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1. La violence et le « moi »
« En abordant n’importe quel problème, n’importe quelle question, il nous faudra
creuser d’une façon complète et sérieuse, en prenant une chose à la fois, et ne pas nous
mettre à parler vaguement d’une quantité de questions différentes. Donc, il serait
intéressant, à mon avis, de choisir un problème humain véritable et d’en discuter
ensemble complètement. Alors, de quoi parlerons-nous ? » (p. 753).
p. 754
La violence « est une chose qui me paraît croître dans le monde entier.
Des révoltes et révolutions éclatent partout dans le monde, dans le but de changer les
structures sociales ; il faut les modifier ; mais peut-on le faire sans violence ? « Parce
que la violence engendre la violence. Suite à une révolte, un parti peut prendre le
pouvoir et, y étant parvenu, il s’y maintiendra par la violence »
« C'est un problème très sérieux et qui concerne chacun d’entre nous. Cela vous
plairait-il de discuter de cette question ? Qu’en dites-vous ? »
p. 755
« Tout en parlant, nous devons nous souvenir que cela doit entraîner un changement
dans notre façon de vivre. Je ne sais pas si vous êtes disposés à creuser suffisamment
profond ».
« Toutes les divisions sont sources de conflits et de violence ».
p. 756
p. 757
Dans l’intérêt que nous portons à notre propre maison, les autres problèmes sont
inclus.
p. 758
Il faut commencer par « nous attaquer aux question fondamentales […]. Quelle est la
question fondamentale ? ». Les interlocuteurs proposent des commencements
possibles ; mais : « S’il vous plaît, revenons à notre point de départ ».
p. 761
Désirons-nous vraiment être affranchis de toute violence ? Alors il n'y aurait plus de
conflit, de mouvement dualiste en nous, de résistance, d’opposition, d’agression,
« d’ambition nous portant à vouloir être quelqu’un, plus d’affirmation de nos propres
opinions dressées contre d’autres. Ces choses impliquent non seulement la violence de
l’autodiscipline, mais la violence qui « me porte à déformer mes désirs afin de me
conformer à un modèle pour que mon désir soit moral […]. La volonté elle-même est
violence ».
p. 762
Il faut se rendre compte de l’importance d’être affranchi de toute violence, sans « le
secret désir d’en conserver une certaine partie ». Etre libéré de toute violence signifie
« être affranchi de toute irritation », colère, angoisse, résistance face à n’importe quoi.
763
Etre affranchi de toute violence ≠ s’efforcer d’en être affranchi.
p. 765
Pour être affranchi de toute violence, il ne suffit pas d’essayer de le faire : il faut
s’interroger, approfondir la chose, l’observer prendre conscience de tout le mouvement
de résistance.
Je vois le danger de la violence, ses effets extérieurs, les divisions, les horreursje me
demande si je peux être libéré de toute violence. « En fait, je n’en sais rien. Je vais
donc examiner, je veux découvrir, non pas verbalement, mais passionnément ! ».
p. 766
« C'est un problème tellement vaste, n’en examinons pas quelques parcelles par-ci par-
là. Observons-le au cœur de sa nature ». Il faut observer en soi-même la source de
cette violence. Tenter de voir dans quelle mesure je pourrais renoncer à ma violence et
néanmoins survivre dans des limites raisonnables : cela pourrait être encore de la
violence (« limites raisonnables »). Si je comprends la racine de la violence, je peux
peut-être comprendre comment vivre sans violence.
p. 767
La racine est le clivage, la division, le moi. L’esprit peut-il vivre sans le moi ?
« Je vous en prie, continuons, examinons […]. Avançons pas à pas. S’il vous plaît,
messieurs, continuons »
Il faut se demander s’il est possible de vivre sans aucun but ; mais cela ne veut pas dire
« se laisser aller avec le courant » : il faut faire « très attention à ne pas penser en
fonction d’un opposé ». Il faut être prudent quand on dit qu’avoir un but est une
forme de violence, car on peut se laisser « aller au fil de l’eau ».
p. 768
Il faut faire attention à ne pas se « lancer dans une direction opposée ». « Vivre sans
une direction », un objectif, c'est-à-dire un but, une fin (ou « principe, « idéal »), car
cela n’est pas réel : c'est « une chose que l’esprit a inventée parce qu’il est
conditionnée, par ce qu’il a peur, parce qu’il recherche une sécurité extérieure et
intérieure »invention de quelque chosepoursuite de cette chose dans l’espoir d’y
trouver une sécurité. Il ne suffit pas d’en avoir l’intuition : je me demande avec
passion s’il est possible de vivre sans violence.
p. 769.
Un interlocuteur dit qu’il ne sent pas cette question, pas assez pour être secoué, pour
aller à sa rencontre. « Et pourquoi pas ? Pourquoi pas ? Tout le problème de
l’existence est là ! ». L’attitude de cet interlocuteur est une forme d’insensibilité,
d’indifférence (« Mon Dieu ! Ces gens brûlent, détruisent, et vous venez dire : "Je suis
désolé, mais cela ne m’intéresse pas vraiment ! »). Un interlocuteur demande ce que
K. appelle « violence » ; mais l’important est la définition que donne l’interlocuteur
lui-même : « Je ne suis pas un oracle, allons à la découverte. Mais tenons-nous à cette
question. Est-il possible de vivre complètement sans violence ? ».
p. 770