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Anomalies des pieds à la naissance

A. Badina, R. Vialle

L’examen du pied constitue une étape essentielle dans l’évaluation du nouveau-né. La plupart des ano-
malies peuvent être dépistées à l’examen clinique sans nécessiter d’investigations supplémentaires. Dans
la plupart des cas il s’agit de « malpositions » donc de déformations posturales, dues à la position fœtale
intra-utérine, en grande partie spontanément réversibles en l’absence de tout traitement. Il faut savoir
faire le diagnostic différentiel avec de réelles anomalies congénitales du pied qui nécessitent une prise en
charge spécialisée. Un examen orthopédique général doit être réalisé devant tout nouveau-né porteur
d’une anomalie des pieds. L’examen attentif des hanches est indispensable à la recherche d’une luxation
congénitale ou d’une dysplasie qui peut être associée. Enfin certaines anomalies des pieds, présentes dès
la naissance, peuvent être rencontrées dans le cas de syndromes malformatifs plus vastes ou de patho-
logies neurologiques ou musculaires. Dans tous les cas, une prise en charge précoce tant diagnostique
que thérapeutique est nécessaire.
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Mots clés : Pied ; Déformation ; Nouveau-né ; Malformation

Plan Il faut savoir faire le diagnostic différentiel entre les défor-

mations posturales qui le plus souvent ne nécessitent pas de
■ Introduction 1 traitement et les anomalies congénitales du pied qui nécessiteront
Éléments d’anatomie fonctionnelle 1 une prise en charge en milieu orthopédique spécialisé.
Mouvements normaux pour les articulations de la cheville L’examen général détaillé est essentiel pour établir la nature
et du pied 1 bénigne ou secondaire (dans le cadre des syndromes divers ou
de certaines affections neurologiques ou musculaires) de ces mal-
■ Déformations posturales 2 formations des pieds.
Pied calcanéus (ou calcanéus) 2
Métatarsus adductus (ou métatarsus varus) 2
Pied varus équin postural 3
Éléments d’anatomie fonctionnelle
■ Déformations non posturales 4
Pied bot varus équin 4 Le pied présente trois régions anatomiques (Fig. 1) :
Pied convexe congénital 5 • l’arrière-pied composé du calcanéus et du talus ;
■ Malformations et déformations des orteils 6
• le médiopied composé du naviculum, du cuboïde et des trois
Polydactylie 6
cunéiformes ;
Syndactylie 6
• l’avant-pied composé des 5 métatarsiens et des phalanges.
Quintus varus supraductus (5e orteil varus) 6
Clinodactylie 6
■
Mouvements normaux pour les articulations
Conclusion 6
de la cheville et du pied
Les mouvements du pied et de la cheville sont dits « actifs »
(faits spontanément ou sur commande) ou « passifs » (faits par
l’examinateur).
 Introduction Il faut faire la différence entre une « attitude » particulière du
membre et une « raideur ».
L’incidence des anomalies du pied à la naissance est comprise On parle d’une « attitude » (par exemple une attitude en flexion
entre 1,4 % et 4 % [1, 2] . Même si dans la plupart des cas il s’agit de ou en extension) si au repos le membre est dans cette position,
déformations bénignes, avec une évolution spontanément favo- mais lorsque les mouvements actifs (spontanés ou provoqués)
rable, elles sont source d’une grande inquiétude pour les parents dans l’autre sens sont possibles, mais d’amplitude réduite. À la
et bien souvent à l’origine d’une demande de consultation spécia- mobilisation passive l’examinateur retrouve une amplitude arti-
lisée. culaire normale.

