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Chapitre

24
Exploration IRM de la vessie
C. Roy

PLAN DU CHAPITRE
Rappel anatomique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 399 Aspects normaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 400
Technique d'examen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 400 Pathologie de la vessie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401

L'exploration IRM de la vessie est réservée en pratique cou- iliaque interne et ses branches de division latérale et anté-
rante au bilan d'extension des gros processus tumoraux car rieure. Elle s'amincit d'arrière en avant. Elle est visualisée en
elle est plus performante que la tomodensitométrie (TDM) IRM sous la forme d'un mince liseré en hyposignal, continu
pour le bilan d'extension local. Ses autres indications sont à la limite de la visibilité et non mesurable, inframillimé-
ponctuelles : exploration d'une pathologie inhabituelle ou trique qui se fixe en postérieur sur le sacrum. Il s'y ajoute
extension d'une lésion extravésicale. des lames orientées dans un plan frontal avec principale-
ment l'aponévrose ombilico-prévésicale ou fascia prévésical
entourant la face antérieure et latérale de la vessie. Cette
Rappel anatomique fine structure a la forme d'une portion de cône à conca-
(fig. 24.1) [1, 2] vité antérieure, plus épaisse et plus résistante dans la partie
basse. Son sommet supérieur se situe au niveau de l'ombilic
La vessie occupe la partie antérieure et médiane de la cavité où il fusionne avec le fascia transversalis. Ses bords latéraux
pelvienne. droit et gauche, obliques vers le bas et le dehors, s'étendent
La paroi vésicale est constituée de quatre feuillets : la
muqueuse ou épithélium, le chorion (lamina propria) ou
tissu conjonctif sous-épithélial, la couche musculaire et
l'adventice. La couche musculaire est composée de faisceaux
musculaires lisses séparés les uns des autres par du tissu
conjonctivo-élastique abondant. Elle est composée théori-
quement de trois couches, en fait mal individualisées : une
couche externe avec des fibres à direction longitudinale, une
couche intermédiaire plus épaisse avec des fibres à direction
circulaire et une couche interne faite de faisceaux à orienta-
tion mixte. L'adventice est composé de tissu fibroélastique,
riches en adipocytes. Elle devient une séreuse à l'endroit du
revêtement péritonéal.
Les viscères extrapéritonéaux contenus dans la cavité
pelvienne sont entourés par un système de contention com-
plexe constitué de fascias périviscéraux. Ces fascias ou lames
ont une disposition verticale entre le péritoine en haut et le
plancher pelvien en bas. Minces en certains endroits, plus
épais ailleurs, ils sont désignés également sous le nom de
tente vasculaire. Ils entourent la vessie délimitant plusieurs
espaces : un espace prévésical (le plus conséquent), un
espace périvésical (entourant la vessie) et un espace rétrové-
sical (au contact des organes génitaux).
La principale lame est la lame sacro-recto-génito-vésico-
pubienne qui a une direction antéropostérieure et longe la
face latérale des viscères. Elle est paire et symétrique, de
topographie paramédiane. En situation interne par rap- Fig. 24.1 Espace prévésical et aponévrose ombilico-prévisicale.
port aux vaisseaux, elle en est solidaire en entourant l'artère (D'après Rouvière.)
IRM en pratique clinique - Imagerie neuroradiologique, musculosquelettique, abdominopelvienne, oncologique et hématologique, corps entier, et cardiovasculaire
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400   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

de l'ombilic vers le plancher pelvien, entourant la face anté- grêle. La compression douce de l'abdomen par l'antenne
rieure et les faces latérales de la vessie. La base des bords réduit les mouvements respiratoires.
latéraux s'attache sur les ligaments pubovésicaux en avant Les séquences de fast spin echo en pondération T2 sont
et plus latéralement sur les muscles élévateurs de l'anus. La essentielles.
partie supérieure des bords latéraux est tendue et renforcée Les séquences 2D ou 3D en écho de gradient pondérées
par des reliquats fibreux des artères ombilicales oblitérées, en T1 avec injection de gadolinium permettent une analyse
remontant vers la ligne médiane jusqu'à l'ombilic. dynamique de la paroi.
La face postérieure du fascia prévésical est longée sur la Les techniques de suppression de la graisse sont néces-
ligne médiane par l'ouraque, tendu du sommet de la vessie saires pour la délimitation des processus tumoraux. La satu-
à l'ombilic. C'est une bande fibreuse correspondant à la fer- ration sélective de la graisse par une impulsion sélective en
meture du canal embryonnaire de l'allantoïde qui joint le fréquence précédant la séquence conventionnelle a l'avan-
sinus urogénital à l'ombilic chez l'embryon. Chez l'adulte, tage avec un champ homogène d'une suppression totale de
ce reliquat est toujours présent, médian, tendu entre la face la graisse et d'une utilisation simple sur les séquences pon-
antérieure du dôme vésical et l'ombilic. Il est recouvert, ainsi dérées en T1, T2 et avec gadolinium.
que la face postérieure du fascia, par le péritoine. Les séquences d'uro-IRM (sans injection en pondéra-
La face antérieure du fascia est séparée du fascia transver- tion T2, ou au temps excréteur d'une séquence 3D T1 après
salis qui recouvre les muscles de la paroi abdominale par un injection de gadolinium) sont peu utiles pour l'analyse de
espace graisseux appelé espace prévésical. la vessie elle-même. Elles fournissent une visualisation de
l'ensemble de la voie excrétrice supérieure.
L'épaisseur de coupe est de 3 à 5 mm. Les trois plans de
Technique d'examen coupes orthogonaux sont d'abord réalisés, puis des plans
perpendiculaires adaptés à la localisation de la zone patho-
Plusieurs particularités techniques optimisent l'examen. logique afin de minimiser le phénomène de volume partiel.
Une distension satisfaisante de la vessie est un paramètre Il est en effet fondamental de connaître la localisation d'une
important. La vessie doit être demi-pleine en début d'exa- lésion découverte par échographie ou cystoscopie. Ainsi,
men, en ayant prévenu le patient de sa durée prévisible. Une l'analyse du dôme et de la base nécessite un plan de coupe
vessie trop pleine en début d'examen a deux inconvénients : sagittal et/ou frontal alors qu'une lésion des faces latérales
inconfort du patient source d'artéfacts de mouvement et sera étudiée en coupes axiales et/ou frontales. Les coupes
amincissement de la paroi rendant impossible le diagnostic obliques à 45°, à partir d'un repérage axial par exemple, sont
d'extension d'un processus tumoral. Dans le cas où la vessie à utiliser pour l'exploration des faces antéro- ou postérolaté-
est presque vide, il y a un épaississement de la paroi, mas- rales. Ce plan de coupe oblique doit passer par le centre de la
quant la visualisation de petites tumeurs. En pratique, un vessie pour être perpendiculaire à la paroi.
remplissage optimal de la vessie est obtenu en demandant au
patient de vider sa vessie 1 heure avant l'examen et ensuite
de s'abstenir d'uriner.
La respiration et le péristaltisme intestinal sont source
Aspects normaux (fig. 24.2 et 24.3)
d'artéfacts. L'injection intraveineuse de 0,5 ml de glucagon Quel que soit le type de séquence proposé, l'étude de la
immédiatement avant l'examen réduit le péristaltisme du pathologie vésicale associe une information en pondération

