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Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 191, 2e trimestre 2003

→ J.C. Sagot, S. Gomes,


Université de Technologie
de Belfort-Montbéliard (UTBM) (1)
Intégration
(1) Laboratoire Systèmes et Transports
(EA n° 3317), Equipe d'ERgonomie
des facteurs humains
et de COnception des Systèmes (ERCOS),
90010 Belfort cedex.
e-mail : jean-claude.sagot@utbm.fr dans la démarche
de conception
Une approche ergonomique

e développement des technologies nouvelles et le progrès technique ont entraîné une


INTEGRATION OF HUMAN FAC-
TORS IN DESIGN ERGONOMICS: L accélération de la substitution hommes/machines. Le travail disparaît sous sa forme
humaine. Ce progrès technique, n'a pas évité pour autant, que certaines catastrophes se
AN ERGONOMIC APPROACH
produisent (Bhopal, Tchernobyl, transports aériens et ferroviaires,...). Ces grandes catas-
trophes, pour l'homme et pour l'environnement, ont eu lieu, de surcroît, là où la sûreté de
Ttedheandman/machine
development of new technologies
technical progress have accelera-
substitution. Work is
fonctionnement est à son plus haut niveau. On insiste bien sûr volontiers sur la responsa-
bilité de l'opérateur, de l'homme, maillon faible de ces systèmes. L'erreur humaine est
ainsi incriminée. On ne parle pas, bien sûr, des accidents évités du fait de l'intelligence des
disappearing in its human form. This tech- opérateurs. La « clé du succès » du progrès technique réside, selon nous, dans l'adéquation
nical progress has not avoided certain entre les performances du nouveau système, du nouveau produit…, et ceux qui en auront
catastrophes occurring (Bhopal, Chernobyl, la conduite. Le système, le produit…, ne doivent pas se résumer à leurs seules caractéris-
air transports, railway, etc.). These major tiques techniques, ils doivent également intégrer la dimension humaine. Dès lors, l'ergo-
nomie, bien que n'étant pas la seule discipline concernée par cette nécessaire évolution,
disasters, both for man and for the environ- peut y apporter une large contribution. C'est dans ce contexte que se situe le présent tra-
ment, took place where reliability was at its vail, qui se propose de témoigner un exemple de contribution de l'ergonomie dans un pro-
highest level. The responsibility of the ope- jet de conception, où l'ergonome a su placer, et ceci tout au long du processus, l'homme,
rator, of the human, the weak point in these au centre de la démarche. Le projet en question porte sur la conception du poste de condui-
systems, is of course quickly pointed out. te des TGV futurs. L'approche insiste sur l'analyse fine de l'activité de travail - la condui-
Human error is thus incriminated. Of cour- te -, qui a réellement permis d'orienter le processus de conception et qui a favorisé la
coopération et la collaboration entre les acteurs-métiers.
se, we do not speak of the accidents that
have been avoided because of the intelli-
gence of the operators. For us, the “key to  ergonomie de conception  conception de produits  simulation/conception
success” of technical progress lies prima-  train à grande vitesse  poste de conduite
rily in the adequacy between the perfor-
mance of the new system, of the new pro-
duct, etc. and those who have to control it.

