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Le fonctionnement des banques islamiques

Omar El KETTANI

Cours de finance alternative


ISCAE
Année universitaire 2020-2021

Dossier 6
• Les banques islamiques se distinguent des banques
conventionnelles par trois critères essentiels.

• (1) Le recours au Comité de Conformité Sharia (Sharia


compliance boards) qui évalue la conformité de leurs
produits bancaires aux principes religieux.

• (2) L’importance de leurs ressources qui dépassent les


emplois offrant un potentiel important d’activité.

• (3) Les particularités des ressources et des emplois par


rapport aux banques commerciales et aux banques
d’investissement conventionnelles.
Sommaire

1. Le mode général de fonctionnement


2. Le Circuit économique des BI
3. Les ressources des BI
4. L’actif et le passif d’une BI
5. Les risques dans les BI
6. La gestion des risques dans les banques islamiques
7. Les risques spécifiques
8. LeSystème de gestion des risques des BI
8.1) Le respect des normes de suffisance du capital
8.2)La mise en place d’une gestion des risques
8.3) L’adoption de système de rating
1) Le mode général de fonctionnement

• Les banques islamiques offrent des services financiers tout en


s’interdisant de pratiquer le Riba (l’intérêt).
• Ce sont des Institutions faisant l’intermédiation financière proposant
des financement faisant combinaison entre des modes de
financement basés sur les 3p et des modes de financement basés sur
les opérations commerciales.
• Les dépôts de la banque sont essentiellement sous forme de
comptes courants considérés comme des prêts sans intérêts
accordés à la banque (Qard hassan),
• et des dépôts d’investissement considérés comme des fonds
Moudharaba rémunérés sur la base du principe du partage des
pertes et profits.
• Dans la première catégorie la banque garantit les dépôts alors que
dans le deuxième cas la banque ne garantit ni le dépôt ni un
revenu fixe.
• Les contrats Moudaraba Moucharaka Mourabaha et
Qard hassan sont donc les contrats principaux sur
lesquels fonctionne la banque islamique,

• alors que les propriétaires de la banque islamique sont


liés par un contrat Moucharaka.

• La banque partage les profits avec les titulaires des


comptes d’investissement

• Cependant un bénéfice résiduel sera distribué en tant


que dividende aux actionnaires.
2. Circuit Economique des Banques Islamiques
-Financiers
-Placements
Ressources internes financiers
-Particuliers Directs
-Sociétés
-Apport des associés -Groupes privés 1) Investissement -Invest
-Réserves et provisions -Epargne public et placements divers
-les revenues d’investissements -organismes publics
-les bénéfices nets -Waqf

-Moudharaba
-Moucharaka
En participations
-Mourabaha
-comptes d’investissement -Autres Production
Ressources externes Capital et de placement
social -comptes courants
-comptes courants Dépôts -Réserves - ouvertures de Revenu
-comptes d’épargne -comptes spéciaux comptes s
-comptes d’investissement 2) Services bancaires -émission de
chéques
- change Epargne
-conseils
-Autres
-Zakat Consommation
Caisses -Waqf
spéciaux -Fond sociaux
-Fond d’épargne - Crédit gratuit
Haj - Kard Hassan
3) Services sociaux
- Zakat
non lucratifs
- Waqf

-gestion caisse
Zakat
4) Services sociaux
eco lucratifs -gestion caisse
Waqf

-gestion d’autres
caisses sociales
• 3)Les ressources des BI
• Les ressources
Le capital des BI ainsi que le patrimoine net est généralement élevé
Les ressources sont constituées par :
Les dépôts à vue destinés à financer les opérations de change et
les paiements. Leurs valeurs nominales sont garanties par la
banque, non rémunérés sauf frais de gestion des comptes.
Les comptes d’épargne ont le statut de Wadia.
La banque est autorisée par les déposants, d’utiliser ces fonds en
assumant les risques.
Leur rémunération possible comme part du profit est considérée
comme une hiba (don).
Les comptes d’investissement, source principale de dépôt, sont
gérés par le manager qui est la banque selon la règle de la
moudaraba. La banque n’assure ni la valeur nominale, ni un
rendement prédéterminé.
• Les comptes spéciaux : la banque peut être chargée de gérer le
compte Zakat ou le compte Waqf ou tout autre compte social.

• Les relations banque client peuvent être:


-des relations de crédit suite aux dépôts courants, moyennant leur
garantie par la banque (Kard Hassan) ;

-des relations commerciales basées sur des opérations de crédit,


moyennant marge bénéficiaire;Mourabaha

- des relations de partenariat avec partage des profits et des


pertes (le déposant est partenaire et non créancier),

- et des relations de services bancaires, et informationnels.


