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X rencontre souvent des interlocuteurs qui ne comprennent son propos qu’à un

niveau purement intellectuel (ils ne perçoivent pas les faits que ce propos relate). X
n’essaie pas de leur montrer le Fondamental (abrégé : « F ») comme on pointe du doigt
un objet extérieur ; ni d’« aider les autres » comme une autorité qui les empêcheraient
eux-mêmes d’accomplir la recherche. Mais le discours de X pourrait peut-être nous
faire comprendre combien la pensée est limitée, donc nous faire assimiler la vérité,
incorporer la vérité. Le bon interlocuteur est celui qui a beaucoup recherché, qui en a
presque marre d’enquêter et qui est conscient de l’absurdité des religions qu’il a
étudiées. Sa recherche naît de la PASSION, qui peut nous libérer de la croyance au
« moi », cette croyance qui entrave l’homme depuis toujours. Quand on a essayé par
TOUS les moyens de trouver ce qu’on recherche, de mettre fin au moi, alors on est
tenté de demander à X de l’aide – une aide immédiate, efficace et différente de tous les
moyens qu’on a essayés. Mais il vaudrait mieux que l’individu se rende compte que le
« moi » est incapable de rencontrer le F. Pour ça, il faut se demander quel est le
rapport entre l’esprit humain et le F. Mais le moi ne peut pas communiquer avec le F et
fusionner avec lui (comme disent les religions traditionnelles) ; le F n’est pas « Dieu »
au sens habituel et il ne faut pas accepter les illusions des religions. Quand on
comprend ça, on n’affirme rien sur le rapport entre l’esprit humain et le F, on veut
seulement abolir le « moi » (parce qu’il est l’origine de la souffrance). On comprend
qu’il n’y a AUCUNE relation entre l’esprit humain et le F, au sens où il n’y a pas de
relation entre le bien et le mal, ni entre le fini et l’infini (le partiel et l’immensité).
Notre esprit ne peut pas entrer en contact avec le F : le F lui-même semble s’adresser à
nous pour nous informer qu’aucune relation entre lui et nous n’est possible ! Aucune
relation n’est possible avec la vérité : le découvrir est CHOC pour le cerveau. Ce qui
choque, c'est de comprendre que notre cerveau, notre esprit, notre savoir et même nos
considérations et nos luttes – n’ont aucune valeur, comme tout ce qu’on a acquis
pendant très longtemps. Vertu, abstinence et discipline n’ont aucune valeur, comme
tout ce qu’on a fait ou n’a pas fait. Prendre soudain conscience que tout ce qu’on a
fait est futile : c'est un coup très violent qu’il faut savoir encaisser. Etudier
scientifiquement la matière ne conduira pas l’homme au Fondamental, car en faisant ça
les scientifiques réduisent la réalité du Fondamental à une simple idée. Beaucoup de
gens ne s’intéressent pas au F, mais il est impossible de les toucher et de créer une
nouvelle société tant que l’esprit reste séparé du F. L’accumulation du savoir (sauf le
savoir pratique indispensable dans certains domaines) fait obstacle à la découverte
du F. Mais l’homme a accumulé beaucoup de savoir et ce fardeau de connaissances a
continué de s’alourdir au fil du temps. Ce savoir conditionne l’individu, jusqu’à
l’inciter à rechercher le F. Le savoir a éliminé certaines illusions, mais il n’a pas
délivré l’humanité de la superstition. Si on veut balayer toutes nos illusions, on finit
par réaliser que notre esprit est illusion. Quand on comprend la vanité de tout ce qu’on
a accompli, on découvre le F, qui est totalement neuf.
