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(4) – Rapports entre la responsabilité civile contractuelle et

responsabilité civile délictuelle


Il existe deux régimes de responsabilité civile : celui de la responsabilité
contractuelle et celui de la responsabilité délictuelle.
- la responsabilité civile contractuelle :
D’abord, la responsabilité contractuelle suppose la violation par le débiteur
d’une obligation issue d’un contrat valable, le débiteur qui n’exécute pas son
obligation ou qui l’exécute mal, sera responsable sur la base les règles de la
responsabilité civile contractuelle.
Ex : l’acheteur ne verse pas le prix défini dans le contrat de la vente.
De là, la responsabilité contractuelle est engagée lorsque le préjudice causé
résulte de l’inexécution d’un contrat. Celle-ci se caractérise par les aspects
suivants :
- les clauses limitatives ou exonératoires de responsabilité sont valables en
matière contractuelle.
- le principe en matière contractuelle est la réparation partielle. Dès lors, les
dommages réparables, dans ce cadre, sont les dommages prévisibles.
- la mise en demeure, en matière contractuelle, est nécessaire.
- le demandeur à une action en responsabilité contractuelle bénéficie d’une
option de compétence entre le tribunal du domicile du défendeur ou du lieu de
la prestation de service.
- la responsabilité civile délictuelle :
La responsabilité délictuelle sanctionne tout dommage né en dehors de
l’exécution d’un contrat.
EX : le piéton victime d’un accident de la route réclamera réparation à
l’automobiliste, sans que cet accident ne se fonde sur la notion de contrat
entre le piéton et l’automobiliste.
De là, se caractérise par :
- les clauses limitatives ou exonératoires de responsabilité sont inconcevables
en matière délictuelle.
- le principe en matière délictuelle est la réparation intégrale. Les dommages à
la fois prévisibles et imprévisibles sont réparables.
- la mise en demeure est facultative.
- le demandeur à une action en responsabilité délictuelle peut choisir le
tribunal du domicile du défendeur, ou le tribunal du lieu où le dommage a été
subi.
D’ailleurs, il existe des cas dans lesquels on a les deux responsabilités (RCC et
RCD), en l’occurrence, à l’occasion d’une fête, un adolescent est gravement
blessé dans un accident d’autos tamponneuses alors qu’aucune faute ne peut
lui être reprochée. Il y a donc inexécution du contrat par le forain
(responsabilité contractuelle), mais aussi responsabilité du fait des choses dont
il a la garde (responsabilité délictuelle).
Sur quel fondement la victime doit –elle rechercher la responsabilité du
prestataire de services ?
La jurisprudence a répondu à cette question en optant pour le non cumul des
deux responsabilités. La victime ne pourra pas avoir deux réparations : l’une
fondée sur la responsabilité délictuelle, l’autre sur la responsabilité
contractuelle.
Dès lors, les articles 77 et suivants du DOC (qui réglemente la RCD) sont sans
application lorsqu’il s’agit d’une faute commise dans l’exécution d’une
obligation résultant d’un contrat. Ainsi, chaque fois que les conditions de la
responsabilité contractuelle sont réunies, la victime devra invoquer cette
dernière. Inversement, en l’absence de lien contractuel, il ne saurait être fait
application de la responsabilité contractuelle.

La première partie : la responsabilité civile contractuelle


La responsabilité civile contractuelle ne se joue que si le préjudice à
réparer est issu de l’inexécution d’une obligation contractuelle. Celle-
ci est l’expression de la force obligatoire du contrat.
Ladite responsabilité suppose la réunion quatre éléments :
- un contrat
- un dommage
- une faute
- un lien de causalité entre la faute et le dommage
1 – un contrat :
La responsabilité contractuelle suppose tout d’abord l’existence d’un contrat
régulièrement formé. Ce qui exclut :
Les situations précontractuelles : le dommage qui se produit avant la formation
du contrat demeure de nature délictuelle.
Ex : Rupture abusive des pourparlers, la violation d’un devoir de confidentialité.
Les situations post-contractuelles : le dommage qui se produit après
l’extinction du contrat relève de la responsabilité délictuelle.
Ex : le dommage subi par l’acheteur (perte de la chose vendue) après
l’extinction du contrat.
La période contractuelle : le dommage qui survient pendant cette période
relève de la responsabilité contractuelle.
Un cas délicat : un automobiliste transporte bénévolement une tierce
personne.
La jurisprudence marocaine admet aujourd’hui que le transport gratuit ne fait
naitre entre le transporteur courtois et désintéressé et le passager bénévole,
aucune obligation fondée sur un contrat régulier de transport, et par
conséquent, la victime ne peut engager que la responsabilité délictuelle de
l’automobiliste.

2 – le dommage :
Le débiteur n’est tenu que des dommages et intérêts qui ont été prévus lors du
contrat. De là, la réparation qui incombe au débiteur est limitée au dommage
prévisible (retard dans la livraison), et non à celui impossible à prévoir.
Dans ce sillage, la cour de cassation française a censuré une décision de la cour
d’appel qui a condamné la compagnie de chemin de fer à réparer le préjudice
causé à un voyageur qui a manqué une affaire d’adjudication suite à un retard
du train. Ladite cour a justifié sa décision par le fait que la compagnie de
chemin de fer n’avait pas été en état de prévoir ce préjudice très particulier qui
consiste pour un voyageur à manquer une adjudication.
D’ailleurs, le débiteur de mauvaise foi doit réparer l’intégralité du préjudice
(prévisible et imprévisible).
A ce propos, on distingue entre trois sortes de dommages :
- le dommage d’ordre physique ou corporel : l’atteinte à l’intégrité physique.
Ex : la perte d’une main.
- le dommage d’ordre moral : atteinte aux sentiments et à la personnalité, à la
réputation de la personne. Ex : dommages et intérêts accordés à une actrice
qui reprochait à un directeur de théâtre de n’avoir pas employé, pour la
désigner sur la fiche, les caractères de la grosseur prévus par le contrat.
- le dommage d’ordre matériel : atteinte aux intérêts matériels ou
patrimoniaux. Ex : la perte d’une somme d’argent, la destruction de la chose.
En effet, l’article 264 prévoit que le préjudice matériel comprend non
seulement les pertes subies mais également le gain manqué.
Les pertes subies résultent des cas suivants :
- l’inexécution totale du contrat : livraison d’oranges pourries
- l’inexécution partielle du contrat : livraison d’oranges d’une qualité inférieure
à la qualité convenue.
- le retard dans l’exécution du contrat : les travaux de construction n’étant pas
achevés dans les délais prévus.
Le gain manqué consiste dans le fait que l’inexécution du contrat peut placer le
créancier dans l’impossibilité provisoire ou durable d’exercer normalement ses
activités professionnelles. Par exemple, le voyageur victime d’un accident en
cours de transport devra ainsi interrompre ou cesser ses activités
professionnelles et sera privé de ses revenus (l’incapacité du travail à cause
d’un accident, et partant la perte des salaires).

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