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Analyse des risques

Séance 1 : introduction


Séance 2 : film de Al Gore : Une vérité qui dérange

Examen final : 4 questions dont une sur des documents

Sur la FDV plan détaillé + bibliographie

PLAN :

Partie I : les outils pour parler de la question du risque et de sa relation avec la politique

1er ouvrage sur la relation entre risques technologiques majeurs et science politique date de
1979. Cela devient l’objet d’une science à partir de la fin du XXe siècle

Partie II : les paradigmes : le rapport entre le paradigme scientisme et la science politique

Partie III : le côté pratique : comment on gère les risques : les politiques publiques de gestion
des risques

Dans ce chapitre on va évoquer un point particulier : le risque politique

Partie IV : les risques majeurs et les relations internationales

Objectifs :
- Initiation aux risques et aux dangers grâce aux outils de la géographie et de la
sociologie
- Etude de la perception des dangers mais à travers la sociologie
- Etude des risques dans son rapport à la sociologie des relations internationales

Introduction :

3 questions :

1. pourquoi un CM sur les risques dans une licence de science politique ?


2. qu’est ce qui explique la fortune actuelle du terme « risque » et l’intérêt que la
sociologie porte sur l’analyse des risques ? n’est-ce pas une mode ?
3. En quoi les outils de la sociologie des risques seraient-ils intéressant pour l’étude des
RI ?

Définition : Qu’est-ce qu’un risque ?

 Un risque c’est la potentialité d’évènements graves qui sont annoncés, qui sont probables,
mais il s’agit d’évènements non avérés. Un risque n’est pas un évènement, c’est une
potentialité. Mais cela peut se transformer en accident. On ne peut pas certifier un
évènement mais on ne peut que le projeter.
Exemple : les OGM, on n’est pas sûr que ce soit nocif.
Le risque n’est caractérisé que lorsqu’il y a par la suite accident.
Cela pose un pb à la politique : parler de droit des risques c’est presque une antinomie.
Le risque est une situation non souhaitée qui peut se transformer en un évènement, cad
une situation que l’on peut caractériser par un impact. Un risque n’a que des impacts
potentiels.
Exemple : la question du réchauffement climatique : on sait que la montée des mers va avoir
un impact énorme. Il y aura des suites d’évènements probables. Mais au jour d’aujourd’hui on
a que des petits constats. Notamment autour des Atoles, on aura peut être bientôt les premiers
réfugiés climatiques.
 L’accident a des impacts que l’on peut quantifier : nombre de victimes, impact
économique, incidents sur la santé des populations…L’accident peut enfin se transformer
pour aboutir à une catastrophe cad un ensemble d’évènements qui débouchent sur un impact
durable et profond. Mais contrairement au risque et à l’accident, la catastrophe ( en tant que
somme d’évènements ) n’intéresse pas les spécialistes des risques. Le terme catastrophe est
plus subjectif, on trouve ce terme dans les analyses de type médiatique.

Un risque peut avoir deux origines :


- Origine naturelle 
- Origine technologique ou socio-technologique
- On peut égt trouver une troisième origine due par exemple aux sorties de guerre et on
parlera d’origine politique ou sociologique.

 La notion de risque est une notion très ancienne :


 la première apparition du terme date du 16e siècle. La définition est restée stable du
16e siècle jusqu’à aujourd’hui. Ce sont les usages, les utilisations, notamment à travers
l’économie qui vont donner au terme des significations et usages différents.
 Ainsi, à partir du 17e siècle, le terme risque prend une connotation positive,
notamment à travers la pratique de l’assurance que mettent en œuvre les armateurs génois qui
assurent et couvrent les frais des pertes de cargaisons ou de navires. Les assureurs et
financiers construisent un modèle de calcul et d’analyse qui va leur permettre de faire du
risque et de la couverture du risque un produit.
 L’économie politique du 18e siècle se saisit de la notion pour en faire un des axes de
raisonnement de la discipline. L’économie politique construit un lien entre l’activité de
l’entrepreneur capitaliste, la prise de risque et la rémunération de ce risque.
 Le sens juridique, cad l’intégration de la prise de risque dans le Droit, n’apparaît qu’à
la fin du XIXe début du XXe siècle. Le droit construit une nouvelle notion : « risque de
développement ». Cela signifie le risque que peut encourir une personne du fait de l’usage
d’un produit ou d’un procédé insuffisamment maîtrisé par celui qui le met au point, le
commercialise ou celui qui l’utilise. Presque en même temps, vers 1905, la notion de risque
donne naissance à la notion de la « mise en danger ». Ceci voit le jour autour de deux grands
scandales : le problème du lait frelaté, puis la loi sur le vin. Dans le premier cas, c’est la
question du risque sanitaire et du risque de développement, mais dans le second cas c’est
le problème de la tromperie sur la marchandise dc risque commercial.
 En sociologie, la notion de risque apparaît très tardivement, presque à la fin du
XXème siècle. Mais cette notion est approchée ou envisagée à travers les accidents du
travail dans la société industrielle naissante. Ainsi, les réflexions de Le Play sur les
questions de la classe ouvrière, ou les travaux du docteur Vuillermé sur la condition des
ouvriers du textile, font ressortir la notion de risque induit par l’exercice d’une activité.
C’est un lien particulier qui peut induire une modification sur l’état de santé et une
modification des rapports sociaux. La question de l’anomie chez Durkheim, approche
quelque peu la question des risques sociaux ou des maladies sociales, mais on ne trouve
jamais le terme « risque » chez Durkheim.
 Echange entre Durkheim et Paul Le Roy Beaulieu ( libéral voir ultra libéral ) : Pour
Durkheim, la pauvreté est une maladie sociale, qui devrait être prise en charge par l’Etat,
l’impôt et la solidarité ; mais chez Le Roy Beaulieu il ne faut pas aider les pauvres et les
indigents, si les gens sont pauvres c’est qu’ils le veulent.
 Dans cette société industrielle, le premier lien entre exercice d’une activité et
maladie due à cette activité date de 1918, alors que le constat ne sera fait qu’à partir de
1950. Exemple : le problème de l’Amiante.

Trois courants :
1. étude du rapport à la science et à la technique : Ellul et Ulrich Beck « la société du
risque » 1986. Ellul sera le précurseur. Ce premier courant est pessimiste.
2. sociologie du rapport à la technique : Lagadec, inventeur de l’expression « risque
technologique majeur ». contrairement au premier courant, il met en relation la
politique et la science et technique. Pour Ellul et Beck, il y a « un pacte faustien »
avec la technologie, mais Lagadec pense que la science et la technique sont des
faits qu’il ne faut pas remettre en cause, on ne peut désinventer les choses, mais il
faut les accompagner, il faut veiller à ce que les rapports sociaux ne soient pas trop
conditionnés par la science et les techniques.
3. étude des conduites à risques : David Le Breton

La notion de risque fait éruption dans le langage politique assez récemment. On peut dater
cette prise en compte de la notion de risque vers les années 80. L’évènement majeur est
l’accident de Tchernobyl en avril 1986. Un an auparavant, la revue Science et Vie évoquait
un risque d’accident nucléaire. Pour la première fois, on vérifie une règle simple : les
cindyniques : c’est une science très simple selon laquelle un système technique n’est pas
plus fiable que le maillon le plus faible qui le compose. L’accident de Tchernobyl a validé
cette règle. Grande remise en cause à partir de cette période, naissance de l’association « sortir
du nucléaire ».
 Le rapport entre science et politique est très fort. Plusieurs questions se posent :
l’information aux populations, la connivence entre politiques et scientifiques…Mme Asanov
écrira que les scientifiques, les experts forment la 5ème branche du pouvoir.
 En 1802 : explosion dans le quartier des grenelles à Paris, mise en cause des fabricants
de poudre. On demande à Napoléon de trouver une solution : c’est là que l’on voit apparaître
le rapport fondamental entre politique et science. Napoléon dira qu’il faut sauver ces activités
de la mise en cause dont elles peuvent faire l’objet par les citoyens. Pour sauver ces activités
stratégiques, on va les isoler, les mettre à l’écart. C’est la première loi de servitude d’utilité
publique. Ce rapport science/politique est un rapport ambivalent dans la mesure où il y
a eu technicisation du politique et dans la mesure ou les scientifiques ont besoin du
politique ( par exemple pour leurs recherches ).

La science politique s’est intéressée à la question des risques technologiques car c’est là
qu’une double relation se noue lors du moment du constat du risque et la réalisation des
risques. Va se poser la question de l’imputabilité et de la responsabilité ( par exemple dans
les années 90, plusieurs lois concernant la responsabilité des élus locaux ). Construction d’un
cadre de responsabilité des politiques et des élus locaux. Deux mécanismes :
- faire en sorte que le risque ne survienne pas cad la prévention et la perception,
- et le second axe c’est comment s’organise les individus après un accident majeur.
Donc la science politique intègre dans sa perspective l’ensemble des relations qui se nouent
autour de l’usage des sciences et des techniques, autour de la perception et de l’anticipation
des accidents et des crises, et enfin autour de la survenance de l’accident.

Le risque est également l’objet de la sociologie des organisations : on peut dire que les
risques et les accidents sont induits par des problèmes d’organisation. Nous sommes dans une
perspective similaire à celles que décrivent Crozier et Friedbeig « l’acteur et le système ».
Cela débouche sur des analyses qui créent une perspective nouvelle dont parle Hélène Denis
« risques socio-techniques majeurs ». Elle dit que le système technique en lui-même est
inerte, ce sont les usages dont il fait l’objet qui fait que ce système devient dangereux et
dérape. C’est la défaillance organisationnelle qui est en cause.
Rapport à la science

Rapports sociaux autour de la science et de la technique

Organisations

Analyses micro sociologiques

Dans ces deux perspectives, différentes techniques peuvent être mobilisées :


- Dans le premier cas : l’étude des rapports sociaux autour du risque et de la réalisation
des accidents, on peut mobiliser les méthodes des sciences sociales. Il s’agit d’une
technique d’enquête.
- On peut également utiliser les analyses psychométriques qui visent à étudier
l’évolution d’une opinion, d’un groupe autour d’une thématique particulière. Ces études
permettent d’explorer la connexion ou les connexions entre des variables pouvant
expliquer la perception du risque, comme par exemple, la perception du risque en
fonction du niveau universitaire, scolaire, du lieu d’habitation ou des attitudes politiques.
L’objectif des études psychométriques a été d’expliquer le pourquoi d’une
perception.
- On peut aussi mobiliser des analyses sociologiques dont l’objectif est de déceler les
corrélations entre opinions politiques et rapport aux risques et aux dangers.
- On peut enfin mettre en exergue l’existence de mécanismes de mémoire ( la
dimension mnésique ) explicatifs des attitudes vis-à-vis des dangers et des accidents.
Face à un accident, on va mobiliser sa mémoire, voir s’il y a eu un évènement similaire
ailleurs.

Chapitre 1 : les outils

Nous avons donné une définition du risque cad une probabilité d’évènements non
avérés qui peuvent se réaliser. Mais cette notion est floue. Comme le dit Peretti-wattel, le
terme risque ne se suffit pas à lui-même. Il faut parler de risques au pluriel. Par ailleurs,
la notion de risque introduit un rapport au temps qui rend difficile l’analyse. De fait, analyser
des risques revient essentiellement à construire des scénarios de réalisation plus ou moins
probables. Alors que l’étude d’un accident ou d’une catastrophe est une exploration logique
des conditions possibles d’une collaboration des variables, ayant amenée la réalisation de
l’accident.

Facteurs de risques

Accident
Facteurs de risques

Expert

L’expert agit rétrospectivement et l’analyse des risques est spéculative.


Ce qui est plus difficile c’est l’analyse de la perception et la construction des attitudes des
politiques. Lorsque l’on a un scénario construit par quelqu’un, on peut lui opposer autre
chose.
Ensuite il faut voir le dosage des responsabilités.
Il faut prendre en compte les bonnes variables pour analyser les probabilités de risques.
Il convient de comprendre comment les individus intègrent les possibilités et comment
ils vont s’organiser. Il faut voir comment ils intègrent les risques d’accidents dans leur vie et
dans leur univers mental.

On peut mettre en évidence une « logique plurielle » des risques ac généralement un


précurseur : cela peut être une catastrophe naturelle, une catastrophe technologique,
industrielle ou aussi un évènement de nature sociale ou politique.

Qu’est-ce qu’un risque politique ? qu’est-ce qu’un risque social ?


Deux définitions : Le Risque politique
 le risque politique au sens économique du terme est l’ensemble des risques encourus
par des opérateurs économiques qui agissent dans un espace éco et politique donné.
Cf affaire de la société générale qui est un risque économique.
Une des techniques est celle du « Rating » cad la technique qualitative et quantitative des
risques par méthode de classification.
 Le risque politique au sens social et politique ac là aussi deux logiques particulières :
il est possible d’évaluer quantitativement un risque social et politique : les sociétés de
classifications par exemple travaille en analyse géopolitique classique. Quant à l’analyse
qualitative : on est ici à la lisière de l’économique et du politique, c’est la catégorie la moins
solide dans les techniques d’analyse du risque. L’objectif est d’étudier dans quelles
mesures une situation sociale et politique peut dégénérer en crise ouverte, catastrophe de
nature politique, sociale ou sanitaire.
Sociale
Précurseur Politique
Sanitaires
Économique
Risque Eco et technologique
Sociale et politique Risque naturel

Économique Politique et sociale Qualitative


Quantitative

Si on prend l’exemple d’un pays comme Haïti, l’ensemble de la situation actuelle est due à la
révolte lors de la succession à la tête de l’Etat des Duvalier… la révolte atteint les structures
publiques au milieu des années 80. A cela il faut ajouter des catastrophes naturelles : déjà l’île
subie une déforestation de gde ampleur, ce qui va avoir des csq sur l’agriculture,
l’appauvrissement des sols, de mauvaises récoltes successives…Ceci pour dire qu’un
évènement de nature politique ou sociale peut avoir des incidences multiformes dont les
stigmates peuvent être analysés par des indicateurs : hausse de la mortalité infantile,
baisse de l’espérance de vie à la naissance, désorganisation de la pyramide
démographique…Ces risques sociaux peuvent égt déboucher aussi sur une désorganisation
politique, type guerre civile ce qui va réalimenter l’ensemble de la chaîne.

