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DE LA MAISON COMMUNE
André-Hubert Mesnard
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Summary Laudato si:The Pope Francis’ encyclical on care for our common
home. In the encyclical “Laudato si” (“Praise be to you”), the pope “proposes spe-
cially to engage in dialogue with everyone about our common home”. His sources
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Présentée le 18 juin dernier à Rome1 c’est l’aboutissement d’un long travail collectif,
nourri de textes pontificaux antérieurs et de l’expérience personnelle, latino-améri-
caine, de Jorge Bergoglio, devenu le pape François.
D’ailleurs qu’est-ce qu’une encyclique ? C’est une lettre solennelle (circulaire) adres-
sée par le pape à l’ensemble des Églises2, ou à quelques-unes plus précisément,
en vertu de son magistère, de son pastorat suprême. Documents officiels les ency-
cliques ne comprennent pas nécessairement de nouvelles définitions dogmatiques
ni un enseignement définitif (c’est tout à fait exceptionnel et s’appuie alors expres-
sément et normalement sur un concile, réunissant les évêques du monde). Ainsi,
sauf déclaration expresse, les encycliques portent la marque de leur temps et des
circonstances. Elles se suivent et se complètent, les souverains pontifes veillant à
reprendre et à prolonger les encycliques de leurs prédécesseurs.
1 Sébastien Maillard, « Genèse d’une encyclique adressée à tous », La Croix 17 juin 2015 ;
La Croix, texte intégral de « Laudato si » 19 juin 2015 ; Pape François, Laudato si, encyclique
sur la sauvegarde de la maison commune, co-édition Bayard, Cerf, Mâme ; Pape François,
Loué sois-tu, Laudato si, Encyclique sur la sauvegarde de la maison commune, préfaces de
Nicolas Hulot et du cardinal Philippe Barbarin, Emmanuel-Quasar. Les numéros mis entre
parenthèses renvoient aux paragraphes de l’encyclique.
2 Jean Passicos, « Encyclique », Encyclopédia Universalis (en ligne).
3 Cf. René Poujol, « La création entre les mains de l’homme », La lettre des semaines
sociales, juillet 2015.
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L’encyclique est de plus le fruit d’un travail collectif ayant profité de nombreuses
contributions externes. Une première mouture a été élaborée par une vingtaine
de personnes, majoritairement des laïcs, autour du cardinal Turkson (du Dicastère
Justice et Paix). Le pape a vu cette ébauche, qui a servi de base à un nouveau texte,
transmis à la Congrégation pour la doctrine de la foi, et à la Secrétaire d’État (autant
d’instances du Vatican), « Afin qu’ils vérifient que je n’aie pas dit de sottises » a plai-
santé le pape. Puis le pape, enfin, a revu sa copie définitive.
Malgré toutes ces précautions, ou grâce à elles, l’écriture du texte n’est pas dog-
matique. « Sur beaucoup de questions concrètes, en principe, l’Église n’a pas de
raison de proposer une parole définitive et elle comprend qu’elle doit écouter puis
promouvoir le débat honnête entre scientifiques, en respectant la diversité d’opinions »
(61). « Dans certaines discussions sur des questions liées à l’environnement, il est
difficile de parvenir à un consensus. Encore une fois je répète que l’Église n’a pas la
prétention de juger des questions scientifiques ni de se substituer à la politique, mais
j’invite à un débat honnête et transparent, pour que les besoins particuliers ou les
idéologies n’affectent pas le bien commun » (188). Mais l’éthique a sa place dans ce
débat, et « le fait que les principes éthiques apparaissent dans un langage religieux ne
les prive pas de toute valeur dans le débat public » (199) Certains passages sonnent
d’ailleurs comme un « mea culpa » de l’Église : « Si une mauvaise compréhension
de nos propres principes nous a parfois conduits à justifier le mauvais traitement de
la nature, la domination despotique de l’être humain sur la création, ou les guerres,
l’injustice ou la violence, nous, les croyants, nous pouvons reconnaître que nous
avons alors été infidèles au trésor de sagesse que nous devions garder » (200, cf.
aussi 116, sur la démesure anthropocentrique).