EMC - Traité de Médecine Akos 1

Volume 7 > n◦ 2 > avril 2012
http://dx.doi.org/10.1016/S1634-6939(12)56929-2
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1 3
4
5
6
7 pied in utero est la flexion dorsale [6] . Les filles sont plus souvent
2 touchées que les garçons (1/0,6) [5] . D’autres anomalies postu-
8
9
Figure 1. Os du pied (vue supérieure). 1. Tibia ; 2. Cunéiformes ; 3.
fibula ; 4. talus ; 5. calcanéus ; 6. cuboïde ; 7. naviculaire ; 8. métatarsiens ;
9. phalanges.
Il s’agit d’une « raideur articulaire » s’il existe une limitation de
la mobilité active et passive de cette articulation.
Cela constitue la principale différence clinique entre les défor-
mations posturales, qui sont « des attitudes », réductibles en plus
grande partie, et « les malformations » du pied qui sont dans la
plupart des déformations rigides.
L’articulation de la cheville permet des mouvements de flexion
plantaire et de flexion dorsale (Fig. 2A, B).
Un pied positionné en flexion dorsale est appelé « pied calca-
néus » (ou calcanéus). Un pied positionné en flexion plantaire est
dit « pied équin ». Il peut s’agir dans les deux cas soit d’une simple
attitude soit d’une raideur.
Les mouvements du pied sont complexes :
• dans le plan horizontal : le mouvement de l’avant-pied vers
l’intérieur définit le mouvement d’adduction ; vers l’extérieur :
celui d’abduction (Fig. 2C, D). « Métatarsus adductus » ou
« métatarsus varus » signifient un avant-pied en adduction ;
• dans le plan frontal, le pied peut être en « supination » (rotation
interne) ou en « pronation » (rotation externe). Au niveau de
l’arrière-pied, la supination crée un varus du calcanéus, et la
pronation, un valgus du calcanéus.
Tous ces mouvements s’associent et donnent les mouvements
complexes d’inversion et d’éversion plantaire (Fig. 2E, F).
 Déformations posturales
Les déformations posturales sont des malpositions du pied,
des attitudes présentes à la naissance, secondaires à une posi-
tion vicieuse in utero, sans qu’il existe des anomalies congénitales
sous-jacentes. Les amplitudes articulaires à la mobilisation pas-
sive sont normales. Les déformations posturales du pied sont très
fréquentes (entre 2 % et 50 %) [2–6] .
D’autres anomalies posturales peuvent être associées : raideur
en extension au niveau du genou, bassin oblique congénital, tor-
ticolis congénital, plagiocéphalie. Deux pour cent des enfants ont
à la naissance des anomalies posturales [3] . Les enfants nés en siège
ont 10 fois plus de déformations posturales que les nouveau-nés
en présentation céphalique [4] .
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Une association significative est retrouvée entre la luxation de
hanche et certaines déformations posturales du pied (pied calca-
néus et métatarsus adductus) [1] . Un examen attentif de la hanche
et une exploration échographique s’avèrent nécessaires dans ces
deux cas [1] .
La plupart des anomalies posturales ont une évolution sponta-
nément favorable, en absence de tout traitement [2, 5] .
Pied calcanéus (ou calcanéus)
Épidémiologie
C’est une anomalie très fréquente, car la position habituelle du
rales, comme un torticolis congénital, peuvent être retrouvées à
l’examen clinique [3] .
Diagnostic
Le pied est en flexion dorsale importante, avec souvent un
contact entre le dos du pied et la face antérieure de jambe (Fig. 3).
À la déformation en calcanéus peut s’associer fréquemment une
déformation en valgus (le pied est en éversion), appelé dans ce
cas pied « talus valgus » (ou calcaneovalgus). Dans la plupart des
cas, on obtient à la mobilisation passive une correction complète
de l’attitude vicieuse (Fig. 4). Devant un nouveau-né avec un pied
calcanéus, il faudra éliminer une dysplasie de hanche. La dyspla-
sie de hanche est une pathologie fréquente dans la population
générale [5] . Elle est fréquemment retrouvée en association avec
le pied calcanéus (6,5 % des pieds talus ont une instabilité de
hanche [1] ). L’examen des hanches à la recherche d’une limitation
de l’abduction et/ou d’un ressaut, reste capital. En cas de pied cal-
canéus, une échographie est recommandée de façon systématique
vers l’âge d’un mois ou plus tôt s’il y a des signes cliniques [1] .
Diagnostic différentiel
Devant un enfant présentant un pied calcanéus, il faut faire
le diagnostic différentiel avec un pied convexe. Le pied convexe
est une anomalie très rare, rentrant parfois dans le cadre de syn-
dromes malformatifs ou d’atteintes neuromusculaires (cf. « Pied
convexe »). Le pied est globalement raide. Seul l’avant-pied est
en talus, l’arrière-pied étant en équin. La radiographie confirme
l’équin de l’arrière-pied avec une position verticale, fléchie en
avant du talus alors que le médiopied est le siège d’une luxation
dorsale du naviculum par rapport à la tête du talus. Le diagnostic
différentiel entre un pied calcanéus et un pied convexe est par-
fois difficile. Dans le pied calcanéus, l’arrière-pied reste solidaire
de l’avant pied en flexion dorsale et en flexion plantaire alors que
dans le pied convexe, il y a une désolidarisation de l’avant pied
par rapport à l’arrière-pied qui peut être constatée cliniquement
et sur les radiographies.
Traitement
Des mobilisations douces en flexion plantaire du pied par rap-
port à la jambe sont faites par les parents et la déformation se
corrige le plus souvent en 3 mois à 6 mois [5] . Dans les très rares
cas où après quelques mois de vie, les pieds ont toujours un défaut
de flexion plantaire et une attitude en valgus, un traitement par
des plâtres successifs, éventuellement associés à la kinésithérapie,
peut être envisagé.
Certains auteurs ont noté une possible évolution du pied cal-
canéus vers le pied plat de l’adolescent et de l’adulte. Une étude
prospective [2] ne retrouve aucune corrélation entre les deux ano-
malies. Dans cette étude [2] , tous les pieds talus présents à la
naissance, en absence de tout traitement, revus à l’âge de 16 ans
avaient une morphologie parfaite et une marche normale.
Métatarsus adductus (ou métatarsus varus)
Diagnostic
Il s’agit d’une anomalie fréquente. L’avant pied est en adduction
par rapport à l’arrière-pied (Fig. 4). L’arrière-pied est normal.
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Figure 2. Mouvements du pied.