C
Systems, products, etc. should not be redu- omme le rappelle Rifkin dans Aujourd'hui, ce modèle, décrit par la
ced to their technical characteristics son livre « la fin du travail » [1], la publication « L'entreprise au XXIe Siècle »
alone; they also have to integrate the civilisation, depuis ses débuts, du Centre des jeunes dirigeants d'entrepri-
human dimension. Ergonomics, although s'est largement structurée autour se [2], n'est, toujours selon les auteurs, plus
not being the only discipline concerned by du concept de travail. Du chasseur- opérant. En effet, depuis le début des
this necessary change, can contribute cueilleur paléolithique au cultivateur néo- années 1980, les patrons et les dirigeants
greatly. In this context this paper presents lithique, de l'artisan médiéval au travailleur d'entreprise ont choisi, pour des raisons
an example of the contribution of ergono- à la chaîne contemporain, le travail a tou- de productivité, de compétitivité, de parier
mics to a design project, where the ergo- jours été présent dans la vie quotidienne. sur des machines. Ainsi, avec les avancées
nomist placed man at the centre of the Aujourd'hui, pour la première fois, le tra- de l'automatisation, un découplage s'est
design process. This project concerns the vail est souvent, pour ne pas dire systé- créé entre la croissance et l'emploi. Le
design of the driver’s cab of the future TGV matiquement, éliminé, sous sa forme développement des technologies nou-
(High Speed Train). The approach requires humaine, du process de la production. velles, le progrès technique a entraîné une
a detailed analysis of the work activity,
accélération de la substitution hommes/
namely driving, which has both directed the
Pendant trente ans, la machine à pro- machines. Perte, donc, pour l'homme de
design process and promoted the co-ope-
ration and collaboration between those duire a tourné à plein régime, le besoin de son métier, de sa fonction, à terme de son
involved in the design. biens matériels alimentait la consomma- savoir-faire, voire de son emploi, car
tion, qui a permis aux entreprises de se l'écran placé entre lui et sa machine, ne
 design ergonomics  product design développer, créant de l'emploi, qui a servi permet plus d'alimenter la connaissance
 simulation/design  high-speed train au financement de la protection sociale, qu'il avait de son métier [3].
 driver's cab générant un sentiment de sécurité qui a
dynamisé la consommation, etc.
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Les technologies industrielles supplan- cuits » lui permettent ainsi de décomposer qui se propose de décrire la démarche
tent, d'un côté, le travail humain, lorsque alors un problème complexe en pro- ergonomique qui a été mise en œuvre
celui-ci est pénible, dangereux..., et on ne blèmes plus simples, qu'il sait souvent dans le cadre de la conception du poste
peut que se réjouir de cette évolution. De résoudre. de conduite des trains à grandes vitesses
l'autre, l'investissement inconsidéré de (TGV) futurs. En complément de ce que
modernisation à des fins de productivité, Guillermain et Mazet, traitant de la tolé- nous avons déjà écrit sur le sujet [20], l'ap-
supprime le besoin d'emplois traditionnels rance aux erreurs, insistent ainsi sur la proche décrite ici, insiste surtout sur l'ana-
qualifiés et crée par contre, dans des pro- « sur-fiabilité humaine » : l'opérateur antici- lyse fine de l'activité de travail : activités de
portions non comparables en terme de pe, prévient, confirme, récupère les dévia- conduite actuelle et future, qui a réelle-
demandes, de nouveaux emplois haute- tions non prévues, il fait plus que ce que ment permis à l'ergonome de conseiller le
ment qualifiés qui restent souvent vacants, l'on attend de lui [13]. concepteur sur les attentes et besoins des
par manque de personnels compétents. futurs utilisateurs. L'ergonome, à travers la
Ainsi, comme souligné par de nom- démarche décrite, a joué ainsi un rôle actif
Rappelons enfin, que ce progrès tech- breux travaux, contrairement à la machi- dans le projet de conception, un rôle d'ac-
nique, n'a pas évité pour autant, que cer- ne, l'homme sait interpréter, estimer, teur, un vrai partenaire, un réel co-concep-
taines grandes catastrophes se produisent émettre des jugements, prendre des déci- teur dans le processus collectif de concep-
(Bhopal, Tchernobyl, transports aériens et sions en vue de fournir une réponse tion.
ferroviaires,...). Ces grandes catastrophes, appropriée aux conditions spécifiques, en
pour l'homme et pour l'environnement, temps, et en lieu [14 à 16].
mais aussi pour l'économie des entre-
prises, voire des pays concernés, ont eu
lieu, de surcroît, là où la sûreté de fonc-
Plaintes, accidents, voire catastrophes,
maladies professionnelles, baisse de pro-
1. Nature de la demande
tionnement est à son plus haut niveau, là ductivité, baisse de qualité, nombre élevé
où la sécurité n'a jamais été aussi bonne, de pannes…, sont souvent les consé-
ainsi que le rappelle Amalberti [4]. quences d'une conception et/ou d'organi- L'ouverture des frontières, le succès et
sations qui ne tiennent pas compte de la l'intérêt grandissants que connaît la grande
Dans leurs ouvrages traitant en détail les place de l'homme, de son rôle en tant vitesse à travers le monde et la volonté de
deux accidents du domaine nucléaire qui qu'agent de fiabilité et de sécurité. Ceci maintenir son rôle de leadership dans le
ont le plus défrayé la chronique : Three- renforce, sur la base de ce qui a été dit, en domaine de la grande vitesse ferroviaire…,
Miles-Island et Tchernobyl, Bourgeois et accord avec les travaux de Teiger [17] et de sont autant de facteurs qui ont contribué à
coll. [5] et Llory [6] rendent compte des Freyssenet [18], le statut d'objet de ce qu'Alstom propose à la SNCF et aux
avis des experts qui concluent que : recherche « du travail » lui-même, et donc pouvoirs publics un programme de
« l'homme représente le maillon faible des l'intérêt, comme nous le verrons, de l'ana- recherche et de développement portant
systèmes », qui sont, selon ces derniers, lyse de l'activité comme méthode de sur les trains à grande vitesse.
maîtrisés. Le facteur humain, l'erreur décryptage, permettant non pas de déchif-
humaine est ainsi incriminée comme étant frer totalement l'énigme que constitue tout Le XXIe Siècle devrait en effet voir appa-
à l'origine de certaines de ces catas- travail, mais de progresser dans sa com- raître un réseau européen de trains à gran-
trophes. Les opérateurs sont ainsi partout préhension [19]. de vitesse (TGV). Ces trains se déplaceront
considérés comme limiteurs de perfor- à des vitesses avoisinant 350 km/h. Pour
mance et de sécurité, et de ce fait, sont Pour nous, seule une approche interdis- de telles performances, puissance, aérody-
plus volontiers décrits en termes négatifs ciplinaire, associant sciences humaines et namisme, confort et sécurité devront enco-
que positifs [4]. sciences de l'ingénieur, peut être à même re progresser. Mais ces objectifs passent
de donner une réponse au défi posé, également par une augmentation du débit
Bien sûr, on ne parle pas, ou peu sou- d'une meilleure prise en compte des fac- des lignes, une homogénéisation des sys-
vent, comme le soulignent les auteurs teurs humains dans la démarche de tèmes de conduite de ces trains (pupitre,
cités, mais aussi bien d'autres [7 à 11], des conception. La « clé du succès » du progrès dispositifs informationnels, com-
catastrophes évitées grâce à l'intelligence, technique réside ainsi, en particulier, dans mandes,…), ce qui exige dès lors une
au bon sens ou à la présence d'esprit des l'adéquation entre les performances du attention toute particulière. Il devra en
opérateurs humains, utilisant leur expé- nouveau système, du nouveau produit…, effet permettre aux conducteurs de
rience, parfois au prix de quelques trans- et ceux qui en auront la conduite. Le pro- répondre aux multiples exigences de leur
