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Cours conforme au programme de Sciences économiques et sociales de la classe de terminale, série ES (arrêté du 30 Juillet 2002).
Introduction
Avant de nous demander comment le capital permet aux hommes de produire davantage de richesses, nous
allons voir quelles sont les sources générales de la croissance et les questions que cela pose.
1.1.1 - La croissance peut provenir d'une main d'oeuvre plus nombreuse et/ou
plus productive.
Le travail est apporté par les hommes (et les femmes !) : il s'agit de l'activité qu'ils mettent au service de la
production de biens et services. La quantité de travail effectivement utilisée est mesurée par la population
active occupée. Si celle-ci augmente dans un pays, il est logique que la production augmente, toutes choses
égales par ailleurs. Il y aura donc croissance économique.
Remarquons que, dans les sociétés modernes, seul le travail rémunéré est pris en compte : l'activité des
bénévoles, même s'ils passent de nombreuses heures, par exemple à animer un club de loisirs ou de sport,
n'est pas considérée comme du travail, tout comme le ménage fait par une mère de famille (alors que cela
serait du travail si cette femme faisait le ménage dans une école, par exemple, ou dans une autre famille en
étant payée et déclarée).
Si le travail est toujours nécessaire pour produire, il est toutefois possible d'accroître la production sans
augmenter la quantité de travail utilisée, à condition d'améliorer l'efficacité du travail, ce que l'on appelle plus
souvent la productivité du travail. Dans les paragraphes suivants, nous allons présenter les trois éléments
qui apparaissent comme essentiels pour expliquer l'augmentation de la productivité du travail. On les sépare
pour les présenter, mais il faut bien souligner qu'ils s'accompagnent mutuellement les uns les autres.
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plus un travailleur isolé. On divise donc le travail entre autant de travailleurs qu'il y a de tâches
différentes dans la production.
L'exemple de la manufacture d'épingles : il s'agit d'un exemple très célèbre présenté par Adam
Smith dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776). Un travailleur
peut faire une épingle tout seul, il ne fabriquera que bien peu d'épingles dans sa journée. Mais en
divisant la fabrication en 18 opérations distinctes (tirer le fil métallique de la bobine, couper le fil,
rendre pointue la tige, etc…), assurées par 18 ouvriers distincts, on arrivera à fabriquer des milliers
d'épingles par jour. La productivité aura donc beaucoup augmenté.
• Pourquoi diviser le travail augmente-t-il la productivité ?
On peut énumérer, et Adam Smith le fait déjà à son époque, les effets positifs de la division
technique du travail :
• D'abord, chaque travailleur étant spécialisé dans une tâche la maîtrisera mieux et la
réalisera plus rapidement. Et on pourra utiliser chaque travailleur dans la tâche pour laquelle
il est le mieux " doué ".
• Ensuite, chaque travailleur ne faisant plus qu'une seule tâche ne perdra plus le temps qui
était auparavant nécessaire pour changer de tâche. Et il consacrera ce temps à produire
davantage.
• Enfin, les tâches les plus simples pourront même être effectuées par des machines : la
division technique du travail va donc inciter les scientifiques à inventer des machines
capables d'effectuer ces tâches les plus simples (et, au fur et à mesure du temps, des
tâches de plus en plus complexes). On voit ici directement le lien avec les deux autres
éléments que nous allons présenter, l'accumulation du capital et le progrès technique.
Au total donc, la division technique du travail augmente la productivité et permet de produire de
beaucoup plus grandes quantités dans le même temps. Pour être mise en Å“uvre, elle suppose des
transformations dans l'organisation du travail. Nous verrons plus précisément dans le chapitre suivant
comment ces transformations génèrent une hausse de la productivité du travail et donc la croissance des
quantités produites.
1.1.4 - Quelles ont été les sources de la croissance depuis 1960 dans les pays
développés ?
Titre : Taux de croissance annuel moyen (TCAM) du PIB et décomposition de ce taux selon les facteurs de
production à l'origine de la croissance.
