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Les Finances Publiques sont la discipline du droit qui concerne tout simplement tout ce qui
touche au financement de l’Etat. Plus particulièrement, il s’agit de l’étude ou de la science
s’intéressant aux activités financières des collectivités ou organismes publics. Cette étude
porte également sur les modalités d’utilisation des fonds publics par l’ensemble des
collectivités publiques. Ces fonds publics sont tout simplement l’argent public autrement
dit l’argent des contribuables. Cet argent est le fruit des prélèvements obligatoires perçus
sous diverses formes telles la T.V.A, les Taxes Foncières, l’Impôt sur les Revenus… Les
personnes ou collectivités publiques ne sont autre que l’Etat, les Collectivités Territoriales,
les Etablissements Publics, l’Union Africaine, la Sécurité Sociale… Tous ces organismes
sont financés majoritairement par cet argent public.
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Chapitre préliminaire : rappel des notions de budget et de loi de finances
A l’origine, le budget était la notion centrale qui dominait les finances publiques. La notion
de loi de finances n’était pas ignorée, mais elle n’était pas véritablement dissociée de celle
de budget, à tel point que certains auteurs du début du 20°siècle employaient l’expression
de « loi de budget ».
Pendant longtemps confondues, les notions de budget et de finances se sont
progressivement distinguées.1
1.1.1. Définition
Traditionnellement, le budget est défini comme l’acte par lequel sont prévues et
autorisées les recettes et les dépenses annuelles des organismes publics.
Il ressort de la définition traditionnelle que le budget est un acte de prévision et aussi un
acte d’autorisation.
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Oliva Eric, Finances Publiques, Editions SIREY, novembre 2001, page 114
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1.1.1.2. Budget, acte d’autorisation
En tant qu'acte d'autorisation, le budget implique que l'assemblée délibérante,
représentative des citoyens autorise l'organe exécutif (le Gouvernement, le Président du
Conseil régional, le Maire…) à percevoir les recettes et à effectuer les dépenses :
l’élément juridique de la définition du budget.
S'il s'agit d'une obligation de percevoir les recettes, il n'y a au contraire aucune obligation
de consommer la totalité des crédits : c'est une simple faculté.
Ainsi en matière de recettes, il s’agit d’une autorisation donnée à l’exécutif pour appliquer
le statut fiscal existant avec obligation de recouvrer les impôts inscrits au budget. Par
contre en matière de dépenses, il s’agit d’une simple autorisation juridique de faire les
dépenses prévues au budget, à l’exception bien entendu des dépenses dites impératives.
Par conséquent, l’ouverture d’un crédit budgétaire ne crée aucun droit pour les tiers.
Mais, les reformes intervenues ces dernières années dans le domaine des finances publiques
ont remis en cause cette dernière définition du budget et ont davantage consacré la
domination de la notion de loi de finances sur celle de budget en ces termes : « la loi de
finances de l’année contient le budget de l’Etat pour l’année civile. Le budget de
l’Etat décrit les recettes et les dépenses budgétaires autorisées par la loi de finances.
Il ressort de cette définition que le budget de l’Etat ne retrace que les recettes et les dépenses
budgétaires qui sont des flux financiers définitifs.
Les opérations des budgets annexes s’exécutent comme les opérations du budget
général. Les dépenses d’exploitation suivent les mêmes règles que les dépenses
ordinaires tandis que les dépenses d’investissement suivent les mêmes règles que les
dépenses en capital. Il n’existe actuellement aucun budget annexe au Niger.
- les comptes spéciaux du Trésor : ils retracent les opérations que l’on veut
distinguer de celles qui figurent au budget général de l’Etat soit parce qu’elles ont un
caractère provisoire soit parce qu’il s’agit des dépenses particulières financées par
des recettes particulières. Il en existe actuellement huit (8) au Niger dont le Fonds
National de Retraite (FNR), le Fonds du Développement du Tourisme (FDT), le
Magasin Sous Douane.
3 Article 6 de la loi n°2012-09 du 26 mars 2012, portant loi organique relative aux lois de finances
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1.1.2.2. Budgets autonomes
Il s’agit des budgets des collectivités territoriales et des établissements publics qui sont des
personnes morales distinctes de l’Etat. Ils ont leur personnalité juridique propre et
l’autonomie financière. Leurs budgets sont distincts de celui de l’Etat.
