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La spécificité des anticorps fixés à la surface des héma-

Coombs direct ties peut être recherchée par le test à l’antiglobuline (ou
test de Coombs indirect) mis en œuvre lors de la
recherche d’agglutinines irrégulières (RAI). La RAI est
Le test de Coombs direct (TCD) permet de mettre en réalisable avec le sérum du patient s’il contient des anti-
évidence des anticorps ou des composants du complé- corps libres, sinon après élution des anticorps fixés sur
ment à la surface des hématies. Il indique la sensibilisa- les hématies.
tion in vivo des hématies qui est observée dans plusieurs
Il est à noter que la pratique systématique du TCD chez
circonstances :
les donneurs de sang montre qu’environ 1 donneur sur
• adsorption non spécifique d’anticorps (hyper- 10 000 a un test positif dû à de vrais autoanticorps que
gammaglobulinémie, myélome) ; l’on peut éluer et identifier, identiques à ceux que l’on
• anticorps anti-érythrocytaires maternels chez le nou- trouve dans les AHAI. La raison de l’innocuité de ces
veau-né incompatible (maladie hémolytique du autoanticorps n’est pas connue.
nouveau-né) ;
• autoanticorps anti-érythrocytaires fixés sur les héma- Anémie hémolytique autoimmune (AHAI)
ties (anémies hémolytiques autoimmunes ou AHAI) ; L’anémie hémolytique autoimmune est définie par une
• anticorps immunoallergiques (anticorps ou com- anémie associée à la présence sur les hématies et/ou
plexes immuns induits par des médicaments) ; dans le plasma d’un autoanticorps dirigé contre un ou
• allo-anticorps d’origine post-transfusionnelle. plusieurs antigènes érythrocytaires. Les hématies « sen-
sibilisées » ont une durée de vie raccourcie. L’hémolyse
Le TCD ou test direct à l’antiglobuline (TDA) repose
peut être :
sur l’utilisation d’antiglobulines humaines spécifiques
reconnaissant des immunoglobulines (Ig) ou des frac- • intravasculaire (l’anticorps fixe et active le com-
tions du complément. plément) ;
L’arrêté du 26 avril 2002 relatif à la bonne exécution • et/ou tissulaire (les macrophages tissulaires recon-
des analyses de biologie médicale précise d’utiliser de naissent et phagocytent les hématies recouvertes
façon simultanée et indépendante une antiglobuline d’IgG ou de la fraction 3 du complément).
anti-IgG et une antiglobuline anti-C3d ainsi que des Les antigènes cibles des autoanticorps sont souvent des
réactifs témoins appropriés. La fraction C3d du com- antigènes de grande fréquence (Rhésus), présents chez
plément est la fraction persistant sur les hématies la plupart des sujets et rendant la transfusion peu effi-
demeurées intactes après le passage d’un anticorps cace. Certains autoanticorps ont une spécificité plus res-
fixant le complément (cas de l’IgM qui s’élue faci- treinte, en particulier pour des antigènes du système
lement). Rhésus (exemple : auto-anti-e). La spécificité et la
Le TDA classique repose sur une technique d’agglutina- nature de l’autoanticorps peuvent varier au cours de
tion en tube vis-à-vis d’hématies lavées. Il est l’évolution de la maladie. Connaître la spécificité de
aujourd’hui souvent remplacé par des techniques l’autoanticorps n’est pas indispensable, car cela ne
d’agglutination avec filtration en gel ou sur microbilles conditionne pas la prise en charge thérapeutique du
de verre. Celles-ci peuvent être automatisables et per- patient.
mettent d’éviter l’étape de lavage pouvant entraîner Les autoanticorps sont dits chauds ou froids selon que
l’élution de certains anticorps fixés et être à l’origine leur température optimale d’activité in vitro se situe à
d’un TCD faussement négatif. Elles sont également plus 37 °C ou à 4 °C (en réalité de 0 à 30 °C) :
sensibles puisque, pour les IgG, le seuil de détection est
• les autoanticorps chauds sont des IgG polyclonales ;
de 150 molécules par cellule. Il a été établi que les
hématies de sujets normaux portent environ 50 molé- • les autoanticorps froids sont :
cules d’IgG par cellule. – des IgM polyclonales ;
D’autres antiglobulines spécifiques peuvent être utili- – des IgM monoclonales pour la maladie de
sées, permettant de détecter d’autres Ig (IgA, IgM) ou Waldenström ;
d’autres fractions du complément. Des anticorps mono- – des IgG biphasiques (fixation à froid et hémolyse à
clonaux permettent également de déterminer les sous- chaud).
