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CLINIQUE
PEDIATRIQUE
Ce guide cible les aspects cliniques des maladies pédiatriques les plus courantes et leur prise en
charge dans un contexte subsaharien. Ces prises en charge sont basées sur l’évidence et prennent en
considération les limites inhérentes aux contextes des terrains MSF, en termes de laboratoire et de
possibilité de surveillance comme en termes de disponibilité des médicaments et des équipements.
Dans certains projets il peut être nécessaire d’adapter les recommandations à certains protocoles
nationaux ou à des situations spécifiques (comme des urgences). S’il vous plait, discutez de ces
adaptations avec vos coordinateurs médicaux, polyvalents médicaux, «medical team leader» et vos
référents pédiatriques (basés au siège) respectifs avant d’agir.
Enfin, ce guide clinique pédiatrique doit être utilisé avec les autres guides MSF. En effet, il ne couvre
pas les soins aux nouveau-nés (≤ 28 jours) qui sont traités dans le guide Soins néonataux essentiels
(toutes les exceptions à cette limite des 28 jours sont explicitées dans les chapitres concernés). De
même, ce guide ne donne pas de guidances précises sur le VIH pédiatrique, la tuberculose ou la prise
en charge de la malnutrition puisqu’il existe des guides MSF dédiés à ces sujets.
Cet ouvrage exigera certainement de nouvelles éditions. Déjà, les changements présents dans cette
révision de la première édition illustrent le désir d’harmoniser nos pratiques avec les
recommandations de l’OMS, comme vous pourrez le constater dans la section dévolue au triage, à
l’oxygène et à l’humidification de l’oxygène. Ceci est particulièrement notable dans la révision en
profondeur des sections sur le choc et la déshydratation.
Nous avons ajouté une liste des abréviations et retiré la section sur les valeurs de laboratoires étant
donné que la disponibilité des tests ainsi que les valeurs de références peuvent varier en fonction
des terrains. C’est également le cas des formulaires PEWS qui doivent être adaptés aux besoins
locaux.
Nous souhaitons vivement que ce guide soit pour vous un outil utile et précieux. Nous avons porté
une attention toute particulière afin d’en éliminer toute erreur et nous vous encourageons à
partager vos feedbacks et suggestions pour son amélioration. À cette fin, merci d’envoyer vos
remarques à vos équipes respectives référentes en pédiatrie.
Remerciements
Ce guide clinique est le fruit d’une collaboration entre de nombreux intervenants. Parmi eux, nous
tenons à remercier particulièrement :
• Marianne Sutton qui a écrit la première version du guide
• David Green qui a coordonné la révision de cette édition
• Belen Caminoa, Marie Clarisse, Anthony Flynn, Magdalena Goyheneix, Kerstin Hanson,
Laurent Hiffler, Isabelle Lessard, Daniel Martinez, Marco Olla, Roberta Petrucci, Nicolas
Peyraud et Anne Pittet qui ont tous activement contribué au contenu de ce document en
corrigeant les épreuves, en ajoutant et en révisant des chapitres
• Les membres de l’équipe pédiatrique de MSF
• Les agents de terrain (médecins, cliniciens et infirmières) pour leurs commentaires
Nous voulons également remercier les supporters innombrables de ce projet, que nous ne pouvons
malheureusement pas tous nommer ici.
Afin d’assurer la cohérence du contenu de ce guide, les illustrations ont été redessinées par Anthony
Calvert. Ce dernier a travaillé à partir de matériel collecté principalement auprès de l'OMS, Soins
hospitaliers pédiatriques, des publications de MSF et des images fournies par David Watson. Nous
remercions l'OMS et David Watson de nous permettre d'utiliser leurs documents.
Les photographies ont été prises et sont utilisées avec le consentement des patients et/ou de leurs
parents.
Sommaire
1. EXAMENS CLINIQUES ET SIGNES VITAUX ..................................................................................................... 3
2.1. PROTOCOLE DE TRIAGE AVEC EVALUATION DES SIGNES D'URGENCE VITALE (ABCDE) ET DES SIGNES DE PRIORITE ............... 20
2.2. APPROCHE SYSTEMATIQUE DE L’ENFANT SEVEREMENT MALADE ............................................................................... 25
2.3. SYSTEME D’ALERTE PRECOCE EN PEDIATRIE (SAPP) ............................................................................................... 42
6. NUTRITION ENTERALE DES ENFANTS NON MAS (CAS NON CHIRURGICAL) ............................................... 239
6.1. NUTRITION ENTERALE PAR SONDE NASOGASTRIQUE (CAS NON CHIRURGICAUX) ......................................................... 240
7. ADMINISTRATION DES MEDICAMENTS, DES FLUIDES ET DES ELECTROLYTES ........................................... 243
1
Sommaire
2
1. Examens cliniques et signes vitaux
3
1. Examens cliniques et signes vitaux
La prise des constantes appropriées doit être fréquente et régulière durant le séjour de l’enfant au
service des urgences. Les données doivent être documentées sur une feuille de surveillance
spécifique.
Surveillance standard
La surveillance commune à tous les enfants au service des urgences ou dans les services
d’hospitalisation inclut le suivi des constantes suivantes :
• Pouls (P)
• Fréquence respiratoire (FR)
• Saturation en oxygène (SpO2)
• Temps de recoloration cutanée (TRC)
• Température (T)
• Etat de conscience (échelle AVPU)
Surveillance spécifique
Dans des contextes médicaux particuliers, une surveillance spécifique doit être réalisée avec les
examens suivants:
• Échelle de coma de Blantyre ou échelle de Glasgow (enfant avec altération de l’état de
conscience)
• Échelle d’évaluation de la douleur (enfant hospitalisé et/ou douloureux : brulures, traumas,
drépanocytose, etc.)
• Pression artérielle systolique (état de choc, déshydratation sévère, etc.)
Fréquence de la surveillance
La fréquence de la surveillance dépend de la sévérité des cas et doit être prescrite par le médecin.
Toute surveillance spécifique supplémentaire doit également être prescrite par le médecin.
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1.1. Signes vitaux pédiatriques
Surveillance standard
Fréquence cardiaque
La fréquence cardiaque est obtenue par pression tactile au niveau du poignet (radial), du bras
(brachial) ou l'aine (fémoral) ou encore en auscultant la poitrine à l’aide d’un stéthoscope. À la
palpation du pouls, évaluer également la qualité (fort ou faible, filant) des pouls distaux (radial au
poignet, brachial au coude, pédieux au pied) par rapport aux pouls centraux (carotide au cou,
fémoral à l’aine, fémorales).
Bradycardie : Un pouls ralenti peut être un signe d’hypoxémie (taux faible d’oxygène), de sepsis, de
pathologie cardiaque, d’acidose métabolique ou d’hypertension intracrânienne sévère et de phase
avancée d’état de choc.
Tachycardie : Un rythme cardiaque accéléré peut être le signe d’une douleur, d’un sepsis, de
déshydratation, d’anémie, d’un état de choc, de toxicité médicamenteuse, d’hypoglycémie ou
encore de problèmes endocriniens.
Fréquence respiratoire
La fréquence respiratoire (FR) est le nombre de respirations par minute. Elle est obtenue en
observant et comptant les mouvements de la cage thoracique ou de l’abdomen.
Respiration ralentie (bradypnée) : Une respiration ralentie peut-être un signe d’ingestion toxique ou
d’arrêt respiratoire imminent.
Respiration rapide (tachypnée) : Une respiration rapide peut être le signe d’une fièvre, d’un sepsis,
d’une pneumonie, de déshydratation, d’un état de choc ou encore de douleur.
Respiration profonde (dyspnée de Küssmaul) : Une respiration profonde peut être le signe d’une
acidose métabolique.
Tableau 1.1.1. Fréquence cardiaque (FC) et fréquence respiratoire (FR) normales selon l’âge
FC FR
Âge (battements/mn) (respirations/mn)
Tachycardie Bradycardie Bradypnée Tachypnée
< 2 mois >160 <100 <30 >60
2 à 12 mois >160 <90 <30 >50
>12 mois à 5 ans >140 <80 <25 >40
>5 à 12 ans >120 <70 <20 >30
> 12 ans >100 <60 <14 >20
L’oxymétrie de pouls est une méthode non invasive utilisée pour estimer le pourcentage
d’hémoglobine saturée en oxygène au moment de la mesure (SpO2). L’hypoxémie (SpO₂ < 94%) peut
être un signe de pathologie pulmonaire ou cardiaque, de sepsis, ou de choc.
5
1. Examens cliniques et signes vitaux
Si un capteur d’oxymètre ne parvient pas à détecter le pouls plusieurs causes sont possibles :
• Le pouls périphérique n’est pas palpable : Essayer un autre membre ou encore le lobe de
l’oreille
• L’extrémité est froide : Vérifier la présence ou non d’autres signes du choc et traiter le choc
si présent, sinon réchauffer la main ou le pied avant de replacer le capteur.
• Une lumière excessive peut interférer avec la lumière du capteur : Repositionner le capteur
ou le couvrir à l’aide d’une couverture ou d’une serviette.
• Un artefact dû au mouvement.
Le TRC est la vitesse à laquelle le sang remplit les vaisseaux capillaires vides, Il traduit la capacité du
système circulatoire à remplir les petits vaisseaux de sang. Le test TRC est pratiqué de préférence
dans un environnement à température ambiante. Un environnement froid peut engendrer une
vasoconstriction périphérique et perturber le résultat du TRC.
Le TRC est le même chez les adultes et les enfants. TRC prit au niveau du doigt ≥2 secondes est
considéré comme allongé. Un temps de recoloration (TRC) allongé peut-être un signe de
déshydratation, d’hypothermie ou de choc.
Température (T°)
La température doit être prise sous le bras (axillaire) ou dans l’oreille (auriculaire). Utiliser des
thermomètres appropriés en fonction du site de prise de température. Quelle que soit la méthode
utilisée pour la prise de température, documenter la température relevée (ne pas ajouter ou
soustraire ° en fonction du site). La mesure de la température se fait en degrés Celsius (°C).
Une fièvre (T° >38°C) peut être le signe d’un paludisme, d’une infection virale ou bactérienne,
notamment un sepsis, ou d'une ingestion toxique. Une hypothermie (T° <35 °C) se présente
fréquemment chez les nouveau-nés et peut être un signe de sepsis.
Niveau de conscience
Une altération de l’état de conscience chez l’enfant peut être un signe de choc, d’une augmentation
de la pression intracrânienne, d’une intoxication, d’une déshydratation sévère, d’un état
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1.1. Signes vitaux pédiatriques
postcritique ou d’un sepsis. Le niveau de conscience chez les enfants peut être évalué selon trois
échelles : AVPU (le plus rapide) ; échelle de coma de Blantyre; échelle de coma de Glasgow.
L’échelle de coma de Blantyre est à utiliser pour le suivi et la surveillance des patients hospitalisés.
• Le mouvement des yeux : Ce signe peut être observé uniquement chez les enfants
suffisamment alertes pour ouvrir les yeux. Diriger une lumière vive vers les yeux ou utiliser
une menace virtuelle pour déterminer si l’enfant peut voir ou non. S'il est capable de fermer
les yeux pour éviter une lumière vive, ou de cligner des yeux en réponse à une menace,
proposer à l’enfant une cible mobile, tel que le visage de la personne qui réalise l’examen,
pour vérifier si l’enfant peut suivre un objet mobile. Les enfants qui sont capables de suivre
un objet mobile obtiennent un score de 1 ; ceux qui n'en sont pas capables obtiennent 0.
• La réponse motrice : La première étape est d’appliquer une forte pression à la base d’un
ongle et d'observer la réponse de l’enfant. Si aucune réponse n’est observée ou si l’enfant
étend son bras, le score pour la réponse motrice est de 0. Si l’enfant retire son bras, une
7
1. Examens cliniques et signes vitaux
L’échelle de coma de Glasgow pédiatrique et adulte peut être utilisée chez les adultes et chez les
enfants. Cette échelle de coma de Glasgow est à utiliser dans des environnements de soins plus
avancée. Le score de Glasgow correspond au score pour l’ouverture des yeux (de 1 à 4) + le score
pour la réponse verbale et non verbale (de 1 à 5) + le score pour la réponse motrice (de 1 à 6).
Tableau 1.1.5. Échelle de coma de Glasgow pour les enfants <2 ans
1 2 3 4 5 6
8
1.1. Signes vitaux pédiatriques
Tableau 1.1.6. Échelle de coma de Glasgow pour les enfants >2 ans
1 2 3 4 5 6
Nulle Ouverture Ouverture des Ouverture des
Ouverture des yeux en yeux à la yeux spontanée
des yeux réponse à la demande
douleur
Nulle Incompré- Inappropriée Confuse/ Orientée,
Réponse
hensible Désorientée réponse
verbale
normale
Nulle Extension Flexion Flexion/ Orientée Répond aux
Réponse stéréotypée stéréotypée Évitement à la à la ordres
motrice (rigidité (rigidité de douleur douleur
décérébrée) décortication)
Il n’y pas d’échelle d’évaluation de la douleur standardisée qui puisse être utilisée pour tous les âges
et dans toutes les circonstances. L’échelle Évendol est validée pour mesurer la douleur aiguë et
chronique chez les enfants de 3 mois à 7 ans. Au-delà de 5 ans, l’auto-évaluation de la douleur est
préférable si l’enfant en a la capacité.
Pour approfondir cette question des différentes échelles de la douleur, évaluation et traitement, cf
Chapitre 4.
Il existe différentes tailles de brassard pour mesurer la pression artérielle (PA) selon que le patient
est un adulte, un enfant ou un nourrisson. Un brassard trop petit peut donner une mesure
faussement élevée, alors qu’un brassard trop grand peut donner une mesure faussement basse. La
taille correcte du brassard dépend de la taille du bras. Cette dernière correspond au brassard le plus
large qui pourra aller sur la partie supérieure du bras, avec une place suffisante pour placer en
dessous la tête du stéthoscope. La PA doit être mesurée sur le bras droit de l’enfant, assis ou
allongé, et calme.
La pression artérielle systolique (PAS) peut également être mesurée par palpation du pouls radial ou
brachial. La pression artérielle systolique basse (hypotension) peut être un signe de pathologie
cardiaque, de choc, de déshydratation ou encore de sepsis.
9
1. Examens cliniques et signes vitaux
1 à 2 mois ≥50
>2 à 11 mois ≥60
1 à 5 ans ≥70
>5 à 12 ans ≥80
>12 ans >90
* Seule la valeur normale basse de la PAS selon l’âge est renseignée car l’hypertension n’est pas une
urgence souvent rencontrée chez les enfants.
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1.2. Interrogatoire pédiatrique et examen clinique
L’interrogatoire pédiatrique
Faire une brève description du problème principal (incluant sa durée) qui a amené la famille à consulter.
La revue systématique est généralement très abrégée chez les nouveau-nés et les jeunes enfants.
Elle concerne les éléments suivants :
• Poids : Changement récent
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1. Examens cliniques et signes vitaux
V. Antécédents familiaux
Il s’agit de répertorier les antécédents familiaux en lien avec la pathologie actuelle tels que
tuberculose, maladies chroniques, parents et fratrie vivante et si non cause et âge du décès.
Déroulement de l’examen
• Ne pas toucher l’enfant, mais se tenir devant lui et l’observer. Dans un premier temps
collecter autant d’informations que possible par simple observation : noter la position de
l’enfant
• Installer l’enfant sur les genoux du parent plutôt que sur la table d’examen
• Rester autant que possible à la hauteur de l’enfant
• S’assurer que mains et stéthoscope sont suffisamment chauds.
• Poursuivre ensuite l’examen en respectant l’ordre suivant :
1. Observer et noter l’impression générale
2. Placer le stéthoscope sur la jambe de l’enfant et doucement remonter jusqu’à écouter
sa poitrine sans inquiéter l’enfant (écouter la poitrine du parent en premier pour
montrer à l’enfant que c’est indolore)
3. Palper l’abdomen
4. Inspecter les membres
5. Examiner les oreilles et la bouche (le plus invasif à la fin)
6. S'il est nécessaire d’observer la démarche, saisir l’enfant et le porter à quelques mètres
de son parent : l’enfant va courir/marcher vers son parent
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1.2. Interrogatoire pédiatrique et examen clinique
IV. La tête
V. Les yeux
L’aspect général des yeux autant que leurs réactions sont importants :
• Etat général : Xérophtalmie? Mouvements appropriés (suit du regard?)
13
1. Examens cliniques et signes vitaux
VII. Le nez
Noter tout écoulement (couleur, odeur, etc.)
IX. Le cou
Noter l’apparence générale. S’attacher à la présence ou l’absence de raideur de nuque
X. Poumons et thorax
Inspecter :
• Le rythme respiratoire (l’enfant respire-t-il facilement ou a-t-il l’air de lutter pour respirer?):
− La respiration abdominale est normale chez le jeune enfant
− La respiration périodique est normale chez le nouveau-né (pause < 15 secondes)
• La fréquence respiratoire (cf Chapitre 1.1.)
• L’utilisation des muscles respiratoires accessoires (tirage):
− Localisation du tirage (dépression inspiratoire), sévérité
− Battements des ailes du nez
Ausculter :
• Les bruits respiratoires symétriques
• Les râles, sifflements (wheezing), ronchis
• Les bruits des voies respiratoires supérieures
• L’égophonie (résonance de la voix à l’auscultation)
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1.2. Interrogatoire pédiatrique et examen clinique
Faire asseoir l’enfant et faire une percussion sur son dos est le meilleur moyen pour détecter un empyème.
XI. Cardiovasculaire
Auscultation
Écouter le cœur et noter le rythme cardiaque et toutes les anomalies détectées :
• Troubles du rythme cardiaque
• Souffles ou murmures
• Anomalies de la qualité des bruits cardiaques (des bruits très faibles peuvent indiquer un
épanchement péricardique)
Pouls
Vérifier le pouls en divers sites, évaluer la qualité (faible/fort) aux extrémités inférieures et
supérieures
XII. Abdomen
XIII. Musculo-squelettique
Effectuer l’examen musculo-squelettique seulement si c’est un élément significatif dans l’historique.
Dans ce cas, observer :
• Le dos : Cyphose, lordose ou scoliose
• Les articulations (mobilité, stabilité, douleur, gonflement)
• Les muscles
• Pour les extrémités, relever :
- Les difformités
- Les assymétries
- La présence d’œdème
- Toute déformation congénitale
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1. Examens cliniques et signes vitaux
• La démarche (si possible toujours faire marcher l’enfant car un enfant sévèrement malade
ne peut pas marcher)
• Toute claudication
XIV. Neurologique
Réaliser un examen neurologique minimal pour tous les enfants. La plus grande partie de
l'examen neurologique peut être réalisée par l’observation seule : Comment semble
l’enfant ? Éveillé ? Content ? Intéressé par son entourage ? Somnolent ? Faible ? Fatigué ?
Extrêmement fatigué ? Regardant dans le vague et trop malade pour interagir ?
La partie plus importante de l’examen concerne le tonus et la force musculaire. Si l’enfant est alité,
le prendre doucement par les bras, et si l’enfant est âgé de plus de 6 mois, essayer de le faire assoir.
Est-ce que sa tête se redresse ? L’enfant est-il trop fatigué pour s’assoir ? Est-il raide ? Lutte-t-il
contre l’examinateur à cause de la douleur ? Est-il incapable de tenir sa tête en raison de la maladie
ou la faiblesse ?
16
1.2. Interrogatoire pédiatrique et examen clinique
Système moteur
Pour contrôler le système moteur, tester la force de l’enfant en lui demandant de pousser et tirer la
personne pratiquant l’examen avec ses bras et ses jambes et noter les tremblements, faiblesses et
asymétries.
Sensation
Tester la sensation en vérifiant que l’enfant ressent un toucher léger, le froid et le chaud sur les
différentes parties du corps (si l’enfant est assez âgé pour coopérer).
Réflexes
Tester le réflexe rotulien de l’enfant en heurtant le tendon rotulien avec un marteau réflexe.
Demander à l’enfant de marcher, de se tenir debout sur une jambe. Noter toute anomalie constatée.
Les examens rectal et pelvien ne doivent pas être réalisés de manière systématique. Ils ne sont
nécessaires que si les indications recueillis aux examens précédents suggèrent la nécessité de les
pratiquer.
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1. Examens cliniques et signes vitaux
18
2. Triage et approche systématique
2.1. Protocole de triage incluant l'évaluation des signes d'urgence vitale (ABCDE) et des
signes de priorité 20
19
2. Triage et approche systématique
Rouge : Les signes d’urgence vitale L’enfant est immédiatement admis dans la zone de soins
sont présents pour être stabilisé et traité par le médecin.
L’enfant doit être placé en priorité dans la file d’attente
afin de pouvoir être admis dans la zone de soins après les
Jaune : Les signes urgents/de priorité
cas classés rouges.
sont présents, absence de signe
L’enfant peut attendre jusqu’à 1 heure.
d’urgence vitale
L’enfant doit être réévalué toutes les 20 minutes pour
s’assurer qu’il n’entre pas dans la catégorie rouge.
L’enfant est admis dans la zone de soins après tout cas
Vert : Les signes d’urgence vitale ou de rouge ou jaune, et peut attendre jusqu’à 4 heures.
priorité ne sont pas présents ; Non L’enfant doit être réévalué toutes les 60 minutes afin de
urgent s’assurer qu’il n’entre pas dans les catégories rouge ou
jaune.
Évaluation et catégorisation
La première étape du triage est d’évaluer l’enfant afin de déterminer si elle ou il présente des signes
d’urgence vitale qui requiert une attention immédiate. L’évaluation initiale rapide de l’enfant
implique la prise des constantes vitales (Température, FC, FR, TRC et saturation en oxygène mesurée
par oxymétrie de pouls → SpO₂) et la création d’un dossier médical personnalisé au nom du patient
(pour anamnèse et examen clinique) Selon le contexte, la prise des constantes peut être réalisée
dans la zone du triage ou, au besoin, dans les zones jaune ou rouge.
Réaliser un examen rapide. Détecter les urgences vitales et les signes de priorité
20
2.1. Protocole de triage
Airways (A) (Voies Aériennes Supérieures) Prise en charge des Voies Aériennes Supérieures
Obstruction partielle ou totale des VAS • Maintenir ou libérer les VAS
Les signes suivants indiquent une possible • Envisager l’usage d’une canule oropharyngée
obstruction des voies aériennes supérieure : en cas d’obstruction significative des VAS et
• Accroissement de l’effort respiratoire avec d’altération de la conscience
rétractions • Si besoin aspiration
• Bruits inspiratoires anormaux (ronflements • Retirer tout corps étranger visible
ou stridor) (Voir Chapitre 2.2 pour les informations relatives à la
• Épisodes d’absence de bruits respiratoires ou prise en charge des VAS)
d’air malgré les efforts respiratoires
Breathing (B) (Respiration) Prise en charge de la Respiration
Absence de respiration ou respiration laborieuse • Oxygénothérapie si SpO2 <94%
Cyanose (lèvres, langues et extrémités des doigts • Débuter la ventilation en fonction des besoins
bleus. A noter que si l’enfant est anémié il peut • Administration d’aérosol médicamenteux si
souffrir d’hypoxie sans être cyanosé) besoin
Détresse respiratoire sévère avec un des signes • Si suspicion de pneumothorax, pratiquer une
suivants : immédiate décompression (Voir le chapitre
• Battement des ailes du nez 8.6)
• Position anormale
• Tirage
• Respiration abdominale
• Geignements ou râles
Circulation (C) Prise en charge de la Circulation
Les 3 critères du choc sont présents : • Arrêter tout saignement
• Extrémités froides • Oxygénothérapie
• Pouls faible ou accéléré (ou ralenti) • Assurer un accès vasculaire (IV/IO)
• TRC > 3 secondes • Suivre les protocoles spécifiques au choc ou à
2 ou plus des critères de déshydratation sévère la déshydratation sévère
suivants sont présents (dans un contexte de perte
hydrique) :
• Léthargie ou inconscience
• Globe oculaire enfoncé
• Incapacité à boire, ou boit très peu
• Persistance prolongée du pli cutanée (≥ 2 s)
21
2. Triage et approche systématique
Note : Notre ABCD est différent que celui de l’OMS qui se compose de Airway, Breathing, Circulation,
puis un second C pour « Coma, convulsions, confusion », et enfin un « D » pour Déshydratation
(sévère).
L’attention à un signe supplémentaire d’urgence, l’exposition (E), est parfois ajouté à l’évaluation
initiale (ABCDE).
22
2.1. Protocole de triage
Aire de triage
Personnel
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2. Triage et approche systématique
Matériel
Feuilles de comptage
Balance
Thermomètre, stéthoscope, montre chrono, etc. pour prise des constantes vitales
Pieds à perfusion
Après avoir été vu par l’infirmier de triage, chaque enfant reçoit une carte de triage correspondant à
une catégorie rouge, jaune ou verte comme décrit ci-dessus.
ATTENTION
24
2.2. Approche systématique de l’enfant sévèrement malade
25
2. Triage et approche systématique
L’objectif de l’impression initiale est d’identifier rapidement des situations d’urgence vitale et de
débuter immédiatement les soins de réanimation. Elle doit être réalisée dans les premières
secondes avant même de toucher l’enfant. Elle permet d’évaluer :
• L’état de conscience (conscient ou inconscient)
• La ventilation (pas de ventilation, ventilation avec ou sans difficultés respiratoires)
• La couleur (cyanose, pâleur, perfusion périphérique, saignement)
L’action immédiate répond à la question : L’enfant est-il inconscient sans respiration ou avec un
gasping (respiration inefficace)?
• Si oui → Débuter la réanimation cardio-respiratoire (RCP) (cf Algorithme 2.2.1)
• Si non → Poursuivre la séquence Évaluer – Identifier – Intervenir
Évaluation initiale
L’évaluation initiale est basée sur la méthodologie ABCDE (voir chapitre 2.1), une approche rapide
pour évaluer les fonctions respiratoire, circulatoire et neurologique. Cette étape comprend
l’évaluation des signes vitaux et de l’oxymétrie de pouls. L’objectif est de rétablir les fonctions vitales
(respiratoire, circulatoire et neurologique) et de stabiliser le patient.
Si une obstruction des voies aériennes est présente, décider si celles-ci peuvent être maintenues
libres ou non, selon les critères suivants :
• Libres : Les voies aériennes sont ouvertes et non obstruées permettant une respiration
normale.
• Maintenables : Les voies aériennes sont obstruées mais peuvent être ouvertes (maintenues)
par des mesures simples (ex: coma, obstruction partielle des voies aériennes supérieures,
etc.)
• Non maintenables : Les voies aériennes sont obstruées et ne peuvent être maintenues sans
des interventions avancées (obstruction complète des voies aériennes supérieures).
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2.2. Approche systématique de l’enfant sévèrement malade
Si vous estimez que les voies aériennes sont obstruées, il est nécessaire de déterminer où se situe
l’obstruction. Les signes indiquant une obstruction sont :
• Une augmentation de l’effort inspiratoire avec tirage
• Des bruits inspiratoires anormaux (ronflement ou stridor)
• Une diminution des mouvements d’air, en dépit d’une augmentation de l’effort inspiratoire
Une position neutre chez les nourrissons (moins de 1 an) et une légère extension de la tête (position
de reniflement) pour les enfants plus âgés (1 an révolu) est recommandé.
Placer l’enfant en décubitus dorsal. Fléchissez le cou de l'enfant vers l'avant au niveau des épaules
tout en inclinant la tête et en soulevant le menton. Placez l'ouverture du canal auditif externe au
niveau, ou devant, de la face antérieure de l'épaule tandis que la tête est en extension. Évitez l'hyper
extension du cou, celle-ci pouvant obstruer les voies respiratoires.
27
2. Triage et approche systématique
Pour libérer l’obstruction des voies aériennes supérieures, le praticien utilise ses deux mains pour
obtenir une extension du cou du patient. Alors qu’une main exerce une pression vers le bas sur le
front du patient, les extrémités de l’index et du majeur de la seconde main soulèvent la mandibule
au niveau du menton, entrainant le décollement de la langue du pharynx postérieur. La manœuvre
inclinaison de la tête-soulèvement du menton peut être utilisée chez tous les patients pour lesquels
une atteinte du rachis cervical n’est pas suspectée.
Aspiration
Ne jamais pratiquer une aspiration profonde. L’aspiration chez l’enfant peut provoquer un
laryngospasme ou une apnée.
28
2.2. Approche systématique de l’enfant sévèrement malade
Canulation
Une canule oropharyngée (de type Guedel ou Mayo) peut être utilisée chez l’enfant inconscient pour
repousser la langue et les tissus pharyngés mous du pharynx postérieur et maintenir ainsi libres les
voies aériennes
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2. Triage et approche systématique
Nature Sévérité
• Obstruction des VAS (croup, corps étranger) • Détresse respiratoire modérée
• Obstruction des VAI (asthme, bronchiolite) • Détresse respiratoire sévère
• Affection du poumon (pneumonie)
• Trouble du contrôle de la respiration
(empoisonnement, trauma)
La détresse respiratoire sévère est définie par un ou plusieurs des signes de détresse suivants :
30
2.2. Approche systématique de l’enfant sévèrement malade
L’objectif premier de la prise en charge d’un enfant présentant une détresse respiratoire modérée
ou sévère est d'assurer ou de rétablir une oxygénation et une ventilation adéquates en menant les
actions suivantes :
• Libération des voies aériennes
• Oxygénothérapie si besoin
• Assistance ventilatoire avec masque à haute concentration si besoin
• Traitement médicamenteux adapté (salbutamol, adrénaline, etc.)
• Surveillance de la SpO₂
• Assurer un accès vasculaire IV/IO et maintenir le système circulatoire selon les besoins
• Rechercher et traiter les étiologies (corps étranger, croup, asthme, pneumonie, etc.)
Un Ambu est composé d’un ballon de ventilation et d’un masque facial. Il est utilisé pour la
réanimation et l’anesthésie seulement. Il peut être utilisé avec ou sans une source d’oxygène. Le
masque peut être utilisé avec un filtre, un réservoir et une source d’O2 attaché à l’arrière du ballon si
besoin. Masques et valves doivent être nettoyés et décontaminé ou stérilisé entre chaque patient.
(Veuillez vous référer au manuel de procédure MSF)
Pour que la ventilation soit efficace avec un Ambu, vous devez savoir comment sélectionner le
masque facial, préparer le ballon de ventilation et fournir une oxygénation si nécessaire.
31
2. Triage et approche systématique
Tout d'abord, sélectionnez un masque qui s'étend de l’arête du nez de l'enfant jusqu'au-dessus du
menton, couvrant le nez et la bouche, mais ne comprimant pas les yeux.
Utiliser un ballon auto-remplisseur avec un volume minimum de 450 à 500 ml pour les nourrissons
et les jeunes enfants. Un ballon plus petit risquerait de ne pas délivrer le volume adéquat d’O2. Pour
les enfants plus âgés ou adolescents, il peut être nécessaire d’utiliser un sac auto-remplisseur adulte
(1 000ml ou plus) afin de permettre une ventilation efficace. Vérifier le dispositif avant utilisation
pour s’assurer de son bon fonctionnement.
Pour les nourrissons (<1 an) pratiquer l’inclinaison de la tête-soulèvement du menton en position
neutre.
32
2.2. Approche systématique de l’enfant sévèrement malade
3. À l'aide de l'autre main, presser le ballon de ventilation jusqu'à ce que la poitrine se soulève.
Administrer chaque ventilation sur 1 seconde. S'assurer que la poitrine se soulève à chaque
mouvement. Éviter la ventilation excessive.
4. Placer une sonde nasogastrique en drainage libre si vous devez ventiler pour une période
prolongée.
5. Continuer à surveiller les signes vitaux et la saturation SpO2 pendant la ventilation.
33
2. Triage et approche systématique
La suffocation (ou étranglement) est caractérisée par l'apparition d’une détresse respiratoire
soudaine associée à une toux, un réflexe nauséeux ou encore un stridor.
34
2.2. Approche systématique de l’enfant sévèrement malade
Non
Conscient
Encourager à
Non Oui tousser
Réévaluer en
Rechercher un corps continu
étranger Évaluer et répéter
Commencer RCP
*Une toux efficace signifie que l’enfant mobilise un volume d’air et donc la toux peut etre entendue.
La toux est le moyen le plus efficace pour déloger un corps étranger, donc ne pas interférer avec elle.
35
2. Triage et approche systématique
Manœuvres externes chez l'enfant (>1 an) sans toux efficace/sans capacité de parler
36
2.2. Approche systématique de l’enfant sévèrement malade
Le niveau de conscience de l’enfant permet d’évaluer le débit sanguin vers le cerveau. Le bilan
hydrique peut également aider à l’évaluation du débit sanguin vers les reins.
Utiliser votre évaluation pour identifier les signes de mauvaise hémodynamique (signes de choc) :
pouls périphériques filants, temps de recoloration capillaire allongé, changement de la coloration
des téguments (pâleur, cyanose, marbrures), peau froide, altération du niveau de conscience et
diminution de la diurèse.
37
2. Triage et approche systématique
Dans le choc, le débit sanguin (ou perfusion) est souvent réduit. La diminution de la perfusion
débute dans les mains et les pieds avec l’abolition des pouls périphériques. Cette diminution s’étend
ensuite vers le tronc, avec un éventuel affaiblissement des pouls centraux. Un environnement froid
peut également entrainer une vasoconstriction.
Il s'agit du temps nécessaire au sang pour regagner les tissus après qu’ils aient été blanchis par la
réalisation d’une pression. Le temps de recoloration capillaire normal est de 3 secondes ou moins.
Des anormalités du TRC peuvent indiquer des problèmes de perfusion tissulaire. Comment estimer
le TCR :
1. Légèrement élever le doigt ou l’orteil au-dessus du niveau du cœur
2. Appuyer fermement sur la peau du doigt ou de l’orteil pendant 5 secondes jusqu'à ce qu’il
devienne blanc, puis relâcher.
3. Compter les secondes jusqu'à ce que la peau récupère sa couleur d’origine (remplissage
capillaire)
Les causes de TRC retardé ou allongé peuvent être la déshydratation, un choc ou l’hypothermie.
Lorsque le débit sanguin diminue (mauvaise perfusion, état de choc), les mains et les pieds sont
typiquement affectés en priorité. Ils peuvent devenir froids, pâles, marbrés ou cyanosés. Si
l’hypoperfusion s’aggrave, la peau des bras, jambes et du tronc devient froide, décolorée et
marbrée.
Il faut toujours contrôler la pression artérielle chez les patients dans un état critique.
L’hypotension chez l’enfant est un signe de choc sévère (choc décompensé) donc tardif. Chez le très
jeune enfant, il peut être utile d’avoir recours à un tensiomètre électronique/automatique avec une
manchette adapté à l’âge.
38
2.2. Approche systématique de l’enfant sévèrement malade
Choc + saignement/hémorragie
• Choc septique : Choc + sepsis
• Choc anaphylactique : Choc + exposition à un allergène
• Choc cardiogénique : Choc + pathologie cardiaque
Le choc hypotensif est la phase finale du choc, le patient va décéder dans les minutes à venir.
Rechercher des signes de déshydratation sévère (dans un contexte de perte hydrique) 2 ou 3 des
signes suivants :
• Léthargie ou inconscience
• Globe oculaire enfoncé (signe non pertinent en cas de malnutrition sévère de l’enfant)
• Incapacité à boire ou boit peu
• Persistance du pli cutanée ≥2 sec. (signe non pertinent en cas de malnutrition sévère de
l’enfant)
39
2. Triage et approche systématique
La prise en charge des problèmes circulatoires vise à rétablir le système circulatoire pour améliorer
la perfusion sanguine tissulaire.
Il est nécessaire de noter l’état de conscience de l’enfant, le tonus musculaire et le réflexe pupillaire
à la lumière. Une diminution soudaine ou sévère de l’afflux d’oxygène vers le cerveau peut entrainer
une altération de l’état de conscience, des crises convulsives, une diminution du tonus musculaire et
du réflexe pupillaire à la lumière.
40
2.2. Approche systématique de l’enfant sévèrement malade
Évaluation secondaire
À la fin de l’évaluation initiale (quand le patient a été stabilisé), passer à l’évaluation secondaire.
Celle-ci est constituée d’un historique médical ciblé, obtenu en utilisant l’acronyme
mnémotechnique SAMPLE, et un examen clinique ciblé.
SAMPLE signifie :
• Signes et symptômes
• Allergies
• Medication (traitement médical)
• Past medical history (antécédents)
• Last meal (dernière prise alimentaire)
• Events leading to presentation (motif de présentation)
41
2. Triage et approche systématique
Décès 1 heure
Identificatio Intervention
Temps
42
2.3. Système d’alerte précoce en pédiatrie (SAPP)
Pour établir le score dans le système SAPP, se référer aux valeurs normales des signes vitaux de ce
protocole (cf Chapitre 1.1.).
Score
0 1 2 3 Total
Catégorie
Comportement Joue, Irritable mais Irritable et Léthargique/Confus/ /3
et statut sourit/ consolable inconsolable ou Coma
neurologique Alerte (A ou Anormalement ou
dans AVPU) Comportement somnolent Réponse diminuée à la
anormal (V dans AVPU) douleur
(A dans AVPU) (P ou U dans AVPU)
Cardio- Rose/bien Pâle Gris Gris et marbré /3
vasculaire coloré ou ou ou
Coloration et TRC ≥3 secondes TRC >4 secondes TRC >5 secondes
et temps de TRC 1 à 2 ou ou ou
recoloration secondes Tachycardie Tachycardie Tachycardie
capillaire (TRC) <20/mn >20/mn >30/mn
au-dessus de la au-dessus de la au-dessus de la normale
normale normale supérieure
supérieure supérieure ou
Bradycardie
Respiratoire Respiration FR >10/mn FR >20/mn FR inférieure /3
Fréquence et au-dessus de la au-dessus de la à la limite normale
respiratoire FR normale normale normale ou
(FR) et supérieure supérieure Tirage sévère
Saturation en Absence de ou ou ou
oxygène tirage Utilisation Tirage modéré Geignements
(SpO₂) et modérée des ou ou
Pas de muscles SpO₂ <90% SpO₂ <80%
signes de respiratoires ou ou
détresse accessoires Besoin en oxygène Besoin en oxygène
respiratoire ou <3 l/mn >3 l/mn
SpO₂ 90 à 95% ou
Cyanose centrale
Score total (Neurologique + Cardiovasculaire + Respiratoire) /9
Selon la nature des projets MSF, les actions minimales à prendre en fonction du score SAPP peuvent
varier.
Dans les projets MSF dotés d’une capacité d’hospitalisation pédiatrique les actions minimales à
prendre en fonction du score SAPP sont définies dans le tableau 2.3.3.
43
2. Triage et approche systématique
SAPP détaillé
Score Couleur Actions
0-2 points Vert Pas d’interventions additionnelles
Prendre les constantes vitales selon le protocole du service, au moins
4 fois par jour
3 points Jaune L’infirmier doit informer son superviseur. Le traitement médical doit être
vérifié.
Constantes vitales 4 fois par jour (toutes les 6 heures)
4 points Jaune L’infirmier doit avertir son superviseur et le médecin traitant.
Le traitement médical doit être vérifié. Les mesures des constantes vitales
doivent être réévaluées.
Constantes vitales 6 fois par jour (Toutes les 4 heures)
5 points Orange L’infirmier doit avertir son superviseur et le médecin traitant.
Le patient doit être réévalué cliniquement ainsi que les prescriptions
médicales et les constantes vitales.
Constantes vitales 8 fois par jour (toutes les 3 heures)
Le patient doit être transféré vers un service médicalisé (ne doit pas
rester en zone de transition)
6 points Orange L’infirmier doit avertir son superviseur et le médecin traitant
immédiatement.
Le médecin doit réévaluer le patient et le traitement. L’infirmier doit
réévaluer les constantes vitales.
Le patient doit être placé dans un service de soins intermédiaires
pédiatriques dans un délai maximum de 30 mn. Réévaluer l’anamnèse du
patient dans le service de transfert.
Constantes vitales 12 fois par jour (toutes les 2 heures)
7 points Rouge Le patient doit être transféré immédiatement vers l’unité de soins
ou plus intensifs ou le service d’urgence dans un délai de 5 à 10 mn.
Le superviseur et les médecins traitants sont informés du transfert après
réception du patient en soins intensifs.
Prendre les constantes vitales avant et après l’admission au service de
soins intensifs
Maintenir la fréquence de la prise des constantes selon le protocole du
service de soins intensifs (toutes les 1 à 2 heures)
Dans les projets d’urgence MSF les actions minimales à prendre en fonction du score SAPP sont
simplifiées comme définies dans le tableau 2.3.4.
44
2.3. Système d’alerte précoce en pédiatrie (SAPP)
SAPP simplifié
Score Couleur Actions
0-2 points Vert Pas d’interventions supplémentaires en dehors des prescriptions
régulières.
Constantes vitales au moins toutes les 4 heures (6 fois par jour)
3-5 points Orange L’infirmier doit informer son superviseur.
Réévaluer le patient et le dossier : traitement/dose/administration/
constantes
Constantes vitales au moins toutes les 3 heures (8 fois par jour)
6-9 points Rouge Transfert du patient vers l’unité de soins intensifs
L’infirmier doit informer son superviseur.
Évaluation clinique du patient et vérification du traitement (dose et
administration)
Signes vitaux au moins toutes les 2 heures (12 fois par jour)
Informer le superviseur si le score SAPP d’un enfant a augmenté de plus de 3 points dans les
dernières 24 heures
Ces actions doivent être ajustées en fonction du projet et des services existants. Contacter le
référent pédiatrique pour obtenir les différentes feuilles de surveillance SAPP
45
2. Triage et approche systématique
46
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
47
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Note : Cette section est valide pour les enfants de plus de 2 mois.
Pour les nourrissons de moins de 60 jours, utiliser le guide MSF des soins néonatals (i.e : Apparition
tardive d’une pneumonie néonatale).
48
3.1. Problèmes respiratoires et otites
Symptômes
Les symptômes de la rhinopharyngite sont les éternuements, la toux, la congestion nasale et les
écoulements (peuvent être purulents jusqu’à 2 semaines après le début de l’infection), le mal de
gorge, les céphalées, une fièvre peu élevée, rarement des diarrhées.
Diagnostic
Évaluer l’état général et le poids de l’enfant, examiner les membranes tympaniques à l’otoscope et
ausculter la poitrine de l’enfant au stéthoscope si présence de toux ou wheezing.