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En conclusion, on peut dire que l'amélioration de l'efficacité des facteurs de production est essentielle pour
expliquer la croissance. Cependant, d'autres éléments jouent un rôle non négligeable, en particulier le
comportement des différents agents économiques, en particulier les entreprises et l'Etat.
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progrès technique ? Il ne tombe pas du ciel. Il y a donc d'autres éléments à prendre en compte, des
éléments qui relèvent du comportement, de l'attitude des agents. Qui sont ces acteurs de la vie économique
et sociale dont nous parlons ici ? Il s'agit bien sûr des entrepreneurs (qui sont à l'origine des décisions
concernant la mise en œuvre du progrès technique ou la combinaison des facteurs de production). Mais pas
seulement : il y a aussi l'Etat et les administrations publiques qui construisent le cadre juridique et
réglementaire qui encadre la vie économique et sociale, il y a aussi les grands idéaux qui sous-tendent
les comportements des membres de la société, ce que l'on appelle en sociologie les valeurs. Nous
étudierons successivement le rôle de ces trois éléments.
1.2.2 - Le rôle de l'Etat : réguler les marchés, gérer les externalités, développer
les infrastructures à travers la politique économique.
• L'Etat régulateur des marchés
Il faut souligner avec force le rôle essentiel pour la croissance, dans une économie de marché, de
l'intervention de l'Etat. Le fonctionnement de l'économie par le marché suppose des règles, vous
l'avez vu en classe de première. Ces règles, il faut d'abord les construire et ensuite les faire
respecter. Ces deux rôles, c'est l'Etat qui les assume. L'expérience montre que dans les pays sans
autorité politique établie et reconnue, la croissance est plus lente qu'ailleurs, voire impossible.
• L'Etat intervient également pour favoriser le progrès technique
Certaines recherches, trop fondamentales pour être rentables immédiatement, ne seraient jamais
entreprises si l'Etat ne contribuait pas à leur financement. En effet, aucune entreprise ne prendra en
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charge une dépense si le coût est trop élevé par rapport au bénéfice qu'elle en retire
personnellement. Or, c'est précisément ce qui se passe en matière de recherche fondamentale : une
fois qu'une découverte a été faite, tout le monde en profite, et pas seulement ceux qui ont financé la
recherche. C'est donc à l'Etat de décider ces dépenses et de les faire financer par l'impôt
puisqu'elles profitent à tous. Plus généralement, l'Etat doit intervenir dans tous les cas où des
" effets externes positifs " (ou " externalités positives ") sont attendus. Que sont ces effets externes
positifs ? Certaines actions, faites par tel ou tel acteur de la vie économique, ont des conséquences
positives sur les autres acteurs alors que ceux-ci ne paient pas le coût de cette action. On peut citer
l'exemple de l'instruction : si on (et le " on " sera forcément l'Etat, on va le voir) décide de prolonger
la scolarité obligatoire de 12 à 16 ans par exemple, toute la main-d'œuvre sera plus qualifiée et
donc plus productive et ce sont les entreprises qui en bénéficieront (sans payer directement le coût
de l'allongement de la scolarisation).
• L'Etat prend en charge les infrastructures collectives
Imaginons qu'il n'y ait pas de pont sur le Rhône entre Lyon et la mer ; dans ce cas, tous les fruits de
la vallée du Rhône (rive gauche) devraient transiter par Lyon pour aller à Montpellier, par exemple.
Si l'Etat construit un pont à Avignon, cela arrange tout le monde car cela abaisse le coût et les
délais de transport. Pourquoi est-ce l'Etat qui va financer la construction du pont comme
l'allongement de la scolarité et pas ceux qui vont directement en bénéficier ? Parce que chaque
utilisateur du pont ne retirera pas suffisamment de bénéfice de l'usage du pont pour le financer :
chacun y gagne, mais pas suffisamment pour payer la construction. C'est la même chose pour
l'instruction. On est donc dans la situation suivante : tout le monde a intérêt à ce que l'action soit
entreprise, mais personne ne veut la financer. Il y a un problème de coordination des décisions
individuelles, et c'est donc l'Etat, au nom de l'intérêt général, qui va assumer ces dépenses et les
répercuter sur les individus par l'impôt.