Ainsi, en vertu des dispositions des articles 2 et 3 de l’ordonnance n°2010-54 du 17
septembre 2010, portant code général des collectivités territoriales, la région et la commune
jouissent d’une personnalité morale et d’une autonomie financière. Pour l’exercice des
compétences que leur confère la loi, elles disposent d’un budget, d’un personnel et d’un
domaine propres.
Les budgets des collectivités territoriales prévoient et autorisent les ressources et les charges
desdites collectivités ; ces ressources et charges sont définies aux articles 224 à 245 de la
l’ordonnance n° 2010 - 54 du 17 septembre 2010, portant code général des collectivités
territoriales. Les ressources sont composées des impôts directs, des taxes indirectes, des
taxes rémunératoires, du revenu du domaine et du patrimoine, des produits d’aliénation des
biens du domaine et du patrimoine, des produits divers et des ressources exceptionnelles.
Les charges comprennent des dépenses de fonctionnement et des dépenses
d’investissement. Elles sont soit obligatoires soit facultatives. Une dépense facultative ne
peut être inscrite au budget que lorsqu’elle présente un intérêt local. Les dépenses
d’investissement doivent représenter au moins 45% du montant des prévisions du budget
général.
Quant aux établissements publics, ils sont investis, conformément aux dispositions de
l’l’article 2 alinéa 2 de l’ordonnance n°86-01 du 10 janvier 1986 portant régime général des
Etablissements Publics, des Sociétés d’Etat et Sociétés d’Economie Mixte, d’une mission
de service public ; ils sont dotés d’un patrimoine propre et jouissent d’une autonomie
financière. Les ressources des établissements publics sont déterminées par l’ordonnance n°
86-01 qui dispose en son article 13 : « les ressources des Etablissements Publics sont
constituées :
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1.2. Notion de loi finances
1.2.1. Définition
Selon l’article 3 de la loi n°2012-09 du 26 mars 2012, portant loi organique relative aux lois
de finances : « les lois de finances déterminent la nature, le montant et l’affectation des
ressources et des charges de l’Etat ainsi que l’équilibre budgétaire et financier qui en résulte,
compte tenu de la situation et des objectifs macro-économiques de l’Etat et des obligations
du pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité ».
Ainsi, la loi de finances fixe dans un premier temps la nature des ressources de l’Etat, évalue
leur montant et leur affectation et détermine l’assiette, le taux, les modalités de liquidation
et de recouvrement des impôts. Dans un deuxième temps, elle détermine la nature des
charges de l’Etat, évalue leur montant et précise leur destination en fonction des objectifs
fixés par le gouvernement. Dans un troisième temps, elle définit les conditions de l’équilibre
budgétaire et financier en autorisant le gouvernement à recourir à l’emprunt pour compléter
le besoin des ressources. La notion d’équilibre s’apprécie également au regard de la situation
macro-économique du pays (exemple : les perspectives des recettes doivent être cohérentes
avec les projections macro-économiques qui sous-entendent la formulation du budget) et
des objectifs du pacte de convergence de l’UEMOA (exemples : taux de pression fiscale,
masses salariales rapportées aux recettes fiscales).
Les recettes budgétaires sont énoncées à l’article 7 de la 2012-09 du 26 mars 2012 sus visée
et comprennent :
- Les impôts, les taxes ainsi que le produit des amendes ;
- Les rémunérations des services rendus et redevances ;
- Les fonds de concours, les dons et les legs ;
- Les revenues des domaines et des participations financières ;
- Les produits divers.
Les dépenses budgétaires sont énoncées à l’article 11 de la loi organique et comprennent :
- Les dépenses ordinaires : dépenses de personnel, charges financières de la dette,
dépenses d’acquisition des biens et services, dépenses de transfert courant, dépenses en
atténuation des recettes ;
- Les dépenses en capital : dépenses d’investissement exécutées par l’Etat et dépenses de
transfert en capital.
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Les ressources de trésorerie sont énoncées à l’article 27 de la loi et comprennent :
- Les produits provenant de la cession d’actifs ;
- Les produits des emprunts à court, moyen et long termes ;
- Les dépôts sur les comptes des correspondants ;
- Les remboursements des prêts et avances.
