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DE LA MUQUEUSE BUCCALE
COMMUNÉMENT
RENCONTRÉES
Marie-Cécile MANIÈRE
Roger HALL
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Fig. 6 - Extension cutanée Dans la stomatite herpétique, les dou- recommandée chez l’enfant de plus de
des lésions herpétiques, leurs, intenses, prédominent au niveau 1 an est de 3mg/kg/j à répartir en 4 à 6
avec croûtes brunâtres sur les lèvres de la bouche. En cas de leucose aiguë, prises. En France, le seul antalgique
Fig. 7 - Stomatite herpétique sévère il existe des douleurs diffuses dans le oral de palier II pour l’enfant à partir de
chez un enfant sous chimiothérapie dos, les membres, mais pas particuliè- 1 an est le Codenfan® (Phosphate de
rement dans la cavité buccale. On pour- codéine). La posologie doit être adaptée
ra éventuellement observer un infiltrat à l’intensité de la douleur et à la répon-
gingival érythémateux, mais sans vési- se clinique, la dose préconisée étant de
cule ni ulcération. Par ailleurs, il existe 1ml de sirop par kg de poids corporel et
une pâleur et une asthénie intenses. A par prise. La stomatite herpétique fait
un stade plus tardif, une stomatite leu- partie des rares cas où la prescription
cémique par agranulocytose peut surve- d’un antalgique de palier II est indiquée
nir, mais toujours accompagnée chez l’enfant en odontologie.
d’autres symptômes généraux caracté- Chez l’enfant plus grand, l’application
ristiques, tels que la splénomégalie... d’anesthésique de contact sur les
Le diagnostic biologique lèvera les lésions peut le soulager (xylocaïne en
doutes éventuels ; il comportera un gel à 2%).
cytodiagnostic (frottis), et éventuelle- Encourager la prise de liquides : les
ment un test Elisa. Compte tenu du boissons, desserts lactés, ou soupes
délai nécessaire pour l’obtention des froides seront recommandés. Dans les
résultats, le diagnostic ne sera confirmé cas où l’enfant n’arrive plus à avaler,
qu’a posteriori. l’hydratation se fera par voie intravei-
Quels sont les règles de la prise neuse.
en charge thérapeutique ? Traiter l’infection :
Elle est symptomatique et ses objectifs • l’administration d’une chimiothérapie
sont de traiter la douleur (ce qui va per- antivirale, telle que l’aciclovir est contro-
mettre à l’enfant de s’alimenter) et versée ; cependant elle donne de bons
l’infection, et d’éviter les surinfections. résultats dans la phase initiale de la
Elle comporte également des mesures primo-infection, c’est à dire dans les 72
de prévention. premières heures, avant l’apparition des
Traiter la douleur : celle-ci ne doit sur- vésicules. Dans ce cas, elle permet
tout pas être négligée car elle est impor- d’écourter les signes cliniques, de limi-
tante, y compris chez le tout petit. On ter la durée de la contagiosité, mais ne
prescrira des analgésiques de palier I, prévient pas les récurrences ultérieures.
par exemple du paracétamol, à la dose La posologie pour la suspension
de 20mg/kg toutes les 4 heures. En buvable est de 3 fois 5mg/kg par jour.
l’absence de réponse aux antalgiques Toutefois, dans les tableaux sévères et
périphériques, ou bien en 1ère inten- chez l’enfant immunodéprimé, l’aciclovir
tion, quand la douleur est d’emblée très doit être administré à la dose de 3 fois
forte, on passera au palier II et prescrira 10mg/kg/24h par voie intra-veineuse, ou
de la codéine. La dose de codéine de 80mg/kg/24h per os (fig. 7).
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Fig. 11 - Varicelle érosions. Elles siègent sur les gencives, • La varicelle. Fréquente entre l’âge de
Fig. 12 - Lésions buccales les lèvres, la langue, le pharynx, les 2 et 10 ans, elle est très contagieuse.
de la varicelle chez le même enfant, amygdales, le voile du palais (fig. 10). Après une période d’incubation de 10 à
localisées à la langue et à la gencive Elles entraînent une dysphagie, et 20 jours et une phase prodromale de 24
s’accompagnent d’adénopathies. Cette heures avec malaise et fièvre, une érup-
affection évolue spontanément vers la tion cutanée caractéristique de vési-
guérison en 6 à 15 jours. Le diagnostic cules permet le diagnostic (fig. 11). Les
différentiel se pose avec l’herpangine, la lésions buccales sont retrouvées dans
stomatite herpétique, les aphtes mul- la moitié des cas, avec la présence de
tiples. quelques vésicules colorées en jaune
qui s’ulcèrent rapidement et qui sont
• L’herpangine, maladie bénigne, est localisées au voile du palais, à la
aussi une stomatite à entérovirus. Elle langue, à la muqueuse jugale ou gingi-
se caractérise par un énanthème, vale (fig. 12).
