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CHAPITRE

2 La construction
de l’information

1
comptable

2
1.1 LE CIRCUIT FINANCIER INTERNE À L’ENTREPRISE : LES FLUX
L’activité d’une entreprise est rythmée par les opérations effectuées. La
finalité productive est rarement discutable, quelle que soit la forme, les
objectifs ou la nature du capital de l’organisation. Dans tous les cas, l’en-
treprise est une structure humaine organisée visant à mobiliser des res-
sources pour produire des biens et/ou des services.
Pour ce faire, l’organisation réalise différentes opérations que l’on peut
classifier selon leur objectif : les opérations d’exploitation, d’investisse-
ment et de financement.
1.2 • La transcription des flux : l’information comptable 4

 Les opérations d’exploitation relèvent de l’activité courante, de


al finalité de l’entreprise. Acheter de la matière première, payer les
salaires, vendre des produits ou des prestations sont des activités
d’exploitation. Le cycle d’exploitation comprend donc toutes les
opérations relatives à la production et à la vente des produits ou
services de l’entreprise. Il débute donc avec la livraison des
fournisseurs et se ter- mine avec le règlement des clients. La
différence entre les encaissements et les décaissements générés par
les opérations d’exploitation est alors l’excédent de trésorerie
d’exploitation.
 Les opérations d’investissement concourent à la modification d
u
périmètre de l’entreprise, de son appareil productif et de sa stratégie.
Le cycle d’investissement rassemble les opérations ayant pour objet
l’acquisition ou la cession d’immobilisations. L’achat d’un terrain, la
construction d’une usine, la vente d’une machine sont des opérations
d’investissement.
 Les opérations de financement permettent à l’entreprise de
disposerdes ressources nécessaires à son activité. Elles concernent les
opérations d’endettement et de remboursement des emprunts, mais
également les opérations sur fonds propres (augmentations de
capital, distribution de dividendes).
Ces différentes opérations (exploitation, investissement, financement)
génèrent deux types de flux : les flux physiques et les flux monétaires.
C’est le décalage entre les flux physiques et monétaires qui crée pour
l’entreprise un besoin de financement ou un excédent de financement.
Ainsi, un fournisseur payé 30 jours après la livraison de sa marchandise
permet à l’entreprise de disposer d’un excédent de financement. Un
client qui règle sa dette 30 jours après avoir pris livraison du bien ou
service génère pour l’entreprise un besoin de financement.
L’un des objectifs de la gestion financière est alors d’optimiser la
structure des décalages de flux monétaires pour permettre à
l’entreprise de disposer des ressources suffisantes à son activité et à son
développement.
Les trois principaux cycles ne sont pas totalement indépendants. Les
différents flux doivent être considérés comme concourant tous à
l’atteinte des objectifs de l’entreprise puisque c’est, par exemple, le
niveau de l’excédent de trésorerie d’exploitation qui déterminera les
besoins de l’entreprise en matière de flux de financement. De la même
manière, les flux d’investissement ont pour but d’améliorer le cycle
d’exploitation. Ils sont donc décidés en fonction des résultats et des
objectifs des flux d’exploitation.
1.2 • La transcription des flux : l’information comptable 5

Cycle d'exploitation Cycle d'investissement

L’analyse
financière
Achats Acquisition
Production d’immobilisations
Ventes Cession
d’immobilisations

Emprunts
Apports en
capital
Distribution

Cycle de financement
Figure 1-1

1.2 LA TRANSCRIPTION DES FLUX :


L’INFORMATION COMPTABLE
Les documents comptables sont la base indispensable à l’analyse
financière. Les systèmes comptables sont tous organisés autour de la
distinction de deux documents principaux : le compte de résultat et le
bilan. Il est indispensable de bien comprendre les mécanismes
d’élaboration de ces deux documents pour pouvoir en faire ensuite
l’analyse.
 Le compte de résultat retranscrit tous les flux de la
période écoulée, généralement une année. Il est organisé autour des
notions de charges (sommes versées ou à verser) et de produits
(sommes reçues ou à recevoir), réparties selon leur nature :
exploitation, financier, exceptionnel. Le compte de résultat permet
ainsi de distinguer différents niveaux de résultats :
– le résultat d’exploitation est calculé par différence entre produits
et charges d’exploitation. Il est représentatif de la capacité de
l’entreprise à générer, pour la période considérée, un profit ou une
perte à partir des seules opérations du cycle d’exploitation, c’est-
à-dire sans tenir compte des modes de financement ou des
opérations d’investissement/désinvestissement. Le résultat
d’exploitation peut être un premier élément d’analyse de la
pertinence de l’activité économique de l’entreprise ;
1.2 • La transcription des flux : l’information comptable 6