Le projet de loi de finances de l’année est déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale au
plus tard le jour de l’ouverture de la session budgétaire.
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circonstances de force majeur ou de report de crédits et procède à l’annulation des
crédits non consommés ;
- rend compte de la gestion de la trésorerie de l’Etat et de l’application du tableau de
financement de l’Etat ;
- arrête les comptes et les états financiers de l’Etat et affecte les résultats de l’année ;
- rend compte de la gestion et des résultats des programmes.
Il est important de noter que concernant l’Etat, le budget est un ensemble de documents
qui décrivent ses recettes et ses dépenses budgétaires pour l’année à venir. Il est contenu
dans la loi de finances de l’année qui, elle, prévoit et autorise l’ensemble des ressources et
des charges de l’Etat. Le budget est donc un tableau et la loi de finances est son expression
juridique.
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Chapitre II : Exécution du budget
L’exécution du budget est soumise au principe de la séparation des fonctions
d’ordonnateurs et des comptables publics.
2.1. Principe de la séparation des fonctions d’ordonnateurs et des comptables
publics
Ce principe, qui prend sa source dans le droit budgétaire français, trouve son fondement,
au Niger, dans les dispositions de l’article 64 de la loi organique n°2012-09 du 26 mars 2012
relative aux lois de finances, selon lesquelles « les opérations d’exécution du budget de l’Etat
incombent aux ordonnateurs et aux comptables publics.
Les fonctions d’ordonnateur et celles de comptable sont incompatibles ».
2.1.1. Signification du principe
La séparation des fonctions d’ordonnateur et de comptable public signifie que les fonctions
de ces deux catégories d’agents sont incompatibles. Un seul et même agent ne peut pas
cumuler les fonctions d’ordonnateur et de comptable.
Le principe fondamental est que le comptable ne peut se dessaisir des fonds qu’il détient
ou encaisser une recette qu’à la suite d’une décision qui lui est adressée par l’ordonnateur.
Mais, il ne suffit pas que le comptable ait reçu cet ordre pour qu’il effectue le paiement ou
l’encaissement, il n’est pas dans la situation d’un simple agent subordonné qui exécute des
ordres d’une autorité supérieure. Il doit vérifier la régularité de la décision qui lui est
adressée ; en quelque sorte, il se trouve dans la situation d’un contrôleur chargé de vérifier
la régularité d’une opération et dont la sanction serait le refus d’exécution si cette opération
se révélerait être irrégulière.
De surcroît, les conjoints, ascendants et descendants des ordonnateurs ne peuvent pas être
comptables des organismes auprès desquels lesdits ordonnateurs exercent leurs fonctions.
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2.1.2. Justifications du principe
Le principe est érigé pour protéger l’argent public et qu’il ne soit pas soumis à des intérêts
particuliers ; d’où la nécessité d’une division des tâches relatives à l’exécution du budget
entre deux catégories d’agents et l’institution d’un mécanisme de contrôle mutuel entre ces
agents :
- les fonds spéciaux ou crédits, mis à la disposition des autorités politiques et qui
échappent au circuit traditionnel d’exécution de la dépense publique.
- Les régies d’avances, instituées dans le cas où les dépenses sont fréquentes et de
faible montant et créées par arrêté conjoint du Ministre des Finances et du Ministre
intéressé.
2.1.3.2. En matière de recettes
En raison de considérations d’ordre pratique, le recouvrement de certaines catégories de
recettes (impôts indirects et produits divers du budget) est laissé le plus souvent au sein des
services de l’ordonnateur.
Les encaissements faits par lesdits services sont ensuite reversés à la caisse d’un comptable
public.
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Certains administrateurs peuvent également être chargés d’encaisser certaines recettes qu’ils
versent ensuite au comptable public. C’est le régime des régies de recettes qui est
comparable à celui des régies d’avances.
