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Nicolas Duvoux - Les inégalités sociales
Nicolas Duvoux - Les inégalités sociales
Que sais-je ?
COLLECTION FONDÉE PAR PAUL ANGOULVENT
Les métamorphoses
des classes sociales
Au cours du XXe siècle, les classes sociales ont doté les
inégalités sociales d’un langage. Elles se sont en effet
déployées sur trois dimensions : cognitive (à travers les
nomenclatures socioprofessionnelles notamment), politique (à
travers des appareils politiques et syndicaux qui les ont
portées) et existentielle (à travers le développement d’une
conscience de classe parmi leurs membres). Elles sont
devenues en quelque sorte un « fait social total », l’identité de
classe englobant toutes les autres. Cette centralité, voire cette
quasi-exclusivité des classes sociales dans la représentation,
scientifique et politique, des inégalités a, depuis trente ans,
suivi la voie d’un rapide déclin.
Les rapports de classe n’ont pourtant pas disparu des
sociétés contemporaines. Le retour des inégalités économiques
étudié au chapitre II témoigne même d’un renforcement des
rapports sociaux entre les classes. S’ils ont connu une éclipse
dans la représentation de la société, c’est simplement parce
que la stratification sociale s’est reconfigurée différemment et
que les forces politiques partisanes de la lutte des classes ont
été désarmées.
Pour saisir les recompositions contemporaines des classes
sociales, on se demandera d’abord quelles ressources
théoriques peuvent être mobilisées pour clarifier les processus
producteurs des rapports sociaux de classe (I). Les dimensions
culturelles et statutaires des classes sociales seront abordées
afin de saisir ce second principe de structuration de l’espace
social à l’œuvre (II).
I. – Les classes sociales dans les rapports
de production contemporains
Les classes sociales constituent l’un des objets principaux
de la sociologie comme de l’économie. Leur formation repose
sur l’accumulation de ressources de différents types, lesquelles
sont aujourd’hui désignées, à la suite de l’extension donnée à
la notion par Pierre Bourdieu, comme autant de « capitaux ».
Le premier d’entre eux étant le capital économique.
1. L’accumulation des ressources (revenus et
patrimoine). – Dans le récit qui en est donné par Karl Marx,
la dynamique du développement capitalistique est issue d’une
« accumulation primitive » de capital 1. Cette notion évoquée
dans Le Capital indique des processus historiques de
constitution d’un stock initial de capital. Parmi ceux-ci,
l’expropriation des paysans des terres communales a permis le
développement de l’élevage de moutons par de grands
propriétaires terriens en Angleterre 2 ; la répression du
vagabondage et le commerce triangulaire qui signale
l’importance de l’esclavage dans le « décollage » économique
des pays développés. L’accumulation primitive est inscrite
dans des structures sociales et symboliques. Sur le premier
plan, la famille est l’élément pertinent de l’accumulation des
ressources. Elle est, selon Joseph Schumpeter, « le véritable
individu pour une théorie des classes sociales 3 ». Sur le second
plan, la religion fournit un cadre normatif qui peut être plus ou
moins propice à l’accumulation ; Max Weber a ainsi souligné
l’affinité élective existant entre l’éthique protestante et l’esprit
du capitalisme 4.
Lorsqu’elle est forgée par Marx, cette notion vise à opérer
une distinction par rapport aux approches classiques, de David
Ricardo (1772-1823) notamment, qui s’intéressait
principalement au rapport entre le niveau de capital, d’un côté,
et le nombre de travailleurs avec le volume de production, de
l’autre. La rémunération du capital peut en ce sens être isolée
comme un élément de réflexion à part entière, et structurer une
analyse historique et statistique des phases du capitalisme.
Ainsi, Thomas Piketty a formulé l’équation r > g pour
désigner la supériorité de la rémunération du capital (r) par
rapport au taux de croissance de la production (g), constante
historique expliquant par elle-même le creusement des
inégalités au profit des détenteurs de capital.
2. L’exploitation de la force de travail. – Marx a mis
l’accent sur l’antagonisme existant entre les détenteurs des
moyens de production et les autres, contraints, pour survivre,
de vendre leur force de travail aux premiers. L’opposition
entre ces deux catégories est selon lui le produit et le principal
élément explicatif de la dynamique de l’évolution sociale. Les
détenteurs de capital s’approprient une partie de la valeur
produite par les salariés, rémunérés au niveau de leur
subsistance. L’exploitation de la survaleur ajoutée dans le
procès de travail par le salarié est à la source de la division de
la société autour de deux collectifs formés autour du capital et
du travail. Les relations sont donc des relations asymétriques :
la détention des moyens de production assure aux capitalistes
propriétaires la maîtrise d’un échange formellement désigné
comme égalitaire par le biais de sa forme contractuelle. Parler
de classes, c’est décrire une société organisée par
l’exploitation capitaliste de la survaleur.