 Autre catégorie : les risques naturels 


Si l’origine des risques naturels est connue, les grandes catastrophes lorsqu’elles surviennent
dans des zones où l’implantation des pop obéit à des logiques locales, cela peut rendre cette
catégorie très particulière, dans le sens où aucune suite d’accidents, catastrophe, ne
ressemblera à une autre. Exemple : un glissement de terrain peut avoir des csq dommageables
lorsque les pop sont implantées dans une cuvette, mais le même glissement de terrain aura des
csq mineures dans des zones bien préparées.
Ces risques sont induits de la dynamique de deux mouvements contradictoires :
- D’abord celle de la géologie car la Terre est un milieu mouvant
- Deuxième mouvement : celui de l’urbanisation et de l’extension des activités
humaines vers des zones impropres à l’implantation d’activités humaines ou
d’habitats.
Statistiques : 99% des catastrophes naturelles portent sur des zones terrestres ou naturelles.

Les risques majeurs constituent un domaine particulier qui relève en partie des sciences de
l’ingénieur ou des sciences du danger, c’est ce qu’on appelle les cindyniques. L’élément
central dans l’étude des risques technologiques majeurs c’est l’analyse des comportements
humains dans le cadre du pilotage des systèmes techniques complexes. Autrement dit, tout
tourne autour de l’analyse des comportements dit « accidentogènes ». Incapacité à
analyser une situation, incapacité de prendre des ordres, incapacité d’appliquer les
ordres.
Cette analyse comporte deux étapes :

1. on a cru selon le présupposé selon lequel les risques technologiques majeurs ne sont
pas d’origine technique mais comportementale. Dc tout proviendrait d’une
mauvaise utilisation du système technique. Le système technique est très fiable mais
ce sont les opérateurs qui ont eu un comportement inadéquat. Débute dans les années
80 après Tchernobyl.
2. réflexion sur l’ergonomie des systèmes techniques ac la construction de systèmes ou
de modes opératoires qui tolèrent ou qui corrigent l’erreur, cad une forme de
pédagogie afin de limiter l’incompréhension ou la mauvaise interprétation des ordres.
I. Observer, cartographier et hiérarchiser

Dans l’introduction, la notion de risque en aucun cas ne peut servir de cadre général. En
réalité, il y a autant de méthodes d’analyses, d’observation et de cartographie que de risques.
Ces méthodes relèvent pour partie des méthodes et techniques des sciences sociales,
techniques d’enquêtes.. Elles relèvent pour certaines de l’étude des systèmes techniques et
pour d’autres de la géologie et de la géographie. A l’intersection on trouvera toujours les
méthodes de sociologie. L’analyse, l’observation et la mesure du risque a un double objectif :
- D’abord comprendre et agir expertise scientifique et technique : il faut fournir à
ceux qui décident une compréhension des mécanismes. Ici on parle réellement d’expertise,
l’objectif étant de fournir une solution technique.
- L’étude du rapport au risque et aux catastrophes : on est dans une logique de travail

Objectif de la sociologie objectif de la science politique

Dans le premier cas, nous sommes dans une posture plutôt rétrospective, analytique.
L’analyse en terme de science politique va analyser les jeux de pouvoirs lors de la survenance
de la catastrophe et dans la période post catastrophe. Le pt de vue du sociologue ou du
politologue sera très différent de celui de l’expert. Dans l’analyse sociologique on peut égt
parler une analyse en terme médiatique, cad la couverture médiatique de la catastrophe, mais
cela ne fournit pas une expertise scientifique.
Ce sont deux sphères bien distinctes, et l’une des erreurs sera de rapatrier le champ politique
dans l’analyse et l’expertise scientifique. ( exemple des OGM ou de la vache folle ).

A. observer les risques organisationnels et les risques sociaux

Remarque préliminaire : la sociologie des risques dans ce domaine se classe en deux


courants :
- la sociologie des risques induits par une conduite particulière :
sociologie des conduites à risques ( tabagisme, alcoolisme…)
- la sociologie des groupes et des individus lorsque ceux-ci sont
confrontés à des situations de crise ou à des risques ou des catastrophes induits
par des accidents. Ce dernier courant se focalise sur l’étude des organisations et
cherche à fournir une explication fondée sur une conception du risque comme un
dérèglement et comme vecteur d’une désorganisation plus ou moins grande.
Ce courant va connaître deux grandes périodes :
1. une période où va prévaloir une explication, un paradigme fondé sur la croyance en
une explication univoque : le risque est la résultante de comportements humains.
2. la seconde période, en cours actuellement, se construit autour d’un paradigme socio
technologique dont l’objectif est de saisir l’ensemble du système social dans sa
relation et dans sa confrontation à la technologie et au risque.

1). Le premier paradigme

Historique :
 Entre le XIX et le XXe siècle, la notion de risque recouvre les éléments ou des
notions qui imputent l’accident, le danger à la nature. Celle-ci est source d’accident, il
convient alors de la dominer par la technique, par la science. Autrement dit, la sécurité, la
certitude appartient au monde de la science tandis que le risque, l’accident appartient
au monde de la nature. Au cours du 19e siècle, un certain nombre d’évènements vont
accréditer cette thèse.
 D’abord des évènements ponctuels : En 1804, les explosions des poudreries de Grenelles.
C’est un évènement fondateur, d’une part du Droit des installations classées, c’est là où l’on
va interdire ou permettre des installations dans des sites urbains.
 Le second geste est l’organisation d’activités dangereuses à l’intérieur de l’espace urbain.
Ces évènements ponctuels vont se démultiplier au cours du XIX. C’est par ex l’ensemble des
incendies dans les grandes villes à San Francisco par ex ou à Tokyo. On va commencer à
réfléchir à l’organisation des villes. Depuis le Texte de Rousseau sur le Séisme de Lisbonne
on se rend compte que ces évènements sont crées par l’homme.
 Par la suite nous sommes sur des trames longues de perception des dangers. Cf Corbin :
«  le XIXe siècle a été un siècle d’une anxiété collective par rapport aux sources des
maladies et des contagions. » c’est ce qu’il appelle les « sentiments d’horreurs ». On ne
découvre pas encore les mécanismes de contagion, mais on se rend compte que les grandes
villes sont sources de maladies dues à la proximité et à la promiscuité ( tuberculose ). Les
moyens de lutte vont être rudimentaires, cad que la perception du risque est d’abord olfactive
et visuelle. Les mécanismes de contagion sont saisis à travers les miasmes et à travers ce que
l’on voit dans les gdes villes ( villes sales, mal aérées..). la seule forme de perception était
dc l’odeur, vers 1830 on va déléguer des savants autour de la Seine pour étudier les odeurs et
savoir si elles sont porteuses de maladies ou pas. Décret impérial de 1804 : protection
sanitaire contre les installations insalubres et les odeurs nauséabondes…également les pbs
sanitaires dans les hopitaux de Paris. C’est ainsi que Corbin parle de « sentiment
d’horreur » dans les grandes villes au XIXe siècle, ce qui va amener de repenser les modes
d’organisations des grandes villes. Plus tard, on mettra en place « le fichier sanitaire » pour
permettre d’avoir une traçabilité des conduites et des personnes. Ce n’est pas propre à la
France, les villes européennes grossissent, manque de logements, ou logements insalubres,
mauvaise gestion de l’eau et des déchets…Les moyens par lesquels on va saisir le danger
sont donc rudimentaires : l’odeur et la vision. Dans le cadre de ce paradigme, le risque ou
l’accident est sensé être inévitable. Il y a une fatalité à le subir mais progressivement on
s’organise pour en limiter l’impact. C’est à partir de cette date que des formes d’expertises
rudimentaires vont voir le jour, cad un recours à des scientifiques qui vont étudier des
situations particulières et fournir aux décideurs politiques un catalogue de mesures. Parmi ces
mesures ( tjs en cours aujourd’hui) :
- l’éloignement des activités et des installations dangereuses ( par exemple quartier
des vitrioleries à Lyon ) ;
- la mise en place de périmètres de sécurité, dans le cadre des servitudes d’utilité
publique, cad des espaces figés non constructibles, qui environnent les installations
dangereuses. La définition du périmètre cad sa largeur a oscillé selon les périodes.
Parfois, les quartiers ont été très près des usines à risques. En France, ces périmètres de
sécurité sont plus ou moins respectés. Dans certains pays où l’urbanisation est
galopante, les zones habitables se rapprochent des zones à risques ( ex en Inde les
personnes vivent sur les voies férrées ).
Cette période du XIXe siècle est marquée aussi par la mise en place de structures
publiques dont l’objectif est de cartographier et d’étudier les comportements
individuels. L’usage de la statistique, la mise en place du fichier sanitaire, contribue à la
construction d’une science de gouvernement, dans une optique à la fois de sécurité sanitaire,
mais aussi au niveau de la sécurité publique au sens policier du terme. On voit une police
sanitaire qui s’installe. On va imprimer peu à peu une éducation sanitaire et une éducation au
risque.
 A partir de la seconde moitié du 19e siècle prévaut une autre vision, celle de la
possibilité d’éviter les risques, les accidents et les contaminations. La révolution
pasteurienne change le statut de la maladie. Il ne s’agit plus seulement d’un pb individuel,
mais il s’agit surtout et aussi d’une situation collective.

 Le pt de césure est la fin des années 1950, début 1960, on prend conscience du
caractère systémique des catastrophes et risques induits par l’usage de la science et de la
technique. On entre dans le paradigme socio-technologique.

2). Le second paradigme  : le paradigme socio technologique

 A partir du début des années 60, nous entrons dans une nouvelle période qui se
construit autour du postulat suivant : il n’y a pas une transformation de la nature des
risques mais une concentration des accidents et une concentration des effets. Cad qu’à
partir du début des années 60, on perçoit le caractère systémique des risques. Cad qu’il y
a une sorte de collaboration, combinaison entre des formes de risques et d’accidents qui
donnent l’illusion de leur caractère inédit. Mais progressivement on va prendre conscience du
fait que l’impact des accidents, des catastrophes et des pollutions est non seulement cumulatif
mais peut induire une transformation définitive des équilibres fondamentaux de la nature et de
la santé. Il faudra attendre Ralph Nader dans les années 70 pour que l’on puisse travailler ac le
DDT pour lutter contre les insectes dans les cultures mais qui aura des incidences graves pour
les oiseaux…

 Dans une seconde phase, on va prendre en compte le caractère nocif de


l’ensemble du système technique, cad que c’est le sens et le dimensionnement du système
technique qui pose pb. Au début on était dans une logique de l’accident ponctuel, mais
désormais on passe dans une étape de risque systémique. Durant la seconde moitié des
années 80, l’analyse se transforme, le sens du développement scientifique est remis en
question. 3 auteurs :
- Jacques Ellul : philosophe que l’on peut classer dans un courant pessimiste, pour
lui le système technique a transformé les équilibres sociaux. Il pense qu’il y a «  une
surdétermination du système social par la technique ». Ces ouvrages : le système
technicien, le bluff technologique. Il n’est pas anti scientifique mais il est contre le
fait que l’on reporte sur la science, la technologie, l’ensemble de la demande de
solutions. Il ne faut pas que la science devienne un maître. Il reprend les analyses de
Heidegger et sa réflexion sur la technologie en général. Pour Ellul il n’y a pas de
maîtrise des systèmes techniques, autrement dit, une invention crée une
dépendance presque irréversible, et il sera très difficile de s’en défaire. Par ex en
prenant le cas du nucléaire, on ne peut pas désinventer cette technologie, elle redéfinie la
vie des individus. Il est difficile de revenir en arrière. La conclusion de Ellul est que la
technique crée de l’asservissement.
- Anthony Giddens : la modernité comme mouvement social, comme mouvement
issu du règne de la science et de la technique a produit de l’anti modernité cad que
la catastrophe, le risque majeur, le risque global constitue LE risque majeur, cad le fait
de pouvoir faire disparaître toute une civilisation, tout un système social et éco. Pour
Giddens nous faisons face à des risques d’après nature, cad qu’il n’existe plus de
mécanismes naturels, de mécanismes du vivant qui échappent véritablement à l’action
de l’homme. Pour A. Giddens il faut reconstruire la démocratie technique pour faire face
à ces risques nouveaux.
- Ulrich Beck : il valide l’idée d’une complexité systémique des risques nouveaux.
Il ne s’intéresse pas obligatoirement aux effets de la technologie mais il a tenté de
réécrire la sociologie et l’histoire humaine sous l’angle de la capacité des humains à
s’autodétruire. Dans son ouvrage La société du risque, il parle de marche vers
l’autodestruction. Beck se rattache indirectement à Heidegger et au courant de
Jacques Ellul puisqu’il ne pronostic pas la nécessite mais la fin du règne
technologique. Pour lui, c’est inévitable.
- J. Habermas : La science et la technologie : il pense que l’objectif n’est pas de se
défaire de la technique mais de réécrire et de reconstruire le politique, autour d’un
objectif, celui d’accompagner les usages des sciences et des techniques. Selon lui, il
faudrait « un Parlement de la science ». il faut débattre des projets politiques portant sur
les activités scientifiques et techniques.
A la lisière de l’ensemble de ces courants, il y a d’autres réflexions puisque la question du
risque intéresse tout autant les anthropologues ou les spécialistes des sciences de
l’organisation. Plus analytique et moins critique, l’œuvre de Marie Douglas, qui va essayer de
classer les sociétés en riscophobes ou riscophiles. Mais elle analyse les risques en faisant
appelle à un socle commun. Pour elle le risque de cette époque moderne remplace la promesse
du châtiment en cas de transgression telle qu’elle l’a été vécue au Moyen Age. Il faut que les
individus prennent conscience que la transgression amène forcément à une punition. Le
discours autour du risque et de l’accident emprunte selon elle le même schéma logique et
mental que l’invocation du châtiment au Moyen Age.

Auteurs pessimistes :
Défenseurs de la technique :
Beck/ Ellul et Heidegger
Giddens
Courant réformateur
Règne global Somme de risques ponctuels

Logique de l’incitation Logique de gestion

Mary Douglas H. Denis


Courant de la gestion

Accompagnement des usages

3). Le dépassement du paradigme organisationnel   : jusqu’au années 80 on envisageait le


risque comme le résultat de dysfonctionnements des organisations, ou encore on
envisageait le risque comme des évènements ponctuels, cad qu’il n’y avait pas de
lien possible entre les différentes catastrophes.

Au cours des années 80, un certain nombre d’accidents vont avoir lieu, et on va repenser les
risques en général :
1). 1er type : accidents et catastrophes de grande ampleur et qui modifie le regard
sur le risque et le rapport à l’environnement direct : Bophal, Seveso ( dioxyde de
carbone ) et plus tard Tchernobyl.
D’un point de vue sociologique perspective particulière : il s’agit de micro situations qui
n’ont pas de rapport entre elles dc ce ne sont pas des systèmes.

