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LES POUVOIRS DU JUGE D'INSTRUCTION
LES POUVOIRS DU JUGE D'INSTRUCTION
MOHAMMEDIA
Pr A. CHAKRI
Thème:
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Aux termes de l’article 85, du code de procédure pénale : « le juge d’instruction
procède, conformément à la loi, à tous les actes d’information qu’il juge utiles à la
manifestation de la vérité ». Cette formule est extrêmement large, elle implique que
le juge d’instruction a pour mission de faire éclater la vérité, aussi bien sur les faits
que sur la personnalité de leurs auteurs, aussi bien sur les aspects favorables à
l’inculpé que sur ceux qui lui sont défavorables ; c’est dans ce but que le juge est
des mesures très diverses. IL peut faire lui-même toutes constatations matérielles
A- Constatations matérielles
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ainsi par exemple, lorsqu’il se transportera sur le lieu de l’infraction, comme l’article 99
Roi qui peut l’accompagner). Au cours de ce transport, le juge sera assisté d’un
greffier qui écrira sous sa dictée, le procès-verbal des constatations faites ;le procès-
verbal doit être signé par le juge d’instruction et par le greffier. Des constations du
même ordre peuvent être faites par le juge à son cabinet, sur les pièces à convictions
Les formalités ne sont pas les même selon qu’il s’agit d’entendre des témoins,
L’article 117 du code de procédure pénale dispose que : « le juge d’instruction fait
citer devant lui, par un agent de la force publique, toutes les personnes dont la
déposition lui parait utile ». L’alinéa 2, du même texte précise que les témoins
peuvent être convoqués par huissier de justice, lettre recommandée ou par voie
administrative.
procédure pénale précise que : « les témoins doivent être entendues séparément et
hors la présence de la personne inculpée » (art. 119, C.P.P.). Le juge pourra
cependant, par la suite, confronter les témoins avec l’inculpé, ou même confronter les
Le juge fait préciser au témoin son identité et lui fait prêter serment. Le témoin
fait rapporter les faits qui sont à sa connaissance. Si le témoin ne parle pas l’arabe, le
juge fait appel à un interprète (art. 120,C.P.P.).
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Le témoin s’exprime verbalement ; cependant, étant donné que la procédure de
et la dicte à son greffier. Pour éviter toute altération, la loi exige que le témoin relise
sa déposition lui-même et la signe. Si le témoin ne sait pas lire, le greffier lui en fera
la lecture, la signature est remplacée par une empreinte.
Chacun des feuillets du procès-verbal qui contient la déposition, doit être rédigée
par sans comporter aucune interligne, il doit être signé de tous ceux qui sont
intervenus ; de même, les ratures et les renvois doivent être approuvés par le juge, le
Les obligations qui pèsent sur le témoin permettent d’accorder une certaine
confiance à sa déposition.
publique (art. 128, C.P.P.). En outre, le témoin défaillant est exposé à se voir appliqué
une sanction pécuniaire (amende de 1200 à 12 000 Dhs) sans possibilité de recours.
justifications valables.
2. Le témoin qui est entendu par le juge d’instruction doit prêter serment
dans les termes suivants : « Je jure de témoigner, sans haine et sans crainte de dire,
toute la vérité et rien que la vérité. »(art.123, C.P.P). Les seules personnes dispensées
de prêter serment sont les mineurs âgés de moins de 18 ans, les ascendants,
3. Le témoin doit révéler ce qu’il sait. Il est tenu en effet de dire toute la
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vérité, rien que la vérité conformément au serment précédemment prêté. Il s’expose
4. Il est à noter que le refus de déposer, expose aux mêmes peines que le
refus de comparaitre (amende 1200 à 12 000Dhs).
Pour éviter tout abus dans les interrogatoires, une règlementation minutieuse a
été établie par le code de procédure pénale. Les dépositions y afférentes se trouvent
chacun des faits dont il est saisi, et pour lesquels il est poursuivi. Mention des uns et
des autres est porté au procès-verbal. Si l’inculpé a déjà demandé l’assistance d’un
S’il n’en est pas ainsi, le juge d’instruction avise la personne inculpée de son droit
de choisir un avocat, ou demander qu’il lui soit désigné un d’office. L’avocat désigné
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Mention est faite sur le procès-verbal. Néanmoins, si l’inculpé désire faire des
déclarer au juge d’instruction son adresse personnelle pour recevoir les notifications
Il est à noter que l’article 135, prévoit une hypothèse ou le juge d’instruction peut
interroger sur le fond dès la première comparution, même si l’intéressée n’y consent
confrontation. L’urgence peut résulter du fait qu’un témoin est en danger de mort, ou
du fait que des indices importants sont sur le point de disparaitre. Le procès verbal
qu’elle n’y renonce expressément, qu’en présence de son conseil, ou tout au moins
après que celui-ci ait été dument appelé (art. 139, C.P).