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de laquelle résultera une charge. L’engagement comptable de la dépense publique
consiste à affecter des crédits au paiement de la dépense. Le montant total des
engagements ne doit pas dépasser le montant des autorisations budgétaires, et doit
demeurer subordonné aux lois et règlements en vigueur ;
- la liquidation : elle a pour objet de vérifier la réalité de la dette et d’arrêter le montant
exact de la dépense. Elle est faite au vu des titres et pièces justifiant la preuve des
droits acquis par les créanciers ;
- L’ordonnancement est l’acte administratif par lequel, conformément aux résultats
de la liquidation, l’ordre est donné par l’ordonnateur au comptable assignataire de
payer la dette de l’Etat. Les ordres de paiement signés par les ordonnateurs sont
assignés sur la caisse des comptables de l’Etat. Cet acte constitue un ordre de payer
émis par l’ordonnateur à l’attention du comptable public ; il fait suite naturellement
à la liquidation. Toutefois, des dépenses peuvent être payées sans ordonnancement
préalable. Le paiement sans ordonnancement préalable existe lorsque le comptable
public paie une dépense sans que celle-ci ait été auparavant ordonnancée, c’est-à-
dire qu’un mandat de paiement régulier n’ait été émis par l’ordonnateur lui intimant
l’ordre de payer une dépense. Le décaissement de cette dépense s’effectue sans un
ordre de paiement. Cette procédure légale, mais exceptionnelle au regard du droit
commun, doit être régularisée aussitôt que possible afin que l’opération budgétaire
2.2.2. Phase comptable
La phase comptable de l’exécution du budget est confiée aux comptables publics. Elle est
du domaine de la régularité. En effet, les comptables publics doivent assurer le
recouvrement des recettes et le paiement des dépenses conformément à la réglementation
en vigueur.
2.2.2.1. En matière de recettes
En matière de recettes, la phase comptable consiste :
- à la prise en charge du titre de perception qui consiste à l’enregistrer dans les écritures
comptables ; la conséquence de cet acte d’enregistrement, de cette prise en charge,
est la responsabilité personnelle et pécuniaire du comptable public dans le
recouvrement de cette recette ;
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- au recouvrement qui consiste à encaisser par un moyen légal ou règlementaire cette
recette : par caisse, par virement bancaire ou postal, ou par compensation avec un
titre de dépense de l’Etat.
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Il existe différentes catégories d’ordonnateurs et le régime de leur responsabilité diffère
selon qu’ils sont ministres ou non.
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2.3.1.2.2. Responsabilité des autres ordonnateurs
Les ordonnateurs autres que les ministres ont une responsabilité disciplinaire, civile et
pénale sans préjudice de sanctions que peut leur infliger la Cour des comptes.
La responsabilité des ordonnateurs est difficile à mettre en jeu car ils trouvent toujours des
arguments d’opportunité pour justifier leurs actions, et il n’est pas nécessaire de décourager
les bonnes initiatives par de sanctions multiples.
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Les comptables en derniers et valeurs se répartissent en :
- comptables directs du Trésor : l’Agent Comptable Central du Trésor, le Payeur-
Général du Trésor, le Receveur général du Trésor, l’Agent Comptable Chargé de
Dépôts, le Trésorier Général pour l’Etranger, les Trésoriers régionaux, les Fondés
de pouvoirs, les Trésoriers départementaux, les Percepteurs ;
- comptables spéciaux : les receveurs des Administrations Financières (receveurs
des impôts, receveurs des Douanes), les régisseurs de recettes et les régisseurs
d’avances ;
- agents comptables des Etablissements Publics.
Les comptables publics sont soumis à un statut spécifique destiné à assurer leur
indépendance et leur responsabilité.
2.3.3. Responsabilité des comptables publics.
Les comptables publics sont à l’instar de tous les autres fonctionnaires soumis au régime
disciplinaire du statut dont ils relèvent. Ils sont également soumis à une responsabilité
pénale pour les faits qualificatifs pénalement. Mais, la responsabilité d’un comptable public
se traduit surtout par le remboursement du montant des opérations irrégulièrement
exécutées dans ses derniers personnels : On dit que la responsabilité est personnelle et
pécuniaire. Il convient d’examiner les conditions de mise en jeu de la responsabilité,
l’étendue de cette responsabilité et son exonération.
2.3.3.1. Conditions de mise en jeu de la responsabilité.
La responsabilité personnelle et pécuniaire est mise en jeu lorsqu’un déficit ou un manquant
en derniers ou valeurs a été constaté, qu’une recette n’a pas été recouvrée, qu’une dépense
a été irrégulièrement payée ou que, par la faute du comptable, l’organisme a dû procéder à
l’indemnisation d’un autre organisme public et d’un tiers.