Traitement
Le traitement de la rhinopharyngite consiste à :
• Encourager les apports hydriques
• Traiter la fièvre seulement si celle-ci crée un inconfort pour l’enfant ou si celle-ci est élevée
• Les accompagnants peuvent utiliser une solution nasale de sérum physiologique (NaCl à
0,9%) et une poire pour désobstruer le nez des secrétions.
• Vérifier le statut vaccinal de l’enfant : Si les vaccinations sont incomplètes → se référer au
programme élargi de vaccination (PEV) du pays ou bien vacciner l’enfant. Le rhume banal
n’est pas une contre-indication à la vaccination.
• Recommander le lavage des mains avec du savon aux membres de la famille s'ils ont accès à
l’eau.
49
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Complications
La rhinopharyngite peut évoluer vers :
• Une otite moyenne
• Une sinusite (écoulement épais et purulent pendant plus de 2 semaines)
• Une pneumonie
• De l’asthme et wheezing (respiration sifflante)
50
3.1. Problèmes respiratoires et otites
Pneumonie
La pneumonie est une inflammation aiguë du poumon, généralement causée par une infection. Dans
les pays en développement, la pneumonie est non seulement plus prévalente mais aussi plus sévère.
Elle est responsable de plus de 2 millions de décès par an. La pneumonie est la première cause de
mortalité chez les enfants de moins de 5 ans dans les pays à ressources limitées.
Étiologie
La pneumonie peut être causée par des agents infectieux et non infectieux (inhalation d’aliment ou
d’acide gastrique, corps étranger, etc.). La majorité des cas de pneumonie sont causés par des micro-
organismes (bactéries, virus, fongus et, occasionnellement, parasites). Chez les enfants âgés de
2 mois à 5 ans dans les pays en développement, ce sont les infections bactériennes qui sont le plus
souvent en cause dans la pneumonie.
Principales étiologies
Autres étiologies Étiologies virales
bactériennes
Symptômes
La combinaison de fièvre, de toux et/ou de difficultés respiratoires (tachypnée, augmentation de
l’effort respiratoire) est suggestive de pneumonie. Les jeunes enfants peuvent présenter des
difficultés à s’alimenter, de l’agitation, irritabilité, de la nervosité, des vomissements et de la
diarrhée. Les enfants plus âgés peuvent se plaindre d’une douleur thoracique pleurétique et,
occasionnellement, de douleurs abdominales (douleur des lobes inférieurs) et d’une rigidité nucale
(douleur des lobes supérieurs).
51
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Diagnostic
Le diagnostic de la pneumonie peut être fait sur la base des signes cliniques chez les enfants avec de
la fièvre et des signes d’infection, accompagnés de symptômes de détresse respiratoire lors de
l’examen physique. Tachypnée, battements des ailes du nez, tirages, crépitants, geignements
respiratoires, diminution du murmure vésiculaire augmentent la probabilité de pneumonie.
L’absence de tachypnée est utile pour exclure le diagnostic de pneumonie. L’absence des autres
signes n’exclut pas la pneumonie.
Pneumonie simple
Pneumonie sévère
52
3.1. Problèmes respiratoires et otites
La détresse respiratoire se définit par une tachypnée + au moins un des signes suivants :
• Des battements des ailes du nez
• Des geignements expiratoires
• Un important tirage sus sternal, intercostal ou sous costal
• Un balancement thoraco-abdominal
Traitement
Mettre en place le traitement antibiotique pour tout enfant ≥ 2 mois avec pneumonie non sévère.
53
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Pour la surveillance, prendre les constantes vitales en fonction de l’état clinique du patient.
54
3.1. Problèmes respiratoires et otites
Tableau 3.1.5 Traitement antibiotique de la pneumonie sévère chez les enfants > 2 mois et < 5ans
55
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Symptômes
Les signes cliniques de l’empyème sont les suivants :
• Fièvre persistante et/ou toux, douleurs thoraciques, dyspnée
• Absence d’amélioration après 48 à 72 heures de traitement d’une pneumonie commune
Les enfants avec un empyème peuvent préférer rester allongés en décubitus latéral du côté de la
pleurésie afin de diminuer la douleur ressentie.
Réaliser un examen clinique pour tout enfant au profil toxique avec un diagnostic connu de
pneumonie ou des signes de pneumonie + les signes suivants :
• Respiration superficielle pour diminuer la douleur
• Diminution du murmure vésiculaire à l’auscultation
• Sensibilité à la percussion
• Égophonie (amplification de la résonance de la voix)
• Rarement détresse respiratoire sévère, sepsis et choc
• Possible frottement pleural, du côté de l’épanchement
Diagnostic
Si possible, faire une radiographie thoracique et une échographie pour le diagnostic positif. Si non
disponible, effectuer une ponction pleurale pour une coloration de Gram si disponible. Toujours
penser à la tuberculose.
Traitement
La prise en charge des enfants avec empyème requiert les actions suivantes :
• Hospitalisation
• Approche ABCDE pour stabiliser le patient
• Admettre en soins intensifs
• Oxygénothérapie si saturation <94%
• Test de diagnostic rapide (TDR) paludisme si zone d’endémie et vérification du taux
d’hémoglobine si pâleur présente
• Traitement de la fièvre pour améliorer le confort du patient
• Traitement des douleurs pleurales si présentes
• Mettre l’enfant à jeun si détresse respiratoire sévère
56
3.1. Problèmes respiratoires et otites
Pour la surveillance, contrôler les constantes vitales selon l’état clinique du patient.
Traiter pendant un minimum de 7 jours par IV et jusqu’à obtention de l’apyrexie pendant 3 jours, et
si bonne tolérance des traitements par voie orale, relais par amoxicilline/acide clavulanique en prise
orale 50 mg/kg/dose x2 /jour pour un total de 10 à 14 jours de traitement.
Si l’amélioration est lente malgré les antibiotiques, envisager le diagnostic de tuberculose (voir guide
MSF Tuberculose).
Dans le cas d’un empyème important, le traitement antibiotique est le même mais le relais par la
voie orale se fait après 7 jours d’apyrexie, et le traitement dure au total 3 semaines.
Le traitement spécifique d’un empyème de grande abondance est la pose d’un drain thoracique ou
tout au moins des ponctions répétées pour évacuer le pus.
• Si un médecin est compétent pour réaliser cette procédure et qu’une anesthésie/chirurgie
est possible : Préparer l’enfant pour la pose du drain thoracique sous anesthésie au bloc
opératoire.
• S’il n’y a pas d’anesthésie/chirurgie possible mais que le médecin est expérimenté et
autorisé à exécuter ce geste, utiliser la kétamine en IM pour la sédation (cf Chapitre 7.10.) et
poser le drain thoracique (cf Chapitre 8.5.).
• S’il n’y a pas de médecin expérimenté pour poser le drain thoracique et/ou que l’enfant
n’est pas stable, répéter les ponctions pleurales pour drainer l’épanchement (cf Chapitre
8.7.).
57
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Causes
Le faux croup est une maladie respiratoire caractérisée par un stridor à l’inspiration, de la toux et
l’enrouement. Une toux aboyante est un signe distinctif du croup chez les nourrissons et les jeunes
enfants alors que l’enrouement prédomine chez les enfants plus âgés. Le croup est principalement
causé par des virus. Mais une infection secondaire bactérienne peut se produire. Le virus para-
influenza 1 est la cause la plus commune du croup ; d’autres causes comprennent le virus
respiratoire syncytial et le virus de la grippe.
Symptômes
Le croup commence graduellement, en général avec les symptômes d’un rhume (nez qui coule, etc.).
Le lendemain l’enfant développe la fièvre, l’enrouement, la toux aboyante et le stridor. La détresse
respiratoire augmente à mesure que l’obstruction des voies respiratoires supérieures empire. La
toux se résorbe en général dans les trois jours.
L’examen physique
L’examen clinique de l’enfant atteint de croup est destiné à évaluer la gravité et à exclure d’autres
causes d’obstruction des voies respiratoires supérieures.
Laisser l’enfant choisir la position où il se sent le mieux, souvent assis sur les genoux d’un des parents.
Ne pas stresser l’enfant car cela peut empirer son état, lui permettre d’être nourri au sein.
Si l’enfant coopère et peut ouvrir la bouche, examiner l’oropharynx sans utiliser d’abaisse-langue.
Les signes physiques typiques de croup, incluent une tachypnée et une inspiration prolongée.
Les signes de croup sévère, impliquant un besoin d’oxygénation sont les suivants :
58
3.1. Problèmes respiratoires et otites
Faux croup
Le faux croup se caractérise par l’apparition soudaine d’un stridor à l’inspiration le soir, sur une
courte durée (quelques heures) suivi par un arrêt soudain du symptôme. Le faux croup se reproduit
fréquemment et s’appelle en pays anglo-saxon le «croup allergique».
Diagnostic
Le diagnostic du croup est clinique, basé sur la présence d’une toux aboyante et du stridor. Ni les
radiographies, ni les tests de laboratoire ne sont nécessaires pour établir le diagnostic.
Traitement du croup
Croup bénin
Le croup est dit bénin lorsque l’enfant ne présente pas de signes de gravité, boit normalement et
que la SpO₂ >94%
En cas de signes de gravité ou si l’enfant ne boit pas suffisamment et/ou si la famille habite loin de
l’hôpital, il faut :
• Hospitaliser l’enfant
• Mener une approche ABCDE
• Prendre en charge le système respiratoire (donner de l'oxygène si SpO₂ <94%)
59
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
• Traiter avec dexaméthasone (0,6 mg/kg - maximum de 10 mg) PO si l’enfant peut boire, IV si
l’enfant a une IV pour réhydratation ou IM si l’enfant n’a pas d’IV et ne peut pas boire. La
préparation intraveineuse peut être donnée oralement mélangée à du sirop
• Administrer d’adrénaline par un nébuliseur :
0,5 mL/kg par dose de 1 mg/mL (maximum de 5 mL) (voir ci-dessous)
Ajouter la quantité de NaCl 0,9% suffisante pour obtenir un volume total de 4-5 mL dans
le réservoir
Répéter toutes les 15 à 20 minutes selon les besoins
Si FC >200, arrêter l’adrénaline jusqu’à ce que la tachycardie se calme
• Assurer une prise adéquate de liquide et de calories (risque de déshydratation et
d’hypoglycémie).
• Mesurer et noter les signes vitaux et la SpO₂ selon l’état clinique.
La trachéite bactérienne doit être suspectée si l’état de l’enfant s’aggrave considérablement, s’il
développe une forte fièvre, s’il se produit une détérioration de l’état général, une détresse
respiratoire accrue suite à une obstruction trachéale due à des secrétions purulentes (le pus s’écoule
souvent par la bouche, le nez ou les deux). La trachéite bactérienne se traite avec de la ceftriaxone
75 mg/kg 1x /jour IV ou IM pendant 3 à 7 jours selon la gravité. La toux croup et l’absence de bave
peuvent aider à différencier le diagnostic de celui de l’épiglottite.
Ne pas lui demander de se coucher ou l’y forcer. Ne pas contrarier l’enfant. Ne pas examiner
l’oropharynx ou aspirer. C’est un état qui met sa vie en danger. Traiter par la ceftriaxone et appeler
si possible un anesthésiste pour intubation. Cependant dans la majorité des centres MSF, il n’y a pas
d’anesthésiste disponible. Ici, la priorité est de maintenir l’enfant calme, avec le minimum de
dérangement. Placer le dans un espace tranquille, où on peut le surveiller régulièrement
(idéalement une unité de soins intensifs), l’asseoir. Poser une voie veineuse (mais noter que la
priorité est de garder le calme de l'enfant) afin d’administrer par IV de la ceftriaxone, de la
dexaméthasone 0.4 mg/kg/dose, répétée à 4 heures, puis après 6 heures. Maintenir une observation
rapprochée des signes vitaux et du patient. Si le stridor augmente, le patient devient agité, les signes
vitaux se détériorent, puis ventiler le patient en pression positive aussi souvent que nécessaire à
l’aide d’un Ambu.
60
3.1. Problèmes respiratoires et otites
61
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Bronchiolite
La bronchiolite est une infection des voies respiratoires basses, commune chez les enfants de moins
de 12 mois (et présente jusqu’à 2 ans). Elle est caractérisée par une inflammation aiguë et un
œdème des voies respiratoires de petit calibre (bronchioles). Elle entraine l’augmentation de la
production de mucus et un bronchospasme. Il s’agit d’une infection saisonnière, et un nombre
important de patients peuvent donc se présenter à la même période.
Le plus souvent, la bronchiolite est une pathologie virale (dans plus de 70% des cas), causée par le
virus respiratoire syncitial (VRS).
Symptômes
La bronchiolite débute par une rhinite (sécrétions claires), une diminution de l’appétit, de la fièvre,
suivies par l’apparition d’une tachypnée, d’épisodes d’apnée, une détresse respiratoire, une
irritabilité, un wheezing et des crépitants, jusqu’à l’épuisement respiratoire, ainsi que des silences
lors de l’auscultation thoracique (signe de sévérité indiquant l’absence de circulation d’air). Les
symptômes atteignent leur paroxysme au 2ème ou 3ème jour de la maladie et disparaissent en 7 à
10 jours. La toux peut persister pendant plusieurs semaines.
Les facteurs de risque sont la prématurité, les cardiopathies congénitales, les affections
neurologiques.
La forme sévère de la maladie est caractérisée par l’irritabilité ou la léthargie, la détresse respiratoire
(utilisation des muscles accessoires de la respiration et tirage intercostal et susternal), une
incapacité à s’alimenter, une saturation en oxygène <90% ou encore la présence d’apnées
prolongées.
Traitement
• Si forme sévère ou si jeune nourrisson : Hospitalisation et surveillance rapprochée
• Positionner le patient en proclive à 30 degrés
• SpO₂ : Oxygène si besoin, avec lunettes nasales, et maintenir SpO₂ >90%, particulièrement
en cas de fièvre, d’hémoglobinopathie connue ou si augmentation de l’effort respiratoire
• Proposer des apports hydriques suffisants : La mise en place d’une perfusion IV peut être
nécessaire si les apports diminuent trop (à cause des pertes liées à la fièvre et à la
tachypnée). Cependant, ces apports en perfusion doivent être contrôlés et limités à ⅔ de la
perfusion d’entretien classique (si pas de pompe à perfusion disponible, envisager une
administration intermittente).
• Le premier jour, en cas de forme sévère, envisagez de suspendre l’alimentation orale pour
diminuer le risque d’inhalation. Proposer ensuite des repas fractionnés fréquents et installer
l’enfant en proclive à 30 degrés ou sur les genoux de la mère pendant et après les repas
• Passer de l’alimentation par sonde nasogastrique (SNG) à la voie orale dès que possible
62
3.1. Problèmes respiratoires et otites
L’antibiothérapie ne doit être utilisée qu’en cas de suspicion de surinfection bactérienne secondaire
ou de co-infection. On doit l’envisager dans le cadre suivant :
• Enfant visiblement malade
• Apparition nouvelle d’une fièvre et détérioration clinique après au moins 2 jours
d’hospitalisation
• Si une infection bactérienne est suspectée ou avérée durant l’hospitalisation, et si le patient
s’alimente oralement, envisager une pneumonie d’inhalation.
Mettre en place une surveillance rapprochée des constantes vitales : FR, SpO₂, ainsi que des signes
d’épuisement respiratoire
Placer l'enfant dans une zone séparée ou à distance des autres patients pour éviter le risque de
contamination. Si plusieurs patients sont concernés : les placer ensemble dans la même zone.
S'assurer du respect des précautions universelles d’hygiène, notamment le lavage des mains avant et
après contact avec le patient pour prévenir les infections nosocomiales. Envisager l’utilisation de
blouses dédiées pour les soins des patients alités si cela est réalisable.
Si l'enfant est hospitalisé ou malade pendant une période de temps prolongée, vérifier son statut
nutritionnel avant sa sortie et traiter en conséquence.
Complications
La bronchiolite peut entrainer les complications suivantes :
• Surinfection bactérienne
• Épuisement respiratoire
• Éventuelle séquelle : Bronchiectasies
63
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Asthme
L’asthme est une pathologie chronique inflammatoire caractérisée par :
• Des symptômes de toux, un wheezing (respiration sifflante), une dyspnée, une oppression
thoracique
• Une constriction des voies aériennes partiellement ou complètement réversible grâce au
traitement (salbutamol)
Symptômes
Les signes cliniques possibles de l’asthme sont :
64
3.1. Problèmes respiratoires et otites
Diagnostic
Le diagnostic d’asthme se base sur l’anamnèse, l’examen physique ou sur la spirométrie.
Anamnèse : Le début brutal du wheezing et/ou des symptômes, associé à la présence de facteurs
externes (fumée, animaux, etc.) ou encore un déclenchement lors d’une activité physique sont
évocateurs de l’asthme.
Sibilants et/ou détresse respiratoire qui s’améliorent avec salbutamol, avec ou sans :
• Tachypnée
• Tirage intercostal et/ou sus-sternal
Traitement
(cf Algorithme 3.1.2 en fin du chapitre)
Pour son confort, le patient doit être en position demi-assise. Le traitement est fonction de la gravité
de la crise d’asthme.
65
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Crise légère/modérée
• Traiter avec salbutamol 4 bouffées avec une chambre d’inhalation (cf paragraphe Utilisation
de la chambre d’inhalation pour le traitement de l’asthme chez les enfants ci-après)
Une fois puis réévaluer après 20mn.
Si la réponse est mauvaise, répéter toutes les 20 minutes pendant 1 heure.
Crise sévère
• Oxygène (si saturation < 94%) : Oxygénothérapie lorsque disponible, avec un masque facial
avec nébuliseur branché sur l'oxygène (6 à 8 L/mn) ou un nébuliseur électrique et lunette
nasale à oxygène.
• Salbutamol 4 bouffées (si >10 kg, 6-8 bouffées) en chambre d’inhalation toutes les 20
minutes comme ci-dessus, ou de préférence.
• Nébulisation de salbutamol – si possible utilisez une nébulisation continue branchée sur
l’O₂ :
*
oEnfant <5ans : 1ml = 2 mg de la solution pour nébulisation (5 mg dans 2,5 mL)
oEnfants >5 ans : 2,5mL = 5 mg
• Ajouter du bromure d’ipratropium dans la même solution pour nébulisation que celle du
salbutamol :
o Enfant <5 ans : 1 mL = 0,25 mg (1 flacon de solution pour inhalation de 0,25 mg/1mL)
o Enfant >5 ans : 2 mL = 0,5 mg (2 flacons)
Répéter jusqu’à 3 fois, conjointement avec l’inhalation de salbutamol.
• Dexaméthasone : 0,6 mg/kg/jour IV, une fois par jour en une prise pendant au moins 3 jours.
Remplacer par prednisolone cp 2 mg/kg/jour à partir de J2 si possible – 3 à 10 jours max.
• Si aggravation ou absence d’amélioration le pronostic vital est engagé, admettre en soins
intensifs et consulter le personnel médical plus expérimenté (cf ci-après)
Si pas d’amélioration de la crise d’asthme sévère après la mise en place du traitement décrit ci-
dessus, ou si la crise engage le pronostic vital (épuisement, somnolence ou saturation en oxygène <
90%), continuer le traitement ci-dessus et ajouter :
*
Noter que la solution de salbutamol pour inhalation n’est pas la même que la solution injectable →
Ne pas injecter la solution pour inhalation
66
3.1. Problèmes respiratoires et otites
Lorsque la phase aiguë est passée, débuter le traitement de fond (cf ci-après).
Considérations générales
Gravité de l’asthme
En dehors des crises d’asthme, afin de déterminer l’approche à long terme du traitement de
l’asthme, il vous faut évaluer la gravité de l’asthme selon la classification suivante :
Persistant
Intermittent
Léger Modéré Sévère
Épisodes
0 1 à 2x /mois 3 à 4x /mois >1x /semaine
nocturnes
Interférences
Limitation
avec l’activité Non Limitation mineure Extrêmement limitant
importante
normale
67
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Une fois la prise en charge de la crise d’asthme aiguë effectuée et après évaluation de la gravité de
l’asthme, déterminer le traitement de fond grâce à l’approche par étapes suivante :
Éducation
• Expliquer l’utilisation et l’indication des deux différents inhalateurs.
• Expliquer, faire la démonstration et demander à la mère et au patient de montrer comment
ils utilisent la chambre d'inhalation.
• La corticothérapie inhalée est le traitement le plus efficace pour le traitement de fond de
l’asthme. Comme les corticoïdes sont inhalés, ils vont directement dans les poumons et ont
donc peu d’effets secondaires. Le traitement doit être pris quotidiennement pour prévenir
les symptômes et les crises d’asthme.
• L’irritation de la bouche et le muguet (mycose buccale), qui peuvent être associés au
traitement par corticoïde inhalés, sont facilement évités en rinçant la bouche avec de l’eau
après chaque prise du traitement.
• Documenter tous les traitements de l’enfant dans le carnet de suivi du patient.
68
3.1. Problèmes respiratoires et otites
L’enfant doit prendre 4 inspirations par bouffée. Il n’est pas nécessaire de prendre des
inspirations profondes.
Secouer vigoureusement l’aérosol doseur avant la première bouffée puis entre chaque
bouffée.
S’assurer que les inhalations soient administrées en temps voulu
• Surveiller les constants vitales toutes les 4 heures jusqu’à la stabilisation, puis 4x /jour
• Commencer l’éducation sur l’asthme immédiatement en abordant :
Les signes et les symptômes
Les facteurs déclenchants potentiels tels que la poussière, le froid, la fumée
Le traitement utilisé à l’hôpital et à suivre à la maison
• Expliquer le plan d’action à suivre en cas de crise d’asthme à domicile
• Fournir une chambre d’inhalation et les aérosols appropriés pour l’enfant à sa sortie et
donner un rendez-vous pour une consultation de suivi si possible/nécessaire
Une chambre d’inhalation est un tube ou un ballon aux extrémités ouvertes, doté d’un volume
suffisant pour permettre à l’aérosol du spray-doseur de se répandre, au gaz propulseur de
s’évaporer et aux particules larges de reposer.
L’utilisation d’une chambre d’inhalation est recommandée chez tous les enfants, excepté ceux qui
présentent une détresse respiratoire sévère chez qui un nébuliseur est approprié.
Une chambre d’inhalation avec un masque facial est recommandée chez les enfants les plus jeunes,
particulièrement en dessous de 3 ans.
69
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Utiliser de préférence un aérosol doseur avec chambre d’inhalation pour administrer des
bronchodilatateurs aux nourrissons et aux enfants souffrant d’asthme aiguë à domicile, ainsi qu’au
service des urgences et à l’hôpital, excepté en cas de détresse respiratoire sévère.
Pour la fabriquer :
• Couper la base de la bouteille et scotcher les bords pour lisser leur surface qui pourrait être
tranchante.
• Adapter le spray de salbutamol au goulot de la bouteille avec du scotch.
• Avant l’utilisation, charger la chambre avec 2 bouffées de salbutamol ou de corticoïdes inhalés.
• Les chambres d’inhalation en plastique ont des charges électrostatiques qui attirent les
particules et réduisent significativement le passage du médicament vers les poumons. Pour
limiter cet inconvénient, il faut :
Laver la chambre avec 1 goutte de liquide vaisselle diluée dans 1 litre d’eau afin de réduire
la charge électrostatique à l’intérieur de celle-ci. Ne pas rincer et laisser sécher à l’air libre.
Ne pas rincer avant l’utilisation.
Cette méthode améliore le passage du médicament.
70
3.1. Problèmes respiratoires et otites
2. Le Vortex a l’avantage d’être non électrostatique. L’usage du Vortex est idéal pour une
utilisation hospitalière.
Les chambres d’inhalation et masque facial pour enfant réutilisables à usage individuel sont
disponibles dans les programmes MSF.
71
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Exacerbation aiguë
de l’asthme
Insérer cathéter IV
Amélioration en 1 heure ?
Non Oui
72
3.1. Problèmes respiratoires et otites
Sinusite
La sinusite aiguë est une infection bactérienne aiguë des sinus, habituellement consécutive à une
infection des voies respiratoires supérieures (IRA) ou à un rhume.
Si les sinus frontaux sont présents dès la naissance et continuent à se développer, les sinus
sphénoïdaux ne se développent pas avant l’âge de 7 ans. Les sinus maxillaires se développent, eux,
au cours de l'adolescence.
Frontaux
Éthmoïde
Maxillaire
Étiologies
Les bactéries en cause dans la sinusite sont Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenza et
Moraxella catarrhalis
Symptômes
Dans la crise de sinusite aiguë, les symptômes sont :
Dans le cas de la sinusite chronique : Sinusite de durée >90 jours avec persistance des symptômes
(toux, rhinorrhée, obstruction nasale)
73
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
• Une hypersensibilité des sinus (rare chez les jeunes enfants) et douleurs dentaires : Évaluer
en percutant les molaires supérieures ou les sinus frontal ou maxillaire avec un doigt
Diagnostic
Il est avant tout clinique et basé sur l’anamnèse et l’examen clinique.
Traitement
Pour la sinusite sans complication, le traitement ambulatoire consiste en :
• Amoxicilline/acide clavulanique (7:1 ou 8:1) PO 50 mg/kg/dose 2x/jour pendant 5 à 7 jours
Pour la sinusite avec complications ou profil toxique → Traitement hospitalier selon les modalités
suivantes :
• Admettre à l’hôpital si présence de complications ou si le patient apparait sévèrement
malade
• Amoxicilline/acide clavulanique IV 50 mg/kg/dose 3x/jour ou ceftriaxone IV/IM 100
mg/kg/jour 1x /jour (max 2 g)
• Traiter jusqu’à ce que l’enfant puisse boire et passer à amoxicilline/acide clavulanique (7:1
ou 8:1) pour un total de 5 à 7 jours de traitement
• Traitement symptomatique : désobstruction rhinopharyngée au sérum physiologique, avec
antalgiques et antipyrétiques
Complications
La sinusite peut entrainer les complications suivantes :
• Cellulite péri-orbitaire et orbitaire : Œdème et rougeur des paupières/de la zone
périorbitaire, proptose (exophtalmie) ou limitation des mouvements oculaires. Peut
entrainer une perte de la vision.
• Méningite
• Abcès intracrânien : Céphalées, photophobie, vomissements, altération de la conscience +/-
déficits neurologiques focaux
• Sepsis
• Ostéomyélite de l’os frontal : Associée à un abcès péri-orbitaire (œdème et douleur du front
ou du cuir chevelu, photophobie, fièvre, vomissements, léthargie)
Certains éléments sont des facteurs de risque d’une forme sévère de la maladie :
• VIH
• Malnutrition
• Autres causes d’immunodépression
74
3.1. Problèmes respiratoires et otites
Coqueluche
La coqueluche est une affection respiratoire aiguë, hautement contagieuse, due à Bortadella
pertussis. Elle présente une mortalité élevée chez les nourrissons. La période d’incubation de B.
pertussis est typiquement de 7 à 10 jours. La transmission se fait par la toux ou des mains
contaminées mis à la bouche. Le risque de transmission est le plus élevé durant la phase catarrhale
et les patients atteints de coqueluche sont considérés comme contagieux jusqu’à ce qu’ils aient reçu
un traitement antibiotique approprié pendant cinq jours.
La coqueluche est évitable par la vaccination et est inclue dans tous les calendriers vaccinaux dans le
monde.
Symptômes
Le tableau clinique classique de la coqueluche comprend une toux quinteuse, avec une reprise
inspiratoire ample et bruyante (appelée « chant du coq » qui a donné son nom à la maladie) et des
vomissements induits par les quintes. La coqueluche évolue classiquement en trois phases :
Diagnostic
Le diagnostic de la coqueluche est basé sur l’anamnèse et l’examen clinique.
75
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Traitement
L’enfant doit être hospitalisé si les éléments suivants sont présents :
• Détresse respiratoire et/ou pneumonie
• Âge <6 mois
• Apnées et cyanose
• Convulsions et altération de la conscience
Incapacité à s’alimenter
À l’hôpital, le patient devrait être isolé et le personnel devrait suivre des mesures de contrôle des
infections strictes et élevées (masque, blouse, chambre séparée, pas de visite) - cf document OMS
Aide-Mémoire octobre 2007 Contrôle des infections dans les structures de santé.
Traitement antibiotique
Une antibiothérapie peut réduire la durée des symptômes et diminuer le risque de transmission de
la maladie aux personnes en contact avec le patient. Dans ce cas :
Traitement symptomatique
• Placer l’enfant en position semi-assise
• Oxygénothérapie si besoin (apnées, cyanose, saturation <90%)
• Ne pas réaliser d’aspiration pharyngée profonde (risque de quintes de toux). Essuyer la
bouche et le nez de l’enfant délicatement si des secrétions sont présentes.
• Assurer des apports hydriques et caloriques suffisants (risque de perte de poids). Proposer
des repas fractionnés fréquents si possible. Certains patients peuvent nécessiter la mise en
place d'une sonde nasogastrique ou d’une voie intraveineuse.
• Prendre les constantes vitales en fonction de l’état clinique et surveiller poids, diurèse et
apports par voie orale
• Ne pas administrer de salbutamol, corticoïdes ou antitussifs
76
3.1. Problèmes respiratoires et otites
La plupart des enfants continuent à avoir des quintes de toux après la sortie de l’hôpital. Les critères
minimaux pour la sortie de l’hôpital sont :
• L’absence d’apnée dans les 48 heures précédentes, pas d'oxygénothérapie dans les
48 heures
• Le nourrisson tolère les épisodes de toux sans hypoxie et/ou bradycardie.
• Le nourrisson peut s’alimenter de manière suffisante pour reprendre du poids.
• Les parents peuvent prendre soin de l’enfant à la maison et ne sont pas inquiets sur son
état.
Complications
Les complications les plus fréquentes chez les jeunes enfants et au cours de la phase paroxystique
sont :
• Les apnées (cause fréquente de décès chez les nourrissons), la pneumonie sévère, la perte
de poids importante liée aux difficultés alimentaires
• D’autres complications possibles incluent les crises convulsives, une encéphalopathie, des
difficultés à dormir ou encore pneumothorax, épistaxis, hémorragie subconjonctivale,
hématome sous-dural, prolapsus rectal, incontinence urinaire, et fractures costales.
77
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Otite moyenne
Une infection virale des voies respiratoires supérieures est le facteur prédisposant le plus commun
pour le développement d’une OMA. Les principaux germes responsables de l’OMA sont
Streptococcus pneumoniae, Staphylococcus aureus, Haemophilus influenzae et Moraxella catarrhalis.
Symptômes
Les enfants atteints d’une OMA, particulièrement les nourrissons, peuvent présenter des
symptômes non spécifiques (tels que fièvre, irritabilité, céphalées, anorexie, vomissements et
diarrhée).
Diagnostic
Le diagnostic de l’OMA est basé sur l’historique des symptômes (otalgie, l’enfant tire sur son oreille)
et la mise en évidence d’une inflammation de l’oreille moyenne (érythème et bombement de la
membrane tympanique) ainsi que d’un épanchement de l’oreille moyenne à l’examen à l’otoscope.
Traitement
Complications
78
3.1. Problèmes respiratoires et otites
Les complications de l’OMA sont l’otite moyenne chronique suppurée, la méningite, la mastoïdite,
l’abcès cérébral.
La malnutrition, le VIH ou la tuberculose sont des facteurs de risque de l’otite moyenne chronique
suppurée.
Traitement de l’OMCS
Mastoïdite
La mastoïdite aiguë est une complication de l’otite moyenne aiguë dans laquelle un écoulement
purulent s’accumule dans les cavités mastoïdiennes. L’otite entraine une mastoïdite via une
propagation contiguë ou hématogène.
Symptômes
79
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Diagnostic
Le diagnostic est clinique.
Traitement
Pour prendre en charge une mastoïdite vous devez :
• Hospitaliser
• Traiter par antibiotique IV pendant au moins 7 à 10 jours avec :
Ceftriaxone IV 75 mg/kg/dose x1 /jour
Plus clindamycine IV 10 mg/kg/dose x3 /jour (Si non disponible, ajouter cloxaciline IV
50mg/kg/dose x4/jour qui couvre les Staphylocoques. (mais pas SARM)
Si suspicion élevée de Pseudomonas, ajouter ciprofloxacine PO 15 mg/kg/dose
x2 /jour
Passer à l’antibiothérapie orale lorsque l’amélioration est évidente pour compléter 4
semaines de traitement avec :
Amoxicilline/acide clavulanique PO (7:1 ou 8:1) 50 mg/kg/dose x 2 doses /jour
Plus clindamycine PO 10 mg/kg/dose x3 /jour
Si Pseudomonas, ajouter également ciprofloxacine PO 15 mg/kg/dose 2 x/jour
• Nettoyer le canal auriculaire (cf ci-dessus traitement OMA)
• Traiter la douleur et la fièvre
• Référer à un spécialiste ORL si possible, contacter le référent médical
80
3.2. Chocs
Note : Cette section n’est valable que pour les enfants de plus de 2 mois.
81
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Choc
Les enfants avec des signes de gravité et une insuffisance circulatoire doivent être pris en charge
immédiatement.
Notez que ce guide fait la distinction entre la notion de choc et d’insuffisance circulatoire, qui ont
deux protocoles différents et reflètent une stratégie de pris en charge différentes :
• Si (et seulement si) l'enfant a tous les 3 signes ensemble, traitez comme choc.
• Si l'enfant n'a que 2 signes, considérez comme une insuffisance circulatoire.
Les principales causes de choc dans nos standards sont l'hypovolémie et la septicémie. Le choc
hypovolémique est un état d'hypo-perfusion résultant d'une perte excessive de fluide, qui peut
provenir de diverses sources, y compris une déshydratation sévère (due aux
vomissements/diarrhées ou à une mauvaise absorption orale) ou à l’exsudation de brûlures. Les
pertes de liquide résultant de la perte excessive de sang (choc hémorragique) sont traitées de façons
différentes. La pathophysiologie du choc est souvent multifactorielle. Pour nos besoins, nous
considérons que le choc septique est un choc plus une septicémie (choc avec fièvre ou hypothermie
sans déshydratation sévère). Notez que cette définition est différente de la définition classique du
choc septique utilisé dans les centres de santé disposant de toutes les ressources nécessaires (ou
sont disponibles plus de moyens de diagnostics). Dans l'algorithme de la prise en charge du choc, la
prise en charge varie en fonction de la présence ou non d'une déshydratation sévère - et dans tous
les cas, les recommandations de bolus fluides dépendent des niveaux d'hémoglobine.
Notez qu'il existe des sections distinctes sur le choc anaphylactique et le choc hémorragique. La
dengue est de plus en plus importante en Afrique et affecte principalement les enfants. Pour la
gestion de choc septique de la dengue (DSS), veuillez consulter le Guide Clinique MSF 2016.
Les chocs doivent être traités soit dans une unité de soins intensifs, soit dans une salle d'urgence.
Veuillez vous référer à l'algorithme de choc. Lorsque vous utilisez l'algorithme, vérifiez et
documentez les signes vitaux de l'enfant toutes les 15 minutes jusqu'à ce que l'enfant soit stable
pendant 1 heure. Ensuite, continuer à surveiller les signes vitaux (selon l'état et le progrès de
l'enfant), le statut neurologique (pour les changements de niveau de conscience ou de nouveaux
signes ou convulsions) et le glucose (4x / jour).
1
La dengue peut causer une bradycardie.
82
3.2. Chocs
Monitorer les entrées/sorties des fluides ; le poids ; prendre les constances toutes les 15 min et notifier sur le dossier
AVEC déshydratation sévère SANS déshydratation sévère
Hb <6 g/dl Hb ≥6 g/dl Hb <6 g/dl Hb 6-10g/dl Hb >10 g/dl
• Transfuser Non-MAS : RL 20 mL/kg au • Transfuser • Perfusion • Bolus
CGS 15 mL/kg (ou sang plus vite possible (max 3 CGS 15 mL/kg d’entretien RL 10 mL/kg
total 20 mL/kg) sur 3 bolus) (ou sang total 150% avec sur 30 mn
heures • Si choc résolu : 70 mL/kg 20 mL/kg) sur G5%-RL • Réévaluer, si
• Perfusion d’entretien G5%-RL 3 heures signes de
200% avec G5%-RL en en 5 heures si <1 an • Perfusion chocs toujours
attendant le sang et en 2,5 heures si >1 an d’entretien présents :
réduire à 100% après le • Réhydratation orale avec 100% répéter les
démarrage de la SRO si insuffisance avec G 5%-RL bolus (max 3
transfusion (2 IV) circulatoire résolue en attendant bolus)
• Puis réévaluer les signes MAS : RL 15 mL/kg en sang
de choc et d’hydratation 1 heure (max 2 bolus)
Agir en conséquence du • Si choc résolu perfusion Envisager hydrocortisone 2mg/kg en injection lente :
taux d’Hb d’entretien 150%-200% • Premières 24 heures : 1mg/kg/dose X 4/jour
• Réhydratation orale si avec G5%-RL en fonction • 24-48 heures : 0.5mg/kg/dose x 4/jour
choc est résolu et dès des pertes.
qu’elle est toléré - même • Réévaluer toutes les 2
si transfusion en cours heures: dès que possible, Lorsque le choc est traité ou max de bolus atteint :
commencer ReSoMal Perfusions d’entretien, pour MAS, commencer F75
Pour MAS, commencer F75 selon le protocole lorsqu'il selon le protocole lorsqu'il n'y a plus de déficience
n'y a plus de déficience circulatoire circulatoire
*Choc cardiogénique/Surcharge hydrique **L’adrénaline ne peut être utilisée que dans les
Porter attention à toute apparition d’une hépatomégalie, contextes où la TA peut être monitorée, une pompe à
de crépitants bilatéraux aux bases pulmonaires et d’un perfusion est disponible, ainsi qu’un personnel
galop : suffisant pour une surveillance étroite. Utiliser une
arrêter IV infusion/transfusion ; donner furosémide ligne IV séparée. En discuter avec le conseiller
1 mg/kg x1 à 2 fois ; mettre le patient en position ½ assise, médical/RMP respectif pour chaque projet - Se référer
maintenir l’oxygénation. au protocole.
83
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Insuffisance circulatoire
Les enfants qui présentent des signes de maladie grave et qui présentent des signes d'insuffisance
circulatoire doivent être traités de manière urgente.
Si (et seulement si) l'enfant présente la totalité de ces 3 signes ensemble, traitez comme un choc
(voir protocole ci-dessus). Si l'enfant n'a que 2 signes, considérez qu’il s’agit d’une insuffisance
circulatoire (cf le protocole ci-dessous).
Prise en charge :
• Démarrer oxygène (1-2L pour nourrissons et 2-4L pour les enfants plus âgés et titrer plus
tard, ciblant SpO2 ≥94%).
• Sécuriser IV.
• Paludisme TDR, Hb, glucose (et traiter en conséquence).
• En cas de suspicion d'infection sévère, envisager de la Ceftriaxone IV (100 mg/kg).
• Réévaluer les signes vitaux toutes les 15 à 30 minutes.
• Évaluer les diagnostics/conditions sous-jacents et traiter selon le protocole respectif.
• Si Hb est <6 g/dl, transfuser : 15 mL/kg CG (ou 20 mL/kg sang total, si le CG n'est pas
disponible) pendant 3 heures.
• Si l'enfant est déshydraté, commencer le traitement selon le protocole de réhydratation,
mais vérifier régulièrement Hb pour envisager la nécessité d'une transfusion. Commencer la
réhydratation orale dès que l'enfant tolère les liquides oraux.
• Si l'enfant n'est pas déshydraté mais incapable de boire, fournir des fluides de maintenance
à 100% avec G5%-RL (cf Chapitre 3.3.) ou F75 via un tube nasogastrique pour SAM,
continuer à surveiller de près et à réévaluer régulièrement pour établir un diagnostic.
• Réévaluer l'Hb et le glucose à 60 et 120 minutes et agir selon les résultats.
2
Un enfant convulsant peut présenter ces symptômes : Stopper les convulsions puis réévaluer
3
La dengue peut provoquer une bradycardie.
84
3.2. Chocs
Étiologie
L’exposition à l’allergène peut se faire sous différentes formes : Prise de médicaments (antibiotique
le plus fréquemment), alimentation, piqûre d’insecte, contact avec gants en latex, produits d’anesthésie,
etc. La majorité des enfants ont déjà eu une réaction allergique antérieure et/ou un antécédent d’asthme.
Symptômes
Les symptômes de l’anaphylaxie sont potentiellement fatals. Ils incluent un ou plusieurs des signes
ou symptômes listés sous la catégorie anaphylaxie dans le tableau 3.2.2. Dans certains cas,
l’anaphylaxie est précédée par des symptômes allergiques (cf Tableau 3.2.2).
Traitement
Cf Algorithme 3.2.6 en fin de chapitre
85
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
1. Épinéphrine/adrénaline IM 0,01 mg/kg : Utiliser la solution non diluée (1 mg/mL) dans une
seringue de 1 mL. Injecter dans la partie moyenne de la face antérolatérale de la cuisse. Il n’est
pas nécessaire de calculer précisément la dose IM d’épinéphrine/adrénaline dans l’anaphylaxie.
Utiliser le tableau ci-dessous :
86
3.2. Chocs
S’il n’y a pas de nébuliseur disponible ou si les symptômes ne sont pas sévères : Utiliser le
salbutamol en aérosol doseur avec une chambre d’inhalation selon le protocole suivant (cf Chapitre
3.1. pour l’utilisation) :
• 2 à 4 bouffées toutes les 10 minutes x3
• Puis, 2 à 4 bouffées toutes les 30 minutes x2
• Puis, 2 à 4 bouffées toutes les heures puis, lorsque le wheezing s’améliore, espacer
progressivement à toutes les 6 heures
Si wheezing sévère ou détresse respiratoire : Il est préférable d’utiliser un nébuliseur, plutôt qu’une
chambre d’inhalation.
87
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Effets secondaires : L’adrénaline intraveineuse peut causer une hypertension, une ischémie
cardiaque et des arythmies ventriculaires, potentiellement fatales. Elle doit être administrée
seulement par du personnel expérimenté et formé à la titration d’adrénaline injectable, en utilisant
un moniteur de surveillance continu pour la fréquence cardiaque (FC) et la pression artérielle (PA).
L’adrénaline est un agent ischémique et un irritant veineux périphérique. Surveiller le site d’injection
en raison du risque d’extravasation.