2). 2nd type : des accidents spectaculaires très médiatisés comme les naufrages des
grands pétroliers ; on va pointer du doigt des pratiques particulières, par exemple le
transport en haute mer de matières dangereuses.
 Question du risque et de son expertise

3). 3ème type : les contaminations sérielles : cf actuellement procès de l’affaire de


l’hormone de croissance, on peut égt citer l’affaire de la vache folle, ou encore l’affaire
du sang contaminé.
 Question de la défaillance des contrôles publics : l’Etat a des obligations de
contrôle, il y a un corps d’expertise technique, d’où possibilité de mise en cause de
l’Etat pour carence de contrôle technique.

 Le premier type de risques et d’accidents majeurs sont les gdes catastrophes


industrielles amenant une révision profonde, à la fois des règles d’évaluation du
risque, mais aussi une révision du Droit encadrant les installations classées
( protection de l’environnement, protection de la santé ). Cela amène égt une
thématique nouvelle dont se saisit la science politique et les sciences sociales en
général.
 Le second type de risques : les risques induits par de nouvelles catastrophes issues
d’une plus gde fluidité des échange économiques ( échanges de produits ou
échanges informationnels ) DC ce sont des risques liés à la mondialisation. Le forte
volatilité induit des risques inédits ( pollutions majeures…).
 Le dernier type de risques est relatif aux contaminations de type sanitaires qui
ont une incidence particulière puisque c’est par le biais de ces contaminations que se
construit la perception du risque par les individus.

Face à ces trois types de risques qui apparaissent et se sédimentent ; cette sédimentation
amène une révision substantielle de la science des dangers : les cindyniques, pour intégrer
d’une part la nouvelle échelle des accidents, pour intégrer ensuite de nouvelles formes de
catastrophes ( type contaminations sérielles ) et enfin pour intégrer la dimension
psychologique, la question des perceptions.

Rappelons d’abord sur quoi se fondent les cindyniques :


La science du danger s’adressait initialement aux ingénieurs. L’objectif était de reconstituer
une trame d’accidents, une trame catastrophique, afin de cerner les éléments précurseurs et
afin de tirer les enseignements quant à la modification ou la transformation du système
technique en cause. Jusqu’au début des années 80, on s’intéressait à l’accident d’un point de
vue organisationnel et la question qui se pose à chaque fois est la suivante, comment faire de
telle sorte que les opérateurs puissent comprendre et transmettre des ordres, et faire
fonctionner de manière optimale des systèmes techniques complexes ? Autrement dit, on ne
cherche pas à savoir ou à étudier comment peut se construire ou survenir un accident majeur
de dimension globale et systémique, ( par exemple type réchauffement climatique ). Cad que
les cindyniques ont été construits pour des accidents très ponctuels. A partir de la seconde
moitié des années 80, on va essayer d’intégrer les nouvelles menaces et les nouvelles
dimensions de la menace. Puis, on construit un savoir particulier pr intégrer les risques
induits par la perception de l’accident même si l’accident ne survient pas, ce qui
occasionne une perte particulière pour le titulaire de l’activité.
Exemple type : les OGM pour la culture du maïs

Ce qui va fonder le savoir, c’est la sédimentation de 3 socles :


1. le socle technique : ( 1960-1979/80) première génération des cindyniques : on
va essayer de revenir à la source et on va reconstruire une généalogie de
l’accident.
2. l’étude des conditions organisationnelles : seconde génération, étape
intermédiaire, on cherche par ex qui a donné l’ordre..
3. travail sur les perceptions  : troisième génération, on travail sur les impacts
politiques et sociaux. L’accident ou la catastrophe technologique devient un
précurseur de risques sociaux et politiques.

On parle de risques psychologiques majeurs car on pense que les conditions dans lesquelles
certaines technologies sont utilisées peuvent entraîner une désorganisation politique et sociale
majeure. On quitte dc le cadre local et la logique micro sociologique, pour entrer dans
une dimension plus large impliquant des groupes sociaux voir une société au sens large
du terme. C’est cette dimension, cad la perception du risque et l’appel à autorité qui est objet
pertinent pour la science politique. Cette dimension sociale du risque peut être envisagée
comme un ensemble de conséquences systémiques que ne peuvent étudier les outils classiques
de la gestion des risques, que ne peuvent cerner les analyses prospectives. Pendant l’affaire de
la vache folle par ex entre 1996 et 1999, on a vu se développer une sorte de phobie générale.
Si on analyse les articles : dans un premier temps, reconnaissance de la charge de l’autorité
publique.. puis ensuite vient la séquence de la contre expertise, les scientifiques vont
intervenir mais ne se prononcent pas vraiment…dernière phase : les pronostics et l’alerte
devient politique car les individus vont demander des comptes.

B. les Risques systémiques et globaux 

Un risque organisationnel et global peut être défini comme une potentialité d’accidents ou de
catastrophes majeures qui peuvent être d’origine technique, sanitaire ou environnementale
et dont les incidences concerne des groupes et des espaces très larges, de niveau continental
ou planétaire. Ce st des risques typiques de la société post industrielle et « globalisée » ; Ce
sont des risques marqués par un très fort degré d’éffroyabilité. Le risque systémique global
ne peut pas être saisi par une cause unique, il s’agit d’accidents induits par une collaboration
de causes multiples sous forme de réseaux.
Exemple de AZF, archétype de ces risques multiformes.
Ces risques ou ces accidents ont des incidences politiques particulières puisqu’ils
enclenchent une séquence de risques politiques marqués par des troubles ou par
l’apparition de mouvements qui mettent en cause la responsabilité des décideurs, voir
débouchent sur la création de mouvements militants. Ces risques amènent une analyse des
processus décisionnels et nécessitent la mobilisation des méthodes d’analyse des crises
politiques ( cf Michel Dobry : Sociologie des crises politiques )
Le précurseur d’une crise politique peut être un pb d’ordre technologique : la
désorganisation des cadres de vie, des réseaux de sécurité peut aboutir à une crise politique
majeure. De même que la contamination peut aboutir à une modification des rapports de
forces politiques dans un pays..

On peut lire une partie de l’activité des mouvements alter mondialistes, comme réponse à
une perception d’un risque global et la globalisation économique et financière.

Ce type de risque pose aussi une question fondamentale en terme d’analyse du risque : les
évènements sont vécus par les individus à travers les médias ( on parle de « media
events ») cad qu’une gde partie de l’accident et du risque est formé par une perception
d’image. Ces risques sont aussi perçus à travers une forte médiatisation des expertises et
une transmission des mécanismes de peur ou d’anxiété.
Rappel d’une affaire encore non résolue : l’affaire de l’Anthrax aux Etats-Unis.

 La sociologie de la communication s’intéresse à ces types d’accidents et de suite


d’accidents et elle mobilise deux techniques pour étudier les mécanismes de la perception et
de leur traduction.
 Les analyses psychométriques cad, la mesure de l’usage de termes ou de significations par
des individus dans des situations particulières ou après des moments particuliers ou de
contextes de crise. L’idée est de mesurer l’anxiété des individus. La récurrence des termes
permet de conclure à l’existence ou à l’absence d’un rapport particulier à la peur ou au
danger.
 Les analyses scientométriques sont une technique de mesure de la diffusion d’articles,
d’images ou de conclusion scientifique. Ces analyses scientométriques permettent de
démontrer l’audience de concepts ou d’analyses scientifiques auprès d’un groupe social
donné.

Cette notion du risque systémique interpelle à deux niveaux :


1. d’abord elle interpelle quant à l’évolution même du risque, cad comment cette notion
s’impose progressivement.
2. comment cette notion de risque systémique global devient-elle organisatrice du rapport
au politique.

1). L’évolution de la perception du risque

Le terme apparaît au 16e siècle mais la notion de risque est fondatrice de la notion d’Etat
moderne. C’est ce que démontre F. Ewald dans son ouvrage l’Etat providence. L’Etat
moderne s’est voulu dès le départ un Etat réducteur des incertitudes. Ewald montre que ce
qui est à la source du contrat social c’est une demande de limitation, de réduction de cette
asymétrie entre d’une part les potentialités de la nature et les capacités des individus. Cad que
l’Etat moderne dès le départ fonde son autorité sur la capacité à réduire des menaces
extérieures. On identifie dès le départ deux types de risques à la base du contrat social :
 Les risques induits ou issus de la vie en société : dans cette première catégorie on
classe tous ce qui peut porter atteinte à la sécurité des biens et des personnes.
 Les risques induits par la nature : on y classe tout ce qui est induits par la nature,
par exemple la maladie était considérée comme propre à l’être humain, il y avait une
sorte de fatalité.
L’objectif du contrat social est d’éliminer les premiers, cad les risques induits par la
société, et de limiter au maximum les autres. Le contrat social intègre progressivement de
nouvelles formes de risques. Au début du 19e siècle, le risque devient produit d’une
activité, cad le produit d’une activité exercée par autrui et qui peut occasionner des accidents,
ou alors le produit de sa propre activité ( maladie professionnelle ). Le risque devient dc une
sorte d’externalité négative, cad une csq imprévisible d’une activité ou d’un usage qu’on ne
peut éliminer, mais contre laquelle on peut user de la technique assurancielle. C’est à partir
de cette période que s’instaure un débat autour de l’assurabilité de certaines activités et de
certains risques, ou de leur prise en charge par l’Etat dans le cadre du contrat social,
l’Etat providence.

A la fin du 19e siècle, l’évolution économique et sociale va imposer progressivement une


nouvelle catégorie de risques et d’aléas que l’Etat providence va prendre en charge. Ce sont
des risques particuliers, on les appellera les aléas sociaux, cad l’accident de travail, la
pauvreté, la vieillesse, la maladie. C’est le socle de base sur lequel vont se greffer
l’ensemble des prises en charges des risques qu’il s’agisse de risques naturels ou de risques
subis en raison de l’activité d’autrui.

La question était de savoir quel type de risques l’Etat providence va prendre en charge. La
prise en charge de risques nouveaux coïncide aussi avec l’essor de modèles assurantiels
prédictifs complexes  Ce sont ces techniques qui vont classer les risques en fonction de
leur assurabilité et acceptabilité. C’est en répondant à cette question qu’on a construit des
Etats providences ayant un rapport particulier à la vieillesse, à la maladie…par exemple
cotisation…on va déterminer ce qui est acceptable ou inacceptable, ainsi que ce qui
relève de la solidarité publique ou pas.

 L’acceptabilité social ou financière ne renvoie pas à la même signification :


- L’acceptabilité au sens assurantiel du terme : est acceptable tout risque dont
l’incidence est minime ou négligeable et dont le coût est très faible. Dc corrélativement
sont inacceptables les risques dont la source n’est pas connue ou insuffisamment connue
et dont la cible est aléatoire.
- En revanche, l’acceptabilité au sens social du terme signifie tout simplement
l’absence de risque tout court.
 Pour les assureurs, le risque est un produit, pour les individus il s’agit d’un vécu.
- D’un point de vue politique ( publique ), un risque est acceptable à partir du
moment où les nuisances induites se concentrent sur un faible nombre de personnes,
alors que les bénéfices sont largement partagés ( équation de Brookes ).

La perception du risque et son intégration dans le système dit de la providence, dépend


essentiellement du coût qu’une société/un groupe est amené à consentir dans le cadre
d’un rapport particulier au risque, à l’accident et à la solidarité. Prévaut une logique de
bénéfice et de gains à chaque fois que l’on va parler du risque et l’acceptabilité d’un risque au
sens politique du terme dépend justement de l’équation du gain et de la perte.
 L’acceptabilité sociale du risque se construit autour de l’hypothèse d’une routinisation de
ses caractéristiques, cad qu’il y a un apprentissage et une acceptation de l’accident et de la
catastrophe.
 L’acceptabilité est un processus complexe qui interfère d’une part ac la médiatisation mais
aussi avec la vulgarisation scientifique alors qu’objectivement, l’étude des types d’accident et
de catastrophe donne une échelle inverse que celle de la perception.
II. Les indicateurs

Un risque peut être ramené à des indicateurs simples. Cela peut nous donner des
caractéristiques intrinsèques et cela peut nous amener à construire une étude comparative.

A. les caractéristiques intrinsèques

Une échelle de catastrophe scientifiquement parlant signifie un classement en un certain


nombre de variables et d’indicateurs. Un indicateur est une somme, un seuil ou un degré
de gravité. Il peut s’agir d’une évolution, cad la manifestation d’un risque dans le temps,
cad l’impact exprimé selon une variable. Les variables sont au nombre de 14. Chacune
de ces variables se conjuguent en 2 ou 3 modalités.

1ère variable : la localisation ( du lieu de l’accident ou de la catastrophe ).


Elle peut être déclinée selon
 Une localisation précise
 Diffuse : à partir d’une zone en fonction d’autres variables
2ème variable : l’étendue
Comme variable elle peut avoir 3 modalités :
 Soit locale (type explosion AZF de quelques mètres, Kms )
 Régionale (épidémie type maladie de la légionellose )
 Ou zonale : le terme zonale recouvre la notion de région épidémique par ex en terme
de santé

3ème variable : l’occurrence cad le rythme de l’apparition ou de la survenance d’un accident.


On peut avoir une occurrence cyclique ( ex la grippe tous les hivers ) ou une occurrence
aléatoire, ou enfin une occurrence complexe : l’apparition est régulière mais le comportement
de l’environnement est très complexe dans le sens où il comporte des cycles de pics et
d’accalmie.

4ème variable : le déclenchement


 Soit un déclenchement lent et progressif
 Soit un déclenchement brutal 
5ème variable : la durée
Elle peut être brève : par exemple un tremblement de terre
Elle peut être moyenne : type une certaine pollution réversible
Elle peut être longue : l’introduction d’espèces invasives

6ème variable : la réversibilité cad la possibilité de réparer dans des termes de temps
humainement acceptable, les suites d’une pollution ou les suites d’un accident majeur.
 Soit une réversibilité forte
 Ou faible : la réversibilité des sols contaminés ap le démantèlement d’une centrale
nucléaire. ( cf déchets radioactifs non réversibles )

7ème variable : les impacts humains cad les csq pour les pop environnantes ou pour
l’ensemble de l’humanité. Peuvent être déclinés en 4 modalités qui croisent à la fois chiffres
et localisations :
 On peut avoir une modalité faible en nombre mais diffus cad que les cas sont
dispersés dans l’espace.
 On peut avoir des impacts forts et concentrés : par exemple les dégâts et les csq
humaines dans les zones sismiques
 Cela peut être cumulatif cad que le nombre de victimes pris annuellement ou à des
laps de temps particuliers est faible mais le potentiel global est important sur un
terme de temps relativement long. ( par exemple : le cas de l’amiante )
 Enfin on peut avoir un impact humain fort et concentré sur un laps de temps très
court. C’est le cas du tsunami
8ème variable : les impacts économiques : c’est la perte d’actifs ou de moyens de production,
ainsi que la désorganisation économique. Là aussi 3 modalités qualitatives :
 Impact faible
 Moyen
 Ou fort : exemple : ce qui se passe après tchernobyl, la zone est hors d’usage, il y a
des déplacements de pop.