Fig. 24.2 IRM, séquence d'écho de spin pondérée en T2. (a) Plan sagittal, vessie peu remplie. Femme avec utérus rétroversé. La paroi épaisse
est de signal intermédiaire, contrastant avec l'hypersignal de l'urine et celui de la graisse. L'ouraque est bien visualisé, tendu de la paroi vésicale à
l'ombilic (têtes de flèche). Il délimite en avant l'espace prévésical (astérisque). (b) Plan frontal, vessie peu remplie. L'ouraque est bien visualisé (têtes
de flèche). Latéralement se situe le fascia ombilico-prévésical (flèche).
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie    401

niveaux d'intensité différents : une couche de signal faible


dans la partie la plus postérieure due à la très forte concen-
tration en gadolinium, une couche intermédiaire en hyper-
signal correspondant à du gadolinium mélangé à de l'urine
et enfin une couche supérieure de signal faible correspon-
dant à de l'urine non opacifiée. Des turbulences dans l'urine
opacifiée dues au jet urétéral sont fréquentes, entraînant
des hétérogénéités pouvant en imposer pour un processus
tumoral à la partie postérieure de la vessie.
Les fascias périvésicaux apparaissent en hyposignal dans
tous les types de séquence. Le plan sagittal est le plus per-
formant pour identifier les limites de l'espace prévésical. Le
fascia ombilico-prévésical, l'ouraque et l'artère ombilicale
Fig. 24.3 IRM, séquence d'écho de spin pondérée en T2, plan
oblitérée sont en hyposignal sur les deux types de séquence.
axial, vessie pleine. La paroi est en hyposignal, contrastant avec l'hy-
persignal du contenu ; l'asymétrie d'épaisseur est due au phénomène
de déplacement chimique – une anse grêle est visible en latéral droit.
Pathologie de la vessie
Noter l'identification de l'ouraque (flèche) et du fascia ombilicoprévé- Celle-ci est dominée par la pathologie tumorale. Mais ces
sical (têtes de flèche). indications sont restreintes d'une part au bilan d'extension
des gros processus tumoraux car l'IRM est plus performante
T1 et en T2. L'épaisseur de la paroi vésicale varie selon son que la TDM dans cette situation et d'autre part à des lésions
état de réplétion de 1 mm (vessie très pleine) à quelques inhabituelles mal étiquetées sur les autres imageries.
millimètres (vessie vide). Elle apparaît plus fine et est moins La pathologie tumorale de la vessie compte un très grand
bien visible au niveau du dôme lorsque la vessie est en réplé- nombre de formes histopathologiques ; mais les tumeurs
tion complète qu'au niveau de la base. Elle est régulière ves- épithéliales sont les plus courantes. En théorie, on entend
sie pleine et plus irrégulière vessie vide. par « tumeurs de vessie » les tumeurs primitives de la vessie
En séquence pondérée en T1, la paroi musculaire de la développées aux dépens de l'épithélium, de la paroi muscu-
vessie a comme tous les muscles un long T1 entraînant un laire et du tissu conjonctif d'origine mésenchymateuse. Cela
signal faible, contrastant plus ou moins avec l'absence de exclut les tumeurs secondaires (par envahissement de voisi-
signal de l'urine. Le contraste est toujours excellent avec nage ou métastases) et les localisations des maladies géné-
l'hypersignal de la graisse périvésicale. Avec une saturation rales (lymphomes). La pathologie tumorale de la vessie est
spectrale de la graisse, la paroi vésicale est mieux visible scindée en deux grands groupes d'importance inégale. Les
entre l'hyposignal de l'urine et l'absence de signal du tissu tumeurs développées aux dépens de l'épithélium urinaire,
graisseux périvésical. ou tumeurs épithéliales (ou urothéliales), occupent 97 % de
En séquence pondérée en T2, seule la partie musculaire l'ensemble des tumeurs de vessie. Les tumeurs non épithé-
de la paroi est visible avec un hyposignal homogène carac- liales sont rares et surviennent dans un contexte différent.
téristique. Il contraste parfaitement avec l'hypersignal de En pratique, le terme de « tumeurs de vessie » est
l'urine et le signal intermédiaire de la graisse périvésicale. confondu avec les tumeurs urothéliales.
Au niveau du trigone, la couche musculaire est plus épaisse.
La séreuse ne correspond pas à une couche bien différenciée Tumeurs urothéliales [3–6]
et est confondue avec le tissu périvésical. En saturation de la
graisse par la fréquence avec une pondération T2, la paroi En France, le cancer de la vessie fait partie des cancers fré-
est de signal faible à intermédiaire et contraste peu avec quents. Il occupe la 5e place et est responsable de 3 % des
l'absence de signal de la graisse périvésicale. En revanche, décès par cancer, dont 75 % chez l'homme. C'est le deuxième
le contraste de son contour interne est excellent avec celui cancer urologique après celui de la prostate.
de l'urine en hypersignal. L'épithélium et la lamina propria Les tumeurs épithéliales se caractérisent par leur fré-
sont invisibles car masqués par l'hypersignal de l'urine en quence, leur polymorphisme anatomopathologique (allant
séquence pondérée en T2 et inclus dans le signal intermé- d'un aspect bénin à la malignité franche), la difficulté d'une
diaire de la paroi en séquence pondérée en T1. classification précise et surtout par l'incertitude pronostique
Après injection de produit de contraste, en particulier sur des tumeurs initialement considérées comme bénignes ou
les séquences dynamiques, la muqueuse et la sous-muqueuse peu agressives. Leur diagnostic et le début du bilan font
se rehaussent très rapidement dans les premières secondes. appel à l'association échographie–cystoscopie avec résec-
Ensuite, l'ensemble de la paroi musculaire se rehausse de tion tumorale profonde avec étude anatomopathologique
façon homogène au bout de 1 minute à 1 minute 30. C'est qui guide la thérapeutique. Les autres méthodes d'imagerie
durant la phase précoce que l'extension musculaire d'un complètent le bilan lésionnel.
processus tumoral vascularisé est détectable. La visualisa-
tion de ce rehaussement est optimale avec une saturation de Diagnostic anatomopathologique
la graisse associée. et classifications (fig. 24.4, tableau 24.1)
Au temps excréteur, il y a une augmentation hétérogène La prise en charge thérapeutique d'une tumeur vésicale
du signal de l'urine due à la concentration variable du pro- repose sur trois systèmes de classification complémentaires :
duit de contraste. L'aspect habituel est la présence de trois la détermination du type histologique, la détermination du
402   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Fig. 24.4 Schéma de la classification TNM de l'International Union Against Cancer (UICC). 1 : muqueuse ; 2 sous-muqueuse ; 3 couche
musculaire superficielle ; 4 couche musculaire profonde.

