Vous êtes sur la page 1sur 7

CHRISTOPH WILLIBALD GLUCK

Christoph Willibald, Ritter [chevalier] von Gluck (et non Glück) est un compositeur
bavarois d'opéra de la période classique, né à Erasbach, dans l'électorat de
Bavière, le 2 juillet 1714 et mort à Vienne, dans l'archiduché d'Autriche, le 15
novembre 1787.

Il a transformé l'opéra avec sa célèbre « réforme » visant à introduire le naturel et


la vérité dramatique, et qui a notamment occasionné la querelle des Gluckistes et
des Piccinnistes (Nicolo Piccini), sans jamais toutefois le brouiller avec qui que ce
soit. La querelle des Gluckistes et des Piccinnistes est une polémique esthétique
qui divisa le monde musical parisien entre 1775 et 1779 et qui vit s'opposer les
défenseurs de l'opéra français (Gluckistes) et les partisans de la musique italienne
(Piccinnistes). (Puis il parti à Viennes).
Il reste l'un des compositeurs les plus importants de la musique de la période
classique dans l'aire germanophone avec Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus
Mozart, Karl Ditters von Dittersdorf, Franz Krommer et Carl Philipp Emanuel Bach.
Il ouvre la porte au classicisme viennois dont il est le premier jalon significatif.

En 1717, la famille de Gluck quitte Erasbach et s'installe en Bohême, où son père


exerce la fonction de maître des Eaux et Forêts – profession traditionnellement
exercée dans la famille Gluck.

Très jeune, il montre des dispositions pour la musique. À Kreibitz, il suit ses
premières leçons de musique et apprend le violon. Son père, suivant en cela un
usage courant à l'époque, souhaite le voir choisir le même métier que lui et il
s'ingénie donc à contrarier les dispositions musicales de son fils. Le jeune Gluck
apprend alors seul la guimbarde , instrument peu bruyant et qui a donc l'avantage
de lui permettre de s'exercer en cachette. Et vers 1730, plutôt que de se
soumettre à la volonté paternelle, il décide de quitter le foyer familial et parcourt
le pays gagnant sa vie en chantant et en jouant de la guimbarde.

En 1731, Gluck s'inscrit à la faculté de philosophie de Prague. Il poursuit, sans


doute également durant cette période, sa formation musicale. En 1735 ou 1736,
aidé par la famille Lobkowitz et peut-être également par son père avec lequel il
s'est réconcilié, Gluck se rend à Vienne avec l'intention de devenir musicien. Il
entre au service du prince Lobkowitz en 1736.

Italie (1736–1745)
À Vienne, l'empereur Charles VI impose alors son goût pour l'opera seria italien,
Gluck décide donc en 1736 de se rendre en Italie afin de se perfectionner dans ce
domaine ; il y est accompagné par le prince lombard Antonio Maria Melzi, qui l'a
remarqué à Vienne. Arrivé à Milan, ce dernier décide de l'attacher à sa chapelle
privée ; il le met également en relation avec le compositeur Giovanni Battista
Sammartini sous la direction duquel Gluck acquiert de solides bases musicales.
Pourtant, alors que son mentor pratique un art essentiellement instrumental (ce
qui est somme toute rare pour un Italien de cette époque), Gluck lui, est surtout
attiré par l'art dramatique. Il fait ainsi jouer son premier opéra, Artaserse
(Artaxerxès), à Milan le 26 décembre 1741. Puis dans d'autres villes d'italie, entre
1 et 2 opéra par an.
Ces premiers ouvrages ne nous sont parvenus qu'à l'état fragmentaire. Gluck se
conforme alors à la forme conventionnelle de l'opera seria et utilise les livrets
(souvent de Métastase) alors à la mode et qui sont, suivant un usage courant à
cette époque, utilisés et réutilisés de nombreuses fois par différents compositeurs.
Gluck reste en Italie jusqu'en 1745, année de son départ pour Londres.

Londres (1745-1746)
Il arrive à Londres entre 1745 et le début de l'année 1746. Il y entre en relation
avec lord Middlesex, directeur de l'Opéra qui se trouve au vieux théâtre de
Haymarket.
Gluck donne à Londres La Caduta de' Giganti (La Chute des Géants) sous-titré La
Rebellione punita le 18 janvier 1746 dont le sujet fait allusion à la « prochaine
défaite des Écossais » – l'opéra remporte un certain succès ; puis le 31 mars 1746,
Artamene, démarqué de son Tigrane de 1743.
Lors de ce séjour anglais, il fait notamment la connaissance de Haendel, à qui l'on
chercha peut-être à l'opposer, le prince de Galles, qui protégeait l'Opéra, était en
effet en conflit avec son père le roi George II qui lui protégeait Haendel – et se lie
avec le compositeur Thomas Arne.