A. Flexion plantaire.
B. Flexion dorsale.
C. Adduction.
D. Abduction.
E. Inversion. 1. Extension ; 2. adduction de l’avant-
pied et varus de l’arrière-pied ; 3. supination.
F. Éversion. 1. Flexion ; 2. abduction de l’avant-pied
et valgus de l’arrière-pied ; 3. pronation.

A B

C D

1 1

2
2
3 3
E F

La déformation est souvent peu importante et complètement
réductible. Dans les cas où la déformation est raide, il existe sou-
vent un pli transversal au niveau du bord interne de la plante et à
la mobilisation passive le pied ne peut pas être corrigé à la position
neutre.
Traitement
Le rôle du praticien se limite à diagnostiquer les rares formes
raides qui risquent de ne pas évoluer favorablement. Tout enfant
porteur à la naissance d’un métatarsus adductus à la naissance
doit bénéficier d’un dépistage attentif de la luxation congénitale
de hanche, par l’examen clinique et l’échographie. Quatre pour
cent des enfants présentant des pieds métatarsus adductus ont une
dysplasie de hanche concomitante [4] .

Les déformations modérées et souples évoluent très bien sans

aucun traitement [5] . Les déformations rigides ou partiellement
réductibles sont faciles à corriger avec un traitement orthopé-
dique. Celui-ci consiste à faire une série des plâtres correcteurs [7–9] .
La correction semble d’autant plus efficace que le traitement est
commencé avant l’âge de 8 mois [8] . Le recours à la chirurgie reste
exceptionnel [9] .
Comme pour le pied calcanéus, le métatarsus adductus est une
pathologie d’évolution favorable.
En absence de tout traitement, pour la plupart de patients
(87 % [2, 7] ), l’anomalie se corrige spontanément, au plus tard à l’âge
de 6 ans. Dès l’âge de 4 ans, seulement 4 % des enfants porteurs à la
naissance d’un métatarsus adductus présentent encore un défaut
résiduel mineur [2] .
Pied varus équin postural
Diagnostic
Dans cette anomalie posturale, l’arrière-pied est en varus et
l’avant pied est en adductus et inversion, mais toutes ces attitudes
sont facilement réductibles. Le pied est souple, il peut être ramené
sans difficulté à une position physiologique.
Traitement
Le pied varus équin postural se corrige spontanément dans les
premières semaines de vie [10] . Pour les formes qui ne se corrigent