4)L’actif et le passif d’une Banque Islamique

Passif: * Apport des actionnaires


* Dépôts à CT (comptes courants): dettes. Non
risqués.
* Dépôts à MLT (comptes bloqués): investis
par la banque. Risqués.

• Actif: Contrepartie reçue des modes de


financement: Une partie risquée et une autre
pas.
• Actif Passif
Ou utilisation des fonds Ou sources des fonds

1. Immobilisation 4 Capital actions


2. Devises 5 Dépôts courants : dépôts à intérêt nul semblables
3. Créance de financement islamique à ceux des banques conventionnelles, en échange
- La Moudharaba du service de chèques et du privilège de découvert.
- La Moucharaka Capital garanti.
- La Mouzara 6 Dépôts d’épargne : possibilité non garantie d’être
- etc rémunéré par le profit de la banque. Capital
garanti ou non garanti, selon la banque. Finance
surtout des projets à court terme à faible risque.
7 Dépôts d’investissement : finance Moudharaba et
Moucharaka.
Partage du profit ( et de la perte). Capital non garanti,
car devant permettre le partage de la perte dans le cas de la
Moucharaka.
8 Fonds Zakat : alimenté par l’aumône légale
perçue auprès des actionnaires, des déposants et des
employés.

9 Patrimoine net ( total A – (4 à 8)


Total A ≡ Total P
La structure d’une banque islamique
Assemblée générale des actionnaires

Conseil d’administration
Audit interne Inspection

Comité Charia
Direction générale

Direction administration et Moyens Direction dépôts et investissements Direction activité bancaire


Administration générale Investissements directs Services bancaires
Comptabilité Participations Caisse
Informatique statistique Dépôts et épargne Comptes courants
Affaires juridiques Epargne Crédit documentaire
Dépôts Services sociaux
Zakat
Prêts gratuits

Source : Geneviève Causse-Broquet ‘’La finance islamique’’


• Dans la direction administration et moyens on peut trouver aussi :
• Le département des études et recherches
• Le département des affaires internationales

• Dans la direction dépôts et investissement on peut trouver aussi :


• Le département des produits phares destinés aux particuliers,
surtout Mourabaha et Ijara pour l’immobilier et les voitures.
• Le département des produits destinés aux entreprises notamment
Moucharaka et Moudaraba pour le financement de l’investissement
et de l’exploitation.
L’écosystème institutionnel des BI
• Pluralité des acteurs institutionnels dont l’objectif et de réglementer et
superviser les opérations sur le marché.
•  CSO Conseil Supérieur des Ouléma : Emission des avis conformes à la
Sharia en matière de finance participative
•  Etat : Elaboration d’un cadre juridique, fiscal et comptable adaptée aux
principes de la finance islamique ainsi que l’homologation, validation des
circulaires et publication au B.O
•  Bank Al-Maghrib est un régulateur du fonctionnement des banques
islamiques, assure aussi l’octroi de liquidités à travers le marché
interbancaire pour maintenir leur fonctionnement
• Autorité marocaine des marchés de capitaux : le gendarme du marché des
capitaux, intervient particulièrement dans les opérations Sukuk à travers la
protection de l’épargne des investisseurs et le contrôle de l’offre
d’instruments financiers proposés de la banque participative.
• Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale : c’est le
régulateur chargé de réglementer et contrôler l’activité des organismes
d’assurances er de réassurances et de capitalisation
• Agence de notation : évaluation des actifs financiers et reporting sur la
performance des banques islamiques
• L’ensemble de ces régulateurs, garantissent le bon fonctionnement des
banques participatives à travers la régulation de leurs offres et produits en
matière de finance islamique
5) Les risques dans les BI
Risque indirect des dépôts à CT (comptes courants):
Déficit important des
opérations
d’investissement
(3P) Dépôts à CT
Risque indirect de
retraits imprévisibles
Capital et réserves
insuffisants

Problématique: Les 3P est un risque supplémentaire supporté par


les banques islamiques qui peut avoir un impact négatif sur la
psychologie du déposant qu’il faut rassurer.

Solutions: Capital important, bonne gestion des risques, système de


régulation, contrôle interne, audit externe, transparence, bonne
gouvernance, ressources humaines compétentes, formation continue.
• Les BI sont encore faiblement enracinées dans les tissus
économiques.

