Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
lecture venus anadyomene
lecture venus anadyomene
INTRODUCTION
Arthur Rimbaud, né en 1854 à Charleville, est un poète français appartenant au mouvement du symbolisme. Ce mouvement cherche à développer une littérature nouvelle
qui évoque les choses au moyen des sensations et impressions qu’elle provoque. Le sonnet « Vénus Anadyomène », écrit en 1870, Rimbaud parodie le genre poétique du
blason en décrivant le corps vieilli d’une femme en train de prendre son bain. « Vénus anadyomène » est un sonnet en alexandrins légèrement irrégulier puisque les rimes
du premier quatrain sont alternées et différentes de celles du second quatrain qui sont embrassées. La parodie consiste dans l’imitation satirique d’un texte ou d’une image,
qui les détourne de leurs intentions initiales afin de produire un effet comique. En quoi ce poème de Rimbaud peut-il être considéré comme une parodie ? Nous montrerons
comment Rimbaud arrive à ses fins en étudiant successivement les aspects dépréciatifs de la description et les effets parodiques tirés de son organisation.
(Lecture du texte)
« Vieille baignoire » (v.3) comparée à un « cercueil » CC de lieu + comparaison à la naissance avec une Rimbaud pose un cadre spatio-temporel en débutant
(v.1) antithèse l’opposant à la mort son poème par la présentation d’un objet symbolique
(vie/mort). Ainsi il s’oppose au mythe de la naissance
de venus par Botticceli
« Une tête » Contre-rejet L’usage d’un groupe nominal indéfini montre la
volonté du poète d’attirer le regard du lecteur sur un
élément essentiel en généralisant la vieillesse et le
corps féminin, il pose le thème de la condition
humaine.
« Cheveux bruns » « fortement pommadés » Champ lexical de la noirceur souligné par l’hyperbole Rimbaud inverse les valeurs de l’idéal de beauté
« fortement » défendu pendant des années par les artistes. Il impose
la laideur avec un comportement ordinaire voire
vulgaire souligné par le participe passé pommadé.
Rimbaud instaure le thème de la chevelure qui ici n’est
pas du tout synonyme de beauté.
« Lente et bête » Adjectifs dépréciatifs Renforcent l’antithèse avancée par le poète entre
l’évocation d’une naissance et la décrépitude du corps
synonyme de mort. Le regard traditionnellement doux
et pensif du poète vis-à-vis du corps humain est
remplacé par le point de vue du poète à travers
d’adjectif « bête ».
La lenteur de ses mouvements est mise en avant avec
l’opposition au verbe submerger
« Avec des déficits assez mal ravaudés » Complément circonstanciel de moyen renforcés par Les artifices évoqués par Rimbaud ne parviennent pas
des négations lexicales à cacher les ravages du temps.
« Col gras et gris » ; (« larges omoplates » (v.5), « large Allitération en /gr/ qui renforce l’idée de grosseur, de Vénus traditionnelle qui incarne la beauté et la grâce
croupe » (v.13) ; « corps aux formes ramassées / corps lourdeur / → répétition de l’adjectif « large » du corps féminin, Rimbaud oppose le spectacle de la
trapu » laideur. Le dégoût ressenti par le poète face à ce corps
s’exprime de multiples façons.
CONCLUSION
Rimbaud utilise donc dans ce poème le cadre poétique traditionnel du sonnet pour se livrer à une féroce caricature. Il s’agit d’un portrait au vocabulaire lourdement
dépréciatif. La composition et la versification du poème orchestrent le dévoilement progressif d’un corps de femme, motif qui peut rappeler celui de la déesse émergeant
des flots, mais qui en constitue surtout le reflet inversé, obscène et grotesque. Dans son poème « Soleil et Chair », publié également au sein du recueil Demeny, Rimbaud se
livre à l’exercice contraire : un éloge classique d’Aphrodite.