• L'Etat favorise la croissance par sa politique économique.
Vous avez vu en classe de première que l'Etat peut encourager la production de biens et services en
stimulant la demande par sa politique budgétaire ou sa politique monétaire. Pareillement, il peut
encourager l'offre par sa politique fiscale, en baissant les impôts sur les entreprises pour rendre la
production plus profitable. Ce rôle d'impulsion est souvent décisif, notamment pour sortir des crises
que connaissent les économies modernes. On l'étudiera plus en détail dans le dernier chapitre du
programme.
Au total, donc, l'Etat, par les investissements publics, joue un rôle très important dans la croissance
en finançant la formation de la main d'œuvre et la recherche scientifique, en développant les infrastructures,
en particulier de communication, en construisant le cadre juridique permettant au marché de fonctionner
correctement, en assumant les tâches considérées comme essentielles par la société et qui ne pourrait pas
l'être par le marché.
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valeurs se conjuguent avec l'ensemble des structures de la société. Ce qui compte sans doute le plus, c'est
le climat qu'instaurent à la fois les valeurs et l'organisation politique dans une société : la croissance
économique a besoin à la fois de stabilité (pour que l'on puisse prévoir les effets des décisions prises
aujourd'hui) et de possibilité de transformations (puisque la croissance en génère).
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consommateurs, en particulier dans les pays développés) ? C'est une question éminemment politique. Des
conférences internationales se réunissent périodiquement pour essayer de traiter ces questions. Mais leur
succès est tout relatif. Le protocole de Kyoto (1997), par exemple, qui a été signé par bon nombre de pays et
qui vise à limiter l'émission de gaz à effet de serre est encore à peine mis en vigueur. Pourtant, " pour
stabiliser les perturbations apportées à l'atmosphère, il faudrait diviser par 2 ou 3 les émissions mondiales
de gaz. Or celles-ci continuent d'augmenter ! " (D. Plihon, " Le développement durable : le défi du XXIè
siècle ", Ecoflash n°176, mars 2003). Les Etats-Unis, qui polluent beaucoup, ont refusé de l'appliquer en ce
qui les concerne. Cela signifie que, pour le moment, il n'y a pas d'autorité mondiale capable d'imposer que
soient prises en compte les nécessités du développement durable.
Titre : Rang de certains pays pour l'I.D.H. et P.I.B. par habitant (en dollar en parité de pouvoir d'achat), en
2000.
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par les entreprises pour l'avenir, son volume détermine également pour une partie non négligeable le rythme
de la croissance économique. Nous pouvons donc nous attaquer à une question essentielle : qu'est-ce qui
amène un agent économique (et ici, nous parlerons essentiellement des entreprises) à décider d'investir ?
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• Les prix des facteurs de production ou des consommations intermédiaires peuvent varier de
manière imprévisible
On a vu plus haut que la rentabilité dépendait du coût des facteurs de production : capital, travail et
consommations intermédiaires. Si le prix des biens capitaux est connu au moment d'investir (c'est le
prix d'achat des biens que l'on acquiert lors de l'investissement), il n'en va pas de même pour les
autres : le prix de l'énergie peut s'envoler à la suite d'un choc pétrolier, le coût du travail s'accroître
à la suite d'un conflit social ou parce que la protection sociale coûte de plus en plus cher. Bien
entendu, l'entreprise peut essayer de maîtriser l'évolution de ces coûts, mais tout ne dépend pas
d'elle, loin s'en faut.
Conclusion : au niveau de l'entreprise, il y a donc des enjeux à l'investissement. De celui-ci va dépendre la
capacité de l'entreprise à réaliser des profits et à faire face à la concurrence pour gagner, ou au moins ne
pas perdre, des parts de marché. L'avenir de l'entreprise dépend donc du " bon " choix de ses
investissements, que ce soit sur le plan de leur volume (leur montant), que ce soit sur le plan de leur nature
(investissement de productivité ou de capacité, investissement immatériel ou matériel, etc.). Devant
l'incertitude qui , on l'a vu, touche bien des éléments à prendre en compte, le chef d'entreprise peut ne plus
très bien savoir à quoi se fier et prendre une décision très liée à ses convictions personnelles.
