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ENCG de Settat

S6 – Gestion de Trésorerie Enseignant : O. Boudarbala

Fiche 1 : L’équilibre financier de l’organisation et la trésorerie

Contexte
Généralement décrite comme la disparité entre les ressources mobilisées pour soutenir ses
activités et les besoins engendrées par celles-ci, la trésorerie d'une entité demeure une variable
aléatoire. Elle résulte des flux monétaires générés par des contingences économiques,
structurelles, voire des incidents imprévus tels que des dépenses imprévues, des conflits
sociaux, des défauts de paiement, et bien d'autres. Ces paramètres et divers autres facteurs
confèrent à la trésorerie un rôle primordial dans la gestion financière à court terme.
Résoudre efficacement un problème nécessite généralement un diagnostic précis de celui-ci.
Dans le cas de la trésorerie, tout comme dans tous les aspects de la finance d'entreprise,
l'élément crucial du diagnostic repose sur les données comptables.
Opérationnalisation
1. La trésorerie est une conséquence
La trésorerie, par sa définition, découle de la différence entre le Fonds de Roulement
(financement permanent - actif immobilisé) et le Besoin en Fonds de Roulement (actif circulant -
passif circulant). Pour clarifier cette notion, nous partons d'un postulat fondamental : Actif =
Passif.
Le passif se compose principalement des capitaux propres de l'exercice, comprenant le capital
social, les différentes réserves, le résultat de l'exercice et les résultats reportés, ainsi que des
dettes à long terme, principalement des emprunts auprès des institutions financières et des
dettes fournisseurs dont le remboursement est prévu au-delà de l'année en cours.
Dans le cadre de son activité, une entreprise acquiert des matières premières, des marchandises
et des services avec des délais de paiement. Cette accumulation représente pour l'entreprise une
source de financement, soit une somme d'argent qu'elle aurait dû débourser mais qu'elle n'a pas
encore décaissée.
Ce détail peut être résumé au niveau de la définition du « passif » du Code Général de
Normalisation Comptable (CGNC) : il s’agit des origines de financement à une date considérée.
Effectivement, du côté de l'actif de l'entreprise, on retrouve l'utilisation de son passif, notamment
sous forme d'actif immobilisé (machines, placements, etc.) et de créances (créances clients,
créances envers l'État, créances envers les associés, etc.). En d'autres termes, toutes choses
étant égales par ailleurs, l'entreprise dispose de sommes d'argent qu'elle aurait dû encaisser
mais qu'elle n'a pas encore perçues.
Ce détail peut être résumé au niveau de la définition de l’« actif » du Code Général de
Normalisation Comptable : il s’agit des emplois économiques qui sont faits, à la même date, des
capitaux.
Si Passif = Actif
Donc : Capital social + Réserves + Résultat de l’exercice + Résultats reportés +Dettes à LT + Passif
Circulant + Trésorerie = Actif immobilisé + Créances de l’actif circulant
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En conséquence :
Capitaux propres + Dettes à LT – Actif immobilisé + (Actif circulant – Passif Circulant) = Trésorerie
Alors :
Fonds de Roulement +/- BFR = Trésorerie
Cette démonstration met en lumière une conclusion significative : la distinction entre la trésorerie
et le résultat comptable. Il est établi que le résultat comptable représente une convention, ce qui
implique qu'une même entreprise peut légitimement présenter plusieurs résultats comptables
en conformité avec les normes comptables. En essence, le résultat comptable émane de la
différence entre les produits et les charges d'une entreprise.
Les produits sont formés principalement des ventes de biens ou de services (production), des
produits financiers (intérêts, différences de changes favorables, de produits "calculés" - telles les
reprises de provisions et d'autres produits divers, accessoires ou exceptionnels. Ils
correspondent à un enrichissement potentiel de l’entreprise ; ils sont générateurs de bénéfice
dans la mesure où le niveau des charges correspondantes leur reste inférieur (CGNC).
Les charges sont formées principalement des achats consommés de biens et de services utilisés
dans le cycle d'exploitation de l’entreprise (consommation) ainsi que de la rémunération des
divers facteurs de production : impôts, charges de personnel, intérêts, etc. Elles comprennent
également les charges "calculées" que sont les "dotations" aux amortissements et aux
provisions, d'autres charges diverses accessoires ou exceptionnelles ainsi que les impôts sur les
résultats. Elles correspondent à un appauvrissement potentiel de l’entreprise ; elles sont
génératrices de pertes dans la mesure où le niveau des produits correspondants leur reste
inférieur (CGNC).

On comprend alors que :