88
3.2. Chocs
Prise en charge
Traiter le choc :
• Bolus 20 mL/kg RL IV/IO ou 20 mL/kg NaCl si RL n’est pas disponible ; Répéter bolus x2 si
l’enfant est en état de choc ; Donner 3ème bolus si choc persiste
• Observer pour signes de surcharge hydrique
89
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Choc hémorragique
Tableau 3.2.7 Définition du choc hémorragique
Noter que le taux d’hémoglobine peut initialement être normal dans le choc hémorragique car le
corps de l’enfant peut mettre du temps à s'équilibrer et l’hémoglobine à refléter les pertes
sanguines. Il faut donc :
• Répéter le contrôle du taux d’hémoglobine après 30 à 60 mn s’il est initialement normal.
• Si l’enfant présente un saignement actif important, traiter comme un choc hémorragique
même si l’hémoglobine est initialement ≥8 g/dL.
Étiologie
Le choc hémorragique peut être causé par : Des traumatismes, une rupture splénique
(drépanocytose sévère, paludisme, traumatisme), des saignements gastro-intestinaux, des
saignements diffus liés à une fièvre hémorragique ou à la dengue.
Examens complémentaires
Traitement
La prise en charge du choc hémorragique démarre impérativement et immédiatement par l’arrêt de
tout saignement visible (compression, garrot, hémostase chirurgicale) → Emmener l’enfant au bloc
opératoire immédiatement si traumatisme sévère.
90
3.2. Chocs
91
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
92
3.3. Affections gastro-intestinales
Le personnel médical doit visualiser les matières fécales afin de faire le diagnostic de diarrhée
sanglante. Les selles doivent être évaluées par rapport à toutes les caractéristiques suivantes :
• Liquides ou aqueuses
• Macroscopiquement sanglantes (contiennent du sang rouge visible)
• Le sang est mélangé aux selles, et non pas en traces sur la surface d’une selle formée comme
dans la fissure anale
Étiologie
La majorité des cas de diarrhée aiguë dans les pays en développement est causée par des
gastroentérites infectieuses. Plus rarement, la diarrhée aiguë peut être le symptôme d’une infection
systémique ou d’une urgence chirurgicale intra- abdominale.
La diarrhée aiguë peut aussi être définie comme aqueuse en opposition à la diarrhée sanglante.
Les causes de diarrhée aiguë aqueuse sont (la liste n’est pas exhaustive) :
• Virales (60% des cas) : Rotavirus (agent pathogène le plus commun chez les enfants
de <2 ans), adénovirus entérique (entérovirus), rougeole
• Bactériennes : Escherichia coli entérotoxinogène (ETEC) commun chez l'enfant >2 ans ;
Campylobacter jejuni ; Vibrio cholera ; Yersinia enterocolitica; Aeromonas
• Parasites : Giardia lamblia (le plus commun), Cryptospridium (enfant <2 ans et VIH)
• La Salmonellose non typhique entraine une diarrhée à la fois aqueuse et sanglante avec la
présence fréquente de glaires.
93
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Pathologies associées
La diarrhée est un symptôme communément associé à d’autres pathologies telles que :
• Les infections systémiques associées à une diarrhée sont notamment la rougeole, la grippe,
les fièvres hémorragiques, le VIH, et le paludisme.
• Les infections bactériennes sévères associées à une diarrhée peuvent évoquer une
pneumonie, une infection urinaire, une méningite ou encore un sepsis.
• Certaines urgences chirurgicales, telles qu’une invagination intestinale ou une appendicite,
peuvent aussi être associées à une diarrhée. Ces maladies concomitantes sont des causes
majeures de mortalité chez les enfants qui consultent pour diarrhée aiguë.
Diagnostic
L’évaluation clinique de l’enfant affecté par une diarrhée peut être divisée en 4 éléments pour
guider sa prise en charge clinique :
L’évaluation de l’enfant affecté par une diarrhée doit inclure les éléments suivants :
• La durée : Aiguë (si <14 jours) ? Persistante (si >14 jours) ?
• La fréquence : <3 selles par jour ? >3 selles par jour ?
• La consistance des selles : Molles ou liquides ? Présence de glaires ? De sang ? Diarrhée
d’apparence « eau de riz » (choléra)
• Les signes et symptômes associés : Fièvre ? Vomissements ? Aspect maladif ?
• Les pathologies associées : Paludisme ? Pneumonie ? VIH ? Etc.
• Le statut nutritionnel : Enfant malnutri ? Nutrition appropriée ?
• Le statut immunitaire de l’enfant : Immunodépression (VIH) ?
• Les antécédents de traitements médicamenteux récents (particulièrement antibiotiques) et
l'utilisation de ces traitements (notamment médecine traditionnelle)
• Le contexte familial, les conditions de vie
État d'hydratation
Le décès par déshydratation est une cause majeure de mortalité. Il peut survenir si l’état initial de
déshydratation est sous-estimé et/ou en raison d’une mauvaise appréciation de l’étendue des pertes
hydriques en cours.
Il est donc impératif d’évaluer le degré de déshydratation chez tous les enfants affectés par une
diarrhée quel que soit le nombre de selles ou leur contenu en eau.
94
3.3. Affections gastro-intestinales
Somnolent
Le test du pli cutané : Pincer la peau de l’abdomen pour évaluer la souplesse de la peau. Le pli
cutané s’efface très lentement (> 3 secondes) dans la déshydratation sévère.
Attention : ce signe n’est pas fiable chez l’enfant souffrant de malnutrition aiguë sévère (MAS).
95
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Examens complémentaires
Les examens biologiques ne sont pas justifiés chez la plupart des enfants souffrant de diarrhée aiguë.
Chez les patients présentant des convulsions ou une altération de l’état de conscience, mesurer la
glycémie et l’ionogramme sanguin si possible.
Traitement
Le traitement de la diarrhée consiste à corriger les pertes liquidiennes grâce à la réhydratation, aux
apports nutritionnels appropriés, à la supplémentation en zinc et à prendre en charge d’éventuelles
pathologies associées.
96
3.3. Affections gastro-intestinales
Tableau 3.3.5 Quantités de solution à donner pour compenser les sorties liquidiennes
liées aux selles et vomissements chez l’enfant MAS et non MAS
97
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Apprendre et encourager la mère à donner à son enfant autant de liquides qu’il accepte de boire.
• Si l'enfant est allaité, continuer l’allaitement à la même fréquence, à condition que l’enfant
boive la quantité recommandée de SRO (cf Tableau 3.3.5) ou d’eau potable en complément
du lait maternel.
• Si l’enfant n’est pas exclusivement allaité, SRO et alimentation liquide (soupe, eau de riz,
yaourt liquide) ou eau potable.
• Si MAS, hospitaliser et remplacer le ReSoMal par des quantités équivalentes de lait F 75 ou
de lait F 100 au moment des repas.
L’enfant doit continuer à téter au sein pendant qu’il reçoit la solution SRO dans la quantité définie
selon le tableau ci-après.
98
3.3. Affections gastro-intestinales
Tableau 3.3.7 Apports liquidiens en cas de déshydratation modérée (et sévère) chez l’enfant MAS
99
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Tableau 3.3.8 Apports liquidiens en cas de déshydratation sévère (OMS plan C) pour non MAS
Donner 100 mL/kg de RL (ou, si non disponible, NaCl), divisé de la façon suivante :
Âge Débuter avec 30 mL/kg en : Puis donner 70 mL/kg en :
Nourrisson (<12 mois) 1 heure 5 heures
Enfant >12 mois 30 minutes 2 ½ heures
Pour MAS et non MAS : Si la déshydratation ne s’améliore pas, accélérer le goutte-à-goutte de l’IV
De plus, donner du SRO (environ 5mL/kg per h) dès que l’enfant est éveillé/alerte et a la capacité de
boire ou de tolérer une sonde nasogastrique (usuellement après 3 à 4h chez les nourrissons et 1 à 2h
chez les enfants)
Après la réanimation
Continuez le SRO per OS ou SNG comme convenu dans le tableau précédent (en fonction du statut
d’hydratation et de nutrition du patient). Toutefois si l’état de conscience de l’enfant se dégrade ou
s’il est intolérant à la SNG du fait de vomissement : augmenter les volumes de fluides donné par IV.
1,5x plus que le volume usuel (1x chez le SAM) IVI pour 24 heures puis retourner au volume
standard.
100
3.3. Affections gastro-intestinales
Supplémentation en minéraux
Pour toute diarrhée, aqueuse et/ou sanglante, si enfant <5 ans, la posologie est la suivante :
• <6 mois → 10 mg/jour x10 jours
• 6 mois et <5ans → 20 mg /jour x10 jours
Ne pas utiliser dans les cas de MAS car les aliments thérapeutiques (ATPE) contiennent déjà du zinc.
• Évaluer tout enfant avec diarrhée persistante pour rechercher une malnutrition et/ou VIH.
• Alimentation :
- Encourager la reprise alimentaire précoce pour prévenir la malnutrition
- Les nourrissons présentant une diarrhée doivent reprendre l’allaitement dès que possible.
- Les enfants âgés de plus de 6 mois avec diarrhée doivent être encouragés à reprendre une
alimentation solide dès la correction de la déshydratation. Pour les enfants souffrant de
MAS, réintroduire les repas avec du F 75 dans les 12 heures dès que leur condition
clinique se stabilise.
Antibiothérapie
Les antibiotiques ne sont pas indiqués chez la plupart des enfants présentant une diarrhée aqueuse
sévère. Cependant, une suspicion de choléra est une exception majeure pour laquelle le traitement
antibiotique est approprié.
Les antibiotiques sont indiqués pour les enfants présentant une diarrhée sanglante aiguë et la
confirmation de la présence de sang dans les selles. L’antibiothérapie empirique pour la diarrhée
aiguë sanglante doit cibler les formes de Shigella.
101
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Amibiase
L’amibiase peut être la cause de diarrhées persistantes et sanglantes mais c’est une étiologie peu
fréquente de diarrhées sanglantes chez les jeunes enfants.
La dysenterie amibienne est caractérisée par : Diarrhée habituellement sanglante ; Douleur
abdominale et ténesme
L’abcès hépatique amibien est caractérisé par : Une possible jaunisse mineure ; Perte d’appétit et
perte de poids ; Nausées/vomissements ; Fièvre intermittente ; Sueurs/frissons.
Traitement de l’amibiase :
• Prendre en charge seulement si le traitement de la Shigella n’a pas amélioré l’état clinique
• Tinidazole 50 mg/kg 1x /jour PO (max 2g) x3 jours pour une amibiase intestinale et une
amibiase hépatique ou x5 jours pour la dysenterie amibienne ou Métronidazole 15
mg/kg/dose 3x /jour PO x10 jours pour une amibiase hépatique.
102
3.3. Affections gastro-intestinales
Température ≥39°C
Non Oui
Diarrhée sanglante
Rechercher autres causes de fièvre associée à la
diarrhée :
Non Oui
→ Paludisme, pneumonie, méningite, sepsis...
Envisager traitement ATB selon protocole
Diarrhée >2 semaines Envisager : Shigella, Si défense → Suspecter péritonite :
Salmonella, Exclure les étiologies chirurgicales (appendicite,
invagination perforation, invagination, obstruction)
intestinale, etc,
Non Oui
Si aucun des éléments ci-dessus n’est retrouvé :
Envisager l’hospitalisation
Traiter Giardia : Tinidazole x1 dose Évaluation et traitement de la déshydratation
Réhydratation avec SRO ou autres en fonction de
l’état clinique et des comorbidités
Amélioration Zinc 20 mg par jour x 10 à 14 jours
(10 mg par jour pour nourrissons <6 mois)
Non Oui
103
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
104
3.4. Affections du rein et IVU
Cystite aiguë
La cystite est une infection basse de la vessie chez un enfant >2 ans, sans fièvre. L’agent pathogène
en cause le plus commun est Escherichia coli.
Symptômes
Les patients souffrant d’une cystite aiguë présentent en général les symptômes d’une infection
urinaire basse, soit :
• Dysurie (douleur à la miction)
• Pollakiurie
• Incontinence chez un enfant qui est propre
• Impériosité
• Énurésie chez un enfant qui ne mouille pas son lit normalement
• Douleur abdominale et sus-pubienne
• Et/ou hématurie
Les enfants souffrant d’une cystite aiguë sans complication n’ont en général pas de fièvre ni de
symptômes généraux. La fièvre >38ºC, des frissons, ou encore une douleur des flancs suggèrent une
infection urinaire haute, plutôt qu’une cystite aiguë. Dans ce cas, traiter comme une pyélonéphrite.
Diagnostic
Anamnèse (fièvre, vomissements, symptômes urinaires, etc.) et examen physique (douleur des
flancs, pression artérielle, etc.)
Examens de laboratoire :
• Bandelette urinaire :
- Des nitrites indiquent la présence d’une entérobactérie
- Des leucocytes indiquent une infection des urines
- Si la BU est négative pour la recherche de nitrites et de leucocytes, une infection urinaire
est exclue
• Si l’examen cytobactériologique des urines/urino-culture est réalisable, utiliser pour
confirmer l’infection et identifier l’agent pathogène en cause
À noter : Dans les zones où la schistosomiase urinaire est endémique, envisager une schistosomiase
chez les enfants présentant une hématurie macroscopique ou une hématurie microscopique
détectée par la bandelette urinaire. L’enfant peut avoir une infection urinaire associée à une
schistosomiase. Dans la zone où le paludisme est endémique, toujours effectuer un test de
dépistage du paludisme.
105
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Traitement
Le traitement de la cystite aiguë non compliquée chez les enfants >2 ans se fait par Céfixime PO
8 mg/kg une fois par jour pendant 3 jours ou amoxicilline/acide clavulanique PO 20 à 25 mg/kg/dose
2x /jour pendant 3 jours.
106
3.4. Affections du rein et IVU
Pyélonéphrite/IVU
Chez les enfants ≤2 ans, il est difficile de différentier la pyélonéphrite (une infection du haut appareil
urinaire affectant le rein), de la cystite aiguë (une infection du bas appareil urinaire affectant la
vessie caractérisée par des symptômes mictionnels sans fièvre ni signes généraux). L’agent
pathogène le plus souvent retrouvé est Escherichia coli, suivi d’autres entérobactéries.
Dans les contextes d’intervention MSF, une infection des voies urinaires (IVU) fébrile sera considérée
comme une pyélonéphrite chez les enfants < 2 ans. Pour la prise en charge de la cystite aiguë chez
les enfants âgés de plus de 2 ans, voir le chapitre précédant.
Symptômes
Les manifestations des IVU varient en fonction de l’âge et sont particulièrement peu spécifiques
dans la petite enfance. Chez le nourrisson, les IVU peuvent entrainer de la fièvre, des vomissements,
des diarrhées, une irritabilité et des signes de sepsis. Au-delà de l’âge de 2 à 3 ans, les symptômes
sont plus évocateurs des voies urinaires. Mais en pratique, dans la majorité des cas, il n’est pas
possible de différentier strictement les affections hautes des affections basses chez l’enfant ; Et les
enfants présentant de la fièvre doivent être considérés comme des cas de pyélonéphrite.
Les symptômes les plus communs chez les enfants avec pyélonéphrite/IVU sont :
• Pleurs inexpliqués chez le jeune enfant
• Dysurie, pollakiurie, ou les deux
• Incontinence urinaire d’apparition récente
• Urine malodorante
• Douleur abdominale, douleur spécifique à la percussion des flancs
• Diminution de l’appétit et altération de l'état général
• Aspect maladif
• Fièvre
Diagnostic
Anamnèse et examen clinique
Explorations biologiques :
• Bandelette urinaire :
- Des nitrites indiquent la présence d’entérobactéries.
- Des leucocytes indiquent une infection dans les urines.
- Si la BU est négative pour nitrites et leucocytes, l’infection urinaire est exclue.
• Si l’examen cytobactériologique des urines ECBU/urinoculture est possible : Utiliser pour
confirmer l’infection et identifier l’agent pathogène
À noter : Dans les zones où la schistosomiase urinaire est endémique, envisager une schistosomiase
chez les enfants présentant une hématurie macroscopique ou une hématurie microscopique
107
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
détectée par la bandelette urinaire. L’enfant peut avoir une IVU associée à une schistosomiase. Dans
les zones de paludisme endémique, toujours réaliser un TDR paludisme.
Traitement
Le traitement de l’IVU fébrile chez l’enfant < 2 ans et de la pyélonéphrite suit le protocole suivant :
• Hospitaliser
• Ceftriaxone 50 mg/kg/dose 1x/jour (max 2 g) IV/IM jusqu’à ce que l’enfant puisse tolérer
l’administration par voie orale
• Réévaluer l’enfant quotidiennement :
- Si l’état de l’enfant s’est amélioré et s’il tolère voie orale après 48 h de ceftriaxone →
Continuer ceftriaxone IV pour un total de 3 jours puis sortie de l’hôpital avec une
antibiothérapie PO comme précisé ci-après (paragraphe Traitement à la sortie)
- Si l'état de l’enfant ne s’améliore pas après 48 h de ceftriaxone IV → Ajouter gentamycine
5 mg/kg/jour IV et continuer la bi-antibiothérapie pendant au moins
48 heures. Lorsque l’enfant devient apyrétique, bien portant et tolère les traitements PO
→ Sortie de l’hôpital et traitement de sortie comme précisé ci-après
- Si l’état de l’enfant ne s’améliore pas au 4ème jour du traitement antibiotique
→ Arrêter ceftriaxone et gentamycine → Passer à ciprofloxacine 10 mg/kg/dose
2x /jour x7 jours
Traitement complémentaire
• Apporter des apports liquidiens et caloriques adaptés si l’enfant ne tolère pas la prise orale
(cf Chapitre 7.1.)
• Traiter la fièvre (pour améliorer le confort du patient)
• Garantir une bonne analgésie
Surveillance
• Surveiller les constantes vitales selon l’état clinique de l’enfant
• Surveiller la diurèse sur 24h
Traitement à la sortie
• Cefixime PO 8mg/kg/jour 1x /jour pendant 7 jours
108
3.4. Affections du rein et IVU
Algorithme 3.4.1 Infection des voies urinaires (IVU) chez les enfants > 30 jours*
Température >39°C pendant ≥48 heures en l’absence d’une autre source de fièvre
Ou enfant sévèrement malade
Hospitaliser et traiter
Ceftriaxone 50 mg/kg/dose 1x /jour (max 2 g) x 48 heures
109
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Les enfants entre 5 et 12 ans sont les plus souvent concernés et le syndrome est rarement observé
avant l’âge de 3 ans.
Symptômes
Le tableau clinique typique de la GNA est caractérisé par un syndrome néphrétique aigu avec
hématurie macro ou microscopique (sang rouge à marron), protéinurie, hypertension, présence
d’œdèmes et une atteinte de la fonction rénale de degré variable.
• Dans certains nombres de cas, un syndrome néphrotique aigu impur peut survenir,
caractérisé par des urines de couleur rouge ou marron, une protéinurie (jusqu’à +++), des
œdèmes, une hypertension et une élévation de la créatinine plasmatique.
• L’œdème généralisé est présent dans environ deux tiers des cas, conséquence de la
rétention hydro-sodée. Dans les cas graves, la surcharge hydro-sodée entraine une détresse
respiratoire causée par un œdème pulmonaire.
• L’hématurie macroscopique est présente dans 30 à 50% des cas. Les urines ont un aspect
trouble et sont de couleur comparable à du thé ou du Coca-Cola®.
• L’hypertension est fréquente et d'une gravité faible à sévère.
Diagnostic
Examens biologiques :
• Bandelette urinaire à la recherche d'une hématurie et d’une protéinurie
• ECBU (si disponible)
• Urée et créatinine sanguine si disponible
• Ionogramme si disponible
• Test de diagnostic rapide du strepto A pharyngé (StreptoTest) → Peut être négatif > 2
semaines après la pharyngite
110
3.4. Affections du rein et IVU
Nom du patient
Parties du corps Sévérité
Visage Modérée
Membres supérieurs Modérée
Mains Mineure
Membres inférieurs Sévère
Pieds Sévère
Traitement
Il n’existe pas de traitement spécifique. La prise en charge est symptomatique et centrée sur le
traitement de la surcharge hydro-sodée à l’origine des complications cliniques de la GNA, avec les
mesures suivantes à prendre :
• Traiter l’infection streptococcique persistante (pénicilline ou amoxicilline ou érythromycine
si allergie)
• Restriction sodée si présence d’œdèmes généralisés (ne pas ajouter de sel à la nourriture de
l’enfant)
• La restriction hydrique n’est pas recommandée chez les enfants non hospitalisés et vivant
dans des climats chauds, en raison du risque de déshydratation et d’insuffisance rénale.
Le traitement diurétique à l’hôpital est indiqué pour normaliser la pression artérielle et traiter la
surcharge hydrique. Le protocole est le suivant :
• Furosémide PO 1 mg/kg 1 à 2x /jour - À répéter après 6 heures si l’enfant n’a pas uriné
• Si l’enfant est à jeun : Furosémide 1 mg/kg/ IV - Peut être répété une fois après 2 heures.
Donner toutes les 8 heures. Le furosémide peut entrainer une hypokaliémie → Donner des
solutés riches en potassium à un enfant traité avec furosémide et proposer une alimentation
riche en sodium telle que haricots blancs, poisson, avocat, bananes, légumes verts foncés.
L’hypertension répond en général aux diurétiques. Dans le cas contraire, et si des signes
d’hypertension intracrânienne sont présents (céphalées, vision trouble…). Voir urgences
hypertensives.
Surveillance
Durant le traitement, mettre en place une surveillance rapprochée en fonction de l’état clinique du
patient :
• Mesurer quotidiennement la diurèse et la pression artérielle
111
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
112
3.4. Affections du rein et IVU
Syndrome néphrotique
Le syndrome néphrotique est défini par l’excrétion d'une quantité excessive de protéines dans les
urines, la présence d’œdèmes, une hypoalbuminémie et une hyperlipidémie. Les deux premiers
signes cliniques sont en général utilisés pour établir le diagnostic clinique. Le syndrome néphrotique,
s'il n’est pas traité, peut évoluer vers l’insuffisance rénale.
La maladie du changement minimal (ou MCD pour Minimal change disease) est une forme très
commune de syndrome néphrotique chez les enfants (particulièrement avant 6 ans). C’est la seule
forme de celui-ci qui puisse être prise en charge dans un environnement médical standard.
Les enfants atteints de syndrome néphrotique ont un risque élevé de thromboses veineuses,
d’infections bactériennes graves (en particulier à Streptococcus pneumonia) et de malnutrition.
Symptômes
La confirmation diagnostique est faite par biopsie rénale, mais un diagnostic présomptif de MCD
peut être fait sur la base des signes cliniques suivants :
• Présence d’œdèmes
• Et Hyperprotéinurie avec une fonction rénale normale
• Et Absence d’hypertension
• Et Absence d’hématurie sévère
La présence des œdèmes est le signe clinique principal. Leurs localisations varient en fonction de la
position et de l’activité de l’enfant. Au réveil, l’enfant présente un œdème péri-orbital. Au cours de la
journée, l’œdème péri-orbital diminue alors que les œdèmes des membres inférieurs augmentent.
L’œdème est mou, indolore et prenant le godet. Lorsque l’œdème s’aggrave, il peut s’étendre au dos,
aux parties génitales, et progresse vers un œdème généralisé avec ascite et épanchement pleural. Chez
l’enfant présentant un œdème, rechercher une hyperprotéinurie à l’aide d’une bandelette urinaire.
Une oligurie peut être présente : Évaluer l’hypovolémie intravasculaire (mesurer PA, FC, TRC).
Chez l'enfant déjà traité pour un syndrome néphrotique, la récidive est définie par la réapparition de
la protéinurie et des œdèmes, à tout moment, suite une corticothérapie efficace.
Diagnostic
Réaliser les examens complémentaires suivants :
Urine :
• Mesurer la protéinurie : Faire une bandelette urinaire sur 2 échantillons d’urine. Les
bandelettes urinaires peuvent varier en fonction du fabriquant mais une protéinurie
d'origine néphrotique est égale ou supérieure à +++ (ou égale ou supérieure à 300 mg/dL ou
30 g/L).
113
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Diagnostic différentiel
Traitement
La prise en charge du syndrome néphrotique consiste en :
Corticothérapie
La plupart des enfants atteints de MCD répondent à la corticothérapie. Cependant, elle doit être
utilisée uniquement si tous les critères suivants sont réunis :
• Protéinurie d'origine néphrotique, hématurie inférieure à ++ et absence d’hématurie
macroscopique
• Enfants âgés de 1 à 10 ans uniquement
• Pression artérielle globalement normale pour l’âge
• Avant de débuter la corticothérapie, traiter toute infection bactérienne intercurrente
(pneumonie, péritonite, sepsis...)
• Pas de tuberculose active ou en cours de traitement
114
3.4. Affections du rein et IVU
Traitement initial
• Prednisolone ou prednisone PO : 2 mg/kg une fois par jour le matin pendant 6 semaines
(max. 60 mg/jour) puis 1.5 mg/kg tous les 2 jours pendant 6 semaines.
• Compléter 12 semaines de traitement, sans tenir compte de l’amélioration clinique ou
biologique
• Diminuer progressivement de 0,5 mg/kg toutes les 2 semaines sur 8 semaines
• La durée totale de traitement est de 4 mois et demi.
• Si l’enfant développe des signes de gastrite : Traiter avec oméprazole PO 0,7 à 1 mg/kg
1x /jour
• Donner aux parents des instructions concernant le régime de l’enfant, qui doit être sans sel
ajouté, équilibré et offrir des apports suffisants en protéines et en calories.
• Ne pas limiter les apports hydriques (risque de thrombose liée à l’hypercoagulabilité)
• Si présence d’un œdème très sévère ou en cas d’insuffisance rénale ou d’hyponatrémie, les
apports hydriques peuvent être initialement restreints (par exemple 75% des apports
habituels). La diurèse sera alors quantifiée.
• Encourager l’enfant à marcher et à jouer pour prévenir le risque thromboembolique.
• Sortie de l‘hôpital lorsque l’enfant est stable, avec un suivi mensuel comprenant la
surveillance du poids.
• Si fièvre, douleur abdominale, détresse respiratoire ou signes de thrombose veineuse,
encourager à consulter un médecin
Les infections doivent être traitées sans délai, mais ne pas prescrire d’antibiothérapie
prophylactique.
Vaccination
• Pour les enfants de moins de 5 ans, vérifier que le patient a bien reçu tous les vaccins du
programme étendu de vaccination (PEV) dont Haemophilus influenza type B, vaccin
conjugué anti-pneumocoque et (si zone endémique) vaccin conjugué anti-méningocoque A.
• Les enfants âgés de plus de 5 ans doivent recevoir les vaccins contre le tétanos et la
rougeole, le vaccin conjugué anti-pneumocoque et le vaccin conjugué anti-méningocoque A.
115
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Complications
Les enfants âgés de moins de 1 an ou plus de 10 ans et les enfants présentant une 3ème récidive, de
fréquentes récurrences, un syndrome néphrotique résistant à la corticothérapie ou un tableau
clinique mixte néphrotique et néphrétique, nécessitent des investigations complémentaires (biopsie
rénale, etc…) ainsi qu'un avis et une prise en charge spécialisée.
116
3.5. Affections métaboliques
117
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Hypoglycémie
Les nouveau-nés, nourrissons et jeunes enfants ne sont pas capables de maintenir une
concentration glycémique sanguine normale, même si la période de jeûne à laquelle ils sont soumis
est courte (24 à 36 heures). Ces enfants ont donc un risque plus élevé d’hypoglycémie si leurs
apports alimentaires sont interrompus.
L’hypoglycémie chez les nourrissons et les enfants nécessite une identification et un traitement
précoces pour prévenir l'apparition de séquelles neurologiques irréversibles.
Tous les enfants sévèrement malades doivent avoir un contrôle de la glycémie au moment de leur
admission à l’hôpital. Si cela n’est pas possible, traiter comme s’il s’agissait d’une vraie hypoglycémie
comme décrit ci-après. Dans les zones endémiques, il est nécessaire de réaliser un test de dépistage
du paludisme.
Tableau 3.5.1 Seuils limites pour le traitement de l’hypoglycémie dans les projets MSF
Symptômes
Les signes cliniques de l’hypoglycémie sont l’irritabilité, l’agitation, les troubles de l’alimentation, la
léthargie, la cyanose, la tachypnée, l’hypothermie, l’apathie, les crises convulsives, le coma.
Ces signes ne sont pas spécifiques d’une hypoglycémie et peuvent être des signes précoces d’autres
affections telles que sepsis, paludisme, syndrome de détresse respiratoire.
Traitement
La prise en charge clinique varie en fonction du degré d’hypoglycémie et des symptômes associés.
Traitement oral
• Adapté à l’enfant conscient, capable de boire et de déglutir sans danger
• Donner une boisson ou un aliment sucré par la bouche/per os :
- 1 à 2 cuillères à café de sucre en poudre diluée dans quelques mL d’eau
- Ou 60 mL de jus de fruit, de lait ou de lait thérapeutique si malnutrition aiguë sévère
(MAS) ou de lait maternel ou 5 à 10 mL de miel
- Ou G10% 10 mL/kg per os ou par sonde nasogastrique (SNG) → Enfant en position semi-
assise
118
3.5. Affections métaboliques
Traitement intraveineux
• Adapté à l’enfant s’il est inconscient ou ne peut pas boire
• Placer un cathéter IV/IO et :
• Administrer bolus de G10% 2 mL/kg sur 2 à 3 minutes (ne jamais utiliser du G50% sans le
diluer)
• Après le bolus IV, débuter une perfusion d’un soluté d’entretien avec G5%-RL, à moins
qu’une telle IV soit déjà en cours d’administration, dans ce cas changer la perfusion pour
une G10%-RL
• Répéter le contrôle de glycémie capillaire/dextro toutes les 30 minutes
• Répéter le bolus IV de 2 mL/kg G10% si l'enfant reste hypoglycémique après 30 minutes,
suivis par une perfusion d’entretien à G10%-RL.
• Voir chapitre 7 pour le protocole de préparation des solutés.
Surveillance
• Initialement, contrôler la glycémie capillaire/dextro toutes les 15 à 30 minutes et adapter le
débit de perfusion jusqu’à ce que la glycémie soit stable entre 70 et 120 mg/dl (3,9 à
6,7 mmol/L) sur deux contrôles consécutifs.
• Puis, contrôler la glycémie capillaire/dextro toutes les 2 à 3 heures jusqu’à stabilisation sur
deux contrôles consécutifs.
119
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Notez que cette section concerne uniquement les nourrissons et enfants de plus de 2 mois
120
3.6. Fièvre et sepsis
Fièvre et sepsis
La fièvre est définie (à tous les âges) lorsque la température (T) est ≥38°C. La fièvre n’est pas une
maladie mais une réponse physiologique de l'organisme.
Le sepsis est un syndrome clinique résultant d’une infection sévère. Elle inclue une inflammation, un
dysfonctionnement immunitaire, une circulation capillaire altérée et une dette en oxygène, pouvant
mener à une défaillance majeure et multiple d’organes, voire au décès.
Notez que pour une fièvre durant plus de 3 jours, il y a un risque accru de bactériémie, qui peut
mener à un sepsis.
Déterminez si l’enfant est immunocompétent (facteurs de risque VIH, Enfant HIV + connu, SAM,
Drépanocytose) et si l’enfant est vacciné.
Le sepsis peut être diagnostiqué chez un enfant gravement malade présentant un syndrome de
réponse inflammatoire systémique (SIRS) et une suspicion ou preuve d'infection.
Un diagnostic présomptif de sepsis sur les terrains MSF peut être fait sur la base de la présentation
clinique de fièvre ou d’hypothermie chez un enfant gravement malade/prostré (car dans ce cas il y a
toujours une suspicion d'infection). Déterminer si l’enfant est sévèrement malade ou s’il apparaît
septique, indiqué par n’importe quel signe clinique parmi les suivants : paleur sans anémie (« gris »),
121
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
cri faible, hypotonie récente, conscience altérée, enfant qui n’interagit pas avec son environnement,
regards hagards, ne réponds pas, pleurs inconsolable… Rechercher les sources usuelles de sepsis et
leurs signes cliniques :
Traitement
La fièvre est un signe clinique important, résultant le plus souvent d’une pathologie sous-jacente. La
première étape dans la prise en charge de la fièvre est d’en déterminer la cause.
Une reconnaissance et un traitement rapide du sepsis améliore le pronostic. L’ATB doit être choisi de
façon judicieuse et adapté au site présumé d’infection.
122
3.6. Fièvre et sepsis
• ABCDE (En cas de choc septique, se référer à la section couvrant les chocs)
• Hospitaliser
• Test de diagnostic du paludisme (même si le test de paludisme est positif, continuer les la
recherche diagnostic suivante)
• Hémoglobine si test du paludisme positif ou si sévèrement malade ou si pâleur excessive
• Bandelette urinaire : Si positive, traitez pour infection urinaire
• Numération leucocytaire (si disponible) → Contrôler si GB >15 000
• Si hémoculture possible, réaliser une hémoculture (minorité des cas)
• Si signe respiratoire : Radio du thorax si disponible.
• Si présence de signes de méningite ou si enfant <1 an et paraît souffrant, si étude du liquide
céphalo-rachidien (LCR) possible et non contre-indiquée : Réaliser une ponction lombaire.
• Donner le traitement empirique : Ceftriaxone IV/IM 50 mg/kg/dose 1x /jour (max 2 g) -
100 mg/kg/jour si suspicion de méningite.
• Si l’un des examens ci-dessus révèle une pathologie spécifique, adapter le traitement.
Antibiotiques
Administrer des antibiotiques à tous les enfants présentant un sepsis ou choc septique. Si possible
ajuster selon le tableau 3.6.2 ci-après.
Si l'enfant est en choc septique, l'antibiotique de 1er choix sera le ceftriaxone, surtout si le sepsis est
d'origine inconnue. La première dose peut être administrée rapidement.
La durée du traitement doit être déterminée par l'état de l’enfant et sa réponse clinique au
traitement. Traiter IV/IM x3 jours au moins (sauf dans le cadre d’une infection neuro-méningée où la
forme IV est préférée pendant toute la durée du traitement). Si l'état de l’enfant s’est amélioré et s’il
est capable de boire et manger, passer à la voie orale pour compléter 7 à 10 jours de traitement.
En cas d'étiologie intestinale, le relais oral doit être ciprofloxacine +/- métronidazole. La durée du
traitement dépend de la pathologie, se référer au chapitre correspondant pour plus de détails.
123
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Source Antibiothérapie
Origine inconnue
(cf Chapitre 3.2. Choc Ceftriaxone IV ou IM 100 mg/kg/jour en 1 ou 2 doses
septique)
Urinaire Ceftriaxone IV 50 mg/kg/dose 1x /jour (max 2 g)
(cf Chapitre 3.4. Affections Ajouter gentamycine IM/IV 5 mg/kg/dose 1x /jour si toujours fébrile
du rein et IVU) après 48 h de ceftriaxone
Intra-abdominal Ceftriaxone IV 75 mg/kg/dose 1x /jour (max 2 g)
(cf Chapitre Péritonite) et métronidazole IV 10 mg/kg/dose 3x /jour
Gastro-intestinale
Ceftriaxone IV 75 mg/kg/dose 1x/jour (max 2 g)
(cf Chapitre 3.3. Diarrhée)
Ceftriaxone 50 mg/kg/dose 1x /jour (max 2 g)
Voies respiratoires (même dose pour patient avec malnutrition, VIH ou rougeole)
(cf Chapitre 3.1. Si suspicion de pneumonie d’aspiration, ajouter métronidazole IV
Pneumonie) 10 mg/kg/dose 3x /jour
ou clindamycine IV 10 mg/kg/dose 3x /jour (si résistance)
Peau et tissu mou Ceftriaxone IV 100 mg/kg/jour en 1 ou 2 doses (max 2 g)
(cf Chapitre 3.10. Et cloxacilline IV 50 mg/kg/dose 4x /jour
Infections cutanées et Si pas d’amélioration après 48 h, arrêter cloxacilline IV
cellulite) et ajouter clindamycine IV 10 mg/kg/dose 3x /jour (suspicion MRSA)
Os et articulation
Ceftriaxone IV 100 mg/kg/jour en 1 ou 2 doses (max 2 g)
(cf Chapitre 3.9.
et clindamycine IV 10 mg/kg/dose 3x /jour
Ostéomyélite)
Système nerveux central
(cf Chapitre3.12. Ceftriaxone IV 100 mg/kg/jour en 1 ou 2 doses (max 2 g)
Méningite)
Si l’état de l’enfant ne s’améliore pas dans les 48 h :
• Vérifier que le patient reçoit bien ses antibiotiques (horaire, mode d’administration,
dosage, etc.)
• Réévaluer l’enfant, envisager d’autres diagnostics (VIH, tuberculose, infection fongique ou
virale, accumulation de fluides, etc.)
• Consulter l’équipe et le référent médical
Une fois que l'étiologie est connue et prise en compte, l’objectif principal du traitement de la fièvre
est d’améliorer le confort de l’enfant (impacté par la diminution de l’activité, la baisse des apports
hydriques, etc.).
Le moyen le plus simple de traiter une fièvre est de découvrir et déshabiller l’enfant.
Le traitement systématique de la fièvre n’est pas toujours nécessaire mais faire baisser la fièvre peut
améliorer le confort de l’enfant.
Il n’existe pas de preuve que le traitement de la fièvre réduise la morbidité ou la mortalité liée à une
maladie fébrile (même pour le paludisme).
124
3.6. Fièvre et sepsis
Il n’existe pas non plus de preuve que le traitement de la fièvre diminue l'incidence des convulsions,
que la fièvre aggrave la maladie ou que la fièvre ≥ 40°C soit associée à une atteinte cérébrale.
Agents antipyrétiques :
Le paracétamol et ibuprofène doivent être utilisés avec précaution chez l’enfant malnutri (cf tableau
ci-dessous). L'aspirine (ou acide acétylsalicylique) n’est pas recommandée en pédiatrie comme
antipyrétique.
Paracétamol
Posologie du paracétamol : 15 à 20 mg/kg par prise (dose maximale 800 mg) PO, toutes les 6 à 8
heures (maximum de 80 mg/kg par jour ou 4 g/jour)
Chez les enfants souffrant de MAS : Prescrire le paracétamol uniquement si la fièvre est source
d’inconfort pour l’enfant.
La posologie du paracétamol chez l’enfant MAS est de 10 mg/kg toutes les 8 heures. Prescrire pour
une durée maximale d’une journée et réévaluer la nécessité des antipyrétiques (cf guide MSF
Malnutrition)
Peut être donné oralement ou par sonde nasogastrique (SNG). Ne pas administrer en IV à moins que
la voie orale ne soit pas possible. L’indication principale du paracétamol IV en pédiatrie est l’enfant à
jeun et algique, ou encore si la fièvre intervient avant ou après un acte chirurgical.
Poids (en kg) Dose (en mg) Comprimé 100 mg Solution 120 mg/5 mL (en mL)
4 60 ½ 2,5
5 75 ¾ 3
6à8 90 à 120 1 5
9 à11 135 à 165 1+½ 6
12 à 14 180 à 210 2 8
15 à 17 225 2+½ 10
18 à 20 270 3 12
Ibuprofène
L’ibuprofène est contre-indiqué dans les cas suivants :
• Chez les enfants <6 mois
• En cas de déshydratation sévère, insuffisance rénale et saignement gastro-intestinal
Posologie : 10 mg/kg par dose PO toutes les 6 heures (max 40 mg/kg/jour) avec du lait ou de la
nourriture
125
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Posologie de l’ibuprofène pour les enfants MAS : Ne pas donner en phase I. Ensuite la dose est de 5
mg/kg toutes les 8 heures (cf guide MSF Malnutrition).
Poids (en kg) Dose (en mg) Solution 100 mg/5 mL (en ml) Comprimé 200 mg
4à5 40 à 50 2
6à7 60 à 70 3 Non applicable
8à9 80 à 90 4
10 à 14 100 à 140 Utiliser dosage comprimé 200 mg ½
15 à 20 150 à 200 Utiliser dosage comprimé 200 mg 1
Ne pas envelopper l’enfant dans des serviettes ou du linge mouillés, et ne pas utiliser de l’eau froide
car cela augmente l’inconfort de l’enfant. Cela peut également entrainer une chute dangereuse de
leur température corporelle (particulièrement dans le cas d’enfant MAS).
126
3.7. Maladies du sang
127
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Anémie
L’anémie n’est pas une pathologie mais un état clinique causé par une affection du sang. Elle est
communément retrouvée dans les pays en développement et résulte souvent de causes multiples.
Il y a anémie si l’hémoglobine (Hb) < 11 g/dl (< 10 g/dl chez le nourrisson de 2 à 6 mois).
L’anémie peut être :
• Modérée si Hb <9 g/dL
• Sévère si Hb <7 g/dL
• Très sévère si chute aiguë de l’hémoglobine en dessous du taux définissant l'anémie sévère,
Hb <4 g/dL ou Hb <6 g/dL associée à d’autres symptômes
Ces valeurs ne sont pas synonymes d’un besoin transfusionnel. Pour la transfusion, cf ci-après.
Causes
128
3.7. Maladies du sang
Diagnostic
Les signes cliniques et symptômes de l’anémie varient en fonction de l’âge de l’enfant, l’étiologie, la
rapidité de son évolution et/ou la nature (chronique ou aiguë) de l’anémie. Une anamnèse et un
examen clinique approfondi sont importants dans l’évaluation d’un enfant présentant une anémie.
Anamnèse
Au cours de l’interrogatoire, prendre en compte les symptômes actuels du patient mais poser
également des questions précises sur les antécédents familiaux. De plus, les éléments concernant la
naissance et la période néonatale peuvent apporter des indications significatives. Les points à
aborder sont les suivants :
129
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
• Antécédents périnataux
Examen clinique
Les zones particulièrement importantes à observer sont la peau, les yeux, la bouche, le visage
(notamment pour drépanocytose et thalassémie), le thorax, les mains et l’abdomen.
Examen de laboratoire
Traitement
130
3.7. Maladies du sang
• Ou si Hb entre 6 et 9 g/dL
Dans ce cas, rechercher les étiologies potentielles et les traiter comme suit :
• Tester et traiter un paludisme si test positif
• Rechercher un sepsis si examen clinique évocateur
• Rechercher les maladies chroniques, tuberculose, VIH et autres infections chroniques
• Traiter les parasitoses (cf ci-après).
• Évaluer et traiter une éventuelle malnutrition et un déficit en micronutriments.