Cette convocation doit être faite soit par lettre recommandée ou avis, ou
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Les déclarations de l’inculpé sont consignées au procès-verbal, lequel doit être
3) Confrontations
Chaque fois que la personne mise en examen doit être confrontée, que ce soit
avec un ou plusieurs témoins, avec la partie civile ou d’autres personnes poursuivies ;
supplémentaires. Des demandes lui seront adressées ou seront formulées par elle.
Ainsi, toutes les règles et formalités prévues pour le cas de l’interrogatoire devraient-
Le procès-verbal relatant la confrontation doit être signé par toutes les personnes
ayant pris part à la confrontation.
Partie au procès pénal, la partie civile ne peut être entendue sous serment, elle
fait ses déclarations dans les mêmes conditions que la personne poursuivie. Elle aussi,
peut être assistée d’un avocat et ce dès sa première comparution. Lorsqu’il en est
ainsi, la partie civile ne peut être entendue qu’en présence de son conseil ou lui
dument appelé. Ainsi, le juge d’instruction doit convoquer le conseil de la partie civile
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les mêmes conditions que la personne poursuivie.
L’assistance du conseil à lieu aussi bien à l’audition proprement dite qu’à toute
L’audition de la partie civile donne lieu à la rédaction d’un procès-verbal dans les
poursuivie.
D-Perquisition et saisies
d’instruction. Elle peut s’exécuter dans tous les lieux ou peuvent se trouver des objets
perquisition se trouve dans Le ressort du tribunal, le juge s’y transporte avec son
d’autre part dans son procès-verbal les motifs de son transport (article 100, C.P.P).
(respect des heures légales, sauf en matière de terrorisme : arts.101 et 102, C.P.P.), le
respect du secret professionnel (perquisition dans le cabinet d’un avocat ou d’un
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qui doit être dressé sur le champ.
même où la pièce intéressante est découverte. La saisie peut porter sur des objets
appartenant à des tiers ou sur lesquels un tiers possède un droit de rétention (arts
104 et ss, C.P.P.).
Toute personne, y compris, l’inculpé et la partie civile, qui prétend avoir droit sur
compètent pour statuer sur cette demande. Le juge d’instruction statue par
ordonnance motivée dans les 8 jours de la demande après avis du ministère public. Il
peut ordonner la restitution, soit d’office, soit sur réquisition du ministère public, ou
la refuser par ordonnance motivée.
besoin les uns aux autres, il faut que le juge d’instruction ait le pouvoir d’obliger les
intéressées à comparaitre devant lui, et même, s’il en est besoin, de conserver la
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personne poursuivie à sa disposition et de la priver de tout ou une partie de sa liberté
puisqu’il permet d’arrêter l’individu. C’est en effet l’ordre donné par le juge à la force
publique de conduire immédiatement devant lui l’inculpé (art. 146, CP.P.). L’article 146,
alinéa 2, précise que : « le mandat d’amener est notifié et exécuté par un officier ou
agent de la police judiciaire ou par un agent de la force publique. Celui-ci le présente
Donc il s’y rendra sous la conduite de la police et le porteur du mandat peut requérir
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l’interroger en principe dès son arrivée (art. 147, al 1, C.P.P). Si l’interrogatoire ne peut
heures (article 147, al.2). S’il en était autrement, il y aurait détention arbitraire à la
charge de tout magistrat ou fonctionnaire ayant ordonné ou toléré cette détention
public compètent qui requerra le juge d’instruction, ou en son absence , tout autre
magistrat du siège, de procéder immédiatement à l’interrogatoire, faute de quoi
Comme son nom l’indique, le mandat de dépôt permet de détenir l’individu, mais il
L’inculpé peut s’y trouver parce qu’il a répondu à une convocation qui lui avait
liberté, il délivre alors contre lui un mandat de dépôt après avoir pris en son encontre
Il est possible également que l’inculpé soit venu devant le juge d’instruction
à la suite d’un mandat d’amener ; le juge fait alors succéder au mandat d’amener un
mandat de dépôt dans les mêmes conditions.
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Il est possible enfin, que l’intéressé soit déjà détenu pour une autre cause. Ainsi le
mandat de dépôt ne peut jamais être décerne avant que le juge n’ait entendu
l’inculpé.
détenu. »
Il est à noter que le mandat d’arrêt ne peut être employé que si la personne
L’inculpé arrêté est conduit sans délai dans l’établissement pénitentiaire indiqué
sur le mandat, et le chef de cet établissement délivre à l’agent d’exécution, la
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doit être interrogé par le juge d’instruction dans les 48h de la détention. A défaut ; il y
de juridiction en différentes occasions, que l’on peut grouper en trois stades : lors de
avec constitution de partie civile, par une ordonnance de refus d’informer. Il en est
ainsi lorsque, de l’exposition des faits, il ressort suffisamment net que les agissements
reprochés ne constituent pas une infraction, ou que l’action publique n’est pas
Il peut également, s’il s’agit d’une plainte avec constitution de partie civile, refuser
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en l’espèce (art. 93, C.P.P.). En cas de contestation, ou s’il déclare irrecevable la
une consignation (art. 95, C.P.P.), dont il fixera le montant par voie d’ordonnance.