– le résultat financier est calculé par différence entre produits finan-


ciers et charges financières. Il est représentatif de la capacité de
l’entreprise à équilibrer ses opérations de financement (paiement
des frais financiers d’emprunts et encaissement des placements de
trésorerie par exemple). Il est fréquent que le résultat financier soit
négatif, notamment dans les entreprises fortement endettées ;
– le résultat exceptionnel est calculé par différence entre produits
exceptionnels et charges exceptionnelles. Il est représentatif des
flux non récurrents de l’entreprise et intègre notamment les opéra-
tions de l’exercice associées au cycle d’investissement (cession
d’éléments de l’actif immobilisé). L’analyste portera souvent un
regard attentif sur le résultat exceptionnel qui peut largement amé-
liorer ou amoindrir le résultat net ;
– le résultat courant est calculé par différence entre, d’une part les
produits d’exploitation et financiers, d’autre part les charges
d’exploitation et financières. C’est donc la somme du résultat
d’exploitation et du résultat financier. Le résultat courant permet
d’avoir une vision de la capacité de l’entreprise à générer du
profit sur la base de ses activités principales en tenant compte de
la façon dont elles sont financées ;
– le résultat comptable ou résultat net est calculé par différence
entre tous les produits et toutes les charges ou par addition des
résultats d’exploitation, financier et exceptionnel. Le résultat net
sera ensuite distribué aux actionnaires et/ou mis en réserve.

Charges d'exploitation
Produits d’exploitation
Résultat d’exploitation

Produits financiers
Charges financières
Résultat financier

Résultat courant

Charges exceptionnelles
Produits exceptionnels
Résultat exceptionnel

Résultat net

Figure 1-2
1.2 • La transcription des flux : l’information comptable 7

 Le bilan est couramment présenté comme une photographie du patri-

L’analyse
financière
moine de l’entreprise à un instant donné. Le bilan rend effectivement
compte des stocks de l’entreprise, c’est-à-dire des ressources (passif)
et des emplois (actif) dont l’entreprise dispose à un moment donné,
mais qui se sont constitués par accumulation tout au long de sa vie.
C’est une image des biens dont l’entreprise est propriétaire (actif) et
de la manière dont ils sont financés (passif). Il présente donc des
stocks constitués par accumulation, contrairement au compte de résul-
tat qui lui rend compte des flux générés par l’activité durant une seule
période.
Le bilan comptable est organisé en grandes masses que l’on peut
schématiquement représenter comme suit :

ACTIF PASSIF

Actif immobilisé Capitaux propres


Immobilisations incorporelles Capital social
Immobilisations corporelles Réserves
Immobilisations financières Résultat
Subventions d'investissement

Actif circulant Provisions pour risques


et charges
Stocks
Créances clients Dettes
Autres créances Dettes financières
Valeurs mobilières de placement Fournisseurs
Disponibilités
Autres dettes

Compte de régularisation actif Comptes de régularisation


Charges constatées d'avance passif
Charges à répartir Produits constatés d’avance
Écarts de conversion actif Écarts de conversion passif
Primes de remboursement

Figure 1-3
1.2 • La transcription des flux : l’information comptable 8

1.3 L’ANALYSE DE L’INFORMATION COMPTABLE


L’analyse de l’information comptable vise à porter un diagnostic sur la
santé de l’entreprise, en vue de prendre des décisions. Pour réaliser un
tel diagnostic, l’analyste utilise quelques concepts de base qu’il est
essentiel de comprendre avant d’entamer l’étude des comptes de l’entre-
prise : la rentabilité, le risque, la solvabilité, la liquidité.
 La rentabilité est généralement l’objectif principal des dirigeants
etactionnaires de l’entreprise. Elle mesure la capacité de l’entreprise
à dégager des bénéfices. La rentabilité est évaluée en comparant l’ac-
croissement de la richesse (le résultat) aux moyens mis en œuvre pour
l’obtenir. C’est donc le rapport d’un gain (issu du compte de résultat :
résultat d’exploitation, résultat courant, résultat net) et d’un stock
(issu du bilan : capitaux propres, ressources durables). On distingue
classiquement la rentabilité économique de la rentabilité financière.
 Le risque est une variable des décisions des investisseurs et des
gérants. Les partenaires financiers ou les futurs actionnaires réalisent
un arbitrage rentabilité/risque. L’analyse financière a donc pour
objectif, après avoir mesuré la rentabilité de l’entreprise, d’évaluer le
degré de risque auquel les ressources prêtées ou investies sont
soumises. Le risque peut notamment se mesurer en comparant les
ressources propres de l’entreprise et ses dettes financières. Une
entreprise plus endettée est synonyme de risque supérieur.
 La solvabilité mesure la capacité de l’entreprise à faire face à
moyen ou long terme à ses obligations (dettes financières à long et
moyen terme, fournisseurs d’immobilisations).
 La liquidité mesure la capacité de l’entreprise à faire face à
court terme à ses obligations (salaires, charges fiscales, etc.). Elle
est évaluée en comparant l’actif à moins d’un an de l’entreprise
(stocks, créances clients, disponibilités, etc.) au passif exigible à
moins d’un an (fournisseurs, salaires, dettes fiscales et sociales,
concours bancaires). Plus l’actif disponible est supérieur au passif
exigible, plus le degré de liquidité de l’entreprise est élevé.

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