• Prescrire le traitement médicamenteux de l’anémie (cf Tableau 3.7.2 ci-après)
Dans la majorité des missions MSF, les types d’anémie ne peuvent pas être différentiés et le
traitement étiologique est rarement possible. Traitement empirique (particulièrement
supplémentation en fer) en cas d’anémie sévère (non symptomatique) ou modérée seulement après
stabilisation. D’autant plus que la prescription de fer chez l’enfant sévèrement malade peut
exacerber la malnutrition aiguë ou les infections.
Effets secondaires
Les effets secondaires des traitements médicamenteux de l’anémie sont :
• Fer : Selles noires, constipation, problèmes gastriques. Toxicité sévère en cas de surdosage
À conserver hors de portée des enfants
• Acide folique : Irritation gastrique mineure, éruption cutanée
• Vitamine B12 : Éruption cutanée, allergie
• Vitamine A : Toxicité sévère si overdose. À conserver hors de portée des enfants
131
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Comprimé fer-folate
• Est idéalement donné en association avec l'acide folique.
1 cp = 200mg de sulfate ferreux (65 mg de fer élémentaire) + 400 µg d'acide folique
• Exception : Le fer est contre-indiqué chez l’enfant qui a reçu >2 transfusions au cours de
l’année ou qui est en phase aiguë de maladie.
Pour les enfants MAS, suivre les protocoles de nutrition
• Administrer en association avec la vitamine C pour une meilleure absorption du fer
À prendre le matin pendant 1 mois.
• Posologie selon le poids de l’enfant :
Poids Comprimé fer-folate Comprimé vitamine C de 250 mg
<4 kg ½ par jour 1 par jour
4 à <8 kg ½ par jour 1 par jour
8 à 15 kg 1 par jour 1 par jour
Ou acide folique seul
• Chez l’enfant qui a reçu >2 transfusions au cours de l’année ou qui a été transfusé
récemment (2 semaines précédentes) à prendre le matin pendant 1 mois
• Un traitement à vie par acide folique est requis dans l’anémie de la drépanocytose.
• Posologie selon le poids de l’enfant :
Poids Comprimé acide folique de 5 mg
<4 kg ½ par jour
4 à <8 kg 1 par jour
8 à 15 kg 1 par jour
Plus, vitamine B12
1 mg PO 1x /jour pendant 10 jours
Plus albendazole
Chez l’enfant qui n’est plus exclusivement allaité (en général > 6 mois)
• Posologie selon l’âge et le poids de l’enfant :
Âge et poids Albendazole
Enfants >6 mois et <10 kg 200 mg en dose unique
Enfants >6 mois et >10 kg 400 mg en dose unique
Plus vitamine A (Rétinol)
Exception :
• Nourrissons <6 mois qui sont exclusivement allaités si la mère a reçu une dose dans les
4 mois précédents
• Enfants qui ont reçu une dose dans les 6 mois précédents
• Enfants avec malnutrition aiguë sévère (MAS) qui reçoivent du lait ou des aliments
thérapeutiques.
• Posologie selon le poids de l’enfant :
Poids Vitamine A - Dose unique
<6 kg 2 gouttes (50 000 IU)
6 à 8 kg 4 gouttes (100 000 IU)
≥8 kg 1 capsule (200 000 IU)
132
3.7. Maladies du sang
Drépanocytose
La drépanocytose est une maladie héréditaire qui mène à la production d’un variant anormal de
l’hémoglobine, dit hémoglobine S (HbS). Cette maladie chronique est marquée par une tendance à
déformer les hématies qui prennent une forme de faucille. Ce phénomène cause les crises vaso-
occlusives caractéristiques de la maladie et une accélération de l’hémolyse.
Le trait drépanocytaire (les porteurs sont en général asymptomatiques) survient lorsqu’un enfant
hérite d’un gène de drépanocytose d’un parent et d’un gène normal de l’autre parent.
La drépanocytose se développe quand un enfant hérite d’un gène de la drépanocytose de chacun
des parents.
Symptômes
Les manifestations cliniques de la drépanocytose commencent à l’âge de 4 à 6 mois et peuvent être
qualifiées de d’aiguës ou de chroniques
Dans les régions où les soins complets (immunisation, antibiotiques prophylactiques etc.) ne sont
pas disponibles (par exemple en Afrique subsaharienne), les infections (septicémie bactérienne et
paludisme) sont la cause principale de décès liés à la drépanocytose, surtout chez les enfants âgés de
moins de 5 ans.
Diagnostic
Le diagnostic de la drépanocytose se base sur :
• Les antécédents détaillés de l’enfant et de la famille (hospitalisation et transfusions
précédentes)
133
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Sur les terrains MSF, les tests génétiques et l’électrophorèse de l’hémoglobine ne sont pas toujours
disponibles. Si les tests ne sont pas disponibles sur le terrain, essayer de référer l’enfant dans un
centre ou d’envoyer un échantillon de sang à analyser.
À noter : Il faut tester l’enfant avant une transfusion. Attendre au moins 60 jours avant de faire le
test après une transfusion.
La plupart des nourrissons n’ont aucun symptôme avant l’âge de 4 à 6 mois. Envisager le diagnostic
de la drépanocytose si l’enfant < 6 mois présente :
• Une dactylite (gonflement douloureux des 2 mains et/ou des 2 pieds). La dactylite est une
manifestation précoce de la drépanocytose.
• Une anémie grave (surtout avec des antécédents de transfusions)
• Des signes d’anémie hémolytique (jaunisse, hépatosplénomégalie, urine noirâtre)
• Des épisodes récurrents de douleurs généralisées et/ou gonflements et des douleurs articulaires
• Un priapisme (cf ci-après)
• Des ulcères variqueux ou ostéomyélites chroniques (communs après l’âge de 10 ans)
Traitement
Sur les terrains MSF, le traitement de la drépanocytose se concentre sur la prévention et le
traitement des complications aiguës les plus communes. D’autres approches médicales telles que les
transfusions sanguines répétées ne sont pas praticables sur nos terrains. Nous espérons que le
traitement par l’hydroxyurée (cf Tableau 3.7.4) sera bientôt disponible pour MSF.
134
3.7. Maladies du sang
sensation de chaleur et de gonflements. Les zones du corps les plus souvent affectées sont la
colonne lombo-sacrée, le genou, l’épaule, le coude et le fémur (d’autres parties du corps peuvent
aussi être affectées). Chez les enfants de moins de cinq ans, les petits os des mains et des pieds sont
souvent affectés, même les phalanges distales.
Si vous êtes dans un petit centre de santé, bien peser les risques de détérioration au cours du
transfert à l’hôpital versus les bénéfices attendus de soins hospitaliers plus conséquents.
À noter : Il est difficile de faire la différence entre la CVO et l’ostéomyélite. Envisager l’ostéomyélite
si un enfant ayant des signes de CVO présente également les symptômes suivants :
• Fièvre et signes inflammatoires locaux (même discrets)
• Douleur localisée, persistant plus de 48 à 72 heures
• Traiter les ostéomyélites aiguës avec ciprofloxacine IV 15 mg/kg/dose x2/j
Au minimum 7 jours IV, puis relayer par le traitement oral (cf Chapitre 3.9.)
Les enfants atteints de drépanocytose sont plus sensibles au paludisme et aux infections
bactériennes invasives (septicémie, méningite, pneumonie, ostéomyélite), particulièrement aux
micro-organismes encapsulés (par ex. Streptococus. pneumoniae et Haemophilus influenzae) et aux
salmonelles parce que leur rate ne fonctionne pas et qu’ils ont une réponse immunitaire diminuée.
La fièvre (ou d'hypothermie) peut être la première indication d’une infection sérieuse pouvant
mettre en danger la vie d'un patient atteint de drépanocytose.
Les enfants ayant une drépanocytose et de la fièvre nécessitent une attention médicale immédiate.
135
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Le choix du traitement à l’hôpital versus en consultation externe : Traiter tous les enfants
drépanocytaires infectés en hospitalisation au minimum durant les 48 premières heures.
• Traiter l’enfant comme patient sortant si tous les éléments suivants sont respectés :
L’état général de l’enfant est bon et il a une simple infection localisée (otite, pharyngite,
etc.)
L’enfant est âgé de plus de 2 ans.
T <39°C
Hémoglobine >5 g/dL
Pas de signe d’hémolyse aiguë (pâleur, jaunisse, urine noirâtre)
Pas de signes de séquestration splénique (splénomégalie soudaine et chute du niveau
d’hémoglobine)
Pas de complications simultanées
Les parents sont sûrs de pouvoir s'occuper de l'enfant.
Garder toujours l’enfant en observation pendant quelques heures avant de le renvoyer
chez lui
• Traiter comme patient entrant si l’un ou l’autre des signes suivants est présent :
L’enfant est gravement malade et/ou avec fièvre sans signes focaux
Signes de toxicité systémique, méningite, instabilité respiratoire et/ou hémodynamique
A déjà été admis dans le passé pour maladie grave (septicémie, méningite, etc.)
L’enfant est âgé de moins de 2 ans.
T ≥39 °C
Hémoglobine <5 g/dL
Signes d’hémolyse aiguë, de séquestration splénique ou autres complications simultanées
Les parents ne sont pas en mesure de s’occuper de l’enfant.
Le syndrome thoracique aigu (STA) est une complication habituelle et grave à tous les âges (c’est la
1ère cause de décès chez les adolescents). Un patient suspect de STA doit être traité à l’hôpital à
chaque fois que cela est possible. Le STA est caractérisé par des douleurs thoraciques, de la fièvre et
des symptômes respiratoires (il ressemble cliniquement à une pneumonie) + une chute de la SpO2 <
95%. Il peut survenir brusquement ou insidieusement, même en cours d’hospitalisation comme les
136
3.7. Maladies du sang
symptômes de la crise vaso-occlusive. Il touche plus souvent les enfants asthmatiques ou ayant déjà
des antécédents d’épisodes vaso-occlusifs. Penser systématiquement au STA chez un enfant
drépanocytaire avec symptômes respiratoires, quelle que soit sa température.
Sur les terrains MSF, le diagnostic de ces complications est difficile et la ligne de base du patient est
en général inconnue. Le diagnostic se base donc sur les antécédents et l’examen physique. Si
possible vérifier l’hémogramme complet et la numération des réticulocytes. Dans ce cas, la décision
*
Donner 10 à 15ml/kg et non 20 ml/kg de culot globulaire afin d’éviter le risque d’une hyperviscosité
137
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
*
transfusionnelle (transfusion simple de 10 à 15 mL/kg de concentré globulaire ) doit être basée sur
les signes cliniques et non sur l’hémoglobine.
La séquestration splénique est une splénomégalie soudaine, rapide et massive avec séquestration
d’une part considérable de la masse des hématies. Les patients deviennent subitement faibles, pâles
et dyspnéiques, avec une rapide distension abdominale, des douleurs abdominales sur le côté droit,
des vomissements et un choc hypovolémique.
Le signe clinique habituel de la crise aplasique se caractérise par une apparition graduelle de fatigue,
*
essoufflement et parfois syncope . La fièvre est assez commune. L’examen physique peut révéler
des signes de décompensation. Le taux d’hémoglobine est en général très inférieur à la ligne de base
*
Donner 10 à 15mL/kg et non 20 mL/kg de culot globulaire afin d’éviter le risque d’une hyperviscosité
*
Syncope : perte de conscience soudaine et brève avec perte de tonicité statique et rétablissement spontané
138
3.7. Maladies du sang
de la personne et la numération des réticulocytes est réduite ou même nulle. La cause la plus
commune est une infection virale.
Priapisme
Le priapisme est une érection soutenue, non désirée et douloureuse durant plus de 4 heures. Le
diagnostic et la mise en route rapide d’un traitement médical conservateur peut diminuer le
gonflement et limiter le besoin d’une intervention plus agressive et invasive. Un retard au diagnostic
et au traitement peut conduire à l’impuissance.
139
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Encourager le patient à boire. Si le patient ne peut pas boire, assurer un apport liquidien
de maintenance en IV
S’il est déshydraté, traiter selon le protocole
L’hyperhydratation est à éviter
• Appliquer et renouveler des compresses légèrement chaudes
• Si le priapisme persiste et que les symptômes ont duré moins de trois heures, injecter
l’étiléfrine (alpha agoniste) s’il est disponible ; 10 mg x1 localement sur le bord latéral du
corps caverneux avec surveillance de la tension artérielle (TA) au cours des 20 premières
minutes (normalement l’action commence à se faire sentir après 15 minutes). Cette
injection peut être répétée une fois si la première n’a pas été efficace ou pas assez efficace.
• Si le priapisme persiste au-delà de trois heures, contacter le référent en pédiatrie/référent
en chirurgie pour soulager la tension des corps caverneux par un drainage (ne pas faire de
lavage) sous anesthésie locale, jusqu’à l’obtention de sang rouge, en combinaison avec une
nouvelle injection locale d’étiléfrine (10 mg) après pose d’un garrot à la base du pénis. Cette
injection peut être répétée après 20 minutes si nécessaire.
• Au cours des jours suivants, en cas de récidive du priapisme ou d’absence d’amélioration, 3 à
4 injections locales d’étiléfrine par jour peuvent être proposées jusqu’à amélioration.
140
3.7. Maladies du sang
À ne pas donner en cas de fièvre ou de maladie grave. Dans ces cas-là, investiguer et
traiter selon les résultats
Contacter les référents pédiatriques et/ou du paludisme pour discuter d’autres approches
selon les protocoles nationaux
• Acide folique per os (anémie hémolytique chronique) avec les doses suivantes :
Enfants <1 an : 2,5 mg/jour
Enfants ≥1 an : 5 mg/jour
• Sulfate de zinc PO, au cas par cas, selon la clinique et selon l’âge de l’enfant (10 jours/6
mois) :
Enfants <6 mois : 10 mg/jour
Enfants ≥6 mois : 20 mg/kg jour
• Donner à l’enfant un régime de paracétamol per os durant trois jours en cas de douleur
aiguë légère
• Une transfusion préopératoire en cas de chirurgie urgente ou planifiée doit toujours être
discutée au cas par cas.
141
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Avant d’administrer la HU :
• S’assurer que le diagnostic de la drépanocytose a été confirmé
• Corrigez la MAS et le déficit en fer (petit VGM en comparaison avec la normale)
Une fois commencé, le traitement par l’hydroxyurée doit devenir un traitement à vie
→ Le conseil puis le suivi psychologique et la disponibilité du médicament doivent être assurés
dans le futur si le traitement par l’hydroxyurée est intégré dans un programme.
Un suivi clinique et de laboratoire doivent être effectués tous les trois mois (cf ci-dessous)
Dosage
• Dose initiale de 15 mg/kg une fois par jour puis augmentation de 5 mg/kg après
6 à 8 semaines de traitement, seulement si la douleur est mal contrôlée ou si surviennent
des complications aiguës. Augmentation progressive puis maintien de la dose jminimale
ayant permis l’obtention d'un effet clinique tout en évitant la toxicité de la moelle
osseus, c’est-à-dire en restant en dessous de 30 mg/kg/jour.
• La réponse clinique peut prendre jusqu’à 6 mois. En l’absence de réponse immédiate
attendre 6 mois avant d’arrêter le traitement.
Surveillance
• La HU est en général bien tolérée.
• Les effets secondaires potentiels sont la dépression médullaire, la toxicité rénale et
hépatique mais les avantages l’emportent sur les risques.
• Examens laboratoire : Réaliser ligne de base puis un mois après chaque changement de
dosage pour l’HU contrôler : Hémoglobine, numération des leucocytes + différentielle,
plaquettes, réticulocytes, créatinine et transaminases
• Tous les 3 à 4 mois : Hémoglobine, numération des leucocytes + différentielle,
plaquettes, réticulocytes
• En cas d’effets secondaires (anémie Hb <7 g/dl avec réticulocytes <80 à 100 000/mm3 ou
globules blancs totaux/GBT <2 à 4000/mm3), arrêter HU jusqu’à amélioration des
examens de laboratoire puis reprendre le traitement avec une dose réduite (5 mg/kg en
dessous de la dose précédant l’arrêt, ou plus bas si besoin).
142
3.8. Affections neurologiques
143
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Altération de la conscience
Il existe plusieurs niveaux d’altération de la conscience, allant de l’enfant complétement éveillé à
l’enfant totalement inconscient.
Une altération de la conscience représente une urgence vitale, aiguë, qui nécessite une intervention
rapide pour préserver la vie et les fonctions cérébrales.
Étiologie
Pour les causes de l’altération de la conscience cf Algorithme 3.8.1.
Diagnostic
Évaluer le niveau de conscience chez les enfants à l’aide des trois échelles suivantes :
• Le score AVPU
• L’échelle de coma de Blantyre → Souvent utilisée pour le paludisme cérébral
• L’échelle de coma de Glasgow, pédiatrique et adulte (GCS)
Niveau de conscience Altération de la conscience Coma
AVPU V, P ou U P ou U
Score de Blantyre <5 <3
Score de Glasgow < 15 <8
Traitement
L’évaluation d’urgence et la prise en charge de toute altération de la conscience chez l’enfant
doivent respecter le protocole suivant :
• Stabiliser le patient avec système ABCDE et signes vitaux. Les actions à mener sont :
Maintenir et ouvrir les voies aériennes supérieures (VAS) - Stabiliser le rachis cervical si un
traumatisme rachidien est suspecté.
Désobstruer les VAS (par aspiration) si indiqué
Oxygénothérapie
Débuter la ventilation à l’aide d’un insufflateur manuel si le patient ne respire pas
Assurer un accès vasculaire (IV/IO) et administrer un bolus de soluté IV selon le protocole
si le patient est en état de choc.
144
3.8. Affections neurologiques
Réaliser une évaluation rapide du statut neurologique (AVPU) et vérifier les pupilles -
Évaluer si existence de convulsions et, si présentes, traiter avec du diazépam
Mesurer la glycémie et traiter l'hypoglycémie si présente
Mesurer le taux d'hémoglobine (Hb) si pâleur
TDR paludisme en zone endémique et traiter si test positif
Bandelette urinaire à la recherche d'une glycosurie et de corps cétoniques (acidocétose)
Découvrir toutes les parties du corps et rechercher des signes de sepsis, méningisme,
traumatisme (stabiliser le rachis cervical si suspicion de traumatisme rachidien), etc.
Traiter la fièvre si présente
• Réaliser un interrogatoire complet de l’histoire du patient (rechercher la notion de prise de
médecine traditionnelle) et un examen clinique
• Réaliser une ponction lombaire si non contre-indiquée et si suspicion de méningite
• Administrer artésunate immédiatement si TDR paludisme positif
• Administrer ceftriaxone immédiatement si suspicion de sepsis/méningite
• Admettre le patient en réanimation/soins intensifs et mettre en place les traitements
symptomatiques (soins de confort, oxygène, perfusion d’entretien, surveillance)
145
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
1. Coma hypoglycémique
Si glycémie <45 mg/dL (2,5 mmol/l) chez le nouveau-né et <60 mg/dL (3,3 mmol/l) chez tous les enfants
y compris MAS : Traiter immédiatement
2. Choc
Si 3 des signes suivants : Extrémités froides, allongement du TRC >3 secondes et ouls faibles ou rapides
(ou lents) : Traiter immédiatement
3. Sepsis
T° >38° ou <36° plus tachycardie et/ou polypnée : Traiter le sepsis
4. Traumatisme
Mis en évidence par l’interrogatoire et l’examen clinique
5. Acidocétose diabétique
Glycémie >200 mg/dL et cétonurie dans les urines (bandelette urinaire) : Traiter l’acidocétose
diabétique
6. Méningite et encéphalite
Signes de méningite ou d’encéphalite (crise convulsive focale et/ou signes neurologiques focaux) :
Traiter par antibiothérapie IV pour la méningite ou en fonction de la cause (encéphalite)
7. Coma neurologique
État de mal convulsif (convulsions >30 minutes - cf Chapitre 3.8.) ou phase post-critique (altération de la
conscience durant 1 heure après la convulsion + pas d’hypoglycémie) ou altération de la conscience
avec signes neurologiques focaux transitoires
8. Paludisme cérébral
Test de diagnostic du paludisme positif plus signes neurologiques (altération de la conscience ou
rétinopathie palustre) : Traiter
9. Intoxication
Interrogatoire ou suspicion d’intoxication et/ou pupilles punctiformes, hypersalivation, flush cutané,
agitation sévère, hypertension, vomissements : Traiter par naloxone
146
3.8. Affections neurologiques
Convulsions
Une convulsion ou crise épileptique est un trouble temporaire de la fonction cérébrale, au cours de
laquelle des neurones cérébraux envoient des signaux de manière anormale et excessive. Pendant
une crise, les éléments suivants peuvent survenir, bien qu’ils ne soient pas toujours présents :
• Modifications de l’état d’éveil ou des sensations, telle que perte de conscience
• Mouvements involontaires, le plus souvent secousses saccadées des bras et des jambes,
mais aussi spasmes musculaires du visage ou des mains (différent des tremblements ou des
frissons)
• Autres modifications du comportement (fixité oculaire, claquement des lèvres)
Étiologie
Les causes communes de crise épileptique sont :
• Fièvre élevée, neuro-paludisme, méningite, encéphalite ou sepsis, infections parasitaires
telle que neurocysticercose
• Médicaments, intoxication, empoisonnement
• Anomalies métaboliques telles que l’hypoglycémie, l’hyponatrémie et autres anomalies des
électrolytes
• Saignement intracrânien, traumatisme crânien (commotion), ischémie dont épisode
hypoxique aigu
• Séquelles d’une asphyxie pernatale, méninite… (cicatrices cérébrales)
À noter : Les convulsions fébriles sont un diagnostic d’exclusion (pas de paludisme, pas de méningite, etc.).
Symptômes
Certains états cliniques sont similaires à des crises convulsives mais n’en sont pas :
147
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
peuvent faire des mouvements saccadés, mais dès que l’enfant perd conscience, il se détend
et son état retourne rapidement à la normale.
Diagnostic
La classification des crises convulsives est complexe. Les crises peuvent être généralisées (avec perte
de conscience) ou partielles (sans perte de conscience, crises atypiques).
Les crises généralisées sont les plus communes chez les enfants malades.
Leurs manifestations : Perte de tonus, perte de conscience, signes vitaux anormaux, déviation du
regard (l’enfant semble regarder au loin), changement brutal du comportement accompagné d’une
pâleur, d’une cyanose et de mouvements toniques (membres raides et tendus, contracture de la
mâchoire), cloniques (mouvements de saccades rythmiques), souvent perte du contrôle de la vessie.
Convulsions fébriles
Les crises convulsives fébriles sont communes et n’ont pas de conséquence neurologique à long
terme. La fièvre en elle-même n’est pas dangereuse, pas plus que les crises convulsives brèves (<5
minutes). A noter : Si l’enfant fiévreux à moins de 2 mois se référer au guide MSF de soins néonatals.
Un traitement prophylactique prolongé par anticonvulsivant n’est pas indiqué dans les crises
convulsives fébriles, même si celles-ci sont récurrentes.
148
3.8. Affections neurologiques
Traitement
Il faut prendre en charge l’enfant si :
• Crise convulsive >5 minutes
• Ou enfant présentant plus d’une crise durant un intervalle de 5 minutes
• Enfant présentant plus de 3 crises convulsives fébriles dans les 24 heures
Pour de simples convulsions fébriles, rechercher et traiter l’origine de la fièvre pour le confort de
l’enfant. La prise d’antiépileptiques à visée prophylactique n’est pas indiquée dans les convulsions
fébriles, même si elles sont fréquentes. Pratiquer une ponction lombaire si l’enfant a moins d’un an,
s’il a des signes méningés ou s’il semble sévèrement malade.
• Approche ABCDE
• Oxygénothérapie
• Ventilation assistée au masque-ballon si pas de respiration spontanée
• Position latérale de sécurité (PLS)
• Mesurer la glycémie/traiter l'hypoglycémie
• Administrer les anticonvulsivants selon protocole (cf ci-après)
• Obtenir un accès vasculaire dès que les convulsions s’arrêtent
• Traitement de la fièvre si présente
• Rechercher les étiologies potentielles → TDR paludisme en zone endémique et recherche
d’autres causes (méningite, intoxication, sepsis, traumatisme, etc…)
• Ne pas traiter les convulsions lorsqu’elles ont cessé
• À la suite d’une crise convulsive, l’enfant peut être dans un état post-critique qui définit
l’état de conscience altéré après une crise épileptique. Celui-ci dure habituellement entre 15
et 30 minutes, mais parfois plus dans le cas de crises plus sévères ou prolongées. Il est
caractérisé par la présence de somnolence, de confusion, de nausées, d’hypertension, de
céphalées ou migraine et d’autres signes de désorientation. L’enfant ne se souvient en
général pas de la crise.
À noter : Chez les nourrissons <1 mois, le tableau clinique et la prise en charge des crises convulsives
diffèrent (cf protocole dans guide MSF Néonatal).
• Le tableau 3.8.2 ci-après correspond aux doses de charge. Pour le traitement d’entretien, se
référer au paragraphe après le tableau
• Cf Tableau 3.8.3 sur l’administration des traitements en fin de chapitre
149
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
La phénytoïne peut provoquer une hypotension et des arythmies cardiaques. Cependant ces
complications ne sont pas fréquentes chez les enfants et peuvent être minimisées par une vitesse de
perfusion qui ne dépasse pas 1 mg/kg/mn. La phénytoïne ne doit pas être perfusée en même temps
qu’une solution contenant du glucose. L’extravasation doit être évitée en raison du risque
d’inflammation et de nécrose des tissus.
La dose d’entretien doit être administrée 12 heures après la dose de charge et selon les modalités
suivantes :
• Phénytoïne : Donner une dose d’entretien seulement si utilisé après diazépam. Ne pas
continuer si le phénobarbital a été utilisé.
Dose d’entretien de phénytoïne : 4 mg/kg/dose 2x /jour PO IV si l’enfant ne tolère pas PO.
Continuer pendant 3 jours puis arrêter si l’enfant n’a plus de convulsion. Si les convulsions
persistent, continuer phénytoïne pendant 7 jours et sevrer progressivement sur 3 jours.
• Phénobarbital : 1,5 mg/kg/dose 2x /jour PO (de préférence) ou IV/IM si l’enfant ne tolère
pas PO.
Continuer pendant 3 jours puis arrêter si l’enfant n’a plus de convulsion. Si les convulsions
persistent, continuer phénobarbital pendant 7 jours et sevrer progressivement sur 3 jours.
Il peut être nécessaire d’augmenter la dose (2,5 à 5 mg/kg/dose 2x /jour) pour contrôler les
crises.
150
3.8. Affections neurologiques
Surveillance
• L’intensité de la surveillance dépendra des traitements utilisés pour le contrôle des
convulsions :
Surveillance cardiaque (FC et rythme, PA) pour phénytoïne
Surveillance respiratoire pour tous les traitements, particulièrement après phénobarbital -
Avoir toujours une Ambu avec masque adapté disponible
• Évaluer échelle AVPU avec chaque prise des constantes
• Prise en charge de la phase post-critique :
Placer l’enfant en position latérale de sécurité (PLS)
Confirmer qu’il n’y a pas de trouble respiratoire
Contrôler toutes les constantes vitales (dont SpO2 et évaluation AVPU) immédiatement
après
Surveillance supplémentaire en fonction des traitements administrés
Complications
Les complications générales des crises convulsives sont les suivantes :
151
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Diazépam
Midazolam
152
3.8. Affections neurologiques
Non Oui
Midazolam 0,2 mg/kg par muqueuses Diazépam 0,3 mg/kg IV (max 10 mg/dose)
nasal/buccal avec 1 seringue si solution
5mg/ml disponible
APRÈS 5 MN
Ou midazolam 0,2 mg/kg IM
Si l’enfant convulse toujours : Répéter
Ou diazépam 0,5 mg/kg intra-rectal
diazépam IV
APRÈS 10 MN APRÈS 5 MN
Si l’enfant convulse toujours : Soit
Répéter midazolam Si l’enfant convulse toujours : phénytoïne
Ou répéter diazépam intra-rectal 20 mg/kg IV lente sur 20 mn (si surveillance
cardiaque continue possible - cf texte)
Soit
(si surveillance cardiaque continue impossible
Transfert vers l’hôpital ou si non répondant) : Phénobarbital (cf ci-
Pendant le transfert : dessous)
• Sécuriser accès IV
• Protéger VAS APRÈS 30 MN
• O2 si disponible Si l’enfant ne répond pas au traitement :
• À jeun Phénobarbital 15 mg/kg IV lente sur 20 mn
• Diazépam disponible en cas de besoin Surveillance obligatoire du risque de
Emporter Ambu bag et valise d’urgence dépression respiratoire
153
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Épilepsie
L’épilepsie est un trouble neurologique chronique caractérisé par des crises convulsives répétitives
spontanées (sans facteur déclenchant).
Étiologie
Les causes des crises d’épilepsie sont :
• Idiopathiques (70 à 80% de cause inconnue mais présumée génétique)
• Lésion cérébrale (congénitale, infection antérieure ou traumatique)
• Tumeur cérébrale
Symptômes
Les crises épileptiques peuvent être classées par types :
• Généralisée
• Focale
• Inconnue – Spasmes épileptiques
Crises généralisées
Dans les crises généralisées, les décharges électriques proviennent des deux hémisphères. L’état de
conscience est altéré et les manifestations motrices sont souvent bilatérales. Les crises peuvent être
convulsives ou non convulsives (crises d’absence).
• Crises d’absence : Elles sont définies par une perte de conscience temporaire, avec un début
brutal et une fin soudaine, non accompagnée de phénomènes moteurs si ce n’est un léger
spasme des paupières et une altération mineure de la tonicité musculaire.
• Crises myocloniques : Elles sont brèves, souvent répétitives, avec des mouvements saccadés des
membres, du cou ou du tronc.
• Crises toniques : Elles sont caractérisées par une augmentation généralisée de la tonicité.
• Crises tonico-cloniques (les plus communes) : Des contractions rythmiques de groupes de
muscles suivent la phase tonique.
• Crises atoniques : Elles sont souvent combinées avec des secousses myocloniques, suivies par
une perte temporaire de la tonicité musculaire causant une chute soudaine au sol ou la chute de
la tête.
Dans les crises focales (partielles), les décharges se produisent dans un hémisphère ou une partie
d’un hémisphère. Elles peuvent être localisées séparément ou plus largement distribuées. Une crise
focale peut être associée ou non à une altération de l’état de conscience ou de la perception durant
154
3.8. Affections neurologiques
l’attaque. Elle peut être suivie d’une crise tonico-clonique généralisée. Les manifestations d’une crise
focale dépendent de la partie du cerveau d’où proviennent les décharges.
Chez de nombreux enfants, surtout de moins de 5 ans, il peut être difficile de distinguer une crise
généralisée d'une crise focale.
Diagnostic
Le diagnostic de l’épilepsie se base sur les antécédents détaillés de l’enfant et de la famille (crises
antérieures et leur traitement, antécédents familiaux et périnataux, antécédents médicaux), ainsi
que sur l’examen clinique, particulièrement l’examen neurologique (rechercher les conditions qui
peuvent coexister avec l’épilepsie, telle que l’infirmité motrice cérébrale). Dans les contextes MSF
des investigations supplémentaires telles que les analyses détaillées de laboratoire, électro-
encéphalogramme et neuro-imagerie ne sont généralement pas disponibles.
*
Crises non provoquées : sans lien avec un incident médical aigu quel qu’il soit
**
Syncope : perte de conscience soudaine et brève, associée à une perte de tonicité posturale, avec
rétablissement spontané
155
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Les crises les plus communes chez les enfants sont du type tonico-clonique généralisé (« grand
mal »). Les quatre médicaments antiépileptiques principaux – phénobarbital, phénytoïne,
carbamazépine et valproate de sodium – sont d’une efficacité presque équivalente pour ces crises.
En cas de crises d’absence non convulsives, utiliser le valproate de sodium comme traitement de
première ligne.
156
3.8. Affections neurologiques
Tableau 3.8.5 Formes galéniques des médicaments antiépileptiques disponibles dans les
programmes MSF (cf aussi Tableau 3.8.6)
Phénobarbital
• Comprimé 50 mg
• Gouttes 5,4% - 1 mg/goutte (3 gouttes/kg) - bouteille 30 mL
• IV 54,75 mg/mL - poudre ampoule 4 mL + solvant
• IV 200 mg/mL - ampoule 1 mL
Phénytoïne
• Comprimé 100 mg
• IV 50 mg/mL- ampoule 5 mL – à utiliser « off-label » (hors AMM)
Per Os 0,1 mL/kg
Carbamazépine
• Comprimé 200 mg - Réservé aux enfants >20 kg car dosage exact difficile
Valproate de sodium
• 200 mg/mL - bouteille 40 mL - pour enfants <20 kg
• Comprimé enrobage entérique 200 mg
• Comprimé enrobage entérique 500 mg
157
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Tableau 3.8.6 Médicaments antiépileptiques oraux disponibles dans les programmes MSF
Dose
Médicament Dose de départ Contre-indications Effets secondaires
maximale
Effets secondaires
• 3 mg/kg une fois par
systémiques
jour (2x /jour chez les
Lopinavir/ Nausées, éruption
nourrissons)
Ritonavir* cutanée
• Augmenter
(traitement Effets secondaires
ère progressivement :
1 8 antirétroviral) neurotoxiques
Phénobarbital Ajouter 1 mg/kg à
ligne mg/kg/jour Artéméther Altération des cycles de
intervalles réguliers
Luméfantrine sommeil, sédation,
(toutes les 3 à 4
Chloramphénicol léthargie, changements
semaines) jusqu’à la
Praziquantel de comportement,
dose minimale de
hyperactivité, ataxie,
maintenance
tolérance, dépendance
Lopinavir
• 5 mg/kg une fois par
/Ritonavir*
jour (dose max. Effets secondaires
(traitement
quotidienne 300 mg) systémiques
antirétroviral)
• Augmenter Hypertrophie gingivale,
Artéméther
ème progressivement : éruption cutanée
2 8 Doxycycline
Phénytoïne Ajouter 1 mg/kg à Effets secondaires
ligne mg/kg/jour Fluconazole
intervalles réguliers neurotoxiques
Isoniazide
(toutes les 3 à 4 Confusion, troubles de
Praziquantel
semaines) jusqu’à la l’élocution, diplopie,
Cotrimoxazole
dose minimale de ataxie
Quinine
maintenance
Clarithromycine
Lopinavir/ Effets secondaires
• 5 mg/kg deux fois par Ritonavir* systémiques
jour (traitement Nausées, vomissements,
• Augmenter antirétroviral) diarrhée, hyponatrémie,
ème progressivement : Phénytoïne éruption cutanée, prurit
3 35
Carbamazépine Ajouter 5 mg/kg Artéméther Effets secondaires
ligne mg/kg/jour
chaque semaine Doxycycline neurotoxiques
jusqu’à la dose Isoniazide Somnolence,
minimale de Praziquantel étourdissements, vision
maintenance Clarithromycine floue ou diplopie,
Quinine léthargie, céphalées
Effets secondaires
• 10 mg/kg deux fois
systémiques
par jour
Prise de poids, nausées,
• Augmenter
vomissements, perte de
ème progressivement : Carbapénème
4 Valproate 60 cheveux, ecchymoses
Ajouter 5 mg/kg Méfloquine
ligne de sodium mg/kg/jour apparaissant facilement
chaque semaine Macrolide
Effets secondaires
jusqu’à la dose
neurotoxiques
minimale de
Tremblements,
maintenance
étourdissements
*Traitement antirétroviral : Si l’enfant est sous traitement antirétroviral, contacter le référent
pédiatrique avant de commencer le traitement
158
3.8. Affections neurologiques
Suivi et surveillance
159
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
160
3.8. Affections neurologiques
Algorithme 3.8.7 Traitement des formes les plus fréquentes de l’épilepsie chez l’enfant
Établir le diagnostic
Crises contrôlées ?
Oui Non
• Ajouter phénytoïne
• Conserver phénobarbital au dosage précédant
les effets secondaires
Oui Non
161
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
162
3.8. Affections neurologiques
Visite de suivi
Épilepsie
Adresse : Date :
Type d’épilepsie :
Plan de traitement :
163
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
164
3.9. Affections articulaires et infections osseuses
Les sites les plus communs sont les métaphyses des os longs (fémur, tibia, humérus) bien que tous
les os puissent être affectés. En général, un seul os est concerné mais l'ostéomyélite peut être
multifocale (plus d’un os atteint).
Adulte Enfant
Diaphyse
Diaphyse
Métaphyse
Épiphyse Physis (plaque de croissance)
Métaphyse
Parmi les bactéries pathogènes en cause dans l’ostéomyélite, les plus communes sont :
• Staphylococcus aureus : Le plus courant
• Salmonella de plusieurs espèces (particulièrement chez les enfants atteints de
drépanocytose ou malnutrition)
• Streptocoques du groupe A, Haemophilus Influenzae B, tuberculose, Mycobacterium
ulcerans (Ulcère de Buruli)
• Streptocoques du groupe B et Neisseria Gonorrhoea, particulièrement chez les nouveau-nés.
L’ostéomyélite chronique est une infection chronique de l’os caractérisée par la présence d'une
nécrose osseuse, également appelée séquestre osseux. On peut parfois observer la formation d’une
165
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
fistule de drainage. Sur les terrains MSF, l’ostéomyélite chronique est définie quand elle subsiste > 2
semaines.
Arthrite septique
L’arthrite septique est une infection de l’articulation qui peut entrainer des complications
dévastatrices, elle peut détruire entièrement l’articulation en quelques jours en l’absence de
traitement. L’arthrite septique se localise dans les genoux (40%), les hanches (20%)
(Particulièrement chez le jeune enfant), les chevilles (15%), les coudes, les poignets, les épaules. Les
micro-organismes (bactérie, virus, champignons) peuvent pénétrer l’espace articulaire par une
dissémination hématogène, une inoculation directe ou par propagation à partir d’un site localisé
d’infection contiguë.
La majorité des cas d’arthrite septique est causée par une infection bactérienne et résulte en général
d’une dissémination hématogène de Staphylocoque aureus provenant d’une plaie ouverte ou d’une
lésion muqueuse. Les bactéries pathogènes en cause sont principalement les mêmes que pour
l’ostéomyélite (ne pas oublier la tuberculose).
Les symptômes initiaux de l’ostéomyélite peuvent être non spécifiques et ténus (malaise, fièvre
modérée) et une forte suspicion est nécessaire pour établir un diagnostic précoce.
Lorsque l’infection devient patente au niveau de l’os, les symptômes sont plus localisés. Les enfants
souffrant d’ostéomyélite présentent en général une fièvre, des symptômes généraux (irritabilité,
réduction de l’appétit, diminution de l’activité), des signes locaux d'inflammation osseuse (chaleur,
gonflement, point de sensibilité) et une limitation des fonctions (par ex. boiterie, utilisation limitée
du membre).
166
3.9. Affections articulaires et infections osseuses
• Boiterie, douleur localisée sur la métaphyse d’un os, douleur à la mobilisation (signe le plus
commun)
• Pour les tissus mous, rougeur/gonflement peuvent ne pas être présents et apparaître
tardivement.
• Dans l’ostéomyélite du pelvis (hanche), rechercher la réponse douloureuse en mettant la
hanche simultanément en flexion, abduction et rotation externe.
Arthrite septique :
Chez les nourrissons, la présentation typique est l'irritabilité, l'anorexie, la cellulite ou la fièvre sans
source infectieuse retrouvée. Les signes cliniques comprennent une réduction du mouvement du
membre concerné, le refus de mouvement passif, l'adoption de certaines positions pour réduire la
douleur (position antalgique) et une enflure unilatérale de la fesse ou de la zone périnéale.
Les enfants plus âgés présentent généralement de la fièvre, des symptômes systémiques, un
gonflement des articulations, une sensibilité et un mouvement réduit de l'articulation affectée, mais
les signes articulaires peuvent être subtils.
Diagnostic
Tout enfant présentant une douleur spontanée ou une boiterie persistante doit être considéré
comme atteint d’ostéomyélite ou d’arthrite septique, jusqu’à preuve du contraire.
167
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Ostéomyélite
Le diagnostic est souvent flou au moment de l’évaluation initiale. Une forte suspicion (cf ci-dessus)
et la surveillance de l’évolution clinique sont nécessaires pour établir le diagnostic, particulièrement
dans les contextes MSF où peu d’outils diagnostiques sont disponibles (IRM et scintigraphie). Un
interrogatoire et un examen clinique précis sont déterminants → Toujours rechercher une notion de
contage tuberculeux dans la famille et la possibilité d’une drépanocytose.
• Examens biologiques (si disponibles) : faire réaliser examens sanguins NFS (numération
formule sanguine), VS (vitesse de sédimentation), CRP (protéine C-réactive), etc. et
hémocultures avant de débuter les antibiotiques.
• Imagerie :
Radiologie (signes précoces) :
Radiologie de la zone atteinte (vues face et latérale) : Initialement, la radio peut être
normale.
Radiologie après 2 ou 3 jours : Réaction périostée
Radiologie (signes tardifs) :
Ostéopénie, lésions lytiques,
Séquestres osseux (abcès intra-osseux) – Ostéomyélite chronique
L’évaluation échographique peut être utile pour identifier un épanchement articulaire et
une arthrite septique.
Arthrite septique
• Examens biologiques (si disponible) : Faire réaliser examens sanguins NFS (numération
formule sanguine), VS (vitesse de sédimentation), CRP (protéine C-réactive), etc.
• Imagerie :
Radiographie de l’articulation, à la recherche d’un élargissement de l’espace
articulaire, épanchement articulaire, gonflement des tissus mous ou
subluxation/dislocation de l’articulation
L’échographie (si disponible) peut être utile pour déterminer la présence de liquide
dans l’articulation et pour guider la ponction-aspiration à l’aiguille de l’articulation.
• Arthrocentèse : Aspiration du liquide synovial (si possible au bloc opératoire) sous
anesthésie, en respectant une asepsie stricte.
- Leucocytes >50 000/mm3 ou plus dans le liquide articulaire confirme le diagnostic
d’arthrite septique.
- Lors de l’aspiration du pus, et si un praticien possède l’expertise technique pour
cette procédure, un drainage chirurgical peut être pratiqué dans le même temps
opératoire.
168
3.9. Affections articulaires et infections osseuses
Ostéomyélite
*Si le traitement chirurgical n’est pas disponible, traiter comme une ostéomyélite aiguë et réévaluer les
symptômes après 4 à 6 semaines.