d’abord érythémateux, puis par l’appari-
tion d’une dizaine de microvésicules
LES CANDIDOSES
douloureuses entourées d’un halo
inflammatoire sur les amygdales, la Le muguet, dont la terminologie exacte
luette et le voile du palais. Il n’y a ni gin- est candidose pseudo-membraneuse,
givite ni éruption cutanée et l’évolution est la plus répandue des mycoses buc-
est spontanément favorable en cales aiguës du nourrisson et du jeune
quelques jours. En général, il existe des enfant. On observe sur la langue, les
épidémies saisonnières chez le petit joues, les lèvres, le palais, des plaques
enfant. Comme dans d’autres infections blanc crayeux, bordées de rouge, qui,
virales, le traitement doit être sympto- lorsqu’on enlève le dépôt blanc, laissent
matique. apparaître une base érythémateuse (4).
Le Candida albicans fait partie de la
• La mononucléose infectieuse. Due flore commensale chez plus de la moitié
au virus d’Epstein-Barr, elle est excep- des enfants. Aussi, chez l’enfant plus
tionnelle avant l’âge de 3 ans. Elle est âgé, les candidoses s’observent-elles
plus fréquente à la fin de l’adolescence essentiellement chez l’enfant immuno-
et chez le jeune adulte. La contagiosité déprimé, dans le cadre d’une infection à
est faible, avec une transmission essen- VIH, ou chez l’enfant cancéreux pen-
tiellement salivaire. Elle se manifeste le dant les cures de chimiothérapie ou de
plus souvent par une fatigue, de la radiothérapie.
fièvre et une inflammation aiguë du pha- La prise en charge thérapeutique repo-
rynx avec des adénopathies. Lorsqu’elle se sur la prescription de médication
atteint le jeune enfant, ses manifesta- antifongique, pendant une durée suffi-
tions sont le plus souvent atypiques, et sante, en bains de bouche, et per os
on peut retrouver au niveau du pharynx quand il existe une possibilité d’atteinte
et du palais mou des pétéchies et des digestive. La Fungizone® en suspension
ulcérations. buvable pour nourrissons et enfants
s’utilise en bains de bouche à raison • La maladie de Crohn est une affection Fig. 13 - Granulomatose gingivale
d’une cuillère à café 3 ou 4 fois par jour. inflammatoire du tube digestif, d’étiologie chez un enfant âgé de 8 ans
atteint de maladie de Crohn
Des badigeonnages locaux à la Myco- inconnue, qui touche surtout la partie dis- Fig. 14 - Aspect caractéristique
statine® (suspension buvable) sont éga- tale de l’iléon et le colon. Le symptômes de la gencive dans la granulomatose
lement indiqués en cas de muguet chez en sont extrêmement variables, mais oro-faciale, chez un enfant de 12 ans
le tout petit. comportent le plus souvent une diarrhée
chronique, une anorexie, des douleurs
abdominales et un ralentissement de la
AUTRES PATHOLOGIES croissance (6). Certains patients présen-
COMPORTANT tent des ulcérations anales, génitales, ou
DES ULCÉRATIONS cutanées, qualifiées par certains auteurs
de manifestations métastatiques de la
Les ulcérations buccales, lorsqu’elles ne maladie. Le diagnostic est confirmé par
sont pas d’origine infectieuse, traumatique, l’endoscopie digestive et la biopsie. Sur
chimique ou médicamenteuse, se retrou- le plan histopathologique, on observe
vent dans la stomatite aphteuse, le syn- une inflammation granulomateuse épi-
drome de Behçet et la maladie de Crohn. thélioïde gigantocellulaire non nécrosan-
te. La prise en charge thérapeutique
• La stomatite aphteuse est très com- comporte des conseils alimentaires, une
mune chez l’adulte, mais plus rare chez corticothérapie, mise en œuvre de préfé-
l’enfant, ne survenant généralement pas rence après la fin de la croissance.