gressions du prescrit. En effet, placé dans duit ne doit pas se résumer à ses caracté- tâche, dans des conditions favorables à
une situation dégradée, de dysfonctionne- ristiques techniques, il doit également inté- leur santé, à leur confort, à leur sécurité et
ments, de défaillances techniques..., l'opé- grer la dimension humaine. La connais- à celles des passagers.
rateur réexamine, réétudie sa tâche princi- sance de l'homme, de ses comportements,
pale prescrite, en y mettant tout son doit être au cœur de la démarche de Une approche systémique du projet,
savoir-faire, toutes ses capacités de calcul, conception et ceci, dès l'analyse des pris en charge par la division Transport
de raisonnement et d'interprétation, pour besoins et se poursuivre tout au long du d'Alstom (Belfort), a permis la constitution
s'adapter à cette nouvelle situation. La plu- processus de conception [20]. d'un groupe de travail pluridisciplinaire.
part du temps, l'opérateur « rattrape » la Ce groupe de travail, qui comptait une
situation, car il sait, en tant qu'expert, uti- Dès lors, l'ergonomie, bien que n'étant vingtaine de personnes, réunissait des
liser des « courts-circuits » (heuristiques) pas la seule discipline concernée, peut y concepteurs d'Alstom-Transport (Belfort),
qui le dispensent de la longueur des pro- apporter une large contribution. C'est dans le groupe Délégué à la Traction de la
cédures imposées [12]. Ces « courts-cir- ce contexte que se situe le présent travail SNCF, six conducteurs appartenant à diffé-
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rents dépôts régionaux, ainsi que trois cher » une philosophie générale du cou- le déroulement de ses actions et commu-
ergonomes chercheurs de l'Université de plage homme-machine. Ce couplage, sur nications étaient au cœur de notre analy-
Technologie de Belfort-Montbéliard la base de ce que nous avons écrit précé- se de l'activité ;
(UTBM). Un programme d'étude compre- demment, laisse le conducteur « respon-  les actions sont sociales, elles
nant plusieurs axes de recherche complé- sable aux commandes », mettant ainsi l'ac- comprennent les communications car un
mentaires a pu ainsi démarrer rapidement, cent sur son rôle actif en termes de maî- conducteur n'est pas réellement seul ; il est
s'intéressant en particulier à l'analyse de trise de son travail, de compétence et de en interaction avec d'autres personnes : le
l'activité de conduite actuelle et future, aux capacité d'adaptation. Cette « sorte de régulateur, le contrôleur,… Il est donc
facteurs de charge environnementale, ainsi charte », selon les termes utilisés par nécessaire d'enregistrer les communica-
qu'aux aspects dimensionnels du poste de Amalberti [25], a été acceptée par l'en- tions verbales si l'on veut comprendre l'in-
conduite et de la cabine future, sur la base semble des acteurs-métiers, et a fait l'objet teraction avec les autres opérateurs ;
de la population ciblée. d'un suivi et d'une évaluation, à la grande  les actions s'organisent dynami-
satisfaction des conducteurs, pendant quement, c'est-à-dire que les actions ne
Bien que ces différents axes de toute la durée du cycle de conception. sont pas isolées mais sont incluses dans
recherche aient été conduits simultané- des unités significatives pour le conducteur
ment pour l'intérêt de l'étude, nous n'évo- et s'enchaînent en un tout cohérent. C'est
querons ici que les résultats issus de l'ana- 2.1. Etude de faisabilité : pourquoi, nous avons privilégié les obser-
lyse de l'activité, qui ont constitué un définition du champ des activités vations de l'activité menée en continu ;
cadre de référence aux différentes phases futures souhaitables  les actions s'accompagnent de
du processus de conception étudié. phénomènes cognitifs, elles sont liées
Il s’agit de la première étape d'analyse, aux raisonnements et aux prises de déci-
de recherche d'informations, où l'ergono- sions des conducteurs. C'est pourquoi
me va pouvoir, à un stade précoce du l'analyse devait englober les actions, les
2. Déroulement du projet processus de conception, où tout est pos-
sible, aider le concepteur, en particulier la
communications, les interprétations voire,
des sentiments.
maîtrise d'ouvrage, à élaborer ses pre-
mières orientations de conception. Dès lors, pour aborder l'ensemble de
Comme nous l'avions déjà proposé avec Sachant que la conception d'un produit ces points, fondamentaux pour avoir une
d'autres auteurs, dans ce projet, l'interven- consiste rarement en la création d'un pro- connaissance précise de l'activité de
tion ergonomique s'est située très en amont duit entièrement nouveau, mais plutôt conduite, les méthodes et analyses sui-
dans le processus de conception [20 à 24]. d'une évolution plus ou moins importante vantes ont été utilisées [29] :
Ainsi, l'ergonome a pu travailler avec l'en- d'un produit existant, notre travail, en tant  des observations et analyses à
semble des acteurs-métiers dès les pre- qu'ergonome, a consisté à élaborer un partir d'enregistrements vidéographiques,
mières phases de conception – dès l'étude diagnostic ergonomique complet des pro- effectués en cabine, permettant de
de faisabilité –, qui permet d'envisager la duits existants (TGV Paris-Sud-Est (noté recueillir les actions et les
problématique du projet et de juger ses TGV PSE), TGV Atlantique (TGV A)), où communications ;
chances de réussite ou d'échec. un regard tout particulier était porté sur  des verbalisations à partir de ces
L'ergonome a également joué un rôle l'analyse de l'activité de conduite. mêmes films et des verbalisations par
reconnu de conseiller au cours des études L'analyse de l'activité, à ce moment de la scénarios et questionnaires, où la paro-
préliminaires qui ont suivi, dédiées à la conception, était le résultat d'une coopé- le du conducteur était essentielle pour
recherche de solutions et traditionnelle- ration étroite entre les conducteurs volon- bien comprendre ses actions.
ment réservées aux seuls concepteurs. Et taires pour cette étude et les ergonomes.
enfin, toujours en étroite collaboration avec Cette analyse fine de l'activité existante Les observations ont été obtenues à par-
le groupe projet, l'ergonome a pu accom- visait, à rendre compte au groupe projet, tir de 12 accompagnements enregistrés
pagner les concepteurs aux cours des une délimitation progressive des formes sur bandes vidéos ; 6 conducteurs, qui fai-
études détaillées, où il a pu effectuer, avec possibles de l'activité future, afin de fournir, saient partie du groupe projet avec
l'aide précieuse des conducteurs, des tests à l'ensemble des acteurs-métiers, une éva- d'autres (3 pour le TGV PSE et 3 pour le
sur des dispositifs prototypes. Nous retrou- luation plus large concernant les consé- TGV A), ont accepté d'être enregistrés au
vons ainsi les phases clés du processus de quences de leur choix de conception [26]. cours de deux trajets. Au cours de ces tra-
conception, dans lesquelles l'intervention jets, quatre caméras furent disposées en
ergonomique a pu être conduite [20]. En accord avec les travaux de Suchman cabine de conduite permettant l'enregis-
[27], soulignant que l'activité d'un opéra- trement simultané de l'environnement
Mais avant de traduire la demande mise teur n'est pas prédéterminée, mais qu'el- extérieur (voie ferrée et signalisation), de
en œuvre et les résultats obtenus, nous le se construit progressivement au gré des son visage (appréciation de la direction
tenons à insister dans le cadre d'un travail circonstances particulières, nous avons des regards), des postures et gestuelles du
de conception, sur la nécessité de bien abordé l'activité de conduite en situations conducteur (vue de profil), et enfin du
définir, dès le début du projet, les objectifs réelles en posant les mêmes hypothèses tachymètre et de sa zone proche.
de l'étude avec les responsables du projet. de travail que celles formulées par Filippi
Ainsi, concernant notre étude, cette analy- et coll. [28], à savoir : Le dépouillement des données concer-
