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Francis Bacon1
Xavier Dieux2
INTRODUCTION
Une proportion est un rapport entre deux grandeurs de même nature, c’est-à-
dire exprimées dans une même unité de référence3 . Lorsque ces grandeurs sont
mesurables, le rapport de proportion est exprimé par un nombre qui, lui, n’a
pas d’unité. Les instituts de statistiques et les médias sont remplis de données
qui permettent d’établir des proportions : le nombre d’accidents mortels par
rapport au nombre d’accidents, la quantité de glace qui a fondu au pôle Nord
par rapport à la masse totale de glace, le nombre d’ouvriers belges qui quittent
la Belgique pendant les congés payés par rapport à la moyenne des belges etc…
Par exemple, l’on peut dire que dans telle ville du pays, le rapport entre le
nombre d’électeurs non-européens inscrits et le nombre global d’électeurs
donne un nombre 0,03, ce qui veut dire que dans cette ville, une proportion de
3% des électeurs sont non-européens. Dans une autre ville, ce rapport est de
0,15. Dans ces cas, la proportion est une donnée, sans plus. Certains
commentaires peuvent être faits sur les proportions constatées, éventuellement
en les comparant à des moyennes établies antérieurement.
Tous les rapports pertinents entre deux grandeurs de même nature peuvent
exprimer une proportion, mais il n’y a de proportionnalité – à proprement
parler – que dans l’hypothèse où les grandeurs varient les unes en fonction des
autres. Dans les exemples ci-dessus, aucune variation des grandeurs examinées
1
Francis Bacon, « Novum organum », traduit par A. Loquet, Edit. J. Delalain, Paris (1840), n°18
2
X. Dieux, « Le respect dû aux anticipations légitimes d’autrui », Bruylant 1995, n°34, p.88
3
L’on peut exprimer une proportion entre différents volumes (en m³), poids (en kg), temps (en sec.) ou vitesses
(m/sec.). La vitesse, dont l’unité est le mètre par seconde, est aussi l’expression d’un rapport entre une longueur
parcourue et le temps mis pour la parcourir, mais ce rapport n’exprime pas une proportion entre les mètres et les
secondes.
2
n’est prise en compte. Les nombres 0,03 ou 0,15 n’expriment donc qu’une
proportion et l’on ne peut pas parler de proportionnalité.
Par exemple, l’on dira que, dans une tranche de revenus annuels donnée, le
montant de l’impôt des personnes physiques est proportionnel aux revenus si le
rapport entre la variation de la « grandeur impôt » par rapport à la variation de
la « grandeur revenus » correspondante est toujours le même.
Pour fixer les idées, si dans une même tranche de revenus annuels imposables
comprise entre 0,01 euro et 5.705 euros, les revenus annuels imposables du
contribuable A sont de 3.000 €, ceux de B de 4.000 €et ceux de C de 5.000 €,
d’une part et que l’impôt de chacun représente 750 €pour A, 1.000 €pour B et
1.250 €pour C, d’autre part, l’on dira que dans cette tranche de revenus, la
variation de l’impôt est proportionnelle à la variation des revenus, parce que le
rapport 750€/3.000€ est égal au rapport 1.000€/4.000€ et au rapport
1.250€/5.000€. Ce rapport donne chaque fois le nombre 0,25 qui est le
coefficient de proportionnalité (ou « taux d’imposition »).
Certes, dans notre pays, les taux d’imposition attribués aux différentes
tranches de revenus varient du simple au double (de 0,25 à 0,50), mais nous
savons bien que l’impôt qui en résulte ne varie pas de la même manière lorsque
les revenus passent de la première à la dernière tranche. En effet, les tranches
sont fixées par le législateur, sans logique mathématique et les taux
d’imposition n’évoluent pas de manière proportionnelle. L’évolution de l’impôt
par rapport aux revenus ne peut donc pas être chiffrée par référence à la
variation des taux d’imposition5.
4
D’après les dictionnaires, c’est essentiellement dans ce domaine que le concept de proportionnalité est employé,
avec une signification rigoureuse bien spécifique (voy. Nouveau Larousse encyclopédique, éd. 1998).
5
Les coefficients 0,25 et 0,50, de même que tous les intermédiaires, ne s’identifient évidemment pas à l’impôt.
Ce sont des choses différentes.
3
L’article 203bis du Code civil, qui autorise chacun des père et mère à
« réclamer à l’autre sa contribution aux frais résultant de l’article 203 §1er »,
n’a de sens que si les frais dont il est question à l’article 203 §1er du Code civil,
constituent - pour les père et mère - une obligation « de type solidaire ou in
solidum »6, dont le montant doit nécessairement être déterminé « pour le tout »
avant d’en fixer la part de chacun des parents.
Bien que le texte de l’article 203bis du Code civil ne le dise pas, il nous paraît
conforme au bon sens que les parents doivent contribuer à proportion des
revenus de chacun, par rapport à leurs revenus cumulés7. Mais il saute aux yeux
que cette proportion de contribution (ou ce pourcentage de contribution) doit
s’appliquer au quantum des « frais résultant de l’article 203, §1er »8.
Or ce quantum est presque toujours inconnu des parents, parce que « les
dépenses familiales sont essentiellement collectives et qu’il n’est pas possible,
lorsque l’on examine le panier de la ménagère, de déterminer avec précision
quelle partie de celui-ci sera affecté ou non à l’entretien de l’enfant »9. L’article
203, §1er, du Code civil laisse les parents complètement démunis, car il
dispose, de manière très générale : « Les père et mère sont tenus d’assumer, à
proportion de leurs facultés, l’hébergement, l’entretien, la surveillance,
l’éducation et la formation de leurs enfants » 10.