La complexité de la réalité sociale a conduit Marx à
distinguer un nombre de classes sociales différent selon ses
écrits et leur nature (théorique ou plus empirique) : le dernier
chapitre du Capital fait état de trois grandes classes (les
salariés, les capitalistes et les propriétaires fonciers). Le
Manifeste du parti communiste, quant à lui, en dénombre cinq,
tandis que La Lutte des classes en France en recense sept pour
en atteindre finalement huit dans Le 18 Brumaire de Louis
Bonaparte : la bourgeoisie financière, la bourgeoisie
industrielle, la bourgeoisie commerciale, la petite bourgeoisie,
le groupe techno-bureaucratico-militaire, la paysannerie, le
prolétariat et, enfin, le lumpenprolétariat (sous-prolétariat 5).
La dimension subjective de l’appartenance à une classe est
envisagée à travers la distinction entre les classes en soi,
dépourvues de conscience d’elles-mêmes, et les classes pour
soi, organisées en vue de la réalisation de leur destin
historique, dont elles ont pris conscience à travers leur lutte.
Les classes capitalistes et prolétaires viennent à l’existence
(subjective et politique) dans le procès même de leur
antagonisme. Marx produit une analyse où la socialisation
conflictuelle est la cause de la formation des classes 6, et celle-
ci une conséquence de l’accumulation elle-même.
Cette analyse par classes n’est toutefois pas la seule qui ait
été élaborée. Dans Économie et société, Max Weber a, de son
côté, contesté l’idée que les classes étaient toujours et
nécessairement en conflit entre elles. Il analyse la stratification
sociale en distinguant et en articulant les « classes de
possession » et les « classes de production ». Il met au jour
quatre « classes sociales » qui articulent production et
possession : la classe ouvrière, la petite bourgeoisie, les
intellectuels et spécialistes sans biens et la classe des
possédants. Il intègre également le prestige dans l’analyse des
« groupes de statut » et montre le lien entre ces dimensions et
la vie politique à travers les partis, et notamment le
financement des campagnes électorales. S’il distingue quatre
classes, Max Weber semble retenir une conception ternaire de
la société, où indépendants et intellectuels forment des classes
moyennes, étrangères aux classes de production et de
possession, privilégiées ou pas 7.
D’autres typologies ont été élaborées au cours des dernières
décennies du XXe siècle, pour rendre compte des modifications
de la structure sociale. Aux prises avec le problème de la
classe moyenne, le sociologue américain d’inspiration
marxienne Erik Olin Wright a intégré les critères du pouvoir et
de l’expertise pour analyser la stratification et la manière dont,
dans des conditions différentes de celles du XIXe siècle 8,
l’exploitation continuait de prévaloir. Cependant, l’approche
qui fait aujourd’hui référence (EGP ; voir chap. I) est
d’inspiration wébérienne.
3. Une polarisation sociale. – Les grandes forces à l’œuvre
dans l’organisation et la régulation des rapports économiques
et sociaux ont pour caractéristique de produire une
polarisation sociale, c’est-à-dire une séparation de plus en plus
nette des destins aux extrêmes de la distribution. Les inégalités
sociales augmentent par en haut et par en bas. Plusieurs
facteurs contribuent à ce phénomène.
En haut de la hiérarchie sociale, il faut distinguer la
possession des moyens de production, qui renvoie au partage
de la valeur ajoutée entre capital et travail d’un côté et à la
dispersion des revenus du travail de l’autre. Les dirigeants
possédants de grandes entreprises profitent, en tant
qu’actionnaires, de l’augmentation des dividendes dans le
partage de la valeur ajoutée 9 : celle-ci découle en partie de la
capacité de ces acteurs à mettre les territoires de production en
concurrence, et à remettre en cause les compromis égalitaires
élaborés à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. À côté de ce
phénomène, le pouvoir des dirigeants est notamment important
lorsque le capital est dispersé entre de nombreux actionnaires.
Des différences de revenu considérables apparaissent entre les
cadres dirigeants des grandes entreprises, notamment
financières, et le reste de la société. Sans même compter
l’intéressement aux résultats de l’entreprise et les avantages en
nature que leur procure leur fonction, les revenus élevés
peuvent se mesurer en années de salaire minimum
interprofessionnel de croissance (SMIC) et donner le vertige
au salarié moyen : 19 années de SMIC pour un cadre des
fonctions financières ; 35 années de SMIC pour un sportif de
haut niveau ; entre 600 et 1 200 années pour un grand patron
d’une entreprise cotée. Les cadres dirigeants des grandes
entreprises sont capables de négocier ou de s’octroyer des
rémunérations largement supérieures à celles des autres
groupes, y compris ceux qui ont des revenus importants
(médecins, avocats, etc.). La polarisation sociale s’explique
ainsi par des processus nouveaux qui se déploient à l’intérieur
du salariat. Nous l’avons dit, la financiarisation joue un rôle
important dans l’augmentation des inégalités. Les super-riches
sont aujourd’hui, pour une partie d’entre eux, des salariés.