Tableau 24.1 Classification TNM 2010 des tumeurs stade tumoral TNM (tumor, node, metastasis) de l'Interna-
de la vessie. tional Union Against Cancer (UICC) et la détermination du
grade.
T – Tumeur primitive
Le suffixe « m » doit être ajouté à la catégorie T appropriée pour
Le stade fournit l'importance de l'infiltration pariétale
indiquer l'existence des tumeurs multiples. Le suffixe « is » peut à partir du matériel de résection qui doit comporter de
être ajouté à toute catégorie T pour indiquer l'existence de la musculeuse vésicale. Les tumeurs restant cantonnées
carcinome in situ associé. à la muqueuse et au chorion sont qualifiées de superfi-
− Tx Renseignements insuffisants pour classer la tumeur primitive cielles ou de non infiltrantes (ancienne terminologie).
− T0 Pas de signe de tumeur primitive Aujourd'hui, l'appellation « tumeur superficielle » est rem-
− Ta Carcinome de type papillaire non infiltrant
placée par « tumeur de vessie n'infiltrant pas le muscle vési-
− Tis Carcinome in situ : flat tumor
− T1 Tumeur envahissant le tissu conjonctif sous-épithélial cal » (TVNIM). Elles représentent 45 % de l'ensemble des
− T2 Tumeur envahissant la musculeuse tumeurs urothéliales. Lors du diagnostic initial, 60 à 70 %
• pT2a Tumeur envahissant la musculeuse superficielle (moitié des tumeurs urothéliales sont de type TVNIM. Le dia-
interne) gnostic de la tumeur « superficielle » impose l'examen de la
• pT2b Tumeur envahissant la musculeuse profonde (moitié totalité des copeaux de résection. Les tumeurs infiltrantes/
externe)
invasives envahissent le muscle et se comportent d'emblée
− T3 Tumeur envahissant le tissu périvésical
• pT3a Atteinte microscopique
comme des tumeurs malignes graves. Aujourd'hui, l'appella-
• pT3b Atteinte macroscopique (masse extravésicale) tion « tumeur invasive » est remplacée par « tumeur de vessie
− T4 Tumeur envahissant l'une ou l'autre des structures infiltrant le muscle vésical » (TVIM).
suivantes : prostate, vésicules séminales, utérus, vagin, paroi Elles représentent 55 % des tumeurs urothéliales. Lors du
pelvienne ou paroi abdominale diagnostic initial, 25 % des tumeurs sont « invasives ».
• T4a Prostate, vésicules séminales, vagin ou utérus Le caractère multifocal des lésions initiales ou des réci-
• T4b Paroi pelvienne ou paroi abdominale
dives dans la vessie et/ou sur tout l'arbre urinaire est une
N – Ganglions lymphatiques régionaux notion classique. La fréquence d'une localisation tumorale
− Nx Renseignements insuffisants pour classer l'atteinte des du haut appareil urinaire associée à la tumeur vésicale varie
ganglions lymphatiques régionaux
− N0 Pas d'atteinte des ganglions lymphatiques régionaux
de 8,6 à 28,8 % pour les tumeurs infiltrantes ou superfi-
− N1 Atteinte d'un seul ganglion lymphatique pelvien cielles de haut grade. Entre 24 et 39 % des patients avec une
(hypogastrique, obturateur, iliaque externe ou présacré) tumeur des cavités rénales ou de l'uretère développeront une
− N2 Atteinte de multiples ganglions lymphatiques pelviens lésion vésicale.
(hypogastrique, obturateur, iliaque externe ou présacré) L'aspect macroscopique explique les différents aspects
− N3 Atteinte d'un (ou de plusieurs) ganglion(s) lymphatique(s) rencontrés en imagerie. Les tumeurs papillaires ou végé-
iliaque(s) primitif(s)
tantes ou ulcérovégétantes ont un développement exophy-
M – Métastases à distance tique intravésical. Les tumeurs infiltrantes pures sont planes
− M0 Absence de métastase à distance et diagnostiquées en cystoscopie. Leur visualisation est
− M1 Métastase(s) à distance
impossible en imagerie.
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie    403