• Dans les PVD les habitudes de transparence ainsi que


les pratiques de gouvernance et de gestion des risques
demeurent encore perfectibles.

• Les ressources et les compétences humaines sont rares


et donc sont sous tension.
6) La gestion des risques dans les banques islamiques

• Deux catégories de risques :


• Les risques communs avec les banques
conventionnelles en tant qu’intermédiaires financiers ;

• Et les risques propres aux BI liés à l’obligation de leurs


conformité aux règles de la Charia
Les risques encourus par les banques islamiques

– 1.1 Risques communs


– 1.2 Risques spécifique aux BI
• 2) Gestion des risques
-2.1 Gestion des risques de crédit
-2.2 Gestion des risques d’illiquidité
Risques communs
• Le risque de crédit
• Le risque de marché
• Le risque de liquidité
• Le risque opérationnel
Le risque
de crédit

Le non remboursement d’un


emprunt ou le non paiement d’une
dette commerciale ou d’une
obligation contractuelle

Exemple :
- Non livraison de la marchandise par le fournisseur.
- Renoncement du client à la promesse d’achat.
- Non respect des échéances de règlement par le client donneur
d’ordre.
- décès du client
Le risque
de marché
Risques liés à la
fluctuation des taux de
référence, les taux de
change et les prix des
matières premières

• Exemple :
• Lorsque le Salam est adossé à un contrat de mandat
pour l’écoulement de la marchandise, une éventuelle
baisse des prix à la livraison ou durant la durée du
mandat.
- Risque de ne pas faire face à ses
engagements financiers.
- Impossibilité de faire face à une
demande massive de retrait de fond

Le risque
de
liquidité
- Absence de l’option de la vente des crédits
-Inexistence d’un marché monétaire
islamique
-Inexistence d’un prêteur en dernier ressort
-Dépendance des comptes courants
exposés au risque de grands retraits.
-dev lent d’instruments financiers pour lever
efficacement et rapidement des fonds.
Les risques
opérationnels

Interne Externe

- La non standardisation des


produits bancaires islamiques et - Risque de malhonnêteté
l’absence de référence des emprunteurs
- La complexité des produits basés - Risque d’aventurisme des
sur le partage des profits et des
pertes emprunteurs
- - Risque de réputation
- - L’inexpérience du personnel
provenant des rumeurs
des banques islamiques
- - Risque commercial
- - L’absence de systèmes translaté
d’information, de logiciels et de
gestion.
• Le risque de placement en action est lié à la détention
d’instruments de capitaux propres.

• Dans le cas du financement participatif (Moucharaka,


Moudaraba), la responsabilité financière est totalement
supportée par la banque, sauf en cas de faute lourde du
gestionnaire.
7) Les risques spécifiques
1) le risque commercial translaté ou déplacé
• La finance islamique repose sur le principe des 3 P, ce qui a fait
émerger un produit de passif particulier :les comptes de partage des
profits et des pertes (PSIA : profit-sharing investment accounts).

• Les déposants partagent donc les rendements de la BI qui offre ce


type de compte PSIA.

• Si les rendements sont insuffisants, les déposants peuvent retirer


leurs dépôts, ce qui expose la banque à un risque de ‘’course à la
banque’’ (bank run) qui n’est rien d’autre que le risque de liquidité.
• Le risque de réputation et de crédibilité

• La finance islamique est connue par le capital éthique qui a des


ressorts religieux mais aussi psychologiques et sociaux.

• La réputation ou ‘’le capital réputationnel’’ se présente comme un


actif tangible mais crucial pour sa pérennité.

• Son image et sa crédibilité en matière de comportement, même s’ils


sont difficilement identifiables et quantifiables, sont fortement
perceptible au sein de la société.

• Par conséquent les BI doivent se doter d’un degré élevé d’intégrité


et de déontologie.
Le risque ‘’arbitrage chariatique’’

• L’existence de certaines divergences entre les quatre écoles de


pensées de l’Islam : Chafiite,Hanbalite, malékite et hanafite qui
peuvent être plus exigeant ou plus souples en matière
d’interprétation des règles pratiques islamiques et donc
d’innovation, peut créer une certaine hétérogénéité en matière de
pratique financière.

• La pratique des BI en matière de gestion des risques s’écarte du


principe central du trois P : partage des profits et des pertes.