Cependant, ces working rich 10 (expression forgée par
détournement de celle de working poor désignant les
« travailleurs pauvres ») ne le deviennent que parce qu’ils
parviennent à s’approprier une partie des organisations au sein
desquels ils évoluent. En menaçant de partir avec « leur »
équipe, les traders parviennent à construire un rapport de force
avec leur direction qui leur permet, in fine, d’obtenir des
primes et des augmentations de revenus très significatives. Les
conditions sociales de production des très hauts salaires se
rapprochent donc, à l’intérieur du salariat, des mécanismes
capitalistiques d’appropriation du profit par la possession des
moyens de production. De nombreux domaines parmi les plus
innovants de la société mettent en œuvre des mécanismes
d’exploitation de rentes d’information ou d’usage d’un
capital 11.
Un autre facteur souvent invoqué (voir chap. II ici) pour
rendre compte des inégalités est l’incidence des technologies
sur la structure productive dans un contexte de globalisation.
Les effets sociaux du développement technologique attestent
que ce sont d’abord les emplois intermédiaires qui font l’objet
de destructions : des emplois industriels, bien payés et
protégés. On parle ainsi d’« effacement de la classe moyenne »
(middle class squeeze) pour désigner ce processus de
destruction d’emplois intermédiaires, même si, en réalité, ce
sont surtout les classes populaires et les segments inférieurs de
la classe moyenne qui en sont affectés. En détruisant des
emplois intermédiaires par millions, la crise économique aux
États-Unis a accéléré, depuis 2008, la polarisation des emplois,
qui s’opère entre des fonctions qui demandent de très
importantes qualifications d’un côté (consultants, traders,
avocats, designers, etc.), et des emplois de service peu
rémunérés, peu protégés (employé de service, dans la
restauration, le nettoyage, les services à la personne, etc.),
exigeant peu de qualifications de l’autre 12. En France, suivant
cette même dynamique, le nombre des emplois de bureau et
des emplois administratifs diminue fortement 13.
Dans ce contexte, des processus d’exploitation des moins
qualifiés peuvent se déployer. Ces derniers ont vu leur
productivité croître, de concert avec les exigences
d’autonomie et de polyvalence qui leur sont imposées dans le
monde du travail, sans que leur rémunération s’élève pour
autant. Derrière les inégalités salariales, il y a un processus
d’exploitation des compétences investies par des salariés qui
sont plus éduqués et dont le travail s’est intensifié 14.
Les inégalités s’accroissent par le bas de la distribution des
revenus. Les deux quintiles inférieurs de la distribution des
revenus dans les pays développés ont vu leurs revenus stagner
ou diminuer au cours des trente dernières années, et cette
stagnation est due à l’augmentation des emplois non standard.
En France, par exemple, le recours à des emplois non
standards, dérogatoires à la norme du contrat à durée
indéterminé (CDI) à temps plein, s’est développé, au point
d’être aujourd’hui largement dominant en flux de création
d’emplois 15. Au-delà du recours croissant à des contrats non
standards proprement dits, le développement de
l’indépendance (que l’on pense, par exemple en France, au
statut d’auto-entrepreneur 16) et de l’intermédiation 17 sont des
mécanismes de fragmentation du salariat et d’augmentation
des inégalités qui ont en commun la diminution des droits et
des protections des segments inférieurs. Cette précarisation se
concentre sur les entrants et les moins diplômés : le clivage
entre diplômés et non-diplômés se substitue ainsi au clivage
entre employés et ouvriers 18.
À l’intérieur de la situation globalement défavorisée des
deux quintiles inférieurs de la distribution des revenus, soit les
40 % les plus modestes, il faut distinguer la situation des
classes populaires, catégories occupant des emplois
subalternes (ouvriers et employés), et des pauvres. Loin
d’avoir été résorbé, l’écart entre ouvriers et cadres s’accroît.
On peut le mesurer de différentes manières : ainsi en comptant
le nombre d’années qu’il faut à un ouvrier pour « rattraper » le
salaire d’un cadre. Jusque dans les années 1970, il fallait trente
à quarante ans contre 166 aujourd’hui. Cet allongement
s’explique par la diminution de la croissance annuelle du
salaire ouvrier, lequel sert de référence au calcul. Très
dynamique dans les années 1970, le salaire ouvrier stagne
aujourd’hui. Le revenu d’un cadre est 2,4 fois supérieur à celui
d’un ouvrier selon les données 2014 de l’INSEE et cet écart
s’accroît avec l’âge. Il ne s’agit là que d’un seul aspect des
inégalités qui sont renforcées par les retraites, situées dans un
écart équivalent. Les ouvriers et les employés forment un
ensemble dont les conditions objectives sont proches et
différentes de celles des autres groupes, même si le groupe des
employés est plus féminisé que celui des ouvriers 19. Le
chômage touche quatre fois plus les ouvriers non qualifiés que
les cadres supérieurs. Il est le premier facteur d’exposition à la
pauvreté.
