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Analyse linéaire

Stendhal, Le Rouge et le Noir, Partie II, chapitre XLI

Problématique : Comment Julien, après avoir plaidé coupable, montre qu’il sera jugé moins pour
son crime que pour son envie de s’élever dans la société

Dans le premier mouvement, Julien plaide coupable. « Messieurs » […] « les jurés »
Le texte commence par le discourt directe de Julien qui s’adresse aux jurés avec l’apostrophe
« Messieurs les jurés » qui montre la solennité du discourt et le rend officiel même aux yeux du
lecteur. Cette solennité met en avant le sentiment de mépris que Julien refuse expliqué par le groupe
nominal « l’horreur du mépris ».
Julien ressent une obligation à parler comme l’indique le groupe adverbial « me fait prendre ». On
sent que Julien est poussé par l’horreur.
Dès le début du texte, le ton est donné. C’est le ton de la révolte qui est traduit par la phrase « je
n’ai point l’honneur d’appartenir à votre classe ». Julien se révolte aussi d’être jugé par un tribunal
qui n’est pas de son milieu avec le groupe nominal « votre classe ». Le déterminant possessif
« votre » indique d’ailleurs une distance importante présente entre Julien et les jurés. Julien place
déjà l’idée que nous n’allons pas le juger lui, mais un paysan qui a voulu s’élever dans la société.
Lorsque Julien commence à plaider coupable, sa première phrase ainsi que la deuxième sont de
forme négative : « Je ne […] aucune » et « Je ne […] point ». Ces deux phrases négatives montrent
qu’il revendique la responsabilité de son acte. Elles donnent aussi l’impression au lecteur que la
mort est la seule fin possible, qui rappelle la tragédie.
Ensuite, le narrateur, tout en rapportant fidèlement les paroles de Julien rappelle sa présence au
lecteur par son commentaire : « continua Julien en affermissant sa voix ». Le gérondif « en
affermissant » montre au lecteur que Julien essaie de se donner du courage.
Julien accepte le verdict avec la phrase affirmative « la mort m’attend : elle sera juste ». La
formulation simple de cette phrase rappelle le styles des phrases du Code Civique de Napoléon, qui
a énormément inspiré Stendhal.
Julien va jusqu’à souligner l’injustice et l’atrocité de son crime qui a atteint quelqu’un de proche
dont il grandit l’image au travers d’une hyperbole : « la femme la plus digne de tous les respects, de
tous les hommages ». La répétitions « de tout » insiste sur le fait qu’elle était irréprochable. Son
attitude a été d’une grande injustice car il se rappelle la façon dont Mme de Rénal l’a accueillie. En
effet, le plus que parfait « avait été » montre qu’il se remémore leur rencontre. La monstruosité de
son crime est accentué par la gradation « atroce », « prémédité ». L’écriture en italique du participe
passé prémédité est sûrement une façon de faire comprendre au lecteur que Julien a insisté sur ce
mot. Ce participe passé montre aussi que Julien refuse les circonstances atténuantes. Ce qui peut
interpeler le lecteur car quand Julien a tiré sur Mme de Rénal, il était submergé par la colère et
n’avait donc pas les idées claires.

Dans le deuxième mouvement, Julien se place en porte-parole d’une classe défavorisée


« Quand je serais » […] « bourgeois indignés »
Julien, très habilement, introduit un conditionnel « quand je serais » pour montrer aux jurés que ce
n’est pas essentiellement pour son crime qu’il sera jugé. Julien sait que leur classe sociale les ferme
à tous sentiments humains : « sans s’arrêter à ce que ma classe de jeunesse peut mérité de pitié ». Il
sait que les jurés refuseront qu’un jeune paysan ose partager leurs privilèges et cherche à s’élever
dans la société.
La souffrance de Julien est ensuite mise en avant par une gradation : « classe inférieure »,
« opprimé par la pauvreté ». Nous sentons bien dans la fin de ce paragraphe que Julien se révolte
que l’on refuse de partager des privilèges et il s’en prend à ces hommes qui considèrent cette
jeunesse ambitieuse, et qui, parce qu’ils ne sont pas bien nés, ne sont pas considérés comme faisant
partie de la société.
Dans le paragraphe suivant, le ton devient plus véhément. Le passage du conditionnel au futur
marque la certitude de la dureté des jurés et le présent marque un constat flagrant. Ceux qui jugent
Julien ne sont pas de sa classe comme le montre la phrase négative : « je ne suis point jugé par mes
pairs ».
Julien sait très bien que ses propos ne changeront pas l’esprit des bourgeois, conscient qu’il les a
choqués, marqué par l’adjectif « bourgeois indignés ».

Dans le troisième mouvement, le narrateur fait une description des impressions produites sur le jury.
« Pendant » […] « s’évanouit »
Dans le dernier mouvement, le narrateur coupe la parole à Julien comme nous le fait constater les
trois petits points : « ... » pour éviter de rapporter les longs propos de ce dernier : «  Pendant vingt
minutes, Julien parla sur ce ton » où Julien a pu exprimer ses sentiment, indiqué par la phrase « il
dit tout ce qu’il avait sur le cœur ».
Puis le narrateur évoque les impressions produites par le discours de Julien d’abord sur le jury,
comme l’indique le groupe nominal « l’avocat général » dont il évoque la colère au travers d’une
exagération : « bondissant sur son siège » et la cause de cette colère, évoquée par la proposition
subordonnée relative « qui aspirait aux faveurs de l’aristocratie ». Cette relative indique la position
que prend l’avocat général tout le long de discours de Julien. Nous pouvons aussi constater un
jugement péjoratif de la part du narrateur.
L’attitude de l’avocat général contraste de façon remarquable avec celles des femmes : l’avocat ne
peut pas retenir sa colère, les femmes ne peuvent pas retenir leurs larmes : « toutes les femmes
fondaient en larmes ».
Le narrateur revient ensuite sur la fin du discourt de Julien qui finit sa plaidoirie par montrer à quel
point il se repend de son crime envers une femme digne de respect et qu’il aimait. L’hyperbole
adoration filiale et sans bornes » le montre bien. Les propos bouleversent complètement Madame
Derville comme le montre la phrase : «  Madame Derville jeta un cri et s’évanouit. ». Là encore,
nous retrouvons le style propre à Napoléon et dont Stendhal s’inspire énormément.

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