Ostéomyélite aiguë
169
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Antibiotique Dosage
Amoxicilline/acide clavulanique 50 mg/kg/dose du composant amoxicilline
(formulation 7:1 ou 8:1) prise toutes les 12h
Cloxacilline IV 50 mg/kg/prise toutes les 6 heures
Clindamycine IV/PO 10 mg/kg/prise toutes les 8 heures
Ceftriaxone IV 50 mg/kg/prise toutes les 12h
Céphalexine PO 40 mg/kg/prise toutes les 8h
Ciprofloxacine PO 15 mg/kg/prise toutes les 12h
Les antibiotiques administrés oralement pour l’ostéomyélite hématogène doivent être prescrits à
des doses plus élevées que celles habituellement utilisées pour le traitement d’autres infections.
4
Pour les enfants atteints de drépanocytose utiliser ceftriaxone IV, puis passer au ciprofloxacine en voie orale
comme traitement de première ligne, voir le chapitre sur drépanocytose.
170
3.9. Affections articulaires et infections osseuses
Les patients qui ne répondent pas au traitement de manière attendue doivent être réévalués et leur
traitement réajusté. Discuter le cas du patient avec le référent médical. Dans tous les cas, envisager
et exclure une tuberculose (cf guide MSF Tuberculose).
• Chirurgie : Le séquestre osseux et les tissus morts qui l’entourent doivent être retirés
chirurgicalement (débridement) car le séquestre est une source d’infection.
• L’ostéomyélite récurrente ou tuberculeuse nécessite également une prise en charge
chirurgicale. Discuter avec l’équipe médicale d’encadrement (référent médical, coordinateur
médical)
Surveillance
Pronostic
• Bon pronostic pour les cas sans complications, diagnostiqués précocement et traités de
manière appropriée.
• 5 à 10% des patients présentent une récidive.
• Une durée de traitement inférieure à 4 semaines et une mauvaise compliance s’associent à
l’échec du traitement et à l’évolution vers une ostéomyélite chronique.
Arthrite septique
171
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
• Si la chirurgie n’est pas disponible ou de qualité incertaine, discuter avec le référent médical
de la meilleure option thérapeutique.
172
3.10. Infections cutanées et cellulite
173
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Gale
Étiologie
La gale est une infestation de la peau par des acariens du type Sarcoptes scabiei.
La transmission se fait avant tout par contact direct et prolongé avec la peau d’une personne
infectée. Elle peut également se produire en partageant les vêtements et la literie.
Symptômes
La gale se manifeste en général par des sévères démangeaisons, souvent aggravées pendant la nuit,
et des lésions cutanées typiques (papules érythémateuses, éruption vésiculaire, sillons et nodules de
la gale) ayant une distribution caractéristique sur les parties suivantes du corps :
• Espaces interdigitaux
• Poignets
• Faces d’extension des coudes
• Plis axillaires
• Peau autour des mamelons
• Régions péri-ombilicales, taille, organes génitaux externes de l’homme
• Surface des genoux
• Fesses et régions adjacentes des cuisses
• Faces latérale et postérieure des pieds
• La tête est épargnée sauf chez les très jeunes enfants.
Des lésions secondaires résultant du grattage (excoriations, croûtes) ou une surinfection (impétigo)
peuvent coexister.
Diagnostic
La combinaison d’une éruption prurigineuse avec lésions et distribution caractéristiques affectant
toute ou une partie de la famille suggère fortement le diagnostic.
174
3.10. Infections cutanées et cellulite
Traitement
Les patients atteints de la gale doivent être traités pour soulager leurs symptômes et prévenir la
transmission.
Le traitement d’une infection bactérienne secondaire (voir impétigo), si elle est présente, doit être
commencé 24 à 48 heures avant l’utilisation des topiques anti-acariens.
• Lotion de benzoate de benzyle à 25% (si la perméthrine à 5% n’est pas disponible). Pour
les enfants de moins de 12 ans, la lotion doit être diluée avant l’usage selon les modalités
suivantes :
Pour enfants de moins de 2 ans : 1 dose de lotion 25% + 3 doses d’eau. Rincer après 12
heures (6 heures pour les nourrissons de moins de 6 mois)
Pour enfants de 2 ans ou plus : 1 dose de lotion 25% + 1 dose d’eau. Rincer après 24
heures.
Une seconde application réduit le risque d’échec du traitement (par ex. après 24 heures,
avec un rinçage entre les 2 applications ; Ou bien deux applications successives, à 10
minutes d’écart, quand la première application a séché, avec un rinçage après 24 heures).
Cependant, une deuxième application n’est pas recommandée pour les enfants de moins
de 2 ans.
Un traitement oral d’ivermectine PO (200 mg/kg en une seule dose répétée après 2 semaines) est
une alternative au traitement topique pour les enfants de plus de 15 kg. C’est plus pratique que le
traitement topique (par ex. en cas d’épidémie ou pour le traitement de l’entourage du patient) et
cela peut être commencé immédiatement en cas d’infection secondaire. À noter : Ce traitement
n’est pas recommandé pour les enfants de moins de 15 kg et chez les femmes enceintes.
Posologie de l’ivermectine PO selon le poids de l’enfant :
• 15 à 24 kg : 1 comprimé de 3 mg d’ivermectine (en dose unique répétée après 2 semaines)
• 25 à 35 kg : 2 comprimés de 3 mg d’ivermectine (en dose unique répétée après 2 semaines)
• 36 à 50 kg : 3 comprimés de 3 mg d’ivermectine (en dose unique répétée après 2 semaines)
• >51 kg : 4 comprimés de 3 mg d’ivermectine (en dose unique répétée après 2 semaines)
Les patients atteints de gale croûteuse (éruptions écailleuses, légère démangeaison, et croûtes
cutanées épaisses contenant des milliers de d’acariens) doivent être traités simultanément avec
l’ivermectine orale et la perméthrine à 5% topique (seulement si >15 kg et pas une femme enceinte).
Chez les patients atteints de gale croûteuse, suspecter une déficience immunitaire.
175
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Traiter les démangeaisons par la chlorphénamine PO, selon les modalités suivantes :
• Enfants de moins de 2 ans : 1 mg deux fois par jour
• Enfants de 2 à 6 ans : 1 mg toutes les 4 à 6 heures
• Enfants de plus de 6 ans : 2 mg toutes les 4 à 6 heures
Traiter simultanément les personnes proches du patient, mêm en l’absence de symptômes. Les
vêtements et la literie doivent être lavés (à 60oC ou plus) puis séchés au soleil. On peut aussi les
exposer au soleil pour 72 heures, ou les placer dans un sac plastique étanche pendant 72 heures.
176
3.10. Infections cutanées et cellulite
Impétigo
Étiologie
L’impétigo est une infection bactérienne contagieuse de la peau due au Streptocoque ß-hémolytique
(groupe A) ou au Staphylocoque doré. Elle est très commune chez les enfants de 2 à 5 ans.
L’impétigo est souvent le résultat de l’infection du site d’une lésion mineure de la peau telle que :
abrasion, lésion mineure, piqûre d’insecte, eczéma, herpès, varicelle ou gale.
Symptômes
L’impétigo non bulleux est la forme la plus fréquente d’impétigo. Les lésions commencent sous
forme de papules qui évoluent en vésicules entourées d’érythème. Elles deviennent ensuite des
pustules qui grossissent et crèvent rapidement pour former des croûtes épaisses et collantes ayant
une apparence dorée caractéristique. Cette évolution se déroule en général sur environ une
semaine. Les lésions affectent en général le visage et les extrémités. De multiples lésions peuvent se
développer mais elles ont tendance à rester localisées. Une lymphadénite locale peut se produire,
bien que les symptômes systémiques soient en général absents.
Impétigo bulleux
L’impétigo bulleux est commun chez les jeunes enfants. Les vésicules grossissent pour former des
bulles flasques contenant un liquide jaune clair qui devient ensuite plus foncé et plus turbide. Les
bulles crevées laissent une fine croûte brune. Il y a en général moins de lésions que dans l’impétigo
non bulleux et le tronc est affecté plus fréquemment.
Ecthyma
C’est la forme ulcéreuse de l’impétigo. Les lésions s’étendent à travers l’épiderme et affectent le
derme en profondeur. Elles se composent d’ulcères en forme de géode recouverts d’une croûte
jaune entourée de marges violacées en relief.
177
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Traitement
Pour l’impétigo localisé : S’il y a moins de 3 lésions sur la même région du corps, la prise en charge
consiste en :
• Laver les zones affectées avec de l’eau savonneuse tiède et essayer de retirer les croûtes en
nettoyant
• Appliquer de la crème mupirocine 3 à 4x /jour pendant 5 à 7 jours
• Garder les ongles courts
Pour l’impétigo étendu non compliqué : S’il l’enfant présente plus de 3 lésions ou impétigo sur plus
d’une région du corps (impétigo bulleux, ecthyma) :
• Traiter localement comme décrit ci-dessus
• Traiter par les antibiotiques oraux : Céphalexine PO 25 mg/kg/dose 2x /jour pendant 7 jours
ou amoxicilline/acide clavulanique PO 7:1 ou 8:1 50 mg/kg/dose de la composante
amoxicilline 2x /jour pendant 7 jours
Complications
L’impétigo peut donner lieu aux complications suivantes : Abcès, cellulite, ostéomyélite, septicémie,
glomérulonéphrite post streptococcique, rhumatisme articulaire aigu.
178
3.10. Infections cutanées et cellulite
Cellulite et érysipèle
La cellulite est une inflammation localisée ou diffuse des tissus conjonctifs et des couches dermiques
et sous-cutanées de la peau.
L’érysipèle est une infection plus superficielle du derme et de la couche supérieure sous cutanée de
la peau. La lésion présente une bordure bien définie. L’érysipèle et la cellulite coexistent souvent.
Les facteurs de risque du développement de la cellulite et de l’érysipèle sont toutes les atteintes à
l’intégrité de la peau sont les piqûres d’insectes, les abrasions, les traumatismes cutanés mineurs,
l’eczéma, toute infection cutanée préexistante (impétigo ou tinea pedis/pied d’athlète), la varicelle.
Étiologie
Pour l’érysipèle, il s’agit le plus souvent du Streptococcus bêta-hémolytique.
Pour la cellulite, sont en causes :
• Streptococcus bêta-hémolytique
• Staphylococcus aureus
• Bacille aérobie Gram-négatif (rare)
Symptômes
La peau est rouge, chaude et douloureuse. Les autres signes sont la fièvre, des frissons, un drainage
purulent ou exsudat d’un site de ponction. Les sites d’infection se situent sur les membres inférieurs
(le plus commun), la cellulite péri-orbitale, la cellulite buccale, la cellulite périanale (Streptococcus A
bêta-hémolytique en cause).
Diagnostic
Il est basé sur les signes cliniques.
Il est important de distinguer la cellulite d’un abcès cutané. L’abcès cutané peut ressembler à la
cellulite. Or toute confusion peut entrainer un retard du diagnostic et du traitement approprié par
incision chirurgicale et drainage.
Un abcès est une collection de pus localisée. La présence d’une fluctuation est un signe d’abcès.
Lorsqu’une pression est exercée sur la zone, on peut sentir que la poche « cède sous la poussée »
indiquant la présence de fluide sous la peau. Un autre signe est l’aspect « en pointe », dû à la
pression du liquide sous la peau qui entraine son amincissement. Des signes systémiques (fièvre et
malaise) sont rarement présents.
179
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Traitement
Surélever la zone affectée et nettoyer la plaie (si la plaie peut être retrouvée), irriguer copieusement
la plaie avec de l’eau ou du sérum physiologique.
Antibiothérapie
Si l’enfant a de la fièvre :
• Cloxacilline IV 50 mg/kg/dose 4x /jour
• Si après 48 heures il n’y a pas d’amélioration arrêter cloxacilline et passer à clindamycine IV
10 mg/kg/dose x3 /jour
• Lorsque l’état de l’enfant s’améliore cliniquement, passer au traitement oral :
Céphalexine PO enfant >1 an : 25 mg/kg/dose 2x /jour pendant 5 à 7 jours, maximum 4
g/jour
Ou amoxicilline/acide clavulanique PO : 50 mg/kg/dose de la composante amoxicilline 2x
/jour
Ou si était traité avec clindamycine IV: Clincamycine PO 10mg/kg/dose x3 /jour
Traitement complémentaire
• Traiter la fièvre si présente pour améliorer le confort du patient
• Traitement par antalgique si le patient ressent des douleurs
Complications
• Lymphangite (cordon rouge remontant le long de la jambe ou du bras)
• Adénite locorégionale (ganglions rouges, douloureux, enflées)
180
3.10. Infections cutanées et cellulite
Étiologie
Les bactéries en cause sont :
• Haemophilusi influenzae : Demander le statut vaccinal
• Staphylococcus aureus
• Mycobacterium tuberculosis, particulièrement s’il y a :
Formation spontanée d’une fistule avec une inflammation réduite
Plus absence de réponse de l’infection aux antibiotiques
Autres signes systémiques de tuberculose
• Anthrax (rare) : À envisager si la cellulite orbitaire est ulcérante avec formation d’une
escarre et que l’enfant a pu entrer en contact avec un animal ou un produit animal
contaminés.
Symptômes
La cellulite péri-orbitale se présente sous forme de douleurs oculaires, de rougeurs, de gonflements.
La cellulite orbitale est habituellement le résultat de la complication d’une infection sinusale. Les
caractéristiques de la cellulite orbitale sont :
• Ophthalmoplégie (paralysie partielle ou complète des mouvements oculaires)
• Douleur associée aux mouvements oculaires
• Exophtalmie/Protrusion (saillie de l’œil hors de son orbite)
Il est important de différentier cellulites péri-orbitale et orbitale car la cellulite orbitale peut
entrainer la cécité.
181
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Diagnostic
Le diagnostic de la cellulite péri-orbitale se fait par l’anamnèse (piqûre d’insecte, traumatisme local
du visage ou de la paupière) et l’examen clinique.
Traitement
Hospitaliser l’enfant présentant une cellulite orbitale ou suspecté de cellulite orbitale et tous les
enfants <1 an et/ou qui semblent sévèrement malades.
Traitement par antibiothérapie IV (cf Tableau 3.10.1 ci-après) jusqu’à apyrexie >24heures et pas de
douleur associée aux mouvements oculaires, ni limitation des mouvements ou restriction de la vision
(s'il est possible d’évaluer la vision)
Protéger l’œil d’éventuelles irritations et ne pas laisser l’enfant se frotter ou gratter l’œil (si
nécessaire, appliquer un cache œil ou couvrir avec des compresses)
182
3.11. Paludisme
3.11. Paludisme
Test du paludisme 184
Paludisme 188
Algorithme de traitement pour le neuropaludisme 197
Paludisme chez l’enfant de moins de 2 mois 198
183
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Test du paludisme
Matériel
• Le kit de test du paludisme doit être conservé à la température spécifiée sur l’emballage.
• Vérifier la date d’expiration avant utilisation
Hygiène
• Laver vos mains ou désinfecter les avec une solution de base alcoolique
• Porter des gants non stériles
Procédure
• Placer la cassette de test sur une surface plane
• Vérifier et documenter le nom, l’âge et la date de naissance de l’enfant
• Désinfecter le doigt à l’aide d’alcool ou de polyvidone iodée
• Piquer délicatement le doigt de l’enfant
• Essuyer la première goutte de sang avec une gaze
• Tenir l'anse de prélèvement (fournie) et toucher l’extrémité de la goutte de sang sans
appliquer de pression sur la peau du doigt. Le sang va remplir l'anse (cf Illustration 3.11.1).
L’échantillon est prêt à être placé sur la cassette de test.
184
3.11. Paludisme
• Placer le sang collecté avec l'anse dans le puit rond de la cassette. Appliquer la pipette de
sang au contact de la membrane recouvrant le puit. Le sang va être absorbé par la membrane
(cf Illustration 3.11.2)
• Ajouter 4 gouttes de solution tampon dans le puit carré en gardant le flacon vertical (cf
Illustration 3.11.3). Noter l’heure à laquelle la solution tampon a été ajoutée.
Interprétation
Attendre 15 minutes avant d’interpréter la lecture du test. Le fond doit être clair. Ne pas interpréter
le résultat au-delà de 30 minutes, car celui-ci peut alors devenir un faux-positif.
185
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
La présence des 2 lignes de couleur C et Pf (cf Illustration 3.11.5) indique un résultat positif pour P.
falciparum. La ligne de contrôle C indique que le test a bien fonctionné et que le résultat est fiable.
La ligne Pf positive, avec une ligne Pan négative peut être retrouvée dans deux situations :
1. L’enfant a eu une infection à Pf récente et a été traité correctement. Les HRPII (pour Histidin
rich protein 2) demeurent détectables dans le sang plus longtemps que les Pan pLDH (lactate
déshydrogénase plasmodium – multi-espèces). Il peut donc s’agir d’un faux positif Pf.
2. La sensibilité pour Pan pLDH (ligne Pan) étant plus basse que la sensibilité du HRPII (ligne Pf),
ce résultat peut apparaître chez un enfant avec une parasitémie basse. La ligne Pan sera
alors un faux négatif.
Le résultat doit être interprété comme positif mais peut être significatif d’une infection antérieure.
Un examen microscopique peut être pratiqué de façon complémentaire.
Ce résultat (cf Illustration 3.11.6) indique une infection par P. falciparum ou bien une co-infection
multiple avec P. falciparum et une ou plus des espèces de P. vivax, P. ovale et P. malariae.
La présence des 2 lignes de couleurs C et Pan (cf Illustration 3.11.7) indique un résultat positif pour
P. vivax ou P. malariae, ou P.ovale. La ligne de contrôle C indique le bon fonctionnement du test et la
fiabilité du résultat.
186
3.11. Paludisme
La présence d’une seule ligne à l’endroit de la ligne de contrôle C (cf Illustration 3.11.8) indique un
résultat négatif. Le test a fonctionné correctement et le résultat est fiable.
Le test est invalide si la ligne de contrôle n’apparait pas (cf Illustration 3.11.9). Si cela survient, le test
doit être répété en utilisant une nouvelle cassette.
187
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Paludisme
Le paludisme est une infection parasitaire due à des protozoaires transmis à l'homme par la piqûre
de moustiques anophèles femelles. La transmission peut également se produire par le sang infecté
d’un parasite ou par voie transplacentaire.
Toujours envisager le paludisme en cas de fièvre (ou antécédents de fièvre dans les 48 heures) pour
les enfants vivants en zone d'endémie. Un traitement antipaludique rapide et efficace, ainsi que des
traitements symptomatiques, améliorent le pronostic du paludisme grave. Souvent, les enfants se
présentent tardivement et le décès lié au paludisme grave peut survenir dans les heures suivant
l'arrivée, d’où l’importance de traiter les enfants rapidement.
Dans les zones à forte prévalence de paludisme, un enfant avec un test positif pour le paludisme
peut aussi avoir d'autres maladies concomitantes. Il faut donc toujours vérifier l’exclusion ou non de
toutes les autres pathologies fébriles chez un enfant présentant de la fièvre.
Étiologie
La plupart des paludismes sont dues à cinq espèces : P. falciparum, P. vivax, P. ovale, P. malariae et
P. Knowlesi. Toutes les espèces peuvent causer un paludisme non compliqué. Le paludisme grave
(défini par la présence d'un dysfonctionnement d'un organe vital) est, presque toujours, dû au P.
falciparum.
Symptômes
Le paludisme est grave si le diagnostic est positif avec confirmation parasitologique, plus présence
d’un ou plusieurs des signes (signes cliniques ou résultats de laboratoire) du tableau 3.11.10.
188
3.11. Paludisme
Neuropaludisme
L’âge moyen des enfants touchés est de 4 ans dans les zones d'endémie importante.
Le neuropaludisme se définit :
• Par un diagnostic de paludisme positif avec confirmation parasitologique plus des troubles
de la conscience ou un coma (score de Blantyre <3 pour score de Glasgow <11), sans autre
cause identifiable (pas d’hypoglycémie, pas de phase post-ictale, pas de méningite)
• Ou par un diagnostic de paludisme positif avec confirmation parasitologique plus un coma
d'une durée >30 minutes après convulsions (ne pas oublier que l'enfant peut aussi avoir une
méningite)
Attention : Les convulsions sans troubles de la conscience ne constituent pas un critère de diagnostic
du neuropaludisme. Si un enfant est en phase post-ictale (c'est à dire dans un coma transitoire suite
à des convulsions pendant ≤ 30 minutes), il ne s’agit pas d’un neuropaludisme.
Dans les missions MSF avec possibilité d’examens ophtalmologiques, la rétinopathie palustre est
pathognomonique du neuropaludisme chez les enfants avec un diagnostic parasitologique et clinique
du paludisme. Faire un fond d'œil après administration de deux gouttes d'un agent mydriatique tel que
le tropicamide (compris dans les médicaments essentiels de MSF) pour la dilatation pupillaire.
L’examen doit être effectué par ophtalmoscopie directe. Parmi les caractéristiques de la rétinopathie
palustre figurent les hémorragies rétiniennes à centre blanc, les modifications vasculaires et une pâleur
rétinienne. Elles peuvent être accompagnées d’un œdème papillaire.
189
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
L’âge moyen des enfants touchés est de 18 mois dans les zones d’endémie importante.
Les enfants atteints d'anémie sévère peuvent présenter ou pas une altération de la conscience. Dans
les zones endémiques, la concentration d'hémoglobine peut diminuer progressivement au cours des
infections répétées de paludisme, de sorte qu'un enfant peut être tout à fait alerte avec des
concentrations d'hémoglobine de 2 à 3 g/dL (hématocrite <10 %).
Diagnostic
Le paludisme grave peut imiter ou être concomitant à d'autres maladies également fréquentes dans
les pays où le paludisme est endémique. Les plus importantes d'entre elles sont la méningite, la
septicémie, la pneumonie sévère et la fièvre typhoïde.
Test biologique
• Confirmer la suspicion clinique de paludisme par un diagnostic parasitologique : microscopie
ou test de diagnostic rapide (TDR)
• Tout enfant suspecté de paludisme en zone d'endémie doivent passer un TDR ou une microscopie.
• Si aucun test disponible et paludisme grave est suspecté → Ne pas retarder le traitement
• Si l'enfant présente des signes cliniques de paludisme grave (cf. Signes cliniques indiquant un
dysfonctionnement d’organes/de sévérité dans le Tableau 3.11.1) mais que le TDR est
négatif, traiter comme un paludisme grave, mais continuer à chercher d'autres causes de
fièvre. Revoir le cas clinique avec le pédiatre ou un médecin expérimenté.
Tests de diagnostic rapide (TDR) : Il existe deux tests qui détectent des protéines différentes (les
antigènes) produit par les parasites et qui sont les plus utilisés dans les projects de MSF HRP2 et pan
Pldh :
• Tests HRP2 (disponible dans tous les project et le plus fréquemment utilisé) avec une
sensibilité et une spécificité élevé pour les infections à P. falciparum. Il peut rester positif
jusqu'à 42 jours après le début du traitement antipaludique. Les patients doivent être
interrogés sur une infection traités dans le mois précédent, et si oui, soit efectuer une
microscopie (si disponible) et envisage d'autres diagnostics.
• Tests de pan pLDH (actuellement recommandés uniquement dans les zones de forte
transmission) le test a aussi une sensibilité et spécificité élevée mais inférieure au test HRP2.
Le test pan pLDH peut identifier les infections par P. falciparum, P. vivax, P. malariae et P.
ovale. Ces tests deviennent négatifs dans les 2-4 jours après le début du traitement, de sorte
qu'ils soient plus efficaces dans l'identification des infections actuelles dans les zones de
forte transmission.
190
3.11. Paludisme
Pour tous les enfants avec suspicion de paludisme grave, en plus du diagnostic parasitologique il faut
faire :
• Hémoglobine (Hb) : Cf indications de transfusion Tableau 3.11.10
• Glycémie : Vérifier hypoglycémie
• Bandelette urinaire : Hémoglobinurie (bandelette positive pour le sang)
Traitement
Tableau 3.11.11 Résumé du diagnostic et du traitement du paludisme à P.Falciparum
Paludisme sévère
Paludisme non
Paludisme grave
sévère Anémie palustre sévère
(excluant l’anémie palustre sévère)
• Artésunate IV
• Transfusion si :
• Artésunate IV
Hb <4 g/dL
• ACT PO pendant 3 • Ponction lombaire si suspicion
Ou Hb 6 g/dL + détresse
jours de neuropaludisme
respiratoire, troubles de
• Tests biologiques
conscience ou choc
nécessaires : TDR
Antibiotiques uniquement pour
Antibiotiques pour tous les patients
les patients <2 ans
Tests biologiques nécessaires : TDR, Hb, glycémie
(Pour le paludisme néonatal et le paludisme chez les enfants <5 kg voir protocole de paludisme
néonatal dans chapitre suivant et algorithme 3.11.2)
Le protocole pour le traitement du paludisme non compliqué à P. falciparum est le suivant (pour les
dosages, se référer aux tableaux au chapitre 7, tableau 7.5.1) :
• Enfants ≥5 kg : Traitement combiné à base d'artémisinine (ACT pour artemisinin-based
combination therapy) PO pendant 3 jours
• Préférer les associations à doses fixes (ADF ou FDC - fixed dose combination) aux co-blisters
• Prendre en compte les protocoles nationaux, les profils de résistance locaux et la
disponibilité des ACT lors du choix de l’ACT (à noter que l’ASAQ est contre-indiqué chez les
enfants séropositifs au VIH et sous traitement antirétroviral en raison d'une neutropénie
et/ou d'une possible augmentation de la toxicité des ARV)
• Bien que P.Falciparum soit résistant à la chloroquine (CQ) dans la plupart de nos
programmes (Afrique, Amérique du Sud, Sud Est Asiatique et Océanie), il apparaît y être
191
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
sensible en Haïti et République dominicaine. Dans ces régions, la CQ reste la première ligne
du traitement. (Voir chapitre sur le paludisme non à Falciparum)
• Si l'enfant ne peut pas prendre le traitement PO en raison de vomissements, opter
pour Artésunate IV ou IM (s'il n'est pas disponible, donner Artéméther IM). Dès que l'enfant
peut prendre des médicaments par voie orale, compléter avec un traitement de 3 jours
d'ACT
• Si le seul traitement disponible est la quinine (rare), s’adapter au poids de l’enfant :
Enfants ≤50 kg : 10 mg/kg/dose PO toutes les 8 heures
Si enfant >50 kg : 600 mg/dose PO toutes les 8 heures pendant 7 jours
Traitement du paludisme non-Falciparum: Chloroquine (CQ) PO 10 mg base/kg une fois par jour
J0,J1,J2 et 5 mg/kg base à J3. En général, P. vivax reste sensible à CQ mais on trouve des résistances
en Papouasie Nouvelle Guinée, aux îles Salomon, au Myanmar, en Inde, en Indonésie et au Timor
oriental. Dans ces régions, suivre les recommandations nationales. P. vivax et P. ovale peuvent
causer des rechutes à cause de parasites dormants dans le foie. Un traitement avec la primaquine
peut être administré pour éliminer ces parasites, après le traitement initial avec CQ. Cependant, ce
traitement est réservé aux patients vivant dans des zones où la réinfection est peu probable, c'est-à-
dire des zones non endémiques ou à faible émission.
192
3.11. Paludisme
Un traitement spécifique du paludisme grave avec des médicaments injectables doit être maintenu
pendant un minimum de 24 heures (3 doses d’artésunate, 2 doses d’artéméther, ou 3 doses de
quinine) et complété par un traitement de 3 jours d'ACT dès que l'état de l’enfant s’est amélioré,
qu’il est éveillé et capable d'avaler les médicaments.
À noter : il n'y a pas d'intervalle minimum entre la dernière injection d'artésunate et la première
dose orale d'ACT. Elle peut être administrée 1 à 2 heures après la troisième injection d'artésunate si
l'état de l’enfant s’est amélioré et qu’il est capable d'avaler les médicaments.
193
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Chez les enfants, la septicémie et le paludisme grave peuvent être associés et confondus. L'état de
santé d'un enfant atteint de paludisme ou de paludisme grave peut ne pas s’améliorer malgré le
traitement, ou même se dégrader en raison de l’infection bactérienne non diagnostiquée. De
nombreuses bactéries, issues d'hémocultures d’enfants atteints d'anémie palustre sévère, ont été
cultivées et la bactérie Salmonella non typhique (SNT) est celle la plus communément retrouvée. (cf.
Tableau 3.11.11 les différentes catégories de paludisme sévère)
L’anémie palustre sévère (APS) (Hb ≤5g/dL) est le paludisme le plus en lien avec le SNT, avec un
risque plus élevé d'infection bactérienne invasive chez les enfants plus jeunes. Bien que les patients
atteints de APS répondent souvent bien à la transfusion et à l'antipaludique, nous recommandons le
traitement systématique par ceftriaxone IV uniquement chez les patients atteints d’APS âgés de
moins de deux ans. Les patients atteints d'autres catégories de paludisme sévère devraient tous
recevoir de la Ceftriaxone IV indépendamment de leur âge.
• Ceftriaxone IV/IM 100 mg/kg/jour, 1 à 2x /jour (max 2 g), pendant 3 à 5 jours. Envisager de
remplacer par l'amoxicilline/acide clavulanique PO dès que l'enfant va mieux, qu’il a été
apyrétique pendant 24 heures, et qu’il est capable de manger et de boire. Compléter un
total de 7 jours d'antibiotiques.
• Amoxicilline/acide clavulanique 7:1 ou 8:1, 50 mg/kg/dose de la composante amoxicilline
2x /jour
Traitement du neuropaludisme
194
3.11. Paludisme
195
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Surveillance
Surveillance des paramètres vitaux :
• Toutes les 15 à 30 minutes si l'enfant est instable
• Toutes les 2, 4 ou 6 heures selon l'évolution clinique
• Paramètres vitaux de routine lorsque l'enfant est stable
Placer un linge propre et sec ou un masque chirurgical sous l'enfant et demander à la personne qui
s’en occupe d'informer l'infirmière lors de toute émission d'urine. Dans un contexte plus développé
(unité de soins intensifs), insérer une sonde urinaire. Le débit urinaire doit être ≥ 1mL/kg/heure.
• Bandelette urinaire 1x /24h
• Rechercher des signes d’hémolyse si l’enfant reçoit de la quinine. Si hémolyse, arrêter la
quinine et commencer les ACT PO/SNG
• Si diurèse <1 mL/kg/heure pendant > 6 heures, donner furosémide 1 mg/kg en dose unique
• Si toujours pas d'urine 1 heure plus tard, arrêter tous les apports hydriques et envisager
l'insuffisance rénale
Sortie
Les enfants ayant reçu leur première dose d'ACT orale doivent être surveillés pendant au moins une
heure après l’administration. Ils peuvent ensuite repartir chez eux avec de bonnes instructions sur la
façon de prendre les médicaments restants par voie orale (afin d'éviter une hospitalisation plus
longue que nécessaire). Tous les enfants guéris du paludisme de forme anémique doivent recevoir
de l’acide folique pour l'anémie.
196
3.11. Paludisme
Non Oui
Non Oui
197
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Le paludisme néonatal désigne le paludisme acquis par piqûre de moustique ou par sang infecté
chez un nouveau-né entre le 8ème et le 28ème jour de vie. Jusqu’à aujourd’hui, le paludisme néonatal a
été considéré comme une pathologie rare, particulièrement en zone d’endémie, en raison du rôle
protecteur des anticorps maternels traversant la barrière placentaire et de l’hémoglobine fœtale
chez le nouveau-né. Cependant il pourrait s’avérer plus fréquent qu’on ne le pensait
antérieurement.
Les nouveau-nés atteints de paludisme congénital ou néonatal peuvent avoir des signes cliniques
différents des nourrissons plus âgés et le diagnostic peut être confondu avec d’autres pathologies
néonatales en raison de signes cliniques identiques.
Ce chapitre traite du paludisme chez les nourrissons de moins de 2 mois (et pas seulement chez les
nouveau-nés) en raison de leur haute vulnérabilité et parce que tous les enfants de cette classe
d’âge doivent être diagnostiqués et traités de la même manière.
Symptômes
Il a été démontré que le paludisme pendant la grossesse pouvait entraîner des fausses couches, des
décès périnatals (enfants mort-nés et décès néonatals précoces), des naissances prématurées, de
faibles poids de naissance et un paludisme congénital.
198
3.11. Paludisme
Diagnostic
Pour réaliser le diagnostic en zones d’endémie suivre le protocole suivant :
• La microscopie (goutte épaisse et frottis) ou test diagnostic rapide (TDR)
• Le dépistage systématique de routine de tous les nouveau-nés en zone de haute prévalence
n’est pas recommandé (quelques nouveau-nés peuvent présenter spontanément une
parasitémie négative).
• Faire un examen microscopique ou TDR chez les nouveau-nés de mères atteintes du
paludisme au cours du 3ème trimestre de grossesse ou lors de l’accouchement
• Faire un examen microscopique ou TDR à tous les nourrissons de moins de 2 mois suspects
d’infection ou présentant les signes listés ci-dessus
• Répéter l’examen microscopique ou TDR après 24 et 48 heures s’il est négatif lorsque le
paludisme reste suspecté cliniquement ; de bas niveaux de parasitémie palustre peuvent
survenir chez les nourrissons de moins de 2 mois.
Traitement
De manière générale :
• Hospitaliser tous les nourrissons de moins de 2 mois testés positifs pour le paludisme ou
présentant des signes évocateurs de paludisme/sepsis
• Traiter par antibiothérapie tous les nourrissons de moins de 2 mois présentant des signes
évocateurs de paludisme/sepsis (cf signes et symptômes évocateurs ci-dessus)
• Traiter tous les nourrissons de moins de 2 mois testés positifs pour le paludisme avec un
traitement antipaludique – cf Algorithme3.11.16 en fin de chapitre.
• Ne pas traiter les nourrissons testés négatifs pour le paludisme avec un traitement
antipaludique (microscopie ou TDR)
• Le paludisme chez les nouveau-nés et nourrissons symptomatiques de moins de 2 mois doit
toujours être traité comme un paludisme grave en raison de leur vulnérabilité, de la
nécessité de dosages plus précis et de possibles différences dans l’absorption des différents
médicaments chez ces enfants.
• Si les symptômes persistent avec des tests négatifs, répéter les tests après 12, 24, 48 heures.
Dans quelques cas exceptionnels avec forte suspicion de paludisme tenant compte des
facteurs associés, et après avis d’un clinicien expérimenté, un traitement antipaludique peut
être envisagé malgré un test négatif.
• Transfuser si Hb <7 g/dL ou <10 g/dL + détresse respiratoire ou choc
• Traiter les autres complications en suivant les protocoles correspondants
• Voir algorithme 3.11.2 en fin de chapitre.
199
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Traitements antipaludiques
Premier choix
Premier choix pour les nouveau-nés symptomatiques est l’artésunate IV/IM pendant 7 jours
(monothérapie). La voie IV est toujours préférable mais si ce n’est pas possible, administrer en IM.
(cf tableau 7.5.2 : Artésunate). L’artésunate en IV/IM lente, 3 mg/kg au moment du diagnostic, puis à
H12 et à H24. Ensuite donner 3 mg/kg IV/IM lente une fois par jour pendant 6 jours pour compléter
un total de 7 jours de traitement. Après un minimum de 3 doses d’artésunate IV/IM, si l’état clinique
le permet, envisager le relais par un traitement oral avec ACT pour 3 jours.
L’artésunate rectal est un traitement d’urgence pour les agents de santé communautaires (ASC)
dans les zones d’endémie palustre avant de référer. Il doit être administré à tous les nouveau-nés
suspects de sepsis/paludisme néonatal au moment de l’examen clinique initial, à la maison, en
communauté… avant de référer.
Deuxième choix
Deuxième choix est l’artéméther IM pendant 7 jours (3,2 mg/kg le 1er jour (J1) puis 1,6 mg/kg de J2
à J7 (cf tableau 7.5.3). L’artéméther sera prescrit seulement si l’artésunate n’est pas disponible, ou si
la voie IV n’est pas possible, ou dans les contextes très isolés en l’absence de personnel qualifié et en
l’absence de signes de choc.
Troisième choix
Troisième choix chez les enfants symptomatiques ou premier choix chez les enfants symptomatiques
est le traitement combiné à base d’artémisinine (TCA ou ACT).
Il y a peu d’études sur les ACT chez les nourrissons <5 kg. Les composés de l’artémisinine sont
réputés sans danger. Toutefois la sécurité et la tolérance dépendent de l’autre composante
médicamenteuse associée dans les co-formulations. (À noter : La primaquine est contre-indiquée
chez les enfants <4 ans. Éviter la pyriméthamine au cours des premières semaines de vie à cause du
risque d’hyperbilirubinémie.)
Avoir un dosage adapté est difficile. Des dilutions spécifiques doivent être préparées. (cf Tableau
7.5.10 et Tableau 7.5.11) et administrer immédiatement du fait de leurs instabilités.
Les ACT doivent être donnés à l’hôpital dans les situations suivantes : En relais oral de l’artésunate
injectable ou de l’artéméther IM, or si l’enfant est éveillé et capable de bien téter lorsque le
traitement complet IV/IM ne peut être administré dans sa totalité.
200
3.11. Paludisme
Non Oui
Non Oui
Antipaludiques ACT PO à l’hôpital
pendant 3 jours
• Continuer les • Antipaludiques
antibiotiques IV/IM IV/IM
Antibiotiques IV/IM • Pas d’antipaludiques • Continuer les
si le nourrisson développe • Re-tester pour le antibiotiques
un ou plusieurs signes de paludisme après 12 IV/IM
septicémie heures
Goutte épaisse/Frottis
positifs chez le
nourrisson ?
(TDR positif seulement
si microscopie non
Non Oui
201
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
3.12. Méningite
La méningite est une infection des membranes entourant le cerveau et la moelle épinière. La
suspicion de méningite bactérienne est une urgence médicale dont le diagnostic et le traitement
précoces améliorent le pronostic. Le taux de mortalité dû à la méningite bactérienne reste élevé, en
particulier dans les pays à ressources limitées.
Étiologie
Les trois principales causes de méningite bactérienne, le Pneumocoque, l’Haemophilus influenzae B
et les méningocoques sont évitables par la vaccination. Chez les sujets immunodéprimés (atteints du
VIH ou souffrant de malnutrition), pourcentage plus élevé de bacilles Gram négatif, en particulier les
espèces de salmonellose ainsi que la tuberculose. Chez les enfants atteints de drépanocytose,
Salmonella et Staphylococcus aureus plus fréquents
Dans la région du Sahel pendant la saison sèche, il y a des épidémies de méningite à méningocoques
(Neisseria meningitidis A, C et W135). Cependant, à moins que l’identification par culture de l'agent
pathogène bactérien ne soit disponible, il ne faut pas présupposer une méningite à méningocoque,
car d'autres bactéries pathogènes sont possibles, particulièrement chez les jeunes enfants.
Symptômes
La méningite bactérienne aiguë peut se présenter sous deux formes :
• Le développement progressif de signes de méningite sur un ou plusieurs jours, parfois
précédés d'une maladie fébrile ou d'une infection des voies aériennes supérieures
• Une forme aiguë et fulminante avec des manifestations de sepsis et de méningite, se
développant rapidement sur quelques heures. La forme progressive rapide est fréquemment
associée à un œdème cérébral majeur.
Les caractéristiques cliniques sont variables mais le plus souvent elles se présentent sous forme de :
• Fièvre, nausées, vomissements, anorexie, irritabilité (signes fréquemment présents chez les
jeunes enfants), photophobie, léthargie, confusion, coma, détresse respiratoire, crises
convulsives (le plus souvent généralisées)
• Signes méningés (pas toujours présents, notamment chez les jeunes enfants) :
Dorsalgies
Raideur de la nuque (« cou raide »), absente chez les patients comateux ou ceux avec des
déficits neurologiques focaux ou diffus. Peut apparaître tardivement, particulièrement
chez les jeunes enfants qui présentent plutôt une hypotonie axiale
Signe de Kernig
Signe de Brudzinski
• Altération de la conscience présente chez la majorité des enfants
• Signes d'hypertension intracrânienne (HTIC): Céphalées chez les enfants plus âgés, irritabilité
et fontanelle bombée, ou disjonction des sutures crâniennes chez les nourrissons.
• Paralysies des 3ème, 4ème et 6ème nerfs crâniens (mouvements oculaires anormaux)
202
3.12. Méningite
Diagnostic
Pour effectuer le diagnostic de la méningite, faire un historique et un examen clinique complets,
incluant l’historique des vaccinations. Effectuer une ponction lombaire (PL) pour obtenir du liquide
céphalo-rachidien (LCR) s’il n'y a pas de contre-indications.
Tests biologiques
• Liquide céphalo-rachidien (LCR) pour coloration de Gram (si disponible) et numération des
éléments du LCR (si disponible)
• Glycémie sanguine
• Hémoglobine en cas de pâleur
Si la glycorachie est disponible, calculer le ratio de glycorachie par rapport à la glycémie sanguine.
Dans la méningite bactérienne, il sera <0,6. À noter : Le glucomètre ne peut pas être utilisé pour
tester la glycorachie car la mesure n'est pas suffisamment précise.
203
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Basse
Méningite <800
10 à 45 mg/dL
crypto- Très élevée Clair Principalement Pandy négatif Encre de Chine
(0,6 à 2,5
coccique* lymphocytes
mmol/L)
*Principalement pour les patients avec une immunodéficience sévère, telle que le VIH
Méningite bactérienne
Penser à la méningite bactérienne aiguë chez un enfant qui présente de la fièvre et des signes
d'inflammation méningée. Chez les nourrissons, les manifestations cliniques peuvent inclure la fièvre
et des signes non spécifiques (cf ci-dessus). La prise antérieure d’un traitement antibiotique oral
n’affecte pas la présentation clinique de la méningite bactérienne aiguë, donc il ne faut pas exclure
le diagnostic sous prétexte que l’enfant a déjà été traité avec des antibiotiques.
Le paludisme cérébral est toujours un diagnostic différentiel dans les régions d'endémie, mais la
méningite bactérienne est souvent diagnostiquée à tort comme un paludisme dans les régions
endémiques.
204
3.12. Méningite
Envisager la méningite tuberculeuse si (au moins) un des symptômes suivants est présent :
• Fièvre pendant plus de 14 jours ou fièvre pendant plus de 7 jours et un membre de la famille
déjà atteint de la tuberculose.
• La radiographie du thorax est évocatrice de tuberculose.
• Le patient est inconscient après sept jours de traitement de la méningite bactérienne.
• Le patient est VIH connu ou est exposé au VIH.