9ème variable : ce sont les impacts socio culturelles : il s’agit d’étudier ou d’analyser la
désorganisation du cadre de vie, la désorganisation politique et sociale que subira une
population des suites d’une catastrophe.
 Faible
 Moyen
 Fort
Mais il s’agit d’une appréciation au sens qualitatif du terme. Au sens de l’analyse politique,
on va user d’une échelle pour analyser la situation.

10ème variable : le degré de contrôle individuel cad la capacité des personnes à échapper aux
effets directs et immédiats de l’accident.
 Le degré de contrôle peut être fort : le séisme a lieu le jour et était préparé
 Le degré de contrôle est faible : le séisme a lieu la nuit avec des habitations instables
ou ne répondant pas aux normes anti sismiques

11ème variable : le degré de perception : ici entre en jeux une série de variables et une série
de déterminants, d’ordre culturel, politique et informationnel.
Le degré de perception dépend des contextes particuliers qui tiennent au lieu et au moment
d’occurrence de la catastrophe ou de l’accident.
Par exemple la perception des accidents majeurs est très forte au Nord ( liberté de la presse…)
alors que pourtant la plupart des catastrophes majeures se produisent au Sud.
 Perception faible :
 Moyenne 
 Forte
12ème variable : la vulnérabilité ( variable technique que l’on trouve souvent chez les
géographes ) elle signifie le degré d’exposition des personnes à un risque ou à un accident, en
fonction d’une part de leurs perceptions du risque et en même temps en fonction de leur
localisation par rapport à la source. Ce qui est constitutif de la vulnérabilité des populations
est la localisation géographique mais égt le fait que les pop perçoivent ou pas le risque.
 La baisse
 La hausse de la vulnérabilité
13ème variable : la prévention : la possibilité de mettre en place des mesures pour empêcher
la survenance d’un accident ou d’une catastrophe, ou du moins d’en limiter l’impact.
 Prévention possible
 Prévention impossible
14ème variable : la prévisibilité : variable d’ordre politique : elle exprime la possibilité qu’un
événement puisse être connu au préalable, même si sa survenance est rare et aléatoire. Le
débat politique autour des catastrophes concerne tjs les mesures préventives à prendre ou pas,
cad le déploiement de moyens techniques ou humains qui rendent prévisibles un accident.
 On peut avoir une possibilité
 Impossibilité de prévisibilité
L’exemple d’un risque prévisible mais aléatoire a été l’explosion d’AZF catastrophe
industrielle qui était prévisible.
En revanche certains événements connus mais imprévisibles sont les séismes.

A partir de ces variables, on peut construire une typologie des accidents et des catastrophes.
L’échelle va de la classe 1 à la clase 5 :
 La classe 1 exprime les événements les plus forts, les plus imprévisibles, dont le
déclenchement est brutal et pour lesquels les impacts sont les plus forts. Par
convention, dans la classe 1 on trouve un type d’accident : le Tsunami
(vulnérabilité maximale et le degré de contrôle individuel est vmt faible).
 La classe 2 : ce sont des accidents et des événements qui sont aussi imprévisibles
mais dont la prévention est plus forte cad qu’on peut les voir, on peut en anticiper
certains signes avant coureurs mais dont les suites peuvent être très
dommageables. Par Convention, les exemples sont au nombre de 5 : les
explosions volcaniques, l’incendie de foret, le glissement de terrain, l’accident de
transport impliquant égt les marchandises terrestres de produits dangereux
 La classe 3 : il s’agit d’accidents localisés mais avec des phénomènes de
vulnérabilité particulièrement large et une occurrence imprévisible avec une
étendue de dégâts assez importants : les séismes, les sécheresses, cyclones,
l’accident nucléaire, les génocides, les suites de guerre civile et les maladies
infectieuses.
 Les catastrophes de classe 4 : il s’agit d’événements à durée moyenne ou brève
dont les suites et les conséquences sont lentes à se manifester et dont la
réversibilité est moyenne. On trouve les tempêtes, les inondations en plaine, les
changements violents de température, les violences urbaines, criminalité liée au
trafic de drogue, les suites de maladies dites émergentes ou les contaminations
sérielles.
 Classe 5 : elles sont prévisibles, localisées, avec une vulnérabilité limitée et un
impact concentré : la tornade, accident de transport aérien, acte lié au terrorisme,
catastrophe chimique, catastrophe minière.. etc.

L’étude ou l’analyse d’une catastrophe ou d’un accident dépend essentiellement de la


perception qu’en ont les populations. Cette classification est aussi aléatoire car tous les
risques ou les accidents d’une même catégorie n’ont pas forcément les mêmes sources ou les
mêmes conséquences, mais l’intérêt d’une telle classification est essentiellement
médiatique, informationnelle mais aussi un intérêt d’éducation des populations. Ceci
prouve que l’événement est une construction sociale. Sa réception par les populations n’est
pas obligatoirement tributaire des événements ou des indicateurs scientifiques au sens le plus
rationnel du terme. L’événement fait appel à une dimension particulière, celle de la
mémoire, cad la dimension mnésique, celle des expériences passées. Celle d’une projection
de soi dans l’accident réel ou fictif. L’événement ou l’accident dépend aussi de l’opinion
experte, celle des savants, et dépend évidement de la médiatisation et de la publicité des
opinions savantes.
 Yves Chevalier «  Experts à la télévision  » CNRS 1999
Par ailleurs, la sociologie du risque ne valide pas obligatoirement les échelles et les variables,
elle cherche essentiellement à étudier les variables et les échelles que les individus
construisent ou retiennent au moment de la survenance de l’accident ou après l’accident.
Donc une vision technique des risques est nécessaire parce qu’elle pose le pb de la question
des outils. En revanche, la sociologie des risques s’intéresse uniquement à l’impact
politique des accidents et des crises majeures. Enfin, la science politique pose une
question encore plus cruciale pour les décideurs, celle de la régulation.

B. la question récurrente de la régulation

 Est-il possible de créer des structures capables de gérer des risques technologiques
majeurs, de les anticiper ? Est il possible d’anticiper et de gérer des risques naturels à une
échelle plus ou moins large, cad régionale ou planétaire ? Autrement dit est-ce que la
régulation ( étude et gestion des comportements humains) est possible et à qu’elle échelle doit
elle se déployer ?

A partir de la fin des années 80, on passe à une vision particulière, on valide l’idée selon
laquelle, toute régulation n’est possible qu’à un niveau international et global. A cela un
événement particulier va donner un retentissement : la catastrophe de Tchernobyl. En même
temps se pose des questions particulières quant au décalage entre les perceptions des
risques au Nord et au Sud. Enfin à un niveau plus élémentaire, se pose la question de la
nature des risques à prendre en compte, celle induite par l’usage des technologies, ou faut-il y
inclure des risques sociaux et économiques à un niveau planétaire.

La vision du risque au Nord et au Sud ne coïncide pas :


- dans les pays du Nord il y a une urgence planétaire et il faut que les pays du
Sud intègrent dans leur politique de développement la dimension
environnementale au même titre que les pays du Nord.
- Pour les pays du Sud, la question environnementale n’a pas
obligatoirement la même urgence qu’au Nord.
Ainsi, lors des Sommets de Seattle de 1999 ou du Forum de Davos de 2002, il a été mis
l’accent sur la possibilité de parvenir à la construction de modalités communes de gestion
des risques majeurs. Mais les pays du Sud pensent qu’ils font face à des risques induits par
les pratiques des pays du Nord, notamment en matière environnementale.

Egt l’impact de la globalisation : délocalisation d’industries polluantes vers le Sud.


Donc, il y a 2 conceptions qui s’affrontent : l’impact de la globalisation qui pour les pays du
Nord comme pour les pays du Sud est génératrice de risques majeurs ; ce sont des risques
induits d’une part par la dérégulation et la déréglementation, mais égt des risques
induits par l’absence de contrôles quant à la volatilité des moyens de production.

 Concernant la déréglementation : à la fin des années 80, les pays du Sud ont été poussés
par le FMI et la BM à baisser et à limiter toutes les barrières tarifaires ou non tarifaires devant
la production, l’entrée sur leur sol de produits finis. Ceci va amener 2 risques :
 Une forte augmentation de la consommation de certains produits générant des
formes de pollution particulières
 Une déréglementation des moyens de transports et dc un moindre contrôle
technique ( sur les navires, les avions qui s’échappent vers les pavillons de
complaisance ).

 La volatilité des moyens de production cad que les pays du Sud font face à une vague de
délocalisation très particulière. Un certain nombre d’industries quittent les pays du Sud
selon une logique Sud – Sud. Or ces industries laissent des friches industrielles assez
nombreuses dans les pays du Sud. Cette volatilité a une double incidence économique :
chômage, perte de compétitivité, mais elle peut aussi avoir une incidence
environnementale puisque les pays du Sud connaissent des situations particulières en
matière industrielle.

Au Nord, les pays du Sud sont vus ou envisagés comme des agents de pollution, voir
comme une source de risques majeurs. Pour les pays du Nord, certains comportements
permissifs en matière industrielle ou sanitaire sont dénoncés comme étant une source
d’accidents majeurs différés. Les risques écologiques du Sud s’importent progressivement au
Nord.

Ces deux séries de griefs matérialisent en réalité, deux visions de l’environnement, deux
rapports à la globalisation, vécue comme chance et comme risque. Des pays de Nord ont
exprimé le souhait que les négociations économiques intègrent fortement un volet
environnemental. Les pays du Sud rétorquent que la question environnementale doit être
soulevées dans des forums à part, et dans le cadre de discussions politiques. Les pays du Sud
ne veulent pas établir un lien entre économie et environnement.
Chapitre 2 : les risques et catastrophes d’origine sociale ou politique

Chaque société a connu ou connaîtra des risques ou des troubles qui peuvent dégénérer en
catastrophes d’ordre politique. Mais à la différence des risques naturels, les risques sociaux ou
politiques présentent des caractéristiques particulières. Leur apparition n’est pas facile à
diagnostiquer. Il s’agit aussi de risques de nature complexe et composite. A la source de ces
risques, des causes multiples, il convient dc d’essayer d’en cerner les sources.
De prime abord on peut dire que ces risques sont induits par la dynamique particulière
des relations sociales ou politiques. Par exemple, les relations qui peuvent se nouer dans un
pays connaissant un pb de partage de ressource ou connaissant une complexité sociale entre
des groupes ethniques. En même temps, ces risques sociaux sont marqués par la
complexité des comportements des groupes et la complexité de l’évolution d’une trame
de crise. par ex une crise locale peut dégénérer en crise internationale comme au Darfour. Il
se peut que le précurseur soit d’origine écologique ou naturel.
Concernant leur cinétique ( sa dynamique ds le temps ), les risques politiques et sociaux
peuvent s’estomper et réapparaître de façon fulgurante. C’est le cas des crises politiques
induites par des crises urbaines.

On peut dire que le XXe siècle a été le siècle des catastrophes d’ordre politique, sociale ou
économique. Les 7 premières années du XXIe siècle correspondent à un pic en nombre
d’émeutes et de violences armées.
 En 2003 : 250 000 morts des suites de guerres civiles, émeutes ( dont une large partie
correspond aux morts irakiens ).

Les risques et catastrophes d’ordre politique rassemblent tout un ensemble de sous catégories,
cela signifie qu’il peut s’agir de violences urbaines, actes de terrorismes, guerres civiles,
guerres de prédation ( par ex en Irak ou en Tchétchénie ), auxquels on rajoutera les suites
sociales des trafics de stupéfiants. Les principales sources de troubles, peuvent ne pas être
d’ordre politique ou sociale. Les précurseurs cad les déclencheurs peuvent être d’origine
très particulière par exemple les famines qui dégénèrent en guerre civile.

I. Les caractéristiques des risques sociaux et politiques

Les risques sociaux ou politiques pèsent très lourd politiquement, ce sont les marqueurs de
l’actualité, ils sont plus présents que les risques naturels ou technologiques majeurs. Ils
ont dc une occurrence aléatoire mais des effets en retour ( feedbacks ) d’une grande intensité.
Historiquement, c’est dans les zones rurales qu’on a vu apparaître les résurgences
brutales de la violence. On peut dire de l’antiquité jusqu’au 19e siècle, c’est dans les zones
rurales et dans les campagnes que démarrent les violences politiques. Le 19e siècle est un
siècle de césure, siècle de l’urbanisme. Les troubles sociaux et politiques prennent de plus
en plus place dans les villes. A partir du 19e siècle, les troubles nés dans les villes se
répandront dans les campagnes. Les troubles et les violences urbaines ainsi que le
guerres civiles sont à différencier des actes de terrorisme qui sont des formes de violence
très anciennes et très urbaines dès le départ.

 G. Challiand : «  l’histoire du terrorisme de l’antiquité à Al Quaïda  »


Gérard Challiand montre qu’il y a eu trois types de terrorisme, trois vagues :
- avant la première guerre mondiale, qui frappe les villes russes ( œuvre
anarchiste ).
- Dans les années 1920, dans les Balkans il s’agit d’une arme politique,
- et dans les années 60, il s’agit plutôt de la résultante de l’asymétrie entre
les moyens utilisés par les grandes puissances et les moyens utilisés par les
groupes locaux contestataires.

Sur ce socle, on voit apparaître de nouvelles violences urbaines ( mouvement Aun ) mais ces
mouvements sont à différencier des guerres civiles, même si ils ont un foyer urbain.
 Entre 1945 et 2002, il n’y a pas de changement substantiel dans la typologie des
troubles politiques et sociaux.
Ainsi, dans le cas des guerres civiles, nous sommes toujours ds le schéma classique ou un
groupe va essayer de ravir le pouvoir à un autre groupe, selon une logique particulière ou il
n’y a pas de distinction entre les civils et les militaires. Il n’y a pas non plus de
distinction entre le front et les lignes arrières. Cad que les ennemis, les belligérants se font
fasse au milieu des populations. Il n’y a pas de batailles au sens classique du terme, il y a
des « vendettas » ou des représailles qui atteignent civils et militaires.

