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UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT-LOUIS ANNEE UNIVERSITAIRE : 202 1-2022

UFR DE SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES LICENCE 2 – SEMESTRE IV


DEPARTEMENT DROIT PUBLIC
COURS : Pr. M. ZAKI
T.D. : M. ABDOUL WAHAB, J. M. FAYE, M. S. SANE, S. D. B. SARR, P. I. SIMA, M. TALL, M. TRAORE

FINANCES PUBLIQUES
Travaux dirigés
SEANCE N° 01 : LA STRUCTURE DE LA LOI DE FINANCES

I-NOTE :
L’Etat est l’acteur principal et dominant des finances publiques :
- en raison du volume des dépenses publiques ;
- par le fait qu’il contribue au financement de tous les autres organismes publics
(Collectivités territoriales, sécurité sociale) ;
- par son rôle de garant, pour l’ensemble des administrations publiques, du respect des
engagements communautaires du Sénégal en matière budgétaire dans l’espace UEMOA.
Aujourd’hui, l’Etat n’a plus en matière budgétaire de pouvoir discrétionnaire, puisqu’il doit
désormais, tenir compte d’exigences extérieures, essentiellement celles de l’UEMOA. Malgré cette
dépendance, l’Etat est toujours aussi puissant à travers son rôle prépondérant dans la confection du
budget.
Dans ce contexte, les règles de présentation, de préparation et d’exécution du budget de l’Etat,
présentent donc un intérêt tout particulier pour la cohérence et la compréhension de l’ensemble des
finances publiques. Elle relève de la loi organique n° 2001-09 qui constitue encore le cadre
juridique applicable.

Les étudiants verront également, qu’outre le projet de loi de finances stricto sensu, le
Gouvernement dépose de très nombreux documents budgétaires annexes au Parlement pour
présenter, de façon analytique et transversale, les crédits. En plus du projet de loi (articles et
exposé des motifs), il y a des états annexés.
Certains ont un caractère obligatoire et doivent être déposés en même temps que la loi de finances.
Ces documents fournissent le détail des crédits et des emplois budgétaires par ministères ainsi que
pour les budgets annexes et les comptes spéciaux), en distinguant au niveau du chapitre et de
l’article, services votés et mesures nouvelles.
Les étudiants devront s’intéresser particulièrement au rapport économique et social, déposé en
même temps que le projet de loi de finances au Parlement. Il replace, dans son contexte
économique, social et financier, le projet. Il justifie les hypothèses macroéconomiques retenues
pour l’élaboration du budget.

Cette séance permettra aux étudiants de se familiariser avec le projet de loi de finances. Ce sera
l’occasion également de distinguer entre les trois notions essentielles suivantes : budget général, loi
de finances et comptes de l’Etat.

B.P. 234 – 46024 Saint-Louis (SENEGAL) – Tél. (+221) 33.961.22.01 – 33.961.17.68


Fax : (+221) 33.961.67.07 - 33. 961.98.95 – Internet : www.ugb.sn - Email : sjp@ugb.sn
II- DOCUMENT
- Raymond MUZELLEC, Finances Publiques, 2006, 14e éd. pp. 266-267.

III- BIBLIOGRAPHIE
- DUCROS J.-C., « La structure bipartite de la loi de finances de l’année » in Mélanges P.
M. GAUDEMET, p. 125 et s.
- MORDACQ F., « La nomenclature du budget de l'Etat en 2006 » in RFFP n° 91, 2005, p. 13 et s.
- Manuels habituels de finances publiques

DOCUMENT : Raymond MUZELLEC, Finances Publiques, 2006, 14e éd. pp. 266-267

La présentation Formelle

Le formalisme impliqué par l’article 34 est strict et s’impose au gouvernement comme au


Parlement mais chaque alinéa ne se traduit pas nécessairement par un article spécifique. Le budget
de l’Etat fait l’objet d’une loi unique mais bipartite. Le projet s’ouvre avec un exposé général des
motifs (1°) partie et les états législatifs annexés (4°).

1. L’exposé général des motifs

Si les « tableaux relatifs à l’évaluation des recettes du budget général » n’appellent pas de
commentaire particulier, il n’en va pas de même des « orientations générales et équilibre
budgétaire pour N… », En effet, le gouvernement y insère l’analyse des changements de la
présentation budgétaire du projet de loi de finances prévue à l’article 51-2° de LOLF : en 2006 il
s’agissait notamment d’enregistrer le suivi des dépenses de pensions sur un compte d’affectation
spéciale qui a conduit à une modification importante des inscriptions budgétaires.

Structure du nouveau budget

LE PROJET DE LOI DE FINANCES 2006

1. Impôts et ressources autorisés


- autorisation de perception des impôts et produits
- mesures fiscales,
- mesures diverses

Titre 1er
Dispositions relatives 2. Impôts et ressources autorisés
aux ressources - autorisation de perception des impôts et produits
- mesures fiscales,
- mesures diverses
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Titre II
Dispositions relatives à
l’équilibre des
ressources et des charges

I. Crédits des missions

II. Autorisations d’emplois


Titre 1er III. Autorisations de découvert
Autorisations
Budgétaires pour 2006
IV. Dispositions diverses

Titre II
Dispositions
permanentes B. Autres mesures

2. La première partie
Elle est essentielle car elle comporte les recettes mais surtout elle définit les conditions d’équilibre. Elle
s’intitule « conditions générales de l’équilibre financier » et comporte deux titres. Le premier a trait aux
« dispositions relatives aux ressources » avec les « impôts et ressources autorisées » et les « ressources
affectées ». Quant au second titre, il porte sur les « dispositions relatives à l’équilibre des ressources et des
charges ». On mettra en relief l’importance nouvelle de cet article d’équilibre. Il conserve son importance
juridique avec la priorité du vote des recettes sur les dépenses mais il acquiert une portée plus économique
puisqu’il reprend les éléments essentiels qui caractérisent le projet de loi de finances tant du point de vue
budgétaire que financier. Il revêt une dimension physique avec le plafond autorisé des emplois rémunérés
par l’Etat évalué en termes d’équivalents temps plein travaillé (ETPT). Concrètement cet article détermine
l’équilibre général du budget en évaluant les recettes et en fixant un plafond des dépenses autorisées pour en
déduire le solde budgétaire dans le cadre d’un tableau d’équilibre ; il comporte un tableau de financement et
un plafond pour la variation nette en fin d’année de la dette négociable de plus d’un an. Il n’y a qu’un article
qui énonce désormais les autorisations relatives aux emprunts et à la trésorerie de l’Etat prévues à l’article
26 de la LOLF. Enfin, il précise les modalités d’utilisation des éventuels surplus de recettes par rapport aux
évaluations à savoir pour 2006 : par principe réduire le déficit budgétaire et par dérogation utiliser les
surplus de recettes fiscales sur les produits pétroliers pour financer les dépenses budgétaires ou fiscales.

3. La seconde partie

Elle n’est pas consacrée exclusivement aux dépenses car elle peut comporter certaines recettes. Sa
principale raison d’être est de répartir les crédits entre les différentes missions mais elle comprend
également les dispositions qui n’affectent pas l’équilibre. Intitulée « Moyens des politiques publiques et
dispositions spéciales » elle est divisée en deux titres : « autorisations budgétaires pour N… ».

