquoi un même bien est–il produit simultanément dans plusieurs pays plutôt que
dans un seul ? C’est la question de la localisation.
2.1.1. La localisation
En ce qui concerne les conditions d’offre, il s’agit principalement des déterminants qui
suivent :
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La firme innovatrice exporte vers les marchés extérieurs puis s’y délocalise en espérant réduire ses coûts
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le Japon commence par délocaliser vers des pays à bas coûts de main d’œuvre les chaînons les moins
stratégiques de la production. S’opère peu à peu vers ces pays un transfert de savoir-faire qui leur permettra
la sécurité des approvisionnements en matières premières : en illustration, la
Compagnie anglaise des Indes possède ses propres plantations de thé en Inde,
Michelin possède des plantations d’hévéa en Malaisie pour se fournir en caoutchouc.
L’accès à la technologie : A la fin des années 1980, la firme coréenne Samsung a
installée en Californie, dans la Silicon Valley, une unité de recherche pour apprendre
les technologies modernes des ordinateurs à une époque où elle fabriquait des postes
de radio. Elle a ainsi pu embaucher des ingénieurs sortant des universités et rattraper
son retard technologique.
L’appréciation de la monnaie nationale : la montée du taux de change franc/dollar a
poussé des entreprises françaises à s’installer aux USA de 1985 à 1991 pour
sauvegarder leur compétitivité.
La recherche de faibles impôts peut aussi être un critère de localisation : ce motif
de localisation est précisément le but recherché par la création des zones franches.
La qualité de la production : la qualification et flexibilité de la main d’œuvre, la
qualité des infrastructures, la réputation du pays en matière de qualité des produits et
la réactivité de l’outil de production comptent dans la décision des FMN. Ainsi,
Meccano a décidé en 2010 de relocaliser en France une partie de sa production
chinoise, pour gagner en flexibilité, en réactivité et en cout de transport, et en misant
sur le « made in France ».
Pour ce qui est de la recherche des meilleures conditions de demande, la localisation d’une
firme est généralement sensible à :
d’augmenter la maîtrise des technologies et des processus. Plus tard, la montée des coûts dans ces pays
déclenche à nouveau un mouvement de délocalisation vers des pays moins avancés.
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d’amortir les dépenses élevées de R&D (pharmacie, biotechnologies) ou des investissements physiques massifs
(pétrochimie, automobile).
factories. En exemple, face à la politique américaine des quotas sur les téléviseurs
japonais en 1977, les entreprises japonaises (Sony, Matsushita, Sanyo, Mitsubishi,
Toshiba, Sharp, Hitachi) s’installèrent aux Etats-Unis. Cela favorisa l’expansion des
exportations japonaises vers les EU de pièces détachées de téléviseurs (multiplication
par 3 de 1976 à 1979).
La recherche d’une plus grande proximité au consommateurs : cela permet de
mieux connaître les besoins du consommateur, sentir et contrôler l’évolution de la
demande, et s’adapter aux goûts locaux. Cette proximité confère également l’image de
producteur local, appréciée des consommateurs. Ce processus de localisation rentre
dans le cadre des stratégie d’IDE horizontaux, qui visent pour le producteur à
implanter des filiales sur les lieux de consommation.
La diversification internationale : l’implantation à l’étranger est un prolongement de
la croissance interne face à un marché national saturé et permet une diversification des
risques liés aux évolutions des marchés7.
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Rossignol, qui produit des équipements de sports d’hiver, a compensé la récession sur le marché européen à la
fin des années 1980 par l’expansion du marché japonais.
de son concurrent, afin d’affaiblir sa position de leader chez lui, dans son principal
centre de profit, et ainsi diminuer ses ambitions à l’étranger. Ainsi, Michelin répondra
à l’investissement de Firestone en France par l’achat d’Uniroyal-Goodrich aux Etats-
Unis en 1989.