La mise en jeu de la responsabilité est faite par décision de débet.
Ce débet peut revêtir deux formes :
- il peut être administratif et résulte de ce fait d’un arrêté de débet du Ministre en
charge des finances ;
- il peut être juridictionnel et résulte de ce fait d’un arrêt de débet de la Cour des
comptes.
Une fois que la responsabilité est engagée, le comptable public doit immédiatement verser
de ses derniers personnels la somme mettant en jeu sa responsabilité.
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2.3.3.2. Etendue de la responsabilité.
Le comptable est responsable aussi bien de sa propre gestion, que de celle de ses
subordonnés, collaborateurs et de ses prédécesseurs dans la limite des contrôles qu’il doit
exercer.
2.3.3.3. Exonération de la responsabilité.
Le comptable peut s’exonérer de sa responsabilité s’il établit que l’irrégularité ne lui est pas
imputable. Il peut bénéficier de l’admission en non-valeur des recettes irrécouvrables. Sa
responsabilité n’est également pas mise en jeu lorsqu’il effectue des opérations sur
réquisition régulière de l’ordonnateur.
D’une façon générale, le comptable dont la responsabilité pécuniaire est engagée peut en
obtenir décharge totale ou partielle de sa responsabilité ou bénéficier d’une remise gracieuse
de débet.
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- vérifier la pertinence et la cohérence des objectifs de départ ;
- apprécier la mise en œuvre des moyens ainsi que leur adéquation aux objectifs ;
- mesurer l'efficacité de l'action, c'est à dire le degré d'atteinte des objectifs ;
- examiner la durabilité des effets observés.
Pour toutes ces raisons, l’exécution du budget est soumise à une diversité de contrôles pour
répondre à trois exigences fondamentale :
Ces contrôles peuvent être classés selon le moment auquel ils s’appliquent, selon la nature
des organes contrôlés ou encore selon celle des organes chargés du contrôle. Suivant ces
derniers cas, nous distinguons le contrôle interne ou contrôle administratif et le contrôle
externe.
3.1. Contrôle administratif de l’exécution du budget
Le contrôle administratif est le contrôle de l’administration sur ses agents, incluant le
contrôle interne a priori, concomitant et a posteriori c’est-à-dire qu’il s’opère à trois niveaux
: avant, pendant et après l’opération budgétaire.
Il existe deux modalités d’exercice du contrôle administratif. La première modalité est
commune à l’ensemble du système administratif : il s’agit du contrôle hiérarchique exercé
par un agent supérieur sur les activités de son subordonné. La seconde modalité d’exercice
du contrôle administratif est le contrôle organique, c’est-à-dire celui exercé par un corps ou
organe spécifique chargé du contrôle.
3.1.1. Contrôle hiérarchique
Il s’agit du contrôle qui est exercé dans chaque ministère par l’habituelle voie hiérarchique.
C'est-à-dire que l’ordonnateur principal exerce une surveillance sur les opérations des
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ordonnateurs auxquels il a donné délégation. Les comptables supérieurs doivent également
exercer un contrôle sur les opérations des comptables subordonnés.
Ce contrôle peut être sur place ou sur pièces.
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contrôle permet de sauvegarder les intérêts de l’Etat des particuliers et de vérifier le respect
des lois et règlements dans les services.
3.1.3.2. Contrôle exercé par l’Inspection générale des finances
Créé auprès du Ministre en charge des finances, l’inspection générale des finances est
chargée d’organiser toutes les missions d’inspection et de vérification initiées par le Ministre
en charge des finances et d’assurer l’exploitation des rapports. Elle peut également
intervenir dans les secteurs sur lesquels s’exercent les contrôles et les vérifications de
l’Inspection générale d’Etat et d’autres organes de contrôle. Elle effectue des enquêtes sur
toute question dont l’examen lui est demandé par le Ministre des Finances, pour son propre
compte, pour le compte du Premier Ministre ou tout autre Ministre dans des secteurs
relevant de leur tutelle.
3.1.3.3. Contrôle exercé par les services d’inspection interne des administrations
financières
Les administrations financières (Impôts, Douanes, Trésor) disposent en leur sein des
services chargés d’effectuer des missions d’inspection interne. Il s’agit des Directions de
l’Audit et du Contrôle Interne (DACI) qui sont chargées de la surveillance du réseau des
comptables directs du Trésor et des comptables spéciaux du Trésor.