La loi contient donc un double critère de proportionnalité, mais seul celui qui
concerne la contribution des père et mère – implicitement contenu dans l’article
203bis du Code civil – est aisé à respecter, dès lors que les revenus des parents
sont déterminés.
Par contre, l’article 203 §1 er du Code civil se limite à indiquer, comme seul
critère de détermination de la dette, celui de sa proportionnalité aux « facultés »
des père et mère. Le problème n’est donc que reporté, dès lors que la
connaissance des seules « facultés » (ou ressources) des père et mère, laisse
évidemment sans réponse la question de la proportion du budget de la famille à
consacrer aux frais d’hébergement, d’entretien, de surveillance, d’éducation et
de formation de leurs enfants11.
6
J. Sosson, « La coparentalité et l’entretien de l’enfant » in Démariage et coparentalité, le droit belge en
mutation, Actes du 4ème colloque de l’Association Famille & Droit, février 1996, Kluwer 1997, p.269 et p.270,
n°12.
7 er
Si le père gagne 1.500 €et la mère 1.000 €, la contribution de chacun aux frais résultant de l’article 203, §1
sera de 60% pour le père et 40% pour la mère (proportion calculée sur 2.500 €).
8
Voy. J. Sosson, ibid.
9
J. Joachim, « La grille Renard », in « Le pli judiciaire », Bull. du Barreau de Charleroi, n°45, décembre 2001,
p.3.
10
Utiliser l’expression « à proportion de leurs facultés », sans préciser quel est le coefficient de proportionnalité
qu’il convient d’appliquer aux facultés, ne constitue pas une référence utile.
11
En raison de cette lacune de la loi, trop de décisions, dans le passé, se bornaient à statuer directement sur le
montant de la contribution alimentaire, sans émettre la moindre considération sur l’importance des dépenses
4
Soit un étudiant, enfant unique d’un couple séparé qui habite Soignies. Il est
domicilié chez sa mère, mais suit les cours à l’Université de Bruxelles où il
réside la semaine.
Sa mère est employée et son salaire mensuel net est de 1.000 €. Elle perçoit
en outre des allocations familiales de 113 €. Le père est également employé et
son traitement mensuel net s’élève à 1.500 €.
Par contre, s’il était établi que l’étudiant loge chez sa grand-mère qui réside à
Bruxelles et qu’aucune location n’est payée, le coût de l’enfant serait diminué
de 250 €et la contribution des parents ne porterait plus que sur 237 €(487 -
250), soit 142,2 €(60% de 237) pour le père et 94,8 €(40% de 237) pour la
mère.
Dès lors que le coût d’un enfant est connu, la méthode de calcul de la
contribution coule de source. L’on peut multiplier les exemples à volonté.
globales que des parents peuvent consacrer à la formation de leurs enfants et sans établir de relation logique entre
les « renseignements » communiqués par les parties, d’une part et le montant de la contribution financière
arbitrée, d’autre part (Voy., notamment, Civ. Namur (jeunesse) 13 juin 1995, Div.Act. 1995, p.140 et la note ; Cf.
aussi Masson et Massager, « Droit des personnes » in Les dossiers du J.T. n°25, pp.162 à 166).
12
Cf. « Evaluation du budget annuel d’un étudiant » Service social de l’université de Liège, 2003-2004. La
somme de 7.200 €comprend le droit d’inscription (726 €), le matériel didactique (250 €), le logement (3.000
€), la nourriture (1950 €), le transport (250 €), l’assurance et les soins de santé (125 €), l’habillement (500 €)
et les loisirs (le solde). Nous n’avons pas trouvé de jurisprudence publiée, mais notre expérience personnelle
et celle qui nous est rapportée par les notaires de l’arrondissement de Mons confirment ce coût.
13
Les allocations familiales financent une partie du coût de l’enfant.
5
Les décisions qui n’appliquent pas la méthode Renard ont parfois été
qualifiées de « jurisprudence erratique »14. Il est permis, en tout cas, de se
demander si elles ne pêchent pas par un défaut de motivation, dès lors qu’elles
se réfèrent à toute une série de considérations de fait, sans expliquer leur
incidence sur le montant de la contribution alimentaire décidée. La solution
arbitrée par ces jugements apparaît toujours un peu « magique », parce que trop
souvent, on ne peut ni suivre ni vérifier le raisonnement adopté pour départager
les parties15. Le coût de l’enfant n’est pas évalué et la « proportion aux
facultés » des parents n’est pas précisée16.
Dans cette matière où les litiges sont souvent exacerbés par un contexte
affectif tendu, et où certaines évaluations ne peuvent malheureusement pas
éviter totalement l’arbitraire17, « l’échelle des coûts théoriques proportionnels
selon l’âge (des enfants) », établie par R. Renard18, nous apparaît comme un
complément indispensable de la loi, qui permet une application objective et
distributive de l’article 203 §1er du Code civil.
Les coefficients de l’échelle des coûts théoriques ne constituent pas une table
des dépenses moyennes que les parents peuvent consacrer à l’entretien d’un
enfant, mais expriment des rapports de proportionnalité qui varient
en fonction de l’âge de l’enfant.
14
Voy. Ch. Panier, Préface de l’ouvrage de R. Renard et P.A. Wustefeld « Le calcul de contribution
alimentaire » (P.C.A.), De Boeck-Larcier, 1996.