se a été conduite avant l'étude de faisabi-  les actions sont significatives nant la description des comportements
lité, dans le cadre de l'analyse de la pour les conducteurs ; ils peuvent les humains en situation de conduite fut faci-
demande, où nous avons tenu, en accord raconter et les commenter eux-mêmes. lité par la « compression » des quatre
avec les travaux d'Amalberti [25], à « affi- Ainsi, les commentaires du conducteur sur bandes vidéographiques en une seule et
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par l'utilisation du logiciel informatique la vitesse imposée, qui change souvent tité d'informations), mettent en évidence
KRONOS®, logiciel d'aide au recueil et à tout au long du trajet. Quant au mode de l'intérêt d'une aide à la représentation, à la
l'analyse systématique de données d'ob- freinage utilisé, ce dernier dépend égale- mémorisation et à l'anticipation. Cette aide
servation [30]. ment de l'utilisation au non de la VI, mais peut être fournie par un support permet-
aussi du « style » de conduite que va tant de structurer ce vaste champ informa-
Les résultats obtenus à partir des films rechercher le conducteur en fonction des tionnel, sous la forme de cartographies ;
ont été essentiellement de deux types : situations de conduite rencontrées : tra- les verbalisations, ainsi que l'étude des dif-
vaux, retard, mauvaises conditions météo- férents schémas réalisés par des conduc-
■■ La possible quantification de certaines rologiques,… teurs novices et experts confirment l'hy-
activités (visuelle, gestuelle, posturale,...) pothèse de l'existence d'une représenta-
des conducteurs en fonction du type de Concernant les verbalisations réalisées à tion sous forme de « carte cognitive » [32].
lignes (ligne grande vitesse (LGV), ligne partir des films et/ou de scénarios, elles Les figures 1 et 2 qui suivent, illustrent res-
classique (LC),...) des situations de condui- ont réellement permis d'aborder dans les pectivement, pour deux trajets différents,
te et des TGV. Ainsi, l'analyse de la direc- détails l'activité de régulation de la vitesse. un exemple de feuille de route précisant
tion des regards a permis de relever les Ainsi, à titre d'exemple et afin de mieux la tâche à effectuer, et un exemple de
sources d'information importantes pour la comprendre les résultats précédents représentation, de schéma, réalisé par un
conduite et d'approcher la stratégie explo- concernant l'utilisation ou non du mode conducteur pour s'aider à réaliser sa tâche.
ratoire des conducteurs. Les conducteurs de conduite VI, les conducteurs du TGV
passent par exemple en moyenne 85 % de PSE défendent ce mode de conduite car il Ce concept de « carte cognitive » traduit
leur temps de conduite à regarder l'envi- leur permet de ne pas dépasser les bien la représentation mentale que se
ronnement extérieur, plus précisément « la vitesses autorisées notamment dans les construit un conducteur concernant en
voie ». Cette source d'information est l'élé- pentes. En effet, le profil des lignes Paris- particulier, un espace donné, ainsi qu'en
ment central et le point de départ de toute Sud-Est étant beaucoup plus accidenté témoigne la figure 2, ceci nous faisant
stratégie exploratoire. Nous constatons (nombreuses et fortes déclivités) que celui penser à la représentation spatiale que
également que ponctuellement, les des lignes Paris-Sud-Ouest, les conduc- nous pouvons nous-même nous construi-
conducteurs prélèvent des informations teurs du TGV PSE reconnaissent s'aider de re entre deux points que nous connais-
sur le pupitre essentiellement sur le tachy- la VI pour respecter plus facilement les sons bien, telle que celle du trajet nous
mètre et/ou le cab-signal mais aussi sur la consignes de conduite. Par contre, la VI séparant de notre domicile à notre lieu de
feuille de route, les voltmètres et ampère- pour les conducteurs du TGV A, bien travail, par exemple.
mètres. Chacune de ces informations peut qu'ils reconnaissent l'aide apportée à la
avoir plusieurs significations, elles peuvent conduite, préfèrent conduire manuelle- Ainsi, la connaissance de lignes demeu-
être interprétées de manière différente ment, compte tenu du profil de lignes et re pour les conducteurs absolument indis-
selon les objectifs des conducteurs à un du plaisir recherché dans la réalisation de pensable pour leurs activités de conduite.
instant donné. Elles leur permettent de se leur tâche. Ces derniers mentionnent tou- Sans ces connaissances, les conducteurs
localiser, d'effectuer des diagnostics, de tefois l'utiliser en cas de mauvaises condi- se voient dans l'obligation d'utiliser
définir des stratégies et surtout, de pouvoir tions météorologiques (brouillard, d'autres modes opératoires et d'autres stra-
anticiper. pluie,…), de fatigue, voire de moins tégies de conduite qui apparaissent moins
bonnes connaissances de ligne. efficientes. Les conducteurs intègrent ces
■■ La mise en évidence de différences connaissances de lignes à la fois for-
inter-individuelles importantes dans la réa- Pour résumer, les verbalisations ont per- melles : signalisation, vitesses limites…, et
lisation de la tâche principale de régula- mis d'aborder l'activité de régulation de la informelles : tunnels, ponts, habitations…,
tion de la vitesse concernant l'utilisation vitesse sous l'angle de deux aspects afin d'anticiper pour pouvoir réguler la
du système dit de vitesse imposée (VI : importants que sont la connaissance de vitesse et respecter ainsi les contraintes
vitesse imposée au système par le conduc- lignes et les stratégies de régulation horaires. L'hypothèse d'une organisation
teur), le mode de freinage utilisé (élec- expertes. Ainsi, l'analyse met en évidence, des connaissances de lignes selon un for-
trique ou électro-pneumatique). La VI est en accord avec les travaux de Lamonde mat linéaire, suivant le déroulement des
une aide à la conduite permettant de res- [31], une organisation des stratégies de trajets, a été défendue et retenue par le
pecter la vitesse limite, elle agit comme régulation de la vitesse étroitement liées à groupe projet. Cette hypothèse constitue
une butée et son utilisation est plus ou l'expertise de la ligne, la connaissance de un support valide de présentation de l'in-
moins appréciée. Ainsi, l'ensemble des lignes faisant partie intégrante de procé- formation en cabine compatible avec les
conducteurs effectuant les trajets sur le dures d'actions contextualisées et de sché- représentations des conducteurs.
TGV A n'utilisent jamais cette méthode de mas de raisonnement. Sa prise en compte
conduite, contrairement à ceux du TGV permet une optimisation de la conduite D'autre part, sur la base de l'ensemble
PSE qui l'utilisent entre 93 % et 100 % du (planification de l'activité de régulation de des résultats, mais aussi de verbalisations
temps sur l'ensemble du parcours. la vitesse, gestion des différentes sous- spécifiques concernant l'évolution de la
Mentionnons que cette méthode de tâches ponctuelles), donc une performan- tâche et de l'activité de conduite en fonc-
conduite dite « automatique » engendre ce accrue et une réduction non négli- tion des différentes situations possibles de
des actions différentes. Ainsi, les conduc- geable de la charge mentale [32]. conduite existantes, futures et dégradées,
teurs qui n'utilisent pas le mode VI vont nous avons pu également :
devoir davantage se servir du manipula- Le rôle fondamental des connaissances  constituer une typologie et une
teur de traction freinage. En revanche, les de lignes dans la régulation de la vitesse et décomposition hiérarchique des tâches
autres conducteurs, utilisant le mode VI, leurs extrêmes variétés (aussi bien du (suppression ou modification de certaines
devront souvent s'occuper du réglage de point de vue de la nature que de la quan- tâches en fonction des situations), > >
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Fig. 1. Extrait d'une fiche