3.1.3.4. Contrôle exercé par les corps et les agents de contrôle ministériels
Des agents de contrôle ministériels assurent, au nom et pour le compte du ministre dont ils
relèvent, le contrôle permanent et l’inspection des services de l’Etat placés sous l’autorité
dudit ministre.
3.1.3.5. Contrôle exercé par la Haute Autorité de la Lutte Contre les Infractions
Assimilées (HALCIA)
C’est un organe indépendant qui a en charge la recherche des infractions qui ont trait à la
corruption ou qui y sont assimilées.
Il faut ajouter que, outre ces organes étatiques, le Président de la République ou le
Ministre en charge des finances peuvent charger tout fonctionnaire ou groupe d’experts des
missions particulières d’audit.
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3.2. Contrôle externe à l’Administration
C’est le contrôle exercé par des organes extérieurs à l’administration, en l’occurrence le
Parlement et la Cour des Comptes. Le premier exerce un contrôle parlementaire et le second
un contrôle juridictionnel.
3.2.1. Contrôle parlementaire
Le contrôle parlementaire sur l’exécution du budget peut s’exercer à différents moments du
cycle budgétaire :
- lors du vote du budget: Ainsi, le projet du budget est d’abord examiné, puis discuté
avant d’être voté. L’examen est principalement mené par la commission des finances
de l’Assemblée ; celle-ci doit pouvoir obtenir les informations qu’elle estime
nécessaires. A cette fin, elle doit pouvoir adresser des questionnaires à
l’administration qui doit être dans l’obligation de répondre dans un délai déterminé ;
- lors de l’exécution du budget grâce au suivi exercé par la commission des finances
et du budget de l’Assemblée nationale, et au cours de l’examen des lois de finances
rectificatives ;
- après son exécution du budget lors du vote de la loi de règlement. Ce contrôle a
pour objet de vérifier la conformité entre les comptes des ordonnateurs et des
comptables, et aussi le respect des autorisations parlementaires ;
3.2.2. Contrôle juridictionnel
Il est exercé par la Cour des comptes qui est la plus haute juridiction de contrôle des
finances publiques. A cet effet, la Cour des comptes exerce une triple compétence :
- une compétence juridictionnelle qui consiste à juger les comptes des comptables
publics principaux ;
- une compétence de contrôle qui vise à apprécier la qualité de la gestion et à formuler,
le cas échéant, des suggestions sur les moyens susceptibles d’en améliorer les
méthodes et d’en accroître l’efficacité et le rendement. A cet effet, la Cour apprécie
la réalisation des objectifs assignés, les résultats obtenus ainsi que le coût et les
conditions d’acquisition et d’utilisation des moyens mis en œuvre.
- une compétence consultative à travers laquelle la Cour des comptes élabore un
rapport sur l’exécution du budget et une déclaration générale de conformité entre
les comptes des ordonnateurs et ceux des comptables publics. Elle peut être
consultée par le Gouvernement ou l’assemblée nationale sur des questions
économiques, financières ou de gestion des services de l’Etat. Elle peut également,
à la demande de l’Assemblée nationale, mener toutes enquêtes et études se
rapportant à l’exécution des recettes et des dépenses.
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Au total les contrôles dévolus à la Cour des comptes visent à :
- déceler toute irrégularité ou infraction par rapport aux normes juridiques et de
gestion en vigueur, de manière à permettre, dans chaque cas de prendre les mesures
de correction nécessaires et de saisir les autorités compétentes pour suite à donner;
- engager la responsabilité des personnes en cause, obtenir réparation ou décider des
mesures propres à éviter pour l'avenir, la répétition de tels manquements;
- favoriser l'utilisation régulière et efficiente des ressources, promouvoir la
transparence dans la gestion des finances publiques.
La Cour des comptes établit annuellement un rapport général public relatif aux observations
faites à l’occasion des diverses vérifications effectuées pendant l’année précédente ainsi qu’à
la gestion et aux résultats des entreprises contrôlées par elle. Ce rapport est remis au
Président de la République, au Président de l’Assemblée nationale et au Premier Ministre.
Il est rendu public.
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