15
Voy. J.P. Saint-Josse-Ten-Node, 26 décembre 1990, R.T.D.F. 1991, p.278 ; J.P. Tournai, 1er canton, 24
ème
février 1999, Div.Act. 1999, p.106 ; J.P. Anderlecht (2 canton) 9 juillet 2002, inédit, R.G. n°2002/A/1084
en cause N.S. c/ D.A.. Il nous paraît que de telles décisions sont insuffisamment motivées car elles ne
permettent pas le contrôle du respect du critère légal de proportionnalité (voy. J.-L. Franeau,
« Proportionnalité, statistiques… » note sous J.P. Soignies-Le Roeulx 15 mars 2002, R.T.D.F. 2002, p.509,
note 12).
16
La situation semble être la même en France où les montants des pensions « tiennent peu compte de
l’augmentation du coût de l’enfant avec l’âge » (cf. L-H. Choquet, « La contribution défaillante dans les
familles éclatées », in « L’enfant, la famille et l’argent », actes du Colloque du Laboratoire d’études et de
recherches appliquées au droit privé de l’Université de Lille II, L.G.D.J. 1991, p.124).
17
J.L. Renchon et Nicole Dopchie, « Les mesures provisoires et conservatoires », in Le divorce en
Belgique: controverses et perspectives, Actes du 2ème colloque de l’Association Famille & Droit, Décembre
1998, Story Scientia 1991, p.104 et p.105.
18
R. Renard, « Divorce, coût de l’enfant, pension alimentaire et fiscalité », J.T. 1986, p.103.
6
Puisque les niveaux de vie des couples avec un enfant sont les mêmes que
ceux des couples sans enfant, et que les ressources nettes des premiers sont
nécessairement supérieures à celles des seconds (il faut nourrir trois personnes
au lieu de deux), Roland Renard en déduit fort logiquement que le supplément
19
La synthèse simplifiée que nous présentons ici est exprimée en francs belges, car l’étude de Roland Renard a
été réalisée au début des années 1980 et les échelles de consommation analysées sont exprimées en francs.
Comme Roland Renard cherche à établir des rapports de proportionnalité, l’unité de l’argent dépensé est sans
incidence sur l’étude.
7
CT = (R + aR) - R = aR
Pour des enfants d'un âge donné, « a » est donc une constante et le coût
théorique (aR) de cet enfant est proportionnel aux ressources de la famille
(R).
20
Roland Renard, « Divorce, coût de l’enfant, pension alimentaire et fiscalité », J.T. 1986, p.103.
21
Cette terminologie est ambiguë et, à notre sens, devrait être abandonnée. Le paramètre « a » n’est
certainement pas l’expression d’un coût.
8
Les coefficients théoriques de Roland Renard ont été établis sur la base de
données recueillies dans les années 1980 et il devenait indispensable de les
vérifier. En 2004, le rapport fait à Madame la Vice-Première Ministre et
Ministre de la Justice par F. Erdman et G. de Leval concluait – au sujet de
l’application de l’article 203 du Code civil – à la nécessité d’une intervention
législative pour « renforcer l’égalité dans l’application du droit, tout en
précisant les prérogatives du juge »22. Avant toute modification de la loi,
Madame la Vice-Première Ministre et Ministre de la Justice a pris la décision
de désigner un expert ayant pour mission de lui remettre un avis technique sur
les bases socio-économiques des études de Roland Renard et d’actualiser les
coefficients de proportionnalité23. Au moment où nous expédions le manuscrit
de cet article à l’éditeur, les résultats officiels de cette étude viennent d’être
révélés. A première vue, il semble que la méthode suivie par Roland Renard est
validée par le Professeur Pestieau. Les recherches montrent toutefois que
l'évolution des coefficients théoriques du coût de l’enfant ne serait pas linéaire.
22
F. Erdman et G. de Leval, « Les dialogues Justice », rapport de synthèse rédigé à la demande de Laurette
Onkelinx, Vice-Première Ministre et Ministre de la Justice, juillet 2004, pp. 219 à 222.
23
L. Onkelinx, Préface à l’ouvrage de R. Renard « La méthode Renard – Une méthode de calcul des
contributions alimentaires », Les dossiers du J.T., n° 51, p. 10. En avril 2006, le Professeur Pestieau, de
l’Université de Liège, a été chargé de cette mission d’expertise.
9
On vient de voir que le coût théorique (CT) est égal à aR, c'est-à-dire que si
les ressources « R » des parents augmentaient de « aR », pour devenir,
théoriquement, « R + aR », les parents pourraient dépenser aR pour leur enfant,
sans devoir pour autant modifier leur niveau de vie.
Il s'ensuit que si les ressources des parents restent égales à R (ce qui est bien
le cas en réalité, puisque la naissance d'un enfant n'entraîne pas d'augmentation
des revenus des parents), les parents ne peuvent dépenser réellement (coût réel)
pour leur enfant que aR divisé par (1 + a) et nous avons:
aR a
Coût réel = _______ ou _______ . R
1+a 1+a
a
_______
1+a
Nous défendons l’idée que les charges des parties – sauf lorsqu’elles sont
exceptionnelles – ne doivent pas être prises en compte pour calculer le coût des
enfants, dès lors que ce coût, calculé selon la méthode Renard, est la proportion
du budget global des parents consacrée à l’entretien et à la formation des
enfants 24. En effet, ainsi que le note le Professeur Jean-Louis Renchon,
« l'attribution d'une pension alimentaire n'a pour objectif que d'assurer une
répartition équitable entre les deux époux et leurs enfants des revenus nets réels
dont les époux disposent »25. Amputer les revenus des père et mère du montant
du loyer du logement, du financement de la voiture et de la télévision, ou de la
litanie habituelle des prétendues « charges »26, reviendrait à réduire
« leurs facultés », alors que celles-ci sont, précisément, l’élément « à
proportion » duquel est déterminée l’obligation légale des parents aux frais
résultant de l’article 203, §1er, du Code civil27.