classes des IgG et des IgA, ou le type de chaînes légères
(ê ou ë). Ces tests sont utilisés en deuxième intention, Les AHAI touchent des sujets de tout âge.
dans un contexte évocateur avec un TCD classique On distingue généralement les AHAI à anticorps chauds
négatif. des AHAI à anticorps froids.
AHAI à anticorps chauds mais on observe des nodules lymphoïdes à la biopsie
médullaire et l’évolution peut révéler une maladie de
C’est la forme la plus fréquente (80 % des cas).
Waldenström ou un lymphome dans 15 % des cas.
Le TCD est le plus souvent de type IgG seul (35 % des
Elle induit une hémolyse chronique associée à des phé-
cas) ou de type mixte (IgG + complément : 45 % des
nomènes ischémiques des extrémités.
cas).
Il est parfois de type complément seul (10 % des cas), L’anticorps est une IgM de spécificité anti-I et le test de
rarement IgA + IgG (5 %) ou IgM + IgG + complément Coombs est positif de type complément.
(5 %). Dans un tiers des cas, l’immunoélectrophorèse retrouve
Sur le plan clinique, tous les intermédiaires sont pos- un pic monoclonal de nature IgM.
sibles entre l’hémolyse aiguë intravasculaire et l’hémo- La corticothérapie est peu active sur l’hémolyse.
lyse chronique extra-vasculaire bien tolérée. Il existe
des formes asymptomatiques découvertes fortuitement • Forme aiguë transitoire postinfectieuse
lors de l’exploration d’une anémie.
Elles sont idiopathiques dans plus de la moitié des cas. Elle est observée surtout après une pneumopathie aty-
Les pathologies associées les plus fréquemment rencon- pique ou à Mycoplasma pneumoniae. Elle se rencontre
trées sont : aussi au cours des oreillons, de la varicelle, de la mono-
nucléose infectieuse, de l’infection à CMV.
• les hémopathies lymphoïdes ;
L’hémolysine est une IgM polyclonale de spécificité
• les connectivites et autres affections dysimmuni- anti-I le plus souvent, parfois anti-i.
taires ;
Le test de Coombs est positif de type complément.
• les cancers.
Cette affection guérit spontanément, généralement sans
Dans 70 % des cas, les crises hémolytiques sont sen-
séquelles.
sibles à la corticothérapie qui peut induire la rémission.
Le test de Coombs peut rester positif plusieurs mois.
— Hémoglobinurie paroxystique aiguë a frigore
La présence de C3d sans IgG (avec ou sans agglutinines
froides) est souvent associée à une pathologie sous- Elle est rare, survient surtout chez l’enfant et semble
jacente, volontiers maligne. Dans ce cas, la cortico- liée à une infection virale (rougeole, varicelle, oreillons).
thérapie est peu active sur l’hémolyse. L’anticorps responsable est l’hémolysine biphasique de
Dans les formes secondaires, le traitement de l’affection Donath et Lansteiner qui se lie à froid (température
sous-jacente est souvent efficace sur l’hémolyse. < 15 °C) et fixe le complément, mais dont l’activité
hémolytique se manifeste à 37 °C. La spécificité de cet
AHAI à anticorps froids anticorps de type IgG est dirigée contre le système de
groupe sanguin P.
In vitro, les autoanticorps froids de type IgM sont res-
ponsables d’une agglutination spontanée des hématies Le test de Coombs est positif de type complément ou
sensibilisées, visible sur le frottis et parfois aussi IgG + complément.
macroscopiquement, sur le tube de sang anticoagulé.
Cette autoagglutination est généralement réversible à Anémie hémolytique
37 °C. d’origine médicamenteuse
In vivo, les autoanticorps froids fixent le complément. L’hémolyse est déclenchée par la prise d’un médicament
L’hémolyse est déclenchée à une température inférieure déjà consommé antérieurement. Les médicaments res-
à 30 °C. ponsables sont nombreux : â-lactamines, rifampicine,
sulfamides, phénacétine, quinine, diclofénac, ibupro-
— AHAI avec agglutinines froides fène, furosémide, chlorpromazine, oxaliplatine.