avant l’éruption des dents permanentes. Les lésions buccales, regroupées sous
Dans cette affection, dont l’étiologie le terme de “granulomatose orofaciale“
immunologique est supposée, il existe (fig. 13), sont retrouvées chez 10 à 25%
des ulcérations multiples qui reviennent des patients ; elles constituent parfois
les seuls signes de la maladie et peu-
à intervalle régulier. Les aphtes sont de
vent précéder de plusieurs années
petite taille (2-6mm), de forme arrondie,
l’atteinte intestinale (2).
avec une base jaune et des bords
Les manifestations buccales peuvent
rouges, se situant plutôt sur la muqueu-
comprendre :
se vestibulaire. Les éventuelles surin-
• une ulcération linéaire de la muqueuse
fections peuvent être prévenues par des vestibulaire,
bains de bouche à la chlorhexidine. • une tuméfaction diffuse des lèvres et
des joues,
• Le syndrome de Behçet est caracté- • une cheilite granulomateuse,
risé par des ulcérations multiples et • une granulomatose gingivale caracté-
récurrentes des zones génitales, ocu- ristique : tuméfaction diffuse et érythé-
laires et buccales, qui ne différent pas mateuse des gencives (fig. 14,)
des aphtes. Le tableau clinique est • parfois des aphtes.
variable, et de multiples organes sont
atteints. Cependant cette affection Face à un tableau de granulomatose
débute rarement avant l’âge de 20 ans. orofaciale, même si l’enfant ne présente
Fig. 15 - Verrues digitales aucun symptôme digestif, le chirurgien- localisées n’importe où sur la muqueu-
Fig. 16 - Verrues au niveau dentiste doit envisager le diagnostic de se, mais les lèvres, le palais et la genci-
de la muqueuse des lèvres maladie de Crohn. Une biopsie gingiva- ve sont des sites préférentiels, proba-
chez le même enfant
le permettra, dans la plupart des cas, de blement parce qu’ils sont plus souvent
contribuer au diagnostic de cette affec- exposés lors de la morsure des verrues
tion très grave. (fig. 16). Il existe des similitudes cli-
niques et histologiques avec le papillo-
LÉSIONS NON me. Le traitement consiste en une exci-
ULCÉREUSES : sion chirurgicale des lésions isolées,
mais lorsque de multiples verrues buc-
LES VERRUES VULGAIRES
cales sont associées à des verrues
La plupart des verrues buccales sont cutanées, une consultation de dermato-
observées chez les enfants qui ont des logie pédiatrique s’impose.
verrues digitales (fig. 15). Quand
l’enfant mordille ses doigts, le virus Remerciements : les auteurs remercient
(papillomavirus humain -HPV) est trans- le Docteur Annie Babin, du service de
mis à la muqueuse buccale (5). Ces Pédiatrie III,HUS de Strasbourg,
verrues d’origine virale peuvent être pour sa précieuse collaboration.
Correspondance :
Marie-Cécile Manière BIBLIOGRAPHIE
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Pédiatrique,
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ABSTRACT
SOME OF THE MOST COMMON ORAL MUCOSAL DISORDERS
The primary herpetic gingivostomatitis is the most common cause of oral ulceration in children. The diagnosis is based on the
history, the symptoms and on various clinical appearance. Differential diagnosis includes herpangina, hand-foot-and-mouth
disease, varicella, infectious mononucleosis. The treatment is symptomatic, focused on pain control. When oral ulcerations
are not infectious, traumatic, chemical or linked with medication, they could be present in recurrent aphthous ulceration,
Behçet syndrome or Crohn disease. The orofacial granulomatosis is one of the characteristic symptoms of the Crohn disease,
and its recognition could contribute to the diagnosis of the disease.
RESUMEN
PATOLOGÍAS DE LA MUCOSA BUCAL COMÚNMENTE ENCONTRADAS
La primoinfección herpética es una de las estomatitis de forma vesiculosa o ulcerosa que más frecuentemente se encuentra
en el niño. Su diagnóstico se hará a partir del conjunto de síntomas y sobre los aspectos clínicos variables según su estadio.
El diagnóstico diferencial se plantea con la herpangina, el síndrome pies-manos-boca, la varicela y la mononucleosis
infecciosa. El dolor es un aspecto esencial del tratamiento sintomático de la estomatitis herpética. Cuando no son de origen
infeccioso, traumático, químico o medicamentoso, las ulceraciones bucales se encuentran especialmente en ciertas
patologías digestivas como el síndrome de Behçet o la enfermedad de Crohn. La granulomatosis orofacial constituye una
manifestación bucal característica de la enfermedad de Crohn y puede contribuir en el diagnóstico de esta afección.