4. Les états législatifs annexés

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La loi de finances comporte aussi quatre états législatifs : l’état A (voies et moyens) ; l’état B (répartition
des crédits) ; l’état C (plafonds des autorisations d’emplois) ; l’état D (répartition des autorisations de
découvert). Ce sont des tableaux qui détaillent le contenu d’articles de la loi.

SEANCE N° 02 : LA PREPARATION DE LA LOI DE FINANCES

I- NOTE :
Le budget est essentiellement un acte politique. Il est en tant qu’acte d’autorité, l’expression du
pouvoir souverain du Parlement dont la mise en œuvre est minutieusement organisée par la
Constitution et par la LOLF qui s’impose également au Gouvernement.
Les prévisions budgétaires concernent essentiellement l’ensemble des ressources et des charges
budgétaires de l’Etat pour une année au travers du budget général, des budgets annexes et des
comptes spéciaux. Elles comportent alors un inventaire des recettes de l’Etat, assorties des
estimations annuelles de leur produit, nature et montant, ainsi que des charges présentées.

La préparation de la loi de finances implique plusieurs services et obéit à des méthodes de


prévision.
L’étude de l’élaboration du budget passe par celle de sa lourde procédure qui occupe au moins les
douze mois de l’année précédant l’exercice budgétaire concerné. Elle est principalement l’œuvre
du Gouvernement et est régi par le décret 2019-120 du 16 janvier 2019 relatif à la préparation du
budget de l’Etat. Le Ministre des Finances adresse aux autres ministères et institutions dépensiers
une circulaire précisant les conditions de présentation de leurs propositions de dépense avant
d’exposer au Gouvernement une esquisse de projet de loi de finances. Ensuite, il propose au
Premier Ministre le volume des masses budgétaires des recettes et des dépenses et la répartition
entre les différents ministères et institutions dépensiers. Sur la base de cette proposition sont
élaborées les lettres-plafonds transmis aux ministères et institutions dépensiers. Ces derniers
réajustent leurs prévisions sur ces plafonds de dépenses et déposent leur projet de budget. Par la
suite, se tient un débat d’orientation budgétaire. Après pré-arbitrage budgétaire le cas échéant,
celui-là élabore le projet de loi de finances qui est adopté en Conseil des Ministres puis déposé sur
le Bureau de l’Assemblée nationale pour adoption.
Plusieurs expériences ont été tentées quant aux méthodes d’évaluation du budget de l’Etat. De la
pénultième année à la méthode de l’évaluation directe, en passant par le budget à base zéro et la
rationalisation des choix budgétaires, la fiabilité des prévisions est éprouvée.

L’objet de cette séance est de revenir sur les différentes phases qui aboutissent à la confection du
projet de loi de finances.

II – DOCUMENT REMIS
- Décret 2019-120 du 16 janvier 2019 relatif à la préparation du budget de l’Etat.

III – BIBLIOGRAPHIE
- Décret 2019-120 du 16 janvier 2019 relatif à la préparation du budget de l’Etat.
- Ouvrages de finances publiques – éditions les plus récentes

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- MARTIN J., Le contrôle du Conseil d’Etat sur la préparation de la loi de finances, RFFP n°
70, 2000, p. 49 et s.
- MIGAUD D. : Un constat globalement positif, RFFP n° 94, mai 2006 p. 41 et s.

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SÉANCE N° 03 : L’EXAMEN ET L’ADOPTION DE LA LOI DE FINANCES

I. NOTE

La loi de finances est un acte d’autorisation de la dépense. Le processus qui conduit à son adoption
implique le Gouvernement qui propose le budget et, une fois celui-ci voté, l’exécute, et le
Parlement, qui vote le budget après l’avoir, le cas échéant modifié, et qui contrôle ensuite son
exécution. Ce processus, qui s’étend sur l’ensemble de l’année précédant la mise en œuvre du
budget, représente un travail considérable de prévision, de négociation et d’information, réalisé
selon un calendrier précis et contraignant. Il traduit la prise en compte par le Gouvernement, dont
le budget « donne corps » au programme politique, des contraintes économiques, d’une part, ainsi
que des contraintes liées à l’équilibre des pouvoirs et aux rapports de force politiques d’autre part.
Il sera successivement examiné :
- L’élaboration du projet de loi de finances qui résulte de procédures essentiellement internes
à l’appareil gouvernemental, dès lors que l’initiative lui appartient exclusivement ;
- Sa discussion, puis son adoption par le Parlement, dans le cadre d’un dialogue organisé
avec le Gouvernement.

La rationalisation du parlementarisme se traduit par un encadrement juridique rigoureux de la


procédure budgétaire qui encercle le pouvoir financier du Parlement. En effet, nombreux sont les
éléments de procédure qui permettent au Gouvernement de faire passer sans trop de difficultés le
projet de loi préparé par ses soins. Mais des éléments issus de la refonte introduite par la loi
organique 2001-692 amènent à nuancer ce constat.

L’objet de la séance est de rappeler que la Constitution elle-même impose des délais au Parlement
pour le contraindre à adopter la loi de finances. Ces délais ne sont pas seulement indicatifs. Car, en
cas de non-respect, le Gouvernement retire le projet à la chambre qui n’a pas terminé en ne
remettant que les amendements qu’il souhaite. Quand ce non-respect affecte le délai global, le
Parlement peut alors être dessaisi de son pouvoir financier, car les dispositions du projet peuvent
être mises en vigueur par ordonnance.

II./ - BIBLIOGRAPHIE

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AMSELEK P., Le budget de l’Etat et le Parlement sous la V e République, RDP n° 5/6 1998, p. 49
et s.
CAMBY J.P., L’alignement de la procédure de vote de la loi de finances rectificative sur celle de
la loi de finances initiale, in RFFP, 1992, p.193 et s.
CHEVALIER C. L., Le pouvoir d'amendement des parlementaires en matière financière au regard
de la loi organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances, RFFP n° 82, 2003, p. 115 et s.
DIALLO I., « Pour une appréciation concrète des pouvoirs du Parlement sénégalais en matière
budgétaire », revue électronique Afrilex, deuxième numéro spécial finances publiques, juin 2012.
A consulter en ligne http://afrilex.u-bordeaux4.fr/pour-une-appreciation-concrete-des.html
HERTZOG R., « Les pouvoirs financiers du Parlement », RDP, 1/2, 2002, p. 298 et s.
LASCOMBE M. & VANDENDRISSCHE X., Premier bilan du droit d'amendement parlementaire
en régime LOLF, RFFP n° 94, 2006, p. 49 et s.
MESSAGE H., Peut-on mesurer le pouvoir budgétaire du Parlement ?, RDP, 1/2002, p. 14 et s.
PHILIP L. (dir.), Dictionnaire encyclopédique des finances publiques, Paris, Economica, 1991
VANDENDRISSCHE X., Le Parlement entre déclin et modernité, Pouvoirs, n° 99, 2001, p. 59 et
s. A consulter en ligne sur http://www.revue-pouvoirs.fr/Le-parlement-entre-declin-et.html

RFFP n° 113, Les commissions des finances, Paris, LGDJ, 2011.