• Le LCR a un nombre de leucocytes modérément élevé (typiquement <500 leucocytes/mL,
principalement des lymphocytes), une protéinorachie élevée (de 0,8 à 4 g/L) et une
glycorachie faible (<1,5 mmol/L) ; Ou lorsque cette tendance persiste malgré le traitement
approprié de la méningite bactérienne.
Envisager l'hypothèse de méningite cryptococcique chez les enfants plus âgés avec VIH connu ou
suspecté, ou encore s’ils sont immunodéprimés. Les enfants présentent une méningite avec une
altération de leur état mental.
Dans ce cas :
• Effectuer une ponction lombaire. La pression d'ouverture peut être élevée, mais la
numération des éléments du LCR, la glycorachie, et la protéinorachie peuvent être
pratiquement normales (cf Tableau 3.12.1 ci-dessus)
• Analyser le LCR avec la préparation à l’encre de Chine ou, le cas échéant, faire un test rapide
d’agglutination au latex pour détecter l'antigène cryptococcique
L'encéphalite est une inflammation du tissu cérébral, pouvant entrainer chez les enfants une
altération de l’état mental, des modifications du comportement ou de la personnalité, des déficits
moteurs ou sensoriels tels qu'hémiparésie et paresthésie, des troubles de la parole ou des
mouvements anormaux, des crises convulsives (souvent focales).
Les virus responsables de la majorité des encéphalites rencontrées dans les contextes d’intervention
MSF sont la rougeole, le virus de l'herpès, le VIH et la rage.
Sur les terrains MSF, la seule encéphalite traitable est celle causée par le virus de type Herpès
simplex. Suspecter l'origine herpétique si l'enfant présente une éruption vésiculaire (petites cloques)
ou s’il existe un risque de contage avec l'Herpès simplex. Les enfants atteints d’encéphalite
herpétique présentent habituellement des signes neurologiques focaux, généralement aigus (d’une
durée <1 semaine), des déficits focaux des nerfs crâniens ou des crises convulsives focales, ainsi que
les signes d'encéphalite mentionnés précédemment. La fièvre est également présente chez la
majorité des enfants.
205
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Traitement
La prise en charge de la méningite répond au protocole suivant :
• Admission en soins intensifs
• Approche ABCDE (stabiliser le patient) :
Prendre en charge et gérer les voies aériennes supérieures et la ventilation si besoin
Prendre en charge et gérer le système circulatoire si besoin (assurer l'accès vasculaire)
Prendre en charge et gérer la fonction neurologique (effectuer une ponction lombaire et
contrôler la glycémie)
• Administrer immédiatement une antibiothérapie IV
• Apporter des traitements symptomatiques selon les besoins (oxygène, perfusion d'entretien
et apports caloriques)
• Surveillance selon l'état clinique du patient
Dans le cas d’une méningite bactérienne, donner ceftriaxone 100 mg/kg/jour IV (dans les 30
premières minutes suivant l’arrivée). Ensuite, continuer avec 100 mg/kg/jour en une ou, si possible,
2 doses pour éviter le risque de calculs rénaux. Si la coloration de Gram est disponible et montre
bacille Gram négatif, ajouter gentamycine 7,5 mg/kg/jour x1 /jour pendant 5 jours en IV ou IM
Durée de traitement en l’absence d’épidémie :
Si l'agent pathogène est connu, la durée du traitement antibiotique dépend de l’agent pathogène :
• Neisseria meningitidis hors épidémie : 5 à 7 jours
• Haemophilus influenza : 7 à 10 jours
• Streptococcus pneumoniae : 10 à 14 jours
• Streptocoque du groupe B et Listeria : 14 à 21 jours
• Bacille à Gram négatif : 21 jours
Si l'agent pathogène est inconnu (cas le plus fréquent dans les contextes MSF), la durée du
traitement antibiotique dépend de l’âge de l’enfant :
• Enfants <3 mois : 21 jours IV
• Enfants >3 mois : 10 jours IV. Prolonger le traitement si la fièvre persiste après 10 jours.
Le traitement peut être réduit à 7 jours de ceftriaxone si l'enfant récupère sans
complication.
Dans des contextes d’épidémies de méningite, l’OMS recommande un traitement de 5 jours avec
ceftriaxone pour les enfants >2 mois ayant une suspicion de méningite bactérienne.
Glucocorticoïdes (dexaméthasone)
Ceux-ci ne sont plus recommandés car les études ne montrent aucun avantage à son administration
chez les enfants atteints de méningite.
206
3.12. Méningite
Si l'encéphalite herpétique est suspectée et liquide céphalorachidien (LCR) ≥10 globules blancs (GB),
traiter néanmoins comme une méningite bactérienne avec ceftriaxone et ajouter aciclovir IV 20
mg/kg/dose toutes les 8 heures pendant 21 jours.
Traitements complémentaires
• Pendant les premières 24 heures, l'enfant doit recevoir une perfusion d’entretien (⅔ du
volume normal - Cf Chapitre 7.1.)
• Poser une sonde nasogastrique (SNG) et commencer progressivement l'alimentation
entérale après 24 à 48h (cf protocole d'alimentation entérale dans le chapitre 6.1)
• Si l'enfant peut être nourri oralement, mais que la conscience reste altérée, nourrir l'enfant
en position de sécurité
• Traiter la fièvre si elle est présente (pour améliorer le confort du patient)
• Traiter les convulsions si présentes
• Prodiguer des soins de confort, surtout si le patient est dans le coma.
Suivi
• Surveiller les signes vitaux et la diurèse selon l'état clinique du patient
• Documenter un examen neurologique complet quotidiennement, à la recherche d'une
paralysie oculaire ou d'une faiblesse dans les membres
• Mesurer le périmètre crânien tous les 3 à 4 jours chez les enfants <18 mois afin de
rechercher une hydrocéphalie comme complication de la méningite
• Alimentation → Cf protocole d'alimentation entérale dans chapitre 6
• Fournir des soins de confort :
Mettre l'enfant en PLS en cas d'altération de la conscience
Si l'enfant est pleinement conscient : Positionner sa tête dans l'axe (regardant droit
devant lui)
En cas d'altération de la conscience : Protéger les voies aériennes en facilitant le drainage
de la salive de la bouche de l'enfant positionné en PLS ou en utilisant une aspiration
mécanique pour dégager la bouche et la gorge de l'enfant
S’assurer que l'enfant reçoit des analgésiques en cas de céphalées
Maintenir un environnement calme pour l'enfant
207
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Complications
La fièvre dure habituellement 4 à 6 jours. La persistance de la fièvre au-delà de huit jours peut
signifier : un traitement inadapté, le développement d’une infection nosocomiale (cathéters
intraveineux infectés, infection des voies urinaires, infection virale), le développement d'une
complication (péricardite, pneumonie, arthrite).
Si l'état de l’enfant est en voie d’amélioration clinique mais que la fièvre persiste, poursuivre le
traitement. Si l’état de l'enfant ne s’améliore pas cliniquement et a une fièvre persistante,
rechercher les causes mentionnées ci-dessus, et répéter la ponction lombaire.
Des séquelles neurologiques permanentes sont fréquentes chez les enfants qui survivent à un
épisode de méningite bactérienne. La perte d'audition, la déficience motrice et cognitive sont les
conséquences les plus courantes en Afrique. L’hydrocéphalie peut également être une complication
de la méningite.
208
3.13. Tétanos
3.13. Tétanos
Étiologie
Le tétanos est un trouble du système nerveux caractérisé par la présence de spasmes musculaires. Il
est causé par la bactérie anaérobie Clostridium tetani, productrice d’une toxine neurotrope. Celle-ci
se trouve dans le sol et dans les excréments des humains et des animaux.
Dans les pays en développement, le tétanos demeure endémique chez les enfants n’ayant reçu
aucune injection prophylactique d’immunoglobulines antitétaniques après une exposition, ainsi que
chez les nourrissons nés de mères non ou partiellement vaccinées. L’incidence du tétanos augmente
à la suite de catastrophes naturelles ou dans des contextes de conflits et post-conflits.
Symptômes
La période d’incubation du tétanos est de 2 jours à plusieurs mois mais la moyenne est de 8 jours.
Plus la plaie est éloignée du cerveau, plus l’incubation sera longue.
Tétanos généralisé
Le tétanos généralisé est la forme la plus commune et la plus sévère. Il se caractérisée par :
• Le trismus (mâchoire figée) qui est présent chez la moitié des patients.
• Durant la phase précoce : Irritabilité, agitation, sueurs et tachycardie
• Arythmies, pression artérielle instable et fièvre (dans la phase tardive)
• L’enfant est réveillé et conscient.
209
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Diagnostic
Le diagnostic du tétanos est basé sur l’anamnèse et le tableau clinique classique.
Traitement
Le traitement consiste en la mise en place de mesures de soutien symptomatiques :
• Gestion des voies aériennes
• Le nettoyage des plaies
• Excision des tissus nécrosés
• La neutralisation de la toxine tétanique non fixée
• Un traitement antibiotique
• Le contrôle des spasmes musculaires
210
3.13. Tétanos
Traitement symptomatique
• Hospitaliser l’enfant en soins intensifs, si possible dans une chambre isolée où tous les
stimuli seront réduits au maximum (lumière, bruits et manipulation) sans compromettre la
surveillance.
• Assurer des apports hydriques et nutritionnels suffisants par une perfusion continue et la
nutrition entérale par sonde nasogastrique (SNG).
• Traiter la fièvre si présente pour améliorer le confort du patient.
• Traitement antalgique contre la douleur.
• Surveiller la respiration de l’enfant de la manière la plus rapprochée possible (moniteur
cardiaque et saturation en oxygène si possible) en raison du risque d’apnée et d’obstruction
des VAS.
• Toujours garder à portée du lit de l’enfant, le matériel d’aspiration et de ventilation assistée
(Ambu). Aspirer avec précaution en raison du risque de spasmes.
211
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Le diazépam 5 mg/mL (10 mg ampoule ; 5 mg/mL, dose 2 mL – cf Tableau 3.13.1) est en général
efficace pour contrôler la rigidité et les spasmes et produire un effet sédatif. Titrer la dose comme
indiquer ci-après. Si possible utiliser l’émulsion plutôt que le diazépam en solution aqueuse en
injection pour les jeunes enfants de moins de 3 ans car il est moins toxique et moins douloureux
pendant l’injection. Ne pas utiliser l’émulsion en intra-rectal.
Pour les enfants >2 mois : Diazépam 0,1 à 0,3 mg/kg IV lente (3 à 5 minutes) ou intra-rectal. À
répéter toutes les 1 à 4 heures en fonction de la sévérité et de la persistance des spasmes et si la FR
est >20 pour les enfants <6 ans et si FR >15 pour les enfants de 6 à 15 ans. Si les spasmes persistent,
envisager la perfusion continue (à débit constant).
Perfusion en débit continu diazépam IV : 0,125 mg à 0.5 mg/kg/h (3 à 12 mg/kg par 24h); Cf Tableau
3.13.2. Si les symptômes persistent, augmenter de 0,1 mg/kg/h tant que la FR reste ≥20 pour les
enfants de moins de 6 ans et si la FR ≥15 pour les enfants de 6 à 15 ans.
Ne pas arrêter le traitement brusquement lorsque les spasmes sont contrôlés, mais diminuer la dose
progressivement. Un arrêt brutal peut provoquer des spasmes tétaniques.
212
3.13. Tétanos
En l'absence de seringue électrique, la dilution dans un soluté de perfusion peut être envisagée.
Peser les risques liés à ce mode d'administration (bolus accidentel ou dose insuffisante). La
perfusion doit être étroitement surveillée pour éviter une modification, même minime, du débit
prescrit.
Traitement de la douleur
Traiter les spasmes douloureux avec de la morphine, soit en tube nasogastrique (gouttes orales), soit
IV. La détresse respiratoire peut être aggravée par la morphine (cf Chapitre 4.2.)
Préparer un trolley dans le service ou sont traités les enfants atteints par le tétanos : Masque + O2 +
saturomètre + succion en cas de dépression respiratoire. Préparer les antidotes usuels (flumazenil,
naloxone). En cas d’insuffisance respiratoire apporter une assistance respiratoire
Prévention
Le tétanos ne confère pas d'immunité à la suite d’un épisode d’infection de la maladie. Tous les
patients atteints de tétanos doivent recevoir un vaccin actif, avec un total de trois doses de toxine
antitétanique et antidiphtérique, espacées d’au moins 2 semaines, à débuter dès le diagnostic.
213
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
214
3.14. Fièvre typhoïde
Étiologie
La fièvre typhoïde est une maladie systémique grave, caractérisée par de la fièvre et une douleur
abdominale. Elle est causée par Salmonella enterica, sérotype typhi (appelé auparavant Salmonella
typhi). Il n’est pas possible de distinguer cliniquement les différents sérotypes paratyphi A, B, C de
Salmonella enterica, responsables de la fièvre typhoïde. Les fièvres typhoïdes et paratyphoïdes,
également connues sous le nom de fièvres entériques, sont traitées de la même manière -sous le
terme de fièvres typhoïdes- dans ce chapitre.
À noter : La salmonellose non-typhique est une cause fréquente de bactériémie chez les enfants
vivants dans des zones de haute transmission du paludisme et d’anémie. Elle se réfère aux maladies
causées par tous les autres sérotypes de Salmonella.
La fièvre typhoïde est principalement prévalente dans les régions les plus pauvres, avec une forte
densité de population et un accès médiocre à l’assainissement. La transmission est oro-fécale et se
fait souvent par les contacts familiaux. Les porteurs asymptomatiques peuvent transmettre la
maladie.
Symptômes
L’apparition des symptômes de la fièvre typhoïde se fait dans les 5 à 21 jours après l’ingestion
d’aliments ou d’eau contaminés.
La majorité des patients atteints de fièvre typhoïde présentent des douleurs abdominales, de la
fièvre et des frissons.
En l’absence de complications ou du décès, entrainés par un sepsis trop important, les symptômes
disparaissent progressivement après plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
215
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
Diagnostic
Dans la plupart des missions MSF, les examens avec mise en culture ne sont pas réalisables.
Il faut donc faire un diagnostic ou traiter de manière présomptive pour une fièvre typhoïde si les
éléments suivants sont présents : L’enfant présente une altération importante de l’état
général/semble sévèrement malade et/ou vit dans une zone endémique avec fièvre de durée
supérieure à 1 semaine sans autre cause évidente, et/ou douleur abdominale sévère.
Examens complémentaires
Traitement
Hospitaliser et isoler le patient (se référer au guide MSF Hygiène) si fièvre typhoïde systémique
sévère ou si le patient ne peut pas tolérer la prise orale de médicaments ou s’il ne peut pas boire et
manger.
Traitement antibiotique :
• 1ère intention : Céfixime PO 15 à 20 mg/kg/jour divisé en 2 prises pendant 7 jours.
• À défaut, si indisponible : Ciprofloxacine PO 30 mg/kg/jour en 2 prises pendant 5 à 7 jours.
• Si résistance aux fluoroquinolones suspectée ou enfant incapable de déglutir : Ceftriaxone IV
75 mg/kg/jour pendant 10 à 14 jours.
• Si perforation intestinale ou péritonite suspectée : Ajouter métronidazole IV 10 mg/kg/dose
3x /jour.
• À noter : La fièvre persiste pendant 4 à 5 jours après le début du traitement même si
les antibiotiques sont efficaces.
• Pour les enfants >3 mois avec une fièvre typhoïde systémique sévère en état de choc,
hémorragie intestinale ou coma, ajouter dexaméthasone : 3 mg/kg IV en dose initiale, suivie
de 1 mg/kg IV toutes les 6 heures pendant un total de 48 heures.
• Traitements symptomatiques dans le cas d’une fièvre typhoïde systémique sévère :
Assurer des apports hydriques et nutritionnels appropriés par perfusion ou SNG
Oxygénothérapie selon les besoins
Traiter la fièvre pour améliorer le confort du patient
Traiter les douleurs si présentes mais pas de prise systématique (risque de masquer les
symptômes de péritonite)
• Surveiller les constantes vitales selon l’état clinique du patient.
216
3.14. Fièvre typhoïde
Complications
Une perforation iléale (rare chez les enfants <5 ans) peut survenir, en général durant la troisième
semaine de la maladie. L’enfant présente alors :
• Une aggravation de la douleur abdominale, un abdomen ballonné ou/et contracté, des
signes de péritonite tels qu’une sensibilité à la décompression, etc.
• La perforation peut évoluer vers la bactériémie et le choc septique en l’absence de
traitement.
• Le traitement est chirurgical
Des rechutes peuvent survenir, même chez les individus immunocompétents. En général, la rechute
survient 2 à 3 semaines après la disparition de la fièvre, traiter de nouveau par une antibiothérapie
prolongée.
217
3. Prise en charge des pathologies et syndromes
218
3. Prise en charge de la douleur
219
4. Prise en charge de la douleur
Il est important d’introduire l’évaluation de la douleur en tant qu’activité de routine dans tous les
soins hospitaliers pédiatriques pour s’assurer que la douleur est prise au sérieux par toute l’équipe
médicale. L’introduction de l’échelle Évendol (pour ÉValuation ENfant DOuLeur) et/ou de l’échelle
des visages ou des simples échelles verbales de la douleur doit être une partie intégrante des
dossiers des patients de façon systématique.
Pour les enfants qui ne sont pas capables de se livrer à l’auto-évaluation, nourrissons et enfants ne
parlant pas encore ou incapables de parler, plusieurs échelles d’observation du comportement sont
disponibles.
Bien que les mesures de comportement soient utiles, elles peuvent être trop sensibles à la peur et à
l’anxiété dans une situation aiguë et au contraire elles peuvent sous-estimer une douleur persistante.
Le personnel médical et soignant peut fournir des rapports sur les nourrissons, les enfants jeunes ou
atteints de troubles cognitifs.
L’auto-évaluation
Des mesures d’auto-évaluation validées sont disponibles pour la plupart des enfants âgés de 4 ans et
plus. Elles utilisent des photos ou des dessins de visages. Elles sont adaptées aux différents âges de
l’enfant :
• Les jeunes enfants (3 à 8 ans environ) : Dès l’âge de trois ans, certains enfants sont capables
de quantifier la douleur et de la traduire par une représentation visuelle. Dans ce groupe
d’âge, la douleur est mesurée en utilisant des échelles de douleur analogiques, basées sur
une série de visages exprimant un niveau croissant de détresse ou de douleur.
220
4.1. Évaluation de la douleur
• Les autres enfants (âgés de 8 à 11 ans) : L’évaluation de la douleur dans ce groupe d’âge
s’effectue en général au moyen d’outils analogiques visuels qui évaluent l’intensité de la
douleur sur une échelle horizontale ou numérique (par ex. échelle de 0 à 10).
• Les adolescents : peuvent évaluer leur douleur au moyen d’une échelle d’évaluation
numérique sans utiliser d’outils accessoires pour cette évaluation. Une information détaillée
quant à la douleur peut être obtenue par la description de la qualité de la douleur (aiguë de
type « coup de poignard », sourde, etc.), la localisation et l’irradiation, l’intensité, la durée et
la persistance, la fréquence et les facteurs aggravant ou soulageant la douleur.
L’échelle d’Évendol est une échelle observationnelle évaluant les 5 éléments suivants sur une plage
allant de 0 (pas de douleur) à 3 (douleur forte ou permanente) pour chacun :
• Expressions vocales ou verbales
• Mimiques
• Mouvements
• Positions
• Relation avec l’environnement
221
4. Prise en charge de la douleur
Illustration 4.1.1 Images des visages douloureux pour l’auto-évaluation de la douleur par l’enfant
Intensité
de la douleur Pas de douleur Douleur légère Douleur modérée Douleur intense
Score 0 1 2 3
Score 0 + ++ +++
222
4.2. Traitement de la douleur
Recommandations générales
Les objectifs principaux du traitement de la douleur en pédiatrie sont de réduire, contrôler et
prévenir la douleur chez les enfants. Il faut donc :
• Évaluer et noter la douleur lors du premier examen clinique
• Réévaluer et noter avec les autres signes vitaux lors des contrôles de surveillance prévus
• Évaluer régulièrement la douleur et son intensité pendant tout le déroulement de la maladie
• Utiliser des instruments d’évaluation pour définir et noter la ligne de base de la douleur, puis
en suivre le traitement
• Identifier et contrôler la source
• Traiter la douleur dès que possible
• Donner des analgésiques avant d’effectuer une procédure douloureuse
• Donner des analgésiques avant que la douleur ne se reproduise (essayer de prévenir la
douleur plutôt que la traiter)
• Utiliser des mesures non pharmacologiques (par ex. des traitements relationnels,
comportementaux, physiques et de soutien) en association avec le traitement
pharmacologique
• Administrer le traitement analgésique pour une douleur modérée ou intense 24 heures sur
24, en incluant la nuit, afin de permettre à l’enfant de bien dormir toute la nuit
• Si possible, utiliser les analgésiques oraux pour éviter les modes d’administration douloureux
• Anticiper et traiter les effets secondaires des analgésiques (tels que la constipation lors de la
prise opioïdes)
223
4. Prise en charge de la douleur
Traitement pharmacologique
Anesthésie locale
L’anesthésie peut être administrée par injection. Toutefois, l’anesthésie topique est également
utilisable.
• Crème EMLA (Z code transitoire, DEXTZFR0063) (mélange de lidocaïne à 2,5% et de prilocaïne
à 2,5% dans une base de crème) :
Utilisation recommandée pour des procédures prévues comme une ponction lombaire
planifiée ou autres procédures invasives planifiées
Usage non recommandé avant le placement de cathéters IV ou autres procédures
d’urgence.
Appliquer la moitié du tube de 4 g d’EMLA sur la peau. Couvrir la crème d’un pansement
occlusif et attendre 45 à 60 minutes. La durée de l’action va jusqu’à 4 heures après le
retrait de la crème.
Effets indésirables : Irritation momentanée de la peau
• Lidocaïne à 1% (10 mg/mL)
À utiliser pour les interventions chirurgicales mineures.
Infiltrer en sous cutanée dans la région concernée au moyen d’une aiguille de petit
diamètre intérieur (par ex. aiguille 25G) sur une seringue de petit volume (par ex. 3 mL)
Ne pas dépasser une injection de 3 mg/kg = 0,3 ml/kg/injection.
Ne pas utiliser en IV
Paracétamol
• Administration : Orale (ou par sonde naso-gastrique) ou IV
• Dose per os : 15 mg/kg/dose toutes les 6 heures (dose maximale 80 mg/kg/jour)
• Dose IV :
<10 kg : 7,5 mg/kg/dose toutes les 6 heures
>10 kg : 15 mg/kg/dose toutes les 6 heures
• Contre-indiqué pour les patients atteints de maladie hépatique grave
Ibuprofène
Médicament anti-inflammatoire non stéroïdien – AINS. Plus efficace que le paracétamol pour la
réduction d'une douleur inflammatoire.
224
4.2. Traitement de la douleur
Analgésie opioïde
Les enfants ayant une douleur modérée sont en général traités par un opioïde oral faible (tel que le
tramadol) ou de petites doses orales d’opioïdes plus fort (morphine) à action prolongée pour les
patients ayant une douleur chronique. La codéine n’est plus recommandée pour les enfants parce
qu’elle est inefficace pour un tiers des patients environ.
Le traitement doit être adapté individuellement à l’enfant et les analgésiques opioïdes doivent être
dosés de manière individuelle pour mesurer et ajuster la dose selon la réponse.
Dans certains pays le tramadol n’est pas autorisé chez l’enfant. Toutefois, même dans ces
circonstances, il continue à être utilisé « off label ». Nous conseillons son utilisation à condition que
les indications et contre-indications soient respectées.
• Administration : Orale ou IV
• Dose : 1 à 2 mg/kg toutes les 4 à 6 heures (dose maximale 400 mg par jour)
• Disponibilité :
Capsules de 50 mg
Gouttes 100 mg/mL soit 40 gouttes
Ampoules de 50 mg/mL
• Contre-indications : Détresse respiratoire grave et risque de convulsions ou convulsions
connues (épilepsie, trauma crânien, méningite). Ne pas administrer conjointement ou peu de
temps avant ou après la morphine
Morphine
La morphine est un opioïde de choix pour traiter la douleur intense. Cependant les contre-indications
chez l’enfant sont nombreuses :
• Détresse respiratoire grave
• Insuffisance hépatique grave
• Épilepsie non stabilisée ou HTIC (hypertension intracrânienne)
• Combinaison avec d’autres analgésiques opioïdes (tramadol)
• Combinaison avec d’autres médicaments actifs sur le système nerveux central (SNC) :
Benzodiazépines, neuroleptiques, antihistaminiques et phénobarbital/phénytoine
225
4. Prise en charge de la douleur
Assurer une surveillance rapprochée pour ces enfants surtout pendant les premières heures du
traitement.
Dose initiale :
• Commencer avec la morphine à libération immédiate (utiliser la forme à libération prolongée
en entretien une fois définie la dose optimale pour le patient)
• Commencer avec 0,05 à 0,1 mg/kg/dose toutes les 4 heures
Puis augmenter la dose progressivement si nécessaire, par palier de 50%, sans jamais
dépasser 0,2 mg/kg/dose (maximum 1,2 mg/kg/jour)
• Après 48 heures, faire la somme de la dose totale quotidienne administrée à l’enfant lors des
dernières 24 heures, substituer des capsules de morphine à libération prolongée pour le
traitement d'une douleur persistante sauf chez les enfants MAS (capacités métaboliques très
mal connues)
• Une capsule à libération prolongée peut être mélangée avec de l’eau sucrée ou du jus de
fruit
• Rajouter du paracétamol (doses habituelles) pour un accès douloureux paroxystique
• Si la douleur n'est pas bien contrôlée avec ce traitement, envisager l'administration de doses
supplémentaires (interdoses) en cas d'accès douloureux paroxystiques en donnant 10% de la
dose quotidienne totale comme interdose. S’assurer de ne pas dépasser la dose maximale
quotidienne de 1,2 mg/kg/jour et intensifier la surveillance en raison du risque accru d'effets
secondaires
226
4.2. Traitement de la douleur
Utiliser le Tableau 4.2.1 ci-après pour le dosage. Pour les faibles volumes, utiliser une seringue de 1
ml pour obtenir un dosage correct
Poids de l’enfant (en kg) Dose (en mg) Volume de solution en mL (dose 0,1mg/kg)
4 0,4 0,4
5 0,50 0,5
6 0,60 0,6
7 0,70 0,7
8 0,80 0,8
9 0,90 0,9
10 1 1
11 1,1 1,1
12 1,2 1,2
13 1,3 1,3
14 1,4 1,4
15 1,5 1,5
16 1,6 1,6
17 1,7 1,7
18 1,8 1,8
19 1,9 1,9
20 2 2
Si le patient a été sous morphine pendant une longue période, ne pas arrêter brusquement la
morphine, réduire la dose lentement et progressivement. En cas de doute, contactez le référent
pédiatrique.
Kétamine
La kétamine est à utiliser chez les enfants pour l’anesthésie/sédation avant les gestes techniques
douloureux (changement de pansements importants, sutures, incision et drainage d’abcès…)
*
Si la dose doit être augmentée, envisager une solution plus concentrée, particulièrement pour les enfants en
surpoids
227
4. Prise en charge de la douleur
Garder l’enfant sans aucune alimentation orale pendant au moins les 4 heures précédant
l’administration de kétamine
228
4.2. Traitement de la douleur
229
4. Prise en charge de la douleur
Tableau 4.2.3 Exemple d’usage de l’échelle d’Évendol pour un enfant de 2 ans (15 kg)
230
5. Arrêt des mesures de réanimation et soins palliatifs
231
5. Arrêt des mesures de réanimations et soins palliatifs
Les soins palliatifs et de confort doivent être envisagés dans tous les projets MSF pour les enfants
gravement malades (cf Chapitre 5.2.).
Recommandations générales :
• Si le patient n’a pas d’activité cardiaque après 10 minutes de ventilation + compressions
cardiaques (+ adrénaline) : Arrêter toutes les mesures de réanimation
• Si le patient a une activité cardiaque mais pas de respiration : Envisager de continuer les
mesures jusqu’à 30 minutes et réévaluer
• Si cela est approprié culturellement et que la famille le demande : S’assurer qu’au moins un
membre de la famille puisse être présent pendant les efforts de réanimation. Si tel est le cas,
un membre de l’équipe soignante doit être disponible pour soutenir le proche durant la
réanimation.
• Après l’arrêt de la réanimation : Expliquer à la famille que la réanimation a été arrêtée car
des efforts supplémentaires auraient été vains et que cela n'aurait pas été dans le meilleur
intérêt de l’enfant.
Exceptions :
• Si le pouls et l’activité cardiaque sont stables grâce à la ventilation assistée (masque-ballon),
continuer la réanimation avancée (dopamine ou adrénaline, etc. si disponible) pendant 30
minutes, seulement si le médecin responsable considère qu’il y a une raison médicale
réversible à la détresse respiratoire (effet d’un médicament). Réévaluer l'état de l'enfant par
la suite
• Le médecin responsable doit communiquer avec la famille et expliquer la décision de l’arrêt
des mesures de réanimation.
• Si l’enfant a un pouls mais pas de mouvement respiratoire :
Maintenir la ventilation à l’aide d’un Ambu, seulement s'il y a du personnel médical
compétent pour ce geste et si cette activité ne compromet pas les soins aux autres
enfants
Ne pas demander à la famille de ventiler l’enfant
Poursuivre la ventilation pendant un maximum de 2 heures. Si le patient n’a pas retrouvé
une ventilation spontanée durant cette période et/ou s'il n’y a pas de possibilité de
transférer l’enfant, arrêter la ventilation
232
5.1. Arrêt des mesures de réanimation avancée en pédiatrie
Exemples de cas qui peuvent avoir un bon pronostic s’ils sont transférés à temps vers des structures
de soins adaptées (il est à souligner que dans la plupart des contextes MSF, le transfert vers une
structure plus adaptée est exceptionnel) :
• Certains traumatismes crâniens
• Ingestions de toxiques ou overdose médicamenteuse avec un médicament ayant une action
dépressive sur le système nerveux central (SNC)
• Patient présentant un asthme aigu grave en insuffisance respiratoire
La décision sur la façon de procéder dans de telles circonstances exceptionnelles relèvent toujours
de la responsabilité du médecin traitant et doivent être, si possible, discutées avec le médecin
référent ou le coordinateur médical.
233
5. Arrêt des mesures de réanimations et soins palliatifs
Les soins de fin de vie sont des soins palliatifs qui s’appliquent spécifiquement à une maladie en
phase terminale.
Dans les établissements pédiatriques typiques de MSF, deux scénarios peuvent se présenter pour
lesquels on ne peut pas prévoir un rétablissement des patients :
1. Une maladie en phase terminale, très souvent aiguë, mortelle et pour laquelle les soins de fin
de vie s’appliquent.
2. Une maladie potentiellement mortelle à moyen ou long terme, maladie sans pronostic de
rétablissement dans le contexte local et ponctuel, comme la cardiopathie congénitale, les
malformations congénitales, le cancer ou une maladie ayant entrainé des dommages
cérébraux irréversibles comme le paludisme cérébral ou l’asphyxie périnatale. Dans ces
situations, les soins palliatifs s’appliquent. Il est important de discuter de la situation avec la
famille et d’expliquer le manque d’options curatives dans ce contexte. Si possible, il faut
mettre en place et développer un partenariat avec des organisations ou institutions locales
adéquates pour les fins d’orientation ou de suivi.
Dans ces deux situations, les soins médicaux ne seront plus destinés à guérir mais se concentreront
sur le soulagement de symptômes tels que la douleur et d’autres situations menant au stress ou à
l’anxiété. À ce stade de la maladie, l’objectif principal des soins médicaux est de donner une qualité
de vie appropriée à la fois à l’enfant et à la famille. Il est donc important d’examiner chaque cas
individuellement.
Les établissements de MSF sont destinés à des soins de courte durée. Ils n’ont pas la capacité de
garder les patients pour de longues périodes dans les cas mortels à long et moyen terme. Pour ces
patients, malheureusement, il est probable que MSF ne puisse offrir qu’un traitement
symptomatique.
Cette étape cruciale ne doit pas être sous-estimée. Certaines difficultés peuvent se présenter en
raison des barrières et croyances culturelles. Des réunions régulières doivent donc être prévues afin
de suivre la situation et de prendre les mesures adaptées aussi longtemps qu’il le faudra.
234
5.2. Soins palliatifs et fin de vie
Chaque contexte est différent, cependant il faut garantir dans chaque cas :
• Le respect de la vie privée
• Suffisamment de temps pour la conversation entre la famille et le docteur
• L’utilisation d’un langage approprié
• La transparence en ce qui concerne le pronostic
S’assurer que la famille comprend bien que l’équipe va faire tout son possible pour soulager les
symptômes de l’enfant mais qu’il n’y a pas d’espoir de rétablissement (il ne s’agit plus de guérir
l’enfant). L’acceptation de cette nouvelle peut prendre un certain temps et la famille peut décider de
ramener l’enfant au foyer.
Que l’enfant reste avec MSF ou qu’il retourne au foyer, tous les efforts doivent viser à fournir des
informations et un traitement suffisant pour minimiser la souffrance de l’enfant et de la famille,
surtout dans les contextes avec peu ou pas d’infrastructures communautaires de santé.
235
5. Arrêt des mesures de réanimations et soins palliatifs
236
5.2. Soins palliatifs et fin de vie
237
5. Arrêt des mesures de réanimations et soins palliatifs
238
6. Nutrition entérale des enfants non MAS (cas non
chirurgical)
239
6. Nutrition entérale des enfants non MAS
Les contre-indications (utiliser son jugement clinique, peser les risques vs les bénéfices) relatives à la
nutrition entérale chez l’enfant inclus : Contrôle des voies aériennes supérieures diminué ou absent
(patients comateux ou score de Blantyre <3), et l’état de choc réfractaire (instabilité
hémodynamique persistante).
Les contre-indications absolues sont : le saignement actif abondant des voies digestives (sauf les
gastrites aigues de stress) et un dysfonctionnement des voies digestives, iléus paralytique (absence
de bruits intestinaux). Si la nutrition entérale ne peut être initiée suite à la présence de contre-
indications : continuer la perfusion d’entretien IV et réévaluer toutes les 12 heures la possibilité
d’initier la nutrition entérale.
240
6.1. Nutrition entérale par sonde nasogastrique
• Rincer régulièrement la sonde : Rincer la sonde avec 3–5 ml d’eau, avant ou après
l’administration de médicaments ou après le passage de l’alimentation entérale.
Pour les enfants de moins d’un an, donner du lait maternel (exprimé ou via tire-lait) ou lait
maternisé adapté à l’âge. Pour les enfants de 1 an et plus, le premier choix est le Sondalis Junior
(NFOS ENIC NP W05). Si celui-ci n’est pas disponible, utiliser le lait entier en poudre reconstitué –
100kcal/100ml- (cela doit être approuvé préalablement par l’équipe pharmacie). Donner un bolus
toutes les 4 heures via la SNG (6 repas par jour) par gravité ou injection lente afin d’éviter que
l’estomac ne se remplisse trop vite.
À l’initiation de la nutrition entérale par sonde nasogastrique, commencer avec la moitié du volume
désiré. Puis augmenter le volume progressivement au cours des premières 24 heures selon la
tolérance gastrique (cf. Tableau 6.1.1) :
• Débuter la nutrition entérale avec 50 mL/kg/jour et diminuer la perfusion d’entretien de
50%. Mesurer la glycémie toutes les 4 heures (si hypoglycémie, traiter selon le protocole)
• Si la tolérance est bonne après 24 heures, augmenter la nutrition entérale à 75 mL/kg/jour
et arrêter la perfusion d’entretien IV (maintenir la voie IV fonctionnelle en perfusant à
5 mL/heure pour conserver l’accès veineux). Mesurer la glycémie toutes les 6 à 8 heures (si
hypoglycémie, traiter selon le protocole)
• Si la nutrition entérale est toujours bien tolérée après 24 heures supplémentaires (au total
48 heures depuis l’initiation), l’augmenter à 100 mL/kg/jour et arrêter l’IV.
• Tant que la nutrition est tolérée, continuer à 100 mL/kg/jour jusqu’à ce que l’enfant soit
conscient et puisse s’alimenter, ou jusqu’à ce que l’équipe décide d’interrompre la nutrition
entérale (cf. Chapitre 5.2.)
• La durée moyenne pour la nutrition entérale est de 3 jours. Au-delà de 3 jours, la nécessité
de maintenir la nutrition entérale doit être réévaluée par le directeur ou le responsable
médical.
• En général, la nutrition entérale par SNG ne doit pas dépasser 5 jours. Des exceptions
peuvent être approuvées par le directeur ou le responsable médical (par exemple dans le
cas d’un enfant en convalescence d’un tétanos).
241
6. Nutrition entérale des enfants non MAS
A noter : La mesure du résidu gastrique n’est pas recommandée pour les patients non chirurgicaux.
Si les enfants ne tolèrent pas bien les repas/l'alimentation par SNG, arrêter la nutrition entérale et
commencer une perfusion IV de maintenance. Réévaluer à H12. Lorsque l’enfant est prêt à
recommencer la nutrition entérale, initier celle-ci à 50 mL/kg/jour et continuer selon le protocole
défini dans le tableau 6.1.1.
Commander 42 caisses pour 100 enfants : (1 caisse = 12 bouteilles de 500mL) ; coût = 1,285 € (basé
sur une moyenne de poids de 10 kg et sur une durée moyenne de la nutrition entérale de 3 jours).
242
7. Administration des médicaments, des fluides et des
électrolytes
243
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
Le premier choix de soluté pour la perfusion de maintenance chez les enfants malnutris ou non
est G5%-RL (G pour glucose, RL pour Ringer Lactate). Noter que Glucose 5% = G5% = Dextrose 5% =
D5%.
Le G5%-RL est une solution de RL non diluée, associée à du glucose 5% (cf Tableau 7.1.1 ci-après
pour la préparation).
La solution de perfusion utilisée pour une administration en bolus en cas de déshydratation, de choc,
etc. est le RL, ou bien une solution de sérum salé isotonique à 0,9% (NaCl 0,9%) si le RL n’est pas
disponible. (NaCl 0,9% = chlorure de sodium 0,9% = Normal Saline = NS= sérum physiologique). Ne
pas administrer de bolus à l’aide de solutés de perfusion à base de glucose.
Le soluté à choisir dans le cas d’une hypoglycémie est le glucose 10 % (G10%). Ne jamais administrer
du G50% en IV directement à un enfant.
Pour obtenir une solution de G5%-RL ou G5%-NaCL 0,9%, si une solution préfabriquée n’est pas
disponible, mélanger les solutés suivants : (Note : NaCl 0,9% est à utiliser seulement si le RL n’est pas
disponible)
Tableau 7.1.1 Préparation d’une solution G5%-RL et G5%-NaCl 0,9%
244
7.1. Perfusion d’entretien
Poche 500 ml → Retirer 100 ml = 400 ml + 100 mL de G50% = 500 mL de G10%-NaCl 0,9%
= 1 000 mL de G10%-NaCl
Poche 1 000ml → Retirer 200 ml = 800 ml + 200 mL de G50%
0,9%
Pour obtenir G5%-½RL et G5%-½NaCl 0,9% préparer la solution suivante : (À utiliser dans les
circonstances particulières où les solutions hypotoniques sont indiquées - Enfant récupérant d’une
insuffisance rénale aiguë ou avec traumatisme crânien et une diurèse très diluée, densité urinaire
<1005).
245
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
Donner G5%-RL
(Arrondir pour faciliter l’administration)
Débit de perfusion
Poids en mL/heure ou Poids
Débit de perfusion
de l’enfant gouttes/mn de l’enfant
en mL/heure
en kg avec un microperfuseur en kg
pédiatrique MSF
3 à 3,9 15 22 à 22,9 65
4 à 4,9 20 23 à 23,9 65
5 à 5,9 25 24 à 24,9 65
6 à 6,9 30 25 à 25,9 65
7 à 7,9 30 26 à 26,9 65
8 à 8,9 35 27 à 27,9 70
9 à 9,9 40 28 à 28,9 70
10 à 10,9 40 29 à 29,9 70
11 à 11,9 45 30 à 30,9 70
12 à 12,9 45 31 à 31,9 70
13 à 13,9 45 32 à 32,9 75
14 à 14,9 50 33 à 33,9 75
15 à 15,9 50 34 à 34,9 75
16 à 16,9 55 35 à 35,9 75
17 à 17,9 55 36 à 36,9 75
18 à 18,9 55 37 à 37,9 80
19 à 19,9 60 38 à 38,9 80
20 à 20,9 60 39 à 39,9 80
21 à 21,9 60 40 à 40,9 80
246
7.1. Perfusion d’entretien
Donner G5%-RL
(Arrondir pour faciliter l’administration)
Débit de perfusion
Poids Poids
en mL/h ou gouttes/mn Débit de perfusion
de l’enfant de l’enfant
avec un microperfuseur en mL/h
en kg en kg
pédiatrique MSF
3 à 3,9 20 22-22,9 95
4 à 4,9 25 23 à 23,9 95
5 à 5,9 35 24 à 24,9 95
247
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
Donner G5 %-RL
(Arrondir pour faciliter l’administration)
Débit de perfusion
Poids Poids
en mL/h ou gouttes/mn Débit de perfusion
de l’enfant de l’enfant
avec un microperfuseur en mL/h
en kg en kg
pédiatrique MSF
3 à 3,9 10 22-22,9 45
4 à 4,9 15 23 à 23,9 45
5 à 5,9 15 24 à 24,9 45
6 à 6,9 20 25 à 25,9 45
7 à 7,9 20 26 à 26,9 45
8 à 8,9 25 27 à 27,9 45
9 à 9,9 25 28 à 28,9 50
10 à 10,9 30 29 à 29,9 50
11 à 11,9 30 30 à 30,9 50
12 à 12,9 30 31 à 31,9 50
13 à 13,9 35 32 à 32,9 50
14 à 14,9 35 33 à 33,9 50
15 à 15,9 35 34 à 34,9 50
16 à 16,9 35 35 à 35,9 55
17 à 17,9 40 36 à 36,9 55
18 à 18,9 40 37 à 37,9 55
19 à 19,9 40 38 à 38,9 55
20 à 20,9 40 39 à 39,9 55
21 à 21,9 45 40 à 40,9 55
248
7.1. Perfusion d’entretien
Surveillance :
Peut importe la perfusion, un enfant sous IV doit être soigneusement monitoré afin d’éviter une
surcharge liquidienne. Les signes de surcharge de fluide incluent :
• L’augmentation de RR ≥10 respirations/minute
• L’augmentation de la FC ≥20 battements/minute
PLUS, l'un des éléments suivants :
• Une hypoxie (nouvelle ou dégradée) : Diminution de SpO2 de >5%
• Apparition de râles et/ou d'œdème pulmonaire
• Galop à l’auscultation cardiaque
• Hépatomégalie d’apparition récente (le bord inférieur du foie doit avoir été marqué avec un
marqueur avant le début de l’IV)
• Œdèmes périphériques et/ou périorbital
Si un enfant présente des signes de surcharge de liquide, arrêter immédiatement tous les fluides.