Le taux global de récidive varie de 40 à 85 % selon les d'une structure linéaire à contours mal délimités de signal
séries, entre 6 à 12 mois. Entre 20 et 30 % des tumeurs plus faible que celui de la tumeur en pT2 et se rehaussant
superficielles TVNIM évolueront après plusieurs années en plus tardivement que la tumeur après injection ; ce qui tra-
tumeurs infiltrantes TVIM. Le grade est un facteur péjo- duit sa nature fibreuse. La partie musculaire lisse de la paroi
ratif car les tumeurs superficielles TVNIM de grade élevé est parfois attirée par le pédicule d'implantation.
ont 70 % de survie à 5 ans. L'incidence des tumeurs du haut L'injection de produit de contraste augmente la sensibi-
appareil urinaire est faible dans les carcinomes de bas grade, lité de détection de petites tumeurs et améliore l'analyse de
mais augmente à 7 % dans les tumeurs grade pT1. l'envahissement pariétal. Le processus tumoral étant hyper-
vascularisé, il a une prise de contraste précoce et intense
avec un wash-out plus rapide que celui d'un tissu non
Imagerie par résonance magnétique [7–9]
tumoral. De ce fait, la tumeur peut être identifiée entre 5 à
Processus tumoral (fig. 24.5 à 24.9) 15 secondes après l'injection par son hypersignal, alors que
En ES T1, la tumeur a un signal intermédiaire à faible voi- la couche musculaire reste en hyposignal. Ultérieurement,
sin de celui de la paroi vésicale. Elle est iso- ou légèrement le signal de la tumeur diminue, celui de la paroi augmente
hyperintense par rapport au muscle, hyperintense par rap- et la forte intensité du contraste dans la vessie masque une
port à l'urine et hypo-intense à la graisse périvésicale. petite lésion tumorale. La présence d'un liseré en hyposignal
En ES T2, le signal de la tumeur est très inférieur à celui (couche musculaire) à la base tumorale correspond à un
de l'urine, supérieur à l'hyposignal de la paroi et inférieur stade T1. Un contour interne irrégulier traduit un stade T2a
ou égal à celui de la graisse. Les tumeurs polypoïdes ont un et l'interruption du liseré en hyposignal par un hypersignal
pédicule d'implantation contenant du tissu conjonctif, des sans infiltration de la graisse périvésicale correspond à un
capillaires ainsi que des cellules inflammatoires avec de stade T2b. Enfin, une lésion avec contour interne irrégu-
l'œdème ; ce dernier est visible dans 75 % des cas sous forme lier et des stries dans la graisse périvésicale témoigne d'un

Fig. 24.5 IRM. Processus tumoral stade pT1. (a) ES T2, plan axial. Masse polypoïde de la partie gauche du trigone de signal intermédiaire.
Intégrité de la portion musculaire de la paroi en hyposignal. Pas de dilatation de l'uretère. (b) ES T2, plan frontal. Intégrité de la portion musculaire
en hyposignal.

Fig. 24.6 IRM. Processus tumoral stade pT3b. (a) ES T2, plan axial. Masse polypoïde de la partie gauche du trigone avec rupture de l'hyposignal
de la paroi et envahissement de la graisse de l'espace inter-vésico-séminal (flèche). (b) ES T2, plan frontal. La tumeur envahit la partie musculaire
et s'étend en dehors des limites de la vessie dans la graisse, sans atteinte du tube digestif (flèche).
404   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

Fig. 24.7 Volumineux processus tumoral droit envahissant la paroi. Stade pT3b. (a) TDM. Temps veineux. La masse se rehausse de façon
homogène. Les contours de la vessie apparaissent réguliers. (b) IRM ES T1, plan axial. La masse est de signal faible homogène avec une zone
d'implantation en regard de remaniements de la graisse associés à une hypervascularisation (flèche). (c) IRM. ES T2, plan axial. La tumeur est de
signal faible, contrastant avec l'hypersignal de l'urine. Noter la visualisation du pédicule d'implantation avec attraction du tissu graisseux périvésical
(flèche noire) et interruption de l'hyposignal normal la paroi. (d) IRM ES T2, plan frontal. L'envahissement de la graisse et le pédicule d'implantation
sont bien visibles (flèche).