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A B
Figure 4. Pied présentant un metatarsus adductus.
pas spontanément en quelques semaines, une petite série de
plâtres ou attelles de posture peut être réalisée.
Le diagnostic différentiel essentiel est le pied bot varus équin
qui est une déformation d’apparence semblable mais raide et non-
réductible.
 Déformations non posturales
Pied bot varus équin
Il s’agit d’une déformation du pied dans les trois plans de
l’espace associant un équin et un varus de l’arrière-pied, une
adduction et une supination du medio-pied et de l’avant pied.
Cette déformation est raide.
Épidémiologie
Le pied bot varus équin est une pathologie fréquente dont
la prévalence est évaluée à un cas pour 500 naissances à 1 000
naissances [5] . Les garçons sont deux fois plus fréquemment tou-
chés que les filles [10] . Dans un cas sur deux la déformation est
bilatérale.
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Figure 3. Pied calcanéovalgus.
A. Attitude spontanée.
B. Réductibilité de la déformation avec une flexion
plantaire complète.
Étiologie
On distingue deux formes de pied bot varus équin : le pied bot
varus équin idiopathique (pour lequel aucune cause particulière
n’est retrouvée) et le pied bot varus équin secondaire (associé à
d’autres anomalies malformatives ou diverses pathologies neuro-
logiques ou musculaires).
Le pied bot varus équin idiopathique est une anomalie musculo-
squelettique isolée, uni ou bilatérale et il comporte une dysplasie
localisée, de tous les tissus du pied et de la jambe. Les études
anatomopathologiques retrouvent des anomalies osseuses, liga-
mentaires, musculaires.
Bien qu’il soit connu et étudié depuis des siècles, la cause du pied
bot varus équin idiopathique reste inconnue. Une composante
génétique est certainement partiellement en cause dans cette
affection, l’existence d’autres cas familiaux étant retrouvée dans
25 % des cas [11] .
Diagnostic
Le diagnostic prénatal du pied bot peut être fait par écho-
graphie généralement à la 22e semaine de la vie intra-utérine.
La fiabilité de cet examen est d’environ 83 % avec jusqu’à 20 %
de faux-positifs [12, 13] . L’échographie permet de diagnostiquer
d’éventuelles autres anomalies associées (cérébrales, squelet-
tiques, cardiaques), ce qui oriente alors vers un pied bot secon-
daire [13] .
À la naissance, le diagnostic du pied bot est évident (Fig. 5A, B).
L’arrière-pied est positionné en équin et en varus alors que l’avant
pied est en supination et adductus. La déformation est irréduc-
tible. La grosse tubérosité du calcanéus est palpée en position
ascensionnée dans la coque talonnière en raison de l’équin.
Sur chaque bord interne et postérieur du pied on retrouve un
sillon transversal. Le galbe du mollet est moins marqué en rai-
son de l’hypotrophie des muscles de la loge postérieure de la
jambe.
Diagnostic différentiel
L’examinateur doit faire le diagnostic différentiel avec un pied
varus postural facilement réductible (cf. chapitre « Pied varus
équin postural ») et rechercher d’autres anomalies évocatrices
d’un pied bot secondaire.
Établir le caractère idiopathique de la déformation nécessite
un examen général détaillé. Des dysmorphies faciales peuvent
orienter vers certains syndromes (comme la trisomie 21, le syn-
drome de Larsen). L’absence d’une motricité active des extenseurs
des orteils doit faire penser à une origine neurologique. Des ano-
malies cutanées sur la ligne médiane en regard du rachis, une
anomalie de l’examen neurologique peuvent orienter le diagnos-
tic vers un dysraphisme spinal.
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A B
Figure 5. Pied bot varus équin bilatéral.
A. Vue antérieure. Importante supination de l’avant-pied.
B. Irréductibilité de la déformation.

D’autres anomalies squelettiques peuvent être retrouvées à

l’examen. Dans les syndromes arthrogryposiques, d’autres rai-
deurs articulaires sont retrouvées au niveau des membres
supérieurs ou inférieurs. Dans la maladie amniotique on note la
présence de brides amniotiques, de syndactylies ou d’amputations
au niveau des pieds, mais aussi des membres supérieurs.