L'alimentation précoce améliore les résultats en pédiatrie. Commencer l’alimentation dès que
possible (au plus tard 24 heures). En cas d’incapacité de boire, envisagez une alimentation par voie
nasogastrique. Dans ce cas-là, commencer l'alimentation nasogastrique, puis vérifier la glycémie
4 heures plus tard. Si l’alimentation est bien tolérée, arrêter l’IV. Vérifier à nouveau la glycémie 4
heures plus tard.
249
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
Si la perfusion est administrée trop rapidement à travers une veine de trop petit calibre, le
potassium peut être caustique pour les veines (il les brûle et peut engendrer des thrombophlébites)
De plus, il est facile de faire des erreurs dans le calcul des doses de potassium.
L’ajout de KCl dépend du contexte clinique et de la mission. Il doit être envisagé quand
l’enfant a été perfusé au-delà de 24 heures, ou encore dans des circonstances
spécifiques (acidocétose diabétique).
Il faut s’assurer que l’enfant a une diurèse conservée avant d’ajouter du KCl à la
perfusion d’entretien. Ne jamais injecter directement dans les veines.
Le KCl ne peut être ajouté au soluté de perfusion que sous le contrôle direct d’un
médecin. Le médecin doit vérifier :
• Que la quantité de KCl ajoutée au soluté de perfusion est adaptée.
• Que le KCL a été correctement ajouté dans le soluté de perfusion.
• Que le débit de perfusion est adapté à l’enfant.
Dans une ampoule de 10 ml de chlorure de potassium KCl 10%, il y a 13,4 mmol de KCl soit
1,34 mmol/mL de KCl.
Vérifier que les ampoules en stock contiennent bien 10 ml de KCl 10% car le dosage peut varier selon
le fabriquant
Les besoins en potassium chez les enfants sont de 2 à 3 mmol/kg/jour. L’ajout de KCl au soluté de
perfusion pour un enfant doit être de 2 à 3 mmol de KCl pour 100 ml de solution IV, ou 20 à 30 mmol
de KCl par litre de solution IV.
250
7.2 Ajout de potassium dans les solutés intraveineux
Nom de l’enfant :
Ringer Lactate/NaCl 0,9 % :
Volume de la poche d’origine : mL
Volume retiré : mL
G50% - Volume ajouté : mL
KCl 10% - Volume ajouté : mL
Débit de perfusion :
Heure du début :
Heure de la fin :
Signature du docteur :
Signature de l’infirmier :
À utiliser à partir du (Date et heure) :
Utilisable jusqu’au (Date et heure) :
251
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
252
7.4. Amoxicilline et acide clavulanique
Amoxicilline
poudre 125 mg ou sirop 5 mL (bouteille de 100 mL)
50 mg/kg/dose 2x /jour = 100 mg/kg/jour
Amoxicilline poudre 125 mg ou sirop 5 mL
Poids Dose en mg Dose en mL
en kg 2x /jour 2x /jour
2 100 4
3 150 6
4 200 8
5 250 10
6 300 12
Amoxicilline
comprimé 250 mg
50 mg/kg/dose 2x/jour (100 mg/kg/jour)
Amoxicilline comprimé 250 mg
Poids en kg Dose en mg 2x /jour Comprimé 2x /jour
2 100 ½
3 150 ½
4 200 1
5 250 1
6 300 1
7 350 1½
8 400 1½
9 450 2
10 500 2
11 550 2
12 600 2½
13 650 2½
14 700 3
15 750 3
Amoxicilline et acide clavulanique sont combinés pour le traitement des otites moyennes aiguës et
des pneumonies récurrentes et résistantes, en particulier celles dues au Streptococcus pneumonia.
253
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
Prescription
Lorsque cela est possible seules les formules avec un rapport de 8:1 ou 7:1 doivent être prescrites.
Formulations disponibles
Les formules amoxicilline/acide clavulanique disponibles dans le catalogue IT MSF depuis 2015 sont :
254
7.4. Amoxicilline et acide clavulanique
Effets indésirables
La prise d’amoxicilline/acide clavulanique peut provoquer : Érythème fessier, urticaire, inconfort
abdominal, diarrhées, selles molles, nausées, vomissements.
Un enfant sous antibiotiques est vulnérable aux infections par levures. Si l’enfant se présente avec
des taches blanches dans la bouche ou un érythème fessier à vif, traitez pour candidose. En plus,
tous les antibiotiques peuvent causer des réactions allergiques. Si l’enfant développe une éruption
cutanée sévère, des difficultés respiratoires or de l’urticaire, conseillez de consulter un médecin ou
de se rendre à l’hôpital immédiatement.
255
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
7.5. Antipaludéens
Administration parentérale de l'artésunate
1 boîte d'Artesun (artésunate produit par Guilin-DINJARTS6V) contient :
• 1 flacon de 60 mg de poudre d'artésunate
• 1 flacon de 1mL de bicarbonate de sodium à 5%
• 1 flacon de NaCl 0,9% 5 mL (l'eau injectable n'est pas un diluant approprié),
Ne pas garder à la fois l'artéméther et l'artésunate au même endroit afin d'éviter le risque d'une
administration d'artéméther en IV.
Dosage
Le dosage de l'artésunate injectable diffère selon le poids :
• Patients pesant <20 kg : 3,0 mg/kg
• Patients pesant ≥20 kg : 2,4 mg/kg
Donner l'artésunate à H0, H12 et H24, puis une fois toutes les 24 heures jusqu'à ce que le patient
puisse prendre le traitement par voie orale. Un traitement par voie parentérale d’artésunate doit
être suivi par 3 jours complets d’ACT.
Voies d’administrations
L'artésunate peut être administré par voie intraveineuse (IV) ou intramusculaire (IM). La voie
intraveineuse est préférée par rapport à l'administration intramusculaire.
Une fois reconstituée, la solution d'artésunate n'est pas stable et doit être administrée dans les 30
minutes en raison de la dégradation rapide du produit. En raison de cette instabilité, ne pas stocker
la solution pendant plus de 30 minutes.
256
7.5. Antipaludéens
Blister >14 ans-adultes (≥36 kg), cp d’AS 100 mg/ → 2 cp 1x /jour à J1, J2, J3
AQ base 270 mg : 6 cp/blister
Deuxième choix 5 à 11 mois → ½ cp AS + ½ cp AQ/jour à J1, J2, J3
Co-blister enfant ≤6 ans : 3 cp d’AS 50 mg + 3 cp d’AQ 1 à 6 ans →1 cp AS + 1 cp AQ /jour à J1, J2, J3
base 153 mg
Co-blister enfant 7 à 13 ans : 6 cp d’AS 50 mg + 6 cp → 2 cp AS + 2 cp AQ 1x /jour à J1, J2, J3
d’AQ base 153 mg
Co-blister ≥14 ans-adultes : 12 cp d’AS 50 mg + 12 cp → 4 cp AS + 4 cp AQ 1x /jour à J1, J2, J3
d’AQ base 153 mg
Deuxième choix 2 à 11 mois → ½ cp AS 1x /jour à J1, J2, J3 + ½ cp SP
Co-blister enfant ≤6 ans : 3 cp d’AS 50 mg + 1 cp de SP en dose unique à J1
Artésunate-sulfadoxine/
Pyriméthamine (AS-SP)
257
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
Administration en IV d'artésunate
Un flacon d'artésunate contient 60 mg d'artésunate et sera préparé avec 1 mL de bicarbonate de
sodium à 5% et 5 mL de NaCl 0,9%, de sorte que la solution finale contienne 10 mg/mL d'artésunate.
L’administration d’artésunate IV se fait via un robinet sur une tubulure de perfusion où coule du
G5% (bien que le NaCl 0,9% puisse également être utilisé). La perfusion du soluté doit être
interrompue lors de l’injection de l’artésunate.
Il est recommandé de rincer le cathéter avec G5% ou NaCl 0,9% pour éviter de laisser de l'artésunate
dans le cathéter. Le rinçage est également nécessaire avant l'administration si la perfusion
précédente contenait autre chose que NaCl 0,9% ou G5%, pour éviter les incompatibilités.
Les voies d’administrations alternatives sont l’IV directe ou via le kit perfuseur pédiatrique.
Ne jamais injecter l'artésunate dans le sac de perfusion. L'administration serait trop lente et il existe
un risque de dégradation avant que la totalité de la perfusion soit administré. En raison de sa demi-
vie courte, la dégradation l’artésunate commencerait avant même que sa concentration sanguine ne
soit efficace.
Notez que, pour les patients ≥25 kg, plus d'un flacon d'artésunate est nécessaire et que chaque
flacon nécessite une reconstitution, une dilution et une administration séparées.
Administration IM d’artésunate
Un flacon d'artésunate contient 60 mg d'artésunate et sera préparé avec 1 mL de bicarbonate de
sodium à 5% et 2 mL de NaCl 0,9%, de sorte que la solution finale contienne 20 mg/mL d'artésunate.
258
7.5. Antipaludéens
Procédure :
• Retirer la protection supérieure du flacon d'artésunate et désinfecter le caoutchouc avec de
la povidone iodée à 10% ou un tampon d'alcool.
• Prélever 1 mL de bicarbonate de sodium à 5% dans une seringue et injecter dans le flacon
d'artésunate.
• Déplacez lentement votre aiguille afin de ne plus toucher le liquide et de retirer tout l'air du
flacon. Ceci est important pour assurer un espace suffisant dans le flacon pour injecter la
solution saline.
• Secouez jusqu'à ce que la poudre d'artésunate soit complètement dissoute et que la solution
soit claire (normalement en 1 à 2 minutes). Ne pas secouer trop vigoureusement pour éviter
l’émulsion de la solution. Si la solution reste trouble ou qu'un précipité s’y forme, la
préparation doit être jetée.
• Prélever 2 mL de NaCl à 0,9% dans une seringue et injecter dans le flacon d'artésunate.
• Prélever le volume requis d'artésunate du flacon (selon le programme de dosage préétablis).
• Changez l'aiguille pour une aiguille IM et administrer l'artésunate en une injection IM
profonde dans la cuisse antérieure.
Notez que, comme dans l'administration IV, pour les patients ≥25 kg, plus d'un flacon d'artésunate
est nécessaire et que chaque flacon nécessite une reconstitution, une dilution et une administration
séparées.
259
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
Tableau 7.5.2 Dosage d’artésunate IV pour le traitement du paludisme (enfant de plus de 2 mois)
Dosage d’artésunate
Dose Dose
Artésunate enfant enfant Période d’administration Voie d’administration
<20 kg ≥20 kg
Première dose À l’admission • IV lente (2 à 3 mn)
Deuxième dose À 12 heures • Ou, si IV non
Troisième dose 3 mg/kg 2,4 mg/kg À 24 heures possible, IM lente
1x /jour jusqu’à ce que la prise dans face antérieure
Doses suivantes
orale d’ACT soit tolérée de la cuisse
Dose d’artésunate chez les enfants <20 kg : 3 mg/kg
Poids (kg) Dose d’artésunate IV (10 mg/mL) Dose d’artésunate IM (20 mg/mL)
<3 1 mL 0,5 mL
3 1,2 mL 0,6 mL
4 1,5 mL 0,8 mL
5 2 mL 1 mL
6à7 2,5 mL 1,2 mL
8à9 3 mL 1,5 mL
10 à 12 4 mL 2 mL
13 à 14 4,5 mL 2,5 mL
15 à 16 5 mL 2,5 mL
17 à 19 6 mL 3 mL
Dose d’artésunate chez les enfants ≥20 kg : 2,4 mg/kg
Poids (kg) Dose d’artésunate IV (10 mg/mL) Dose d’artésunate IM (20 mg/mL)
20 à 24 6 mL 3 mL
25 à 28 7 mL 3,5 mL
29 à 32 8 mL 4 mL
33 à 36 9 mL 5 mL
37 à 40 10 mL 5 mL
41 à 44 11 mL 6 mL
45 à 49 12 mL 6 mL
50 à 54 13 mL 7 mL
55 à 61 15 mL 8 mL
62 à 66 16 mL 8 mL
67 à 70 17 mL 9 mL
71 à 75 18 mL 9 mL
76 à 80 20 mL 10 mL
260
7.5. Antipaludéens
Passer aux ACT par voie orale dès que le patient peut avaler
(après un minimum de 24 heures, soit 2 doses si utilisé pour le traitement du paludisme grave)
261
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
262
7.5. Antipaludéens
Administration :
• Administrer la quinine en IM uniquement par injection IM profonde dans la face antérieure de
la cuisse
• Utiliser uniquement lorsque l’injection d’artésunate IV/IM ou d'artéméther IM ne sont pas
possible
• L’injection intramusculaire de quinine est douloureuse et provoque une inflammation au site
d'injection.
Dilution :
• À ⅕ soit 0,2 mL de dichlorhydrate de quinine non diluée + 0,8 mL de NaCl 0,9% pour obtenir
une concentration de 60 mg de sel de quinine/mL
• La solution parentérale diluée est mieux absorbée et moins douloureuse.
Dose de charge :
• Diviser la dose de charge en deux afin d’administrer 10 mg/kg de sel de quinine
• Dans la face antérieure de chaque cuisse
Entretien :
Continuer avec 10 mg/kg toutes les 8 heures jusqu'à ce que la prise orale soit tolérée
263
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
Transfusion sanguine
Pour les enfants qui ne sont pas atteints de malnutrition aiguë sévère (non MAS) donner du
sang total ou concentré de globules rouges (CGR - culot globulaire) : 20 mL/kg
Pour les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère (MAS) donner du sang total ou
concentré de globules rouges (CGR - culot globulaire) : 15 mL/kg
Si le culot globulaire (CGR) préparé par centrifugation n’est pas disponible, des globules rouges
sédimentés peuvent être préparés à partir de sang total. Les culots globulaires sont généralement
préférés pour les enfants, sauf en cas de choc hémorragique.
Pour préparer des globules rouges sédimentés cf procédures dans chapitre 8.1.
264
7.5. Antipaludéens
Dosage de l'artésunate
Artésunate Dose Période d’administration Mode d’administration
Première dose À l’admission • IV lente (2 à 3 minutes)
Deuxième Dose À 12 heures • Ou IM lente dans face
Troisième Dose 3 mg/kg À 24 heures antérieure de la cuisse si
Doses suivantes x1 /jour pendant 6 jours pas IV auparavant
Dosage pour les injections IV : Solution d’artésunate à 10 mg/mL
Utilisez une seringue de 1 mL, graduée en 0,01 mL, quand la dose nécessaire est inférieure à 1 mL.
Poids de l’enfant (en kg) Dose en mL
1 à <1,5 0,5
1,5 à <2 0,6
2 à <3 0,9
3 à <4 1,2
4 à <5 1,5
5 à <6 1,8
265
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
Tableau 7.5.10. Dilutions des AS-AQ chez les nourrissons (<2 mois)
À administrer immédiatement après préparation car les dilutions ne sont pas stables
Artésunate-amodiaquine (AS-AQ)
Présentations disponibles et solubles dans l’eau en 3 minutes*
Diluer 1 comprimé contenant les 2 principes actifs AS-AQ (25 mg artésunate/67,5 mg
amodiaquine en co-formulation) dans 2 mL d’eau propre ou de chlorure de sodium
Dosage : AS : 5 mg/kg pendant 3 jours - AQ : 10 mg/kg pendant 3 jours
Poids de l’enfant (en kg) Dose (en mL)
2,0 à 2,4 0,7
2,5 à 2,9 0,9
3,0 à 3,4 1,0
3,5 à 3,9 1,2
4,0 à 4,4 1,3
4,5 à 4,9 1,5
* Afin d'administrer le bon dosage, utiliser des seringues spécifiques (5mL) pour
administration orale (code ITC : SCTDSYR005)
Artéméther-Luméfantrine (AL)
Diluer 1 comprimé d’AL (20 mg d’artéméther/120 mg de luméfantrine en co-formulation)
dans 10 mL d’eau propre*
Dilution d’artéméther-luméfantrine (20 mg d’artéméther/120 mg de luméfantrine en co-
formulation) 1 mL = 2 mg d’artéméther + 12 mg de luméfantrine
Dosage : Artéméther 1,7 mg/kg/dose - Luméfantrine 12 mg/kg/dose x 2/jour
Poids de l’enfant (en kg) Dose
2,0 à 2,4 kg 2,2 mL x2 par jour
2,5 à 2,9 kg 2,8 mL x2 par jour
3,0 à 3,4 kg 3,2 mL x2 par jour
3,5 à 3,9 kg 3,8 mL x2 par jour
4,0 à 4,4 kg 4,2 mL x2 par jour
4,5 à 4,9 kg 4,8 mL x2 par jour
* Afin d'administrer le bon dosage, utiliser des seringues spécifiques (5mL) pour
l’administration orale (code ITC : SCTDSYR005)
266
7.6. Adrénaline IV en débit continu
Ajuster la dose et la vitesse de perfusion toutes les 2 heures selon l'état clinique du patient :
• Si le patient s'est amélioré et n’est plus en état de choc, continuez avec la même vitesse
pendant 2 heures de plus, puis s’il est toujours stabilisé : réduisez de 50% toutes les 2 heures
jusqu'à ce que l'adrénaline soit complètement passée.
267
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
• Si le patient ne s'est pas amélioré et qu'il est encore en état de choc après 2 heures, doublez
la dose à 0,4 µg/kg/min et réévaluez au bout de 2 heures :
- Si le patient s'est amélioré et qu'il n’est plus en état de choc, continuez pendant 2 heures
supplémentaires, puis, si encore stable, réduisez (voir ci-dessus).
- Si le patient ne s'est pas amélioré et est encore en état de choc après 2 heures, continuez
avec la même dose pendant 2 heures de plus et réévaluez (mauvais pronostic). Discutez
avec l'équipe médicale comment procéder.
Remarque : L'adrénaline est un agent vésicant. Assurez-vous d'un placement approprié de l'aiguille
ou du cathéter avant et pendant la perfusion pour éviter une extravasation. En cas d'extravasation,
changer rapidement de veine pour l’administration d’adrénaline. Arrêtez immédiatement la
perfusion extravasée et débranchez-la (laissez la canule/l'aiguille en place), suivez doucement la
solution extravasée (ne rincez pas la ligne), retirez l'aiguille/la canule et enlever l'extrémité.
Appliquer des compresses sèches et chaudes pour plus de confort.
268
7.7. Protocole d’administration de Thiamine aux enfants MAS en état de choc
Durée du traitement IV
*La solution à injecter contient de l’aluminium, Il faut donc changer pour un traitement par voie
orale dès que possible (généralement après 48h). Les comprimés ne contiennent pas d’aluminium.
DINJTHIA1A pour la thiamine (vitamine B1), 50 mg/mL, 2 mL, ampoule (contient 100 mg dans 2 mL)
DORATHIA5T pour la thiamine hydrochoride (vitamine B1), 50 mg, comprimé.
269
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
Préparation du patient
• Évaluer les VAS, le statut cardiorespiratoire (l’auscultation est essentielle)
• Peser l’enfant
• Expliquer la procédure et obtenir le consentement des parents/de l’accompagnant
• Mettre en place la surveillance et prendre les constantes vitales de base (FC, PA, SpO2, FR,
état de conscience)
• Administrer de l’oxygène pour maintenir la saturation >94%
• Insérer une voie intraveineuse si administration intravasculaire
Préparation du matériel
• Ballon Ambu auto-remplisseur, masques faciaux et canules orales de type Guedel
• Masque à oxygène simple/lunettes nasales à oxygène, source d’oxygène (bouteille/
extracteur)
• Dispositif d’aspiration, connecteurs et sondes
• Seringues, aiguilles, cathéters IV
• Stéthoscope, tensiomètre, oxymètre de pouls
270
7.8. Sédation par midazolam et diazépan
Administration
Dose de midazolam pour un enfant ≤5 ans :
• 0,05 à 0,1 mg/kg/dose sur 5 minutes IV ou IM (maximum 6 mg)
• 0,25 à 0,5 mg PO dose unique
Si du midazolam n’est pas disponible, du diazépam peut être utilisé avec le dosage suivant pour un
enfant ≤5 ans :
• 0,2 mg/kg PO
• 0,05 à 0,1 mg/kg sur 3 à 5 minutes en IV
Surveillance
Une surveillance attentive du patient doit être assurée :
• Signes vitaux, niveau de conscience, ouverture des voies respiratoires et respiration jusqu’à
complète récupération
• Les mouvements respiratoires doivent être visualisés à tout moment.
• Noter dose/heure d’administration du midazolam et signes vitaux sur une fiche de surveillance
Effets indésirables
Des effets secondaires peuvent apparaître et doivent être pris en charge :
• Obstruction des voies aériennes supérieures → Repositionner la tête, sub-luxer la mâchoire
en avant et haut
• Dépression respiratoire/apnées → Assister avec ventilation manuelle au ballon avec masque
• Sécrétions abondantes → Aspiration buccale prudente et soigneuse
• Régurgitation/vomissements → Position latérale de sécurité, aspiration buccale, O2 si besoin
• Mouvements excessifs involontaires → Mesures de maintien légères
• Agitation lors du réveil → Environnement paisible et prévention des auto-blessures et des chutes
Récupération
Au décours de la sédation :
• Surveillance continue des signes vitaux, niveau de conscience, score de la douleur jusqu’à
récupération complete (en général après 90 à 150 minutes).
• Laisser le réveil se faire doucement et naturellement, éviter les stimulations, faire attention
aux mouvements soudains et aux chutes.
Sortie
• Autorisée dès que l’enfant est conscient et bien réveillé, capable de répondre à des ordres
simples, ne vomit pas et a des constantes vitales stables.
• Apports oraux → Eau à la demande après 1 heure 30. Nourriture/lait après 2 heures
• Ne doit pas se lever seul avant 2 heures.
271
7. Administration des médicaments, des fluides et des électrolytes
272
7.9. Phénytoïne et phénobarbital en perfusion
273
7. Administration des médicaments, fluides et électrolytes
274
7.10. Utilisation de la kétamine
La kétamine est un produit anesthésique puissant qui induit également une analgésie et une
amnésie.
Tous les patients ne sont pas aptes à recevoir une sédation par kétamine.
Contre-indications
• Absence de personnel compétent, de matériel, d’équipement de surveillance ou d’espace de
soins dédié
• Âge ≤3 mois
• Interventions susceptibles de durer plus de 30 minutes
• Interventions impliquant les structures anatomiques profondes, la cavité orale ou le pharynx
• Patient ayant dans son historique :
- Infection respiratoire supérieure ou pathologie pulmonaire
- Pathologie cardiovasculaire connue ou suspectée dont hypertension
275
7. Administration des médicaments, fluides et électrolytes
Préparation du patient
• Évaluer les voies aériennes, le statut cardiorespiratoire (l’auscultation est essentielle)
• Peser l’enfant
• Expliquer la procédure et obtenir le consentement du parent/accompagnant
• Installer le moniteur de surveillance et prendre les constantes de base (FC, PA, SpO2, FR,
niveau de conscience)
• Oxygénothérapie dans le but de maintenir la SpO2 >94%
• Insérer une voie intraveineuse si l’accès intravasculaire est facile à établir (non obligatoire)
Préparation du matériel
• Ballon auto-remplisseur Ambu, masques faciaux, et canules orales de type Guedel
• Masque à oxygène simple/lunettes nasales, source d’oxygène (cylindre/extracteur)
• Machine d’aspiration, connecteurs et sondes d’aspiration
• Seringues, aiguilles, cathéters IV
• Stéthoscope, brassard à tension, oxymètre de pouls
La kétamine est une solution injectable 50 mg/mL (ampoule de 500 mg/10 mL) cf Tableau 7.10.1
Administration
• Administrer la kétamine en bolus IV ou injection IM
• Utiliser la voie IV de préférence
• Éviter la stimulation du pharynx postérieur
• Éventuellement, prendre des mesures de contention légères pour contrôler les mouvements
involontaires
• Il peut être nécessaire de repositionner les voies aériennes pour corriger une obstruction.
276
7.10. Utilisation de la kétamine
Kétamine IV
• Administrer 1 mg/kg en IV lente sur 1 à 2 mn (cf tableaux 7.10.1 et 7.10.2)
• Délai d’action : 1 à 2 mn
• Durée de l’action analgésique : 10 à 15 mn
• 1 dose supplémentaire de 0,5 mg/kg peut être donnée après 5 minutes si l’analgésie initiale
est insuffisante.
Poids de l’enfant 5 à 9 kg 10 à 14 kg 15 à 19 kg 20 à 24 kg 25 à 29 kg 30 à 39 kg
Volume (mL) 0,5 1 1,5 2 2,5 3
Kétamine IM
• Administrer 4 à 5 mg/kg par injection IM (cf tableaux 7.10.3 et 7.10.4)
• Délai d’action : 5 mn
• Durée de l’effet analgésique : 20 à 30 mn
Poids de l’enfant) 5 à 9 kg 10 à 14 kg 15 à 19 kg 20 à 24 kg 25 à 29 kg 30 à 39 kg
Taille
2 2 2 2 5 5
de la seringue (mL)
Volume
0,5 1 1,5 2 2,5 3
kétamine IM (mL)
277
7. Administration des médicaments, fluides et électrolytes
Surveillance
• Surveiller les signes vitaux, le niveau de conscience, l'ouverture des voies aériennes et la
respiration, jusqu’au réveil complet
• Les mouvements du thorax doivent être visualisés en permanence.
• Documenter la dose/l’heure de l’administration de la kétamine et les signes vitaux sur la
feuille de surveillance
Effets de la kétamine
• Sédation profonde/anesthésie
Similaire à un état de transe
Yeux ouverts, nystagmus/regard fixe
Mouvements involontaires
• Analgésie
• Amnésie
• Les réflexes des voies aériennes sont généralement conservés.
• La respiration spontanée est généralement préservée.
• Changements hémodynamiques mineurs :
Tachycardie commune
• Réactions au réveil :
Hallucinations, cauchemars
Agitation
Effets indésirables
278
7.10. Utilisation de la kétamine
Après la procédure
Réveil
Sortie
• Autorisée si l’enfant est bien éveillé et alerte, répond aux ordres simples, ne vomit et si les
signes vitaux sont stables.
• Reprise alimentaire : Eau à la demande après 1heure. Lait après 2 heures
• Pas de déplacements non accompagnés avant 2 heures
279
7. Administration des médicaments, fluides et électrolytes
7.11. Oxygénothérapie
L’oxygène (O2) est essentiel dans le traitement de l’hypoxie. L’oxygène peut être délivré au patient
depuis une bouteille ou un concentrateur. Les bouteilles sont uniquement recommandées dans de
rares situations, comme lors d’un transport en ambulance.
Indication de l’oxygénothérapie
L’oxygénothérapie doit être démarrée dès que l’enfant présente les signes suivants :
• Signe d’urgence ABCDE (= triage ROUGE, cf Chapitre 2.)
• L’enfant souffre d’une pneumonie sévère avec SpO2 <94%
• L’enfant souffre d’une pneumonie simple ou bronchiolite avec SpO2 <90%
Un oxymètre de pouls peut être utilisé pour contrôler en continu ou le contrôle ponctuel de SpO2
Administration de l’oxygène
Il existe différents systèmes d’administration de l’oxygène selon le débit nécessaire.
• Pour l’oxygène à haut débit : Masque anti-retour avec réservoir
• Pour l’oxygène à bas débit : Lunettes nasales ou masque à oxygène simple
Lunettes nasales
280
7.11. Oxygénothérapie
• À utiliser chez les patients respirant spontanément et en cas de détresse respiratoire si les
lunettes nasales ne suffisent pas et qu’il est possible d’assurer un débit adéquat
• S’assurer d’un débit d’O2 suffisant → ≥6 L
• Pourcentage d’oxygène délivré : 35 à 60%
281
7. Administration des médicaments, fluides et électrolytes
Humidificateur
Aucune humidification n'est nécessaire pour les débits standards ou si l'oxygène est administré
pendant moins de 2 heures. Par conséquent, l'humidification n'est pas nécessaire dans la salle
d'urgence (si <2 heures) et dans les salles il n'est nécessaire que pour les débits >2L/min chez les
enfants <2 ans et >4L/min chez les enfants >2 ans. Cela signifie que l'humidification n'est
généralement pas nécessaire dans nos programmes.
Les humidificateurs peuvent être une source de contamination bactérienne s’ils ne sont pas utilisés
correctement. Ils doivent être changés pour chaque nouveau patient, et toutes les 24h pour les
enfants sous oxygène à moyen ou long terme. Ils doivent non seulement être lavés mais aussi
désinfectés et stérilisés après chaque usage (cf les protocoles de maintenance biomédicale car
quelques vieux modèles d’humidificateur ne peuvent pas être stérilisés et doivent donc être
proprement désinfectés dans une solution appropriée).
L’eau distillée est la meilleure eau à utiliser dans les humidificateurs. Cependant, si l’eau distillée
n’est pas disponible, de l’eau filtrée ou l’eau du robinet peut aussi être utilisée si l’eau du robinet est
conforme aux normes MSF concernant la chlorine résiduelle (la chlorine est toxique mais la quantité
résiduelle selon les normes MSF pour les systèmes de distribution d’eau est très basse. La chlorine
résiduelle sera donc transférée à l’oxygène à très faible taux). L’eau doit être changée au moins une
fois par jour.
282
7.11. Oxygénothérapie
Un concentrateur à oxygène est une machine qui extrait l’oxygène de l’air ambiant. Elle peut
produire entre 5 et 10L/mn de gaz avec une concentration en oxygène d’environ 95%.
L’extracteur d’oxygène fonctionne avec l’électricité. Sa puissance en watts est différente selon le
type de concentrateur (vérifier sur le manuel technique de la machine).
283
7. Administration des médicaments, fluides et électrolytes
Un répartiteur peut être connecté au concentrateur afin de délivrer de l’oxygène à plusieurs enfants
en même temps.
Lorsqu’un répartiteur est utilisé le débitmètre du concentrateur d’oxygène ne peut plus être utilisé
pour l’ajustement des débits. L’ajustement se fait avec les connexions individuelles du répartiteur.
284
7.11. Oxygénothérapie
MSF a des concentrateurs 5L/mn et 10L/mn dans sa liste standard. Le modèle 10L/mn est le mieux
adapté pour l’utilisation d’un répartiteur. Le modèle 5L/mn peut être utilisé mais le répartiteur ne
délivrera jamais plus de 5L.
• Le répartiteur ne délivrera jamais plus que le débit maximum pouvant être produit par le
concentrateur d’oxygène. S’il y a des alarmes pour bas débit d’oxygène, diminuer les débits
de l’un ou plusieurs patients ou diminuer le nombre de patients bénéficiant du même
répartiteur.
• Le débitmètre du concentrateur d’oxygène peut dépasser légèrement la ligne rouge. En règle
générale, ceci doit être évité. Cependant, en cas d’utilisation d’un répartiteur ce
dépassement léger de la ligne rouge est nécessaire pour surmonter la résistance
additionnelle due au répartiteur.
• Un changement de débit sur n’importe laquelle des connections va modifier les autres
connections. Il est donc important de vérifier chacun des débits (et de remodifier aussi le
débitmètre en cause si besoin) à chaque fois qu’un ajustement est fait ou qu’un patient est
connecté ou déconnecté.
• Si aucun enfant n’est connecté au répartiteur et que les connections sont toutes fermées, le
débit est alors à zéro, fermer le concentrateur pour éviter un signal d’alarme
Il est donc important de vérifier tous les débitmètres lorsqu’on effectue des réglages sur l’un d’entre eux.
Il est possible de connecter deux concentrateurs sur un seul répartiteur. Cela permet d’obtenir
10L/mn au lieu de 5L/mn.
L’entretien est simple et consiste à nettoyer les filtres. Mais si l’entretien minimal n’est pas réalisé, la
durée de vie du concentrateur en sera significativement affectée (cf le manuel MSF de procédures et
le Protocole biomédical de maintenance).
285
7. Administration des médicaments, fluides et électrolytes
Explosions/incendies
L’oxygène en lui-même n’est pas inflammable mais une haute concentration en oxygène va plus ou
moins permettre à toutes les substances de prendre feu (même du métal). Il faut donc être vigilant
face aux risques d’explosions ou d’incendie.
Précautions à prendre :
• Protéger la source d’oxygène de la chaleur, des flammes ou des étincelles
• Ne pas fumer à proximité
• Ne pas utiliser de graisse ou de produit huileux sur les connections
• Ne pas utiliser de produits solvants (alcool, pétrole) sur le matériel
• S’assurer que les masques, tubulures ou lunettes sont nettoyés (ce sont des matériels à
usage unique) et ne sont pas partagés entre les enfants
• S’assurer qu’un filtre antibactérien antituberculeux est utilisé chez les enfants atteints de
tuberculose. Il s’agit d’un filtre spécifique antibactérien externe utilisé chez les patients
tuberculeux pour éviter une rétro contamination du concentrateur (filtre patient à usage
unique). S’assurer que le montage du système est correct. Il doit être placé entre la sortie
d’O2 et l’humidificateur (cf catalogue ITC, kit concentrateur pour tuberculose).
• S’assurer que le concentrateur est entretenu selon la fréquence recommandée
(cf www.msflogistique.org et discuter avec le logisticien)
286
8. Procédures
287
8. Procédures
8.1. Transfusion
Consulter le guide MSF Transfusion
La transfusion chez les nourrissons et les enfants traitent les symptômes de l’anémie décompensée.
Sang total
À noter : Seul le « sang frais total » - c’est à dire le sang total collecté moins de 4 heures auparavant
et jamais réfrigéré peut apporter les facteurs de coagulation fonctionnels et des plaquettes.
CGR
288
8.1. Transfusion
Les culots globulaires (CGR) peuvent être préparés par centrifugation dans les établissements du
sang régionaux ou nationaux équipés. Ils peuvent également être obtenus par sédimentation sur le
terrain (cf Illustration 8.1.1 et consulter le guide MSF Transfusion).
Préparation des cellules par sédimentation : Quand des culots globulaires (CGR) par centrifugation
ne sont pas disponibles, des unités d’hématies sédimentées sont préparées à partir d’unités de sang
total qui ont été conservées à la verticale pendant au moins 2 nuits. Le perfuseur doit être fixé à
l’extrémité inférieure, afin de ne transfuser que les globules rouges concentrés.
Instructions générales
• Si possible, obtenir du sang d’un donneur connu quand il n’y a pas de banque du sang
disponible.
• Il n’est pas nécessaire que l’enfant soit à jeun pendant la transfusion.
• La fièvre n’est pas une contre-indication pour transfusion.
• Groupe sanguin à transfuser :
Les jeunes nourrissons <2 mois ont les IgG (immunoglobulines G) maternelles (elles ont
traversé le placenta). Les CGR doivent donc être compatibles avec les groupes ABO et les
rhésus de la mère et du nourrisson (cf guide Néonatal MSF).
Chez les enfants >2 mois, transfuser avec du sang compatible. Éviter d’utiliser de sang
total de groupe O à moins qu’il n’y ait pas d’autre alternative.
• Avant de débuter la transfusion → Réaliser le test de compatibilité ABO au lit du patient, à
l’aide de sang capillaire, en utilisant la carte de contrôle pré-transfusionnel
• Vérifier que les poches de sang sont bien remplies, et en cas de doute, peser les unités de
sang. Le poids attendu d’une poche de sang total est approximativement de :
289
8. Procédures
Les enfants non MAS autant que les enfants MAS peuvent recevoir une transfusion avec sang total
ou CGR selon les modalités suivantes :
Pour les enfants MAS et non MAS en état de choc hémorragique, transfuser 20 mL/kg (ou plus) du
sang total aussi rapidement que possible. Le sang peut être transfusé plus rapidement si un brassard
de pression artérielle est positionné et gonflé autour de la poche de sang.
5
1ml de sang = 15 gouttes
290
8.1. Transfusion
• Si l’enfant est toujours en état de choc ou en détresse aiguë : Continuer la transfusion rapide
• Si l’enfant n’est plus en état de choc ou en détresse : Ralentir le débit de la transfusion
Pour les enfants MAS et non-MAS avec une autre catégorie de choc, nécessitant une transfusion
(Hb < 6g/dl), se référer au Chapitre 3.2.
Réactions à la transfusion
291
8. Procédures
Mineure
Urticaire (en général associée à un prurit)
Sévère
Choc anaphylactique, œdème de Quincke
Le danger est l’insuffisance rénale aiguë causée par la libération d’hémoglobine libre dans le plasma,
et la coagulation intravasculaire disséminée (CIVD).
292
8.1. Transfusion
Surveillance
Pendant les premières 15 minutes, rester auprès de l’enfant afin de détecter les potentiels signes
d’alerte et/ou de surcharge. Mesure précise des constantes vitales selon le protocole suivant (à
documenter sur une feuille de surveillance spécifique) :
Immédiatement avant l’administration
5 minutes après le démarrage de la transfusion
Après, toutes les 15 minutes pendant la première heure après le début de la transfusion
Puis toutes les 30 minutes jusqu’à la fin de la transfusion
À la fin de la transfusion
293
8. Procédures
Indication de la transfusion
Signes et symptômes :
294
8.2 Pose voie intraveineuse/voie veineuse périphérique
Sites d’insertion
Les sites possibles d’insertion sont les bras, les mains et les jambes. Le scalp et la veine jugulaire
externe (considérée comme voie périphérique si insertion d’un cathéter court) peuvent également
être utilisés.
Veine fémorale
Veines cheville
295
8. Procédures
Scalp
Avant de poser une voie veineuse sur le cuir chevelu, informer et expliquer au préalable ce choix aux
parents de l’enfant en précisant que ce geste est sûr et ne blessera pas l’enfant.
Illustration 8.2.2 Pose d’une voie intraveineuse sur les veines du scalp
• Poser une voie veineuse sur le cuir chevelu est un acte réservé au seul personnel de santé
expérimenté
• Raser uniquement avec rasoir jetable et pas avec un scalpel
• Attention de ne pas insérer le cathéter dans une artère, si vous avez inséré le cathéter dans
une artère par erreur, le site autour du point de ponction devient blanc lors de l’injection et
vous pourrez visualiser la pulsation artérielle dans le corps du cathéter. Il est interdit et
dangereux d’injecter par voie artérielle en raison des nécroses provoquées par l’injection et
l’obstruction artérielle.
Bras et mains
Les veines céphaliques, médianes cubitales et basiliques peuvent être utilisées pour injecter
rapidement des liquides et médicaments.
Veine céphalique
Veine basilique
296
8.2. Pose voie intraveineuse et voie veineuse périphérique
• Les sites les plus fréquemment utilisées sont le dos de la main et la veine médiane
antécubitale.
• Si la veine céphalique est choisie, le bras peut être maintenu tendu avec une attelle car
l’enfant peut avoir naturellement tendance à plier son coude, avec un risque d’extravasation
par changement de position du cathéter. L’attelle peut être fabriquée à partir d’un matériel
rigide recouvert de compresses. Attention à la manière de fixer l’attelle. Ne pas fixer le
sparadrap en circulaire autour du bras car il y a un risque d’effet garrot avec blocage de la
circulation sanguine.
Jambes et pieds
Au niveau des membres inférieurs, le premier choix est la veine saphène, visible à proximité de la
cheville. Il s’agit de la veine la plus visible anatomiquement.
Arcade veineuse
dorsale
Les voies fémorales, jugulaires internes et autres cathéters centraux ne sont pas autorisés pour la
pose de voies intraveineuses dans les contextes/projets MSF.
297
8. Procédures
• Choisir une veine avec l’aide du garrot si nécessaire, lorsque la veine est choisie, enlever le
garrot.
• Mettre des gants non- stériles, désinfecter largement la peau avec une compresse imbibée
de solution aqueuse povidone 10%.
• Sécher avec une nouvelle compresse et répéter l’opération de désinfection avec une autre
compresse imbibée de povidone 10%.
• Mettre le garrot pour localiser la veine, maintenir la peau et immobiliser le bras ou la jambe.
• Insérer le cathéter dans la veine choisie jusqu’à voir un reflux sanguin dans le cathéter.
• Avancer de quelques millimètres puis retirer le mandarin →Vous devez voir un retour
veineux. Jeter immédiatement le mandrin dans le container à aiguilles.
• Enlever d’abord le garrot puis rincer la veine avec quelques ml de NaCl 0,9% (ne pas utiliser
de l’eau pour préparation injectable –EPPI- pour rincer une voie veineuse).
• Déconnecter la seringue et fermer le cathéter avec un bouchon stérile.
• Fixer le cathéter avec si possible un pansement adhésif stérile transparent.
• Sécuriser avec l’attelle si nécessaire. Ne pas la fixer avec un sparadrap circulaire autour du
membre pour éviter l’effet garrot.
• Noter la date sur le pansement IV.
• Connecter la tubulure de la perfusion au cathéter et débuter la perfusion.
Complications possibles
• La plus fréquente des complications est l’extravasation (ou diffusion) de solutés IV, ayant
pour conséquence un œdème local qui peut être d’importance variable. L’extravasation de
médicaments caustiques tels que le calcium, l'adrénaline ou certains antibiotiques peuvent
entrainer des nécroses plus ou moins étendues autour de l’extravasation.
• Les autres complications possibles sont :
L’occlusion du cathéter
La thrombophlébite locale/régionale
La cellulite
• La mise en place accidentelle d’un cathéter dans une artère doit être absolument évitée.
Cela compromet la circulation sanguine de l’enfant et provoque des pertes tissulaires qui
peuvent entrainer une amputation pour les cas les plus sévères.
Surveillance
Toujours noter la date d’insertion du cathéter sur le pansement ainsi que dans le dossier de l’enfant
Tout cathéter intraveineux doit être surveillé avant et après chaque injection de médicament
(y compris le NaCl 0,9% utiliser pour rincer la voie) et au minimum toutes les 2 à 4 heures lors d’une
perfusion au long court (deux à quatre fois par équipe infirmière).