L'investissement joue, on l'a montré, un rôle très important dans la croissance économique à court et moyen
termes. Nous allons maintenant nous interroger sur ce que permet l'investissement, parfois à plus long
terme, c'est-à -dire la mise en œuvre du progrès technique.
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pour mouvoir tout un tas de machines au 19è siècle. Il peut d'ailleurs se passer beaucoup
d'années entre une invention et l'innovation qui en résulte. Il faut ajouter qu'il est bien rare
qu'une invention ne déclenche pas une foule d'innovations, des petites et des grandes. Ce
sont en général les entreprises qui vont découvrir ces innovations, grâce à leurs services de
recherche. On parle là de recherche appliquée ou, plus fréquemment, de "recherche-
développement ", financée le plus souvent par les entreprises elles-même.
• Les différents types d'innovation.
Les innovations ont pour vocation d'améliorer les produits et les façons de produire et/ou de
vendre (la commercialisation, c'est la production d'un service, donc innover dans la vente, c'est
aussi améliorer les façons de produire). Elles concernent aussi l'amélioration ou la création des
produits. Elles peuvent donc être très diverses. Nous nous contenterons de présenter ici trois sortes
d'innovation :
• L'innovation de procédé (on parle aussi parfois d'innovation de process) : l'innovation
concerne les techniques de fabrication, par exemple dans les machines ou dans
l'organisation de la production ou de la commercialisation . Il faut bien se rappeler que quand
une entreprise choisit de modifier son organisation interne, par exemple pour produire en
flux tendus aujourd'hui, ou pour produire à la chaîne au milieu du 20è siècle, il s'agit de la
mise en Å“uvre d'une innovation, et plus spécifiquement d'une innovation de procédé.
• L'innovation organisationnelle , qui est l'innovation dans l'organisation de l'entreprise et
dans l'organisation du travail. On les étudiera de façon plus approfondie dans le chapitre
suivant.
• L'innovation de produit : l'innovation concerne le produit fabriqué lui-même, il s'agit d'un
produit nouveau ou d'un produit incorporant une nouveauté.
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donne les moyens de financer un effort de recherche important et " quand on cherche, on trouve ".
D'autre part, les innovations s'enchaînent les unes aux autres, une innovation donne des idées à
d'autres chercheurs, dans d'autres secteurs, pour d'autres produits. Si les chercheurs aiment
s'installer près les uns des autres (pensez à la Silicon valley, par exemple, ou aux pépinières
d'entreprises), ce n'est pas par hasard, c'est parce qu'ils progressent au contact les uns des autres.
Une fois encore, les innovations ne tombent pas du ciel, il y a certes des inventeurs géniaux, mais
pas beaucoup. Il y a surtout des gens qui travaillent.
• Le rôle décisif de l'Etat
L'Etat joue donc un rôle essentiel en rendant possible, ou plus facilement réalisable, le progrès
technique :
• L'Etat va financer très largement la recherche fondamentale : celle-ci, qui est à l'origine des
inventions, est beaucoup trop coûteuse et aléatoire pour être prise en charge par des
laboratoires privés. En même temps, comme son nom l'indique, elle est fondamentale. Une
partie de cette recherche s'effectue donc dans des laboratoires publics. Cela peut se faire
aussi dans des laboratoires privés sur subventions publiques. Le produit de cette recherche
est censé appartenir à tous. Il n'est pas vendu, même si parfois cela donne lieu à
discussion (ainsi pour les recherches sur le génome humain).