stade T3b. En théorie, le rehaussement tumoral est plus graphie ADC. Dans la littérature, il est rapporté que l'inten-
précoce que celui de l'œdème ou d'un tissu de granulation ; sité de la chute de l'ADC fournit une information utile pour
mais il y a plusieurs causes de faux positifs, à savoir : une l'évaluation du stade tumoral, en particulier pour distinguer
néovascularisation péritumorale inflammatoire sans exten- le stade T1 ou moins du stade T2 ou plus. La valeur de
sion histologique, des remaniements postbiopsiques et après l'ADC des tumeurs de grade 3 serait significativement plus
instillations endovésicales, ou encore une fibrose post-irra- faible que celles des grades 1 et 2.
diation si l'examen est réalisé trop précocement (à moins de
3 mois après la procédure). Extension aux organes de voisinage (fig. 24.9)
La résolution spatiale des appareils actuels permet la La séquence ES T2 fournit un excellent contraste avec l'ana-
visualisation de tumeurs bourgeonnantes de taille supé- tomie zonale des différents organes pelviens et pour la paroi
rieure ou égale à 5 à 7 mm. pelvienne. L'analyse dans les plans sagittal ou frontal est
Dans la littérature, les séquences dynamiques avec injec- optimale pour le bilan d'extension, en particulier pour l'ex-
tion de contraste ont une efficacité qui varie de 75 % à 92 % ploration des parois pelviennes et du plancher. Une lésion
pour différencier un stade T1 ou moins d'un stade T2 ou s'étendant dans un organe de voisinage ou la paroi pelvienne
plus avec une efficacité globale tous types confondus de en séquence ES T2 et après injection traduit un stade T4.
52 % à 93 %. Tekes et al. [8] rapportent une sensibilité et une L'envahissement des vésicules séminales se juge sur des
spécificité de 86 % et 84 % respectivement pour distinguer critères morphologiques en ES T1 car le signal n'est pas
entre un stade pT2 ou moins et un stade pT3 ou plus. En modifié : hypertrophie d'une vésicule avec remplacement
utilisant les trois types de séquences combinées, l'efficacité de l'hypersignal graisseux intervésicoséminal par un hypo-
diagnostique du stade pT3 ou plus est de 94 %. signal. En ES T2, il y a une chute localisée ou diffuse de
L'imagerie de diffusion (fig. 24.8) a une excellente sen- l'hypersignal de la vésicule séminale remplacé par un signal
sibilité pour la détection des lésions avec, comme dans qui évolue de façon identique à celui du processus tumo-
tout processus tumoral, un ralentissement de la diffusion, ral à l'injection. La sensibilité de ce signe est bonne, mais sa
soit sur l'imagerie en diffusion un hypersignal, et une spécificité est médiocre car les vésicules séminales peuvent
valeur du coefficient de diffusion apparent (ADC) faible présenter un signal faible dans certaines circonstances phy-
(< 1000 10–3 mm3/s) facile à déceler également sur la carto- siologiques (patient âgé, alcoolisme sévère, passé infectieux
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie    405

Fig. 24.8 IRM. Rétention aiguë d'urine. Masse tumorale du trigone, stade pT4a. (a) ES T2, plan sagittal. Épaississement tissulaire du trigone
avec disparition de l'hyposignal de la paroi (flèche noire) et infiltration de la paroi vaginale antérieure (tête de la flèche noire). Noter l'épaississe-
ment de la paroi postérosupérieure (tête de flèche blanche). (b) EG T1 avec injection de produit de contraste, 15 secondes, plan sagittal. La masse
tumorale du trigone interrompt la paroi musculaire et infiltre l'espace intervaginal puis la paroi vaginale antérieure (flèche). Au niveau de la face
postérieure du dôme, il existe un rehaussement linéaire sans infiltration pariétale à l'injection de contraste correspondant à un stade pT1 (tête
de flèche). (c) ES T2, plan axial. La masse envahit les deux méats urétéraux (flèches). (d) Séquence de diffusion b1000. Hypersignal de la tumeur
(flèche). (e) Cartographie ADC de la séquence de diffusion. Ralentissement de la diffusion dans le processus tumoral (flèche).