Deux hypothèses d’évolution marquent ce type de risque :


1. soit une évolution graduelle vers la paix car les forces politiques l’aurait
emportées dc on va vers la stabilisation
2. soit une généralisation des formes de conflit et une montée en puissance
des moyens mis en œuvre.

A. le poids réel des risques sociaux et politiques

Les risques sociaux et politiques ont une très forte présence médiatique, mais si on regarde
le nombre de victimes directes ou indirectes, on se rend compte que le nombre de victimes
ainsi que l’ampleur des dégâts est moins importants que les autres catastrophes.
 Au sein de cette catégorie générale des risques sociaux et politiques on s’aperçoit que
les troubles urbains ainsi que la criminalité est supérieure aux victimes du
terrorisme.
 Mais cette dernière catégorie est plus présente médiatiquement.
 Si on regarde à l’échelle de la planète on se rend compte que la criminalité liée aux
trafics divers est en augmentation constante au cours des 20 dernières années.
Mais elle est moins présente médiatiquement. Si on regarde statistiquement on
s’aperçoit qu’il y a une dispersion géographique sur l’ensemble de la planète.
Ainsi en Europe, la criminalité et la violence s’organise selon un axe nord sud cad qu’il y a
plus d’actes criminels au Sud, plus de violences, alors que le profil des actes et des
conséquences est différente dans les pays du nord.
- Ainsi, les crimes de sang issus des violences urbaines ont une forte
présence dans les pays du Sud.
- Les violences urbaines frappent moins les pays européens mais bcp plus
les pays de l’Afrique subsaharienne ou de l’Amérique latine.

Mais cette dispersion, ce profil géographique masque des réalités statistiques particulières par
nature de faits. Ainsi, les crimes de sang, cad les meurtres :
- en 2002 : un pays comme le Danemark : les crimes de sang ( assassinats )
sont de 100 pour 1 million. Alors qu’en France il est de 40 pour 1 million.
- Pour l’Asie et pour l’Afrique, les taux sont très difficiles à voir, mais toujours
selon Interpol, pour l’Asie et pour l’Afrique il y a une augmentation plus
forte que la moyenne internationale.
- Dans un quartier de Rio, en 1998, il y a eu 2 fois plus de crimes qu’en
France, il y a environ 208 morts de mort violente par an.
- Le record mondial est détenu par la Colombie, cad en nombre de crimes
de sang par million de population : on tourne autour de 180 pour 1 million
d’habitants sur 10 ans.
- En ce qui concerne l’Amérique du Nord ( Etats-Unis et Canada ) la
criminalité est plus le fait de groupes organisés et de moins en moins de
personnes isolées.
- En Europe, ce sont les groupes mafieux qui ont une présence continue,
c’est un phénomène très ancien.

Cf en Italie, la mafia a un effectif moyen de 5000 hommes, une armée qui lui permet de
contrôler 3 types de trafics : les trafics de cigarettes, les jeux clandestins et les marchés
publics et évidemment les trafics de drogue ( qui a été délocalisée ).
- Dans le Sud de la Méditerranée, ce sont essentiellement les criminalités
liées aux trafics de drogue ( voir Dictionnaire géopolitique des drogues de La
Brousse ) on s’aperçoit qu’il y a une zone de production et de transit, à savoir le
Maroc ( les revenus tirés de la culture du Cannabis sont énormes ) mais il existe
égt des zones de transit vers l’Europe ( Nigéria ).
- Les pays dits du croissant fertile, cad Turquie/Syrie/Afghanistan, les deux
premiers sont des zones de transit, mais l’Afghanistan est le premier
producteur mondial d’Opium.
- Enfin, dernière zone, le triangle d’Or et notamment les confins de la
Birmanie et de la Thaïlande.

 Les victimes de cette criminalité sont en nombre élevé et en constante augmentation, c’est
une spécificité du XXe siècle, cad industrialisation de la criminalité.

 Seconde criminalité typique du XXe siècle : les crimes de masse


Qu’est-ce qu’un crime de masse ?
Cf article 6 du statut du tribunal de Nuremberg : « est considéré comme crime de masse, la
direction, la préparation, le déclenchement, ou la poursuite d’une guerre d’agression,
d’une guerre en violation des Traités, ou la préparation et la participation à un plan
concerté, ayant abouti à l’assassinat, au mauvais traitement des civils dans des territoires
occupés ».
Si on valide cette définition : cela renvoie au premier génocide du XX en Juin 1915 : le
génocide Arménien. Puis en 1933-1944, le génocide des juifs. Ce sont les deux évènements
phares. Au cours du XXe siècle, on va voir se répéter ce type d’actions : le cas de la
Tchétchénie jusqu’ à aujourd’hui qui est une guerre d’extermination, le Rwanda ( 1
million de morts ), enfin le nettoyage ethnique pratiqué par les serbes en Ex
Yougoslavie. Et enfin les crimes des Khmers rouges au Cambodge.
De plus, une grande partie des guerres du XXe siècle aboutissant à des déplacements
forcés, à des exterminations massives de pop renvoient à cette définition.

En résumé, ces risques sociaux et politiques, peuvent être de deux types :


- Ils peuvent être induits, ou peuvent donner des csq dans des contextes
marqués par des violences urbaines, parfois sans base politique.
- Ils peuvent avoir pour conséquence la guerre civile ou interétatique.

B. l’évolution des risques sociaux et politiques

La perception de ces risques n’obéit pas à la même logique que la perception des risques
technologiques ou des risques naturels.
 Ces risques sociaux et politiques sont parfois minimisés voir déniés. En effet, les
acteurs politiques ont tendance à minimiser l’impact, notamment le nombre de victimes.
Il est difficile par exemple d’établir le nombre de victimes de guerres civiles.

Deux cas : la guerre civile en Algérie au cours des années 90 s’est soldée selon les autorités à
30 et 40000 morts et disparus. En revanche les différentes associations donnent une moyenne
plus proche de la réalité 150 000 morts et disparus.

Si on compare l’ensemble des violences de type politique, social et urbaine, on s’aperçoit


que sur les 10 dernières années, on a eu une baisse relative des violences urbaines. En
revanche on constate une augmentation des violences politiques. Les violences urbaines
sont plus médiatisées et fortement perçues. Une des explications donnée est la suivante : les
individus s’identifient plus facilement aux victimes des violences urbaines. Les médias
ont de tout temps mis en scène les victimes des violences urbaines. Il s’agit dc de risques
dits «  de routine ». Il y a une asymétrie entre le poids réel de l’évènement, du crime ou
de l’accident et le poids médiatique. Les médias ont besoin d’un certain nombre de repères
pour construire les perceptions. Ils insistent dès lors sur des aspects comme l’identification à
la victime.
Au cours du XXe siècle, cette asymétrie peut être remarquée pour l’ensemble des évènements.
C. une occurrence aléatoire qui rend les risques sociaux et politiques difficiles à analyser

La principale difficulté des risques sociaux et politiques c’est le fait qu’il s’agit d’événements
qui ont des causes multiples et multiformes. Si on s’en tient à la source cad à l’événement
précurseur, on s’aperçoit depuis les années 1950 que les deux sources les plus fréquentes
ont été les crimes induits par les trafics de stupéfiants et les suites d’émeutes urbaines.
Cependant, on ne peut pas conclure, donner une explication quant à la vitesse d’augmentation
du nombre de ces événements. On s’aperçoit par exemple que certains événements ont une
régularité d’apparition alors que d’autres vont disparaître puis connaître un pic
d’apparition. Il y a aussi un pb de visibilité lié à la technique de comptage : le pb reste à
partir de quand on va dire que l’événement est assez significatif pour qu’il soit pris dans
les statistiques. ???
 Il y a très certainement une logique de cycles, cad il y a des périodes dites de « calme
relatif » et des périodes de forte recrudescence : exemple, en Italie après la première guerre
mondiale, il y a eu une très forte augmentation du nombre de crimes de sang et de prises
d’otages. A partir de 1922-23, il y a une forte inflexion. L’explication qui a été donnée était
qu’après la première guerre mondiale, il y a eu une forte démobilisation des soldates doublée
d’une crise économique, puis avec l’arrivée de Mussolini, on a recruté une grande partie de
ces démobilisés.

 Donc il est très difficile de donner une matrice d’analyse. Exemple : si on construit un
modèle d’analyse autour du niveau d’exposition ( voir la variable de la vulnérabilité ), on
s’aperçoit que l’exposition aux crimes induits par les trafics de drogues et par les émeutes,
touche et se concentre sur certaines catégories sociales, avec des profils permanents qu’on
retrouve dans l’ensemble des pays, et qui sont liés à l’inscription géographique et urbaine des
deux types d’événements les plus récurrents. On va alors constater que les centres villes
sont moins touchés que les zones périurbaines. Les premiers groupes vulnérables sont
essentiellement les gens qui vivent dans les périphéries urbaines.
 Dc schéma à sens inversé : car production de l’événement à l’extérieur des villes, mais
qui peut refluer vers les villes. La tendance générale est d’importer les événements vers les
centres urbains. Les zones de production ne sont pas les zones de consommation ( par ex au
niveau des trafics de drogue ). Les troubles urbains ont souvent lieu dans les quartiers les
plus pauvres et vont avoir un retentissement dans le centre. De même que les crimes, les
suites de guerre, sont perpétrés plutôt dans les centres villes, atteignent les élites, les acteurs
des génocides sont généralement issus des franges périphériques. Il existe cependant ce
qu’on pourrait appeler une vulnérabilité concentrée : il y a des zones de troubles
endémiques. Exemple : certaines zones d’Afrique et du Moyen orient. Il existe des zones
dites « d’apparition fulgurante » situées à la périphérie de zones de conflits.

D. interdépendance des sources des crises politiques

Il faut savoir que les crises politiques, les catastrophes sociales et politiques, outre l’impact
politique peuvent avoir des incidences du type écologique, ou des incidences d’ordre
sanitaire. Ainsi, les guerres civiles se traduisent généralement par un double mouvement de
population :
1. dans un premier temps, les combattants investissent les centres villes, les habitants
vont quitter les centres villes et se disperser, se réfugier dans les campagnes.
2. Celles-ci ne peuvent faire face à une augmentation de la population. Il s’en suit
généralement une situation de famine, car la désorganisation des campagnes a pour
corollaire l’absence de ravitaillement des villes.
Toutes les guerres civiles dégénèrent en crises sanitaires et écologiques et ce à 3 niveaux :
- première manifestation : la famine
- seconde manifestation : l’apparition de pathologies induites par la
désorganisation des réseaux sanitaires
- troisième niveau : les incidents sur les éco systèmes par le biais de ce qu’on
appelle une pollution due aux résidus physiques des conflits armés, dont les
mines non explosées.
Les risques sociaux et politiques induits par la criminalité organisée, ont eux aussi des
incidences particulières.
 Ainsi, les trafics de drogues peuvent dégénérer en conflits de type guerre civile.
 Les risques sociaux ou politiques peuvent égt avoir des incidences écologiques : la culture
du pavot ou du cannabis ont des incidences écologiques très graves : d’abord la soustraction
aux cultures vivrières de grandes superficies, mais égt cela peut entraîner une certaine
destruction de la flore. Donc les crises sociales et politiques, outre les incidences humaines,
peuvent constituer des précurseurs particuliers à de nouvelles crises.

II.structuration spatiale des risques sociaux et politiques


Ils peuvent être analysés selon un schéma centre/périphérie inversé. Ils peuvent être
illustrés par une géographie en réseau. Ils ont pour résultante des « accélérateurs » qui
sont des points d’encrage urbains :

A. un modèle centre-périphérie inversé

 Le modèle centre périphérie permet d’analyser des relations entre un espace central
dominant et un espace périphérique dominé. Ce schéma a été utilisé pour analyser et
étudier les relations entre le Nord et le Sud. Sous l’angle économique, le Nord ou le centre
exporte vers le Sud ou la périphérie des biens, des services et surtout des investissements.
Cad que c’est le centre qui impose à la périphérie une dynamique économique
( mécanisme de la dépendance). Dans le cas des risques, c’est la vulnérabilité de la
périphérie qui peut avoir une incidence sur la sécurité du centre.
 Statistiquement, les troubles politiques, les guerres civiles, les catastrophes écologiques
sont plus fréquents dans les pays du Sud, dans la périphérie, mais ont un retentissement
par une exportation de leurs incidences vers le centre. On peut dire que la géopolitique des
risques se structure selon ce schéma. La ligne de fracture ne sépare pas des espaces
homogènes ethniquement ou économiquement. Elle sépare des lieux d’apparition,
d’occurrence des risques, et des zones d’incidence, même si ces zones d’incidence sont
secondaires. Le centre va recevoir une partie de la vulnérabilité produite par les pays du
Sud.

1. une géographie en réseau

Tant les suites de catastrophes sociales et politiques que leurs précurseurs peuvent être étudiés
sous forme de réseaux dont l’action est visible. Ainsi les trafics de drogues, d’armes voir
même le terrorisme international peuvent être décris sous forme de réseaux, cad que
l’action des groupes, des individus se structure par le biais de proximité ethnique, culturelle
ou politique, ou alors sous forme de réseaux financiers. Ainsi les trafics de stupéfiants se
structures selon des réseaux particuliers où se croisent des proximités régionales,
ethniques ou des solidarités locales. Autrement dit, l’exportation des stupéfiants se
double d’une exportation d’une certaine solidarité. C’est ainsi qu’on retrouve dans les
lieux d’importation reconstitués, reproduits des réseaux familiaux locaux qui structurent le
trafic de stupéfiants et les autres trafics.

Les crises politiques induites par les trafics de drogue reproduisent elles aussi des logiques de
réseaux. Ainsi, certains troubles politiques dans les zones d’exportation sont en réalité une
transposition de la confrontation économique dans le champ de la confrontation politique.

2. Le poids réel des réseaux liés aux trafics, précurseurs de risques politiques

On estime que ces réseaux concentrent entre 1 et 13% du PIB mondial. Leur poids est
plus difficile à évaluer. On estime que nombre de pays sont désormais sous l’influence directe
ou indirecte de réseaux des trafics illicites. Prenons 3 cas :
- Une partie de la Colombie est soustraite à la souveraineté et au contrôle du
gouvernement central. Cette zone concentrait au cours des années 80-90 la plus
grande zone de production de la coca.
- Il en est de même de la Birmanie et notamment de la zone du triangle d’Or
- L’Afghanistan

L’argent tiré des trafics de drogue ou d’armes va souvent à la rébellion. Le poids


financier et le poids politique de ces réseaux ne sont pas négligeables.