Évaluation
Plusieurs échelles permettent d’évaluer la sévérité d’un pied
bot varus équin. La plus utilisée est celle de Dimeglio [14] , qui en
fonction de la réductibilité des principales déformations, permet
d’obtenir un score entre 0 et 20. Cette échelle est également utile
pour apprécier l’évolution en cours de traitement.
L’examen radiographique n’est pas systématique à la naissance.
Il est fait au cours du traitement si l’évolution n’est pas satisfai-
sante.
Traitement
Le traitement du pied bot est toujours initialement orthopé-
dique. L’échec du traitement orthopédique peut conduire à un
traitement chirurgical.
Deux méthodes de traitement sont actuellement pratiquées en
France et dans le reste du monde :
• la méthode fonctionnelle « French method » est axée sur la
kinésithérapie [15] . Elle consiste en une rééducation intensive
(5 séances par semaine la première année de vie) et le maintien
des pieds en position corrigée par un système d’orthèses entre
les séances de kinésithérapie. À partir de l’âge de la marche les
séances de kinésithérapie sont espacées et le maintien par des
orthèse est seulement nocturne. La section percutanée du ten-
don d’Achille peut être faite vers l’âge de 6 mois si un équin
calcanéen persiste ;
• la méthode de Ponseti est un traitement par des plâtres succes-
sifs [16]. Une série de plâtres correcteurs (5 en moyenne), changés
une fois par semaine est réalisée, permettant une correction pro-
gressive mais rapide de la déformation du pied. L’équin persiste
assez souvent et nécessite une ténotomie percutanée du tendon
d’Achille à la 6e semaine. Cette intervention doit être réalisée
sous anesthésie générale, et elle est suivie d’un dernier plâtre
pour encore 4 semaines. La réduction obtenue par les plâtres est
maintenue par la suite par un appareillage nocturne (attelles de
Dennis Brown) qui doit être porté jusqu’à l’âge de trois ans.
Figure 6. Pied convexe.
Le choix entre les deux méthodes dépend le plus souvent des
habitudes locales et de l’accès plus ou moins facile à la rééduca-
tion.
Les résultats sont comparables par ces deux méthodes pour les
pieds bots de sévérité modérée ou peu importante. Pour les pieds
sévères, la méthode de Ponseti semble donner de meilleurs résul-
tats [17, 18] .
L’échec du traitement orthopédique conduit à un traitement
chirurgical. Celui-ci est réalisé le plus souvent après l’âge de la
marche [19] .
Pied convexe congénital
Diagnostic
Il s’agit d’une pathologie rare. Il est peut être idiopathique et
isolé, mais peut être associé à d’autres anomalies dans la moi-
tié des cas. Les deux affections les plus souvent associées au pied
convexe sont le myeloméningocèle et l’arthrogrypose, mais on
peut le retrouver dans le cadre d’autres syndromes ou anomalies
d’origine chromosomiques [5] .
La plante du pied a un aspect convexe. L’arrière-pied est en
équin et l’avant pied est en flexion dorsale, avec une vraie cassure
entre les deux (Fig. 6). À la palpation la tête du talus est perçue dans

