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Le - Droit - de - L'option - de - La Partie - Civile
Le - Droit - de - L'option - de - La Partie - Civile
MOHAMMEDIA
Pr A.CHAKRI
Thème :
Étant une action en réparation d’un dommage privé, l’action civile peut,
comme toute autre action en réparation, être intentée devant un tribunal civil.
Mais comme le dommage dont la victime demande réparation n’est pas un
dommage purement civil par son origine, mais puise sa source dans l’infraction
et dans une faute pénale, la victime à la faculté d’exercer son action civile
devant le tribunal répressif.
Elle le fait, soit en joignant cette action à l’action publique exercée par le
ministère public en se constituant partie civile par conclusion, soit en mettant
elle-même l’action publique en mouvement, par citation directe ou par une
constitution de partie civile devant le juge d’instruction.
Il résulte de ces deux textes que la victime dispose d’un droit d’option entre
la juridiction civile et la juridiction répressive pour porter son action en
demande d’une réparation.
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LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
Il faut ajouter que la voie répressive, plus rapide et moins couteuse que la
voie civile, permet à la victime de ne se voir opposer l’autorité de la chose
jugée au pénal sur le civil qu’après avoir été entendue au cours du procès
pénal. Par contre, l’action de la victime, si elle est téméraire ou abusive
engage plus facilement sa responsabilité civile, si elle a opté pour la voie
répressive.
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LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
Pour que la victime d’une infraction puisse exercer son option et agir en
réparation, soit devant le tribunal répressif, soit devant le tribunal civil, plusieurs
conditions doivent être réunies.
Tout d’abord, il faut que les deux voies civile et répressive soient ouvertes.
Si l’une des deux se ferme, il n’y a plus d’option possible.
Les juridictions civiles aussi compétentes pour statuer sur l’action civile, ne
peuvent connaitre l’action civile résultant des délits de diffamation prévues par
l’article 442 du Code pénal.
Pour que la victime puisse faire juger son action civile par le tribunal
répressif, il ne suffit pas que la voie criminelle soit ouverte, il faut encore que
cette action soit une action en réparation d’un dommage, qui trouve sa base
dans l’infraction, et encore, elle ne peut être exercée devant la juridiction
répressive, que si elle prend sa source dans le préjudice résultant de l’infraction
et a pour fondement l’infraction.
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LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
Pour pouvoir être exercée devant le tribunal répressif, l’action civile ne doit
pas seulement poursuivre la réparation d’un dommage résultant directement
de l’infraction, elle doit encore avoir pour fondement le fait délictueux, la faute
pénale, par exemple , le tribunal répressif n’est pas compétent pour statuer sur
une action civile en réparation d’un dommage causé par l’infraction, si cette
action est fondée non pas sur la faute pénale, mais une faute civile identique
à la faute pénale (ex. Faute d’imprudence).
Ainsi, si l’action publique ne peut plus avoir lieu, il n’y a plus d’option
possible, la victime doit agir au civil. L’amnistie, l’abrogation de la loi pénale,
le décès du délinquant, la prescription suppriment définitivement l’exercice de
l’action publique. Donc le tribunal répressif ne reste compétent pour statuer sur
l’action civile que s’il en était saisi en même temps que l’action publique et
que cette dernière subissait une cause d’extinction en cours du procès.
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LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
ministère public. Dans le premier cas, elle agit par voie d’intervention, mais dans
le second, par voie d’action.
a- L’intervention
L’intervention peut avoir lieu à toutes les phases de la procédure tant que
la clôture des débats n’a pas été décidée (art. 94, C.P.P).
Mais la partie lésée ne peut jamais intervenir pour la première fois en appel
dans les matières ou il existe, car elle priverait le prévenu en cas de
condamnation à dommage et intérêt du double degré de juridiction.
L’intervention peut avoir lieu soit avant, soit pendant l’audience (art. 350,
C.P.P).
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LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
b-L’action
Lorsque le ministère public n’a pas exercé l’action publique, la partie civile
peut tout de même porter son action civile devant la juridiction répressive, mais
dans ce cas, elle agit alors par voie d’action. Elle a pour cela un moyen à sa
disposition ; la plainte avec constitution de partie civile (art. 92 et ss, C.P.P).
Une fois la partie lésée a exercé son option entre la voie civile et la voie
criminelle, il ne lui est plus possible de revenir en arrière, d’abandonner la
juridiction saisie pour s’adresser à l’autre, c’est le sens de la maxime bien connu
« electa una via, non datur recursus ».