train (feuille de route)
définissant la tâche
du conducteur pour un trajet
donné – dans cet exemple :
Lyon-Part-Dieu à
Chambéry-Challes-les-Eaux
- Extract of a train card defining the
task of the train driver for a given
journey – in this example: from
"Lyon-Part-Dieu" to "Chambéry-
Challes-les-Eaux" railway station

ODEREN SAL SAL SAL


S à 300 m S 40
(32,0) (30,6)
KRUTH ODEREN SAL
Fig. 2. Exemple de
schéma réalisé par
un conducteur pour
s'aider à effectuer sa
Z St AMARIN
tâche sur une ligne SAL SAL SAL SAL SAL
classique 40 LM (24,1)
(21,0) 60 R
- Example of a diagram BM
defined by a driver WESSERLING
to help him carry out his
task on a conventional line

PK 20 Willer/THUR (17,6)
SAL BITCH.
(19,0) à 500 m BITCHWILLER
S DM 40

Z LM
SAL SAL SAL
(14,3) V THANN
ZM 60 50 Z
THANN BM (13,6)
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 analyser les différents systèmes annexes, sources de surcharge et d'erreurs ■■ La conception et l'intégration de nou-
de transmission de l'information et de humaines, a été proposée, en accord avec veaux dispositifs de commande nécessaires
contrôle de vitesse (les besoins informa- les travaux de Millot [36]. à la tâche de régulation de la vitesse.
tionnels techniques, évolutions et modifi-
cations des stratégies de conduite), ■■ L'aide à apporter à l'activité de Nous nous centrerons, dans les parties
 mieux connaître les objectifs que conduite en terme d'assistance informa- qui vont suivre, sur cette IHM de régula-
se fixent les conducteurs, afin de réaliser tionnelle (à la connaissance de ligne, au tion de la vitesse.
correctement leur tâche. traitement des dysfonctionnements, à la
régulation de la vitesse) et de filtrage d'in-
Ces résultats sur l'analyse fine de l'acti- formations perturbatrices (sous forme 2.2. Etudes préliminaires :
vité de conduite, articulés bien sûr avec les d'un masquage temporaire, d'une mise en définition de pré-concepts
facteurs économiques techniques et attente de l'information et non d'une sup- et choix d'un concept
sociaux auxquels les conducteurs sont pression) ; cette aide prend tout son sens,
confrontés, ont permis de bien identifier compte tenu de l'allongement des étapes Dédiée à la recherche de solutions,
les éléments sources de variabilité et sus- de conduite que connaîtront les conduc- cette phase de conception préliminaire
ceptibles de générer des incidents, de teurs et dès lors, l'accroissement des permet d'aboutir à différents avant-projets
recenser les actions types [33], de mettre connaissances de lignes qui en résultera. ou « pré-concepts » en tenant compte des
en évidence les carences théoriques [34], spécifications du cahier des charges et de
l'inadaptabilité de certains outils, les dys- ■ ■ Les modifications à apporter à l'outil la définition du champ des activités
fonctionnements possibles, leurs causes et principal de régulation de la vitesse comp- futures souhaitables validée [20]. Elle per-
leurs conséquences. te tenu des nouveaux matériels existants ? met de matérialiser les premières réponses
aux besoins identifiés.
C'est sur la base de ces connaissances Précisons que cette description des acti-
qu'il a été possible, avec le groupe projet, vités futures, qui a permis de fournir à Durant cette étape, traditionnellement
d'approcher, ce que nous avons appe- l'ensemble des acteurs une évaluation réservée aux seuls concepteurs, l'ergono-
lé [20], à l'appui des travaux de plus large concernant les conséquences me joue maintenant un rôle reconnu de
Daniellou [26], le « champ des activités de leur choix de conception [26], n'a conseiller, et participe à ce titre à la défini-
futures souhaitables », souhaitables en jamais cessé de s'enrichir et de se préciser tion des pré-concepts en faisant part de ses
terme de sécurité, de santé, de confort et au cours de l'avancement du projet, et analyses touchant la fonction « usage » des
d'efficacité. C'est en effet, autour de cette ceci, grâce à une information progressive différents pré-concepts en cours d'étude.
définition qu'une réflexion a pu être et continue des différents intervenants sur Son analyse repose en partie, à ce stade,
conduite avec le groupe projet sur l'activi- les états de définition successifs du futur sur l'élaboration de scénarios destinés à
té de conduite future, approche qui a per- produit. Indiquons enfin qu'à travers la reconstituer des situations d'activité fictives
mis au groupe d'élaborer les premières définition du champ des activités futures mais réalistes [38], en accord avec la défi-
orientations de conception du poste de souhaitables, tous les aspects n'ont pas été nition du champ des activités futures sou-
conduite futur. Mentionnons, que cette et ne devaient pas être formalisés. En haitables. La mise en scène de scénarios à
notion « d'activité future souhaitable », a effet, il fallait ainsi laisser, comme le sug- partir de la simulation, permet à l'ergono-
été préférée par le groupe projet, à celle gère Daniellou [26], des marges de me de guider le concepteur dans ses choix
proposée par Daniellou [26] qui parle manœuvre aux conducteurs qui doivent techniques. Cette simulation théorique
« d'activités futures possibles ». En effet, le jouer un rôle déterminant pour la prise en demeure une méthode prospective très effi-
groupe projet a souhaité à travers cette compte des aspects difficiles voire impos- cace [38 à 40]. Elle permet en effet d'ap-
notion, se placer dans le cadre d'une sibles à formaliser [37]. préhender les situations dans lesquelles les
démarche constructiviste, car comme le opérateurs vont se trouver, et de préciser
soulignent Pomian et coll. [35], l'enjeu est Il a découlé de ces analyses, conduites ainsi, les conséquences possibles sur leur
bien le caractère opérationnel des solu- très tôt dans le processus, un ensemble de sécurité, leur santé et leur confort, consé-
tions que la démarche ergonomique parti- résultats particulièrement précieux, qui a quences qui découleraient des choix tech-
cipe à élaborer, justifie et propose de aidé le concepteur à élaborer ses pre- niques et organisationnels [41].
mettre en place. mières orientations de conception. Ces
orientations se sont traduites par l'élabora- Le support de ces analyses, reste à ce
Cette réflexion sur les activités futures tion d'un cahier des charges où en tant stade du projet, – le plan, voire de plus en
souhaitables comportait un certain qu'ergonome, nous avons pu avec le plus, avec l'apparition grandissante de
nombre de points essentiels, parmi les- groupe projet, faire un ensemble de logiciels en conception assistée par ordi-
quels nous pouvons citer : recommandations générales et spéci- nateur (CAO), – la maquette virtuelle.
fiques, concernant en particulier : Cette dernière demeure aujourd'hui la
■■ La place à assigner à l'homme dans le référence pour tous les membres du grou-
futur système homme-machine ? La préser- ■■ L'interface principale de régulation de pe projet, car elle permet de bien partager
vation du degré d'initiative et l'accroisse- la vitesse (notée IHM : interface homme- les informations, en respectant les
ment des responsabilités du conducteur machine), cette dernière regroupant, en « vues métiers ». Ainsi, dès l'avant-projet,
ont été privilégiés. particulier, les besoins informationnels des maquettes approximatives en CAO
fondamentaux de la conduite (vitesse des différents pré-concepts vont pouvoir
■■ La répartition des tâches homme- réelle du train, vitesse imposée, vitesse servir de plates-formes de travail com-
machine ? L'allocation statique au système maximale autorisée en fonction du type munes. Grâce à la maquette virtuelle, les
d'un certain nombre de sous-tâches de ligne et de la signalisation,…) ; pré-concepts peuvent vivre et évoluer.
67
Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 191, 2e trimestre 2003

Elle va constituer le support qui va aider le


groupe projet, en collaboration étroite
avec les opérateurs ciblés, à sélectionner
les meilleurs pré-concepts. C'est au cours
de revues de projet que ces derniers vont
être sélectionnés, souvent sur « grand
écran » ; chaque acteur-métier ayant au
préalable mené et confronté ses simula-
tions, afin de valider ses choix ergono-
miques, techniques, esthétiques,…

Nous recommandons, en tant qu'ergo-


nome, que ces meilleurs pré-concepts fas-
sent l'objet de maquettes physiques,
même si les concepteurs sont souvent réti-
cents, pour des raisons de coûts et de
délais. La maquette virtuelle remplace
pour partie (selon eux), à ce stade de la
conception, la maquette physique, ce qui
est faux (selon nous), du point de vue du
facteur humain.