Sous l’effet du chômage et de la précarité, une partie de la
population a été paupérisée. Si la pauvreté avait diminué des
années 1970 aux années 1990, la tendance s’est stabilisée
pendant cette décennie-ci, à un niveau élevé (14,3 % en 2015).
Ces situations de pauvreté sont marquées par un cumul des
ruptures de liens sociaux (avec l’emploi bien sûr, mais aussi
familiaux, associatifs et avec les institutions 20). Des
prestations sociales comme le revenu de solidarité active
(RSA, qui a remplacé le revenu minimum d’insertion en
2009), la protection maladie universelle (qui a remplacé la
couverture maladie universelle en 2016), placées sous
conditions de ressources, ou non, comme les APL, atténuent
ces inégalités. Néanmoins, en raison de leur faible montant,
ces prestations stabilisent les situations de pauvreté plus
qu’elles n’y remédient. De plus, le caractère ciblé de
l’assistance alimente le soupçon et la stigmatisation de ceux
qui en sont les bénéficiaires 21.
L’exclusion : concept sociologique
ou représentation sociale ?
À la représentation d’une société structurée autour de classes sociales
segmentées, hiérarchisées et en conflit entre elles a succédé, à partir des
années 1970 et 1980 mais surtout dans les années 1990, une représentation
où les exclus (outsiders) s’opposent aux inclus (insiders). Ce paradigme
s’est progressivement imposé au détriment de celui des classes sociales. Si
l’exclusion est un terme parlant dans la mesure où il condense des
éléments objectifs (la violence des rapports sociaux) et subjectifs (le
profond sentiment de stigmatisation vécu par les plus démunis), il n’est pas
exempt de critiques.
Ainsi, pour le sociologue Robert Castel (1933-2013), l’exclusion décrit des
états de dépossession mais occulte les processus sociaux d’ensemble qui
les produisent. En renvoyant une image misérabiliste de la pauvreté,
associée aux situations extrêmes des sans-domicile-fixe (qui seraient
environ 140 000 en France, malgré les difficultés statistiques évidentes à
les dénombrer, sur près de 9 millions de pauvres), elle véhicule des
sentiments ambigus, qui peuvent être de pitié, mais aussi de rejet. Elle
alimente en tout cas l’idée d’une coupure radicale entre les populations.
Pour éviter les écueils de cette vision, Robert Castel a forgé le concept de
« désaffiliation » qui désigne les processus de perte des ancrages sociaux
professionnels et familiaux connus par un nombre croissant d’individus
frappés par le chômage. Cette désaffiliation est l’ultime étape de
trajectoires qui trouvent leur origine dans l’insécurité de tous ceux qui sont
soumis à l’absence ou à la rareté de l’emploi. Serge Paugam a développé le
concept de disqualification sociale pour désigner le discrédit qui frappe les
« bénéficiaires » de l’assistance sociale dans un contexte de chômage de
masse. Le recours à des interventions ciblées par les pouvoirs publics a
multiplié les situations où les individus sont assignés à l’identité négative
d’assisté. Ces travaux convergent pour souligner le caractère processuel,
relationnel et multidimensionnel de la pauvreté. Ils partagent également le
constat de la force de la norme d’intégration professionnelle, et notamment
salariale, dans des sociétés frappées par le chômage de masse et la
précarité.
Cumulativité
et individualisation
des inégalités
Le fait même de parler d’inégalités sociales situe dans une
histoire. Les frontières de classe sociale se sont brouillées en
quelques décennies. Une décollectivisation des formes
d’appartenance aux principales dimensions de la société s’est
également produite : la famille s’est désinstitutionnalisée et
laisse la place à des rapports plus contractuels, le travail et
l’emploi se structurent de moins en moins autour de groupes
homogènes et hiérarchisés. Dans ce contexte, des formes de
recollectivisation s’opèrent, notamment autour des inégalités
de genre et ethno-raciales.
Néanmoins, l’une des caractéristiques les plus saillantes de
la construction des inégalités sociales est que leur
renforcement objectif s’articule avec une absence, relative, de
conscience de ces écarts. Se trouve ainsi réactivé un paradoxe
des sociétés modernes, soulevé par Durkheim à la fin du
e
XIX siècle. Plus l’intégration sociale est large et complexe et
Conclusion
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