Le site de ponction doit être surveillé pour le dépistage précoce de toute rougeur, douleur ou
œdème qui pourrait indiquer une infiltration ou une infection. Dans ce cas retirer immédiatement le
cathéter et désinfecter le point de ponction.
298
8.2. Pose voie intraveineuse et voie veineuse périphérique
• Vérifier la propreté et la bonne fixation du cathéter au moins une fois par équipe
• Toujours confirmer la bonne perméabilité du cathéter avant de l’utiliser. Rincer avec un peu
de NaCl 0,9% (2 à 3 mL) et vérifier qu’il n’y ait pas de diffusion, blanchiment ou douleur au
niveau du cathéter.
• En cas de doute, retirer le cathéter.
299
8. Procédures
Indications
La mise en place d’une voie intra-osseuse (IO) se fait dans les situations d’urgence vitale quand la
mise en place d’un accès IV est impossible dans les 2 minutes (ou après 3 tentatives d’IV sans succès) le
plus tôt est le mieux :
• Choc
• Arrêt cardiorespiratoire
• Brûlures étendues
• Déshydratation sévère, etc.
Tous les traitements et solutés donnés en IV, peuvent être administrés par voie intra-osseuse.
Contre-indications
Ne pas poser de voie IO dans les cas suivants :
• Fracture d’un os à proximité du site d’insertion, par ex l’humérus dans le contexte d’une
fracture du pelvis
• Insertion d’une aiguille IO dans le même membre au cours des dernières 24 heures
• Chirurgie récente à proximité du site d’insertion
• Infection recouvrant le site d’insertion
• En cas de brûlures, utiliser un membre non brulé si possible
Douleur
La majorité des enfants pour lesquels la mise en place d’une voie intra-osseuse est nécessaire sont
inconscients. La douleur n’est donc pas un problème.
Matériel
• Un pistolet et aiguilles pour une insertion motorisée est à préférer
300
8.3. Voie intra-osseuse
Illustration 8.3.1 Pistolet avec aiguille pour l’insertion motorisée d’une voie IO
Il existe trois tailles de kits d’aiguilles, de couleurs différentes selon la longueur des aiguilles :
Illustration 8.3.2 Kits d’aiguilles pour mise en place motorisée d’une voie IO
• Si insertion motorisée non disponible, utiliser une aiguille intra-osseuse avec trocart (18 G
chez l’enfant) (cf ci-après pour modalités d’insertion manuelle).
• Povidone iodée
• Seringues 2 mL/5 ml/10 mL/20 mL
• Ligne de perfusion purgée, 500 mL de NaCl 0,9% ou Ringer Lactate (+ 3 robinets connectés à
3 voies, si possible)
301
8. Procédures
Sites d’insertion
C’est le site à privilégier car il est plat, large et recouvert d’une peau fine.
muscle fémur
rotule
tibia
fibule ligament
patellaire
tubérosité
tibiale
Chez les enfants il se situe 1 à 2 cm en dessous la tubérosité du tibia et 2 cm vers la face interne de
de celle-ci.
302
8.3. Voie intra-osseuse
Pour ce site la voie IO doit être mise en place sur la face latérale du fémur distal
Procédure
Insertion motorisée
303
8. Procédures
• Réaliser une anesthésie locale de la peau avec lidocaïne 1% si le patient est conscient
• Installer l’aiguille appropriée sur le pistolet
• Percer doucement dans l’os avec un angle de 90°
• Ne pas forcer
• Retirer le pistolet puis retirer le mandrin
• Si besoin, possibilité de prélèvement sanguin
• Installer la ligne IV purgée, connectée à une seringue
• Éviter deux IO dans le même os
À noter : Le plus souvent dans les contextes MSF, les enfants nécessitant une IO ont une conscience
altérée, V, P ou U. Dans quelques rares cas, un enfant bien éveillé peut nécessiter une IO en urgence
Les injections vont alors être douloureuses. Seulement dans ces cas-là, une IV de lidocaïne 1% ou
2%, sans agents de conservation ni adrénaline, a prouvé son efficacité pour alléger ou soulager la
douleur liée aux injections. Elle doit être faite en IO avant les injections. La durée de l'effet
anesthésique varie selon les patients. Des doses répétées peuvent être nécessaires pour maintenir
l'effet anesthésique.
Insertion manuelle
Illustration 8.3.9 Insertion manuelle d’une aiguille pour la mise en place d’une voie IO
304
8.3. Voie intra-osseuse
• Retirer le trocart
• Connecter une seringue de 2 mL à l’aiguille et aspirer la moelle épinière pour confirmer la
bonne position de l’aiguille. Le reflux n’est pas toujours possible à obtenir, (particulièrement
chez les jeunes enfants et les patients en état de choc). Le bon maintien de la position de
l’aiguille à la verticale et le flush sans difficulté et sans signe visible d’extravasation
confirment également la position de l’aiguille.
• Pratiquer un flush rapide et sous pression avec un bolus de NaCl 0,9%, en utilisant 5 à 10 mL
pour un enfant. No flush = no flow
305
8. Procédures
Pour retirer l’aiguille, tourner la seringue dans le sens des aiguilles d’une montre de manière
continue en maintenant un angle de 90 degrés.
Complications potentielles
• Échec nécessitant le retrait
• Extravasation entrainant un syndrome des loges
• Nécrose cutanée (rare)
• Infection (rare)
Surveillance
La mise en place d’une voie IO exige la surveillance des éléments suivants :
• Douleur localisée, paresthésies, paralysie (syndrome des loges)
• Épanchement de liquide dans les tissus sous-cutanés
• Inflammation locale ou régionale
• Contrôle de la respiration → FR et SpO2
• Contrôle de la circulation → FC, TRC, coloration et température des mains et des pieds,
pouls
Retirer l’IO dès qu’une voie d’abord IV peut être mise en place avec succès (max 24 heures)
306
8.4 Prélèvement capillaire
Étape 1 : Rassembler le matériel Étape 2 : Positionner la main, Étape 3 : Appliquer une pression
nécessaire paume vers le haut. Choisir le doigt intermittente sur le doigt pour
le moins calleux stimuler la circulation sanguine
Étape 4 : Nettoyer l'extrémité du Étape 5 : Tenir le doigt et placer Étape 6 : Presser fermement la
doigt avec de l’alcool. Commencer fermement une lancette stérile lancette pour perforer la peau
par le milieu en allant vers neuve sur le bout du doigt
l’extérieur pour éviter de
contaminer le site. Laisser sécher à
l’air libre
Étape 7 : Essuyer la première Étape 8 : Prélever l’échantillon. Le Étape 9 : Appliquer une compresse
goutte de sang avec une sang affluera mieux si le doigt est ou un coton sur le site de ponction
compresse stérile ou du coton maintenu en dessous du niveau jusqu’à l’arrêt du saignement
du coude
307
8. Procédures
Insertion du drain
L’insertion d’un drain thoracique utilise la technique de dissection mousse.
La préparation est similaire à celle d’une thoracocentèse :
• Demander l’aide d’une infirmière pour toute la durée de la procédure
• Voie IV en place, O2 disponible. L’enfant doit être à jeun.
• Expliquer la procédure à l'enfant et/ou au parent/accompagnant. Obtenir le consentement
écrit du responsable de l’enfant si ce dernier doit aller au bloc opératoire ou recevoir une
anesthésie.
• Enfant allongé sur le lit avec la tête surélevée à 30 degrés si possible.
• Respecter le protocole aseptique → Gants stériles, masque, bonnet. Nettoyer la zone avec
de la povidone iodée 10% en désinfectant la zone avec la technique de l’escargot, c'est-à-
dire du centre vers la périphérie.
• Administrer à l’enfant de la kétamine pour la sédation (cf protocole de sédation à la
kétamine dans Chapitre 7.10.).
• Anesthésier la zone avec de la lidocaïne 1% (sans adrénaline) : Injecter 1 à 2 mL avec une
seringue de 2 ou 5 mL avec une aiguille de 25 gauge.
• Le drain thoracique doit être inséré sur la ligne médio-axillaire du 5ème espace intercostal (au
niveau du mamelon) au pôle supérieur de la 6ème côte. (cf Illustration 8.5.1).
• Utiliser un scalpel pour réaliser une incision de 1 à 2 cm à travers la peau et le tissu sous-
cutané le long de l’espace intercostal, juste au-dessus de la côte inférieure (pour éviter
d’endommager les vaisseaux qui cheminent sous le bord inférieur de chaque côte) (cf
Illustration 8.5.2)
308
8.5. Mise en place d’un drain thoracique
• Insérer une pince de Kelly et disséquer les plans jusqu’à 2 espaces intercostaux dans l’espace
sous-cutané (cf Illustration 8.5.3)
Illustration 8.5.3 Insertion de la pince de Kelly pour créer le passage du drain thoracique
• Pousser à travers le muscle intercostal supérieur jusqu'à la côte avec la pince de Kelly et
entrer dans l’espace pleural. De l’air ou du liquide peuvent jaillir.
• Écarter la pince pour élargir la zone et permettre le passage du drain thoracique
• Retirer la pince
• Insérer un doigt ganté dans l’orifice pour s’assurer de la localisation correcte dans l'espace
pleural et lever les adhésions éventuelles
• Insérer le drain thoracique dans l’espace pleural, au moyen de la pince de Kelly dont
l’extrémité est passée dans l'orifice distal du drain
Si l’objectif est le drainage d'un épanchement gazeux, pousser le drain vers la tête et la
surface de la peau (tourner la pince de manière à diriger la courbe vers le haut ce qui
facilitera le guidage).
309
8. Procédures
Si l’objectif est de drainer un épanchement liquidien, guider le drain vers l’arrière et le bas
(en tournant la courbe de la pince vers le bas pour faciliter le guidage).
• Avancer le drain jusqu’à l’espace pleural
• Suturer le drain à la paroi thoracique (idéalement avec des fils de sutures) → Anesthésier la
peau au préalable
• Connecter le drain au sac de drainage (bocal ou une poche souple, stérile et étanche à l’air)
et l’ouvrir (cf Illustration 8.5.4). Une valve anti-reflux à usage unique stérile est utilisée pour
empêcher la fuite d’air à l'extrémité du drain (cf Illustration 8.5.5).
• Appliquer un pansement autour de la plaie
310
8.5. Mise en place d’un drain thoracique
A B C
Complications
Les complications suivantes peuvent survenir après la pose d’un drain thoracique :
• Positionnement incorrect (le tube ne drainera pas)
• Pneumothorax
• Saignement
• Infection
Retrait du drain
Lorsque le drainage est terminé :
• Couper le nœud de la suture de rappel ainsi que la suture fixée au drain
• Faire une boucle avec la suture de rappel
• Demander au patient de retenir sa respiration pendant qu’un assistant retire le drain
• Nouer le nœud : La suture de rappel ferme l’orifice du drain.
311
8. Procédures
Symptômes du pneumothorax
Les signes cliniques qui doivent alerter sur la présence d’un pneumothorax sont :
• Asymétrie des mouvements respiratoires
• Détresse respiratoire et désaturation
• Tachycardie
• Hypotension
• Absence unilatérale du murmure vésiculaire
• Distension des veines du cou
Matériel
Préparer le matériel suivant :
• Gants stériles
• Povidone iodée 10% pour désinfecter la zone avec la technique de l’escargot, c'est-à-dire du
centre vers la périphérie
• Cathéter IV de taille adaptée à l’âge (18 à 20G si enfant <12 ans)
• Seringues 2 mL ou 5 mL
Traitement du pneumothorax
Le traitement est la décompression immédiate selon la procédure suivante :
• Insérer un cathéter intraveineux de gros calibre avec l’aiguille dans le 2ème espace
intercostal, juste au-dessus du bord supérieur (pour éviter une atteinte vasculaire) de la
troisième côte dans la ligne médio-claviculaire (cf Illustration 8.6.1)
• Fixer au cathéter une seringue remplie de solution saline et tenter d’aspirer lorsque que la
canule est insérée.
• La capacité à aspirer facilement de l’air et le jaillissement d’air confirme le diagnostic.
• Des bulles peuvent alors être observées dans la solution saline lorsque l’aiguille pénètre le
pneumothorax.
312
8.6. Décompression d’un pneumothorax
• Dans la majorité des cas → Placer aussi rapidement que possible un drain thoracique si le
personnel médical compétent et si le matériel sont disponibles (cf Chapitre 8.5.)
• Dans le cas contraire, le patient doit être transféré vers une structure de santé appropriée.
• Dans l’éventualité d’un échec de l'exsufflation, retirer l’aiguille mais garder en tête que la
procédure elle-même peut avoir entrainé un pneumothorax.
313
8. Procédures
Procédure
Pour drainer un épanchement liquidien sous tension, respecter la procédure suivante :
• Expliquer la procédure à l’enfant et à la famille en utilisant des termes simples qu’ils peuvent
comprendre
• L’enfant doit être à jeun à partir de minuit la nuit précédant l’intervention, car il est possible
que le geste se fasse au bloc opératoire.
• Prévoir une prémédication avec du paracétamol IV 15 mg/kg (maximum 1 g)
• S'assurer que l’enfant a une voie IV
• Oxygénothérapie
• Surveillance de la SpO2
• L'enfant doit être assis, penché vers l’avant avec les mains sur les genoux ou encore appuyé
sur une table.
314
8.7 Thoracocentèse
• S'il s'agit d'une aspiration à visée diagnostique, confirmer la présence de pus ou de liquide
séro-sanguin ou séreux.
• Il est possible d’aspirer lentement 10 mL/Kg chez un enfant, mais le pus a tendance à se
reconstituer, à moins qu’un drain thoracique soit mis en place (cf Chapitre 8.5.).
Si plusieurs ponctions sont nécessaires car l’épanchement liquidien ou gazeux se reconstitue, il est
nécessaire de poser un drain thoracique.
315
8. Procédures
Indications
Le recours à la ponction lombaire se fait lorsqu’il y a suspicion de méningite ou d’encéphalite.
Contre-indications
Il ne convient pas de réaliser une ponction lombaire dans les cas suivants :
• Signes évidents d’augmentation de la pression intracrânienne (autre que bombement de la
fontanelle) : Attitude en décérébration ou en décortication, absence du réflexe des « yeux
de poupée », rythme respiratoire anormal, taille des pupilles inégale ou pupilles dilatées
• Signes neurologiques focaux
• Crises convulsives au cours des 30 dernières minutes
• Bradycardie
• Atteinte cardio-pulmonaire sévère avec risque potentiel de devoir mettre en œuvre des
mesures de réanimation rapides (état de choc)
• Troubles de l’hémostase (dont purpura)
• Infection cutanée au niveau du site de ponction
Si l’enfant présente au moins un des signes ci-dessus et qu’une méningite bactérienne est suspectée,
traiter avec des antibiotiques. La ponction lombaire doit être réalisée deux ou trois jours plus tard
lorsque l’état de l’enfant se stabilise et qu’il ne présente plus de contre-indications.
Cependant, elle est source d’angoisse pour la plupart des enfants et des familles, aussi :
• Expliquer la procédure et les indications d’urgence à l’accompagnant
• Rassurer l’enfant et sa famille
Le point déterminant pour la réussite de la ponction lombaire est la manière dont l’enfant sera
positionné. Il faut donc s’assurer que l’enfant soit immobilisé comme montré dans l’illustration
8.8.1.
316
8.8. Ponction lombaire
L’illustration 8.8.1 indique une ligne imaginaire entre les crêtes iliaques et l’insertion de l’aiguille de
ponction lombaire au niveau de L4 et L5.
Un enfant plus âgé peut également être maintenu en position assise (cf Illustration 8.8.2).
Matériel à utiliser
Avant toute ponction lombaire préparer le matériel suivant :
• Aiguille spinale pour ponction lombaire 22G (0,7 x 40 mm)
• Povidone iodée, solution à 10%, bouteille de 200 mL
• Gants stériles
• Masque chirurgical
• Compresses stériles 4 x 4
• Lidocaïne 1% (sans adrénaline) → Injecter 1 à 2 mL dans une seringue de 3 mL avec une
aiguille de 25G pour les enfants >3 mois
• Tube pour recueillir le liquide céphalorachidien (LCR) → Un tube non stérile à bouchon rouge
peut être utilisé si la culture du LCR n’est pas demandée.
317
8. Procédures
Procédure
• Lavage des mains et désinfection avec une solution à base d’alcool
• Mettre les gants stériles (cf précautions universelles)
• Désinfecter la zone de ponction avec de la povidone iodée 10% en utilisant la technique de
l’escargot, c'est-à-dire du centre vers la périphérie.
• Palper les espaces intervertébraux de L3 à L5
Anesthésie
• Proposer aux nourrissons du sucre en solution orale dans une seringue est une méthode
efficace et sans danger pour le maintenir immobile sans stress.
• Anesthésie locale avec de la lidocaine 1% : Anesthésie de la peau et des tissus sous-cutanés
en utilisant une aiguille de 25G pour former une bulle sur l’espace intervertébral. Puis
infiltrer les tissus sous-cutanés ou, si disponible et si la ponction lombaire a été planifiée,
utiliser la crème EMLA une heure en avance (cf Chapitre 4.2).
Ponction du LCR
La ligne imaginaire qui relie les deux crêtes iliaques postéro-supérieures croise la colonne vertébrale
approximativement au niveau de la 4ème vertèbre lombaire. Ce point de repère aide à localiser les
espaces intervertébraux L3-L4 et L4-L5.
318
8.8. Ponction lombaire
• Lorsque qu’un léger « pop » est ressenti (→ Signe du passage de la dure-mère), retirer
doucement le mandrin
• Placer le mandrin sur une surface stérile pour une réinsertion ultérieure
• Recueillir le LCR (1 à 2 mL en fonction des besoins du laboratoire pour l’analyse)
• Laisser le LCR goutter doucement
• Si le LCR ne s’écoule pas, tourner doucement l’aiguille, s’il n’y a toujours pas de LCR,
réinsérer le mandrin, avancer très lentement (1 mm) et répéter la procédure
• Noter la pression du LCR qui s'écoule, sa couleur et l’apparence claire ou trouble
• Une fois que le LCR a été recueilli, replacer le mandrin avant de retirer l’aiguille
• Appliquer une compression sur le site de ponction et protéger avec un petit pansement
Complications possibles
• Les complications les plus communément rencontrées lors d’une ponction lombaire sont les
céphalées. Elles peuvent être minimisées en gardant l’enfant allongé après la procédure.
• Engagement cérébral : C’est la complication la plus grave liée à une ponction lombaire.
Celui-ci peut survenir lorsque la ponction lombaire est pratiquée sur un patient présentant
une augmentation de la pression intracrânienne (HTIC). Il se déclenche le plus souvent dans
les 12 heures après la ponction lombaire.
• Infection : La ponction lombaire peut induire une méningite si elle est pratiquée alors qu'il
existe une infection des tissus au site de ponction, ou si du matériel non stérile est utilisé.
Surveillance
Surveiller l’enfant pendant 1 à 3 heures après la procédure :
• Prendre les constantes vitales immédiatement après la procédure puis 4x /jour :
Échelle AVPU
Si anomalie, informer le médecin immédiatement
• S’assurer qu’un pansement stérile est en place, propre et intact
• L’enfant peut rester dans la position qui lui est confortable. L’enfant doit éviter toute activité
intense (ne pas courir, danser, sauter, pas d'excitation) mais il peut se déplacer à sa guise.
• Le pansement doit rester en place jusqu’à ce qu’il tombe de lui-même.
• Informer les parents des signes qui doivent les inciter à solliciter l’aide de l’infirmière/du
médecin :
Fièvre
Altération de la conscience/du comportement
Céphalées
Nausées/vomissements
319
8. Procédures
Indications
Les raisons de réaliser une paracentèse sont :
• Le prélèvement d’un échantillon de liquide d’ascite à visée diagnostique : Saignement
interne suite à un traumatisme abdominal violent ; Identification d’un agent infectieux dans
une péritonite bactérienne spontanée
• Une ponction d’ascite à visée thérapeutique : Ascite sous tension entrainant une dyspnée
non améliorée par l’utilisation des diurétiques.
Contre-indications
Ne pas réaliser de paracentèse lorsqu’il y a :
• Perforation intestinale
• Infection de la paroi abdominale
• Hémorragie
• Chirurgie intestinale récente (moins d’un mois)
Matériel
Avant de réaliser la paracentèse préparer :
• Gants stériles
• Povidone iodée 10%
• Aiguilles 23G et 21G avec seringues
• Agent anesthésique local (lidocaïne 1%)
• Cathéter de gros calibre 18G
• Flacon stérile pour recueillir le liquide d'ascite
Risques
Les risques liés à la réalisation d’une paracentèse sont :
• Un pneumopéritoine
• Une perforation des intestins, du foie ou de la rate
• Des saignements et une infection
320
8.9. Paracentèse/ponction d’ascite
Préparation du patient
Expliquer l’indication et la procédure à l’enfant et ses parents ou accompagnants
Surveillance
Surveillance les signes vitaux de l’enfant.
321
8. Procédures
Méthodes
Quatre méthodes différentes peuvent être utilisées pour recueillir les urines : Grâce à une poche de
collecte urinaire, dans un flacon lors de la miction, à l’aide d’un cathéter urinaire et avec une
ponction sus-pubienne percutanée. L’usage d’un cathéter et le recours à la ponction sont à utiliser
dans des cas particuliers notamment lorsqu’une culture de l’urine est nécessaire.
Cathétérisme urinaire
Pour la pose d’un cathéter urinaire :
• Immobiliser l’enfant en position allongée, les jambes relevées en position de « grenouille »
• Porter des gants stériles
• L’urètre antérieur doit être nettoyé soigneusement avec de la povidone iodée
• Appliquer un gel lubrifiant/anesthésiant à l’extrémité d’un cathéter de taille appropriée (5F
pour les enfants de moins de 6 mois, 8F pour les enfants entre 6 mois et 10 ans)
Garçons
• Rétracter délicatement la peau du prépuce pour permettre de visualiser le méat urétral (si
l’enfant n’est pas circoncis). Le prépuce doit être repositionné après la procédure pour éviter
le risque de paraphimosis.
322
8.10. Recueil des urines
Filles
• L’urètre peut être difficile à visualiser chez les filles. Il est souvent nécessaire d’avoir l’aide
d’une tierce personne pour écarter les grandes lèvres. (cf Illustration 8.11.2). Des tissus
superflus situés autour de l’entrée du méat urétral peuvent parfois en gêner la visibilité.
Méat uréthral
Vagin
• Désinfecter la zone de l’avant vers l’arrière avec de la povidone iodée pour repérer le méat
et l’identifier plus facilement
• Insérer le cathéter dans le méat urétral jusqu’à l’écoulement de l’urine
323
8. Procédures
• Si le cathéter est placé dans le vagin par erreur, le laisser en place pour identifier le vagin
lors des tentatives suivantes.
• Lorsque le cathéter est situé dans la vessie, l’urine s’écoule (le débit peut être lent).
• Si 2 tentatives ont échoué, ne pas répéter le geste.
• Collecter les urines et envoyer l’échantillon pour bandelette et ECBU si disponible au
laboratoire.
Ombilic
Vessie
Symphyse pubienne
324
8.10. Recueil des urines
• Le méat urétral doit être obstrué juste avant l’insertion de l’aiguille car la procédure
stimule la miction chez la plupart des enfants.
• Insérer à 1 à 2 cm au-dessus de la symphyse pubienne une aiguille de calibre 22G de 3 cm
de longueur fixée à une seringue de 3 ou 5 mL. L’aiguille doit être positionnée à un angle
de 10 à 20 degrés par rapport à la verticale. Enfoncer l’aiguille tout en aspirant avec la
seringue. En cas d’échec de la ponction, l’aiguille doit être retirée partiellement et
redirigée avec un angle plus perpendiculaire au plan frontal.
o o
10 – 20
325
8. Procédures
4. Vérifier la prescription
médicale, remplir et
accrocher une étiquette au
perfuseur
8. Quand le corps
du perfuseur
pédiatrique
est vide, Médicament et dilution :
l’administration Heure de début :
du médicament Heure de fin :
est terminée. Débit : gouttes/mn
5. Purger la tubulure
7. Quand le corps du perfuseur
pédiatrique est vide, ajouter 15 mL
de NaCl 0,9% pour purger la 6. Brancher la perfusion à l’enfant et régler
tubulure. Garder le même débit. le débit souhaité
3. Ajouter 6 mL de la
2. Mettre 14 mL de NaCl 0,9% solution de phénobarbital
1. Clamper le perfuseur 0,9% dilué (concentration de
pédiatrique 20mg/mL)
4. Vérifier Prescription
8. Quand le corps Médicale, remplir et
du perfuseur accrocher une étiquette
pédiatrique au perfuseur
est vide,
l’administration
du médicament
est terminée.
5. Purger la tubulure
326
9. Annexes
327
9. Annexes
9.1. Définitions
Altération de la conscience : Qualifie tout état qui se différencie de manière significative de l‘état
normal d’éveil, en général de manière temporaire. Le coma réfère au niveau d’inconscience le plus
profond.
Anaphylaxie : Réaction allergique aiguë pouvant engager le pronostic vital. Elle peut se manifester
sous la forme d’un œdème des voies respiratoires, la présence de wheezing (sifflement inspiratoire)
et un état de choc.
Anémie : Définit la diminution du nombre de globules rouges sanguins, ou encore une quantité
d’hémoglobine inférieure à la normale dans le sang.
Anisocorie (les deux pupilles de tailles différentes) : Suggère une atteinte du tronc cérébral ou une
lésion sus-tentorielle entrainant une compression du nerf oculomoteur ou nucleus au sein du tronc
cérébral.
Arthrite migrante (cf Arthrite) : Arthrite qui se déplace d’une articulation à une autre.
Aura : Perturbations de la perception rencontrées par certains individus lors d’une migraine ou de
convulsions. Elle précède l'apparition de la crise convulsive ou des céphalées. L'aura se manifeste
souvent comme la perception d’une lumière étrange, une odeur désagréable ou par des pensées ou
expériences confuses.
Battements des ailes du nez : Décrit l’ouverture et la fermeture exagérées des narines. Ils
constituent un élément clinique d’utilisation des muscles respiratoires accessoires fréquemment
observé chez les enfants.
Bradykinésie et catatonie en psychiatrie : Sont rares chez les jeunes patients mais peuvent être
observées chez les adolescents. Ces patients résistent souvent à l’ouverture passive des yeux,
tournent leur regard vers le sol, quelle que soit la position dans laquelle ils sont allongés et sont
victimes de crises convulsives.
Bronchite : Pathologie affectant les adultes, le plus souvent fumeurs, caractérisée par la toux et la
production d’expectorations purulentes. N’est pas abordée dans ce guide.
Bruits anormaux de la respiration (cf Bruits respiratoires)
328
9.1. Définitions
Bruits aériens : Les bruits anormaux (ou surajoutés) de la respiration qui peuvent être entendus
sans stéthoscope. Ils sont souvent un signe de détresse respiratoire. Ils comprennent le stridor, les
ronflements (ou ronchis), les râles, ou le wheezing (sibilants/sifflements).
Bruits respiratoires ou bruits pulmonaires : Bruits spécifiques générés par le mouvement de l’air
à travers l'arbre respiratoire. Ils peuvent être facilement audibles et identifiés par l’auscultation des
champs pulmonaires avec un stéthoscope. Ils incluent les bruits normaux de la respiration (murmure
vésiculaire) et les bruits inhabituels ou surajoutés tels que crépitants, frottement pleural et stridor.
Tableau 9.1.1. Inventaire des bruits respiratoires
Étiologies
Type de bruit Continu/ Fréquence/ Inspiratoire/
Qualité principales
respiratoire Discontinu Tonalité expiratoire
Caractères associés
• Wheezing
• Tonalité • Expiratoire
(sibilants) • Bruits • Asthme
aiguë (Lorsque
entendus au continus • Sifflement/ • Bronchiolite
• Wheezing de l’enfant
stéthoscope longs sibilant • Caractère diffus
tonalité plus rejette l’air)
(sinon critère • Tout au long • Musical • Corps étranger
aiguë → obs- • Peut être
de sévérité) du cycle • Ou strident dans les voies
truction plus inspiratoire si
• Wheezing respiratoire respiratoires basses
sévère très sévère
unilatéral
• Obstruction des VA
• Inspiration
• Bruits • Tonalité • Sécrétions
• Ronchi • Ou expira- • Ronflement
continus grave • Œdème
tion
• Inflammation
• Épiglottite
• Sifflement
• Stridor • Continu • Aiguë • Inspiratoire • Croup
• Ou aboiement
• Corps étranger
• Suffocation
inspiratoire • Son du
• Intermittent • Aiguë • Inspiratoire • Coqueluche
• Quinte chant du coq
sonore
• Aigus • Inspiratoire
(râles fins ou • Typiquement • Crépitements/
• Craquements
graves) l’enfant qui craquements/
crépitations • Discontinus • Pneumonie
• Non-musical pleure et • Non-musical,
• Ou râles
(râles reprend sa et bref
bulleux) respiration
• Plus sonore,
de tonalité
• Râles bulleux • Discontinus • Inspiratoire • Pneumonie
plus grave,
moins brefs
• Fins, aigus,
• Râles fins • Discontinus très brefs et • Inspiratoire • Crépitements • Œdème pulmonaire
secs
Cardite : Inflammation du cœur ou des tissus environnants. Elle est généralement étudiée et traitée
en précisant la localisation de l’inflammation :
• Péricardite : Inflammation du péricarde
• Myocardite : Inflammation du muscle cardiaque
• Endocardite : Inflammation de l’endocarde
329
9. Annexes
Catatonie : Se distingue du coma par une capacité conservée à maintenir la posture du tronc et des
membres, voire même la capacité à s’assoir ou se tenir debout.
Chorée ou choréoathétose (cf Chorée de Sydenham) : Est caractérisée par des mouvements
anormaux involontaires. Ces mouvements sont brefs, semi-dirigés et irréguliers, non pas répétitifs
ou rythmiques, mais semblent passer d’un muscle à l’autre. Ces mouvements évoquant une danse
sont souvent associés à une athétose, qui ajoute des mouvements de torsion et d’enroulement. La
marche peut être difficile et présenter des postures et mouvements de jambe singuliers.
Chorée de Sydenham ou chorée mineure (aussi appelée historiquement la danse de Saint Guy) :
Affection caractérisé par des mouvements rapides et saccadés affectant principalement le visage, les
mains et les pieds. La chorée de Sydenham est une séquelle d’une infection à streptocoque bêta-
hémolytique du groupe A durant l’enfance, et survient chez 20 à 30% des patients atteints de
rhumatisme articulaire aigu (RAA).
Coma – séquelles : Le coma est un état transitoire. Les patients récupèrent, décèdent ou évoluent
vers un état plus permanent d’altération de la conscience.
Consolabilité : Répond à la question « L’enfant peut-il être consolé ou distrait par un parent ou un
accompagnant ? » Les pleurs peuvent être un symptôme non spécifique qui indique l’anxiété ou la
faim, plutôt qu’un inconfort sévère.
Critères de mort cérébrale : Ils incluent le coma, l’apnée et l’absence de réflexes du tronc
cérébral. Le diagnostic de mort cérébrale sous-entend l’absence de chance de récupération. Il est
synonyme de décès dans la plupart des pays. Des critères spécifiques selon l’âge existent.
Cyanose : Une cyanose périphérique ou des extrémités froides et bleues peuvent être normales ou
le signe d’une mauvaise circulation. Mais une cyanose centrale ou la langue bleue sont toujours
anormales.
Endocardite : Cf Cardite
Épiglottite (supraglottite) : Inflammation de la partie supérieure du larynx et de la région
supraglottique, le plus souvent d’origine bactérienne.
Éruption cutanée blanchissant à la pression – Érythème : Les éruptions cutanées peuvent être
distinguées selon qu’elles blanchissent ou non à la pression, c’est-à-dire si l’éruption disparait ou
330
9.1. Définitions
non lorsqu’on lui applique une pression. Les pétéchies, le purpura ou les ecchymoses sont non
blanchissants alors que l’érythème disparaît à la pression du doigt.
État végétatif persistant (EVP) : Décrit les patients qui sont complètement inconscients mais
présentent une ouverture spontanée des yeux durant les périodes cycliques d’éveil. De tels patients
ont souvent des réflexes de vocalisation (émettent des sons mais pas de mots), des expressions
faciales qui peuvent être interprétées à tort comme le signe d’une conscience de leur
environnement interne ou externe.
Examen de la peau et temps de recoloration : La peau est un organe fiable pour l’évaluation de
la circulation systémique car elle constitue un indicateur de la résistance vasculaire systémique et du
degré de circulation nécessaire pour maintenir la pression artérielle. La base des ongles, les
membranes muqueuses, les paumes des mains et les plantes des pieds sont roses et chaudes chez
l’enfant dont la fonction cardiorespiratoire est normale. La peau peut refroidir en cas d’hypoxie ou
de troubles hémodynamiques.
Flexion ou extension anormales des bras ou des jambes : Peut survenir spontanément ou en
réponse à une stimulation.
Frottement pleural : Le frottement pleural est un bruit de friction de tonalité grave, présent à
l’inspiration et à l’expiration, causé par l’inflammation des surfaces pleurales liée à la friction de
l’une contre l’autre lors de la respiration. Un frottement pleural peut être associé à une pneumonie
ou un abcès pulmonaire.
Interactivité : Renvoie à la question « L’enfant joue-t-il et est-il interactif, ou bien est-il indifférent
aux distractions de son environnement ? » Un enfant qui essaie d’attraper un jouet ou présente une
peur de l'étranger appropriée par rapport à son stade de développement, est moins inquiétant
qu’un enfant qui ne répond pas à son accompagnant ou n’oppose pas une résistance appropriée à
l’examen.
331
9. Annexes
Laryngite : Inflammation du larynx se manifestant par une raucité de la voix. Elle survient en
général chez les enfants plus âgés et les adultes, et -de manière similaire à la laryngotrachéite- est
fréquemment causée par une infection virale.
Laryngotrachéobronchite (LTB) : Terme utilisé dans ce guide pour définir la présence simultanée
d’une laryngotrachéite et d’un wheezing. Inflammation du larynx et de la trachée s’étendant aux
bronches, entrainant des signes d'atteinte des voies aériennes inférieures et souvent plus sévère
qu'une laryngotrachéite simple.
Obstruction des voies aériennes : Blocage de la respiration dans les voies aériennes. Elle peut
être définie comme une obstruction des voies aériennes supérieures ou inférieures et peut être
partielle ou complète. L’obstruction complète des voies respiratoires est une urgence vitale.
Opisthotonus : Posture anormale dans laquelle on observe une hyperextension extrême de la tête
et des talons avec le corps arqué vers l’arrière.
Paralysie complète : Les patients souffrant de lésions sévères du tronc cérébral, particulièrement
du pont (protubérance), peuvent être incapables de bouger ou de parler, bien qu'étant éveillés. Les
mouvements verticaux et de clignement des yeux peuvent être conservés. Cet état est appelé le
syndrome d’enfermement (ou locked-in syndrome). D’autres causes de paralysie motrice sévère
(syndrome de Guillain-Barré, botulisme) peuvent également entrainer un état similaire.
332
9.1. Définitions
Positionnement : Pour faciliter l’ouverture des voies respiratoires en cas d’obstruction, l’enfant
peut être placé en sniffing position (« position du renifleur ») cou fléchi en légère extension, afin
d’aligner les axes des voies respiratoires et améliorer le passage de l’air. Pour les enfants plus âgés,
la position du trépied, dans laquelle l’enfant est assise, penché vers l’avant avec les mains étendues
devant lui, peut être préférable.
Priapisme : Érection persistante du pénis (durant plus de 4 heures) qui n’est pas associée à une
stimulation sexuelle ou au désir.
Pupilles aréactives bilatérales : Retrouvées dans les atteintes du tronc cérébral affectant le
contrôle oculaire sympathique et parasympathique.
Réflexe pupillaire (fixe, dilaté, réactif ou en tête d’épingle) : Des pupilles réactives rétrécies
peuvent être observées dans les désordres métaboliques et certaines intoxications. Les
333
9. Annexes
Regard : Renvoie à la question « L’enfant ou le nourrisson fixe-t-il son regard sur des personnes ou
des objets, ou son regard est-il au contraire errant ? » Un regard fixe et aréactif est suggestif d’une
altération de l’état mental.
Rhabdomyolyse : Destruction des cellules des muscles squelettiques résultant d’un traumatisme.
La myoglobine, produite lors de la destruction des cellules musculaires endommagées, est excrétée
dans les urines et peut entrainer une insuffisance rénale. L’atteinte musculaire peut être causée par
une blessure, une activité physique intense, certains médicaments ou des infections.
Rhinite (rhume simple) : Inflammation de la muqueuse nasale d’origine virale, également appelée
infection respiratoire aiguë haute (IRA)
Rhinosinusite ou sinusite : Inflammation des sinus nasaux et para-nasaux comprenant les sinus
frontaux, ethmoïdes, maxillaires et sphénoïdes. Ecoulement purulent d’une durée supérieure à
2 semaines.
Rigidité de décérébration : Attitude en extension et rotation interne des bras et des jambes.
Rigidité de décortication : Attitude en adduction et flexion des coudes, poignets et des doigts,
avec une extension et rotation des jambes. Classiquement, la rigidité de décérébration implique une
atteinte du tronc cérébral avec une action de compression ou destruction, alors que la rigidité de
décortication implique un traumatisme plus céphalique et potentiellement moins grave.
Raideur de nuque : Incapacité à fléchir le cou vers l’avant due à l'hypertonie des muscles du cou.
Incapacité à placer le menton sur la poitrine, limitation de la flexion passive du cou. Si la flexion est
douloureuse mais que l’amplitude complète est conservée, la raideur de nuque est absente.
Rythme respiratoire : Le rythme de la respiration peut procurer des renseignements sur l’étiologie
de la détresse respiratoire. Une respiration rapide et superficielle avec une expiration prolongée est
typiquement observée en cas d’emprisonnement de l’air comme dans l’asthme ou la bronchiolite.
334
9.1. Définitions
Elle peut également résulter de la présence d’une douleur abdominale ou thoracique ou d’un
dysfonctionnement de la paroi thoracique.
Sepsis : Syndrome clinique dynamique, complication d’une infection sévère qui comprend une
inflammation, une dysfonction immunitaire, une circulation capillaire altérée et une dette en
oxygène. Il peut donc entrainer une défaillance d’organes majeure/multiple et le décès.
Sepsis sévère : Sepsis associé à une acidose ou à une hypotension ou aux deux.
Signe de Brudzinski (Signe de la nuque de Brudzinski) se recherche dans les méningites :
Mouvement involontaire de flexion des jambes lorsque le cou du patient, allongé en décubitus
dorsal, est volontairement fléchi.
Signe de Kernig se recherche dans les méningites : Le signe de Kernig se recherche en pliant les
cuisses sur le bassin, jambes étendues. Une douleur apparaît, s'opposant au maintien en extension
des genoux et obligeant le patient à fléchir les jambes sur les cuisses.
Signes méningés : Le syndrome méningé est défini par la triade raideur de la nuque + photophobie
(intolérance à la lumière vive) + céphalées. C’est un signe d’irritation des méninges, d’hémorragie
subarachnoïdienne ou d’autres pathologies diverses.
Signe du pli cutané (turgescence de la peau) : Lorsqu’il est anormal, le pli cutané est défini
comme persistant. Pour évaluer ce signe, pincer la peau entre le pouce et l’index sur la paroi
abdominale latérale au niveau de l’ombilic. Relâcher ensuite le pli et mesurer le temps nécessaire à
la peau pour retrouver son état antérieur. La malnutrition peut prolonger le temps de relâchement
cutané. Tout pli cutané persistant est anormal.
Stimulus douloureux (ex. pression appliquée à la base de l’ongle ou sur l’orbite) : Utilisé pour
stimuler la réponse motrice chez l’enfant inconscient. L’asymétrie peut suggérer l’atteinte des voies
cortico-spinales d'un hémisphère cérébral ou sur le tronc cérébral. La présence de mouvements
spontanés ou volontaires des membres (par exemple retrait ou écartement d’un stimulus
douloureux) évoque un coma de moindre profondeur.
Stridor : Bruit aigu de la respiration dû au passage anormal de l’air dans le larynx. Entendu à
l’inspiration dans la laryngotrachéite.
335
9. Annexes
Temps de recoloration capillaire (TRC) : Temps nécessaire pour retrouver une coloration du lit
capillaire après avoir exercé une pression entrainant un blanchissement. Pour le mesurer, maintenir
une main au-dessus du niveau du cœur, exercer une pression sur l’ongle jusqu’à ce qu’il blanchisse,
et noter le temps nécessaire pour la recoloration après le relâchement de la pression. Un TRC < 2
secondes = normal. Un TRC de 2 à 3 secondes = anormal, TRC > 3 secondes = signe du choc.
Tirage thoracique : Cf utilisation des muscles accessoires. Lorsque la paroi thoracique s’incurve
alors que le patient inspire.
Tonus : Renvoie à la question « Quel est le tonus musculaire de l’enfant ? ». Des mouvements
vigoureux et un tonus musculaire normal sont des indications rassurantes. En comparaison, les
enfants sévèrement malades peuvent présenter une diminution du tonus musculaire (hypotonie) ou
paraître faibles et mous.
Toux : La toux aiguë peut être due à une infection, à une inflammation, à un bronchospasme et/ou à
une obstruction. La nature et la durée de la toux fournissent des indications sur l’étiologie. Une toux
aboyante indique une obstruction trachéale subglottique, le plus souvent due à une
laryngotrachéite. Une toux en staccato est évocatrice d’une pneumonie causée par Chlamydia ou
Mycoplasma. Une toux sèche, en quintes, peut survenir chez les patients présentant un wheezing dû
à l’asthme ou à une bronchiolite. Une toux grasse peut indiquer la présence de secrétions trachéales
ou une pneumonie bactérienne.
Utilisation des muscles accessoires de la respiration ou rétraction ou tirage : Les enfants avec
une oxygénation ou une ventilation inadéquate utilisent souvent les muscles accessoires de la
respiration (tels que les groupes musculaires intercostal, sous-sternal ou supra-claviculaire) pour
augmenter l’entrée d’air. La présence d'un tirage sévère de plusieurs groupes musculaires indique
une hypoxie importante.
336
9.2. Normes OMS de croissance de l’enfant
337
9. Annexes
338
9.2 Normes OMS de croissance de l’enfant
339
9. Annexes
340
9.3. Les étapes du développement de l’enfant
341
9. Annexes
342
9.3. Les étapes du développement de l’enfant
343
9. Annexes
344