Mais l’encyclique du pape François est la première qui soit entièrement consacrée
à l’écologie, définie comme une écologie humaine intégrale, dans la triple relation
constitutive de tout humain : relation à l’autre, à la terre et à Dieu. « Nous ne pouvons
pas prétendre soigner notre relation à la nature et à l’environnement sans assainir
toutes relations fondamentales de l’être humain (119).
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Le pape, dans son introduction (13 à 16), lance donc un appel à toute la famille
humaine pour sauvegarder « notre maison commune ». Il souhaite d’abord « saluer,
encourager et remercier tous ceux qui dans les secteurs les plus variés de l’activité
humaine, travaillent pour assurer la sauvegarde de la maison que nous partageons »
(13). « Je voudrais, dit-il, avancer quelques grandes lignes de dialogue et d’action
qui concernent aussi bien chacun de nous que la politique internationale. Enfin et
puisque je suis convaincu que tout changement a besoin de motivations et d’un
chemin éducatif, je proposerai quelques lignes de maturation humaine inspirées par
le trésor de l’expérience spirituelle chrétienne » (15).
Le premier chapitre (17 à 61) est à l’écoute de « ce qui se passe dans notre
maison ». Reprenant les données scientifiques en matière d’environnement il pré-
sente les différents aspects de la crise écologique actuelle. Ainsi les changements
climatiques constituent « l’un des principaux défis actuels pour l’humanité ». « Le
climat est un bien commun, de tous et pour tous » (23), et son altération retombe
d’abord sur les plus pauvres ; » « L’accès à l’eau potable et sûre est un droit humain
primordial, fondamental et universel » (30). Chaque année disparaissent des milliers
d’espèces végétales et animales que nous ne pourrons plus connaître, que nos
enfants ne pourront plus voir (33). Ces espèces, ressources exploitables, ont de
plus une valeur pour elles-mêmes dans la création. Elles sont fréquemment victimes
5 Nous nous inspirerons ici du résumé de l’encyclique fait par le conseil pontifical « Justice et
Paix », sans nous y tenir strictement, suite à nos propres lectures.
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Face à cela le pape souligne la faiblesse des réactions, malgré des exemples posi-
tifs. Nous n’avons pas encore la culture nécessaire pour faire face à cette crise (53)
et il « devient indispensable de créer un système normatif qui implique des limites
infranchissables et assure la protection des écosystèmes » (53). Plutôt que de conti-
nuer à pratiquer une écologie superficielle il nous faudra des décisions courageuses.
Mais que l’homme ne soit pas le patron de l’univers « ne signifie pas que tous les
êtres vivants sont égaux ni ne retire à l’être humain sa valeur particulière… cela
ne suppose pas non plus une divinisation de la terre qui nous priverait de l’appel
à collaborer avec elle et à protéger sa fragilité » (90) ; Pour cela « toute cruauté
sur une quelconque créature est contraire à la dignité humaine » (92). Mais un
« sentiment d’union intime avec les autres êtres de la nature ne peut pas être réel si,
en même temps il n’y a pas dans le cœur de la tendresse, de la compassion et de
la préoccupation pour les autres êtres humains » (91). Encore une fois tout se tient.
Ainsi en ce qui concerne les réflexions sur la technologie les aspects positifs pour
l’amélioration des conditions de vie sont salués (102 et 103), mais toutes ces avan-
cées « donnent à ceux qui ont la connaissance, et surtout le pouvoir économique
d’en faire usage, une emprise impressionnante sur l’ensemble de l’humanité » (104).
Le paradigme technologique empêche de reconnaître que « le marché ne garantit
pas en soi le développement humain intégral » (109), d’où la nécessité d’une culture
écologique (111 à 114).