Consulter les manuels habituels de finances publiques (de préférence les dernières éditions).

III./ - DOCUMENT REMIS

Décision n°1/C/98 du Conseil constitutionnel

DOCUMENT : Décision n°1/C/98 du Conseil constitutionnel

VU la Constitution notamment en ses articles 82 et 63, 2° ;


VU la loi organique n°92.23 du 30 mai 1992 sur le Conseil constitutionnel, notamment en son article
premier ;
VU le recours des 25 députés en date du 9 février 1998 ;
VU l’extrait du procès-verbal analytique et le compte-rendu « in extenso » des débats du 4 février 1998 de
l’Assemblée nationale réunie en session extraordinaire ;

Le rapporteur ayant été entendu en son rapport ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi :

EN LA FORME :

SUR LA RECEVABILITE DU RECOURS

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1 - CONSIDERANT que par requête en date du 9 février 1998, enregistrée le même jour au greffe du
Conseil constitutionnel sous le n°1/C/98, 25 députés à l’Assemblée nationale ont saisi le Conseil aux fins de
voir déclarer irrecevable l’amendement ayant modifié le Code électoral en son article L0 117, adopté le 4
février 1998 par l’Assemblée nationale et portant le nombre des députés de 120 à 140 ;

2 - CONSIDERANT que le présent recours est recevable comme ayant été introduit conformément à
l’article 63, 2° de la Constitution et à l’article premier de la loi organique n° 92.23 du 30 mai 1992 sur le
Conseil constitutionnel, dans les délais et forme prescrits par la loi ;

Qu’en effet, aux termes de l’article 63-2° de la Constitution un nombre de députés au moins égal au 1/10
des membres de l’Assemblée nationale peut saisir le Conseil dans les 6 jours qui suivent l’adoption
définitive de la loi ;

Que selon l’article premier de la loi organique, le Conseil se prononce sur « la recevabilité des propositions
de lois et amendements d’origine parlementaire conformément aux dispositions de l’article 71 alinéa 2 » ;

AU FOND

3 - CONSIDERANT qu’à l’appui de leur recours les requérants soutiennent que l’amendement mis en cause
viole la Constitution en ses articles 49, 52, 56, et 71, alinéa 2 et le règlement intérieur de l’Assemblée
nationale en ses articles 53, 71 et 72 ;

Sur les moyens tirés de la violation du règlement intérieur de l’Assemblée nationale :

4 - CONSIDERANT que le Conseil constitutionnel ayant une compétence d’attribution, de l’article 82 de la


Constitution, ni l’article premier de la loi organique n° 92.23 du 30 Mai 1992 prise en application de
l’article 84 de la Constitution, ne rangent parmi les matières relevant de sa compétence, le règlement
intérieur de l’Assemblée nationale ; que dès lors les moyens tirés de la violation dudit règlement doivent
être écartés ;

Sur les moyens tirés de la violation de la Constitution :

En ce qui concerne l’article 49 de la Constitution :

5 -CONSIDERANT que les requérants font valoir qu’en vertu de l’article 49 de la Constitution « le nombre
des membres de l’Assemblée nationale est fixé par une loi organique ; que le propre d’une loi organique,
c’est qu’elle obéit à une procédure particulière ; ...qu’en l’espèce, l’amendement dont s’agit , a transgressé
manifestement les règles particulières et spéciales prévues en matière de loi organique ; qu’il n’a fait l’objet
ni d’écrit (obligatoire) ni de communication préalable aux membres de l’Assemblée nationale » ;

6 - CONSIDERANT qu’il y a lieu de souligner que l’article 49 de la Constitution ne contient aucune règle
de procédure relative aux lois organiques qui puisse être violée par l’amendement contesté, contrairement à
ce que peuvent laisser croire les auteurs de la saisine ; qu’ils soutiennent que ledit amendement a
manifestement violé « les règles particulières et spéciales prévues en matière de loi organique » , sans pour
autant indiquer lesquelles ; que celles qu’ils mentionnent - l’exigence d’un texte écrit et l’obligation de le
communiquer aux membres de l’Assemblée nationale préalablement au débat - concernent tout amendement
et sont fixées par le règlement intérieur de l’Assemblée nationale en son article 72, alinéa premier et non par
la Constitution ; que par suite leur contrôle ne relève pas de la compétence du Conseil constitutionnel ;

7. CONSIDERANT qu’en réalité, les seules « règles particulières et spéciales » relatives aux lois
organiques sont celles que définit l’article 67 de la Constitution, aux termes duquel :

« Les lois qualifiées organiques par la Constitution sont votées et modifiées à la majorité absolue des
membres composant l’Assemblée nationale.

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« Elles ne peuvent être promulguées que si le Conseil constitutionnel obligatoirement saisi par le Président
de la République les a déclarées conformes à la Constitution » ;

Qu’aucune de ces règles ne peut être considérée comme ayant été transgressée par l’amendement critiqué ;

En ce qui concerne l’article 52 de la Constitution :

8 - CONSIDERANT que selon les requérants, « l’amendement proposé et adopté n’a aucun lien de
connexité de près ou de loin avec l’ordre du jour déterminé à l’avance » par l’article 2 du décret de
convocation n° 98.89 du 28 janvier 1998 de l’Assemblée nationale, en violation de l’article 52 de la
Constitution qui dispose en son alinéa 6 que « l’Assemblée nationale est réunie en session extraordinaire sur
un ordre du jour déterminé » ;

9 - CONSIDERANT que ce moyen ne saurait être retenu dans la mesure où l’amendement qui tend à
modifier une disposition du Code électoral se rapporte au point de l’ordre du jour intitulé par le décret de
convocation de l’Assemblée nationale : « Projet de loi organique modifiant le Code électoral » ;

En ce qui concerne l’article 56, alinéa 4 de la Constitution :

10 - CONSIDERANT que les auteurs de la saisine soutiennent qu’en portant le nombre des députés de 120
à 140, l’amendement soumis à l’examen du Conseil procède à une création d’emplois en violation de
l’article 56, alinéa 4 de la Constitution en vertu duquel « .... les créations et transformations d’emploi ne
peuvent être opérées que par les lois de finances » ;

11 - CONSIDERANT que le mandat de député conféré par le suffrage universel n’est pas assimilable à un «
emploi » tel qu’il est défini par le droit de la fonction publique comme étant « un poste correspondant à
chacun des grades de la hiérarchie administrative » ; qu’en tout état de cause, la fixation du nombre de
députés relève non pas d’une loi de finances, mais d’une loi organique, conformément à l’article 49, alinéa 3
de la Constitution, aux termes duquel « une loi organique fixe le nombre des membres de l’Assemblée
nationale » ; qu’ainsi le moyen tiré de la violation de l’article 56, alinéa 4 doit être rejeté ;

En ce qui concerne l’article 71, alinéa 2 de la Constitution :