Tournée européenne (1746–1752)


À la fin de l'année 1746, il quitte l'Angleterre et retourne en Allemagne. Il se fait
engager dans la troupe ambulante d'opéra italien des frères Mingotti, avec
laquelle il entame une tournée européenne trois ans durant.
Il crée à Pillnitz, résidence d'été de la cour de Saxe située aux environs de Dresde,
le 29 juin 1747 Le nozze d'Ercole e d'Ebe (Le Mariage d'Hercule et d'Hébé) ; il s'y
ressent l'influence de Johann Adolph Hasse et de Niccolò Jommelli. Cet opéra
marque une étape importante dans l'évolution stylistique de Gluck. Il se distingue
en effet des précédents par une volonté marquée d'exprimer musicalement les
sentiments et les situations dans lesquelles se trouvent les personnages, et
notamment au moyen d'une nouvelle utilisation des instruments, par une
recherche d'effets pittoresques dans les passages évoquant la nature. C'est à
Dresde également que le compositeur rencontre pour la première fois le
chorégraphe français Jean-Georges Noverre avec qui il devait par la suite entamer
une fructueuse collaboration.
Vers la fin de l'année 1749, à Prague, Gluck quitte la troupe des Mingotti pour se
faire engager dans celle du nouveau directeur du théâtre de cette ville : J. B.
Locatelli. Gluck y fait représenter Ezio (carnaval de 1750) et Issipile (carnaval de
1752). Ces opéras marquent l'apogée de sa carrière italienne, hors d'Italie.
Entretemps, le 15 septembre 1750, Gluck épouse Maria Anna Pergin, âgée de dix-
huit ans et qui est la fille d'un riche négociant de Vienne. Il ne naîtra aucun enfant
de ce mariage mais ils adopteront une fille, Marianne, née en 1759 et morte
prématurément en 1776.
Gluck retourne ensuite brièvement en Italie vers la fin de l'année 1752 où il fait
jouer à Naples le 4 novembre 1752 La clemenza di Tito (en) (La Clémence de Titus)
qui connaît un grand succès.