A cet égard, pour fonder leur demande de déduire les charges de la vie
courante de leurs revenus (notamment le loyer de sa résidence), certains
invoquent l’arrêt de la Cour de cassation du 2 mai 200528, par lequel la
juridiction suprême confirme implicitement que le juge du fond peut adopter la
méthode de Roland Renard pour calculer le coût d’un enfant29, mais lui
impose, pour déterminer les facultés des père et mère de cet enfant, de « tenir
compte, notamment, des charges qui pèsent sur l’un d’eux », même si ces
charges ne sont pas fiscales, sociales, professionnelles ou exceptionnelles ;
24
J.-L. Franeau « La méthode Renard étendue aux familles recomposées », note sous J.P. Binche, 2 octobre
2003, R.T.D.F. 2004, p. 700 à 704.
25
J-L. Renchon et Nicole Dopchie, « Les mesures provisoires et conservatoires », in Le divorce en Belgique:
controverses et perspectives, Actes du 2ème colloque de l’Association Famille & Droit, Déc. 1988, Story-
Scientia, 1991, p.105 §2.
26
Dans une espèce soumise à la Cour d’appel de Mons, le mari demandait que l’on déduise, de ses revenus, « la
facture de la débroussailleuse, l’entretien du motorhome et les honoraires de son avocat ». L’épouse voulait
déduire, de ses revenus à elle, « les frais d’installation de l’alarme et l’utilisation d’un GSM ». La cour ne les a
pas suivis (cf. Mons, 12 mars 2002, inédit, RF n° 2001/152, en cause V…M. c/ D…B.).
27
Voy. Mons (Jeunesse) 6 octobre 2004, R.T.D.F. 2/2006, p 552.
28
Cass. 2 mai 2005, R.T.D.F. 2/2006, p. 543
29
voy. Cass. 16 avril 2004, R.T.D.F. 2004, p. 1014
30
cf., sous la direction de A.-Ch. Van Gysel, « Précis de droit de la famille », Bruylant 2004, p. 493 et la
référence citée en note 1149 ; N. Dandoy « Vers une méthode de calcul des contributions alimentaires pour les
enfants ? », R.T.D.F. 2/2006, p. 472 et 473.
31
Voy. A.-C. Van Gysel, note sous Civ. Mons, 19 septembre 2001, Div. Act. 2002/01, p. 7.
11
Remarquons, par ailleurs, que les facultés d’un parent pourraient être
supérieures à ses ressources nettes, lorsque, par exemple, il bénéficie d’un
logement ou d’une voiture de fonction, ou bien s’il est établi qu’il vit avec une
tierce personne qui participe, effectivement, aux charges du ménage32 . Le juge
garde toujours, à cet égard, son pouvoir d’évaluation.
Toutefois, il n'est pas exact de dire que, lors de la survenance de l'enfant, les
ressources des parents restent égales à R. En réalité, les ressources de la famille
augmentent du montant des allocations familiales (majorées des bourses ou
autres avantages sociaux éventuels) et deviennent R + A 33
La formule du coût réel de l'enfant devient donc (par une simple règle de
trois):
a
CR = _______ . (R + A)
1+a
Si les ressources nettes disponibles d'un couple sont de 2.000 €par mois, la
présence d'un enfant unique âgé de 6 ans entraînera des allocations familiales
de 85,26 €(au 1er mai 2003) et les ressources globales de la famille seront de
2.085,26 €. Dans cette hypothèse, le coût réel de l'enfant de 6 ans sera de
(0,181/1,181) x 2.085,26 €= 319,58 €.
Pour un enfant de 17 ans, pour lequel les allocations familiales sont de 91,87
€, les ressources globales sont de 2.091,87 €et son coût réel sera de (0,3/1,3) x
2.091,87 = 482,7 €34
Ce coût réel de l'enfant (les dépenses qui sont réellement consacrées à son
entretien) est inférieur au coût théorique moyen (aR). Cette diminution
correspond à la baisse de niveau de vie de la famille que la présence de l'enfant
entraîne.
32
Voy. les applications proposées par R. Renard et P.-A. Wustefeld, in « PCA-VOB » (De Boeck-Larcier 2001),
mode d’emploi, pp. 16 et 17, note 7. Voy. aussi Mons, 9 mai 1996, Div. Act. 1996, p.156, pour le cas d’un parent
qui est responsable de la diminution de ses revenus qu’il invoque.
33
Le service d’études statistiques de l’office national d’allocations familiales pour travailleurs salariés (tél. : 02/
237.25.12) adresse régulièrement, à ceux qui en font la demande, le barème actualisé des allocations. Le barème
er
à l’indice 113,87 en vigueur depuis le 1 octobre 2004 est celui que nous utilisons dans les exemples chiffrés ci-
après.
34
Dans la table de Renard, le coefficient théorique pour un enfant de 17 ans est de 0,262. L’équipe du Professeur
Pestieau propose un coefficient de 0,3 , soit un coefficient de proportionnalité de coût réel de 0,23.
12
Mais puisque les ressources des parents restent égales à « R », les parents ne
peuvent dépenser réellement pour leurs trois enfants que R (a1 + a2 + a3)
divisé par (1 + a1 + a2 + a3).
En tenant compte des allocations familiales pour ces enfants, nous obtenons
donc la formule générale du « coût réel »:
a1 + a2 + a3 + ...
CR = _________________________ . (R + A)
1 + a1 + a2 + a3 + ...
Cette formule donne le « coût » réel global des enfants. Si on veut obtenir le
« coût » d’un enfant en particulier, il suffit de multiplier le « coût global » par
le rapport entre le coefficient de l’enfant et la somme des coefficients.