12 - CONSIDERANT que selon les requérants, l’amendement contesté n’a pas obéi à la prescription de
l’article 71, alinéa 2 de la Constitution suivant laquelle « les propositions et amendements formulés par les
députés ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence, soit une diminution des
ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique, à moins que ces propositions
ou amendements ne soient assortis de propositions de recettes compensatrices » ; que « ni les
réaménagements du budget de l’Assemblée » , ni « la réduction du Bureau de l’Assemblée » aussi bien en
terme numériques que comptables ne sauraient pallier la carence notoire de présentation de recettes
compensatrices ; qu’aucune étude comptable et financière n’a précédé l’adoption de l’amendement dont
s’agit » ;

13 - CONSIDERANT que les dispositions précitées de l’article 71, alinéa 2 posent le principe de
l’interdiction pour les députés de formuler des propositions ou des amendements dont l’adoption
entrainerait soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge
publique que la possibilité laissée aux députés de faire de tels propositions ou amendements, à condition
qu’ils soient assortis de propositions de recettes compensatrices, est une dérogation à cette interdiction de
principe ; que dès lors, elle doit être interprétée restrictivement ;

14 - CONSIDERANT qu’en conséquence, l’expression « propositions de recettes compensatrices » doit être


entendue comme visant la création de recettes nouvelles ; que la proposition tendant à créer ces recettes
nouvelles doit être formulée, discutée et adoptée au moins en même temps que la proposition ou
l’amendement dont l’adoption entraînerait soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou

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l’aggravation d’une charge publique ; qu’enfin, les recettes nouvelles à créer doivent pouvoir compenser
entièrement la diminution des ressources publiques ou couvrir totalement la charge publique qu’entraînerait
l’adoption de la proposition ou de l’amendement ;

15 - CONSIDERANT qu’il n’est pas contestable qu’en portant le nombre des députés de 120 à 140,
l’adoption de l’amendement dont le Conseil constitutionnel est saisi entraîne la création d’une charge
publique ; que ni le rapport de la Commission des Lois, de l’Administration générale et des Droits de
l’Homme sur le projet de loi organique n° 03/98 modifiant le Code électoral ,ni le procès-verbal analytique
de la séance du mercredi 4 février 1998, ni même le compte rendu « in extenso » des débats de l’Assemblée
nationale ne font apparaître qu’une « proposition de recettes compensatrices » telle qu’elle vient d’être
définie, a été formulée, discutée et adoptée en même temps que l’amendement contesté ;

16 - CONSIDERANT que ne sauraient tenir lieu de « propositions de recettes compensatrices » au sens de


l’article 71, alinéa 2 de la Constitution, les deux pièces jointes à la lettre n° 01274 du 13 février 1998 par
laquelle le Président de la République a saisi le Conseil constitutionnel de la loi organique du 04 février
1998, pièces intitulées, l’une « Amendement à l’exposé des motifs du projet de loi organique modifiant le
Code électoral », et l’autre « Note annexe à l’amendement de l’article L0 117 » ;

17 - CONSIDERANT en effet, que le premier de ces documents ne fait qu’annoncer que le règlement
intérieur de l’Assemblée nationale sera modifié en vue de procéder à un « réaménagement interne du budget
de l’Assemblée » ; que le « réaménagement » auquel a procédé le second document ne saurait valoir
création de recettes nouvelles, même si le règlement intérieur est modifié en conséquence, ce qui n’est pas
encore le cas ;

18 - CONSIDERANT qu’il ressort de tout ce qui précède, qu’il a été fait de l’article 71, alinéa 2 de la
Constitution une application non conforme à sa lettre et à son esprit ; qu’il y a lieu dès lors, de prononcer
l’irrecevabilité de l’amendement modifiant l’article L0 117 du Code électoral et de déclarer par ce motif,
non conformes, à la Constitution, les dispositions législatives qui ont résulté de son adoption ;

DECIDE

ARTICLE PREMIER : L’amendement modifiant l’article LO 117 du Code électoral est irrecevable et, par
ce motif, les dispositions législatives qui résultent de son adoption sont contraires à la Constitution.

ARTICLE 2 : La présente décision sera publiée au Journal officiel.

Délibérée par le Conseil constitutionnel en sa séance du 24 février 1998.

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SÉANCE N° 04 : L’EXECUTION ADMINISTRATIVE ET COMPTABLE DE LA
LOI DE FINANCES

I/- NOTE :
La loi de finances constitue comme nous l’avons vu, un acte prévisionnel d’autorisation. Sa mise
en œuvre fait intervenir deux catégories d’acteurs nettement séparées par le droit de la
comptabilité publique : les ordonnateurs et les comptables. L’exécution du budget consiste
essentiellement à procéder au paiement des dépenses ainsi qu’au recouvrement des recettes. Cette
exécution comptable fait l’objet d’un encadrement juridique important.
La comptabilité publique se définit comme l’ensemble des règles et techniques applicable à
l’exécution, à la description et au contrôle des opérations financières des organismes publics.
Du point de vue juridique, la quasi-totalité des règles d’exécution résulte du décret portant
règlement général sur la comptabilité publique (RGCP) dont les principes fondamentaux sont
applicables à l’Etat, aux Collectivités locales et aux établissements publics.
L’exécution de la loi de finances repose sur un principe fort ancien et affirmé aujourd’hui par le
RGCP : celui de la séparation des ordonnateurs et des comptables. Le contenu de ce principe se
résume en une préoccupation : veiller à ce qu’un agent ne puisse pas décider d’une recette ou
d’une dépense et l’exécuter lui-même.
Il s’agit de maîtriser cette règle et d’être avisé que l’existence de ces deux catégories d’agents
permet un contrôle de l’un sur l’autre et interdit l’action de l’un sans l’autre.
Cette règle permet au fond d’éviter malversation et fraudes, mais également de séparer des tâches
qui sont non seulement de nature différentes, mais trop consistantes pour être assurées par un seul
responsable.
Cette séance sera l’occasion de cerner le champ d’application très vaste de ce principe qui est
néanmoins écarté dans certaines hypothèses.

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II / - BIBLIOGRAPHIE 

Décret n° 62-0195 portant réglementation concernant les comptables publics


Décret n° 2003-657 du 14 août 2003 relatif aux régies de recettes et aux régies d'avances de l'Etat
Décret 2020-978 du 23 avril 2020 portant règlement général sur la comptabilité publique au
Sénégal
Arrêté n° 013642 MEFP/DGCPT/DCP du 13 juillet 2015 portant organisation de la Direction
générale de la Comptabilité publique et du Trésor
Arrêté ministériel n° 6058/MEF/DGCPT du 22 août 2003 portant établissement de la nomenclature
des pièces justificatives des dépenses de l’Etat
Arrêté 2011-1025 MEF/DGCPT du 28 janvier 2011 créant un comité de suivi de l’exécution des
dépenses budgétaires et fixant les attributions, la composition et les règles de fonctionnement
C. BIGAUT, Finances publiques – Droit budgétaire : Le budget de l’Etat, Paris, Ellipses, 1995
P. AMSELEK, « Une institution financière en clair-obscur : la règle du service fait » in Mélanges
P. M. GAUDEMET, p. 421 et s.
M. LASCOMBE et X. VANDENDRIESSCHE, « Plaidoyer pour assurer le succès d’une
réforme »,
RFDA, mars – avril 2004, p. 398 et s.
P. M. GAUDEMET & J. MOLINIER, Finances publiques (Budget / Trésor), 7e éd., Paris,
Montchrestien, 1996
B. POUJADE, « Etat des lieux de la responsabilité des ordonnateurs en droit public financier
aujourd’hui » in RFFP n°92, 2005, pp. 101-111
L. SAÏDJ, « Réflexion sur le principe de la séparation des ordonnateurs et des comptables », in
RFFP n°41, 1994, p. 69 et s
F. J. FABRE, Les grands arrêts de la jurisprudence financière, 4e éd., Paris, Dalloz, 1996
CA de Dakar, 09 avril 1971, Société Bernabé c/ Etat du Sénégal, Annales africaines, 1973, p. 221
TPI Saint-Louis, 20 avril 1971, Georges BERRAZ c/ Etat du Sénégal, Annales africaines, 1975, p.
62