• En effet la plupart des pays adoptent les accords de Bâle dont les
ratios de la gestion des risques sont inappropriés à la pratique des
banques islamiques
8)Système de gestion des risques des BI

• Le respect des normes de suffisance du


capital.
• La mise en place d’une gestion du risque.
• L’adoption de systèmes de rating.
8.1) Le respect des normes de suffisance du capital

• Inadaptation des normes prudentielles du Comité de Bâle à la


réalité des BI.
• En effet l’application des techniques modernes de
l’ingénierie financière conventionnelle, n’est pas
directement adaptée à l’usage des banques islamiques
car,
• « la finance conventionnelle cherche foncièrement à : séparer
le risque de l’actif sous-jacent, alors que la finance islamique
s’efforce à intégrer le risque à l’activité réelle et le partager
équitablement entre les parties prenantes d’un contrat
parfaitement équilibré, où le gain de l’un n’est pas basé sur la
perte de l’autre »
• Le Conseil des Services Financiers Islamiques (CSFI), sous l’égide
de la BID, établit des règles spécifiques de prudence et de
supervision.
• Approche standard d’évaluation des risques.

• Ratio (Capital/Actifs risqués)

12% Bahrein Monetary


En 2007 :
Agency
23% Koweït Finance House
10% Qatar Central Bank
32,55% Bank Al Jazira
> 20% Qatar Islamic Bank

• l'IFSB a même édité en 2009 un principe portant le numéro neuf par


lequel il exige que les banques maintiennent une réserve de
liquidités de 20% (cash ou actifs très liquides) pour faire face à une
longue période de pénurie de liquidités.
Les techniques de refinancement pratiqués par les
BI
• Une étude auprès d’un échantillon de BI a montré que celles-ci
soufrent de sous liquidité à ct et de surliquidité à lt .
• Les banques Malaisiennes recourent à deux pratiques considérées
non conformes à la Charia ;
• La vente Ina : Elle désigne une transaction dans laquelle deux
parties s'entendent simultanément sur deux transactions : une vente
de titres au comptant suivie d'un rachat à terme à une date et un
prix convenus d'avance.
• Le tawarruq : Une vente tripartite. Une personne achète un bien à
crédit du vendeur et lui-même le vend à une autre personne en
espèces. Dans sa forme simple il n’est pas recherché mais est
permis. Dans sa forme organisée dans l'industrie de la finance
islamique il est largement utilisé et fortement critiqué dans le même
temps.
• L’intégration de l’assurance Takaful dans la banque.
• Le recours aux Sukuk. A partir de 2008, la BC de Bahreïn lance
régulièrement des instruments de liquidité islamique basés sur les
Sukuks souverains qui aide les banques islamiques à accéder à
une liquidité à court terme.
• les émissions de sukuk à court terme sont encore faibles en termes
de nombre et de volume.
• La création d’un fonds interbancaire Moudaraba auprès de la BC
• Création, depuis 1994,d’un marché interbancaire monétaire
islamique en Malaisie appelé Islamic Inter-bank Money Market
(IIMM) qui est fonctionnel mais toujours en phase d’expérimentation
de plusieurs techniques.
• Boudé par les BI étrangères pour défaut de conformité.

• Les banques en situation de surliquidité peuvent utiliser la


mourabaha sur les matières premières pour acheter des métaux sur
le marché international des métaux payer en spot et les revendre à
une autre partie avec paiement différé avec une plus value.
• Les banques en situation de pénurie de liquidité peuvent acheter
des métaux avec paiement différé et les revendre au marché spot
au prix du marché pour avoir de l’argent immédiat.
• La wakala, par contre, est un contrat d'agence incluant,
généralement, des frais d'expertise et qui permet à la banque wakil
d’utiliser l’argent déposé.
• Ce contrat dispose d’un avantage sur le contrat de mourabaha sur
les matières premières du fait qu’il ne nécessite pas la vente et le
ré-achat de marchandises.
8.2)La mise en place d’une gestion des risques
La création d’entités
Elaboration des politiques
organisationnellesde gestion des risques
Comité de crédit, Comité
Surveillance de l’application
de risque, comité d’audit
des mesures préconisées

Elaboration des procédures


Amélioration des systèmes de contrôle interne existants
Surveillance régulière des divers ratios
Diffusion d’informations relatives aux risques encourus et aux politiques
et procédures retenues

La mise en place de structures appropriées


et l’élaboration de systèmes de gestion des risques
(grandes banques uniquement)
Les établissements de petite taille, dont les risques sont
relativement élevés, ne peuvent mettre en place les
mesures appropriées
• Adéquation des fonds propres
• qualité de l'actif
• la gestion
• Gains
• Liquidity
• Sensibilité au risque de marché

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