X est en quelque sorte immobile face au monde, constamment dans un « état
sans mouvement ». Le mouvement de son esprit n’est jamais le mouvement du
devenir, seulement le mouvement du F. L’esprit vide de tout savoir, l’esprit qui n’est
rien du tout fonctionne toujours à la lumière de la sagesse, la vision pénétrante (il
est constamment imprégné de cette vision). X gagne sa vie en enseignant, en dissipant
l’ignorance et la confusion des hommes. Il doit entrer en contact avec les autres et
établir un certain rapport avec eux ; mais comment un être qui n’est pas habitué à
l’obscurité et à la division peut-il entrer en relation avec ceux qui y sont habitués ? S’il
existait beaucoup d’êtres éveillés, ils ne seraient pas divisés et cette situation serait
révolutionnaire. Il suffirait de 10 êtres éveillés pour introduire la révolution.
X apprend aux hommes à sortir de l’obscurité (c'est sa « fonction ») ; mais il est
aussi en lien avec le F. Puisque les hommes sont dans la confusion, il le pressent d’agir
pour les aider. X cède à leurs demandes, mais il reste en contact avec le F. Quand il
transforme l’esprit de son auditeur, c’est le F lui-même qui affecte l’humanité. Mais X
ne peut pas se contenter d’enseigner : le F doit aussi faire d’autres choses, c'est-à-dire
rester en lien avec le F… En fait le champ d’action de X se situe à un niveau trop élevé
pour nous être concevable. X influence la conscience des autres par son EXISTENCE
elle-même plus que par ses actions ! (X rend quelque chose possible, comme le savant
génial qui ouvre des perspectives inédites). X semble n’avoir aucune AUCUNE sur les
autres hommes parce que son champ d’action se situe à un niveau qui ne nous est pas
concevable. Mais il DOIT avoir un effet : « la lumière affecte inévitablement
l’obscurité ». X doit rendre perceptible le F, mais ses auditeurs semblent incapables de
percevoir F, parce qu’ils prisonniers de la pensée, et la pensée demande des preuves de
l’existence du F.
X rend possible une activité du F dans la conscience humaine, et cette activité
N’AURAIT PAS ETE POSSIBLE SANS LUI. Par ses activités habituelles et
apparemment peu importantes (écrire, enseigner, etc), X ne semble pas très différent
des autres hommes, même s’il parle de manière un peu étrange de sujets rarement
abordés. Mais pour X, il existe « quelque chose de beaucoup de plus grand » que ces
tâches, une chose qui se manifeste dans sa vie quotidienne. Le F exige qu’un homme
particulier agisse sur l’humanité : c'est NATUREL, « cela fait partie de l’existence
comme les étoiles ». Mais LE F N’A PAS BESOIN DE X. Simplement, comme X,
le F le touche et l’utilise, se sert de lui, le met à son service.
_X n’accomplit aucune action dont le « contenu spécifique [pourrait] être traduit en
termes humains ». En ce sens, IL N’AGIT PAS
_X accomplit « une action qui transcende le temps ». En ce sens, IL AGIT.
Ce n’est pas très important que X transforme les hommes en étant simplement ce qu’il
est : X S’ESSAIE PAS DE PROUVER OU DE DEMONTRER QUELQUE CHOSE,
simplement la compassion le conduit à s’entretenir avec les autres au sujet du F, sans
tenter de réaliser un objectif déterminé. X considère qu’il existe « un mouvement
beaucoup plus ample qui joue nécessairement un rôle dans le monde », qu’il y a
quelque chose d’autre et d’inexprimable qui agit – sinon ses activités ordinaires
seraient dépourvues de sens. Il suffirait d’un petit nombre d’éveillés pour que la
société change radicalement, DONC X essaie de conduire ses auditeurs à la découverte
du F. Ses auditeurs se contentent de lui en demander des preuves, mais X ne peut rien
faire d’autre qu’apporter la connaissance. F est infini, mais l’être ordinaire n’en perçoit
qu’une petite partie : ce qui est infiniment grand nous paraît très petit. La découverte
du F DOIT nécessairement transformer la société. En un sens, cet effet a déjà eu lieu !
Car il suffit de percevoir une partie du F pour le percevoir en totalité. Pour conduire un
auditeur à la découverte du F, il faut lui faire comprendre qu’il doit cesser de réagir et
rester passivement attentif.

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