III. / - DOCUMENT REMIS :


Moussa ZAKI, « Le contrôle des finances publiques dans les Etats d’Afrique Noire
Francophone : l’exemple du Niger et du Sénégal », Thèse Université des Sciences Sociales de
Toulouse, janvier 1999

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LES CONTRÔLES EXERCES PAR LES COMPTABLES PUBLICS
Ils se situent à deux niveaux : le premier est la conséquence de la hiérarchisation au sein du corps
telle que décrite ci-dessus. Le second découle de la division du travail et la répartition des
compétences qui en résulte entre ordonnateurs et comptables.
Ces contrôles ont trait aux vérifications que sont tenus d’exercer les comptables avant le paiement
de toute dépense.
Il importe au bon ordre des finances publiques que les dépenses soient exécutées conformément
aux autorisations budgétaires1 et aux règles qui déterminent le fonctionnement financier de
l’administration et des organismes publics (passation des marchés, commandes, tout acte de nature
à engager financièrement la puissance publique).
Parce qu’il est toujours présumé responsable des irrégularités constatées dans sa gestion ou dans
ses écritures, ou tout simplement des manquants de sa caisse et ce, quels qu’en soient les motifs, le
comptable public a la faculté et même l’obligation de contrôler les documents que lui soumet
l’ordonnateur avant d’effectuer tout paiement.
Il s’agit principalement du contrôle de la validité de la créance et de la qualité de l’ordonnateur. A
cet effet, il vérifie les signatures et s’assure que le service dont paiement est demandé à la
puissance publique a bien été rendu et a été liquidé avec exactitude. Si le comptable a quelque
doute sur la validité des pièces de justification de la créance, « il est (...) de principe constant qu’
(il) peu (t) demander (à) l’ordonnateur, pour les besoins des contrôles dont il (est) chargé par les
lois et règlements, la production d’un certificat administratif complétant les énonciations des pièces
(considérées) »2. Ce principe est posé notamment au terme de l’art 128 al. 2 du décret sénégalais n°
66-458. Car le fait, pour un comptable de présumer de la régularité de la dépense uniquement parce
qu’un mandat de paiement a été émis par l’ordonnateur est un manquement grave à son obligation
de contrôle, de nature à engager sa responsabilité personnelle et pécuniaire3.
En tout état de cause, le comptable doit attendre de l’ordonnateur que lui soit fournie la preuve du
service fait « pour la quotité dont il est fait état sur le mandat ou ordre de paiement et que soient
fournies les bases de la liquidation de la dépense »4.
Cependant, comme l’indique F. J. FABRE, « le principe de la séparation des ordonnateurs et des
comptables ne doit pas être entendu de manière si absolue qu’un conflit entre ordonnateurs et
comptables puisse bloquer la machine administrative ».
Aussi, le comptable ne doit-il pas se faire juge de la légalité des décisions administratives 5 et doit
se soumettre à l’ordre réitéré de l’ordonnateur de procéder au paiement dès lors que toutes les
pièces justificatives de l’exécution du service lui sont fournies (ordres de réquisition).
L’art. 127 du règlement sur la comptabilité publique donne lecture des vérifications qui incombent
au comptable ; il s’agit, outre la qualité de l’ordonnateur de :
 L’application des lois et règlements concernant la dépense considérée,
 La disponibilité des fonds ou valeurs,
 L’imputation de la dépense,
 La disponibilité des crédits.
L’art. 128, al. 1 indique au comptable que, « lorsqu’à l’occasion des contrôles prescrits (...) (il)
constate, soit dans les pièces justificatives soit dans l’ordre général de paiement des erreurs
1
F. J. FABRE, A. FROMENT-MEURICE, les grands arrêts de la jurisprudence financière, p. 134. L’article du décret
sénégalais n° 66-458 du 17 juin 1996 portant réglementation de la comptabilité publique de l’Etat précise que « les
administrations ne peuvent faire des propositions d’engagement que pour les dépenses dont l’objet est prévu au budget
et jusqu’à concurrence des crédits ou des autorisations des programmes régulièrement ouverts ».
2
Cour des comptes 3è chambre, 20 sept. 1973, CAZANAVE et MAZEROLLES.
3
Voir II° Partie, TITRE II, CHAPITRE I.
4
F. J. FABRE, A. FROMENT-MEURICE op. cit. p. 111.
5
En refusant tout paiement par exemple, toutes les fois que la décision à la base de l’émission du mandat de paiement
est illégale quant au fond.
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matérielles, omissions ou irrégularités, il doit en poursuivre la régularisation auprès de
l’ordonnateur... ». En conséquence, il doit refuser tout paiement avant cette régularisation et
informer l’ordonnateur des motifs de son refus6 par écrit.
L’article 121 du décret 66-458 du 17 juin 1966 précise toutefois que seul le ministre chargé des
finances est habilité à requérir le paiement en cas d’irrégularités relevées par le comptable et qui
sont de nature à engager sa responsabilité. Dans tous les autres cas, l’article 130 dispose : « lorsque
après une suspension de paiement l’ordonnateur requiert par écrit et sous sa responsabilité qu’il
soit passé outre, le comptable procède au paiement sans autre délai et annexe à la pièce rejetée une
copie de la déclaration et l’original de la réquisition ».
En tous cas, le contrôle exercé par les comptables publics au Cours d’exécution des opérations de
dépenses se base sur des nomenclatures définies par les lois et règlements. Ainsi, sont précisées les
bases de ce contrôle ; elles concernent :
- En matière de dépenses de personnel : les états nominatifs datés arrêtés en toutes lettres et signés,
énonçant le grade ou l’emploi, la situation de famille, la période du service et le décompte détaillé
des sommes dues.
- En matière de dépenses de matériel : les factures, mémoires ou décomptes datés, arrêtés en toutes
lettres et signés, et comportant la certification du service fait et la mention de liquidation, soit sur
les pièces elles-mêmes, soit au cas d’utilisation de procédés mécanographiques de
comptabilisation, sur les titres de créances et de certifications prévus...
- Dans les deux cas et suivant les besoins : les arrêtés, décisions, conventions ou marchés et en
général toutes pièces justifiant les factures ou états (en présence)7.