On distingue deux formes. Les hémolyses immunoallergiques d’origine médica-
menteuses peuvent relever de deux mécanismes :
• Forme chronique
• formation de complexes immuns anticorps-
C’est la forme la plus fréquente d’AHAI après celle à médicament et absorption à la surface des hématies.
anticorps chauds. Dans 20 % des cas, elle est associée L’anticorps est une IgM responsable d’une hémolyse
à une maladie de Waldenström et dans 10 % des cas, à intravasculaire et du TCD positif de type C3d ;
un lymphome. Dans 70 % des cas, elle est idiopathique, • fixation du médicament sur l’hématie comme un
haptène. L’anticorps est une IgG qui n’agit sur les (ou anti-B) « immuns » fixés sur les hématies qui consti-
hématies qu’en présence du médicament. tue alors la meilleure méthode pour mettre en évidence
Dans certains cas (diclofénac), le médicament induit la les anticorps responsables de l’hémolyse.
formation de néo-antigène sur les hématies qui stimu-
lent la production à la fois d’autoanticorps et d’anti- Réactions transfusionnelles
corps médicament-dépendants. Le TCD est pratiqué pour démontrer l’origine immuno-
logique de l’accident hémolytique. Les globules rouges
Maladie hémolytique du nouveau-né du donneur sont reconnus par des allo-anticorps spéci-
fiques présents dans le sérum du malade. Le TCD, suivi
Le TCD est pratiqué pour démontrer la sensibilisation de l’élution et de l’identification des anticorps, permet-
des hématies du nouveau-né par les allo-anticorps d’ori- tra de mettre en évidence les anticorps responsables de
gine maternelle, de nature IgG, passant la barrière pla- l’hémolyse.
centaire.
Le TCD chez le nouveau-né doit être effectué au Exploration biologique
moindre doute de maladie hémolytique (immunisation d’autres maladies autoimmunes
maternelle connue, anémie, ictère…).
Le TCD est pratiqué en particulier dans le lupus érythé-
Si le TCD est positif et si l’allo-immunisation maternelle mateux disséminé. Au cours de cette pathologie, le
n’est pas connue avant l’accouchement, une recherche TCD est généralement de type complément, du fait de
d’agglutinines irrégulières doit être effectuée chez la la présence de complexes immuns fixés sur le récepteur
mère. Si la recherche est négative vis-à-vis du panel C3d des hématies.
d’hématies-tests, il est nécessaire d’utiliser comme
hématies-réactifs les hématies de l’enfant ou du père
(sous réserve de la compatibilité ABO), qui contiennent ☞ Agglutinines froides
obligatoirement l’antigène ayant provoqué l’immunisa- ( Arrêté du 26 avril 2002 modifiant l’arrêté du 26 novembre 1999 relatif à
tion, pour rechercher une immunisation vis-à-vis d’un la bonne exécution des analyses de biologie médicale (Journal Officiel du
4 mai 2002 ; pp. 8375-8382).
antigène de faible fréquence (antigène « privé »).
Janot C.
Il est également possible de mettre en évidence les anti- Immuno-hématologie et groupes sanguins. Les anémies hémolytiques
auto-immunes.
corps maternels à partir du sang de l’enfant, soit dans Bioforma – Cahiers de Formation Biologie médicale 2002 ; No 26 :
le sérum, soit après élution des hématies. 123-135.
Rochant H.
Au cours de la maladie hémolytique par incompatibilité Anémies hémolytiques auto-immunes.
Rev Prat 2001 ; 51 : 1534-1541.
ABO (survient en pratique si la mère est de groupe O),
Sébahoun G, Tubiana N.
le TCD est souvent négatif, la fréquence des réactions Anémies hémolytiques auto-immunes.
positives ne dépassant pas 20 %. C’est l’élution par la In : Sébahoun G.
Hématologie clinique et biologique. – 2e édition.
chaleur des anticorps de nature IgG de spécificité anti-A Rueil-Malmaison : Arnette, 2000 ; pp. 77-81.

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