ou radiothérapie locale ou amylose vésiculaire). Dans ces tique, principalement à la recherche d'une extension péri-
cas, l'hyposignal est diffus, bilatéral et les vésicules sont de vésicale pour les stades > T2a d'une tumeur préalablement
petite taille. diagnostiquée avec son type histologique et sa localisation.
L'envahissement de la prostate s'apprécie dans le plan La fiabilité globale de l'IRM est supérieure à celle de la
frontal ou sagittal et en ES T2 sur deux critères : dispari- TDM. Cela s'explique d'une part par la meilleure résolution
tion de la limite nette inter-vésico-prostatique, masse de en contraste et d'autre part par sa possibilité de réaliser des
signal identique à la tumeur vésicale dans le parenchyme plans de coupe plus adaptés à la morphologie de la vessie
prostatique. L'envahissement urétral est impossible à permettant d'explorer les tumeurs du dôme et de la base.
diagnostiquer. En pratique, elle n'est indispensable que si l'on suspecte une
L'extension au cul-de-sac vaginal, au col et au corps uté- extension aux organes de voisinage à partir d'un stade pT3b.
rin s'étudie dans le plan sagittal en ES T2. Les critères d'en- En routine, l'évaluation du haut appareil excréteur est
vahissement sont identiques à ceux proposés chez l'homme. faite par l'uroscanner, mais en cas d'insuffisance rénale,
L'envahissement de la paroi pelvienne s'apprécie en ES l'uro-IRM, en séquence pondérée en T2, est performante.
T2. La perte du liseré graisseux entre deux structures n'est
pas synonyme d'infiltration. Le seul critère fiable est l'exis- Extension ganglionnaire [10, 11]
tence d'un signal identique à celui de la tumeur dans le L'IRM et la TDM utilisent le même principal critère d'ana-
muscle. Une disparition de la corticale osseuse avec infiltra- lyse, morphologique, fondé sur la taille, pour distinguer les
tion médullaire traduit une extension osseuse. ganglions des adénopathies. Le diagnostic d'adénopathie
Au total, la fiabilité globale de l'IRM varie de 73 à 96 % est évoqué devant une formation tissulaire supplémentaire
pour le bilan tumoral local. autour des axes vasculaires.
Les ganglions normaux sont couramment visibles en
Comparaison entre TDM et IRM (voir fig. 24.7) routine. Le problème essentiel est de définir la taille limite
La principale indication de la TDM ou de l'IRM n'est pas la au-delà de laquelle un ganglion est jugé pathologique. De
détection tumorale mais le bilan d'extension préthérapeu- multiples travaux ont porté sur cette notion, rapportant des
406   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

un envahissement métastatique dans des ganglions de taille


normale ou encore à des micrométastases.
Le diagnostic est très facile devant des formations volu-
mineuses, multiples, étagées ou au contraire regroupées,
formant une masse à contour externe polycyclique. Celle-ci
peut entraîner une compression veineuse voire une throm-
bose. Il est plus rare que l'ensemble de l'axe vasculaire soit
refoulé. Lorsque la masse est très importante, il devient
difficile de faire la part entre une récidive tissulaire locale,
une masse ganglionnaire ou encore un envahissement mus-
culaire. Le meilleur contraste des séquences d'IRM permet
cette distinction.
La recherche d'adénopathie s'effectue en séquence pon-
dérée en T1. Ni la valeur de la densité, ni l'intensité du signal
ou la prise de contraste ne sont discriminantes pour distin-
guer les adénopathies malignes des adénopathies inflamma-
toires ou même d'un ganglion banal.
Les sensibilités et spécificités rapportées dans la littéra-
ture dépendent des paramètres techniques (champ de vue,
taille de la matrice et épaisseur de coupe en TDM et IRM,
type de séquences et nombre d'excitations en IRM, etc.)
ainsi que du choix du diamètre seuil au-delà duquel le gan-
glion est considéré comme pathologique. Les chiffres sont
disparates pour estimer la fiabilité de la TDM et de l'IRM,
avec des taux rapportés de 67 % à 97 % pour la TDM et de
77 % à 98 % pour l'IRM. La valeur prédictive négative des
deux méthodes demeure faible à cause de micrométastases
dans des ganglions de taille normale ainsi que de la sensibi-
lité estimée entre 48 % et 75 %. Avec ce critère de taille, les
performances diagnostiques globales de l'IRM ne sont pas
meilleures que celles de la TDM et estimées à 85 %.
La séquence de diffusion serait prometteuse, mais encore
en cours d'évaluation.

Formes cliniques
Tumeur développée dans un diverticule vésical
Le diverticule de vessie est une pathologie bénigne favo-
risant le développement d'une tumeur. En effet, 80 % des
diverticules sont le siège de modifications pariétales à type
de dysplasie, leucoplasie ou encore métaplasie épider-
moïde, et 6 % environ contiennent un processus tumoral
Fig. 24.9 IRM. Processus tumoral étendu pT4a- pT4b (minime)
N +. (a, b) ES T2. (a) Plan axial. Présence de multiples adénopathies
malin. C'est la conséquence de la stase urinaire chronique
(flèches). Infiltration tumorale nodulaire de l'espace périrectal gauche intradiverticulaire, elle-même responsable d'infection
allant jusqu'à la grande échancrure sciatique (tête de flèche). (c) ES T2, urinaire.
plan frontal. Vaste processus tumoral du dôme avec atteinte de la paroi L'imagerie en coupes prouve la nature tissulaire grâce à la
du sigmoïde (flèche). prise de contraste précoce. L'IRM permet un bilan d'exten-
sion locorégionale plus précis qu'en TDM.
chiffres variables à cause de l'hétérogénéité des appareil- Le pronostic est très péjoratif, avec moins de 10 % de sur-
lages et des protocoles. La valeur de référence est définie vie à 5 ans, car la paroi musculaire du diverticule est mince
comme celle du plus petit axe, pris perpendiculairement au ou inexistante, ce qui favorise la progression rapide de la
grand axe dans le plan axial transverse ou diamètre mini- tumeur d'un stade superficiel à un stade T3b.
mal (ou petit diamètre) axial transverse. La valeur seuil
« moyenne » de consensus au-delà de laquelle un ganglion Tumeur de l'ouraque
est considéré comme pathologique est de 10 mm pour les La tumeur de l'ouraque occupe environ 0,2 % de l'ensemble
ganglions rétropéritonéaux et de 8 mm pour ceux de la des tumeurs de vessie. Bien que celui-ci soit habituellement
cavité pelvienne. tapissé par un épithélium, 90 % de ces cancers sont des adé-
Ce critère de taille ne permet pas de différencier une adé- nocarcinomes, le plus souvent de type mucineux. Ils pro-
nopathie inflammatoire d'une adénopathie métastatique, viendraient d'une métaplasie de l'épithélium de l'ouraque.
en particulier en cas de petite lésion. Ces faux positifs sont La tumeur siège le plus souvent dans la portion juxtavési-
cependant beaucoup plus rares que les faux négatifs dus à cale de l'ouraque. Sa croissance est rapide. L'extension vési-
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie    407