Cette maquette physique, même rudi-


mentaire, est indispensable pour l'ergono-
me [42], pourvu qu'elle ait des formes réa-

Photo UTBM
listes pour les opérateurs potentiels, et
qu'elle soit suffisamment interactive, de
façon à réaliser par eux-mêmes, des scé-
narios d'activités suffisamment représenta-
tifs des activités futures souhaitables.
Fig. 3. Plate-forme d'évaluation en vue d'étudier et de valider
Ainsi, l'ergonome va pouvoir dès lors les différents pré-concepts d'IHM retenus (d’après [20])
- Assessment system to study and validate the different MMI preconcepts retained
vérifier, et ceci avec des opérateurs ciblés (according to bibliographical ref. [20])
représentatifs, l'ensemble des hypothèses
formulées et en particulier, celles portant
sur certaines conditions de réalisation des
activités futures souhaitables. L'ergonome
va pouvoir réellement mettre en scène ses
scénarios, qu'il avait jusqu'à présent simu-
lé de façon théorique.

Dans le cadre du poste de conduite du férents acteurs, et en particulier avec les plate-forme d'évaluation (fig. 3) était équi-
TGV futur, au cours de la phase prélimi- conducteurs. Deux pré-concepts d'IHM pée de plusieurs calculateurs permettant
naire de conception, plusieurs pré- ont été retenus par le groupe projet, vali- de reproduire le comportement réel d'une
concepts d'IHM liés à la régulation de la dés par les conducteurs. Ces pré-concepts rame TGV, ce qui nous permettait de réa-
vitesse ont été proposés par le groupe ont fait l'objet par la suite de maquettes liser, en présence de conducteurs, des
projet, sur la base des spécifications du physiques interactives, grâce à des logi- simulations en vue d'évaluer, de valider les
cahier des charges et de la définition du ciels de prototypage rapide, dont le logi- deux pré-concepts d'IHM proposés [20].
champ des activités futures souhaitables. ciel VAPS® (logiciel de prototypage rapide
Cette IHM se décompose en deux parties : d'interfaces) dont un des points forts est Les six conducteurs, déjà étudiés sur le
 une partie matérielle : la commande qu'une fois l'interface réalisée dans l'envi- terrain, experts en conduite TGV, ont par-
traction-freinage, ronnement, il est possible d'engendrer le ticipé à ces tests d'évaluation. Au cours de
 une partie logicielle, correspondant prototype opérationnel correspondant, sur ces tests, nous simulions :
aux informations qui lui sont associées. n'importe quel type de machine.  des scénarios de conduite imposée,
 complétés par des scénarios repro-
Plusieurs de ces pré-concepts ont fait Nous avons pu ainsi réaliser une « plate- duisant certaines conditions d'exercice
d'abord l'objet de maquettes virtuelles, sur forme d'évaluation » qui regroupait l'en- des activités futures souhaitables. Les
lesquelles des simulations théoriques ont semble des dispositifs relatifs à la régula- scénarios de conduite imposée devaient
pu être conduites permettant de mettre en tion de la vitesse (commande traction frei- permettre d'évaluer les pré-concepts dans
scène des scénarios reconstituant certaines nage associée à l'interface visuelle d'aide à des cas extrêmes d'utilisation (arrêt d'ur-
conditions d'exercice des activités futures la conduite, alarmes sonores,...), l'environ- gence, très forte accélération,...). Grâce à
souhaitables. Ces maquettes virtuelles ont nement visuel de la voie (vidéodisque), la simulation, nous avons pu, au fur et à
réellement facilité le dialogue entre les dif- l'environnement sonore cabine,... Cette mesure des résultats obtenus, proposer
68
Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 191, 2e trimestre 2003