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Le progrès technologique doit préserver le travail, sous toutes ses formes, y com-
pris dans les projets de développement technologique (124 à 129). Le pape renvoie à
l’encyclique de Jean-Paul II « Laborem exercens ». On trouve ici toute une théologie
du travail : « Le travail devrait être le lieu de ce développement personnel multiple où
plusieurs dimensions de la vie sont en jeu : la créativité, la projection vers l’avenir, le
développement des capacités, la mise en pratique de valeurs, la communication avec les
autres » et même « une attitude d’adoration » ! (127). « Dans n’importe quelle approche
d’une écologie intégrale qui n’exclut pas l’être humain, il est indispensable d’incorporer
la valeur du travail » (124), « la création de postes de travail est une partie incontournable
du bien commun » (129). Il convient par exemple de soutenir les petits producteurs…
L’innovation biologique par la recherche prolonge et illustre ces réflexions sur la tech-
nologie (130 à 136) et appelle à « une discussion scientifique et sociale qui soit
responsable et large, autonome et interdisciplinaire (135). Il est difficile d’émettre
un jugement général sur les développements de transgéniques (OGM) végétaux ou
animaux. Ces mutations sont très souvent produites par la nature, mais selon un
rythme lent (133). Même si leur utilisation est à l’origine d’une croissance écono-
mique, il y a des difficultés importantes qui ne doivent pas être relativisées : diminu-
tion de la diversité productive et réduction du réseau complexe des écosystèmes,
développement d’oligopoles dans la production de grains, avec la production de
grains stériles accroissant la dépendance des paysans » (134)…
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Avec le chapitre IV, « Une écologie intégrale » (137 à 162), nous touchons au cœur
de la proposition. Nous ne pouvons « concevoir la nature comme séparée de nous ou
comme un simple cadre de notre vie », mais comme impliquée dans tous les champs
de notre environnement. « Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et
l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale » (139) de l’éco-
logie intégrale. Celle-ci se décline donc dans ce chapitre en : écologie environnementale,
économique et sociale (138 à 142) ; écologie culturelle (143 à 146) ; écologie de la vie
quotidienne (147 à 155). Le bien commun vient ainsi fédérer « l’ensemble des conditions
sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre
leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée » (156 à 158). Cette notion de bien
commun inclut enfin la prise en compte des générations futures (159 à 162).
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Quelques précisions sur tous ces points essentiels, qui ne sauraient être tous déve-
loppés ici. Mais cela « demande de s’asseoir pour penser et pour discuter avec
honnêteté des conditions de vie et de survie d’une société pour remettre en question
les modèles de développement, de production et de consommation… » (138). Les
différentes créatures sont liées et constituent ces unités plus grandes qu’aujourd’hui
nous nommons « écosystèmes ». C’est dans ce cadre que doit être considérée la
protection de l’environnement (ce qui est sans doute une remise en cause de nos
limites et frontières administratives). « Nous dépendons d’un ensemble harmonieux
d’organismes dans un espace déterminé fonctionnant comme un système » (140).
Une écologie économique est nécessaire et « la protection de l’environnement doit
faire partie intégrante du processus de développement… » (141). « Si tout est lié,
l’état des institutions d’une société a aussi des conséquences sur l’environnement
et sur la qualité de vie humaine. Toute atteinte à la solidarité et à l’amitié civique
provoque des dommages à l’environnement » (142).
Un des apports les plus originaux concerne « l’écologie culturelle » (143 à 146). « Il y
a avec le patrimoine naturel un patrimoine historique, artistique, et culturel, également
menacé ». « l’écologie suppose aussi la préservation des richesses culturelles de
l’humanité au sens le plus large du terme ». « Elle exige qu’on fasse attention aux cultures
locales, dans un sens vivant, dynamique et participatif (143). La disparition d’une culture
peut-être aussi grave ou plus grave que la disparition d’une espèce animale ou végétale »
(145). Dans ces conditions il est indispensable d’accorder une attention spéciale aux
communautés aborigènes et à leurs traditions culturelles (146).