Tous les contrôles effectués, le comptable doit enfin s’assurer du caractère libératoire de la
dépense, pour la puissance publique. Le paiement est réputé libératoire « s’il a été effectué (...) au
profit de la personne capable de donner valablement quittance, soit en qualité de créancier, soit en
qualité de mandataire, d’ayant droit ou d’ayant cause dudit créancier, conformément aux lois et
règlements en vigueur »8.
Outre les comptables publics, le contrôle concomitant de l’exécution des opérations financières des
collectivités et établissements publics soumis aux règles de la comptabilité publique, est exercé par
des corps spécialisés de l’administration.

LES REGIMES DE RESPONSABILITE DES COMPTABLES PUBLICS


La loi organique relative aux lois de finances, le décret portant règlement sur la comptabilité
publique, les décrets portant réglementation concernant les comptables publics ainsi que les textes
relatifs aux marchés publics et, en général les textes législatifs et réglementaires relatifs à
l’exécution des opérations financières des personnes publiques, entrent dans la détermination des
régimes de responsabilité applicables aux comptables publics ès qualité.
La mise en œuvre de ces régimes telle se présente dans nos Etats, est l’élément majeur permettant
de mesurer les limites d’un contrôle trop souvent soumis à la tangente des rapports politiques.
Au regard des textes et de leurs statuts, les comptables publics sont ainsi soumis à un régime de
responsabilité d’agents administratifs et à un régime de responsabilité civile et pénale.
UNE RESPONSABILITE D’AGENTS ADMINISTRATIFS
Dans l’exercice de leurs fonctions les comptables sont astreints au respect des règles qui
déterminent l’accomplissement des opérations qui leur sont confiées et tout manquement les
expose à des sanctions graduées suivant la gravité des faits qui leur sont reprochés ; à cet égard, les
comptables publics sont soumis au régime de responsabilité propre aux agents de l’administration.
6
art. 129 du décret 66-458.
7
art. 111 du décret 66-458.
8
art. 126.
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Ils sont notamment exposés à des sanctions disciplinaires et à l’obligation de réparation
personnelle et pécuniaire des dommages qui résultent pour l’administration, de la tenue de leur
comptabilité.

UN REGIME DE RESPONSABILITE DISCIPLINAIRE


Les comptables publics sont des fonctionnaires de l’Etat relevant soit du statut général de la
fonction publique, soit de statut particulier y dérogeant. A ce titre, ils relèvent d’une hiérarchie
administrative à laquelle s’appliquent des sanctions disciplinaires prévues par le cadre auquel ils
appartiennent.
La bonne marche de toute administration repose sur des règles de conduite respectueuses non
seulement de la hiérarchie, des convenances et du droit, mais également des objectifs poursuivis
par l’administration et qui passent par la qualité de ses rapports avec les administrés. Tout
manquement à un code de déontologie ou aux égards dus peuvent entraîner des sanctions
disciplinaires infligées par les supérieurs hiérarchiques (chef de service, ministre ou Président de la
République suivant les cas) sous le contrôle du juge administratif.
Au Niger et au Sénégal, il existe trois catégories, trois degrés de sanctions disciplinaires.
- Les sanctions de premier degré s’appliquent à des fautes de moindre gravité, prononcées en
principe par le chef de service ; dans le cas des comptables, ce peut être le comptable supérieur de
rattachement ou l’ordonnateur mais pour des motifs qui concernent la marche du service, non pour
l’exécution des opérations financières car placé dans ce domaine sous l’autorité directe du ministre
des finances.
- Ensuite, le déplacement d’office et la réduction de deux années maximum d’ancienneté sont de la
compétence du ministre des finances et constituent le second degré de sanction.
- Plus lourdes enfin et relevant de la compétence du Président de la République, ordonnateur
suprême ou du ministre des finances en sa qualité d’ordonnateur secondaire de premier degré sont
la radiation du tableau d’avancement pour une période maximale de deux ans, la rétrogradation, la
mise à pied ne pouvant excéder six mois, et la révocation avec ou sans suspension de droits à
pension (retrait de l’agrément du comptable avec des conséquences probables sur sa caution et
l’hypothèque qui grève ses biens).
En dehors de ces cas disciplinaires, les comptables sont soumis à un régime de responsabilité
administrative correspondant à leur qualité d’agents d’exécution des opérations financières. Cette
responsabilité est constatée par le juge lors de l’instance en reddition des comptes. Nous écartons
les cas qui concernent les comptables de fait, traités ci-dessus, car n’entrant pas dans un mode
normal d’exécution des opérations financières des collectivités publiques.

UN REGIME DE RESPONSABILITE PERSONNELLE ET PECUNIAIRE


Les comptables publics sont, de tous les agents d’exécution des opérations financières, les plus
exposés à la tentation: ils détiennent et manient d’importantes sommes d’argent alors même que,
parfois, leur quotidien est fait de manques et de besoins en tout genre.
Si la loi a organisé des mesures conservatoires en soumettant leur nomination à agrément et au
versement d’une caution en même temps qu’existe une hypothèque sur leurs biens immobiliers et
sous certaines conditions ceux de leur conjoint, ils sont également personnellement et
pécuniairement responsables du recouvrement effectif des recettes (et des créances), du paiement
régulier des dépenses et de la conservation des fonds et valeurs appartenant ou confiés à l’Etat,
aux collectivités locales et aux Etablissements publics nationaux ou locaux, au terme du décret
sénégalais n° 62-019 du 17 mai 1962. Cette responsabilité est engagée en principe sans que le juge
ne recherche la faute du comptable, à l’instance en reddition des comptes, dès lors qu’il relève des