3. L’Accélération des crises sociales et politiques

Une grande partie des crises sociales et politiques naissent dans les centres et les zones péri
urbaines. Progressivement, les centres villes deviennent à la fois des refuges mais ensuite des
lieux de troubles. Qu’il s’agisse de troubles induits par la criminalité organisée ou qu’il
s’agisse de troubles politiques, les villes, les espaces urbains sont devenus des lieux de
confrontation. Depuis la 2nde guerre mondiale, la ville est devenue un lieu de combat ( cf
Colonel Dufour : « la ville et le combattant » ) Toutes les formes de résistances, d’insurrection
se sont déployés et développés à l’intérieur de l’espace urbain. Il en est de même pour les
réseaux de soutiens politiques ou les réseaux de trafics illicites. La ville, l’espace urbain est
devenu au cours du 20ème siècle l’accélérateur des risques sociaux et politiques.

Les accélérateurs des crises politiques sont d’une part la croissance urbaine, mais d’autre
part la localisation dans les espaces urbains d’une grande partie des ressources induites par
les différents trafics et par les réseaux. Une dépendance s’installe entre ceux qui se battent
dans les espaces urbains et les populations qu’ils sont sensés protéger : échange de bons
procédés (nourriture contre protection) naissance d’une micro économie.

Ces points de fixation vont avoir un impact sur l’écosystème. Ces accélérateurs ont des
conséquences très importantes. Les espaces urbains se transforment en point de fixation
des risques. Une catastrophe d’ordre politique peut se muer en catastrophe écologique.
C’est ainsi que des destructions par incendies ou des dynamitages de digues ou de barrages, le
minage des espaces urbains ou péri urbains constituent les principales conséquences des zones
de fixation des belligérants et des réseaux.

Généralement on estime que les troubles urbains, les guerres civiles sont responsables de deux
mouvements qui mettent aux prises les zones urbaines et les zones périurbaines.
1). Dans un premier temps, au moment des troubles, les civils quittent les villes et
les espaces urbains et se réfugient dans les zones rurales. D’où une surcharge de
ces zones de culture et leur destruction.
2). Dans un second temps, il y a exportation vers les zones rurales de
l’insécurité des villes ; cad que les belligérants vont essayer de suivre les flux des
populations. Dc à cause de l’exportation vers les zones rurales des troubles, les
ruraux vont quitter les campagnes et migrer vers les villes. Les campagnes vont
se dépeupler. Une partie des troubles vont avoir lieu dans les zones de culture. En
même temps, dans les villes, l’afflux de population plus nombreuse va désorganiser
totalement l’infrastructure urbaine. Notamment désorganisation des systèmes de
ravitaillement. Les villes ne sont pas dimensionnées pour accueillir ce
surpeuplement. Donc au final on voit survenir l’apparition de famines.
Exemple : la ville de Grosny : 1ère phase : l’indépendance et les russes quittent la ville, 2nde
phase les campagnes reflues vers la ville détruite. Là une a une vision apocalyptique
avec émergence de maladies ( choléra..) de famines…

Dans les villes se concentre l’ensemble des stigmates liés aux catastrophes politiques. Il
s’agit d’abord de problèmes sanitaires épidémiques ou endémiques.
La ville peut devenir un lieu de famine avec l’apparition des stigmates de la malnutrition. Les
villes détruites rendent possible l’implantation de réseaux de trafics et accélèrent donc les
précurseurs des risques sociaux et politiques.

B. Les catastrophes socio-politiques et restructuration de l’espace.

Les guerres civiles et les catastrophes socio politiques produisent une structure de l’espace.
Tous les pays qui ont connu les guerres civiles ou des troubles politiques ont vu leurs
structures spatiales évoluées. Il y a une dynamique binaire : une hypertrophie des villes
d’un côté et de l’autre un dépeuplement des campagnes de l’autre.

1. l’hypertrophie des villes 

La capitale de la Sierra Léone, Freetown a vu sa population multipliée par 10 en 5 ans.


Autre exemple, Grosny lors de la première phase du conflit a vu sa population doubler en
moins de 6 mois. Dans la seconde phase de la guerre, la ville va perdre le tiers de sa
population en moins de 1 an.

Cette augmentation de la population rend difficile la reconstruction une fois la paix


retrouvée car en effet, la structure de l’espace et les moyens financiers ne permettent que très
rarement l’intégration des populations nouvellement arrivées dans la ville d’où la
multiplication des cercles d’habitats précaires ou de camp de réfugiés.

2. le dépeuplement des campagnes

Cela obéit à une double logique :


- d’une part il s’agit d’une technique et d’une action volontaire des
belligérants car l’objectif est d’empêcher le ravitaillement des centres
urbains
- les campagnes se dépeuplent car la production se désorganise du fait des
combats. Suit ensuite une phase de transfert des moyens de production vers des
zones moins fertiles. Les zones les plus fertiles vont être utilisées pour des
cultures illicites qui vont permettre de payer l’effort de guerre.

 Donc les guerres civiles constituent un accélérateur de la croissance urbaine


anarchique et un accélérateur de la dépendance alimentaire.
Chapitre 3 : les risques et catastrophes du vivant

 Qu’est-ce qu’un risque ou une catastrophe du vivant ?

On parle d’accident ou du risque du vivant pour désigner des accidents ou des catastrophes
induites par l’exploitation ou l’utilisation de produits issus d’entités vivantes. Il s’agit
donc de risques ou d’accidents induits par une action volontaire de production du vivant. Par
exemple, si on introduit un gène à l’intérieur du vivant.
C’est une catégorie de risque assez récente : elle emprunte aux risques technologiques
majeurs d’un côté, mais aussi à la catégorie des risques sociaux et politiques. Cela
emprunte aux deux formes car l’ensemble des individus se mobilisent dans des conjonctures
marquées par les contaminations induites par l’usage du vivant ou des entités vivantes, selon
un modèle comparable à celui constaté au moment des catastrophes sociales ou politiques.
Ainsi on a d’un côté le mécanisme technique qui amène une analyse de type cyndinique.
Mais de l’autre on a la perception qu’en on les individus ce qui nous ramène à des
analyses psychologiques.
Ces risques du vivant constituent aussi une catégorie à part car il n’y a pas une forte
antériorité des événements.
Il s’agit aussi de situations ponctuelles dont on pense qu’elles pourraient avoir une
incidence néfaste dans l’avenir.

La question des catastrophes du vivant va mobiliser un certain nombre d’études qui


concernent non seulement l’écologie comme discipline mais aussi de plus en plus le droit,
la philosophie et bien sur la science politique. C’est un objet d’étude qui devient visible au
cours des 30 dernières années du 20ème siècle. A partir de 1972, et le fameux moratoire
d’Asilomar en Californie. Il s’agissait d’une réunion des plus éminents biologistes appelant à
la suspension voir à l’interdiction de certaines manipulations du vivant car on estimait que la
maîtrise des processus était très faible et qu’une contamination, une pollution majeure n’était
pas exclue. Nous étions alors dans le « modèle de la prudence », cad que toutes les voies de
recherche peuvent être explorées mais sous réserve d’une maîtrise des usages.

Vers la fin des années 80, Hans Jonas va parler d’une « éthique de la peur » et prôner un
principe dit de responsabilité, cad la possibilité de suspendre, voir d’interdire si on
estime qu’une recherche ou un usage est insuffisamment maîtrisé.

Enfin, vers la fin des années 90, on entre dans « l’ère de la précaution » cad que « lorsque
les actions entreprises aujourd’hui laissent entrevoir la possibilité de la réalisation d’un
risque dans l’avenir, il faut s’abstenir par précaution. Le principe de précaution amène
une suspension de toute action pour ne pas reporter sur les générations futures l’impact
de processus ou d’action insuffisamment maîtrisées.

Ainsi, le débat actuel sur les OGM illustre les trois étapes :
- On est passé en effet, d’une possible expérimentation sous réserve de non
nocivité immédiatement,
- à une seconde étape ou il était possible d’obtenir de nouvelles variétés mais
sous réserve de suspension.
- Et enfin la troisième étape actuelle marquée par l’usage de « clauses de
sauvegarde » cad la suspension préalable de l’usage et de la recherche avant
développement.

F.Guery et Corine Lepage dans Politique de la Précaution : l’objectif des politiques serait
d’organiser toutes les formes de moratoire afin de rendre les suspensions, les permissions et
les interdictions d’usages possibles et de les fonder sur une décision démocratique. Du point
de vue de la Science politique, les risques et les catastrophes du vivant constituent un domaine
très intéressant car ces risques mobilisent des secteurs de la société, font ressortir des
clivages qui remettent en question des clivages traditionnels. La science politique
s’intéresse aussi à ces risques dans la mesure où ils remettent en question les outils
classiques des politiques publiques.
En ce qui concerne les modèles d’analyse : celle utilisée dans le cas des risques majeurs
induits par l’usage ou la manipulation du vivant, sont en réalité une transposition vers le
vivant des méthodes utilisées dans la gestion du risque industriel. On obtient donc au total une
typologie de risques assez intéressante.
- Il y a d’une part des risques sans catastrophes, cad des risques dont on
n’arrive pas à cerner la réalisation possible. Par exemple les biotechnologies dans
le monde végétal.
- Des risques déjà connus et qui se traduisent par des catastrophes ou un
potentiel accidentel inédit ( par ex le SRAS ).

I. les principales caractéristiques des risques et des catastrophes du


vivant

On peut trouver 5 caractéristiques principales :

1. d’abord ce sont des catastrophes à dimension planétaire

Si on regarde en terme de chiffres, et en terme de cinétique ( évolution dans le temps et dans


l’esapce ), les risques et les catastrophes du vivant sont plus développés et plus étendus
que les catastrophes naturelles ou technologiques.
Si on regarde sur une période très longue, de l’antiquité à la découverte de l’Amérique, on
remarque que les épidémies étaient très localisées et qu’elles tendent à partir de la fin du 15 ème
à devenir des pandémies, notamment du fait de l’ouverture des voies maritimes. Le premier
vecteur étant l’homme, s’il se déplace sur le globe il déplace aussi les maladies.
A partir du XVe siècle on entre dans l’ère des catastrophes transcontinentales : au XIVe
siècle, la peste noire tue plus du 1/3 de la population européenne. Un nombre assez élevé en
Asie et en Afrique. Les risques biologiques sont contenus dans des zones de manifestation
assez réduites mais peuvent se propager très rapidement.

Les catastrophes dites biologiques ne sont pas une catégorie unifiée. A côté de cela on a deux
autres catégories :
- celles qui sont sans potentiel catastrophique mais qui peut modifier un
potentiel génétique.
- On peut trouver des risques du vivant avec un fort potentiel meurtrier
mais non vérifié : exemple de l’affaire de la vache folle

2. ce sont des risques ayant un très fort potentiel et un impact particulier

En moyenne les catastrophes du vivant ont un impact très élevé.


Première conséquence : on peut citer une altération durable de la pyramide des âges.

3. une inégale perception du risque liée au vivant

Il s’agit de risques ou de catastrophes fortement perçu dans les lieux où ils surviennent.
Ces risques sont perçus en fonction d’un certain nombre de variables au nombre de 4 :
 le caractère spectaculaire et catastrophique
 la cinétique cad la progression de la catastrophe ou de ses manifestations dans une
population. Plus la cinétique est forte, plus la perception est forte.
 La localisation ( le lieu ) avec forte ou faible tradition de médiatisation : la
perception du risque est influencé par la zone où il survient car parfois l’information
sur les risques n’est pas relayée.
 Le rythme des catastrophes : la fréquence. Ce sont des risques à la fois répétitif
et aléatoires. Certains frappent de façon répétitive : exemple la grippe a une
fréquence annuelle, d’autres apparaissent comme suite d’évènements non sanitaires
comme les famines des suites de guerre civiles ou d’inondations. Les catastrophes
sanitaires ont un rythme assez aléatoire, même si l’absence de régularité ne signifie
pas l’absence de cause.

4. La vulnérabilité typique des risques du vivant 


la vulnérabilité cad le degré d’exposition des personnes au risque se distribue de façon très
inégale. Cette vulnérabilité dépend de 3 facteurs :
- la mobilité des hommes : en se déplaçant d’un lieu à un autre on augmente sa
propre vulnérabilité, mais on peut égt être soi même vecteur de risque et par
conséquent augmenter la vulnérabilité des autres.
- le contexte, le moment : on remarque ainsi que durant les crises politiques ou
éco, la vulnérabilité des individus augmente. Certaines maladies ou certaines
pathologies réapparaissent.
- Les conditions écologiques et climatiques : il existe des zones endémiques
pour certaines maladies comme par exemple des zones fortement touchées par
des fièvres ( ex le Tchikungugna en Réunion )

Donc les risques du vivant présentent des modalités de vulnérabilité très particulières qui
dépendent donc du terrain biologique, des caractéristiques de la population. On remarque
ainsi que les personnes vivant dans un espace urbain développent moins de maladies et que
par contre ceux qui se déplacent peuvent développer une vulnérabilité particulière. Donc on
peut dire que la vulnérabilité est soit construite ( parce qu’on habite à côté d’un foyer de
risque ) soit héritée ( à la morbidité et à l’état sanitaire d’une population ).

Si on compare la vulnérabilité dans le cadre des risques du vivant à celle des risques
technologiques : la première ( risque du vivant ) ne comporte pas de facteur discriminant.
Ainsi, les distances ne constituent pas obligatoirement un obstacle car la forte mobilité
des hommes augmente la vulnérabilité.

La dernière décennie du XXe siècle, a été certainement la décennie dite « du risque du
vivant » : il y a eu d’abord les contaminations sérielles et puis les contaminations liées aux
déplacements de personnes et des produits.

 Concernant les contaminations sérielles : il y a d’une part celles qui ont eu une très
forte présence médiatique. Par exemple l’hormone de croissance ou encore la vache
folle, liés à des dysfonctionnements des appareils sanitaires. Si on regarde les médias
entre 96 et la fin des années 90, il y a eu environ 340 à 350 présences médiatiques
( cad articles de plus d’une page ). Est-ce une rupture ou une récurrence ?
 La décennie 90 a été un moment particulier dans la mise en place d’une très forte
mobilité des individus et des produits : décennie de démocratisation du transport
aérien. Par ailleurs, les nouveaux accords commerciaux ( accords de Marrakech, le
Doha round ) ont accéléré les déplacements de produits et de sources sanitaires. Or
les contrôles aux frontières sont rendus complexes à la fois techniquement, mais aussi
par le biais des engagements internationaux.
 Etats et mondialisation : structures et stratégies p.153

Chapitre 4 : Les risques Internationaux

Qu’est-ce qu’un risque international ?