des modifications aux pré-concepts testés. simulations ainsi que des observations ce qu'il demande et ce qui est réalisé,
Nous avons pu valider par étapes succes- systématiques (caméras vidéographiques). rechercher les causes de ces écarts et
sives la faisabilité et le niveau d'intégration réagir en conséquence. Ces causes peu-
des solutions selon leurs aspects fonction- Douze conducteurs au total : les six vent être d’origines multiples :
nel et opérationnel [39]. conducteurs du groupe projet complétés  soit dues à des pannes, dans ce cas la
par six conducteurs moins experts de la zone centrale de l'IHM, fournira le com-
Une place privilégiée a été accordée aux conduite grande vitesse, sont venus effec- plément d’informations nécessaires,
conducteurs, permettant ainsi d'aboutir à tuer sur la plate-forme de simulation, qua-  soit dues à des causes externes (pati-
la définition d'un concept d'IHM liée, à la lifiée de « simulateur d'étude et de concep- nage du fait de mauvaises conditions cli-
régulation de la vitesse, représentant non tion », des évaluations qui se sont dérou- matiques,....),
pas la solution unique, mais la solution lées en trois parties :  soit dues à des causes spécifiques
acceptable pour le groupe projet, qu'il liées au conducteur (fatigue, inatten-
convenait d'étudier de façon détaillée lors ■ ■ Pré-expérimentation, qui a servi de tion...).
de la phase de conception qui suivait. phase de familiarisation et qui nous a per-  etc.
mis d'effectuer les ajustements de l'outil
de simulation. L’objectif visé avec la conception de
2.3. Etudes détaillées : cette interface était la nécessité de fournir
validation du produit prototype ■■ Vérification de l'adéquation tâche/ au conducteur, sur la base de l'étude de
moyens de réalisation de la tâche, au cours l'activité de conduite existante, un système
Il s'agit au cours de cette phase de de laquelle les conducteurs devaient d’aide à l’anticipation. En effet, nous
conception de passer d'une maquette, effectuer des scénarios de type imposés. avons souligné qu’une part importante de
souvent interactive, qui démontre la faisa- l’activité de conduite consistait à anticiper
bilité, à un produit prototype. Ce produit ■■ Évaluation globale en contexte de les actions à entreprendre en fonction des
prototype valide les attentes du cahier des conduite simulée, ou cette fois les conduc- informations prélevées sur la voie et de la
charges, en particulier pour l'ergonome, teurs devaient réaliser des scénarios dits connaissance de ligne.
l'ensemble des recommandations ergono- « de conduite libre », en respectant les
miques : générales et spécifiques. consignes qui leur sont habituellement Grâce à la présentation des écarts entre
Le groupe projet, au cours de cette données sur le terrain. « le prescrit », « le demandé » et « le réali-
phase de conception, s'intéresse mainte- sé » fournie par l’interface, les conducteurs
nant à l'optimisation du concept retenu en Rappelons, en accord avec Theureau disposent d’indicateurs qui jouent le rôle
vue de pouvoir réaliser un prototype qui [43], que les études sur de tels simulateurs de prédicteur, permettant une prise de
intégrera l'ensemble des critères liés à sa ont pour objectif surtout d’approfondir et décision précoce, rendue indispensable
réalisation (principes techniques, choix des de mieux valider les phénomènes cogni- par les temps d’inertie des réactions des
matériaux, fabrication, assemblage,...) [40]. tifs présents en situation naturelle. La per- matériels roulants.
tinence et la validité de ces études sur
Du point de vue méthodologique, le pro- simulateur dépendent donc directement Les figures 4 et 5 montrent, à titre indi-
tocole que nous avons mis en œuvre pour de celles réalisées sur le terrain. Il est bien catif, les écarts observés entre vitesse pres-
répondre à ces différentes questions s'ap- sûr évident que l’étude des situations crite et vitesse réelle, chez deux conduc-
puie sur deux approches complémentaires : simulées n’a de sens que si : teurs (un novice et un expert de la gran-
 elles sont faites en relation avec des de vitesse) lors d'un scénario de type
■■ l'évaluation analytique. De manière analyses en situation réelle et non à partir imposé, réalisé sur simulateur.
générale, cette première approche, basée d’une représentation symbolique de la
pour l'essentiel sur les techniques d'entre- tâche et des considérations générales Tous conducteurs et tous scénarios
tien et de verbalisation, permettait d'ap- issues de la psychologie expérimentale, confondus, il ressort, ainsi qu'en témoi-
précier la satisfaction du besoin informa-  elles ont un objectif modeste, tant du gnent les figures 4 et 5, que les conduc-
tionnel, la validité des principes fonction- point de vue théorique que pratique. teurs étudiés respectent bien « le prescrit »
nels retenus et les préférences des et que les écarts obtenus entre vitesse
conducteurs. L’originalité du concept retenu, concer- prescrite et vitesse réelle sont très faibles,
nant l'IHM de régulation de la vitesse, rési- de l'avis des experts de la conduite, comp-
■■ l'évaluation empirique. Cette seconde de dans sa philosophie de conception te tenu :
approche permettait quant à elle d'évaluer cherchant à fournir, sur la base de l'étude  de la sévérité des scénarios de
de manière objective, un ensemble de cri- terrain, trois types d’informations aux conduite imposée,
tères tels que : l'efficacité, l'utilisabilité, la conducteurs à savoir :  des performances même des maté-
performance, l'adaptabilité, etc.  ce qu'il doit faire, par exemple, riels roulants : inertie de la rame…,
Enfin, rappelons que l'évaluation empi- vitesse limite en fonction du lieu géogra-  et des objectifs recherchés par les
rique que nous nous sommes proposés de phique (« le prescrit »), conducteurs eux-mêmes (confort des pas-
faire, s'appuyait sur la mise en œuvre  ce qu’il fait, c’est-à-dire ce qu’il sagers, préservation du matériel,…).
d'une « plate-forme de simulation », plus demande à la machine (« le demandé »), et Ces résultats, obtenus dans des condi-
performante que celle évoquée au cours  ce que la machine réalise en fonc- tions particulières, pour ne pas dire
des études préliminaires et réalisée au sein tion de son état fonctionnel (« le réalisé »). exceptionnelles, puisque les conducteurs
de l'équipe d'ERgonomie et de testés ne connaissaient pas les lignes et les
COnception des Systèmes (SeT-ERCOS), Ainsi, le conducteur peut détecter à tout matériels roulants qu'ils allaient utiliser,
pour permettre le relevé des traces des moment un écart entre ce qu’il doit faire, ont confirmé la pertinence de l'IHM déve-
69
Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 191, 2e trimestre 2003

Vitesse imposée
250 Vitesse réelle

200
Vitesse en km/h

150
Fig. 4. Courbes de vitesse réelle
100 et imposée obtenues chez un conducteur novice
lors d'un scénario de type imposé
(d’après [39])
50 - Curves showing the real and compulsory speed
of the train obtained with a novice driver during
an imposed type scenario (according to ref. [39])
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500

Temps en secondes

Vitesse imposée
350 Vitesse réelle

300

250
Vitesse en km/h

200

150 Fig. 5. Courbes de vitesse réelle


et imposée obtenues chez un conducteur expert
100
lors d'un scénario de type imposé (d’après [39])
50
- Curves showing the real and compulsory speed
of the train obtained with an expert driver during an
0 imposed type scenario (according to ref. [39])
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000

Temps en secondes

loppée, et confirmé ainsi l'intérêt de dis- Wickens [45] ont introduit l’idée d’un sys- réalisation de la tâche et de l’évolution des
poser d'une aide à la conduite. Rappelons tème de traitement de l’information à res- conditions de réalisation.
que de façon générale, tous secteurs d'ac- sources multiples, dirigé par une sorte de
tivité confondus, la nécessité de concevoir superviseur, qui répartirait ces ressources Ceci implique que l’activité de conduite
des aides à l’anticipation est maintes fois sur telle ou telle tâche en fonction des de train nécessite pour les conducteurs de
mise en avant, notamment dans les situa- objectifs du sujet. partager leur attention et que la concep-
tions de contrôle de processus [44]. tion des nouveaux dispositifs doit tenir
Cette approche des capacités attention- compte des capacités de traitement de
De nombreux travaux s’accordent pour nelles nous semble bien adaptée à la situa- l’opérateur.
dire que les capacités de traitement de l’in- tion de conduite de train. Le conducteur
formation de l’opérateur humain sont limi- est amené, en effet, à hiérarchiser le traite- Néanmoins, on sait par ailleurs [46] qu’il
tées. Depuis la théorie du canal unique, ment des informations (qui proviennent existe deux types de processus de traite-
partant de l’hypothèse que les informa- de sources diverses : voie, cabine), en ments différents dont les exigences au
tions perçues sont traitées en série par un adéquation avec des buts et des sous-buts niveau des astreintes sont très différentes.
seul canal, certains auteurs comme qui évoluent en fonction du moment de Les processus automatiques, peu consom-
70
Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 191, 2e trimestre 2003