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irrégularités dans la tenue des comptes (déficits de caisse, pièces et documents comptables
irréguliers ou faux...) dans les conditions ci-après :
La responsabilité d’un comptable supérieur est engagée du fait des actes des comptables qui lui
sont subordonnés soit qu’il ait retracé, même de bonne foi les opérations irrégulières de ces
derniers dans ses écritures lors de l’apurement administratif, soit qu’il ait manqué à ses devoirs
généraux de surveillance et de contrôle (Trésorier-payeur Général). L’article 33 du décret n°62-019
précité dispose toutefois que lorsque le comptable supérieur a couvert de ses deniers les déficits ou
les débets des comptables qui lui sont subordonnés, il est subrogé à tous les droits du Trésor sur le
cautionnement et les biens de ce dernier.
Cependant, « cette responsabilité de plein droit du comptable principal est une commodité, une
garantie pour la collectivité publique, elle n’exclut pas la mise en jeu de la responsabilité propre
du comptable secondaire subordonné »9.
En matière de dépenses, il est responsable des paiements non libératoires effectués pour le compte
de l’organisme auprès duquel il est placé, dans les cas de fausses certifications de services faits
(sous réserves du droit de réquisition exercé par l’ordonnateur), soit en raison de paiements
effectués en dépassement de crédits ou lorsque ceux-ci sont indisponibles.
Le comptable est également responsable du défaut de recouvrement des recettes et des créances
qu’il a prises en charge.
Par ailleurs, étant donné que le juge ou l’autorité hiérarchique se prononce lors de l’apurement des
comptes sur les pièces et documents comptables, le comptable public est responsable de la
conservation des pièces justificatives des opérations qu’il effectue, ainsi que de la tenue du poste
qu’il dirige.
Si cette responsabilité est prononcée par le juge sans aucun présupposé sur l’attitude du
comptable, il faut réserver les cas où les refus, retards de paiements ou les poursuites abusives du
comptable créent pour l’organisme public, la collectivité locale ou l’Etat, l’obligation d’indemniser
des créanciers ou des redevables ; la responsabilité du comptable se mue alors en responsabilité
administrative, par commodité pour permettre l’indemnisation de la victime ; mais sa mise en jeu
exige alors la réunion de deux conditions au regard de la jurisprudence du Conseil d’Etat français :
Il faut tout d’abord que les agissements du comptable s’analysent en « faute personnelle commise
dans le service, par abus de droit ou par intention malveillante, ou une simple faute de service,
commise par négligence ou par impéritie »10.
Il faut ensuite qu’existe un lien de causalité entre les préjudices subis par les intéressés et les
agissements en cause.
La personne morale de droit public dont le comptable a géré les deniers se trouvera alors dans
l’obligation d’indemniser,11 cette indemnisation pouvant tout aussi être allouée en guise d’intérêts
moratoires ou d’intérêts compensatoires.
L’Etat, la collectivité ou l’organisme public pourra, dans ces conditions, se retourner contre
l’intéressé pour obtenir le remboursement des sommes allouées par la mise en œuvre de l’action
récursoire, la contestation de l’état exécutoire enjoint à cette occasion étant soumise à
l’appréciation du juge administratif.
UNE RESPONSABILITE CIVILE ET PENALE
Les comptables publics sont certes des agents administratifs et soumis comme tels au droit
administratif pour tous les actes qu'ils auraient commis et qui seraient en rapport de cause à effet

9
F.J. FABRE G.A.J.F., p.188.
10
Idem. p.182.
11
Même en l’absence d’indemnisation, il pourrait être sanctionné par voie disciplinaire.
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avec leur fonction ; mais pour des actes qui relèvent de leurs fautes personnelles, ou qualifiés de
délits ou crimes par le code pénal, ils demeurent soumis aux juridictions civiles et pénales. Il existe
donc un régime de responsabilité civile et un régime de responsabilité pénale des comptables
publics.

LE REGIME DE RESPONSABILITE CIVILE


En matière civile, le Niger et le Sénégal ont hérité des principes du droit français. Les comptables
sont ainsi responsables, en dehors de l’exercice de leur fonction et selon les principes des articles
1382 et suivants du code civil, des actes qu’ils posent, soit de leur propre chef, soit du fait des
choses ou des animaux qu’ils ont sous leur garde.
Par ailleurs, dans les rapports entre l'administration et ses agents, il est des cas où une faute
personnelle de l'agent, reconnue comme telle par le juge administratif soit prise en charge et
réparée par l'organisme dont il relève, qui dispose ensuite d'une action récursoire contre l'intéressé
qui a l'obligation de remettre les choses en l'état, soit de manière amiable, soit avec l'intervention
du juge. Concernant les comptables publics, ils sont à cet effet mis en débet d'une somme de même
montant.
C'est le cas lorsque par la faute du comptable, des retards de paiement d'échéances ou de créances
ont entraîné des dommages aux tiers que l'administration a été dans l'obligation de réparer ; ainsi
des poursuites abusives contre un débiteur ayant eu les mêmes conséquences, et de tous les cas où
la responsabilité personnelle du comptable a été retenue par le juge.
Ce régime de responsabilité s'apparente à la responsabilité personnelle et pécuniaire, mais s'en
démarque par le fait qu'il ne s'agit pas ici des conséquences du constat d'un déficit de caisse,
d'irrégularités de pièces ou de documents comptables ; il ne s'agit pas non plus uniquement des
rapports Administration/comptable, mais de l'intervention d'un tiers à l'intérieur de ces rapports
(créanciers ou débiteurs de l’administration). Il est étayé par le fait que les tiers lésés disposent de
l'option de poursuivre le comptable devant les juridictions judiciaires ou de demander réparation à
l'administration devant le juge administratif
La mise en relief de la responsabilité civile du comptable est constituée par l'hypothèque légale sur
les biens et le cautionnement dont dispose le Trésor, et la subrogation à tous ces droits, reconnue
au comptable supérieur qui aurait couvert par ses biens les débets du comptable placé sous ses
ordres.
Cependant, au-delà de ces cas de mise en évidence de la responsabilité civile des comptables
publics, de nombreuses situations se présentent dans la mise en œuvre de ce régime de
responsabilité, lorsque les liens statutaires entre le comptable et l'administration sont rompus, à
l'occasion des poursuites pénales intentées contre lui ; dans ces cas, l'action civile est le pendant de
l'action pénale ; l'administration pourra alors obtenir, outre la réparation des préjudices matériels
subis, éventuellement une allocation en dommages et intérêts.

LE REGIME DE RESPONSABILITE PENALE


Lorsque les faits reprochés au comptable constituent une infraction au regard de la loi pénale, la
mise en œuvre de sa responsabilité est du ressort des tribunaux répressifs.
Les principaux griefs qui amènent principalement les comptables devant les juridictions
répressives sont le faux et usage de faux en écriture, les détournements de deniers et biens publics
et l'enrichissement illicite.
En matière de détournement de deniers et biens publics, les Etats africains francophones n'ont pas
adopté la même stratégie répressive ; certains dont le Niger (avant de faire machine arrière) ont
choisi une graduation des qualifications et des peines qui tient compte du montant des sommes

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détournées ; certains détournements sont qualifiés de simples délits alors que d'autres ont acquis la
qualification de crimes12et passibles de la peine de mort. La philosophie qui sous-tend cette
démarche repose sur le fait qu'il est inadmissible, partant incompréhensible que dans des Etats qui
ne disposent pas de moyens financiers suffisants, certaines catégories sociales puisent de fortes
sommes dans les caisses de la collectivité.

SÉANCES N° 05 & 06 : LE CONTRÔLE DE L’EXECUTION DE LA LOI DE


FINANCES

I. / - NOTE :
En raison de l’importance de la masse financière en jeu, il est nécessaire de mettre en place
un ensemble de mécanismes et d’instruments pour contrôler la gestion des finances publiques. Ces
contrôles peuvent revêtir des formes très diverses que l’on peut classer en fonction de plusieurs
critères, soit en contrôles internes et externes, soit en contrôle administratif, juridictionnel et
politique. Dans la pratique cependant, ces classifications se recoupent.
Les finances de l’Etat font donc l’objet d’un contrôle très étroit. Il s’agit d’un contrôle
exercé soit par les administrations, soit par les juridictions, soit enfin par le Parlement.
Le contrôle administratif comprend d’une part, les contrôles administratifs internes aux
procédures budgétaires et, d’autre part, les contrôles effectués par les corps d’inspection mais aussi
par le juge des comptes à travers son contrôle non juridictionnel.
Le contrôle juridictionnel relève pour l’essentiel de la compétence de la Cour des comptes
et de la chambre de discipline financière.
Le contrôle parlementaire peut être exercé en cours d’exécution de la loi de finances mais
aussi doit intervenir a posteriori lors du vote de la loi de règlement.
Voir infra pour le Niger.
12

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Le recours à ces divers contrôles permet à la société « de demander compte à tout agent
public de son administration » (article 15 de la Déclaration de Droits de l’Homme et du Citoyen de
1789).