 Un risque international est une incidence économique d’événements d’ordres politiques


et sociaux. Cad que dans les risques internationaux, le précurseur est un événement politique
qui émane soit d’une décision volontaire d’une autorité politique ( nationalisation ) ou soit
d’un événement politique involontaire induit par une situation politique qui peuvent
occasionner une perte d’actifs, de collaborateurs à un opérateur économique.
Donc plusieurs précurseurs :
1. soit le risque souverain, cad la volonté d’un Etat à nationaliser ;
2. soit le risque politique structurel, cad par exemple la perte d’actifs du fait d’une
guerre civile ou d’une invasion. Climat social
3. Dernière catégorie : les risques politiques induits par des décisions de politique
économique, de politique monétaire ou financière qui vont avoir non seulement une
incidence économique, à savoir dépréciation d’actifs. Mais ces risques peuvent aussi
avoir une incidence de politique structurelle. Par ex en Argentine les pbs économiques
vont entraîner de la contestation.

Les risques internationaux sont une catégorie particulière de risques auxquels les crises
économiques et les crises politiques donnent un relief particulier. Les risques internationaux
sont aussi un champ professionnel qui est à la lisière de la géopolitique et de l’analyse
économique. Les risques internationaux ont donné naissance à un marché d’expertise
particulier dans lequel certains opérateurs se sont spécialisés dans l’analyse et la
notation ( rating ).
1. Initialement ce marché a concerné les risques politiques encourus par les
opérateurs investissant ou détenant des actifs dans des pays nouvellement
indépendants.
2. La seconde génération au cours des années 70-80 est celle qui concerne les modèles
d’analyse et de rating centrés sur l’évolution économique et les risques encourus
dans certains pays qui peuvent se déclarer souverainement en cessation de paiement
de leurs dettes.
3. troisième génération actuelle : celle des modèles construits pour essayer d’anticiper
les incidences des crises financières liées à la forte mobilité des capitaux et qui a
occasionné des crises au cours des années 90.

Donc on obtient la sédimentation de 3 modèles :


1. Le premier étant lié à une décision politique qui va induire une incidence éco et
financière
2. Le second modèle est lié ( cas des crises mexicaines et brésiliennes, et crise en
argentine )
3. Le dernier modèle est lié à la fluidité des capitaux ( crise en Asie ).
Schmidt : revue Risque : mise en place d’une quatrième génération mais tp ambitieux.

 Le dernier modèle qui a permit l’analyse des risques lié au crises éco des années 90 s’appuie
sur les études des bouleversements financiers, eux même conséquence de la forte ouverture
des économies pendant les années 90. C’est au cours de ce contexte particulier
d’instabilité que le concept de risque international reprend une certaine vigueur et
entraîne une forte demande d’information concernant le profil des pays et des situations
à risque pour des opérateurs économiques. Cette demande d’information reçoit comme
réponse un ensemble d’analyses fondées sur une évaluation du risque et une notation de
la situation du pays.
 Comment évaluer un risque politique et économique ? Comment le traduire en
appréciation ?

L’ensemble des opérateurs élabore des analyses et diffuse les informations soit à travers
des sources ouvertes, soit à travers des publications, soit enfin à travers des services en
ligne. Ces opérateurs sont en grande partie des agences de rating comme Fitch rating,
Political risk services, Moodiy’s et standart and poor. Ce sont les spécialistes qui ont une
renommée mondiale, auxquels ont peut rajouter les assureurs de crédit. En France nous
avons la Cofass, il existe 2 gds cabinets de consulting en la matière : Buisiness environment
Risk intelligence, ou encore le cabinet français Nord-Sud consultants, Economic
Intelligence unit. Ces opérateurs fournissent des instruments tactiques à la fois pour les
opérateurs financiers, pour les investisseurs, et bien sur pour les financiers, ceux qui
supportent des créances commerciales ( assureurs de crédit à l’export…). La notation que
ces firmes proposent a pr objectif d’aider les décideurs économiques dans la prise de
décision en mesurant le niveau moyen de risque de perte ou d’impayé. La notion de
« risque pays » sur laquelle ces firmes fondent leur analyse n’est pas homogène. Il existe en
effet des angles de vue en fonction de l’opérateur ou de l’acteur économique. Donc la notion
de risque pays employée ou utilisée par ces opérateurs ne recouvre pas la même définition que
retient la science politique.

I. Les angles de vision adoptés


 Pour la science politique le risque pays signifie la possibilité qu’une crise politique
dégénère en une désorganisation et aboutie par conséquence à une suite d’évènements
sociaux et politiques aboutissant eux-mêmes à un processus ultime de guerre civile ou de
guerres interétatiques.

 En revanche, pour les opérateurs cad ceux qui se spécialisent dans le risque pays, cette
notion peut être approchée en fonction de 3 pts de vue :
 Certains insistent sur la composition du risque en fonction du type
d’acteurs touchés,
 soit en fonction de la nature du risque,
 soit enfin du type de crises conduisant à la manifestation du
risque.

Autrement dit, les opérateurs approchent le risque pays de 3 angles différents, qu’on peut
résumer en 3 indicateurs :

1). Du pt de vue du créditeur national, la définition du risque pays suivant cette optique
consiste à se positionner du côté de l’entité économique nationale qui subit le risque pays
d’un tiers. Dans cette optique on va détailler les incidences bancaires, les incidences
financières et les incidences commerciales. Autrement dit, on va essayer de voir depuis la
France qu’elles seraient les incidences d’un opérateur étranger.

2). Du pt de vue du débiteur étranger, c’est la nature du risque qui est mis en avant cad
que le risque pays est apprécié en fonction des caractéristiques de l’entité économique
qui en est l’origine. On se focalisera alors soit sur un risque induit par une décision d’Etat,
c’est le risque souverain ; ou soit par un risque induit par une défaillance d’Etat

3). 3ème optique : on peut prendre le fait générateur de crise. Autrement dit on va essayé
d’analyser l’enchaînement des événements ayant abouti au risque. Dans ce sens le risque
Economique aura pr source un incident politique. Il va induire un risque économique qui
formera la trame du risque pour l’opérateur étranger

Les frontières entre les notions restent floues. On s’aperçoit en réalité que pour chaque
segment du risque politique, ( l’opérateur cad celui qui a une crainte particulière à encourir un
risque ), peut s’adresser à une agence particulière. Exemple, la Cofass en France s’occupe
du risque commercial, alors que les agences de rating s’intéressent essentiellement au
risque souverain. Enfin, le cabinet Nord Sud consultants s’intéresse au risque encouru par
les investisseurs industriels. En fait, l’information sur le risque politique est multiforme.
Les sources sont très variées et les sources n’ont pas toutes la même fiabilité. Dès lors, il est
très difficile de construire un modèle d’analyse unifié, une sorte de méthode unique car en
effet les critères de notation diffèrent selon les opérateurs. Les méthodes de récoltes
d’informations aussi sont différentes.

A. Les critères de notation

Compte tenu du nombre d’acteurs économiques qui ont besoin et qui ont recours à la notation,
Compte tenu aussi du nombre de pays, les divergences quant aux résultats émis par des
institutions chargées de noter ou d’évaluer les risques d’un pays ont trois sources :
1. soit une divergence quant aux critères utilisés pour traduire les différents risques.
Exemple : on remarque que dans un pays il y a des émeutes, on va les traduire par des
risques politiques, alors que cela peut être seulement sécuritaire.
2. la méthodologie employée pour évaluer diffère d’une agence à une autre 
3. la notation : en effet certains vont utiliser des notations par lettre ( A = risque le
plus faible, D = risque le plus fort ). D’autres vont complexifier le système en y
additionnant des niveaux. C'est-à-dire qu’on crée des échelles. Les opérateurs qui
privilégient l’usage des chiffres auraient une perception plus précise. Les critères sur
lesquels se basent les analyses de risques pays/internationaux sont pour la
plupart d’ordre quantitatif ( c’est qu’on appelle des ratios ). Par exemple en
matière d’exportations l’indicateur ratio est le nombre de devise en jour export. Les
ratios sont issus des grands agrégats économiques PIB PNB…ces mêmes opérateurs
s’inspirent de données issues des sources nationales comme la banque centrale ou les
ministères en charge des affaires économiques, ou alors à partir de sources
internationales : ceux de la BM, du FMI ou de l’OCDE. D’autres critères liés par
exemple à la dette, s’inspirent d’estimations calculées à partir de séries statistiques. Ce
type d’indicateurs permet de disposer d’informations chronologiques quant aux
performances des économies et aux caractéristiques de leurs structures. On peut ainsi
mettre en relief des événements cycliques. Mais ces critères quantitatifs sont
précisés par des analyses qualitatives. Celles-ci se fondent essentiellement sur les
avis d’experts. Donc, chaque indicateur de risque ou d’absence de risque est issu
d’une part d’une analyse quantitative mais aussi de critères d’appréciation qualitatifs
analysant des faits réels. Les analyses se fondent aussi sur une appréciation du poids
relatif de chaque source de risque. Autrement dit, dans les modèles d’analyse,
l’analyste/l’opérateur va « pondérer » son analyse.

pondération Type de risque Composition

Structurel  PIB
 Part des
1 exportations par
rapport aux
importations

Souverain Taux de fermeture


des secteurs
1
La volatilité des lois
Contexte des Corruption
4 affaires Infrastructure

15 ans 3 mois

Ce tableau résume les différentes matrices adoptées mais aussi le flou lié aux approches.
Chaque agent économique qui s’estime toucher par un risque peut avoir recours à une
institution spécialisée dans son segment d’activité. Ainsi, à titre d’exemple, certaines agences
se sont spécialisées dans le risque souverain, cad que leur activité se concentre
essentiellement autour de la notation des performances économiques et autour du risque
politique encourus par un acteur. Par exemple les agences de rating comme moodiy’s ont
pour objectif de donner à leur client une information sur les risques politiques qui
peuvent avoir un retentissement sur la vie économique. Si par exemple, on s’intéresse au
risque commercial, cad risque à court terme l’opérateur sera une société d’assurance du
risque commercial. S’il s’agit d’un investissement direct ( IDE ) nous sommes dans une
optique d’investisseur industriel et l’opérateur, l’évaluateur serait ici un spécialiste du risque
bancaire. Ainsi, le contexte des affaires peut être bon ou pas.

Ainsi, la diversité des entités qui étudient les risques pays a pour conséquence aussi la
diversité des sources d’information à la disposition des agents. C’est là aussi la conséquence
de la diversité des critères de notation et parfois une certaine opposition entre les critères
utilisés et les conclusions.

II. Typologie des critères de notation


 La notation du risque ou son évaluation est une activité qui regroupe des analyses de
type économiques ou économétrique mais aussi des évaluations qualitatives d’ordre
politique qui concerne le climat politique, le contexte géopolitique immédiat et qui
concerne aussi des situations particulières, liées aux relations sociales.
 Cela pose la question de la scientificité de l’expertise.

Compte tenu du nombre d’agent économique qui ont recours à la notation, compte tenu aussi
du niveau d’importance qu’ils accordent à la notation du risque et enfin compte tenu de la
multiplicité des sources, les divergences qu’on constate entre les différentes
sociétés/entreprises de rating ont pour source trois facteurs :
1. premier facteur : les critères utilisés pour traduire le risque
2. les notations attribuées
3. la méthodologie de recueil

A. le critère de la notation

On va prendre trois institutions, trois structures qui travaillent dans le champ du rating :
- Fitch : ce grand cabinet intervient sur un panel de 75 pays, couvre tous les
secteurs économiques ( agroalimentaire, pétrole, transport, logistique..). Fitch
note 70 états et plus de 100 collectivités ou gouvernements locaux. Fitch
aborde l’ensemble des secteurs sous forme de 14 groupes auxquels Fitch
applique 103 critères. Fitch dispose des critères les plus larges et les plus
précis.
- Moodyi’s : Moddyi’s couvre un échantillon de 100 pays avec un système
d’évaluation des risques basé sur un système de variables politiques et
économiques. Ces critères de stabilité ou d’instabilité économique ou
politique sont au nombre de 5. Exemple : évaluation de la possibilité d’une
transformation ou d’une modification violente d’un système politique.
- Standart and Poor’s : ce cabinet couvre 77 pays et le système mis en œuvre
s’intéresse essentiellement aux risques souverains, cad la possibilité d’une
évolution du contexte économique en raison d’une décision d’ordre
politique, type nationalisation, modification de la législation sur les
transferts de change…Dès lors, ils décomposent le risque souverain en 47
critères qui aboutissent à 9 variables qui couvrent à la fois l’espace
économique et politique.

Donc, chaque agence de rating adoptera en fonction de son objectif et du risque à analyser une
méthodologie qui lui est propre. Donc chaque agence va se donner un profil.

 On peut avoir une démarche quantitative ou qualitative ou un mixte des deux. En


général ce sont les questions politiques qui nécessitent un traitement qualitatif. Celui-ci
suppose la construction et l’administration d’un questionnaire à des spécialistes d’un
domaine. L’objectif est d’attribuer une note subjective basée sur l’expérience de l’évaluateur ;
ce dernier va évaluer à partir d’une échelle fournie par la société de rating des évolutions
prévisibles d’un contexte politique. Il existe un grand nombre d’institutions spécialisées dans
l’évaluation du risque pays sur critère politique.
 Le pb fondamental est la procédure de transformation des critères économiques en
indices estimateurs du risque cad que les structures de notation disposent de critères
objectifs, d’indicateurs stables. Ce qui pose pb ce sont les explications et les analyses qui
vont étayer la notation des critères économiques. Le passage du quantitatif au qualitatif
cad l’appréciation au niveau économique relève d’une boite noire. Chaque agence
décompose ces critères en variables auxquelles elle va donner une importance plus ou moins
grande en fonction du risque à évaluer et du contexte, c’est ce qu’on appelle une
pondération. Cette pondération, les analystes l’expliquent peu, c’est une méthode d’analyse
qui relève presque de l’intuitif.

Concernant la société Fitch, elle décompose le risque pays en 3 catégories :


- D’abord le risque politique proprement dit cad l’évaluation de la stabilité ou
de l’instabilité du pays et l’éventualité d’une exposition aux tensions
susceptibles de toucher la souveraineté du pays
- Le risque économique qui met en évidence les avantages et les inconvénients
de la politique économique engagée dans ce pays
- La troisième catégorie concerne le risque financier, cad la capacité d’un pays à
honorer ses engagements et à couvrir ses dettes.

Mais la société Fitch ne pondère pas ces critères cad qu’elle ne donne pas une
prééminence à l’une ou à l’autre source de risque.