mateurs de capacité attentionnelle, sont des conducteurs peuvent apparaître. Ainsi, souhaitables, a été particulièrement pré-
opposés aux processus contrôlés, qui il est indispensable, concernant l'IHM pro- cieuse. Cette participation a permis d'inté-
nécessitent un plus grand investissement totype que nous venons d'étudier, qu'elle grer leur point de vue à la conception des
de la part du sujet. L’utilisation de l’un ou soit mise à l'épreuve de situations réelles, futurs systèmes techniques, afin que ces
l’autre de ces processus dépend en gran- afin d'effectuer les dernières validations, derniers puissent représenter, en particu-
de partie de l’expérience du sujet. chose qui a été acceptée par le chef de lier, une véritable aide à l'activité de
projet qui a validé le principe que soit conduite.
Il est évident que les conducteurs effec- conduite une évaluation ergonomique sur
tuent un certain nombre d’actions sans un le poste de conduite prototype, poste Concernant la contribution décrite de
investissement important de l’attention, ce qui devrait être installé sur une rame l'ergonome dans la démarche de concep-
qui leur permet de répartir la part d’atten- d'essais. tion, il convient de préciser que cette
tion disponible sur les informations néces- contribution, demeure complémentaire de
saires pour mener à bien leur mission, en celle, défendue par de nombreux auteurs
fonction des sous-buts qu’ils se fixent et [26, 47 à 49], qui situe plutôt l'ergonome
qu’ils hiérarchisent grâce à leur expérience. comme accompagnateur du processus de
C ONCLUS I ON conception. Dans ce cas, l'ergonome se
On notera d’ailleurs que cela peut être positionne comme révélateur des synergies
un avantage, mais également dans certains nécessaires à développer et, médiateur
cas, un préjudice pour la sécurité. C’est le Le travail proposé a présenté un entre maîtrise d'ouvrage et maîtrise
cas par exemple de la commande VACMA, exemple de contribution de l'ergonomie d'œuvre. Dans les deux cas, quelle que
couramment appelée « homme-mort », que dans un projet de conception de produits soit l'approche mise en œuvre, qui
le conducteur peut très bien contrôler sans nouveaux, concernant la conception du dépend souvent des formations dont sont
pour autant être réellement « à sa tâche ». poste de conduite des TGV futurs. Dans le issus les intervenants (psychologie cogniti-
Il s’agira pour nous de vérifier que l’in- cadre de cette contribution, l'ergonome ve, physiologie du travail, médecine du
troduction des nouveaux dispositifs n’en- intègre le groupe projet et tient une place travail, ingénierie, etc.), l'ergonomie est
traînent pas de surcharge attentionnelle. privilégiée au sein du processus collectif facteur de sécurité, de santé, d'efficacité
de conception. Il est décrit comme un vrai par la mise en œuvre de toutes les capa-
En s’appuyant sur cette connaissance de partenaire, un réel acteur, un co-concep- cités de l'homme, et d'innovation.
l’activité de conduite réelle, nous avons teur, qui en plaçant les conducteurs au
donc pu, avec le groupe projet, prototyper centre de la démarche, a permis que la
une IHM liée à la régulation de la vitesse, spécificité du « facteur humain » s'intègre
la tester en simulant certaines conditions bien dans la démarche de conception. Remerciements
d'exercice des activités futures souhaitables
sur une plate-forme de simulation, la vali- L'approche a montré comment les résul- Les auteurs tiennent à faire état de la
der et l’optimiser, de manière à concevoir tats de l'analyse de l'activité de conduite précieuse collaboration de Mme Valérie
la solution acceptable sur un plan tech- ont été essentiels pour orienter le proces- Gouin et de M. Gérard Touvenot, de l'équi-
nique, ergonomique, économique, etc. sus de conception et pour favoriser la pe d'ERgonomie et de COnception des
coopération des acteurs-métiers. Ainsi, à Systèmes (ERCOS) du laboratoire Systèmes
Sur la base de l'ensemble des résultats travers l'analyse de l'activité, l'ergonome a et Transports de l'UTBM, sans laquelle les
des tests sur simulateur et des discussions pu fédérer l'ensemble des acteurs, non pas expérimentations n'auraient pu être
qui en ont découlé au sein du groupe pro- autour de la performance technique du conduites. Nous tenons également à
jet, plusieurs modifications ont été appor- produit en cours de développement, mais remercier les personnes de la Délégation à
tées à l'IHM prototype. Ces tests de vali- autour des conducteurs, en tant que futurs la Traction de la SNCF, en particulier MM.
dation menés sur le produit prototype, opérateurs. Christian Raimond et Jean-Pierre
grâce à l'utilisation d'un outil d'investiga- Lorinquer, sans oublier les conducteurs, et
tion, dont l'objectif était de pouvoir réali- Grâce à la mise en place d'outils d'in- le service Recherche et Développement
ser avec le groupe projet, des boucles de vestigation, plate-forme d'essai lors des d'Alstom-Transport de Belfort, en particu-
conception – évaluation – validation itéra- études préliminaires, simulateur d'étude et lier MM. Philippe Chappet et Didier Garret,
tives, ont réellement permis de vérifier cer- de conception lors des études détaillées, qui se sont investis sans compter dans le
taines prévisions avec l'ensemble des per- l'ergonome a pu conseiller le concepteur, présent projet.
sonnes du groupe projet. Certains pro- en lui donnant réellement les moyens de
blèmes qui n'étaient pas apparus lors des prendre en compte l'analyse de l'activité
phases précédentes, ont bien été identifiés de conduite actuelle et future, dans les
et corrigés, en intégrant les « vues décisions de conception.
métiers ».
Les conducteurs ont joué ainsi un rôle Article reçu en octobre 2002,
Pour terminer, il est nécessaire que nous central dans la compréhension et la for- accepté en janvier 2003.
insistions sur le fait que dans les études de malisation de leur activité par l'ergonome.
détail, les « conditions réalistes » de tests Leur participation aux différents tests
d'ergonomie que nous venons d'évoquer, d'évaluation, pendant lesquels l'ergonome
ne peuvent en aucun cas se substituer aux mettait en scène des scénarios de condui-
conditions réelles, où de nouvelles diffi- te imposée et des scénarios de certaines
cultés, de nouveaux besoins fonctionnels conditions d'exercice des activités futures
71
Cahiers de notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail - N° 191, 2e trimestre 2003

BIBL I OGRAPHI E

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Tiré à part de Cahiers des notes documentaires - Hygiène et sécurité du travail, 2e trimestre 2003, n° 191 - ND 2192 - 1 000 ex.
N° CPPAP 804/AD/PC/DC du 14-03-85. Directeur de la publication : J.-L. MARIÉ. ISSN 0007-9952 - ISBN 2-7389-1151-X
Imprimerie de Montligeon - 61400 La Chapelle Montligeon

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