cale est précoce, se fait à la face antérieure de la vessie, puis signal intermédiaire à faible en T1 et en hyposignal en T2.
au péritoine après franchissement de l'espace de Retzius et Elle refoule la muqueuse. Après injection, son rehaussement
à la paroi abdominale. Asymptomatiques et insidieux au est variable.
début, les adénocarcinomes seront découverts dans 80 % Les tumeurs musculaires malignes (sarcomes ou myosar-
des cas à un stade tardif devant une hématurie ou une masse comes) représentent entre 0,5 et 1 % des tumeurs malignes
dure sus-pubienne, ou rarement une fistule ombilicale de la vessie. Les principales formes histologiques sont les
hémorragique. rhabdomyosarcomes et les léiomyosarcomes. L'extension
La topographie est évocatrice : masse médiane ou para- est toujours locale, rarement métastatique. L'évolution en
médiane dans l'espace prévésical avec un développement est variable, relativement lente dans certains cas.
exovésical prédominant, remontant le long de l'ouraque.
En IRM, le plan sagittal est optimal pour l'analyse topo- Autres tumeurs primitives
graphique et l'extension pariétale sur la séquence ES pT2. Paragangliome vésical (ou phéochromocytome
Le pronostic est très péjoratif. extrasurrénalien vésical)
Il existe trois diagnostics différentiels :
■ le kyste de l'ouraque infecté : le diagnostic peut être évo- Entre 10 à 15 % des phéochromocytomes sont extrasur-
qué devant la symptomatologie clinique infectieuse, le rénaliens. Parmi ceux-ci, la localisation vésicale occupe la
jeune âge du patient et l'absence de prise de contraste. troisième place parmi des localisations abdominales (85 %
Passé en phase chronique, il simule une masse tumorale des cas). Le paragangliome vésical représente entre 0,06 et
plus ou moins nécrosée ; 0,5 % de l'ensemble des tumeurs vésicales. Il est le plus
■ les adénocarcinomes primitifs du dôme de vessie ont souvent bénin et d'évolution lente, mais le risque de mali-
des caractéristiques différentes : croissance intravésicale gnité est plus fréquent que pour les phéochromocytomes
avec faible développement exovésical, topographie moins surrénaliens. De plus, la détermination de la malignité par
médiane, absence de calcification. La présence d'une cys- l'examen anatomopathologique est difficile, voire impos-
tite glandulaire associée est en faveur d'un adénocarci- sible sur l'analyse de la pièce. Seules la présence d'une autre
nome primitif de la vessie ; localisation, soit simultanée, soit à distance, et la découverte
■ l'envahissement local d'une tumeur de voisinage (adéno- de métastases dans des zones ne contenant normalement
carcinome de l'ovaire, prostate, col utérin, tube digestif). pas de cellules chromaffines (ganglions, poumon, foie) sont
des éléments de certitude de malignité. La tumeur se déve-
loppe entre les fibres musculaires de la paroi vésicale à par-
Tumeurs non épithéliales tir des cellules germinales provenant de la crête neurale.
Les tumeurs non épithéliales occupent environ 3 % de Les métastases peuvent apparaître plusieurs années après
l'ensemble des tumeurs vésicales. Elles regroupent des types le diagnostic initial et la récidive locale est le fait d'une exé-
histologiques très divers, bénins ou malins. Ces tumeurs rèse incomplète.
ont en commun leur origine intramurale avec respect de la La symptomatologie clinique évocatrice – manifestations
muqueuse. paroxystiques per- ou postmictionnelles immédiates à type
Les tumeurs musculaires sont les tumeurs non épithé- de céphalées, sueurs et palpitations – n'est présente que dans
liales les plus fréquentes. Elles peuvent être bénignes ou la moitié des cas. Il en est de même d'une hypertension arté-
malignes. rielle et d'une hématurie qui peut être abondante à cause
d'une ulcération de la muqueuse sous-jacente. L'élévation
Léiomyome du taux de catécholamines est présente également dans 50 %
des cas. Elle peut être minime et/ou n'être libérée que lors
Le léiomyome de la vessie est rare (0,04 à 0,5 % de l'en-
des contractions vésicales au moment de la vidange vésicale.
semble des tumeurs de vessie), mais c'est la plus fréquente
Cependant, tous ces éléments de suspicion diagnostique
des tumeurs vésicales non épithéliales occupant la quasi-
sont importants compte tenu du risque de poussées hyper-
totalité de cet ensemble.
tensives liées à la manipulation de la tumeur lors de la cys-
Dans 63 % des cas, son développement est intravésical de
toscopie. La biopsie est contre-indiquée à cause du risque de
type sessile ou pédiculé, et dans 30 % il est extravésical. C'est
poussée hypertensive.
une masse arrondie ou lobulée, bien limitée, lisse, unique
En IRM, le signal est faible à intermédiaire en T1, et en
ou multiple, recouverte d'une muqueuse saine. Elle croît
T2 la masse présente un signal intermédiaire à élevé et est
lentement, pouvant atteindre un volume important. La péri-
homogène. La prise de contraste est intense.
phérie de la tumeur est recouverte par une muqueuse saine,
rarement érodée.
Les formes à développement intravésical ont une symp- Endométriose vésicale (fig. 24.10)
tomatologie urinaire à type de pollakiurie, dysurie, d'infec- La vessie est le site le plus fréquent de l'endométriose du
tions urinaires ou plus rarement d'hématurie. Dans les tractus urinaire, suivi de la localisation urétérale et rénale
formes à développement extravésical, la symptomatologie (fig. 24.11). C'est le plus souvent une simple infiltration de la
clinique est pauvre et tardive, à type de compression extrin- séreuse ou il peut s'agir de petits nodules disséminés et plus
sèque lorsque la tumeur est volumineuse. rarement d'une masse vésicale. Elle siège avec prédilection
En IRM, les plans sagittal et frontal permettent une au niveau du dôme ou de la face postérieure de la vessie. Elle
meilleure analyse des rapports de la masse avec la vessie. est responsable d'hématurie rythmée par la menstruation et/
Le diag­nostic est évoqué devant une masse homogène, de ou de dysurie.
408   Partie 3. Imagerie du pelvis et du rein