2.2. L’internalisation
L’internalisation pose la question pour une entreprise de savoir pourquoi faire soi-
même au lieu de faire faire par d’autres entreprises ? La théorie de l’internalisation cherche
donc à démontrer l’intérêt que peut avoir une firme à produire elle-même les consommations
intermédiaires dont elle a besoin pour élaborer son produit, au lieu de recourir au marché. Une
partie de l’explication de l’internalisation se rapporte au fait qu’au sein d’une FMN, la
création de filiales génère des volumes d’échange importants et potentiellement profitables,
en terme de biens (la production d’une filiale peut servir de bien intermédiaire à la production
d’une autre), d’informations, de technologies. Toutefois, au-delà de ces échanges,
l’explication la plus avancée à l’internalisation, s’appuie sur deux arguments principaux
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Ronald Coase, La nature de la firme, 1937
Ainsi, afin de limiter les risques liés au transfert de technologie et s’assurer la
récupération des rendements liés à l’effort d’innovation, les FMN préfèreront implanter des
filiales à l’étranger pour réaliser elles-mêmes leur production. Les FMN peuvent donc faire
le choix de l’intégration verticale, en internalisant les activités en amont et en aval du
processus de production, c’est-à-dire assurant la réalisation de tous les étapes du processus de
production.
Les marchés sur lesquels évoluent les FMN, en règle générale, ne remplissent pas les
conditions de concurrence pure et parfaite, et se caractérisent plus par leurs imperfections. Ce
sont des marchés dit imparfaits, et dans de nombreux cas relevant de l’oligopole. Dans ce
contexte d’oligopole international, les FMN apprennent à planifier, évaluer, coordonner leurs
activités internationales et celles de leurs filiales. Cette organisation qui lui permet d’évoluer
en environnement imparfait, devient en fin de compte, son avantage par rapport à d’autres
firmes n’ayant pas cette capacité, appelé avantage spécifique9.
Les avantages spécifiques des FMN reposent sur des facteurs appartenant où dont jouit
exclusivement la FMN, très souvent intangible, constituant des barrières à l’entrée pour les
nouveaux concurrents. Il peut s’agir suivant les cas, d’avantages absolus de coût, de
différenciation du produit et de publicité, d’économie d’échelle, de technique brevetée ou
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La FMN possède des avantages spécifiques transférables internationalement qui lui permet d’obtenir des gains
supérieurs aux coûts d’implantation à l’étranger et, ainsi, de demeurer compétitives sur les territoires étrangers.
Ces différents avantages spécifiques sont liés à certaines « imperfections » des marchés dont va profiter la firme
en voie de se multi nationaliser. S. Hymer, The International Operations of National Firms : A Study of Direct
Foreign Investment, publié en 1976.
inaccessibles, d’un réseau de distribution ou d’approvisionnement, une marque, la qualité du
marketing.
La théorie éclectique des FMN, formalisée par le modèle OLI de Dunning (1981)
permet donc d’expliquer la décision d’internationalisation suivant la combinaison de trois
types d’avantage, à savoir l’avantage spécifique (O : organisation), l’avantage de la
localisation de la firme (L : localisation) et l’avantage à l’internalisation (I : internalisation).
Ainsi, en considérant trois stratégies possibles, notamment l’IDE, l’exportation ou la
production sous licence, la décision peut être prise à la lumière de la matrice suivante.
Les trois type d’avantage sont influencés par les caractéristiques des pays, es secteurs
et de la firme elle-même. En effet, en prenant le cas l’avantage spécifique, de nombreuses
FMN tire avantage à le transférer à faible coût marginal, dans différentes unités de production
à l’étranger. Cependant, en prenant les secteurs utilisant une matière première unique tel que
le marché de l’eau de source, sa production sur un autre site est difficilement envisageable. Il
peut être partiellement transférable, notamment en ce qui concerne la qualité de la main
d’œuvre et l’organisation du travail. (cas des entreprises japonaises)10
L’avantage spécifique peut aussi être acquis en achetant une firme locale, il n’a donc
plus besoin d’être transféré.
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l’expérience, si la productivité de la main d’oeuvre dans les filiales est souvent inférieure à celles des firmes
japonaises, elle est supérieure à celle des firmes concurrentes du pays d’accueil. Une partie de la culture et de
l’organisation du travail a pu être transférée, grâce notamment à un encadrement japonais et l’intégration de
certains principes de management japonais.
NOTE : La théorie du cycle international du produit nouveau de Vernon