• L'Etat va encourager les entreprises à développer la recherche-développement et, pour
cela, leur garantir une protection contre le pillage de leurs découvertes. C'est le principe des
brevets : si une innovation n'était pas protégée par un brevet, n'importe quelle autre
entreprise pourrait copier l'innovation sans avoir à supporter les coûts de la recherche et
aucune entreprise ne voudrait plus faire de recherche. L'existence des brevets n'empêche
pas les copies mais les limite nettement. L'espionnage industriel n'est cependant pas du tout
une invention des romanciers ou des cinéastes.
• Enfin, l'Etat joue un rôle très important en formant la population. N'importe qui ne peut pas
faire de la recherche, fondamentale ou appliquée, n'importe quel travailleur ne peut pas
mettre en œuvre des technologies sophistiquées. Il faut qu'il soit formé. En donnant une
solide formation initiale à sa population, l'Etat contribue à la formation du capital humain
favorable au progrès technique et à la croissance.
Conclusion : nous sentons bien maintenant l'importance du progrès technique et de ses applications dans
les sociétés modernes. Il reste à comprendre les liens qui unissent le progrès technique à la croissance
économique et aux transformations de nos sociétés.
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croissance.
L'entreprise qui gagne en productivité, par exemple notre entreprise automobile de toute à l'heure
qui fabrique 12 voitures alors qu'elle n'en fabriquait que 10 auparavant dans le même temps de
travail, peut utiliser ce gain de 4 manières différentes. Elle peut :
• Baisser les prix : en effet, le coût unitaire (celui de chaque voiture) diminue puisque, sans
dépenser plus de travail (et à condition que les salaires ne varient pas), on fabrique plus de
voitures. L'entreprise attend de cette baisse des prix une augmentation de la demande qui
lui est adressée, donc une augmentation de sa production. Au niveau macro-économique, la
baisse des prix engendre une hausse du pouvoir d'achat qui permet d'augmenter la
demande et cela, pas seulement dans la branche qui a baissé ses prix. Donc globalement,
la demande augmente, la production doit en principe suivre, surtout si les capacités de
production ne sont pas toutes utilisées. Cette baisse des prix va donc engendrer des effets
favorables à la croissance.
• Diminuer la durée du travail : en effet, puisqu'on met moins de temps à fabriquer chaque
voiture, on peut très bien en fabriquer le même nombre qu'avant les gains de productivité et
faire travailler moins longtemps chaque travailleur. Si en 35 heures, les travailleurs arrivaient
à fabriquer autant qu'en 39 heures grâce aux gains de productivité, on peut très bien
diminuer le temps de travail sans diminuer les salaires. C'est d'ailleurs grâce aux gains de
productivité que le temps de travail a pu beaucoup diminuer en France à partir des années
60, alors même que les salaires continuaient à augmenter. Cette diminution du temps de
travail n'engendre pas directement de croissance économique. En revanche, elle modifie les
genres de vie et améliore sans doute le bien-être général : elle a donc un effet positif sur le
développement plus que sur la croissance.
• Augmenter les profits : en gardant le même exemple, chaque voiture coûte moins cher à
fabriquer puisque la productivité a augmenté. Si on maintient le prix à son niveau initial,
toutes choses égales par ailleurs, la marge de l'entreprise augmente. Celle-ci réalise donc
davantage de profits. Quel effet a cette augmentation sur la croissance ? Les profits sont
destinés à être distribués aux actionnaires, mais ceux-ci peuvent décider d'en laisser une
partie, plus ou moins grande, dans l'entreprise pour financer au moindre coût les
investissements futurs. Si les profits sont distribués, ils constituent des revenus pour ceux
qui les encaissent et augmentent donc leur pouvoir d'achat. Il peut donc en résulter une
augmentation de la demande. S'ils sont conservés dans l'entreprise et financent de
l'investissement supplémentaire, ils sont évidemment favorables à la croissance, comme on
l'a vu plus haut.
• Augmenter les salaires : puisque les travailleurs produisent plus dans le même temps, on
peut envisager de les rémunérer davantage sans que cela ne change rien au prix de vente,
ni au profit. Dans ce cas, on aura une augmentation des revenus dont on peut attendre une
augmentation de la demande, ce qui va inciter les entreprises à produire davantage, et la
croissance s'accroît.