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la plante du pied. La radiographie confirme l’équin de l’arrière-
pied avec une position verticale, du talus qui est fléchi dans la
plante du pied alors que le médio-pied est le siège d’une luxa-
tion irréductible, médiotarsienne, prédominant sur l’articulation
talonaviculaire.
Traitement
Le traitement orthopédique du pied convexe est difficile surtout
si il est débuté tardivement. Le résultat en est souvent décevant.
Dans de nombreux cas un traitement chirurgical est nécessaire,
après l’âge de la marche.
 Malformations et déformations
des orteils
Polydactylie [5, 20]
Il s’agit de l’anomalie la plus fréquente au niveau des orteils
(1,7/1 000 naissances). Dans un tiers des cas il existe aussi une
polydactylie au niveau des mains. Les populations d’origine afri-
caine sont plus souvent touchées. Les formes familiales sont
fréquentes (30 %).
Quatre-vingt pour cent des polydactylies des pieds sont repré-
sentés par la duplication du cinquième orteil (appelée aussi
polydactylie postaxiale). La polydactylie est souvent une anomalie
isolée mais elle peut être associée à d’autres anomalies, notam-
ment à la duplication de l’hallux.
Selon leur forme, on peut différentier une forme A (bien consti-
tuée, articulée au reste du pied) et une forme B (rudimentaire,
souvent pédiculée).
Le traitement est chirurgical et consiste à réaliser l’amputation
de l’orteil surnuméraire avant l’âge de la marche.
Syndactylie
Les syndactylies sont des anomalies fréquentes, souvent fami-
liales, touchant le plus souvent le deuxième espace inter-digital.
Les orteils peuvent être réunis jusqu’à leur extrémité (syndactylie
complète), mais les formes incomplètes sont les plus fréquentes.
Des syndactylies complexes, associées à des polydactylies, sont
retrouvées dans certains syndromes.
Les syndactylies d’orteils n’entraînent bien souvent aucune
gêne fonctionnelle. La séparation des orteils n’est pas
recommandée dans un but purement esthétique car les cicatrices
peuvent être disgracieuses [5] .
e
Quintus varus supraductus (5 orteil varus)
Le cinquième orteil est en adduction et flexion dorsale, et il
chevauche le quatrième (Fig. 7). Il peut être uni ou bilatéral.
Peu gênant dans la petite enfance, il peut devenir gênant pour le
chaussage vers l’adolescence ; un traitement chirurgical peut alors
être proposé.
Clinodactylie [5, 21, 22]
La clinodactylie est une inclinaison latérale d’un orteil (en varus
ou en valgus). Le troisième ou le quatrième orteil (les plus souvent
touchés) sont en flexion et inclinaison médiale, et se positionnent
en position plantaire, sous l’orteil adjacent. La cause est représen-
tée par une brièveté du tendon fléchisseur.
L’affection est souvent bilatérale et souvent de transmission
familiale. Dans environ un quart des cas la déformation se cor-
rige spontanément. De petites orthèses en syndactylie peuvent
améliorer temporairement la déformation mais la récidive est fré-
quente après l’arrêt de l’orthèse. Le traitement chirurgical se fait
vers l’âge de 6 ans pour les formes persistantes et consiste en une
ténotomie des fléchisseurs de l’orteil.
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Figure 7. Quintus varus supraductus.
 Conclusion
Le clinicien, qu’il soit pédiatre, médecin généraliste ou chirur-
gien orthopédiste, doit connaître et reconnaître les différentes
anomalies des pieds et faire le diagnostic différentiel entre les
déformations posturales et d’éventuelles malformations congéni-
tales. Les anomalies des pieds peuvent être associées à d’autres
malformations, orientant alors vers certains syndromes ou ano-
malies chromosomiques.
Pour la plupart des déformations posturales, aucun traitement
n’est nécessaire et l’attitude sera de rassurer les parents. Ces ano-
malies auront une évolution rapidement favorable, parfois même
en l’absence de traitement. Très rarement un traitement peut
être préconisé comme pour certaines formes raides de métatarsus
adductus.
La luxation congénitale de hanche est souvent associée au pied
calcanéus et au métatarsus adductus. Son diagnostic précoce (cli-
nique et échographique) est essentiel.
Certaines anomalies et malformations congénitales (pied bot
varus équin, pied convexe, certaines déformations des orteils)
nécessitent une prise en charge orthopédique.
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treatment. Lancet 1958;2:398–400.

A. Badina, Chef de clinique, assistant.

R. Vialle, Professeur des universités, praticien hospitalier (raphael.vialle@trs.aphp.fr).
Université Pierre-et-Marie-Curie Paris 6, Service de chirurgie orthopédique et réparatrice de l’enfant, Hôpital Armand Trousseau, 26, avenue du Dr-Arnold-
Netter, 75571 Paris cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Badina A, Vialle R. Anomalies des pieds à la naissance. EMC - Traité de Médecine Akos 2012;7(2):1-7
[Article 8-0407].

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Arthrogrypose. Membres inférieurs : pieds bots varus équin bilatéral ; recurvatum des genoux.
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Polydactylie postaxiale type A.
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Syndactylie incomplète du deuxième espace.
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Clinodactylie du troisième orteil.
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Pied varus équin postural.
a. Attitude spontanée en varus équin (inversion).
b. Étude de la mobilité active (réduction active de la déformation à la position neutre). Bon tonus des tendons extenseurs des
orteils.
c. Étude de la mobilité passive (flexion dorsale complète).
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Pied bot varus équin bilatéral. Vue postérieure. Varus et équin du calcanéus ; adduction de l'avant-pied.
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