L’activité d’évaluation du risque pays a pr objectif de classer les sources de risque pour un
même pays et de comparer la situation des pays entre eux. Pour un même pays, les
interprétations peuvent varier car chaque opérateur/ évaluateur intègre des données ou
privilégie des facteurs qu’un autre acteur n’intègre pas, d’où les variations entre les
notations pour un même pays. ( par exemple un pays comme le Zimbabwe sera considéré
comme risqué et dc classé dans la catégorie D par exemple, or ont pourra trouver des acteurs
qui le noteront D ++. En revanche on ne peut pas imaginer qu’il y ai de gros écarts, mais ces
écarts à l’intérieur des catégories de risque peuvent s’expliquer par la méthode de notation
notamment si l’opérateur pondère ou ne pondère pas. )

 Donc pour conclure sur les risques politiques, la problématique des risques politiques
est différente des risques dits naturels ou technologiques. Ces risques dépendent d’une
multitude de facteurs. Ils dépendent en effet des performances économiques mais aussi et
essentiellement des critères d’appréciation qu’en ont les évaluateurs. Pour une large part, il
s’agit d’une traduction subjective de critères de stabilité ou d’instabilité.

Chapitre 5 : la complexité fonctionnelle des risques

Les cindyniques : science des danger, le terme vient du grec kindinos qui veut dire danger. Ils
apparaissent à la fin des années 40 début des années 50 et trois générations de connaissance
vont suivre. L’objectif initial était militaire. On se posait la question de savoir statistiquement
parlant quel était le taux ou le niveau de fiabilité des systèmes techniques complexes et plus
spécifiquement les missiles balistiques. Les cindyniques se construisent autour d’un savoir
pratique, où l’acquis de l’expérience est primordial.

Règle 1 : l’apprentissage par l’accident ou par la catastrophe.


On suppose que des conditions particulières, des éléments peuvent entrer en interaction et
aboutir à la réalisation du risque ou de la catastrophe.
L’une des 1ère méthode consistait en une cartographie reconstitutive du scénario de l’accident.
Les cartographies suivent un cheminement probable. L’objectif est de suivre la suite des
catastrophes. A partir de ces scénarios ont crée une matrice qui permet de classer les variables
en fonction de la forte probabilité de leur collaboration à la réalisation du risque. Cela signifie
par exemple qu’une situation problématique peut être induite par la mauvaise compréhension
par les opérateurs d’un ordre. Ils ne sont pas capable de traduire les consignes de sécurité =
emballement du système = accident…le facteur de risque ici est humain.
Quelles sont les variables récurrentes ?
On se rend compte qu’au-delà d’un certain niveau d’ordres donné de façon simultané il y a un
emballement. Par ex en étudiant les accidents nucléaires comme Tchernobyl on constate des
variables récurrentes.
On construit des méthodes d’évaluation ex-ante cad poser des scénarios possibles de
survenance d’une catastrophe à partir d’une probabilité d’interaction des facteurs.

Les cindyniques n’ont pas pour objectif de fonder un savoir théorique, il s’agit
essentiellement d’apports particuliers qui relèvent des sciences de l’ingénieur. Les
cindyniques se sont développés en 3 générations :
1. la première génération démarre de la fin des années 40 jusqu’à la fin des années 70 :
elle est marquée par la prépondérance du rapport au système technique, complexité des
système techniques. Elle a été fondée autour du postulat de fiabilité forte/totale des
systèmes techniques et dc de façon corrélative autour de l’idée que la catastrophe ou
l’accident a pour source principale le facteur humain. Les systèmes techniques sont
généralement très bien conçus mais le risque vient de l’incapacité des opérateurs a
utilisé les appareils ou ils ont été mal formés pour réagir à certaines situations. Dc s’il y
a erreur, elle ne peut être qu’humaine. Deux grandes catastrophes remettent en question
ce postulat de base :
- Three mile Island de l’eau s’est échappée dans un réacteur nucléaire : en réalité
on se rend copte que s’est le système technique qui ne tolère pas une marge
d’erreur et se bloque. En fait, lorsque l’opérateur commet une erreur, le système
technique l’accepte. Dc il fallait reconstruire et repenser les systèmes.
- Les naufrages des pétroliers, on s’aperçoit que l’existence de sécurité redondante
peut aboutir néanmoins à une catastrophe.

2. apparaît alors la 2nde génération sous la plume de Patrick Lagadec qui crée le terme
de risque majeur. Selon lui la catastrophe se construit autour d’une relation ambivalente
entre le système technique et le milieu environnant. Il dit aussi que la 1 ère génération
s’est construite autour d’un axe central qui est le préventif et qu’elle ne comporte pas
une réflexion sur l’espace environnant. Lagadec démontre que la catastrophe est un
processus en réseau cad qu’il associe des acteurs et des systèmes très hétérogènes qui
agissent tout au long d’un processus où doivent intervenir des actions. Il démontre aussi
que les méthodes d’analyse sont limitées car elles sont trop linéaires et ne prennent pas
en compte le caractère complexe du facteur humain. Il démontre que les catastrophes et
les accidents technologiques majeurs relèvent pour l’essentiel d’une problématique
politique, car l’usage de la chose technique dépend de décisions et dépend d’un cadre
normatif de droit. Patrick Lagadec démontre qu’il existe deux perspectives :
- une perspective micro organisationnelle : l’usage des méthode de cartographie est
intéressant, c’est un apport substantiel.
- une perspective macro organisationnelle : l’étude des dangers, des risques et des
accidents relèvent de la sociologie et de la science politique.

On pense à une analyse centrée sur le système technique lui-même à une analyse qui
s’intéresse à l’environnement de ce système technique et surtout à la décision politique.

3. 3ème génération plus actuelle : elle part de l’idée suivante : un risque, un accident a un
impact qu’on peut visualiser, évaluer, cartographier. Mais un risque ou une catastrophe
relève aussi de la perception. Dans des sociétés où les médias jouent un rôle
prépondérant, les catastrophes structurent l’espace social. Il y a donc un risque au sens
technique du terme, mais il y a aussi une suite de risque, c’est ce qu’on appelle un risque
socio-psychologique majeur : c’est Helen Denis qui a développé le plus cette idée. Cela
signifie que face à un danger, les individus vont développer des attitudes qui peuvent
potentialiser les effets de l’accident, ou bien qui peuvent amener le groupe ou les
individus à développer un réflexe de prudence ou de phobie, voir même de déni de
l’accident. La perspective que développe H. Denis sur les risques socio-psychologiques
majeurs cherche surtout à étudier l’impact de ……cette troisième génération valide les
deux autres mais elle montre que la perception du danger a un impact principal sur la
construction des politiques de gestion de risque. Cette 3 ème génération propose un
complément en mettant en exergue la perspective psychologique dans la construction du
scénario accidentogène et dans l’après catastrophe.

I. les différentes matrices de classification

Ces matrices de classification sont construites autour de l’idée selon laquelle l’étude de
l’historique d’un accident ou d’une catastrophe permet de rendre visible certaines relations et
un certain nombre de processus qu’il faudra éviter dans l’avenir par un retour sur expérience.
Ces méthodes seront construites selon une logique propre à chacune. On peut regrouper ces
perspectives en 3 types :
1. des méthodes d’analyse et de classification de type historique.
2. d’autres sont de type managérial
3. et d’autres enfin st plutôt dans une logique sociologique et psychologique

A. La perspective historique

Postulat de base : la connaissance des conditions accidentogènes peuvent être étudiées selon
un processus historique qui va de l’ordre initial jusqu’à la défaillance. Ces méthodes se
construisent selon un graphe linéaire. On essaye de retracer la généalogie de l’accident. Donc
on remonte vers les niveaux les plus élémentaires.
 Méthode très utilisée : L’AMDEC ( analyse des modes de défaillance et de leurs causes )
c’est une perspective historiciste. On cherche à retrouver la généalogie de l’accident. Cf boite
noire dans l’aviation.

B. Les méthodes de la perspective managériale

Elles introduisent une possible réaction de l’opérateur dans le déroulement du process : cad
que le contrôle du risque et du danger est une attitude proactive.
Méthode dite HAZOP : ( Hazow opérating process ) ou HACCP ( méthode de contrôle des
risques par points critiques ).
Les méthodes dites managériales sont par anticipation.
Les secteurs agroalimentaire et pharmaceutiques travaillent selon ce mode par points de
contrôle.

C. perspective sociologique

on part du comportement humain lorsqu’il est en interface par rapport au système technique.
Au préalable, on va exclure la faute intentionnelle, mais on estime que les individus face à un
système technique, par effet d’apprentissage et de routine ont tendance à surestimer leurs
capacités et ont tendance à court circuiter les sécurités, parce qu’ils estiment que le jalon de
sécurité constitue un obstacle. On appelle ça une déviance : cf sociologue américain Reason
(théorème de Reason ). Par ex lorsque les agents sont payés à la pièce ils grillent les étapes et
dc cela crée des risques. Ou bien alors si les conditions de travail ne sont pas bonnes. Selon
lui il y a différentes phases. Et une erreur à la phase 1 peut se répercuter à la phase 2 et 3,
parce que les individus ne vont pas répercuter les ordres ou le pb aux autres individus. Il y a
une identification dans le travail mais on ne sais pas ce que mon voisin fait. La non
répercution des ordres explique l’erreur à la phase 1 et sa possible redondance dans les autres
phases. Dc les facteurs sociologiques agissent sur le travail et sur les rapports qui se nouent
entre les individus au moment d’exécuter les tâches ( par ex rivalités…).

Donc la première perspective étudie l’après coup, la seconde est concomitante aux process, et
la troisième s’intéresse aux lieux où apparaissent des points de risques redondants.

II. La modélisation graphique

L’objectif est de rendre visible le processus accidentogène, ce n’est qu’un support. Que ce soit
les sciences de l’ingénieur ou la géographie, on utilise des méthodes dites de cartographie. La
cartographie des risques majeurs marie deux logiques :
1. une dimension graphique
2. une dimension mathématique et statistique
Certaine méthodes graphiques utilisent deux dimensions qui regroupent d’une part les facteurs
humains et d’autre part les facteurs techniques. L’objectif est de cerner les relations et la
récurrence des relations. La cartographie des risques emprunte aussi aux sciences de gestion
un certain nombre d’outils, notamment ceux qui permettent de visualiser des enchaînements
de processus de visualisation. Nous sommes donc aux confluents de trois perspectives :
- une perspective de cartographie classique ( support visuel )
- une perspective géographique de localisation
- une perspective managériale qui reconstitue l’ensemble des tâches qu’un
opérateur doit accomplir
La cartographie s’impose comme un outil de reconstitution et d’anticipation. Il existe un
certain nombre de familles de cartographie des risques. Deux grandes familles :
 la chorématique cad la traduction par des symboles sur un support cartographique
des lignes de tensions de déplacement et des dynamiques géopolitiques au sens
large du terme. C’est un ensemble de symboles qui matérialise les points de
fixation, les mouvements, les limites entre espaces.
 La cartographie issue des cindyniques : il s’agit d’une cartographie virtuelle cad
une traduction visuelle du caractère plus ou moins dangereux d’opérations ou de
processus qui peuvent avoir des incidences sur les personnes ou sur le milieu
environnant. Il s’agit d’une visualisation. La présentation des catastrophes par
origine et par incidence a essentiellement un intérêt pédagogique, car en réalité les
risques et les catastrophes présentent une structure complexe.

Leurs impacts sont rarement circonscrits dans les périmètres où ils surviennent. La complexité
de ces catastrophes a rarement une origine humaine ( seulement une impulsion humaine )
mais elle s’observe dans l’ordre naturel. Ainsi, un séisme peut provoquer un glissement de
terrain, puis un tsunami. Il peut avoir ainsi des incidences sur les infrastructures ac une
rupture des réseaux et une suite d’incendie comme se fut le cas à Kobe au Japon en 1995. Les
risques ont une forme complexe qu’on peut regrouper en 3 types :
1. une complexité due au nombre important de composantes ( eau, climat, cultures,
économie, politique, population..) les risques liés au climat peuvent avoir des
incidences majeures.
2. la complexité due au comportement dit du phénomène : certains pensent par ex que le
réchauffement climatique varie en intensité en fonction du temps et que nous serions à
une période de pic mais que peut être plus tard les températures vont à ouveau chuter.
Dc ce risque est complexe car il n’a pas une évolution régulière, le comportement du
phénomène change dans le temps.
3. une complexité d’emboîtement des niveaux : exemple de l’accident d’AZF : le lieux la
catastrophe va frapper les zones périurbaines habitables. Cela va avoir pour
conséquence un reflux des gens vers le centre urbain pour s’éloigner du centre de
l’accident, zone dangereuse. Or si on éloigne le site industriel il y aura égt des
migrations de travailleurs pour se rapprocher de leur lieu de travail. Dc impact en
chaîne.

A. la complexité due au nombre élevé des composantes

La complexité est d’abord multidimensionnelle, elle est structurelle. A côté de la composante


physique de la catastrophe, cad l’explosion, la pollution ou la composante climatique.. on a
toujours une composante biologique, humaine, économique, financière et sociale. La
complexité est accentuée par la multiplicité des interactions entre les différentes composantes.
Ainsi les incendies de forêt par ex, détruisent le couvert végétal ce qui a pour conséquence un
lessivage en cas de pluie et une concentration des débris dans les vallées. Il en est de même de
la déforestation qui agit sur des déséquilibres très complexes.

B. la complexité due au comportement du phénomène

la complexité peut être due au caractère imprévisible du phénomène cad que dans ces cycles,
le phénomène peut apparaître imprévisible, il peut ne survenir qu’à de brèves périodes
séparées par de longues accalmies. Il est alors difficile de prévoir des moyens de riposte.
Comme ex on peut citer certaines maladies ou contaminations sérielles : la fièvre d’Ebola.
Première manifestation en 1967 et jusqu’en 1975 aucun cas répertorié. Quelques années plus
tard cela s’arrête net, une suisse est contaminée en 1991-92. Dc phénomène très difficile à
étudier.

C. la complexité d’emboîtement des niveaux

La survenance d’une catastrophe ou d’un accident peut avoir des incidences en chaîne car
l’événement survient dans des espaces où il y a une forte proximité entre différents milieux et
différentes zones. C’est le cas de la catastrophe d’AZF en 2001. L’emboîtement signifie que
l’impact, la résultante ne sera pas unique mais comportera différents registres. Les
conséquences ne seront pas observables en même temps. Certaines peuvent se manifester
après de longues années ; d’autres seront immédiates.

Examen : Trois questions au choix : une question transversale du cours, une étude de
document et une question sur la conférence sur Californie.

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