Le contrôle des finances publiques se justifie par le souci d’avoir un emploi régulier des fonds
publics. Toutefois, à cette exigence de régularité, s’est ajouté un impératif d’efficacité. Le bon
emploi de l’argent public est rendu nécessaire par sa rareté et le poids de plus en plus élevé des
prélèvements obligatoires.
Ce dispositif est-il pour autant efficace ?

L’objet de cette séance est de connaître et de comprendre les dispositifs de contrôle d’une
part, et d’autre part d’apprécier l’apport de ce système institutionnel à la saine gestion des finances
publiques.

II. / - DOCUMENT REMIS :


Pierre LALUMIERE, « Les finances publiques » Armand Colin, 1980, p. 512-513

III. / - DOCUMENTS A CONSULTER


 RFFP n° 56, « Nouvelles missions d’intérêt public : quels contrôles ? » Paris, LGDJ, 1996.
 RFFP n° 59, « La Cour des comptes et le Parlement » Paris, LGDJ, 1997.
 RFFP n° 101, « Les Cours des comptes en action » Paris, LGDJ, 2008.
 RFFP, Spécial hors-série, « La Cour, un passé, un destin (Bicentenaire de la Cour des comptes,
colloque des 24 et 25 septembre 2007) » Paris, LGDJ, 2009.
 BASSERE J., « Le contrôle hiérarchisé de la dépense » in RFFP n° 89, Paris, LGDJ, 2005, p.
153 et s.
 BECK B., « La Cour des comptes et le Parlement » in Mélanges P. M. GAUDEMET, Paris,
Economica 1984, p. 269 et s.
 GODARD J., « Brèves remarques sur le contrôle des finances publiques » in RDP 1970, p. 525
et s.
 L. SAIDJ, « La loi de règlement et le développement du contrôle parlementaire de la
Restauration à nos jours », RFFP n° 51, 1995, p. 171 et s. 
 MAGNET J., « La Cour des comptes est-elle une juridiction administrative ? » in RDP 1978, p.
1537 et s.
 MAGNET J., Les institutions supérieures de contrôle des comptes et le pouvoir législatif,
RFFP n° 49, 1995, p. 231 et s.
 ZAKI M., « Le contrôle des finances publiques dans les Etats d’Afrique noire francophone :
l’exemple du Niger et du Sénégal », thèse pour le doctorat en droit, université des sciences
sociales de Toulouse, 1999 ;
 Loi organique n° 2012-23 du 27 décembre 2012 abrogeant et remplaçant la loi organique
n° 99-70 du 17 février 1999 sur la Cour des Comptes.

 Voir les rapports publics annuels de la Cour des comptes sur www.courdescomptes.sn
 Guide d’élaboration du budget programme par la direction du budget, juillet 2018

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DOCUMENT : Pierre LALUMIERE, « Les finances publiques », Armand Colin, 1980, pp.
512-513.
Dans l’opinion publique comme au sein de l’administration, il existe un scepticisme certain sur
l’efficacité du contrôle des finances publiques. Le fait n’est pas niable : si les organismes chargés d’une
surveillance financière n’ont jamais été aussi nombreux. Si le volume des rapports n’a jamais été aussi
considérable, les résultats restent médiocres, sauf dans certains domaines précis. Il est intéressant de
rechercher les causes de ce phénomène sont peut être au nombre de deux :
1 – le déclin du contrôle politique au profit d’un simple contrôle technique
2 – l’effacement du contrôle a posteriori au profit du contrôle a priori.
En fait, l’évolution du contrôle des finances ne peut pas être comprise si elle n’est pas rattachée aux
relations de pouvoir qui existent d’une part entre les organes politiques et l’administration, d’autre part, au
sein de l’administration elle –même.
Un contrôle doit être à la fois politique et technique : si un de ces aspects fait défaut, le mécanisme
de surveillance fonctionne mal. Le contrôle politique et le contrôle technique ne sont pas en effet de même
nature. Le premier définit les normes auxquelles doit se plier l’action financière des services ; il dispose
d’une relation d’autorité suffisamment contraignante pour obtenir la prise en considération par les
administrations concernées des remarques qui leur sont faites et les oblige à s’y conformer. Le second
contrôle, fait de régularité et de minutie, recueille une information techniquement valable mais n’a pas de
relations d’autorité suffisamment contraignantes à l’égard des administrations pour leur en faire prendre
conscience. Si le contrôle technique prolifère au détriment du contrôle politique, l’information s’amasse
mais n’est que très imparfaitement imposée aux services destinataires.
Or, l’évolution du contrôle des finances publiques est caractérisée depuis le XIX siècle par le rôle
croissant joué par des groupes de spécialistes dans la surveillance financière des administrations (Cour des
comptes, Inspection des finances, Contrôleurs financiers). Le déséquilibre entre les deux types de contrôle
est la source même de leur inefficacité.
Périodiquement des déclarations officielles condamnent les interventions excessives des contrôles
préventifs et insistent sur la nécessité de développer les contrôles à posteriori. Les contrôles à posteriori
présentent en effet deux défauts majeurs : d’une part, les corps chargés de ce contrôles ne disposent pas de
moyens suffisants et d’autre part, les conclusions auxquelles aboutissent les vérifications ne déclenchent,
dans le cas d’un mauvais fonctionnement, aucun mécanisme de sanctions qui donnerait sa pleine efficacité à
ce type de contrôle ; le rapport public de la Cour des Comptes et l’absence de suites données à ses
observations constituent l’exemple le plus évident de cette carence.
Sauf cas extrêmement graves, il n’est plus possible d’exercer une quelconque répression. Les
mécanismes de responsabilité et de sanctions se trouvent ainsi paralysés. Dans ces conditions, le contrôle à
posteriori est condamné à l’inefficacité. La seule exception notable concerne le contrôle juridictionnel que
la Cour des Comptes exerce sur les comptables publics.
En raison de cette évolution, le contrôle a posteriori, exercé avant la décision est la seule solution
logiquement concevable. De façon globale, le contrôle préventif, exercé par des services techniques
spéciaux (Direction du Budget et contrôleurs financiers) apparaît comme un substitut du contrôle politique
défaillant.
Ce contrôle de substitution n’a pas la valeur d’un véritable contrôle politique ; exercé par des
fonctionnaires sans aucun contact avec l’opinion publique, il ne peut s’exercer que selon des critères
bureaucratiques.
Depuis plusieurs années, l’accent est mis sur le développement d’un contrôle de l’efficacité des
dépenses qui reléguerait au second plan celui exercé sur la régularité des opérations budgétaires.
Au sein des administrations traditionnelles, la multiplication des budgets de programmes résultant
des travaux de rationalisation des choix budgétaires devrait fournir le cadre de référence jusqu’alors
recherché.

Travaux dirigés de finances publiques – Licence II SJP – 2021-


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