Plus intime encore, il existe une écologie de l’homme « parce que l’homme aussi
possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté » (benoît
XVI, discours 22 septembre 2011). « L’acceptation de son propre corps comme don
de Dieu est nécessaire pour accueillir et pour accepter le monde tout entier comme
don du Père et maison commune… La valorisation de son propre corps dans sa
féminité ou dans sa masculinité est aussi nécessaire pour pouvoir se reconnaître soi-
même dans la rencontre avec celui qui est différent… (et) accepter joyeusement le don
spécifique de l’autre… » (155).
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leurs membres d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée ». A la
base de ces groupes se situe la famille, cellule de base de la société, et les compé-
tences de ces groupes doivent respecter le principe de subsidiarité, selon les principes
bien établis de la doctrine sociale de l’Église. Au-delà de la destination commune
des biens (93), subordonnant la propriété privée à l’usage commun, il n’est pas per-
mis comme l’a déjà dit et répété Jean-Paul II « de gérer ce don d’une manière telle
que tous ces bienfaits profitent seulement à quelques-uns » (Récife, homélie pour les
agriculteurs, 7 juillet 1980). Le principe du bien commun devient (donc) un appel à la
solidarité et à une option préférentielle pour les plus pauvres (158).
Enfin la notion de bien commun inclut les générations futures (159). Pour notre
propre dignité « nous sommes nous-mêmes les premiers à avoir intérêt à laisser
une planète habitable à l’humanité qui nous succédera (160). Mais souvenons-nous
déjà des pauvres d’aujourd’hui : « Au-delà d’une loyale solidarité intergénérationnelle,
l’urgente nécessité morale d’une solidarité intra-générationnelle renouvelée doit être
réaffirmée » (162).
Ces lignes sont nombreuses et denses. Comme cela était déjà dit dans l’introduction
(15), ce sont des propositions « de dialogue et d’action qui concernent aussi bien
chacun de nous que la politique internationale ». Le « dialogue » déjà largement évoqué
(16, 61, 135,138…) est « à même de nous aider à sortir de la spirale d’autodestruction
dans laquelle nous nous enfonçons » (163). Le pape invite « à un débat honnête et
transparent, pour que les besoins particuliers ou les idéologies n’affectent pas le bien
commun » (188). La logique du dialogue structure donc toutes les sections de ce cha-
pitre. C’est là la proposition d’action de l’Église qui « n’a pas la prétention de juger des
questions scientifiques ni de se substituer à la politique » (188).
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Politique et économie doivent dialoguer pour la plénitude humaine (189 à 198) sans
que l’une se soumette à l’autre, et l’économie ne doit pas se soumettre aux diktats ni au
paradigme d’efficacité de la technocratie (189). La crise financière de 2007-2008 a sur
ce point été une occasion manquée. En effet « Dans le schéma du gain il n’y a pas de
place pour penser aux rythmes de la nature… ni à la complexité des écosystèmes » (190).
Et la politique dans tout cela ? (196, 197). Si « il est vrai qu’aujourd’hui certains
secteurs économiques exercent davantage de pouvoir que les États eux-mêmes
(…) on ne peut pas justifier une économie sans politique (…) ». « Nous avons besoin
d’une politique aux vues larges qui suive une approche globale en intégrant dans
un dialogue interdisciplinaire les divers aspects de la crise… (mais) Une stratégie de
changement réel exige de repenser la totalité des processus, puisqu’il ne suffit pas
d’inclure des considérations écologiques superficielles ». Autrement « ce que nous
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Enfin les religions dans le dialogue avec les sciences (199 à 201) participent à
percevoir le sens et la finalité des choses. Le fait que les principes éthiques appa-
raissent dans un langage religieux ne les prive pas de toute valeur dans le débat
public (199). Le dialogue doit s’étendre entre les religions, entre les sciences elles-
mêmes, et entre les différents mouvements écologistes (ainsi le paragraphe 201
comprend à lui tout seul quatre appels au dialogue).