Vienne (1752–1774)
À la fin de l'année 1752, Gluck revient à Vienne et s'y installe définitivement. Il
jouit alors d'une renommée internationale et reçoit nombre de commandes de
l'étranger. Il bénéficie en outre de la protection du prince de Saxe-Hildburghausen,
favori de l'impératrice Marie-Thérèse, qui le nomme toujours la même année,
chef de son orchestre privé ; il le nommera ensuite maître de chapelle. Il entre
également en contact avec la Cour. Au palais Rofrano, résidence du prince, il fait la
connaissance de nombreux artistes étrangers alors en vogue.
Le 24 septembre 1754, grâce à l'appui de son protecteur, est créé au château de
Schlosshof son opéra-sérénade Le Cinesi (Les Chinoises) au cours d'une fête
champêtre en l'honneur du couple impérial. L'œuvre séduit l'empereur François
Ier qui en ordonne la reprise l'année suivante au Burgtheater où elle connaît le
succès. Ce succès marque la carrière du musicien - il incite en effet le directeur du
Théâtre de la Cour Giacomo Durazzo à le nommer comme compositeur.
À partir des années 1757/1758, Gluck – à la demande de Durazzo – arrange des
comédies-vaudevilles françaises pour le théâtre de la cour. Ces ouvrages joués à
l'origine aux foires Saint-Germain et Saint-Laurent à Paris et qui sont à l'origine de
l'opéra comique, circulent en effet à Vienne où ils rencontrent les faveurs du
public. Gluck s'intéresse alors beaucoup à ce genre – il le traite librement, à la
manière française y ajoute ouverture et airs. Composa 7 oeuvres dans ce genre.
Sa dernière mais non pas moindre composition dans le genre est La Rencontre
imprévue ou Les Pèlerins de La Mecque créé le 7 janvier 1764 : cette œuvre – qui
est en fait un véritable opéra-comique – ne contient en effet plus de vaudevilles et
la musique en est donc entièrement originale. Son incursion dans le genre de
l'opéra-comique qui est un genre spécifiquement français, lui permet de se
familiariser avec la prosodie française ; son style évolue également vers plus de
simplicité et de naturel dans le but d'obtenir une expression des sentiments
toujours plus authentique : deux points dont l'importance se révélera par la suite
fondamentale.
De cette période date également la sérénade Tetide créée le 10 octobre 1760,
toujours à Vienne. C'est vers cette époque que ses amis tentent – d'abord sans
succès – de lui obtenir un poste à la cour au théâtre ; poste auquel il est
finalement nommé en 1759, avant de se voir peu après accorder une pension.
La « Réforme » (1762-1774)
Depuis plusieurs années, Gluck médite une nouvelle conception du drame.
Durazzo, en mettant le compositeur en relation avec le poète Ranieri de' Calzabigi
va largement contribuer à la concrétisation de ce projet. Le poète italien partage
en effet les idées de réformes de l'opéra soutenues à Paris notamment par les
philosophes tels que Diderot, Rousseau, Grimm ou Voltaire et encourage le
compositeur dans cette voie. Il est en outre l'auteur de plusieurs ouvrages
théoriques consacrés à l'opéra et dans lesquels, il prône notamment une «
régénérescence de l'opera seria » italien. Gluck adhère largement aux conceptions
du poète. C'est de cette collaboration que va se concrétiser une réforme radicale
de l'opéra ; il en découlera plusieurs des œuvres majeures du compositeur.
Calzabigi souhaite ainsi de l'opéra français, particulièrement l'idée d'une plus
grande fluidité entre l'air et le récitatif pour donner une plus grande continuité au
drame. Il préconise également l'introduction de grandes pages chorales ainsi que
l'emploi de la pantomime dansée, suivant les nouvelles idées chorégraphiques
théorisées par Jean-Georges Noverre ou Gasparo Angiolini. Enfin il propose de
substituer au drame métastasien généralement fondé sur une intrigue complexe,
une action qui s'appuie sur un mythe et qui est basée sur une idée morale dont le
protagoniste est le symbole vivant.
La première œuvre à naître de cette collaboration et qui marque donc le point
initial de la « réforme » est Orfeo ed Euridice créé le 5 octobre 1762 à Vienne.
Suit le 17 octobre 1761, le ballet-pantomime Don Juan ou le Festin de Pierre
également créé à Vienne et à la création duquel participe le chorégraphe Gasparo
Angiolini. Cette œuvre est le premier véritable ballet d'action dans l'histoire de la
musique.
En 1764 il donne un opéra-comique, La Rencontre imprévue, et l'année suivante
deux ballets, puis deux nouveaux opéras, également sur des livrets de Calzabigi :
Alceste (1767) et Paride ed Elena 1770. Même si, contrairement à Orfeo et
Alceste, Gluck ne jugera pas utile d'adapter cet ouvrage pour la scène parisienne,
il y puisera abondamment airs et ballets pour ses ouvrages parisiens. Par ailleurs,
l'ouverture de Paride reprend l'idée de la sinfonia à l'italienne avec ses trois
mouvements, à cette différence près que chacun d'eux s'enchaîne directement au
suivant sans transition. Gluck a ainsi pu influencer le jeune Mozart, qui, quelques
mois plus tard, allait faire créer son oratorio Betulia liberata, dont l'ouverture
reprend le même concept. Mentionnons en outre que Paride esquisse déjà l'idée
du leitmotiv, puisque la plupart des thèmes de l'ouverture sont entendus dans
l'acte final, associés chaque fois à un élément dramatique (notamment la colère
de Pallade).
Gluck est également professeur de clavecin de l’archiduchesse d’Autriche Marie-
Antoinette, future reine de France. Elle lui accordera sa protection quelques
années plus tard lorsqu’il sera à Paris.

Paris (1774–1779)
En 1774, Gluck arrive à Paris où il décide d'appliquer sa réforme à l'opéra français
et, dans la même année, donne Iphigénie en Aulide qui remporte un grand succès.
Il donne peu après une version française de Orfeo ed Euridice qui devient ainsi
Orphée et Eurydice. Puis en 1776 est créée la version française de Alceste qui à
l’instar de Orphée et Eurydice est profondément remaniée par rapport à la version
italienne originale. Ces deux opéras remportent chacun également un franc succès
mais sont aussi le point de départ d'une controverse entre les tenants de Gluck et
ceux de la musique italienne qui acceptent mal cette francisation de l’opéra
italien. Ces derniers se choisissent alors comme champion le compositeur Niccolò
Piccinni. En 1777 est créée Armide qui reprend le livret de Philippe Quinault, déjà
mis en musique en 1685 par Jean-Baptiste Lully. C’est à cette occasion qu’éclate la
querelle. Elle prend fin en 1779 avec le succès d'Iphigénie en Tauride. Mais
quelques mois plus tard, la création de Echo et Narcisse se solde par un échec.
Gluck quitte alors définitivement la capitale française.

Dernières années (1779–1787)


Affecté par cet échec, Gluck retourne à Vienne. Bien qu’admiré par ses
contemporains tels que Joseph Martin Kraus, Gluck met pourtant un terme à sa
carrière. Il révise Iphigénie en Tauride pour en donner une version allemande et
compose quelques lieder mais renonce à se rendre à Londres. Il meurt en 1787 à
Vienne.

Vous aimerez peut-être aussi