A- L’irrecevabilité de l’option
a- Le fondement de l’irrévocabilité
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LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
Si la partie lésée a d’abord opté pour la voie pénale, plus sévère, elle peut
abandonner cette voie et revenir à la voie civile, qui place le prévenu ou
l’inculpé dans une situation meilleure, à moins bien évidement que la juridiction
répressive saisie la première, n’ait déjà statué au fond.
B-L’issu de l’option
Elle permet d’obtenir justice avec une plus grande rapidité que devant le
juge civil.
2- Inconvénients
La partie civile étant partie à l’instance ne peut plus être entendue comme
témoin à l’instruction, ni aux débats. Elle sera bien souvent le principal témoin
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LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
Lorsqu’elle est intentée devant le tribunal civil, soit parce que le tribunal
répressif n’est pas compétent (action publique éteinte), soit parce que, usant
de son droit d’option, la partie lésée a préféré la juridiction civile, l’action civile
donne lieu à un procès purement civil tout à fait distinct du procès pénal, c’est-
à-dire., que l’action civile est soumise aux règles de compétence et de
procédure civile, applicables en matière civile.
Ce n’est pas à dire pourtant que le procès sur l’action civile distinct du
procès pénal en soit complétement indépendant. Sans doute le procès pénal
a-t-il une indépendance absolue par rapport à un procès pénal, lorsqu’il est
jugé par le tribunal civil avant la mise en mouvement de l’action publique, le
juge civil peut statuer aussitôt sans attendre l’engagement et le jugement de
l’action publique, et il a toute liberté d’appréciation et de décision. Du reste
son jugement sur l’action civile n’aura aucune influence sur celui que le juge
répressif pourra être appelé à rendre postérieurement sur l’action publique, car
la chose jugée au civil n’a pas d’autorité au criminel.
Il n’en est plus de même lorsque le procès civil est engagé après la mise en
mouvement de l’action publique. Dans ce cas, le procès civil se trouve par son
rang et son jugement sous la dépendance du procès pénal. Cette
dépendance tient à ce que l’action civile est une action en réparation du
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LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
C’est ainsi que le tribunal civil est obligé de sursoir à statuer sur l’action civile
tant que le tribunal répressif saisi avant ou pendant l’instance civile n’a pas lui-
même statué sur l’action publique (art. 10, C.P.P). C’est le sursis au jugement
de l’action civile qui résulte de la règle « le criminel tient le civil en état ».
D’autre part, le tribunal qui statue après le jugement rendu par le tribunal
répressif sur l’action publique est tenu de respecter, dans une certaine mesure,
ce qui a été décidé par le juge répressif ; il ne peut se mettre en contradiction
avec lui. C’est le principe jurisprudentiel de l’autorité sur le civil de la chose jugée
au criminel.
1- Durée du sursis
L e sursis doit se prolonger tant qu’il n’a pas été prononcé définitivement
sur l’action publique. Mais pour ne pas faire durer le sursis jusqu’à l’expiration
du délai de prescription de l’action publique, les auteurs et la jurisprudence
considèrent comme des décisions définitives à cet égard, les ordonnances de
non-lieu ainsi que les décisions rendues par défaut ou par contumace.
Quoi qu’il en soit, aussi longtemps qu’une décision définitive n’a pas été
rendue, le juge civil ne peut statuer sous peine de nullité absolue de la
procédure. C’est qu’en effet le sursis, qui a été institué, non dans l’intérêt
particulier des plaideurs, mais en vue de protéger l’ordre respectif des
juridictions civiles et répressives et d’empêcher, notamment qu’une décision
civile ne contredise une décision pénale, revêt un caractère d’ordre public.
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LE DROIT D’OPTION DE LA PARTIE CIVILE
Dans tous les cas, lorsqu’il statue après le tribunal répressif, le tribunal civil,
encore qu’il juge une action distincte de l’action publique, ne jouit pas
cependant d’une liberté entière d’appréciation et de décision, il est lié dans
une certaine mesure par ce qui a été décidé par le tribunal répressif. Les arrêts
affirment : « qu’il n’est pas permis au juge civil de méconnaitre ce qui a été
nécessairement et certainement décidé par le juge criminel sur l’existence du
fait incriminé qui forme la base commune de l’action pénale et de l’action
civile ».
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