Par ailleurs, on vérifie que le « coût » réel de deux (ou plusieurs) enfants est
toujours inférieur à la somme des « coûts » de deux (ou plusieurs) enfants
uniques de mêmes âges (Les coefficients « a » ne doivent donc pas être
pondérés dans le cas d'une famille de plus d'un enfant).
- Reprenons le cas de notre étudiant et admettons qu’il est âgé de 19 ans. Ses
parents ont toujours les mêmes ressources : 1.000 €pour sa mère et 1.500 €
pour son père. Les allocations familiales sont de 113 €.
- Admettons maintenant que cet étudiant ait deux sœurs de 14 ans et 10 ans
35
Effectué sur la base de la table Renard de 1985/1986.
13
12 ans se retrouvent seules avec leurs parents dont les ressources sont
inchangées.
Pour fixer les idées à cet égard, prenons l’exemple chiffré d’une famille dont
les ressources globales s’élevaient, à une certaine époque, à 2.500 €et dans
laquelle les parents consacraient 20% de leurs ressources à leur enfant (soit un
« coût » de 500 €) et disposaient du solde de 2.000 €. Admettons, aussi, qu’à la
suite d’un événement quelconque (faillite, licenciement, décès, séparation), les
ressources globales de cette famille soient réduites à 1.500 €, ce qui représente
une baisse de son niveau de vie de 1.000 €, soit, globalement, 40%. Quel sera
le nouveau « coût » de l’enfant ?
36
Cf. la jurisprudence citée par J.-L. Renchon, in note sous Mons, 26 octobre 1999, R.D.T.F. 2001, p.513.
14
1.200), ce qui représente bien une baisse de 40% pour chacun des membres de
la famille.
Une fois déterminé le montant des dépenses que des parents peuvent
consacrer à leur enfant (R. Renard l’appelle le « coût réel brut » de l’enfant), la
question de la contribution de chacun des père et mère aux frais résultant de
l’article 203 §1er du Code civil peut aisément se résoudre par la méthode
Renard proprement dite37, en cherchant à savoir comment le coût réel de
l’enfant est financé.
Une partie du coût brut des enfants est financée par les allocations familiales.
En déduisant ce montant du coût réel brut, on obtient le coût réel net que les
parents doivent financer seuls, dans la même proportion que celle de leurs
ressources personnelles par rapport à leurs ressources cumulées.
37
voy. P.-A. Wustefeld, « Nouvelles perspectives en matière de contribution alimentaire », in P.C.A., De Boeck
& Larcier 2001 – J.-L. Franeau « Proportionnalité, statistiques et arithmétique… », note sous J.P. Soignies-Le
Roeulx 15 mars 2002, R.T.D.F. 2002, pp. 506 à 514 - E. Kengo, « Les mesures provisoires pendant l’instance en
divorce », in « DIVORCE - Commentaire pratique », Kluwer 1997, T.1, Titre II, chapitre 4, section 4.-4. - Voy.
aussi Beer-Stoop et Boudart, note sous Bruxelles 12 juin 1997, Div.Act. 1999, p.36 à 40.
15
On accorde une valeur contributive à cette prise en charge, qui s'exprime par
un pourcentage du coût réel de l'enfant39 , pourcentage qui est lui-même
fonction de la durée et de la fréquence de la cohabitation, d'une part, ET de la
nature des dépenses directement supportées par chacun des parents pendant que
l'enfant vit avec lui, d'autre part.
Mais lorsque les parents sont séparés, le parent qui n’héberge son enfant que
partiellement, ne peut pas réaliser un financement direct qui soit proportionnel
à ses facultés. Le financement direct quotidien moyen du parent qui n’exerce
qu’un droit d’hébergement secondaire est moins élevé que celui du parent
gardien qui assume toute la série de charges récurrentes nécessaires à
l’entretien d’un enfant (vêtements, frais scolaires et de santé, etc.)40.
38
Si le parent non gardien n’héberge jamais ses enfants, sa part contributive est immédiatement calculée, dans la
même proportion que celle de ses ressources personnelles par rapport aux ressources cumulées du couple séparé.
39
Précisément, on détermine d’abord la contribution directe des parents au « coût » réel brut lors de
l’hébergement, puis la contribution au « coût » réel net des parents, en déduisant de la précédente, la part des
allocations familiales que chacun des parents devrait recevoir au prorata de la valeur de sa contribution directe
(voy. ci-après, les exemples du chapitre IV.).
40
Cf. J.P. Soignies-Le Roeulx, 15 mars 2002, R.T.D.F. 2002, p.503.
41
Ibid.
16
Données de l’exemple n° 1.
- Ces enfants résident habituellement chez leur mère qui perçoit le montant
des allocations familiales (A), soit 512 €par mois (barème de mai 2003 = 113
+ 172,89 + 225,81).
- Les ressources mensuelles nettes disponibles des parties (R) sont de 2.500 €,
qui se décomposent ainsi.
«R» = 2.500 €
- Le père héberge ses enfants 124 jours par an (ou 34% du temps). Toutefois,
compte tenu des dépenses d’habillement, de transport de santé et de frais de
scolarité qui restent à charge de la mère pendant que ses enfants sont chez leur
père, la valeur économique de la contribution directe du père pendant ces 124
jours, sera ramenée – ex æquo et bono – à 17%43.
a1 + a2 + a3
42
Ces exemples utilisent la table Renard de 1986 et la structure des budgets proposée à cette même époque. Les
travaux du Professeur Pestieau ont sans doute validé la méthode de Renard, mais les proportions de 2006 sont
différentes.