a. Le résultat comptable comporte plusieurs choix du management qui ne sont pas


traduits forcément par des flux financiers (amortissements, provisions, méthodes de
valorisation des stocks, etc.).
b. Le résultat de l’entreprise est la différence entre des produits qui ne sont pas
forcément encaissés (créances) et des charges qui ne sont pas forcément décaissées
(dettes).
Le résultat comptable offre parfois une vision enjolivée de la situation financière, tandis que la
trésorerie demeure une réalité concrète. Il est fréquent de constater un résultat comptable
favorable alors que la trésorerie de l'entreprise demeure problématique. Cette disparité peut être
attribuée à divers facteurs tels qu'un système de recouvrement inefficace, une augmentation
artificielle du chiffre d'affaires due à des pratiques de paiement trop généreuses, ou encore des
décisions d'investissement mal avisées.
2. L’analyse quantitative de la trésorerie
Une analyse simple de la trésorerie peut s'appuyer sur l'examen de trois indicateurs clés : le
chiffre d'affaires, le fonds de roulement et le besoin en fonds de roulement.
Le chiffre d'affaires, en tant qu'indicateur majeur, reflète l'activité principale de l'entreprise,
constituant ainsi le cœur de son activité commerciale.
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Le fonds de roulement, quant à lui, offre un aperçu de la santé financière de l'entreprise, révélant
sa politique financière et son alignement avec sa stratégie d'investissement. Il illustre également
la rentabilité générée par l'entreprise, avec les résultats contribuant à la composition de ses
capitaux propres.
Effectivement, diverses situations peuvent émerger dans le domaine de la gestion de trésorerie :
Période de croissance : Si le chiffre d'affaires croît rapidement mais que le besoin en fonds de
roulement (BFR) échappe à tout contrôle, une phase de croissance critique survient. Dans cette
conjoncture, il devient impératif d'injecter des capitaux pour rétablir l'équilibre.
Erreur financière : Lorsqu'une décision d'investissement altère le fonds de roulement en raison
d'une rentabilité insuffisante, une crise financière par erreur peut se manifester. Dans cette
perspective, il s'avère essentiel d'apporter des fonds supplémentaires afin de consolider la
trésorerie.
Déclin de la rentabilité : Si la rentabilité se détériore à la suite d’une mauvaise gestion des
charges ou à une politique de tarification inappropriée, une crise de rentabilité survient. L'urgence
réside alors dans l'identification des causes de cette baisse de rentabilité et dans leur résolution.
Défi opérationnel : Si tous les indicateurs évoluent défavorablement, cela révèle une crise
opérationnelle majeure. Il devient impérieux de revoir le modèle économique de l'entreprise afin
de cerner les dysfonctionnements et d'y remédier.
Gestion défaillante : Lorsque le chiffre d'affaires est satisfaisant, que le fonds de roulement est
relativement solide mais que le besoin en fonds de roulement pose un problème, cela témoigne
d'une crise de gestion. Cette situation exige une réévaluation profonde de la gestion de
l'entreprise, en particulier en ce qui concerne la gestion des stocks et des délais.
3. Illustration par un club sportif
Les défis liés à la gestion de trésorerie sont omniprésents dans toute organisation,
indépendamment de sa renommée ou de sa stature. À titre d'illustration, nous prenons en
considération le cas emblématique du prestigieux club marocain, le Raja Club Athletic (R.C.A).
Ci-dessous se trouvent les trois indicateurs clés ainsi que leurs composantes pour le club au
cours des cinq derniers exercices :
Les chiffres sont en KDH 2019 2020 2021 2022 2023
Chiffre d'Affaires 106.473,00 115.185,00 102.071,00 91.671,31 91.620,49
Capitaux propres 14.511,00 10.440,00 -31.064,00 3.078,00 -42.237,00
Dettes à LT 65.447,00 94.432,00 130.962,00 81.242,00 108.605,00
Actif immobilisé 188.538,00 229.372,00 229.560,00 200.902,00 228.629,00
Actif circulant 24.217,00 13.455,00 25.638,00 10.386,00 6.306,00
Passif circulant 133.763,00 135.748,00 156.430,00 65.364,00 75.271,00
Chiffre d'Affaires 106.473,00 115.185,00 102.071,00 91.671,31 91.620,49
Fonds de Roulement -108.580,00 -124.500,00 -129.662,00 -116.582,00 -162.261,00
BFR -109.546,00 -122.293,00 -130.792,00 -54.978,00 -68.965,00

Une fluctuation notable du chiffre d'affaires est observée au cours des années, caractérisée par
une légère diminution en 2021 et 2022, suivie d'une stabilisation en 2023.
Au cours des cinq exercices, le club affiche des déficits dans ses résultats, principalement
attribuables à la corrélation entre ces périodes et les performances insuffisantes du club
(principalement l’équipe principale du football), impactant significativement les revenus générés
par les championnats ainsi que la billetterie (en raison d'une diminution du nombre de matchs)
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et les contributions des sponsors. Les charges, avec une structure similaire tout au long de la
période, ont été principalement affectées par les salaires et les dotations aux amortissements
des contrats des joueurs.
L'excédent du fonds de roulement est principalement le résultat de provisions pour risques et
charges, plutôt que d'une amélioration des délais de paiement ou de la gestion des stocks
(problème insignifiant pour un club sportif). En effet, les passifs courants comprennent des
provisions pour litiges avec des joueurs et des provisions pour risques fiscaux (IR des joueurs), ce
qui se traduit par un besoin en fonds de roulement négatif (excédentaire).
Je vous confie la responsabilité d'examiner attentivement les rapports financiers du club afin de
localiser son problème de trésorerie parmi les cinq situations évoquées !
Conclusion
L'analyse de la trésorerie implique une démarche en trois étapes distinctes :
Premièrement, il s'agit d'examiner les charges qui impactent la trésorerie. Cette phase comprend
l'évaluation de divers éléments tels que la gestion des stocks et la gestion des débiteurs.
Deuxièmement, il convient d'explorer le passif à court terme. Une attention particulière est
accordée à l'importance des crédits fournisseurs, en discernant entre la coopération et le
soutien, notamment dans le cas des entreprises familiales. Il est également essentiel de
considérer d'autres créanciers potentiels et les facilités bancaires, tout en veillant à maintenir
ces dernières dans les limites du besoin en fonds de roulement complémentaire.
Enfin, la troisième étape consiste à rechercher des solutions pour optimiser la gestion de la
trésorerie. Ces solutions peuvent inclure la mobilisation des créances clients, le recours à des
facilités bancaires supplémentaires, l'extension des délais de paiement fournisseurs, la
réduction des niveaux de stock, entre autres. Ces stratégies sont au cœur de notre enseignement
sur la gestion financière efficace.

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