dossier soit communiqué au procureur du Roi comme le prévoit l’article 93, du code
de procédure pénale.
compétence territoriale, l’affaire n’est pas de son ressort (art. 215, du C.P.P.). Par cette
Mais dans la plus part des cas le premier acte juridictionnel du juge d’instruction
et une ordonnance décidant d’informer sur l’affaire dont il est saisi et ouvrant ainsi
B- Au cours de l’information
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(inculpé ou partie civile). Il en est ainsi des expertises sollicitées par les parties, y
88, al. 4, C.P.P.). Cette ordonnance constitue un acte de juridiction qui doit être
motivé.
dossier au parquet, soit spontanément, soit sur la réquisition de celui-ci. Il le fait par
d’intervention, alors que l’information est déjà ouverte, le juge rendra une
ordonnance pour statuer sur la recevabilité de cette constitution (art.93, C.P.P.), après
C’est aussi par ordonnance motivée que le juge d’instruction refuse une expertise
demandes présentées par les parties à la suite du dépôt du rapport des experts.
Les décisions les plus importantes que le juge d’instruction est appelé à prendre
en vertu de son pouvoir de juridiction au cours de l’information interviennent en
Tout d’abord c’est par une ordonnance spécialement motivée, que le juge
préventive, qu’il accorde ou refuse la mise en liberté de l’inculpé sollicitée par celui-ci
ou par son conseil ou par le ministère public (arts. 177 et 179, C.P.P). Enfin, c’est par
ordonnance que le juge place l’inculpé sous contrôle judiciaire et détermine dans
celle-ci ou dans des ordonnances ultérieures, l’obligation imposée à l’intéressé (art.
160, C.P.P).
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C’est aussi par voie d’ordonnance que le juge d’instruction répondra aux
demandes de restitution des objets saisis qui lui sont présentées par les parties ou
Il est à ajouter que c’est par ordonnance que seront prononcées les
condamnations contre les témoins qui ne comparaissent pas (article 128, C.P.P.).
susceptibles d’appel. Elles doivent être portées à la connaissance des parties par voie
de notification. Le procureur du Roi doit recevoir avis par les soins des greffiers.
C- A la clôture de l’information
Lorsqu’il accomplit tous les actes d’information qu’il a cru utiles de faire et qu’il
ne voit pas ce qu’il peut faire de plus pour éclairer les faits ou la personnalité du
délinquant, le juge d’instruction doit se prononcer sur les suites à donner à l’affaire,
et rend alors ce que les article 214 et suivants du code de procédure pénale,
ministère public qui doit lui adresser ses réquisitions dans les 8 jours au plus tard, à
compter de la réception du dossier (art. 214, CP.P.).
Après réception des réquisitions, ou après expiration du délai, dans lequel elles
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Son ordonnance doit préciser les noms et prénoms, date, lieu de naissance,
qualification légale du fait imputé à celui-ci. Enfin, et surtout, elle doit être motivée de
façon précise (art. 221, C.P.P.), exposant les faits que l’infraction a fait ressortir et les
raisons qui décident le juge à régler le dossier dans un sens plutôt que dans l’autre.
Le juge a en effet le choix entre deux solutions, lorsqu’il clôture son information il
peut rendre soit une ordonnance de non-lieu, soit une ordonnance de continuation
des poursuites (ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel s’il s’agit d’un
délit, ordonnance de transmission au procureur général du Roi, s’il s’agit d’un crime.)
a- Ordonnance de non-lieu
continuer les poursuites intentées (art. 216, C.P.P.). Cette ordonnance arrêtera l’action
préventive, il doit être mis en liberté s'il n'est pas détenu pour une autre cause ; l'effet
du mandat dont il faisait l'objet prend fin, l'ordonnance de non-lieu est classée dans
Lorsque le juge d'instruction estime qu'il existe contre l'inculpé des charges
Si les faits sur lesquels le juge d'instruction a conduit son information paraissent
constituer un délit, il rend une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel
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(art. 217, C.P.P.) et transmet alors le dossier au procureur du Roi, qui l'envoie sans
retard au greffier, qui fait donner une assignation au prévenu de comparaitre devant
le tribunal pour l'une ou l'autre des plus prochaines audiences en respectant les
Si le juge d'instruction estime que les faits constituent un crime, il rend une
dossier soit transmis au procureur général du Roi aux fins de citation (art.218, du
C.P.P.).
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