43
Dans « PCA », Renard et Wustefeld utilisent des statistiques relatives à la consommation des ménages pour
déterminer la proportion moyenne des différentes catégories de dépenses des ménages par rapport à leur
budget global (Logement:30,8%, Habillement:10,4%, Transport: 15,7%, Alimentation, soins corporels et
loisirs: 20,7% etc...). Pendant l’hébergement temporaire de ses enfants, le parent « non gardien » ne contribue
directement qu’à certaines dépenses (logement, nourriture, loisirs et soins corporels), les autres dépenses
(souvent il s’agit de celles relatives à l’habillement, à la santé et aux frais scolaires) restent exclusivement
financées par le parent chez qui les enfants résident habituellement. Le pourcentage du temps d’hébergement
doit donc être pondéré en conséquence. En l’espèce, le coefficient de pondération proposé par Renard est de
51,5%, de sorte que la contribution directe du père devrait être ramenée à 34 x 51,51% = 17,51%. Par facilité,
nous avons adopté un coefficient de pondération de 50%. Si le père avait contribué directement aux dépenses
d’habillement, de santé et de scolarité des enfants, le coefficient de pondération aurait été plus important et le
pourcentage de la contribution directe aurait été supérieur à 17,51%.
17
CR = ______________ x. (R + A)
1 + a1 + a2 + a3
Coût réel mensuel net des enfants : 1.235 – 512 = 723 €44
Dès lors, si chacun des père et mère recevait une part des allocations
familiales proportionnelle à sa contribution directe (512 €x 17% = 87 €pour le
père et 512 €x 83% = 425 €pour la mère),
44
Les allocations familiales financent une partie du coût brut de l’enfant, d’où la distinction entre coût brut et
coût net. Mais ne perdons pas de vue qu’en l’espèce, nous avons admis par hypothèse que la mère perçoit seule
les allocations familiales (ce qui est souvent le cas). Puisque les allocations familiales servent à financer le coût
brut de l’enfant, il apparaît logique que le père puisse en bénéficier aussi, à concurrence de la valeur économique
de son hébergement.
18
Soit, en l'espèce:
45
Lors du calcul du financement direct net du père, on a anticipé cette ristourne d’allocations familiales par la
mère.
46
Les résultats donnés par le logiciel « P.C.A. » sont légèrement différents, car ce programme « travaille » avec
une échelle de « coefficients ‘a’ » à quatre décimales et des valeurs de contributions directes (en %) à deux
décimales. En outre, les arrondis que nous avons pratiqués ne permettent pas des correspondances parfaites.
19
En guise de VERIFICATION :
L’on peut établir la balance des recettes et dépenses de chaque parent pour les
enfants et comparer les soldes disponibles
Père Mère
_____ _____
L’on vérifie ainsi que la proportion des soldes disponibles des époux, par
rapport au cumul desdits soldes (1.777 €) est identique à la proportion des
ressources nettes des époux par rapport au cumul de leurs ressources nettes
avant le financement du coût de leurs enfants (60% - 40%).
Données de l’exemple n° 2.
Le père perçoit 113 €d’allocations familiales pour l’aîné, tandis que la mère
continue de percevoir le solde pour les deux filles, soit 399 €(512 – 113 ).
47
Contrairement à la situation dans l’exemple précédent, le temps d’hébergement des trois enfants chez leur père
n’apparaît pas clairement. L’on pourrait dire qu’en moyenne les trois enfants passent 56% du temps chez leur
père (168 divisé par 3) Mais cette donnée n’a pas d’utilité, sauf à la comparer avec le pourcentage de valeur
économique de l’hébergement.
20
Dès lors, si chacun des père et mère recevait une part des allocations
familiales proportionnelle à sa contribution directe (512 €x 47,53% = 243 €
pour le père et le solde de 269 €pour la mère),
48
Comparer avec la valeur moyenne de l’hébergement, exprimée en temps, ci-dessus (56%)
49
Le calcul de ce financement direct anticipe la ristourne des allocations familiales qui sera examiné ci-après.
21
Soit, en l'espèce:
Mais, nous avons vu que le père ne reçoit que 113 €d’allocations familiales,
alors qu’il devrait recevoir 243 €. La mère doit donc lui ristourner 130 €.
Après compensation, il apparaît qu’en réalité, c’est la mère qui doit au père :
90 €- 130 €= - 40 €
En guise de VERIFICATION :
L’on peut établir la balance des recettes et dépenses de chaque parent pour les
enfants et comparer les soldes disponibles
Père Mère
_____ _____
22
50
Ce résultat identique est logique car, comme l’expliquait déjà le Professeur Renchon, il y a déjà près de 15 ans,
« l’attribution d’une pension alimentaire n’a pour objectif que d’assurer une répartition équitable entre les deux
époux et leurs enfants des revenus nets réels dont les époux disposent » (voy. J-L Renchon, « A la recherche de
critères de détermination du montant de la pension alimentaire au profit d’un des époux et des contributions
alimentaires au profit des enfants », in Le divorce en Belgique: controverses et perspectives, Story Scientia 1991,
p. 105, 2.). Dès lors que le coût de l’enfant est déterminé, son financement proportionnel aux ressources des
parents ne modifie pas le rapport entre leurs ressources propres et le total de ces mêmes ressources.
51
Pour une analyse plus complète de ces situations particulières, mais fréquentes, voy. J-L. Franeau, note sous
J.P. Binche, 2 octobre 2003 in R.T.D.F. 3/2004, p.714 . Les exemples ci-après sont tirés du cas d’espèce de ce
jugement de Binche du 2 octobre 2003.
52
Il convient d’avoir une vision globale de la famille recomposée. Le « coût » de chaque individu influence celui
des autres et réciproquement. Celui des enfants propres diminue inévitablement le coût de toute la famille, donc
celui des enfants communs. De même, la présence des enfants communs diminue le coût des enfants propres.