signal. Ses contours externes sont irréguliers. Elle adhère et


envahit la partie antérieure du corps de l'utérus. Sa morpho-
logie est pathognomonique. Elle est associée de façon quasi
constante à d'autres localisations d'endométriose pelvienne.

Lymphome
C'est le plus souvent un lymphome non hodgkinien. Le
lymphome primitif de la vessie est rare, survenant chez des
patients âgés. Au contraire, le lymphome secondaire de la
vessie est plus fréquent et est présent dans 13 % des décès
pour lymphome. Il s'agit d'une masse nodulaire multilocu-
laire recouverte d'un épithélium normal, ou plus rarement
d'une infiltration pariétale. Elle siège le plus souvent au
niveau de la base de la vessie. Le pronostic est moins péjo-
ratif dans la forme primitive que dans la forme secondaire.
Elle est aspécifique en imagerie. Les localisations vésicales
des leucoses sont exceptionnelles.

Tumeurs secondaires
Les métastases vésicales sont rares ; elles sont secondaires
par ordre de fréquence décroissant à un cancer du poumon,
du sein, de l'estomac ou un mélanome. En revanche, la ves-
sie est très fréquemment envahie par un cancer de voisinage
Fig. 24.10 Léiomyome de vessie. (a) Échographie endocavitaire.
(prostatique, rectosigmoïdien, cervico-utérin ou ovarien).
Le processus tissulaire est discrètement hétérogène et soulève la
muqueuse (flèche). (b) IRM, séquence ES T2. La lésion se situe dans la Fistules vésicales
partie musculaire de la paroi (flèche).
Les fistules vésicales font communiquer la cavité vésicale
avec un organe creux adjacent ou la peau. Il en existe deux
grands types. Les fistules entérovésicales (principalement
sigmoïdovésicales) sont les plus fréquentes. Les fistules vési-
cogénitales (principalement vésicovaginales) sont actuelle­
ment moins fréquentes compte tenu des progrès réalisés
en obstétrique et en chirurgie gynécologique. Il existe deux
autres étiologies communes en cas d'apparition spontanée :
une néoplasie pelvienne sous-jacente ou une fistule radique
qui émaille l'évolution de néoplasies traitées de manière
extensive par chirurgie et radiothérapie.
L'IRM, grâce au plan sagittal ou frontal, montre l'adhé-
rence du segment digestif ou génital à la paroi vésicale du
dôme ou du trigone avec un aspect de cystite et une modifi-
cation de la graisse pelvienne, en particulier en saturation de
la graisse, et parfois la fistule elle-même si elle est suffisam-
ment large est repérée sur une séquence d'uro-IRM.
Fig. 24.11 Endométriose vésicale, séquence ES T2, plan axial. La
lésion envahit la partie musculaire et refoule la muqueuse. Il s'agit d'un
volumineux bloc fibreux (flèche) adhérant également à l'ovaire gauche
(tête de flèche). Références
[1] Roy C, Bourjat P, Rodier JF. IRM du pelvis. Paris : Masson ; 1989.
La cytoscopie retrouve des lésions sous-muqueuses [2] Roy C, Dupuis M, Sick H, et al. Imagerie normale et pathologique des
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cul-de-sac vésico-utérin. bladder tumours. World Health Organization international histologic
classification of tumours. 2nd ed. Heidelberg : Springer-Verlag ; 1999.
En IRM, c'est une masse qui présente en T1 un signal
[4] Pfister C, Roupret M, Neuzillet Y, et al. Recommandations en onco-
intermédiaire à faible, souvent ponctuée d'îlots en hyper- urologie 2013 du CCAFU : Tumeurs de la vessie. Prog Urol 2013 ;
signal dus à des foyers hémorragiques récents. Sa taille est (Suppl 2) : S105–25.
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tissu fibreux ponctué ou non d'îlots en hypersignal témoins 2004 ; 45 : 142–6.
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lium parfois siège d'une réaction inflammatoire en hyper­ Radiol Clin North Am 2007 ; 45 : 183–205.
Chapitre 24. Exploration IRM de la vessie    409

[7] Tuncbilek N, Kaplan M, Altaner S, et al. Value of dynamic contrast [10] Bellin MF, Roy C, Kinkel K. Lymph node metastases : safety and effec-
enhanced MRI and correlation with tumor angiogenesis in bladder tiveness of MR imaging with ultrasmall superparamagnetic iron oxide
cancer. AJR 2009 ; 192 : 949–55. particles. Initial clinical experience. Radiology 1998 ; 207 : 799–808.
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