Tout le monde a besoin d’une conversion et donc d’une spiritualité écologique, mais
les dernières sections de ce chapitre (233 à 246), s’adressent plus spécialement aux
croyants chrétiens et à la spiritualité chrétienne.
« Beaucoup de choses doivent être réorientées, mais avant tout l’humanité a besoin
de changer. La conscience d’une origine commune, d’une appartenance mutuelle et
d’un avenir partagé par tous est nécessaire (…) pour le développement de nouvelles
convictions, attitudes et formes de vie. Ainsi un grand défi culturel, spirituel et éducatif,
qui imposera de longs processus de régénération est mis en évidence » (202). Miser
sur un autre style de vie face au « consumérisme obsessif (qui) est le reflet subjectif
du paradigme techno-économique » (203). « Plus le cœur de la personne est vide,
plus elle a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer » (204)… ce qui
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Mais tout n’est pas perdu, « un changement dans les styles de vie pourrait réussir à
exercer une pression saine sur ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique et
social (206) à l’image de ce que peuvent obtenir les mouvements de consommateurs.
« Acheter est non seulement un acte économique, mais toujours aussi un acte moral »
(206, reprenant Benoît XVI, lettre encyclique « Caritas in veritate », 29 juin 2009).
Tout cela doit se traduire par de nouvelles habitudes, et nous sommes devant un
« défi éducatif » (209) car l’existence de lois et de normes ne suffit pas à long
terme pour limiter les mauvais comportements et encourager « la sauvegarde de la
création par de petites actions quotidiennes » (211). Tout cela à travers l’action des
milieux éducatifs : l’école, la famille, les moyens de communication, la catéchèse. Le
texte insiste sur l’importance centrale de la famille, où l’on apprend à demander, à
remercier, à pardonner, et à respecter un certain ordre (213).
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Il ne faut pas non plus « négliger la relation qui existe entre une formation esthétique
appropriée et la préservation de l’environnement ». « prêter attention à la beauté et
l’aimer nous aide à sortir du pragmatisme utilitariste »… Apprendre à « s’arrêter pour
observer et pour évaluer ce qui est beau » (215).
Pour les chrétiens « vivre la vocation de protecteur de l’œuvre de Dieu est une part
essentielle d’une existence vertueuse ; cela n’est pas quelque chose d’optionnel ni un
aspect secondaire dans l’expérience chrétienne » (217). Souvenons-nous de saint François
d’Assise et de cette fraternité sublime avec toute la création (218). Car « chaque créature
reflète quelque chose de Dieu et a un message à nous enseigner » (221). « La nature
est pleine de mots d’amour, mais comment pouvons-nous les écouter au milieu du bruit
constant, de la distraction permanente et anxieuse, ou du culte de l’apparence ? » (225).
Cela nous mène à une section sur « l’amour civil et politique » (228 à 232) illus-
tré par les simples gestes quotidiens, et par « l’amour social (qui) est la clef d’un
développement authentique » (231). Ainsi, si « tout le monde n’est pas appelé à travailler
directement en politique (…) une variété innombrable d’associations interviennent
en faveur du bien commun en préservant l’environnement naturel et urbain (…) pour
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Les trois dernières sections de l’encyclique (233 à 246) parlent plus spécifique-
ment de- et à- la spiritualité chrétienne : à propos des sacrements (mode privilégié de
la manière dont la nature est assumée par Dieu) et de la liturgie (valorisant la corpo-
réité). On retrouve la doctrine sociale de l’Église, revivifiée par une écriture nouvelle,
poétique et chaleureuse, dans l’apologie du repos dominical (237) : « la spiritualité
chrétienne intègre la valeur du loisir et de la fête… (ainsi) l’action humaine est préservée
non seulement de l’activisme vide, mais aussi de la passion vorace et de l’isolement de la
conscience qui amène à poursuivre uniquement le bénéfice personnel » (237).
Nous terminerons cette présentation de cette longue encyclique (200 pages dans
les éditions de poche) en insistant sur l’invitation généralisée au dialogue (26 fois au
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