53
Voy. J.P. Tournai, 18 janvier 1995, Div.Act. 1995 p. 58. En l’occurrence, il fallait sans doute prendre en
compte l’augmentation du niveau de vie de la mère qui s’est remariée. Mais, selon nous, c’est à tort que le
23
Tout aussi inexacte est la solution qui consisterait, avant de calculer le coût
des enfants communs à proportion des facultés de leurs parents, à déduire – du
montant des ressources du parent débiteur de la contribution alimentaire – la
contribution que ce parent doit pour son enfant propre. En effet, la décision (ou
la convention) qui fixe cette contribution alimentaire pour l’enfant propre de
l’un des parents des enfants communs, n’est pas opposable à l’autre parent. Il
s’établit, sans motif légitime, une hiérarchie qui pénalise les enfants communs.
C’est alors l’enfant propre qui est considéré comme un enfant unique.
Par ailleurs, il ne nous paraît pas concevable non plus de chiffrer le coût des
enfants communs par référence aux ressources de la famille recomposée.
Comment, en effet, dans ce cas, tenir compte des disponibilités de l’autre
parent du couple séparé ?
Dans la formule de 1986, la valeur en argent du coût brut des enfants d’une
famille – qui traduit la part (en pour cent) du budget que les père et mère
peuvent consacrer aux dépenses résultant de l’application de l’article 203, § 1 er,
du Code civil – est obtenue en multipliant les ressources de la famille (revenus
nets des parents et allocations sociales de toute nature) par le coefficient de
proportionnalité, calculé sur la base de l’échelle des coefficients de coût
théorique établie par Roland Renard.
a1 + a2 + a3 +…
_______________
1 + a1 + a2 + a3 +…,
jugement ne tient pas compte de la diminution du coût de l’enfant commun Laetitia, à la suite de la présence des
enfants nés du remariage de sa mère.
54
Evidemment, nous nous situons toujours dans l’hypothèse la plus fréquente, dans laquelle les parties ne savent
pas prouver l’évaluation qu’elles font du coût des enfants concernés par le litige. C’est presque toujours le cas,
puisque ce coût est englobé dans des dépenses de nature collective qu’il est extrêmement difficile
d’individualiser. Cette difficulté est encore accrue dans les familles recomposées.
24
dans laquelle chacun des a1, a2… correspond aux coefficients d’âge de
chacun des enfants de la famille concernée.
Or, cette opération est distributive55 , de sorte que le coût brut des enfants peut
également s’exprimer par la formule a.Rp + a. (Rm + A), qui permet de
dissocier le coût des enfants par rapport aux facultés du père et à celles de la
mère, en supposant que la mère reçoive seule les allocations familiales pour les
enfants communs56. La somme des coûts dissociés donne le coût brut global
des enfants communs identique à celui obtenu par la formule générale de 1986.
Par exemple, imaginons que dans un cas d’espèce, il y ait deux filles
communes (coefficient d’âge 0,269 et 0,253) et pas d’enfant propre : les
revenus du père (Rp) sont de 2.400 €, ceux de la mère (Rm) sont de 950 €et les
allocations familiales perçues par la mère sont de 344 €. Le coût brut des deux
filles concernées se calcule comme suit :
Le coût brut des enfants est donc égal à la somme des coûts bruts dissociés
dans le chef du père et dans le chef de la mère.
a1 + a2 1 a1 a2
_________ = (a1 + a2) x ___________ = __________ + ___________
1 + a1 + a2 1 + (a1 + a2) 1 + (a1 + a2) 1 + (a1 + a2)
55
L’addition est une opération distributive, c’est-à-dire que la multiplication de la somme des termes de
l’addition par un facteur de multiplication donne un résultat équivalent à celui obtenu par la multiplication de
chacun des termes de la somme par ce même multiplicateur. Par exemple : (6 + 3 + 1) x 10 = 100 = 60 + 30 + 10
ou encore = 60 + 40 (voy. Nouveau Larousse encyclopédique, éd 1998, v° distributif).
56
Si le père reçoit une partie des allocations familiales (lorsqu’un enfant vit exclusivement chez lui), nous aurons
la formule : a . (Rp + Ap) + a . (Rm + Am).
57
Nous pensons que la précision des calculs n’exige pas que les coefficients de proportionnalité soient exprimés
par un nombre avec quatre décimales, même pour des âges intermédiaires. En utilisant un coefficient à 4
décimales de 0,3428 au lieu de 0,343, l’on obtient un coût brut global de 1266,3 €au lieu de 1267 €, soit une
différence de 0,7 €ou 0,05 %, ce qui est négligeable. Nous sommes d’avis que d’une manière générale, il est
également raisonnable d’arrondir les euros exprimés avec décimales à l’unité supérieure ou inférieure.
25
0,269 0,253
______ + _______ = 0,177 + 0,166 = 0,343
1,522 1,522
Nous savons immédiatement ce que « coûte » chacun des enfants pour chacun
des parents. Par exemple, si le père héberge complètement l’aînée (a1), sans
recevoir d’allocations familiales, nous constatons qu’il finance directement 425
€pour l’aînée.
Coeff. d’âge des enfants communs Coeff. d’âge des enfants communs
{ ______________________________ x (Rp + Ap) } + { ________________________________ }
x (Rm +Am)
1 + coeff. de ts les enfants du père 1+ coeff. de ts les enfants de la mère
S’il n’existe que des enfants communs, les dénominateurs seront identiques à
ceux de la formule de 1986, mais dans le cas de familles recomposées, les
dénominateurs ne seront pas nécessairement les mêmes. En effet, le poids des
58
Nous retrouvons bien le même chiffre que supra !