• Le conflit autour du partage des gains de productivité
Les gains de productivité peuvent permettre de faire ces quatre actions. Mais ce n'est pas ou l'une,
ou l'autre. Cela peut être les quatre à la fois : on baisse un peu les prix, un peu la durée du travail,
on augmente un peu les salaires et les profits. Toutes les combinaisons sont possibles et c'est
d'autant plus facile que la productivité augmente rapidement. Le choix qui est fait dépend des
entreprises mais les entreprises subissent certaines contraintes : par exemple, si la concurrence par
les prix est vive sur le marché, l'entreprise va chercher à diminuer ses prix pour garder sa
compétitivité, elle sera très réticente sur une hausse des salaires. De même, à certaines périodes,
les salariés sont en position de force pour négocier et obtenir que les gains de productivité soient au
moins en partie utilisés pour augmenter les salaires. Autrement dit, le partage des gains de
productivité, qui a un effet direct sur la croissance, peut être l'objet de conflits, en tout cas de
négociations.
Conclusion : les innovations mises en Å“uvre grâce aux investissements génèrent une hausse de la
productivité et cette hausse de la productivité, à son tour, aboutit, par des canaux variés, à une accélération
de la croissance. On voit donc l'importance du progrès technique pour la croissance. Mais, à plus long
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terme, le progrès technique a d'autres effets sur la croissance, que nous verrons dans le paragraphe suivant.
2.4 - Les liens entre les transformations des structures économiques, politiques et
sociales : l'exemple de l'urbanisation.
Nous avons vu quels sont les effets du progrès technique sur la croissance économique. Mais le progrès
technique contribue aussi au changement des structures économiques et sociales. Nous allons maintenant
montrer, grâce à un exemple, les interactions entre la croissance et les transformations des structures
économiques, sociales et politiques.
L'urbanisation peut se définir comme le mouvement qui fait que la population habite de plus en plus
(proportionnellement) dans les villes : autrement dit, c'est l'habitat qui fait la ville. Mais qu'est-ce qu'une
ville ? La réponse est beaucoup moins simple qu'il n'y paraît : on peut penser qu'une ville rassemble des
habitats collés les uns aux autres. Oui, mais combien ? un village, est-ce une ville ? La réponse à ces
questions a varié au cours du temps. La population urbaine est, approximativement, celle qui vit dans
des agglomérations rassemblant plus de 2 000 personnes agglomérées. La population rurale est celle
qui n'est pas urbaine. Il faut donc distinguer la population rurale de la population agricole : la première est
déterminée par son habitat, la seconde par son activité économique. Autrement dit, dans la population
rurale, il y a de nombreux ménages non agricoles. Le fait que les populations vivent de plus en plus dans les
villes est un fait avéré, et pas seulement dans les pays anciennement développés : aujourd'hui, les plus
grandes villes au monde sont situées dans des pays parfois très pauvres (Le Caire, Mexico,
etc.).L'urbanisation est un bon exemple de transformations économiques, sociales et politiques entremêlées
et c'est ce que nous allons montrer.
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Vous pouvez utiliser librement ces cours à la condition d'en faire un usage personnel ou un usage en classe gratuit et d'en indiquer la
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Cours conforme au programme de Sciences économiques et sociales de la classe de terminale, série ES (arrêté du 30 Juillet 2002).
gisements miniers) où naissent de nouvelles villes. Comme la journée de travail est spécialement longue
au 19ème siècle, il ne peut pas être question d'habiter très loin de son lieu de travail. L'habitat groupé,
urbain, se développe donc très rapidement dans les zones qui s'industrialisent. Cette urbanisation, générée
par la croissance, va elle-même entraîner de nombreuses transformations économiques, sociales et
politiques, et favoriser à son tour la croissance économique.
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l'urbanisation mais l'urbanisation engendre aussi de la croissance. Ils sont aussi à la fois économiques,
sociaux et politiques.
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