59
Pour que la formule soit la plus générale possible, nous avons considéré que le père et la mère peuvent recevoir
des allocations familiales. Il faut donc distinguer Am et Ap et les ajouter à Rm et Rp avant de multiplier par le
coefficient de proportionnalité.
26
enfants communs dans la fratrie recomposée est différent pour le père et pour la
mère, selon le nombre d’enfants propres qu’ils ont retenus.
Coût brut des enfants communs pour le père : 2.400 x 0,306 = 734 €
Coût brut des enfants communs pour la mère : (950 + 344) x 0,343 = 444 €
60
Ces exemples utilisent la table de Renard de 1985/86.
61
Nous admettrons que les allocations familiales pour Damien sont perçues par sa mère et qu’elles n’ont donc
aucune incidence en l’espèce.
62
Au lieu de 0,343. Ce coefficient 0,306 est plus petit puisque le poids des enfants communs est plus petit dans le
budget du père. La présence de Damien diminue le niveau de vie des enfants communs.
63
Pour la mère, cet enfant vient en troisième rang et le taux (au 1er juin 2003) était exactement de 204,60 €.
27
Coût brut des enfants communs pour le père : 2.400 x 0,306 = 734 €
Coût brut des enfants communs pour la mère :
(950 + 344 + 204) x 0,312 = 467 €
Le coût brut des enfants communs est légèrement plus important que dans la
situation précédente (1.178 €), car ces enfants bénéficient d’une partie des
allocations familiales de 204 €perçues par la mère pour son enfant propre de 2
ans.
Le coût global net des deux filles communes qui vivent avec leur mère, pose
le problème particulier et difficile de la détermination de la part des allocations
familiales pour l’enfant propre (204 €) dont les enfants communs profitent
nécessairement en vivant avec lui, chez leur mère commune. De même,
l’enfant propre qui vit chez sa mère avec ses deux demi-sœurs, tire un avantage
des allocations familiales perçues pour elles (344 €). Ces allocations ne sont
pas individualisées dans le budget de la mère. Nous proposons 65 d’évaluer cette
part en appliquant au total des allocations familiales perçues par la mère (344 +
204 = 548) le rapport entre le « poids » du coût des deux enfants communs dans
la fratrie (0,522) et le « poids » du coût des trois enfants vivant chez la mère
(O,674). Nous avons donc :
Cette contribution est moins élevée que dans l’exemple précédent (475 €).
Cela est normal puisque, malgré l’augmentation du coût brut des enfants, le
coût net à financer par les parents est moindre. Le montant des allocations
familiales perçues pour l’enfant propre de 2 ans augmente le coût brut des filles
aînées (puisqu’elles profitent d’une partie de ces allocations familiales perçues
par la mère avec laquelle elles vivent), mais le coût net à financer par les
64
Très logiquement, ce coefficient de proportionnalité des enfants communs est un peu plus élevé pour la mère
que celui calculé pour le père puisque l’enfant propre de la mère est plus jeune que l’enfant propre du père.
65
Il s’agit d’une première proposition que l’on pourra affiner par l’expérience des cas concrets.
66
Ce coût net à financer par les parents est moindre que dans la situation précédente (834 €) où la mère n’avait
pas d’enfant propre. En effet, comme nous l’avons dit, outre les allocations perçues pour eux-mêmes, les enfants
communs bénéficient d’une partie des allocations familiales perçues pour l’enfant propre et cette partie est
déduite de leur coût brut. En l’espèce, la différence de coût net est accentuée par le fait que le montant des
allocations familiales croît selon le rang des enfants.
28
parents a baissé, en raison de cette même part des allocations familiales dont
les aînées profitent et qui est déduite de leur coût brut.
EN GUISE DE CONCLUSIONS.
67
Mons (7 ème ch.), 13 décembre 1990, J.T. 1991, p.340
68
voy. F. Erdman et G. de Leval, « Les dialogues Justice », rapport de synthèse rédigé à la demande de Laurette
Onkelinx, Vice-Première Ministre et Ministre de la Justice, juillet 2004, pp. 219 à 222.
29
4. La méthode est efficace car elle est générale et peut s’appliquer à n’importe
quelle situation. Les résultats de la méthode montrent que la proportion du
budget familial réservée aux parents, après le financement du coût de l’enfant,
n’est pas modifiée. Si, par exemple, les revenus du père représentent 60% du
budget global de la famille disloquée avant le financement des enfants, ce père
gardera la même proportion de ses revenus après que le financement du coût de
l’enfant aura été réalisé selon la méthode. Il n’y a pas d’appauvrissement
anormal de l’un par rapport à l’autre.
69 er
Ce règlement est édicté par le Décret 484-97 du 9 avril 1997, entré en vigueur le 1 mai 1997 (Gazette
officielle du Québec, 16 avril 1997, Partie 2, n°15, p.2117).
70
Le dollar canadien vaut environ 1,56 euros
71
0,196 / 1,196 = 0,163 ou 16,3%
30
Le système des barèmes est rigide74. Il est tellement peu souple que le
règlement québécois autorise le tribunal à fixer une valeur différente de celle
du barème, « s’il l’estime approprié compte tenu de l’ensemble des
circonstances dans lesquelles l’enfant se trouve, notamment son âge… »75.
N’est-ce pas le retour à une « jurisprudence erratique » ?
Jean-Louis FRANEAU
Janvier 2007
72
0,196 + 0,181 / 1,377 = 0,273 ou 27,3%
73
0,543 / 1,543 = 0,351 ou 35,1%
74
Voy. Dominique Goubau, « L’objectivation des normes en droit familial : une mission possible » R.T.D.F.
1998, p.16.
75
Article 2 du Règlement sur la fixation des pensions alimentaires pour enfants.